mardi 23 novembre 2010

L'opposition ivoirienne réunit dix mille manifestants à Abidjan

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Le Monde

6 mai 1995

SECTION: International

LONGUEUR: 866 mots

TITRE: L'opposition ivoirienne réunit dix mille manifestants à Abidjan

SIGNATURE: SOTINEL THOMAS

ARTICLE:
POUR LA PREMIERE FOIS depuis 1992, Abidjan a connu une manifestation de rue. A l'appel des partis d'opposition réunis au sein du Front républicain, dix mille manifestants ont demandé le retrait du code électoral voté par les députés du Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI), l'ancien parti unique. Le cortège, qui a évité le quartier du Plateau celui des affaires et des boutiques de luxe, est allé, sans incidents, du stade Félix-Houphouët-Boigny au quartier populaire de Marcory.
Le 18 février 1992, une manifestation antigouvernementale qui avait traversé le Plateau, avait été suivie de pillages. Le dirigeant de gauche Laurent Gbagbo avait alors été emprisonné en vertu d'un texte inspiré de la loi anticasseurs française.
Les deux principaux partis d'opposition le Front populaire ivoirien (FPI), social- démocrate, de M. Gbagbo et le Rassemblement des républicains (RDR), centriste, créé pour soutenir la candidature à la magistrature suprême de l'ancien premier ministre, Alassane Ouattara estiment que le code électoral a été rédigé dans le seul but d'assurer le succès d'Henri Konan Bédié, chef de l'Etat depuis la mort de M. Houphouët-Boigny, en décembre 1993. Le scrutin présidentiel qui est prévu pour octobre 1995, devrait être suivi d'élections législatives et municipales.
Le code électoral exige du futur président qu'il soit ivoirien de naissance né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens de naissance et qu'il ait résidé en Côte-d'Ivoire dans les cinq ans précédant le scrutin.
RECHERCHE D'APAISEMENT
M. Ouattara, directeur adjoint du FMI, d'ascendance burkinabé, selon les partisans de M. Bédié, serait ainsi écarté. Or, M. Gbagbo estime qu'un face-à-face entre lui-même et l'actuel président se solderait presque certainement par une victoire de ce dernier dès le premier tour.
Le FPI milite donc avec le RDR pour que M. Ouattara puisse être candidat. En revanche, les deux partis ont entamé des pourparlers afin de présenter des candidats communs aux élections législatives. Après une période de vive tension, il semble que le pouvoir et l'opposition cherchent à apaiser les choses. Le chef de l'Etat a récemment reçu les dirigeants du FPI et du RDR. Il a aussi accepté la présence d'observateurs étrangers lors de l'élection présidentielle.

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