mardi 30 novembre 2010

La RTI empeche de diffuser les resultats des elections ce matin mardi 30 Novembre 2010

Par DL
30/11/2010
11:54:59 CÔTE D'IVOIRE :: POLITIQUE





:: Article de la rédaction de Koaci.com en Côte d’Ivoire ::



Débuté ce lundi soir avec le vote diaspora l’annonce des résultats provisoires par la CEI devait reprendre ce mardi matin à 10h GMT en direct sur la RTI comme l’indiquait le porte parole de l’organe chargée d’organiser l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.



À la surprise générale, sous prétexte d’un émetteur satellite défaillant, la RTI a quitté le siège de la CEI, situé aux 2 plateaux, ce mardi aux environs de 9h depuis lequel elle diffusait l’annonce des résultats provisoires.



Les journalistes ont été priés de quitter les lieux, l’onuci est venu récupérer les procès-verbaux. La destination des documents est restée inconnue.



D’autre part, après le depart du convoi de l’ONUCI, c’est un autre mais des forces de l’ordre ivoirienne qui a quitté le siège avec également, à bord des véhicules, des procès verbaux.



Notons que selon nos informations, q'une grande partie du personnel de la CEI, dont le président Youssouf Bakayoko, a rejoint l'hotel du golf à la riviera de Cocody, lieu protégé par l'ONUCI, par crainte de trouble.



Aucune information n’a été donnée quant à la poursuite de la divulgation des résultats provisoires. La suspicion d’une manipulation est forte compte tenu de l'opacité générale qui règne autour de ce nouvel épisode.





Laurent Despas, Koaci.com Abidjan

mardi 23 novembre 2010

Seize cadres d'un parti d'opposition condamnés à la prison

Le Monde
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15 novembre 1999

Seize cadres d'un parti d'opposition condamnés à la prison en Côte d'Ivoire;
Pour M. Ouattara, ce sont des prisonniers politiques


AUTEUR: POMPEY FABIENNE

RUBRIQUE: International

LONGUEUR: 693 mots

En tête de la colonne des vingt prévenus, comme lors des deux premiers jours du procès, Henriette Diabaté, soixante-quatre ans, est entrée, vendredi 12 novembre au matin, dans la petite salle du tribunal d'Abidjan. Toujours souriante et élégante, elle a levé le poing à l'adresse des proches autorisés à assister aux audiences. Alors que les débats ont été ponctués d'interventions de la salle lors du réquisitoire, le verdict est tombé dans un silence de cathédrale: deux ans de prison pour onze des dirigeants du Rassemblement des républicains (RDR) - dont Henriette Diabaté, secrétaire générale du parti et ancienne ministre, et quatre députés.
Cinq prévenus ont été condamnés à un an de prison. Quatre autres ont été relaxés.
SANS MOTIFS ET SANS PREUVES
Arrêtés le 27 octobre, lors d'une manifestation organisée pour réclamer la libération des médias d'Etat qui a tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre, les dirigeants du RDR, le parti d'Alassane Ouattara, candidat à l'élection présidentielle d'octobre 2000, ont été condamnés dans le cadre de la loi anticasseurs, qui tient les organisateurs d'une manifestation pour responsables des débordements.
L'ancien premier ministre et ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), qui a renoncé à renouveler son contrat pour entrer en politique, est, depuis son retour de Washington fin juillet, au centre d'une bataille politico-juridique entre son parti et le pouvoir. La mouvance présidentielle lui conteste sa nationalité ivoirienne et remet donc en cause la possibilité pour lui de briguer la magistrature suprême.
M. Ouattara, qui considère les condamnés comme des prisonniers politiques , voit derrière la décision de la justice une volonté du gouvernement de décapiter son parti, dont les dirigeants ont été condamnés, dit-il, sans motifs et sans preuves. On n'a même pas pu établir qui était responsable des casses qui se sont déroulées dans des quartiers populaires alors que les militants et les dirigeants ont été obligés de se replier au siège du parti, sous la pression des forces de l'ordre. Le pouvoir, lui, n'a cessé de rappeler, cette semaine, à grand renfort d'images d'archives rediffusées à la télévision nationale, que la loi anticasseurs a été élaborée, en 1992, par le gouvernement de M. Ouattara.
C'est une loi d'une autre époque. Les partis politiques ont acquis une maturité, plaide aujourd'hui l'ancien premier ministre, favorable à son abrogation.
Le RDR paraît aujourd'hui bien affaibli. Les plus combatifs et les plus populaires des dirigeants mis derrière les barreaux, M. Ouattara n'a plus d'état-major en Côte d'Ivoire. La direction intérimaire, inexpérimentée, a du mal à reprendre le flambeau.
De plus, les condamnés et le parti, pour une grande part financé par M. Ouattara lui-même, devront payer quelque 9,5 millions de francs français de dommages et intérêts pour les casses. En voyage depuis plus de deux mois, M.
Ouattara, qui séjourne actuellement en France, à Mougins (Alpes-Maritimes), a annoncé, vendredi 12 novembre, son retour en Côte d'Ivoire pour la semaine prochaine, vu l'urgence de la situation.
Je reste candidat à la présidentielle et je remplis toutes les conditions d'éligibilité, a-t-il déclaré.
Profitant à son arrivée d'un contexte socio-économique difficile et de la baisse de popularité du chef de l'Etat, Henri Konan Bédié, M.
Ouattara est apparu à nombre d'Ivoiriens comme une alternance crédible. Avant son retour, il était déjà crédité de 23 % d'intentions de vote, selon un sondage confidentiel établi par la Sofres, contre 24 % pour l'opposant de toujours, le socialiste Laurent Gbagbo, et 40 % pour M. Bédié.
Les coups portés au RDR n'ont pas pour le moment déclenché de véritable fronde dans le pays. Certes, le 27 octobre, des bus ont brûlé à Abidjan, la préfecture de Korogho, au nord du pays, a été en partie incendiée et des marches ont été organisées dans toutes les villes de province. Un militant du RDR est mort, voici une semaine, après une altercation à Daloa (Ouest) avec les forces de l'ordre.
Mais le pays, sous haute surveillance policière et militaire, est resté relativement calme à l'annonce du verdict.

