jeudi 5 avril 2012

Tombouctou: La population demande à Ansar Adine de partir; au MNLA de suspendre son ultimatum


Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Adine et le plus grand stratège dans l'Azawad est en train d'entreprendre à ses dépens que toute folie à une limite et que malgré toutes les armes qu'il utilisera, il ne pourra jamais imposer certains changements à un peuple qui a été le plus farouche résistant à l'islamisation et a toujours pratiqué un islam modéré. Les populations de Tombouctou sont en train de lui demander avec tous ses mercenaires et terroristes de quitter la ville de manière pacifique et demande en même temps au MNLA de suspendre son ultimatum envers Ansar Adine.
Il y a deux jours, nous indiquions que l'état-major militaire du MNLA avec à sa tête le Colonel Mohamed Ag Najim à demander clairement à Iyad Ag Ghaly, son groupe criminel Ansar Adine, et les milices Maures déposer immédiatement les armes sans conditions au risque de l'être par la force des armes. Cette menace fut prise très au sérieuse par les miliciens Maures, qui une fois de plus, ont pris la poudre d'escampette pour quitter immédiatement Tombouctou. L'objectif de ces charognards étaient d'encourager un affrontement entre le MNLA et Ansar Adine, pour revenir plus tard ramasser les gains. Nous y reviendrons.
Toujours étant donné qu'Iyad Ag Ghaly dans une folie sans nom consistant a trouvé le moyen pour inviter à Tombouctou 3 leaders de l'organisation terroriste Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). C'est leaders qui sont le sanguinaire Abou Zeid, l'ancien contrebandier Mokhtar Belmokhtar et l'adjoint de Belmokhtar, le dénommé Yahya Abou Al-Hammam. Comment est-ce qu'un homme aussi manipulateur soit-il qui se réclame en faveur de l'instauration de la Shari'a peut se permettre d'inviter et de trainer avec ces 3 terroristes qui sont tout sauf musulman? Qui s'assemble ne se ressemble-t-il pas?
Iyad Ag Ghaly dans sa folie a voulu se prendre pour celui qu'il n'est pas. Il est tout subitement devenu le Cheikh Iyad Ag Ghaly se permettant de faire prier derrière lui l'ensemble des marabouts et lettrés de Tombouctou. Il pousse l'affront jusqu'à prêché à ces mêmes marabouts en leur disant comment ils devront dorénavant pratiquer leur religion! Cet affront venu de quelqu'un qui n'a eu aucun enseignement coranique que le salafisme qui lui fut inculqué ne pouvait plus passer. Nombreux habitants de Tombouctou ont commencés a quitté la ville non seulement à cause de l'ultimatum du MNLA mais aussi à parce qu'ils ne pouvaient plus supporter derrière un homme dont les mains sont couvertes de sang et qui a trahi tant de fois son peuple.
Pendant ce temps, l'état-major du MNLA avait annoncé à Ansar Adine qu'il doit déposer les armes sans conditions et sortir immédiatement de Tombouctou. Mohamed Ag Najim, en homme de paix, rencontrait tous les leaders religieux et d'opinions de la ville en leur disant de rester calme parce que l'armée multiethnique de l'Azawad ne veut de mal à personne. Il leur expliquait aussi le projet Azawadien et leur disait que tout allait rentrer dans l'ordre bientôt et qu'enfin, tous les Azawadiens vivront un nouveau jour dans lequel l'Azawad sera véritablement dirigé par le peuple et pour le peuple.
