mardi 23 novembre 2010

Gbagbo: " "le recours à l'arbitre militaire"."

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02 novembre 1995

COTE D'IVOIRE: Tentations putschistes ?

RUBRIQUE: LES AFRIQUES PAYS PAR PAYS No. 245

LONGUEUR: 494 words

Deux ans après la mort de Félix Houphouët-Boigny, "sa" Côte d'Ivoire s'est mise à rêver d'un Amadou Toumani Touré (ATT). Et pas seulement au sein de l'armée. En s'engageant dans une logique de surenchère, du "boycott actif" au soulèvement populaire, le Front populaire ivoirien (FPI) avait également "intégré" comme l'une des hypothèses, "le recours à l'arbitre militaire". Au Rassemblement des Républicains (RDR), dont plusieurs "frères" font partie de l'Etat-major de l'armée, on avait même activement promu la réflexion des galonnés sur "une prise de pouvoir à la malienne, pour sauver la Nation, incarner l'Etat impartial et, au bout de deux ans, organiser des élections incontestables"...
Cette cogitation séditieuse avait pris, la semaine précédant la présidentielle du 22 octobre, une densité telle que le "candidat Bédié" était rentré précipitamment de son dernier meeting à Yamoussoukro (par avion, mais avec un luxe de précautions, un "attentat à la Habyarimana" étant redouté par ses partisans...). L'armée ayant été formellement réquisitionnée pour le maintien de l'ordre le jour du scrutin, le président convoque alors, samedi matin, le général Gueï à la présidence (voir who's who). Puis il le somme de se déclarer "prêt à faire sortir l'armée dans la rue" en face des opposants Laurent Gbagbo, Djény Kobéna et Bamba Moriféré, réunis dans une pièce contiguë (alors que les évêques tentant une médiation de la dernière heure attendent dans un troisième salon).
Devant le refus de son chef d'état-major, le président le fait désarmer sur le champ. Pendant 48 heures, jusqu'à la fermeture des bureaux de vote, il restera sous bonne garde, au camp Galliéni. Mais dès samedi après-midi, un communiqué annonce sa "promo" gouvernementale: à la tête d'un tout nouveau ministère du Service civique, pour ramener au travail de la terre des jeunes désoeuvrés, des diplômés chômeurs et des fonctionnaires licenciés...
Le mardi 24 octobre, au surlendemain de l'élection plébiscite d'Henri Konan Bédié, "président élu" avec 96%, le général Gueï passe le bâton de commandement à son adjoint, le capitaine de vaisseau (l'équivalent d'un colonel dans l'armée de Terre) Lassana Timité. Au cours d'une cérémonie arrosée de champagne, le chef sortant de l'armée ivoirienne, se targuant d'avoir "rétabli la dignité des militaires par l'amélioration sensible de leur environnement", juge son départ "logique, je dirais même banal"... en vertu de "la mobilité dans les postes de commandement", un principe dont il se déclare un "adepte fervent". A l'adieu aux couleurs, "Monsieur le ministre" - que plus personne n'appelle "mon Général" - s'écrie: "Restez sereins", mais en constatant lui-même que "tout semble donner libre cours aux rumeurs, parfois à la calomnie et que les imaginations désarment les bonnes volontés". Enfin, il achève son discours en toute ambiguïté, citant George Duhamel: "La meilleure façon de ne pas partir, c'est de partir". La veille d'une élection ?

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