mercredi 28 novembre 2007

La filière café-cacao se déchire :


Un audit lancé au Fdpcc

Certains dirigeants de la filière café-cacao ont de bonnes raisons d’être inquiets. Le calme apparent qui régnait dans le secteur depuis plusieurs semaines fait place à une vague d’agitations entre les acteurs. Quant à la Justice, saisie par le chef de l’Etat, elle suit son cours, lentement certes, mais…inexorablement.

Quand donc le glaive va-t-il s’abattre sur ceux qui auront été identifiés par les enquêteurs du temple de Thémis comme étant les responsables des détournements de fonds scandaleux qui ont eu cours dans la filière du café-cacao en Côte d’Ivoire ? C’est la question lancinante qui empêche les dirigeants de la filière de dormir.
Et ces longues insomnies sont en train d’abimer les nerfs de plusieurs cadres dirigeants des structures de gestion.
Ainsi, certains ont décidé sans plus attendre de quitter le navire avant que le flot des évènements ne les emporte.
Depuis le vendredi dernier, la directrice générale de l’entreprise “Coco services”, Mme Elloh a déposé le tablier.
Coïncidence ? Le même jour, la directrice administrative et financière du Fdpcc, Mme Obodji, en a fait autant.
Qu’est-ce qui a donc pu inspirer de telles attitudes à la directrice de “Coco services” et à la DAF du Fdpcc ? Selon plusieurs sources proches du dossier, ces dames sentant le vent tourner, ont, sur les conseils de leurs proches, décidé de se mettre en retrait dès maintenant, en espérant que la bourrasque qui se prépare ne les touchera pas.
Elles auraient hésité que la décision du Tribunal de première instance de voir clair dans la gestion du Fdpcc, les aurait convaincu d’activer leur départ.
En effet, depuis le 2 novembre dernier, une ordonnance prise par le doyen des juges d’Instructions en charge du 4ème cabinet du Tribunal d’Abidjan-Plateau, Gnakadé Ladji Joachim, et co-signée par le Procureur de la République, Raymond Tchimou, a nommé un expert comptable en la personne de Legblé Yobo Joseph, à l’effet de réaliser “un audit des investissements effectués et des prêts accordés par le fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café-cacao (Fdpcc) durant la période du 1er janvier 2002 au 8 août 2007” .
Cette décision fait suite à une action engagée par le Syndicat national des acteurs de la filière café-cacao de Côte d’Ivoire (Synafcaci), le Syndicat national des unions de coopératives et des coopératives de café et cacao de Côte d’Ivoire (Syna.
u.
co.
cc.
ci) et l’Union nationale des planteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (Unpcci), contre Théophile Kouassi, secrétaire exécutif du Fdpcc.
Selon les termes de l’ordonnance, l’expert comptable devra enquêter sur la gestion du Fdpcc sur la période allant su 1er janvier 2002 au 8 août 2007 et devra “vérifier s’il y a eu, durant cette période, des sommes d’argent détournées ; déterminer le montant et les auteurs de ces détournements ; entendre tout sachant à cet effet et exiger toutes pièces susceptibles d’aider pour l’accomplissement de la mission ; accomplir toutes autres opérations tendant à la manifestation de la vérité…” De quoi donner la frousse aux plus téméraires des cadres impliqués d’une manière ou d’une autre dans la gestion des fonds en question.
Quand, en plus, on ajoute la détermination du chef de l’Etat à aller jusqu’au bout de sa logique, qui veut que tous ceux dont la culpabilité aura été prouvée soient punis (profession de foi exprimée la semaine dernière devant les sages de la filière), il n’y a plus d’illusion à se faire sur la suite des évènements.
Mme Elloh, faut-il le préciser, a occupé durant une longue période, le poste de directrice des opérations au Fdpcc, avant d’être nommée directrice générale de “Coco services”, en remplacement de M.
Adom, beau-frère de Henri Amouzou, limogé par ce dernier peu avant qu’il ne décède dans des conditions troublantes.
Quant à Mme Obodji, elle a succédé à Lambert Toh Digbeu au poste de directeur administratif et financier, il y a un peu plus de deux ans.
Ce sont donc deux pièces maîtresses dans la gestion de la puissance financière que représente le Fdpcc.
Ces démissions précipitées les mettront-elles à l’abri de la sagacité des enquêteurs ? Notons qu’il y a quelques mois, Mme Joëlle Adou, jusqu’alors directrice générale de Sifca-coop, claquait aussi la porte, après de gros scandales sur la gestion des fonds alloués à cette entreprise.
Si les responsables des structures de la filière café-cacao sont dans le collimateur de la Justice, ceux du Fdpcc sont particulièrement sur des braises ardentes.
Nombreux sont les observateurs de la filière café-cacao qui s’étonnent que de si importants fonds aient été gérés, investis dans l’achat et la création d’entreprises sans aucun contrôle.
L’heure des règlements de comptes ayant sonné, les rats subrepticement quittent le navire, abandonnant le capitaine (Henri Amouzou) et son second (Théophile Kouassi) face à la tempête qui s’annonce, avec de plus en plus de certitude.

Une correspondance de Sansan Kouadio