Ces paroles pleines de sagesse contrastaient totalement avec l'obscurantisme prôné par Iyad Ag Ghaly, le renard du désert. Face à ces folies et celles de ces compagnies terroristes d'AQMI, la population de Tombouctou a vite déchanté. Après des rencontres entre toutes les couches de la société, des marabouts de Tombouctou sont reparti voir Mohamed Ag Najim et les officiers du MNLA en leur disant d'annuler leur ultimatum adressé le Mardi à Ansar Adine lui demandant de déposer immédiatement les armes. Selon ces marabouts, la ville historique et ancienne de Tombouctou, patrimoine mondiale de l'UNESCO, n'a pas besoin de combat à l'arme lourde qui détruiront le peu qui lui reste de son illustre d'antan. Selon eux, ni Iyad Ag Ghaly, ni amis terroristes d'AQMI ne connaissent la parole divine mieux qu'eux et que sans aucun doute, si Iyad Ag Ghaly veut vraiment l'application de la Shari'a, ils arriveront à le convaincre en utilisant les versets du Coran qu'ils n'ont pas besoin de la Shari'a.
Après consultation téléphonique avec le reste de l'état-major du MNLA éparpillé dans tous les 4 coins de l'Azawad, Mohamed Ag Najim donnera une réponse affirmative à la requête des marabouts de Tombouctou. Une fois cette réponse obtenue, l'ensemble des marabouts de Tombouctou, les leaders d'opinion, et les représentants de la société civile de Tombouctou s'entretiendront avec Iyad Ag Ghaly et d'autres membres d'Ansar Adine pour leur demander de quitter la ville de Tombouctou de manière pacifique car la population Tombouctou, l'une des plus islamiquement lettrée d'Afrique, ne peut pas accepter la nouvelle forme de religion qu'Iyad, Ansar Adine, et ses terroristes d'AQMI souhaitent leur imposer. Ils lui ont rappelé que ni lui, ni ses compagnons ne connaissent la parole divine mieux par conséquent, c'est plutôt aux leaders religieux de Tombouctou de perfectionner la religion telle que pratiquée par Ansar Adine et AQMI. Ils lui ont que la meilleure des choses pour à la fois Tombouctou, et Ansar Adine, c'est qu'il quitte tout simplement Tombouctou avec le reste d'Ansar Adine et les terroristes d'AQMI qu'il y a invité.
Nos sources nous apprennent qu'après un long refus des terroristes d'AQMI, Iyad Ag Ghaly a fini par se décider à sortir de la ville. Un combattant du MNLA joint, nous a dit que depuis hier soir, des combattants d'Ansar Adine sortent par petit groupe de la ville. Cependant, il affirme toujours qu'une majorité des combattants d'Iyad Ag Ghaly sont toujours présent dans la ville. Un civil joint dans la ville nous a rassuré que bientôt tous les combattants d'Ansar Adine devront sortir de la ville sans que le MNLA n'ai a tiré un seul coup de feu dans la ville. Les informations que nous recevons çà et là nous permettent de croire que la problématique Ansar Adine sera bientôt résolue et qu'Iyad Ag Ghaly sera mis hors d'état de nuire d'une manière ou d'une autre.

