vendredi 23 mars 2012


Les rebelles touaregs profitent du putsch pour aller au Nord

L’EXPRESS
vendredi 23 mars 2012
Les rebelles touaregs ont profité de la confusion provoquée par le coup d’Etat à Bamako pour gagner du terrain dans le nord du Mali en s’emparant de positions abandonnées par les forces gouvernementales, a-t-on appris de sources informées.
Dans la capitale, où des tirs sporadiques ont encore été entendus jeudi soir, les putschistes, des officiers dont les grades ne dépassent pas celui de capitaine, comptent parachever leur coup d’Etat en capturant Amadou Toumani Touré, le président qu’ils disent avoir renversé.
On ignore où se trouve exactement ce dernier. Ses proches et des diplomates pensent qu’il est protégé par une poignée de militaires lui étant restés fidèles.
Les militaires mutinés menacent d’attaquer le régiment de parachutistes qu’ils soupçonnent de protéger Amadou Toumani Touré.
"Nous allons finir ça ce soir", a déclaré un soldat installé dans une station-service abandonnée à Bamako, dont les rues étaient quasiment désertes et seulement sillonnées par des mutins circulant à bord de camions, à vélo ou à pieds.
A des centaines de kilomètres de là, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont approchées des grandes villes du désert recouvrant le nord du Mali, qui sert aussi de sanctuaire aux islamistes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Un officier malien en poste à Kidal a déclaré que les rebelles avaient pris possession du camp militaire d’Anefis, situé 100 km plus loin en direction du sud-ouest et abandonné par les forces gouvernementales.
"L’armée s’est retirée à Gao", a dit une source à Tombouctou, autre grande ville du nord du Mali.
"Il n’y a plus de hiérarchie militaire. (Les rebelles) vont s’emparer des villes du nord", a ajouté cet homme ayant requis l’anonymat.
PAS DE CALENDRIER DE RETOUR À UN RÉGIME CIVIL
Les rebelles touaregs, dont les rangs ont gonflé avec le retour des combattants de la guerre civile en Libye en 2011, n’ont cessé de gagner du terrain depuis janvier. Le MNLA, qui revendique un Etat indépendant dans le nord du Mali, est parvenu à s’emparer de localités isolées mais il n’a encore jamais directement menacé les grandes villes que sont Kidal, Tombouctou et Gao.
Les rebelles ont toutefois prévenu jeudi qu’ils tenteraient de tirer parti du chaos provoqué par l’arrestation par les putschistes de responsables civils et militaires dans le nord du Mali.
La colère latente dans les rangs de l’armée a explosé mercredi soir lorsque des mutins ont attaqué le palais présidentiel. Quelques heures plus tard, ils ont annoncé qu’ils s’étaient emparés du pouvoir devant l’incapacité du gouvernement d’Amadou Toumani Touré à mater la rébellion touarègue.
Les institutions ont été dissoutes, la Constitution a été suspendue, les frontières sont fermées et un couvre-feu a été imposé de 18h00 à 06h00 GMT.
Les pays voisins du Mali, les Nations unies, la France ou encore les Etats-Unis ont dénoncé ce coup d’Etat et réclamé un retour à l’ordre constitutionnel. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas la junte, regroupée au sein d’un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDR).
Le président de ce comité, le capitaine Amadou Sanogo, s’est engagé à ne pas rester au pouvoir mais, interrogé sur la chaîne de télévision panafricaine Africable, il a refusé de fournir un calendrier de retour à un régime civil.
Il a déclaré que sa priorité était la restauration de l’ordre dans le nord du Mali.
Alors que circulent des rumeurs d’arrestations de ministres, Amadou Sanogo a laissé entendre que les personnes arrêtées seraient jugées.
Bertrand Boucey pour le service français

Déclaration du MNLA relative au Coup d’Etat du CNRDRE au Mali


Déclaration du MNLA relative au Coup d’Etat du CNRDRE au Mali

TOUMASTPRESS
vendredi 23 mars 2012
Le mouvement national de libération de l’Azawad – MNLA- rappelle qu’il a été, malgré lui, engagé dans les hostilités qui opposent depuis le 17 janvier 2012, les forces combattantes de l’AZAWAD et les forces d’occupation maliennes.
Tout en suivant de près la nouvelle situation survenue à Bamako à partir du 21 Mars 2012, le MNLA :
- Réaffirme l’objectif de sa lutte qui reste l’indépendance de l’Azawad et le poursuivra avec détermination,
- Tient directement responsable la junte de la sécurité des personnes Azawadiennes et de leurs biens,
- Exige de la junte le retrait intégral et sans délais de toutes les administrations et forces d’occupation maliennes de l’ensemble du territoire de l’Azawad,
- Appréciera et se prononcera, en temps opportun, au regard de l’évolution de la situation s’il l’estime indispensable.
Le Mouvement National de libération de l’Azawad invite le peuple de l’Azawad à continuer la marche vers l’accession à l’indépendance de l’Azawad.
Le bureau politique du MNLA
Mossa Ag Attaher
Chargé de Communicatio

Le mouvement Touaregue


MERCREDI 9 FÉVRIER 2011

Mouvement touareg : Bahanga met en garde l’Etat malien...