' Le leader ivoirien prône pour sa part un mélange d'action politique et d'action violente comme les ' boycotts actifs

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21 novembre 1997

Colloque sur l'Afrique à Paris;
Le ' modèle ' Kabila


AUTEUR: Pierre PRIER

RUBRIQUE: LA VIE INTERNATIONALE

LONGUEUR: 503 words

' Je constate que Laurent-Désiré Kabila est l'homme le plus célèbre de l'Afrique... ' Laurent Gbagbo, l'opposant le plus prestigieux de Côte-d'Ivoire, a du vague à l'âme : ' Même dans mon pays, qui n'a aucune frontière avec l'ex-Zaïre, au fond de la brousse les villageois me disent : ' Il faut faire comme Kabila / ' Et nous, nous prêchons la bonne parole, demandant aux gens d'être démocrates... ' L'ombre du tombeur de Mobutu s'est invitée sans permission à la réunion africaine organisée mercredi soir à Paris par le parti socialiste. Le thème du jour était : ' Stratégie électorale ou tentation armée ' ?
La réponse arrive immédiatement. Les invités d'honneur, chefs de file des oppositions de cinq pays francophones, Côte-d'Ivoire, Guinée, Niger, Mauritanie, République centrafricaine, lancent un avertissement unanime : le bulletin de vote perd du terrain. Leurs militants, fascinés par la victoire éclair du nouveau maître de l'ex-Zaïre, les poussent à prendre les armes. ' Nous sommes en train d'être dépassés par notre base ', dit le Guinéen Alpha Condé. ' A moi aussi, on me dit que si je veux vraiment le changement, il faut faire comme Kabila. Il y a aujourd'hui un mythe Kabila. '
Deux sortes de démocratie
Comme ses pairs, Alpha Condé se sent obligé d'écouter ce message sans nuance. A l'exception de Gbagbo, plus nuancé, ces acteurs de la politique classique se montrent, sans précaution oratoire, tentés par la violence pour conquérir le pouvoir. ' Après tout, chez vous, la démocratie n'est pas venue pacifiquement, lance Alpha Condé. La Révolution française a coupé beaucoup de têtes. '
Pour eux, l'histoire récente des démocraties en Afrique de l'Ouest, commencée en 1990, est déjà terminée. Par des moyens divers : des élections truquées aux manoeuvres destinées à empêcher les opposants les plus populaires de se présenter en passant par les milices armées les présidents en place refusent l'alternance, affirment-ils.
Le désarroi n'est pas absent des réflexions de ces hommes qui regrettent de voir les pays occidentaux fermer les yeux, ' comme s'il y avait deux sortes de démocratie, une pour le Nord et une pour les pays tropicaux '.
Laurent Gbagbo résume sa vision de l'impasse démocratique sur le continent : ' En Afrique noire, c'est celui qui organise les élections qui les gagne. ' Le leader ivoirien prône pour sa part un mélange d'action politique et d'action violente comme les ' boycotts actifs '. Mais ses collègues ne s'interdisent plus de rêver à des renversements par des militaires légalistes, qui pourraient ouvrir la voie à des élections transparentes.
Leurs militants de base, eux, ne s'embarrassent pas de ces nuances. Et dans la salle un représentant de l'opposition de l'ex-Zaïre ose rompre le consensus : ' Le leader de mon parti, Etienne Tshisekedi, devrait être ici. C'est Kabila qui lui a interdit de quitter Kinshasa. Ceux qui croient que Kabila a fait une guerre de libération rêvent. La libération ne passe pas par les armes. Sinon, le continent africain deviendra invivable. '

Ouattara, le retour II ?

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03 juillet 1997

Ouattara, le retour II ?

RUBRIQUE: LES AFRIQUES PAYS PAR PAYS; COTE D'IVOIRE N. 285

LONGUEUR: 238 words

C'est à nouveau l'agitation dans l'opposition ivoirienne après le voyage aux Etats-Unis de Laurent Gbagbo, leader du FPI, et - dans le cadre d'une mission de "femmes politiques africaines" financée par les Etats-Unis - d'Aminata Kanaté, maire RDR de Makono. Reçu notamment à l'International Republican Institute, Laurent Gbagbo a rencontré pendant deux semaines de nombreux hommes politiques et hauts fonctionnaires américains... et français, comme Michel Camdessus, directeur général du FMI.
L'adjoint de ce dernier, Alassane Dramane Ouattara, a dîné en compagnie de son épouse Dominique, le vendredi 20 juin, avec son compatriote. Un dîner aux chandelles qui a relancé les supputations sur un retour en fanfare du "candidat non déclaré" de 1995. On est déjà à mi -parcours de l'an 2000...
Sur le chemin du retour, Laurent Gbagbo devait s'arrêter en Grande-Bretagne pour s'entretenir avec Martial Ahipeaud, ancien président de la FESCI, le syndicat des étudiants. Ce dernier est chouchouté à Londres par l'équipe de Tony Blair. Ahipeaud et Guillaume Soro, un autre ancien responsable du syndicat étudiant, aujourd'hui réfugié au Ghana, ont en effet toujours leur mot à dire sur l'évolution du mouvement. Enfin, le leader du FPI devait également faire escale à Paris, où son ami Guy Labertit est le "Monsieur Afrique" du Parti socialiste au pouvoir. Mais le président Henri Konan Bédié a toujours son ami Michel Dupuch à l'Elysée...