Par Acherif Ag Intakwa

Mali: un groupe rebelle cesse le feu, des civils fuient le Nord


Mali: un groupe rebelle cesse le feu, des civils fuient le Nord



Des centaines de civils fuyaient jeudi le nord du Mali, au lendemain de l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par un mouvement rebelle touareg, un des nouveaux maîtres de ces régions désertiques accusés d’exactions par la junte militaire au pouvoir depuis deux semaines.
Dans le même temps, le chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo, poursuivait des discussions avec des émissaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a imposé un embargo total au Mali pour contraindre la junte à se retirer du pouvoir.
La Cédéao a également annoncé « la mise en place immédiate de la force d’attente de la Cédéao », entre 2.000 et 3.000 hommes déjà en alerte, dont la mise en place doit être débattue lors d’une réunion de ses chefs d’état-major ouverte jeudi à Abidjan.
Le coup d’Etat contre le régime du président Amadou Toumani Touré, il y a deux semaines, a plongé le pays dans une situation chaotique: des rebelles touareg et groupes islamistes ont pris en fin de semaine dernière le contrôle des trois métropoles du Nord – Kidal, Gao et Tombouctou – sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée, désorganisée et en déroute, coupant de fait le pays en deux.
Les islamistes d’Ansar Dine, dirigés par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, et des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont, depuis lors, pris le dessus sur le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui a annoncé unilatéralement jeudi soir la fin de ses « opérations militaires ».
Selon ce mouvement, ce cessez-le-feu tient compte « de la libération complète de l’Azawad », région naturelle considérée comme le berceau des Touareg et dont il revendique l’indépendance, mais aussi « de la forte demande de la communauté internationale ».
« En réalité, de ce que l’on sait, le MNLA ne commande rien actuellement » dans le Nord, « c’est Iyad (Ag Ghaly) qui est le plus fort, et il est avec Aqmi », a déclaré à l’AFP une source militaire malienne sous couvert d’anonymat.
C’est la prééminence des islamistes sur le terrain, voulant imposer la charia, qui inquiète la communauté internationale, en particulier l’ONU, les Etats-Unis et la France qui a obtenu mercredi le vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Tous ont appelé à un cessez-le-feu et condamné les violences rapportées dans le Nord, qui ont poussé des centaines de personnes à fuir les zones devenues inaccessibles à la presse et aux organisations internationales. De nombreux habitants ont fait état de saccages et pillages à Gao et Tombouctou, et de vandalisme d’ampleur moindre à Kidal.
Quelque 90.000 personnes déplacées qui se trouvaient à Gao, Tombouctou et Kidal, sont « sans assistance », selon Caritas international.
– « Pas de solution militaire »–
Selon la junte, les nouveaux maîtres du Nord ont commis « de graves violations des droits de l’Homme », dont des viols, particulièrement à Gao. « Ils sont en train de faire toutes sortes d’atrocités, ces gens », a dit jeudi à l’AFP une source militaire proche de la junte.
Selon des témoins, des centaines de civils ont quitté Tombouctou dans la nuit de mercredi à jeudi, essentiellement pour la Mauritanie et le Burkina Faso, pays frontaliers.
Le consulat d’Algérie à Gao a été occupé jeudi par des islamistes armés qui y ont hissé le drapeau salafiste noir et ont arrêté des diplomates algériens, a appris l’AFP auprès de plusieurs témoins. A Tombouctou, trois Occidentaux dont un Français ont été évacués in extremis.
Parallèlement aux négociations avec la Cédéao, d’autres discussions, avec différents acteurs maliens et visant également à trouver une issue à la crise, étaient prévues jeudi à l’initiative de la junte.
Mais une « convention nationale » a été reportée sine die « compte tenu compte des difficultés d’organisation matérielle », a indiqué le colonel Moussa Sinkolo Coulibaly, chef de cabinet du capitaine Sanogo.
Bien avant l’annonce du report, un front anti-junte, rassemblant une cinquantaine de partis politiques et une « centaine » d’associations et organisations syndicales, avait exclu toute participation à la convention.
Une coalition pro-junte, le Mouvement populaire du 22 mars (MP22), a de son côté exhorté la junte « à demeurer ferme et à désormais rejeter entièrement les diktats des impérialistes français et occidentaux ».
Le capitaine Sanogo a appelé les Occidentaux à intervenir militairement dans le nord du Mali contre les groupes islamistes armés. Mais la France estime qu’il n’y a pas de « solution militaire » aux revendications des Touareg au Mali et que les pays voisins doivent contribuer à une solution politique, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
En plus de l’embargo de la Cédéao, la junte s’est vu infliger des sanctions par l’Union africaine (UA) et les Etats-Unis, alors que de nombreux pays et organisations ont déjà suspendu leur aide et leur coopération avec le Mali, pays enclavé dépendant en grande partie des contributions de l’étranger, y compris celles de sa diaspora.

