mardi 23 novembre 2010

Le president ivoirien promet un "miracle", l'opposition predit "l'explosion


Agence France Presse

27 août 1995 dimanche

Le president ivoirien promet un "miracle", l'opposition predit "l'explosion

RUBRIQUE: Informations Generales

LONGUEUR: 512 mots

ORIGINE-DEPECHE: ABIDJAN 

La campagne pour l'election presidentielle d'octobre en Cote d'Ivoire a pris un tour paradoxal, le chef de l'Etat promettant au pays un nouveau "miracle" economique alors que, simultanement, ses opposants agitaient la menace d'une "explosion sociale". A l'occasion de son investiture samedi comme candidat du Parti democratique de Cote d'Ivoire (PDCI), Henri Konan Bedie, heritier politique de Felix Houphouet-Boigny mort il y a deux ans, a predit que, s'ils lui faisaient confiance, les Ivoiriens retrouveraient l'age d'or des annees 70, lorsque leur pays etait montre en exemple a toute l'Afrique post-coloniale. Devant ses partisans reunis a Yamoussoukro, il a annonce - sans evoquer leur cout ni leur financement - une batterie de mesures destinees a lutter contre le chomage, a promouvoir le developpement rural, a relancer l'education et la sante.
Pratiquement au meme moment, les partis d'opposition manifestaient pour la troisieme fois en trois mois a Abidjan dans le but d'obtenir une revision du code electoral qualifie d'"inique" par les centristes et que la gauche juge porteur de fraude.
Face a ce qu'ils considerent comme un refus de dialogue du gouvernement, ils ont averti, par la voix du social-democrate Laurent Gbagbo, lui aussi candidat a la presidence, qu'il existait des limites a leur "bonne volonte" et a leur "patience".
A l'appui de leur menace, ils ont annonce une nouvelle serie de manifestations de rues a compter du 5 septembre en vue de faire aboutir leur revendication.
Alors que, a Yamoussoukro, la ville ou est ne et ou repose M. Houphouet -Boigny, M. Bedie se posait plus que jamais en continuateur de son oeuvre, M. Gbagbo reaffirmait, lui, a Abidjan, que celui qu'on surnommait "le Vieux" etait bien mort.
Une facon de rappeler au PDCI que la donne ne saurait etre la meme en l'absence de celui qui, depuis l'independance du pays en 1960, avait monopolise le pouvoir et la scene politique.
Si les positions se sont radicalisees entre les deux camps, ceux-ci ont toutefois paru soucieux d'eviter d'envenimer la polemique sur le terrain des rivalites nationales, ethniques ou religieuses.
M. Gbagbo a renvoye le gouvernement aux appels a la sagesse, au dialogue et a la tolerance lances au cours des dernieres semaines par diverses autorites morales, musulmanes et catholiques notamment.
M. Bedie a, certes, estime que l'immigration dans le pays de voisins ouest -africains avait atteint un "seuil limite" et qu'il etait temps de maitriser le phenomene. Il a neanmoins pris soin de ne pas attiser les passions en appelant ses compatriotes a "vivre dans la paix, la securite et la fraternite" avec les residents allogenes legalement etablis dans le pays.
Il a surtout affirme sa volonte de n'etre pas, s'il est elu, le president "d'un parti, d'une ethnie ou d'une confession".
Une moderation dictee par les debordements recents de personnalites politiques se reclamant d'une certaine proximite politique avec le pouvoir et qui, dans la tradition populiste, ont accuse "les etrangers" de tous les maux dont souffre le pays.

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