jeudi 5 février 2009

Flash Back, Le discours de Gbagbo Laurent le 22 septembre 2002.

Le président Gbagbo : On nous impose une bataille, menons-la avec courage.

J?étais au travail pour la Côte d?Ivoire. J'ai rencontré le président de la République italienne, le président du Conseil des ministres, Sylvio Berlusconi, le maire de la ville de Rome? Et je m'apprêtais à continuer mon travail quand j'ai été informé de graves événements qui se dérouleraient en Côte d?Ivoire. Je ne pouvais pas rester plus longtemps dehors. Je suis donc rentré pour reprendre ma place à la tête del'Etat et à la tête des forces armées de Côte d'Ivoire. Ce qui s'est passé et qui continue de se passer, nenous y trompons pas, c?est une tentative de coupd?Etat. Ce n?est pas une simple manifestation decolère de quelques soldats. C?est une tentative decoup d?Etat. Parce qu?effectivement nous avons héritéd?un certain nombre de problèmes dans l?armée commed?ailleurs dans tous les secteurs d?activité de la viede la Côte d?Ivoire. Dans l?armée, nous avons héritéde trois problèmes principaux. Le premier problème,c?est qu?en 1990, quand les soldats se sont rebellés,pour les calmer, le président Houphouet-Boigny leur aconcédé que les soldats pouvaient rester dans l?arméejusqu?à 55 ans. Ce qui a été une mauvaise mesure car,elle a renversé totalement la pyramide des âges dansl?armée. On ne peut pas être soldat à 55 ans. Noussommes obligés de prendre les mesures pour revenir surcette question et remettre la pyramide dans le sensnormal : faire en sorte qu?il y ait plus desous-officiers que de soldats. Dans une armée normale,il y a à peu un sous-officier pour quatre soldats.Aujourd?hui, avec cette mesure, nous avons unsous-officier pour un soldat et demi. Nous ne pouvonspas continuer comme cela, si nous voulons avoir unearmée performante.Le deuxième problème dont nous avons hérité dansl?armée, c?est le problème des ?zinzins? et des?bahéfouê?. C?est-à-dire que quand le général RobertGuéi est devenu chef de l?Etat, chef de la junte, à lasuite du putsch de décembre 1999, n?ayant pastotalement confiance dans les officiers de l?armée etdans les soldats, il a rappelé dans l?armée, pour sagarde personnelle, environ 500 personnes, d?anciensmilitaires qui avaient déjà été démobilisés. Ce sontceux-là qu?on appelle les zinzins et les bahéfouê. Ilsne sont même pas inscrits régulièrement en tant quesoldats. Le général leur donnait avant environ 50 000F par personne.Il nous faut rétablir les finances publiques. Il nousfaut rétablir l?armée. Ce sont des pères de famillequi étaient habitués à toucher ces 50 000 F. Donc,nous ne voulons pas les laisser sortir dans la rue.Nous sommes en train de discuter avec eux et denégocier. Nous avons dégagé 4 milliards FCA pour leurfournir des situations de formation, d?insertion et detravail.Enfin, le 3ème problème, c?est la classe 98 2A qui,après le service militaire de 18 mois, ne veut paspartir. Parce qu?ils ne veulent pas retrouver lechômage. Là encore, il nous faut discuter. Et nousdiscutons depuis que nous sommes là en vue de trouverdes voies et moyens pour les faire partir. Mais enleur disant que tous ceux qui veulent devenirmilitaires de carrière doivent, après leur servicemilitaire normal, faire une demande. C?est la mêmechose pour les gendarmes et les policiers.On ne peut pas aujourd?hui, depuis deux ans que noussommes là, prétexter de ces problèmes qui existent etque nous connaissons pour dire qu?ils sont la based?un soulèvement. Ces problèmes ont été récupérés pardes politiciens véreux qui ont peur de la voie desurnes et qui se