AFP

Mali: Rétrospection : Réactions


Au lendemain du 22 mars, quelques esprits chagrins ont soutenu que ce coup d’Etat était inutile parce que, de toutes les manières, ATT s’apprêtait à déguerpir de Koulouba le 08 juin. Inutile ou pas, il a eu des conséquences, dont la mise en quarantaine du pays par la communauté internationale et la fermeture du robinet. Depuis lundi, le Mali vit sous embargo parce que le capitaine Blaise n’a pas voulu de l’ordre constitutionnel proposé par le capitaine Sanogo, comme pour lui dire que tous les capitaines ne se valent pas.
Une autre conséquence du putsch est qu’il a donné un énergique coup de fouet à la classe politique. Il a été l’occasion pour les partis, mouvements et associations politiques de se regrouper, chacun selon ses propres intérêts qu’il croit également être les intérêts du peuple malien. A préciser que dans aucune de ces formations, la direction n’a jugé utile de consulter ses bases, pour celles qui en ont, pour décider de soutenir, condamner ou accompagner. Les militants à la base ne comptent plus puisque les élections ne sont pour sitôt. Il faut, comme d’habitude, décider à leur place. Aussi, on a eu droit, pour rompre la disette informationnelle, aux soutiens fermes ou relatifs, aux condamnations fermes ou relatives, et même à l’hypocrisie conjoncturelle.
Par rapport aux événements du 22 mars, il y a eu en effet différentes attitudes.
Certains, comme les membres du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République,  ont condamné fermement et demandé le départ de la junte et le rétablissement du pouvoir constitutionnel et institutionnel. Ils estiment être prêts à en découdre avec les urnes et chacun d’eux espère remporter la présidentielle. En attendant, ils veulent que l’un des leurs, intérimaire constitutionnel, prenne les rênes de l’Etat et forme un gouvernement d’union nationale, genre gestion consensuelle du pouvoir si chère à ATT.
D’autres, comme le Mouvement populaire du 22 mars, soutiennent fermement et demandent le maintien des putschistes parce que grâce au capitaine Sanogo ils espèrent avoir à jouer les premiers rôles et à occuper des postes dont ils n’auraient jamais rêvés avec des élections tenues dans la plus grande transparence. Certains se sont même proposé pour être le Premier ministre de la transition.
Il y a aussi les autres qui, eux, sont beaucoup moins catégoriques.
Les uns condamnent mais…Mais quoi ? Ils condamnent mais ils sont prêts à accompagner ces jeunes et ingénus pour que ceux-ci ne brisent pas le plat dans lequel ils ont mis imprudemment le pied ou pour qu’ils ne se brûlent pas avec la patate chaude du peuple. Un chef de parti, ancien ministre de Moussa Traoré, porte-parole d’un prétendu regroupement de plusieurs formations politiques, est de ces politiques qui condamnent mais qui sont prêts à servir.
Les autres soutiennent mais…Mais quoi ? Ils soutiennent parce qu’ils en avaient marre du pouvoir d’ATT, responsable selon eux de la cherté de la vie, de la contre performance de l’école, de la mauvaise gouvernance, de la corruption, de la délinquance financière et de toutes les plaies d’Israël. Toutefois, ils ne seraient pas prêts à tout cautionner et à tout accepter de qui que ce soit. Aussi si les putschistes font comme ATT, ils trouveront le peuple malien sur leur chemin.
Il y a enfin ceux, qu’on ne nommera pas, que personne ne semble comprendre. Hypocrisie ou démagogie, ils condamnent par principe. Autrement dit, ce n’est pas par conviction qu’ils ne veulent pas d’un putsch, mais c’est pour se faire entendre et se faire connaitre sur une scène politique débordée.
En entendant, le capitaine Sanogo et ses hommes écoutent les uns et les autres et font un rapide apprentissage de l’exercice du pouvoir, s’inspirent de leurs propos et prises de position pour improviser, tiennent tête à la communauté internationale, se soucient peu de l’intérêt du peuple soumis à un embargo. Et les nouveaux maitres, qui il y a peu peinent à acquérir une motocyclette «Djakarta», se pavanent dans des Toyota V8 et gouvernent par dilatoire.
Cheick Tandina