Dans une déclaration rendue publique le 6 février 2011, Hama Ag Sid’Ahmed, Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement Touareg Nord du Mali, fait savoir que Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, met en garde les autorités centrales maliennes et annonce la possible rapide dégradation de la situation dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.

Bahanga ainsi que les cadres de son Mouvement se plaignent du mépris du président malien à l’égard des Touaregs. Un président qui a profité du sursis accordé par le Mouvement touareg, suite aux accords de "paix", pour permettre aux islamistes de l’AQMI d’investir le pays touareg, comme l’Etat algérien les a installés en Kabylie. Drôle de coïncidence : deux foyers de la résistance berbère investis par l’AQMI !!

Que Bahanga mette en garde l’Etat malien, qu’il menace de reprise des hostilités militaires, pourquoi pas ? D’autant plus que nous avons à faire à un régime qui ne mérite aucune confiance et qui n’a aucune intention de s’engager dans l’amélioration de la situation des citoyens et encore moins dans la résolution de la question touarègue. Alors si c’est pour reprendre les armes et les hostilités militaires contre l’Etat malien pour se remettre, une énième fois, à la table des négociations, à quoi cela va servir, si ce n’est pour en faire des victimes innocentes au sein de la jeunesse touarègue, une jeunesse qui pourra plutôt servir à la construction d’un avenir meilleur pour la nation touarègue.

Bahanga et son Mouvement, mais également l’ensemble des Touaregs doivent songer sérieusement à l’avenir de leur pays. Tout comme les Berbères du Nord, les Touaregs ne peuvent faire l’économie d’une véritable lutte pour la libération nationale. Le mépris de l’Etat malien à l’égard des Touaregs, comme celui de l’Etat nigérien et l’ensemble des Etats d’Afrique du Nord, est une expression naturelle fondée sur une idéologie qui a programmé l’éradication de l’amazighité. C’est pourquoi les Touaregs, comme l’ensemble des Berbères, n’ont d’autre choix que de revoir leur stratégie et de recentrer leurs luttes sur des objectifs plus clairs.

Le Mouvement touareg se doit de tirer les conclusions de quelques décennies de conflits armés, ponctués de négociations souvent orchestrées par la France et l’Algérie, avec les Etats malien et nigérien et éviter d’engager la jeunesse touarègue dans des combats inutiles voire nuisibles à la cause touarègue. Les Touaregs ont les moyens, et ils l’ont démontré à maintes reprises, de libérer leur territoire et de le doter d’institutions touarègues et se débarrasser ainsi définitivement d’Etats illégitimes et corrompus qui n’ont pas à soumettre le peuple touareg. Est-il nécessaire d’ailleurs de rappeler que ces Etats sont la fabrication du colonialisme français ?

Nous publions ci-après l’intégralité de la déclaration de Hama Ag Sid’Ahmed, Porte parole chargé des Relations Extérieures du Mouvement touareg du Nord Mali.

Masin Ferkal.

Le Mouvement Touareg Nord du Mali menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako.

Le président de la République du Mali vient célébrer à Kidal, les 7 et 8 février 2011, de nouvelles festivités du Cinquantenaire (de l’indépendance). Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le "Projet local de récupération des armes légères", en lien avec la Cellule nationale contre la prolifération des armes légères qui a son siège à la Présidence de la république (financée par l’ONU et certains partenaires européens).

Depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes, afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une "Flamme de la paix" le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal.

Nous informons la presse locale et internationale que le Mouvement Touareg porté par Ibrahim Ag Bahanga, de même que les cadres politiques du mouvement, ne sont pas concernés par ce "bricolage politique" qui aura lieu à Kidal les 7 et 8 février 2011.

Le Mouvement porté par Ibrahim Ag Bahanga regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans.

La bougie de la paix et de développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera hélas pas allumée à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, rappelle qu’en novembre 2010, des rencontres informelles ont eu lieu en Libye avec des émissaires de Bamako et qu’un document politique leur a été remis. Le Mouvement y proposait des pistes de sortie de crise concernant entre autres les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako.

Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de "Flamme de la paix" sans tenir compte du Mouvement. Une forme de provocation.

La Communauté internationale et les pays de la Région peuvent traduire sans se tromper que le pouvoir de Bamako se désintéresse de la problématique touareg. Pourtant une partie importante des combattants Touareg avaient déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris. Et le gouvernement malien a profité de ce désarmement d’une partie importante des Touareg, pour laisser toutes les chances à son partenaire-AQMI d’occuper l’espace Touareg et de s’y enraciner.

Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion de l’Aqmi dans la Région et lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire malien pour mener des actions dans les pays limitrophes. Le Mouvement Touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en œuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec Aqmi.

C’est pourquoi Ibrahim Ag Bahanga met en garde les autorités centrales maliennes. Si elles ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.

Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord malien une réorganisation de la structure militaire du mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.

Hama Ag Sid’Ahmed
Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement

Le 6 février 2011.