Laurent Gbagbo chez Omar Bongo à Libreville

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01 février 1996

COTE D'IVOIRE: Laurent Gbagbo chez Omar Bongo à Libreville

RUBRIQUE: LES AFRIQUES PAYS PAR PAYS N. 251

LONGUEUR: 54 words

Le leader du Front populaire ivoirien (FPI) qui n'a pu encore se représenter dans son fief de la région de Gagnoa - le pouvoir ayant décidé un report des législatives pour troubles à l'ordre public - est allé discrètement, le 19 janvier, rendre visite à Libreville au président Omar Bongo. Pour se plaindre d'Henri Konan Bédié ?

Côte d'Ivoire. Abidjan verrouille les élections législatives

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La Croix

24 novembre 1995

Côte d'Ivoire. Abidjan verrouille les élections législatives. OUAGADOUGOU DE NOTRE CORRESPONDANTE.

AUTEUR: POMPEY Fabienne

RUBRIQUE: MONDE; Pg. 11

LONGUEUR: 412 mots

Les deux principaux leaders de l'opposition ivoirienne ne participeront pas aux élections législatives du dimanche 26 novembre. Laurent Gbagbo, du Front populaire ivoirien (FPI), et Djeny Kobina, du Rassemblement des Républicains (RDR), ont été exclus du scrutin par le ministère de l'intérieur. En effet, les autorités ivoiriennes ont jugé que les conditions de "paix sociale" n'étaient pas remplies dans la circonscription où Laurent Gbagbo devait remettre son mandat de député en jeu.
Quant à Djeny Kobina, il n'aurait pas remis son certificat de nationalité lors du dépôt de candidature à la députation, alors qu'il est suspecté d'avoir des parents ghanéens. Une enquête a été ouverte pour déterminer son "ivoirité". L'un et l'autre ont dénoncé immédiatement cette "manoeuvre".
Un débat récurrent
sur l'"ivoirité"
Laurent Gbagbo conteste le fait que sa circonscription, comme trois autres situées dans l'ouest du pays, fasse l'objet d'un scrutin particulier lorsque le pouvoir jugera que le calme et la sécurité y seront assurés.
Lors de l'élection présidentielle du 22 octobre dernier, cette région, le pays bété, ethnie dont est issu Laurent Gbagbo, a été le théâtre d'affrontements entre des autochtones et des migrants baoulés, ethnie du président élu Henri Konan-Bédié, faisant 25 morts. Près de 2 000 Baoulés ont dû fuir les plantations du pays bété.
Gouverné sans partage pendant trente-quatre ans par Félix Houphouët-Boigny décédé en décembre 1993, le pays semble tâtonner dans la gestion de l'après-Houphouët. Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, le PDCI, instrument du pouvoir depuis l'indépendance, s'est scindé pour donner naissance au Rassemblement des Républicains (RDR) uni derrière Alassane Ouattara, premier ministre d'Houphouët, aujourd'hui haut dirigeant de la Banque mondiale.
Lui aussi fut victime, comme l'est aujourd'hui Djeny Kobina, du débat sur l'"ivoirité", le pouvoir affirmant qu'il était issu de parents burkinabés et non pas ivoiriens, condition sine qua non à l'éligibilité.
Cet acharnement à tout mettre en oeuvre pour assurer la victoire du PDCI et de son candidat Henri Konan-Bédié, qui n'a pas hésité à faire sortir l'armée des casernes pour assurer le bon déroulement du scrutin, a surpris les observateurs de la vie ivoirienne. Car l'opposition, qui ira aux législatives en ordre dispersé, ne constitue pas une menace sérieuse pour le président. Le parti au pouvoir détient 148 sièges à l'assemblée contre 16 à l'opposition.
Fabienne POMPEY

Deux opposants ivoiriens interdits de candidature aux élections législatives

Le Monde
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23 novembre 1995

Deux opposants ivoiriens interdits de candidature aux élections législatives;
La majorité devrait profiter des divisions adverses