Mali: Gao


Mali : les heures noires de Gao



Bamako, 4 avril 2012. Lors d'une réunion de résidents du nord du Mali, un homme brandit une affiche : «J'ai très très honte, j'ai très très mal, j'ai très très faim». © Issouf Sanogo/RFI
Le nord du Mali est devenu inaccessible à la presse et aux organisations internationales. Quelque 90 000 personnes déplacées qui se trouvaient à Gao, Tombouctou et Kidal, sont aujourd’hui « sans assistance », selon Caritas Internationalis. De nombreux habitants interrogés depuis Bamako ont fait état de saccages et pillages à Tombouctou et Gao. La situation serait beaucoup plus critique dans cette dernière ville.
Gao, la grande ville du Nord n’échappe pas à la lutte de pouvoir entre les différents groupes rebelles qui y sont entrés le 31 mars. Dans la confusion de nombreux pillages ont eu lieu et ont semé la panique chez les habitants. Certains ont d’ailleurs déjà quitté la ville.
La situation alimentaire se détériore de jour en jour. Il n’y a plus de marchés, et la plupart des boutiques sont vides. Les stocks d’aide alimentaire ont été pillés, selon le maire. Il y a encore de l’électricité et de l’eau dans la plupart des quartiers, mais il est difficile de savoir pour combien de temps encore.
Le carburant qui sert à faire tourner les groupes électrogènes commence à manquer, et sans énergie, l’eau ne pourra bientôt plus être acheminée. Il faut agir très vite assure le maire, Sadou Diallo ajoutant qu’il y a eu ces derniers jours de graves violations des droits de l’homme, « des femmes ont notamment été violées », dit-il.
Hier encore des tirs en l’air étaient entendus dans la ville, tirs sporadiques, pour faire fuir ceux qui tentaient de se livrer à des pillages. Une réunion aurait eu lieu entre le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), les chefs traditionnels et des chefs religieux, l’objectif étant de ramener le calme, et rassurer les habitants.

Les Maliens originaires du nord sont inquiets
« Pour ceux ou celles qui sont tombés, acceptons d’observer une minute de silence ».
Dans une salle de concert de Bamako, ils sont des milliers. Tous ressortissants du Nord Mali, tous inquiets pour leurs proches qu’ils ont du mal à contacter.
A la tribune, les leaders du nord se succèdent et dénoncent des exactions en zone rebelle : « Les assaillants et les terroristes ont tout dévasté dans les localités qu’ils occupent. Administrations pillées, centres de santé vandalisés, nos sœurs et nos filles violées ».
Dans la salle, beaucoup arrivent tout juste de cette moitié nord, perdue par Bamako en deux mois d’un conflit éclair. Des jeunes chauffés à blanc demandent des armes pour repousser les rebelles, d’autres une aide internationale pour stopper toute nouvelle avancée : « Les gens demandent des armes mais est-ce la solution ? Aujourd’hui, nous sommes dans un dilemme : d’un côté, il y a la junte et de la l’autre côté, il y a les assaillants. Donc on est entre deux feux ».
Finalement, l’hymne national vient clore la réunion. En pleine débâcle militaire et en plein coup d’état, un dernier rempart bien symbolique face au chaos qui frappe actuellement le Mali.
RFI
jeudi 05 avril 2012

Le frayalisme Malien!


