mardi 23 novembre 2010

Le gouvernement ivoirien refuse de ceder a son opposition


Agence France Presse

26 septembre 1995 mardi

Le gouvernement ivoirien refuse de ceder a son opposition

AUTEUR: Par Anne LE COZ

RUBRIQUE: Informations Generales

LONGUEUR: 488 mots

ORIGINE-DEPECHE: ABIDJAN 

Le gouvernement ivoirien a demontre lundi qu'il n'entendait pas ceder a la pression de son opposition, en faisant respecter par la force l'interdiction de toute manifestation de rue pendant la periode electorale. "Les elections auront lieu aux dates fixees, la loi electorale sera appliquee", a reaffirme le chef de l'Etat Henri Konan Bedie, au cours d'une reunion du bureau politique de son parti, le Parti democratique de Cote d'Ivoire (PDCI), la derniere avant l'echeance presidentielle du 22 octobre. Le code electoral, adopte en décembre 1994 par un Parlement largement domine par le PDCI, est conteste par l'opposition, qui estime qu'il ne garantit pas la transparence des scrutins et qu'il exclut de la course a la presidence l'un des principaux rivaux du president Bedie, l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
Lundi dans la matinee, deux manifestations ont ete dispersees a Abidjan et Issia (310 km au nord-ouest d'Abidjan). A Abidjan, des groupes de jeunes se sont heurtes pendant plusieurs heures aux gendarmes, erigeant des barrages de pneus enflammes dans le quartier populaire de Yopougon.
Dans l'apres-midi, dix militants du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, principal candidat, a ce jour, de l'opposition a la presidentielle, ont ete inculpes et ecroues a la Maison d'arret et de correction d'Abidjan (MACA).
Neuf d'entre eux avaient ete interpelles mercredi dernier lors d'une manifestation, qui avait degenere en affrontements avec les forces de l'ordre. Le dixieme inculpe avait ete arrete le lendemain, alors que l'opposition projetait d'organiser une marche a Treichville (sud d'Abidjan), en depit de l'interdiction decretee la veille. Cette marche avait finalement ete annulee.
Les dix opposants --sept hommes et trois femmes-- devraient etre juges en milieu de semaine et risquent de six mois a vingt ans de prison, en vertu d'une loi "anti-casseurs" adoptee en juillet 1992.
Lundi, le president Bedie a explique aux responsables de son parti, reunis en conclave, que la Cote d'Ivoire "est en train de renouer avec la croissance" et que "l'activite economique ne saurait s'accommoder de laxisme ni de perturbations de qui que ce soit".
"Nous y veillerons", a assure le chef de l'Etat, cite par le quotidien Fraternite-Matin (pro-gouvernemental).
De son cote, le secretaire general du PDCI Laurent Dona Fologo, directeur de campagne du candidat Bedie, a rendu hommage "aux mesures prises par le gouvernement pour maintenir la paix sociale".
"Nous avons demande au gouvernement de prendre ses responsabilites chaque fois que cela sera necessaire", a-t-il indique, soulignant que "le gouvernement n'a pas decide de supprimer les rassemblements ou les meetings mais a decide d'interdire ce qui gene la liberte des Ivoiriens".
Mercredi et jeudi, le president Bedie doit se rendre en "visite d'Etat" dans le centre du pays. Des manifestations de soutien sont prevues dans toute la region.

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