sont mis à voir se rebeller ces gensqui sont dans l?armée. Nous disons non. Ce qui s?estpassé est un véritable coup d?Etat. Les terroristesqui ont attaqué la Côte d?Ivoire n?ont pas attaquén?importe qui. Le colonel Yodé s?est retrouvé nez ànez avec eux. Ils l?ont descendu froidement. Mais endehors du colonel Yodé, ils ont tué les officiersDally Oblé et Dago Loula. Ces deux officiers sontceux-là mêmes qui les avaient empêchés de progresserlors du coup d?Etat manqué des 7 et 8 janvier 2001. Enles tuant, ils savaient qui ils tuaient. Donc, ilsn?ont pas visé par hasard. Ils ont ensuite visé lesdomiciles de Lida Kouassi Moïse, ministre de laDéfense, et de Boga Doudou, ministre de l?Intérieur.Parce que pour eux, ce sont eux qui tiennent lerégime, et que s?ils ne sont plus là, le régime vas?écrouler. Ils sont venus délibérement pour tuer BogaDoudou et Lida Kouassi. Avec des armes lourdes etsophistiquées, ils ont massacré les gens au domicilede Lida. Il a pu s?échapper grâce à la garderépublicaine. Ils ont abattu froidement Boga Doudouqui ne faisait que son travail de ministre del?Intérieur.Dans cette bataille que les terroristes et les hommesdu mal nous ont imposée, nous avons fait front et nousavons perdu des hommes. Je salue leur mémoire. Lors duprochain Conseil des ministres, nous déciderons de lanature des funérailles que nous allons offrir à noshéros. Je salue leurs familles. Je passerai danstoutes leurs familles pour apporter le témoignage etla compassion de la République.Ils ont ensuite attaqué les structures de l?Etat. Ilsont attaqué l?antenne d?Abobo, celle de la télévisionet de la radio pour que la Côte d?Ivoire soit isoléedu reste du monde. Vous savez, les télécommunicationscommandent non seulement la télévision et la radio,mais aussi le téléphone, le fax et l?internet. Non,nous ne sommes pas en face d?une mutinerie. Noussommes bien en face d?une tentative de coup d?Etat.Les armes lourdes, nouvelles pour la plupart, desarmes dont ne dispose pas notre armée -donc on ne peutpas dire que c?est l?armée de Côte d?Ivoire qui serebelle - des armes utilisées dans des arméesétrangères ou achetées nouvellement, ces armes etleurs cibles montrent bien que c?est la nature durégime de Côte d?Ivoire qu?on a voulu changer.Chers amis, ne vous y trompez pas, c?est la Côted?Ivoire qui est attaquée. Mon pays est attaqué. Mondevoir est de faire front. Je suis donc rentré pourcontinuer la bataille que les forces de l?ordre, dedéfense et de sécurité ont entamée. Nous avons réussià neutraliser tous ceux qui s?étaient infiltrés àAbidjan. Et nous allons continuer le travail enpoursuivant systématiquement tous ceux qui se sontretranchés dans les quartiers précaires. Nous allonsles nettoyer. Enfin, nous allons continuer notreprogression vers le Nord.Chaque fois que la Côte d?Ivoire fait des progrès, ily a des personnes qui se battent pour empêcher sonprogrès. Quand je prêtais serment le 26 octobre 2000,ce pays était à -2,3% de croissance économique. A lafin de l?année 2001, nous avons réduit le déficit enle ramenant à 0,9%. Aujourd?hui, le gouvernement, toutcomme nos partenaires, pense que pour la fin del?année 2002, nous allons atteindre 3%, pourrechercher 5 à 6% en l?an 2003. La Côte d?Ivoire avaitrompu ses relations avec toutes les institutionsfinancières du monde. Nous avons rétabliprogressivement les relations afvec l?Unioneuropéenne, la BAD, le Fonds monétaire international,et la Banque mondiale. Nous venons d?entrer dans laBanque islamique de développement. Nous négocionsaujourd?hui pour obtenir l?annulation de notre detteextérieure qui