AUTEUR: PICARD FRANCOIS

RUBRIQUE: International

LONGUEUR: 684 mots

Alors que les deux principaux partis de l'opposition ont levé leur mot d'ordre de boycottage actif des électionsleurs dirigeants se trouvent exclus des élections législatives du 26 novembre. Laurent Gbagbochef du Front populaire ivoirien (FPI)social-démocratevoit sa circonscription en pays bété privée de scrutinet Djény Kobinasecrétaire général du Rassemblement des républicains (RDR)centristeest accusé de ne pas satisfaire aux conditions de nationalité imposées par le code électoralqui a déjà interdit au candidat potentiel du RDRl'ancien premier ministre Alassane Ouattarade se présenter à l'élection présidentielle.
Cette controverse aura dominé une campagne à l'issue de laquelledimanche 26 novembrele Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI)au pouvoir depuis l'indépendancetentera de conserver une majorité écrasante au Parlement. Le ministre de l'intérieurEmile Constant Bombeta justifié la décision de suspendre le vote dans trois circonscriptions du centre-ouest dont celle de M. Gbagbopar le fait que plus de trois mille Baoulésde la même ethnie que le président Henri Konan Bédién'ont pas pu regagner leurs terres depuis l'élection présidentielle du mois dernier.
A l'époquedes affrontements avec les autochtones bétésainsi que des rumeurs de massacresavaient provoqué l'exode vers les villes de plusieurs milliers de paysans baoulés. Le parti de M. Gbagbo dénonce ce reportaccusant le gouvernement d'avoir attendu trop longtemps avant de calmer les esprits dans le but de diaboliser le FPI dans son fief.
Si M. Gbagbo doit attendre avant de se présenterson homologue du RDRDjény Kobina doit prouver son ivoirité devant la Cour constitutionnellefaute de quoi il sera exclu de la compétition électorale dans le quartier d'Adjamé à Abidjan. M. Bombet affirme que M. Kobina n'a pas déposé de certificat de nationalité et quand ledit certificat a été publié par plusieurs journaux d'oppositioncette semainela presse progouvernementale a laissé entendre qu'il pourrait s'agir d'un faux ou d'un document qui n'est pas en règle.
UNE MAJORITE ECRASANTE
Ce n'est pas de notre faute si M. Djény Kobina est ghanéena dit le ministre de l'intérieuralors que M. Kobina fut candidat du PDCI aux dernières élections législativesen 1990. Lors de ce premier scrutin législatif pluraliste depuis l'indépendance165 des 175 sièges étaient revenus au PDCI. A l'époquel'opposition naissante se mesurait à Houphouët-Boignyqui venait d'être élu pour la septième et dernière fois président.
Depuis lorsle père fondateur du pays est mort et son successeurM. Bédiéest passé du perchoir de l'Assemblée nationale à la présidence de la républiquele FPI s'est implanté et beaucoup de millitants du PDCI dont M. Kobina ont quitté le parti pour former le RDRen particulier au nord du pays.
Bien que Baoulénatif de Yamoussoukrodans le centreHouphouët-Boigny avait été élu pour la première foisen 1945dans le Nordà Koroghocomme représentant l'Assemblée constituante de la IVe République ettoute sa vieil a su préserver l'alliance entre Dioulas et Sénoufos des savanes du Nord et Akans du Sud forestier. Aujourd'huiles Nordistes sont divisés entre RDR et PDCIcomme à Koroghooù s'affrontent deux candidats issnus de l'une des grandes familles sénoufosles Koulibaly.
Mais l'effritement de la base du PDCI peut être compensé par les divisions de l'opposition. Car la politique de désistement voulue par le Front républicain a volé en éclatsà la veille du dépôt des candidatureset dans beaucoup de circonscriptions les triangulaires profiteront au parti au pouvoir pour cette élection à un seul tour.
Si les modalités du scrutin restent floues vérification des listes électorales incomplètecampagne qui a démarré sans proclamation officielle et avant même que la liste des candidats ne soit publiéele PDCI s'accroche à l'idée de s'assurer une écrasante majorité. Alors qu'un mois après l'élection présidentielle le portrait du candidat Bédié orne toujours les panneaux publicitaires d'Abidjanle PDCI a lancé une nouvelle campagne d'affichage: l'image d'une troupe d'éléphants avec la légende Donnons une majorité de progrès au président.

Autochtones bétés et allogènes baoulés ont désappris à vivre ensemble

Le Monde
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08 novembre 1995

La campagne présidentielle a creusé le fossé entre communautés dans l'ouest de la Côte-d'Ivoire;
Autochtones bétés et allogènes baoulés ont désappris à vivre ensemble


AUTEUR: PICARD FRANCOIS

RUBRIQUE: International

LONGUEUR: 967 mots

ENCART: Le gouvernement et l'opposition sont parvenus à un accordlundi 6 novembresur l'organisation des élections législativesprévues le 26 novembre. L'opposition a levé le mot d'ordre de boycott actif appliqué lors de l'élection présidentielle. En contrepartiele gouvernement a accepté de réviser les listes électorales. Les deux parties ont multiplié les appels au calme envers les communautés bétée et baoulée qui se sont affrontées dans l'ouest du pays.


