mardi 23 novembre 2010

Deux opposants ivoiriens interdits de candidature aux élections législatives

Le Monde
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23 novembre 1995

Deux opposants ivoiriens interdits de candidature aux élections législatives;
La majorité devrait profiter des divisions adverses


AUTEUR: PICARD FRANCOIS

RUBRIQUE: International

LONGUEUR: 684 mots

Alors que les deux principaux partis de l'opposition ont levé leur mot d'ordre de boycottage actif des électionsleurs dirigeants se trouvent exclus des élections législatives du 26 novembre. Laurent Gbagbochef du Front populaire ivoirien (FPI)social-démocratevoit sa circonscription en pays bété privée de scrutinet Djény Kobinasecrétaire général du Rassemblement des républicains (RDR)centristeest accusé de ne pas satisfaire aux conditions de nationalité imposées par le code électoralqui a déjà interdit au candidat potentiel du RDRl'ancien premier ministre Alassane Ouattarade se présenter à l'élection présidentielle.
Cette controverse aura dominé une campagne à l'issue de laquelledimanche 26 novembrele Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI)au pouvoir depuis l'indépendancetentera de conserver une majorité écrasante au Parlement. Le ministre de l'intérieurEmile Constant Bombeta justifié la décision de suspendre le vote dans trois circonscriptions du centre-ouest dont celle de M. Gbagbopar le fait que plus de trois mille Baoulésde la même ethnie que le président Henri Konan Bédién'ont pas pu regagner leurs terres depuis l'élection présidentielle du mois dernier.
A l'époquedes affrontements avec les autochtones bétésainsi que des rumeurs de massacresavaient provoqué l'exode vers les villes de plusieurs milliers de paysans baoulés. Le parti de M. Gbagbo dénonce ce reportaccusant le gouvernement d'avoir attendu trop longtemps avant de calmer les esprits dans le but de diaboliser le FPI dans son fief.
Si M. Gbagbo doit attendre avant de se présenterson homologue du RDRDjény Kobina doit prouver son ivoirité devant la Cour constitutionnellefaute de quoi il sera exclu de la compétition électorale dans le quartier d'Adjamé à Abidjan. M. Bombet affirme que M. Kobina n'a pas déposé de certificat de nationalité et quand ledit certificat a été publié par plusieurs journaux d'oppositioncette semainela presse progouvernementale a laissé entendre qu'il pourrait s'agir d'un faux ou d'un document qui n'est pas en règle.
UNE MAJORITE ECRASANTE
Ce n'est pas de notre faute si M. Djény Kobina est ghanéena dit le ministre de l'intérieuralors que M. Kobina fut candidat du PDCI aux dernières élections législativesen 1990. Lors de ce premier scrutin législatif pluraliste depuis l'indépendance165 des 175 sièges étaient revenus au PDCI. A l'époquel'opposition naissante se mesurait à Houphouët-Boignyqui venait d'être élu pour la septième et dernière fois président.
Depuis lorsle père fondateur du pays est mort et son successeurM. Bédiéest passé du perchoir de l'Assemblée nationale à la présidence de la républiquele FPI s'est implanté et beaucoup de millitants du PDCI dont M. Kobina ont quitté le parti pour former le RDRen particulier au nord du pays.
Bien que Baoulénatif de Yamoussoukrodans le centreHouphouët-Boigny avait été élu pour la première foisen 1945dans le Nordà Koroghocomme représentant l'Assemblée constituante de la IVe République ettoute sa vieil a su préserver l'alliance entre Dioulas et Sénoufos des savanes du Nord et Akans du Sud forestier. Aujourd'huiles Nordistes sont divisés entre RDR et PDCIcomme à Koroghooù s'affrontent deux candidats issnus de l'une des grandes familles sénoufosles Koulibaly.
Mais l'effritement de la base du PDCI peut être compensé par les divisions de l'opposition. Car la politique de désistement voulue par le Front républicain a volé en éclatsà la veille du dépôt des candidatureset dans beaucoup de circonscriptions les triangulaires profiteront au parti au pouvoir pour cette élection à un seul tour.
Si les modalités du scrutin restent floues vérification des listes électorales incomplètecampagne qui a démarré sans proclamation officielle et avant même que la liste des candidats ne soit publiéele PDCI s'accroche à l'idée de s'assurer une écrasante majorité. Alors qu'un mois après l'élection présidentielle le portrait du candidat Bédié orne toujours les panneaux publicitaires d'Abidjanle PDCI a lancé une nouvelle campagne d'affichage: l'image d'une troupe d'éléphants avec la légende Donnons une majorité de progrès au président.

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