Déroute de l’Armée malienne : La honte nationale


Birama FALL
Décidément, rien ne va plus au sein des forces armées et de sécurité du Mali. La situation va de mal en pis. Les déroutes survenues à Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou expliquent, en partie, la nature des hommes qui sont chargés d’assurer notre sécurité et de préserver l’intégrité du territoire national.  Aujourd’hui, il y’a une unanimité:  le peuple malien n’a plus confiance  en son armée, les porteurs d’uniforme ayant perdu toute crédibilité au sein de l’opinion nationale.
Le Mali est victime d’une rébellion touarègue débutée depuis mi janvier. Plusieurs groupes rebelles sont au nord du pays pour faire la guerre à l’armée malienne. L’Etat, en son temps, avait mobilisé les fonds nécessaires  pour y faire face. Très rapidement, les troupes sur le terrain ont rouspété face à leur sort, en demandant la mise à leur disposition des moyens nécessaires pour  faire face aux rebelles, dit-on lourdement armés.  Une marche a été organisée par les femmes du camp de Kati. Elles s’inquiétaient du sort de leur mari et fils présents au front. Et du coup, la tension avait monté dans la garnison de Kati, les rumeurs d’un éventuel coup d’état animaient souvent les conversations dans les grins.
Au fil du temps, l’armée perdait du terrain face aux rebelles. Les tueries d’Aguelhok en sont la parfaite illustration. C’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Les critiques étaient de plus en plus virulentes contre le régime.  Le régime d’ATT s’affaiblissait, comme lui-même d’ailleurs. Des déclarations du président qui laissaient à désirer et souvent à la limite de l’intolérable.
En fin de mandat, ATT a été abandonné par les partis politiques qui ont contribué à sa réélection. Ceux-ci avaient les yeux tournés ailleurs, notamment vers la présidentielle du 29 avril et au 08 juin 2012, date d’investiture du nouveau locataire de Koulouba. ATT, lui-même rongé par le stress et les maladies de la vieillesse, ne maitrisaient plus rien.  Ce régime étant dès lors fragile, un coup de force est intervenu le 21 mars 2012 et y a mis fin avant terme.                                                                                                                                                                                 Les putschistes  ont dénoncé l’incapacité et l’incompétence  du régime défunt régime à combattre les rebelles. Cette déclaration a suscité de l’espoir chez certains de nos compatriotes. Très vite,  ils vont se rendre à l’évidence que les nouvelles autorités ne valent pas mieux que l’équipe d’ATT. Pire, l’armée est désorganisée, il n’y a plus hiérarchie. Cela se fera sentir à travers les piètres prestations de nos forces armées et de sécurité qui se traduit par la démotivation, la démobilisation, le manque de conviction et la peur au ventre d’affronter les rebelles. En un mot, la crainte de perdre sa vie.
Pour un rien, ils détalent comme des lapins. Ce que la junte  qualifie de repli stratégique.  Oh! Le ridicule ne tue pas. A travers ce comportement de nos forces armées et de sécurité, ils ont perdu la confiance de la majorité de nos populations.  Plus grave encore, en Afrique de façon générale et particulièrement dans la sous-région ouest africaine, l’armée malienne ne signifie plus rien.  Aucun Malien ne peut se vanter de son armée compte tenu de son incapacité à soulever les petits obstacles. Personne ne peut convaincre un autre ressortissant d’un pays étranger face à la perte successive de toutes les régions nord du pays.
L’arrivée d’Amadou Haya Sanogo  a tout remis en cause. Il n’y a plus de commandement. Les soldats ont fui le front et regagnent Bamako par petits groupes, la tête baisée.  C’est une vraie désolation à laquelle nous assistons depuis la fin de la semaine dernière. Lui qui était censé nous amener la victoire  n’est pas mieux que le Président Amadou Toumani Touré. C’est d’ailleurs tout à fait le contraire: la situation d’antan était meilleure que celle que nous vivons actuellement. Il ne faut plus se voiler la face : Il n’y a plus d’armée au Mali. Notre sort passe par l’envoi de la force Ecomog de la Cedeao pour chasser la bande des orgues.
Il faut le dire, le mode de recrutement au sein des forces armées et de sécurité laisse à désirer durant ces 20 dernières années. Ne sont recrutés que ceux qui  ont des parents officiers ou ceux qui mettent la main à la poche. C’est un secret de polichinelle. Donc les gens viennent dans le corps par nécessité et non par conviction. Le recrutement est devenu tout simplement un moyen d’absorber le chaumage. «Avec la désertion de nos forces armées et de sécurité, le nord est devenu un grand boulevard pour les rebelles » me disait en causerie un parent très remonté contre nos soldats qui venaient de fuir le champ de bataille. Comment voulons-nous que ces gens-là parviennent à assurer notre sécurité et défendre l’intégrité du territoire national ? Chacun a sa part de responsabilité. Il faut vaincre le mal avant la gangrène.
Birama FALL