La rentrée des classes a enfin eu lieu en Côte-d'Ivoirejeudi 2 novembre. Mais les cours ne sont pas près de reprendre au Cafople Centre d'aptitude et de formation professionnelle de Gagnoadans le centre-ouest du pays. L'établissement héberge plus de quatre mille paysans de la même ethnie que le président Henri Konan Bédié. Des réfugiés baouléschassés de leurs terres par les autochtones bétéss'entassent à cent par salle de classe pour dormir.
Pierrevingt-neuf ansaffirme que la tension est montée brusquement dans son village à la veille de l'élection présidentielle du 22 octobre. Les dirigeants de l'opposition avaient auparavant lancé un appel au boycottage actif du scrutinun appel entendu au coeur du pays bétéle fief du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbotandis que les autorités préfectorales voulaient s'assurer du vote des campements baoulés où l'on soutient le Parti démocratique de Côte-d'Ivoirele PDCIl'ancien parti uniqueau pouvoir depuis l'indépendance.
Mécontents du code électoral et des conditions du déroulement du scrutinles militants du FPI avaient déjà barré les routes principales de la région avec des troncs d'arbres pour gêner les opérations.
Les autorités du PDCI sont venues nous voirdit Pierreun planteur baoulépour nous dire que nous aurions une caisse pour voter et les Bétés auraient une autre caisse. Bonpeut-être que ces mots ont fait monter la tension chez eux. Les habitants du prochain village bété leur ont rendu visite. Selon Pierreils nous ont dit de partir tout de suite ou qu'on allait nous tuer. Cette nuit-làtous les Baoulés de son campement ont pris la fuite pour se réfugier en villeà la gendarmerie.
Ca me décourage. Quelqu'un qui a travaillé la terre pendant cinq ou vingt ans se voit aujourd'hui dans la ruebredouille.
Les deux communautés se rejettent la responsabilité des hostilités et les réfugiés baoulés accusent les Bétés de profiter de leur absence pour s'emparer de leurs biensnotamment de la récolte en cours de cacao et de café. L'opposition accuse le pouvoir d'avoir encouragé les départs pour diaboliser le FPI dans son fief. Leurs responsables soulignent que la rumeur d'un premier massacre dans un campement baoulédiffusée à la hâte par l'Agence ivoirienne de pressen'a jamais été confirmée par les autorités. Plus de deux semaines après les premiers incidentsle gouvernement ne s'est toujours pas prononcé officiellement sur la crise. Mardi 7 novembrele premier ministreDaniel Kablan Duncandevait se rendre dans la région. LaurentGbagbo l'y avait précédé. Le dirigeant socialiste avait mis en cause une manipulation qui met en danger la vie de nos parentsbaoulés ou bétésajoutant: Moij'ai grandi avec les Baoulés.
A 35 kilomètres en broussedeux hameaux abandonnés l'un baoulé l'autre bété ont été pillés et partiellement brûlés. De part et d'autre on rappelle les mariages mixtes du passémais dans le village bété de Ziriwaun vieux est formel: Pendant cent ansun Baoulé ne peut plus revenir ici.
Seize kilomètres de piste plus loinà Souangakroles villageois baoulés ne partent plus aux champs sans un fusil de chasse. Les premiers Baoulés à s'installer à Souangakroen 1969avaient quitté la région du centre à la recherche de nouvelles terres à défricher pour cultiver le cacaodont la Côte-d'Ivoire est le premier exportateur mondial. Cette migration de Baoulés se poursuit à ce jour vers les dernières régions forestières de l'ouest du pays.
IMPLANTATION NATIONALE
Icila rivalité Baoulés-Bétés a éclaté au grand jour en 1990 avec la première élection multipartite depuis l'indépendance. Le président Félix Houphouët-Boignybaouléavait alors battu M. Gbagbobété natif de Gagnoa. Quand on leur demande la raison du conflit actuelles anciens du village de Souangakro répondent comme un seul homme: Multipartisme.
Pendant trente ansM. Houphouët-Boigny avait maintenu un système de parti unique qui n'était pourtant pas prévu par la Constitution. Il soulignait qu'avec plus de soixante ethnies en Côte-d'Ivoirele multipartisme entraînerait forcément des clivages d'ordre ethnique. Son successeur est comme lui baoulé. René Degny-Seguijuriste et président de la Ligue ivoirienne des droits de l'hommetrouve que la Côte-d'Ivoireà l'image de beaucoup de jeunes démocraties en Afriquesubit le refus de l'alternance politique par les gouvernantsauquel s'ajoute le problème ethnique développé par la presse. Selon M. Degny-Seguile président Houphouët-Boigny est mort en décembre 1993 avant que le conglomérat de nationalités ivoiriennes se soude en un Etat-Nation. Les rivalités ont éclaté au grand jour avec la brève lutte de succession entre bédiéistesperçus comme essentiellement baouléset alassanistespartisans de l'ancien premier ministre Alassane Ouattaraoriginaire du Nordune région essentiellement musulmanehabitée par les Sénoufos et les Dioulas.
Par la suitele nouveau code électoral promulgué par le président Bédié a encore rajouté de l'huile sur le feuestime M. Degny-Segui. La loi veut que les candidats à la présidence soient de père et mère eux-mêmes nés Ivoiriensce qui entraîneselon luila distinction entre certains Ivoiriens de première zone et des Ivoiriens de seconde zone. Pour enrayer les accusations de tribalismele pouvoir rappelle que le gouvernement comprend des ministres bétéset que le secrétaire général du PDCI est originaire du Nord. En facel'opposition souligne que le secrétaire général du Rassemblement des républicains (RDR)proche de Alassane Ouattaraest du Sud et que le numéro deux du FPI est dioula.
Carcontrairement à d'autres pays d'Afriqueles trois principaux partis de Côte-d'Ivoire ont chacun des sections dans toutes les régions du pays. Et l'accord sur les élections législatives du 26 novembre permettra aux trois grandes formations politiques de mettre cette implantation nationale à l'épreuve.

KONAN BEDIE REMPORTE LA PRESIDENTIELLE. Le boycottage du scrutin par l'opposition a échoué.


La Croix

24 octobre 1995

Côte d'Ivoire. KONAN BEDIE REMPORTE LA PRESIDENTIELLE. Le boycottage du scrutin par l'opposition a échoué. ABIDJAN. DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE.