est trop lourde. Ceci est aussi unautre héritage.Quand aujourd?hui, nous nous trouvons dans unesituation qui est plus favorable que celle d?hier,quand la Côte d?Ivoire cherche à sortir sa tête del?eau, il faut encore que les terroristes foncent surnotre pays pour le faire reculer. Je ne peux pasaccepter cela. Et je n?accepterai pas cela. Jen?accepterai pas du tout qu?on s?efforce à fairereculer mon pays. Quand nous sommes arrivés, nous avons tout fait pourrétablir la paix, la sécurité et la démocratie. Jesuis allé voir le chef de la junte à Yamoussoukro. Jevoulais qu?ils entrent dans la République. Après cela,pendant trois mois, j?ai organisé le Forum pour laréconciliation nationale. A cette occasion, tous ceuxqui avaient quelque chose à dire ont parlé en direct àla radio et à la télévision. Cela nous a fait 218heures de télévision. Cela nous a fait des dépensessupplémentaires, et pour la radio et pour latélévision. Mais nous avions voulu que le peuple deCôte d?Ivoire sache ce que chacun pensait de son pays.Pour partager les propositions des uns avec celles desautres.Au moment où des pays étrangers nous demandaient depoursuivre un tel ou un tel à cause de son passé, nousavons dit non. Nous ne pouvons pas appeler des genspour négocier, pour nous réconcilier et en même tempslancer des mandats d?arrêt. Nous avons fait en sorteque tous ceux qui étaient en exil, rentrent en Côted?Ivoire. Et que tous ceux qui étaient en exil àl?intérieur, reviennent dans la République. Et nousavons reçu les leaders à Yamoussoukro. En Conseil desministres, nous avons adopté un projet de loi pouraméliorer la situation des anciens chefs d?Etat etanciens présidents d?institution. Nous avons fait ensorte que les journalistes ne soient jamaispoursuivis. Et nous avons à cet effet adopté un projetde loi sur la presse supprimant la peined?emprisonnement. Ce n?est pas parce que nous sommesfaibles. Mais c?est parce que nous avons souffert detous ces faits que nous voulons les corriger.Malgré toute notre bonne volonté, on engage la guerre.Contre notre bonne foi, on engage la guerre. Eh bien,je vous le dis aujourd?hui : quiconque vient vers moiavec un rameau d?olivier à la main, je lui donnerai unbaiser, et je l?embrasserai. Mais quiconque vient avecune épée, je sortirai une épée, et nous nous battrons.J?engage toutes les forces de défense et toutes lesforces de sécurité à se tenir mobilisées à toutinstant. J?engage toute la population à se tenirmobilisée à tout instant. Dans quelques jours,j?inviterai d?ailleurs toute la population à un grandrassemblement pour montrer que les démocrates et lesrépublicains sont débout. Parce que dans ce pays, ilfaut qu?une fois pour toutes, on sache qui est qui, etqui veut quoi. Il faudra qu?on mette d?un côté ceuxqui sont pour la démocratie et la République, et del?autre côté ceux qui sont contre la démocratie et laRépublique. Et que la bataille s?engage.Je félicite le chef d?état-major des armées, lecommandant supérieur de la gendarmerie, le directeurgénéral de la police nationale. Je les félicite, euxet tous leurs collaborateurs. Je me rends compte queje n?ai pas eu tort de les mettre à la place où ilssont. Je félicite tous les officiers supérieurs ettous les officiers subalternes, tous lessous-officiers et tous les hommes de rang. Et je leurdis, l?heure du patriotisme a sonné. L?heure ducourage a sonné. L?heure de la bataille a sonné. Onnous impose une bataille. Menons-la avec courage, avecdétermination et honneur. Vive la Côte d?Ivoire



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La suite on la connait.