mardi 23 novembre 2010

Revenons a la periode entre 1990-1995



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La Croix

6 octobre 1995

Côte d'Ivoire. Après les violentes manifestations qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés cette semaine, l'opposition ivoirienne maintient sa demande d'une révision du code électoral. L'OPPOSITION IVOIRIENNE NE RENONCE PAS. ENTRETIEN.Laurent Gbagbo, Secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI): " Le code électoral a été taillé sur mesure pour assurer la victoire du président Bédié".

AUTEUR: POMPEY Fabienne
AUTEUR: POMPEY Fabienne

RUBRIQUE: HOMMES ET EVENEMENTS; Pg. 8

LONGUEUR: 536 mots


Les manifestations lancées par l'opposition, interdites dans cette période préélectorale, présidentielle, législative et municipale, ont déjà fait cinq morts et plusieurs dizaines de blessés en Côte d'Ivoire. En tant que leader de l'opposition, allez-vous continuer à appeler les Ivoiriens à descendre dans la rue?
Laurent Gbagbo: Bien sûr. Nous n'avons pas d'autre possibilité que les manifestations pour faire entendre notre voix. C'est notre devoir de continuer jusqu'à ce que nous obtenions une révision du code électoral.
_ Au risque de nouveaux affrontements?
_ Le bilan le plus lourd est dans nos rangs. Nous n'appelons pas à la violence et les affrontements ne sont que la conséquence des attaques des forces de l'ordre.
_ Quels sont les points de ce code électoral très controversé que vous voudriez voir modifier?
_ Il faut reprendre le recensement pour réviser les listes électorales, instituer une commission indépendante pour superviser les préparatifs et le déroulement des élections, et enfin il faut que, dans chaque bureau de vote, une copie du procès-verbal des résultats soit remise au représentant de chaque candidat.
_ Vous avez rencontré mardi le président Henri Konan Bédié. Avez-vous obtenu quelques satisfactions?
_ Aucune. On n'a pas avancé d'un iota. Il a refusé de revenir sur le code électoral. Il nous a simplement proposé de retirer le décret interdisant les manifestations pendant la période préélectorale en échange de la promesse que nous n'appellerions plus à manifester. C'est dérisoire. Nous ne descendons pas dans la rue pour ce décret. Nous voulons que le code électoral soit retiré. Sa proposition n'est pas acceptable.
_ Vous-même, comme Alassane Ouattara, ancien premier ministre de feu le président Houphouët-Boigny, n'avez pas déposé de candidature pour l'élection présidentielle. Ce boycottage ne risque-t-il pas de faire la part belle au candidat Henri Konan Bédié?
_ Il n'était pas question pour moi de me présenter avec ce code électoral. Il a été taillé sur mesure pour assurer la victoire du président Bédié. En participant, nous aurions légitimé cette élection et c'est hors de question. Nous appelons donc dès maintenant au boycottage actif de ce scrutin.
_ Alassane Ouattara, actuellement directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a expliqué en substance qu'attaché à la légalité, il respectait ce code voté par une assemblée élue. Etes-vous d'accord avec ses arguments?
_ Je n'ai pas été surpris par la décision d'Alassane. Il m'en avait parlé. Je ne le juge pas. Si j'étais dans sa position, peut-être aurais-je fait le même choix.
Mais je ne suis pas du tout d'accord avec ses arguments. Bédié a passé son temps à traficoter la constitution pourtant votée par l'Assemblée, pour s'assurer qu'il succéderait au président Houphouët-Boigny à son décès. Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse changer le code électoral, même s'il a été voté.
_ Vous continuez à appeler à manifester malgré l'interdiction. Plusieurs arrestations ont déjà eu lieu en Côte d'Ivoire. Ne craignez-vous pas d'être vous aussi arrêté?
_ Je me moque d'être arrêté. J'ai déjà fait de la prison dans ce pays, ce ne serait donc pas la première fois. Je'ysuis habitué.
Recueilli par
Fabienne POMPEY

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