AUTEUR: POMPEY Fabienne

RUBRIQUE: REPORTAGE; MONDE; Pg. 8

LONGUEUR: 609 mots

Henri Konan Bédié a été élu dimanche président de la République de Côte d'Ivoire. Il est le second à porter ce titre depuis l'indépendance du pays en 1960. Le "Sphinx" _ sa discrétion lui vaut ce surnom _ succède donc à Félix Houphouët-Boigny décédé en décembre 1993. Le résultat est sans surprise: plus de 90% des suffrages exprimés contre moins de 10% à son challenger, Francis Wodié, du Parti ivoirien des travailleurs (PIT), formation confidentielle dont il est le seul député à l'Assemblée.
Les chiffres de participation _ 70% annoncés dimanche à 20 heures, révisés à 60% lundi matin _ ont, en revanche, surpris et coupé court aux pronostics confidentiels des observateurs qui tablaient sur 30 à 50%. Malgré la crainte de violences et l'appel au "boycottage actif" du Front républicain regroupant les deux principaux partis de l'opposition, le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, et le Rassemblement des républicains (RDR), les électeurs qui souhaitaient voter se sont donc rendus aux urnes. Même à Yopougon, la plus vaste commune d'Abidjan, réputée pour être un fief de l'opposition, qui promettait d'être le "quartier de tous les dangers", celui des dérapages et des incidents. Or, dimanche, elle est restée plutôt calme malgré un incident mineur. "J'ai attendu de savoir si ça chauffait ou non avant de me décider", explique une jeune femme.
Le matin, sous la pluie battante, pas un badaud dans les rues, pas une marchande d'alloko (bananes grillées) et quelques rares voitures. De toute façon à Yopougon, comme dans le reste, de la capitale et du pays, le scrutin a débuté avec retard, ici faute d'urne, là faute d'isoloir. Même si l'après-midi, Yopougon a repris une activité quasi normale, on ne se bousculait pas devant les urnes. Sans doute en raison des rumeurs d'attaques imminentes des bureaux de vote par des militants de l'opposition. Les incidents n'ont pas manqué, mais un seul a vraiment dégénéré, à Dabakala (350 km au nord d'Abidjan) où les partisans et opposants à K. Bédié se sont affrontés et où plusieurs bureaux de vote ont été saccagés.
Ces "menaces" d'attaques, avec pour preuve deux urnes brisées, ont été mises en avant lorsqu'à 18 heures, à la clôture du scrutin, les forces de l'ordre se sont soudain déployées pour collecter les urnes et les ramener à la mairie pour le dépouillement. Finalement, à Abidjan, les électeurs qui voulaient voter ont pu le faire: le "boycottage actif" n'a pas eu le succès escompté.
Seul le pays Beté à l'ouest, dont est originaire Laurent Gbagbo, où les principaux axes routiers avaient été coupés par l'opposition, n'a pratiquement pas voté. A Gagnoa, les électeurs n'ont pu se rendre aux urnes qu'à la préfecture sous haute protection militaire.
Principal incident de la journée: deux personnes ont été tuées par balle dans un village du nord du pays, vers la frontière burkinabé, et une autre aurait été tuée à Dabakala, à 350 km au nord d'Abidjan. Pourtant, il y a quelques jours, ils étaient nombreux à prédire l'éclatement de la Côte d'Ivoire, les journaux agitant même le spectre de la guerre civile.
"L'armée a dissuadé les gens de manifester", constatait un assistant dans un bureau de Preischville, un quartier populaire d'Abidjan. Discrètes, les bandes armées n'en étaient pas moins présentes, venues renforcer police et gendarmerie qui ne disposent environ que de 14 000 hommes. Dans le nord du pays, des "chasseurs" en costume traditionnel, armés de vieux fusils à plombs leur ont également prêté main-forte.
Henri Konan Bédié est donc président pour cinq ans. Reste à savoir quelle sera l'attitude de Laurent Gbagbo lors des législatives, le mois prochain.
Fabienne POMPEY

Malgre son appel au boycottage, le chef de l'Etat invite l'opposition a participer aux prochaines elections legislatives et municipales

Copyright 1995 Le Monde  
Le Monde

October 23, 1995

SECTION: International

LENGTH: 720 words

HEADLINE: Incidents en Cote-d'Ivoire avant le scrutin presidentiel; Malgre son appel au boycottage, le chef de l'Etat invite l'opposition a participer aux prochaines elections legislatives et municipales

BYLINE: SOTINEL THOMAS

BODY:
De nouveaux incidents ont emaille la fin de la campagne pour l'election presidentielle, qui devait etre organisee dimanche 22 octobre. A Gagnoa, en pays bete, au nord-ouest d'Abidjan, des manifestants avaient dresse de nombreux barrages dans la ville meme et dans les alentours. L'armee etait intervenue pour degager les routes. Le ministre de la defense, Leon Koffi Konan, avait averti que les forces armees, en plus de la gendarmerie nationale, (seraient) plus etroitement engagees dans les operations de maintien et de retablissement de l'ordre republicain. 

L'annonce par l'Agence ivoirienne de presse du TIC massacre TIC de 18 personnes dans un groupe d'habitations provisoires occupees par des travailleurs saisonniers, pres de Guiberroa, dans la region de Gagnoa, place-forte du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, n'a pas ete officiellement confirmee. Interroge a ce sujet, le ministre de la defense n'a fait etat que de rumeurs, et le gouvernement a annonce l'envoi sur place d'enqueteurs.
L'archeveque d'Abidjan, Mgr Bernard Agre, avait lance, avant le scrutin, a la television, un appel au calme auxquel s'etaient associes d'autres responsables religieux. Il avait mis en garde contre la guerre et ses consequences tenebreuses.
Il avait appele a la raison les petits casseurs pousses, pour de fausses promesses, dans la rue par les hommes politiques de toutes tendances qui veulent ainsi eprouver leur pouvoir de mobilisation et exhorte les partis en presence a faire un grand geste d'apaisement.
De son cote, le president Henri Konan Bedie, candidat a sa propre succession, avait tenu, tres symboliquement, sa derniere reunion publique a Yamoussoukro, village natal de Felix Houphouet-Boigny, le pere de la nation. D'ethnie baoule, comme son predecesseur, il avait demande a ses compatriotes de s'organiser pour proteger les personnes, les bureaux de vote et les urnes.
Il avait aussi propose a l'opposition de sortir de la logique de l'affrontement et de participer aux elections legislatives et municipales a venir. Le president avait assure que les deux grands partis de l'opposition le FPI et le Rassemblement des republicains, aujourd'hui groupes au sein du Front republicain, qui avait appele au boycottage actif des elections, n'etaient pas forclos, comme pour la presidentielle. Nous leur garantissons des elections honnetes et transparentes.
Il a annonce que des experts allaient verifier, apres le scrutin presidentiel, les listes electorales contestees par l'opposition.
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21 octobre 1995

"Le sang coulera encore"

AUTEUR: PIERRE-MARIE CHERRUAU

RUBRIQUE: COTE D'IVOIRE; POLITIQUE

LONGUEUR: 488 words

ORIGINE-DEPECHE: COTE D'IVOIRE 

PRESIDENTIELLE EN COTE D'IVOIRE
Après une campagne violente, l'opposition au candidat-président Bédié ne désarme pas. On redoute un scrutin sanglant demain
Le matin, avant de quitter sa maison en bois située au coeur d'un quartier populaire d'Abidjan, Aïcha écoute la radio afin de savoir si des manifestations sont à l'ordre du jour. Dans son quartier, les commerces ont fermé leurs portes et les badauds sont rares sur les trottoirs en latérite. "J'ai peur de sortir de chez moi. Dans certains quartiers, des petits groupes de manifestants délinquants bloquent les routes en brûlant des pneus et des voitures. Ils matraquent même les passants. J'ai envoyé mes enfants au village", explique cette jeune employée de bureau.
Les voisins d'Aïcha sont tout aussi inquiets. Lundi, à Abidjan, des manifestants ont mis le feu à des cars, à des voitures et à des locaux du parti du président. Dans le nord du pays, des affrontements entre partisans du pouvoir et de l'opposition ont fait deux morts.
Aïcha écoute les informations mais elle éteint sa radio dès que les candidats en lice énoncent leur programme. "L'homme qui affronte le président est un plaisantin. Personne ne le connaît. Il n'a aucune chance de battre Bédié."
Selon Aïcha, la grande majorité des 13 millions d'Ivoiriens partagent ce sentiment de frustration. Pourtant, elle n'imagine pas que les Ivoiriens puissent descendre en masse dans les rues.
L'autre opposant majeur, le leader du FPI, a attendu le début octobre pour annoncer son refus d'être candidat. En 1990, lors des premières élections présidentielles pluralistes, il avait obtenu 18 % des suffrages face à Félix Houphou]t-Boigny. "C'est le seul qui ait osé affronter le Vieux. Il s'est toujours battu pour ses idées, ce qui l'a même conduit en prison", explique un militant du FPI.
Laurent Gbagbo réclamait une révision du Code électoral et la création d'une commission indépendante pour organiser le scrutin. Or, le président Bédié n'a fait aucune concession. En l'absence de ces poids lourds, Francis Wodié, le candidat d'un petit parti de gauche, le PIT (Parti ivoirien des travailleurs), paraît bien esseulé. La presse d'opposition qui fleurit sur les trottoirs d'Abidjan l'accuse de servir de faire-valoir au régime.
Même la presse gouvernementale s'inquiète de l'amateurisme du candidat de l'opposition. Le quotidien "Ivoir'soir" affirme qu'un meeting de Francis Wodié n'a pu avoir lieu, faute de spectateurs. Les habitants de la ville ou devait se tenir le meeting n'auraient pas été avertis de la venue du candidat de l'opposition.
Henri Bédié a plus à craindre de la rue que des urnes. L'opposition affiche sa détermination à pratiquer le "boycott actif". "Bédié se prend pour Houphou]t, mais nous n'accepterons plus d'être menés à la baguette. On ne pourra pas empêcher son élection mais on continuera à organiser des marches. Le sang coulera encore. Il ne pourra plus se faire passer pour un démocrate."

Gbagbo: " "le recours à l'arbitre militaire"."

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02 novembre 1995

COTE D'IVOIRE: Tentations putschistes ?

RUBRIQUE: LES AFRIQUES PAYS PAR PAYS No. 245

LONGUEUR: 494 words

Deux ans après la mort de Félix Houphouët-Boigny, "sa" Côte d'Ivoire s'est mise à rêver d'un Amadou Toumani Touré (ATT). Et pas seulement au sein de l'armée. En s'engageant dans une logique de surenchère, du "boycott actif" au soulèvement populaire, le Front populaire ivoirien (FPI) avait également "intégré" comme l'une des hypothèses, "le recours à l'arbitre militaire". Au Rassemblement des Républicains (RDR), dont plusieurs "frères" font partie de l'Etat-major de l'armée, on avait même activement promu la réflexion des galonnés sur "une prise de pouvoir à la malienne, pour sauver la Nation, incarner l'Etat impartial et, au bout de deux ans, organiser des élections incontestables"...
Cette cogitation séditieuse avait pris, la semaine précédant la présidentielle du 22 octobre, une densité telle que le "candidat Bédié" était rentré précipitamment de son dernier meeting à Yamoussoukro (par avion, mais avec un luxe de précautions, un "attentat à la Habyarimana" étant redouté par ses partisans...). L'armée ayant été formellement réquisitionnée pour le maintien de l'ordre le jour du scrutin, le président convoque alors, samedi matin, le général Gueï à la présidence (voir who's who). Puis il le somme de se déclarer "prêt à faire sortir l'armée dans la rue" en face des opposants Laurent Gbagbo, Djény Kobéna et Bamba Moriféré, réunis dans une pièce contiguë (alors que les évêques tentant une médiation de la dernière heure attendent dans un troisième salon).
Devant le refus de son chef d'état-major, le président le fait désarmer sur le champ. Pendant 48 heures, jusqu'à la fermeture des bureaux de vote, il restera sous bonne garde, au camp Galliéni. Mais dès samedi après-midi, un communiqué annonce sa "promo" gouvernementale: à la tête d'un tout nouveau ministère du Service civique, pour ramener au travail de la terre des jeunes désoeuvrés, des diplômés chômeurs et des fonctionnaires licenciés...
Le mardi 24 octobre, au surlendemain de l'élection plébiscite d'Henri Konan Bédié, "président élu" avec 96%, le général Gueï passe le bâton de commandement à son adjoint, le capitaine de vaisseau (l'équivalent d'un colonel dans l'armée de Terre) Lassana Timité. Au cours d'une cérémonie arrosée de champagne, le chef sortant de l'armée ivoirienne, se targuant d'avoir "rétabli la dignité des militaires par l'amélioration sensible de leur environnement", juge son départ "logique, je dirais même banal"... en vertu de "la mobilité dans les postes de commandement", un principe dont il se déclare un "adepte fervent". A l'adieu aux couleurs, "Monsieur le ministre" - que plus personne n'appelle "mon Général" - s'écrie: "Restez sereins", mais en constatant lui-même que "tout semble donner libre cours aux rumeurs, parfois à la calomnie et que les imaginations désarment les bonnes volontés". Enfin, il achève son discours en toute ambiguïté, citant George Duhamel: "La meilleure façon de ne pas partir, c'est de partir". La veille d'une élection ?

" Le code électoral a été taillé sur mesure pour assurer la victoire du président Bédié".


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La Croix

6 octobre 1995

Côte d'Ivoire. Après les violentes manifestations qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés cette semaine, l'opposition ivoirienne maintient sa demande d'une révision du code électoral. L'OPPOSITION IVOIRIENNE NE RENONCE PAS. ENTRETIEN.Laurent Gbagbo, Secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI): " Le code électoral a été taillé sur mesure pour assurer la victoire du président Bédié".

AUTEUR: POMPEY Fabienne

RUBRIQUE: HOMMES ET EVENEMENTS; Pg. 8

LONGUEUR: 536 mots

Les manifestations lancées par l'opposition, interdites dans cette période préélectorale, présidentielle, législative et municipale, ont déjà fait cinq morts et plusieurs dizaines de blessés en Côte d'Ivoire. En tant que leader de l'opposition, allez-vous continuer à appeler les Ivoiriens à descendre dans la rue?
Laurent Gbagbo: Bien sûr. Nous n'avons pas d'autre possibilité que les manifestations pour faire entendre notre voix. C'est notre devoir de continuer jusqu'à ce que nous obtenions une révision du code électoral.
_ Au risque de nouveaux affrontements?
_ Le bilan le plus lourd est dans nos rangs. Nous n'appelons pas à la violence et les affrontements ne sont que la conséquence des attaques des forces de l'ordre.
_ Quels sont les points de ce code électoral très controversé que vous voudriez voir modifier?
_ Il faut reprendre le recensement pour réviser les listes électorales, instituer une commission indépendante pour superviser les préparatifs et le déroulement des élections, et enfin il faut que, dans chaque bureau de vote, une copie du procès-verbal des résultats soit remise au représentant de chaque candidat.
_ Vous avez rencontré mardi le président Henri Konan Bédié. Avez-vous obtenu quelques satisfactions?
_ Aucune. On n'a pas avancé d'un iota. Il a refusé de revenir sur le code électoral. Il nous a simplement proposé de retirer le décret interdisant les manifestations pendant la période préélectorale en échange de la promesse que nous n'appellerions plus à manifester. C'est dérisoire. Nous ne descendons pas dans la rue pour ce décret. Nous voulons que le code électoral soit retiré. Sa proposition n'est pas acceptable.
_ Vous-même, comme Alassane Ouattara, ancien premier ministre de feu le président Houphouët-Boigny, n'avez pas déposé de candidature pour l'élection présidentielle. Ce boycottage ne risque-t-il pas de faire la part belle au candidat Henri Konan Bédié?
_ Il n'était pas question pour moi de me présenter avec ce code électoral. Il a été taillé sur mesure pour assurer la victoire du président Bédié. En participant, nous aurions légitimé cette élection et c'est hors de question. Nous appelons donc dès maintenant au boycottage actif de ce scrutin.
_ Alassane Ouattara, actuellement directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a expliqué en substance qu'attaché à la légalité, il respectait ce code voté par une assemblée élue. Etes-vous d'accord avec ses arguments?
_ Je n'ai pas été surpris par la décision d'Alassane. Il m'en avait parlé. Je ne le juge pas. Si j'étais dans sa position, peut-être aurais-je fait le même choix.
Mais je ne suis pas du tout d'accord avec ses arguments. Bédié a passé son temps à traficoter la constitution pourtant votée par l'Assemblée, pour s'assurer qu'il succéderait au président Houphouët-Boigny à son décès. Il n'y a pas de raison qu'on ne puisse changer le code électoral, même s'il a été voté.
_ Vous continuez à appeler à manifester malgré l'interdiction. Plusieurs arrestations ont déjà eu lieu en Côte d'Ivoire. Ne craignez-vous pas d'être vous aussi arrêté?
_ Je me moque d'être arrêté. J'ai déjà fait de la prison dans ce pays, ce ne serait donc pas la première fois. Je'ysuis habitué.
Recueilli par
Fabienne POMPEY