Jusqu’où ira Gbagbo ?
Par Bernard DOZA
C’est vrai, les peuples ivoiriens n’ont pas fait la révolution anti-coloniale contre la France, puissance impériale, qui a décrété en 1893, notre pays : « Côte-d’Ivoire », en fonction de ses intérêts, sans consulter personne.
Les peuples ivoiriens n’ont pas fait la révolution politique et sociale contre la bourgeoisie européenne et africaine du syndicat agricole, qui s’est enrichi sur la force impayé du travail forcé, qui lui a été imposé de 1902 à 1946.
Encore moins contre les élites corrompues du parti unique PDCI, qui ont occupées le pouvoir pendant 30 ans, dans l’indépendance Confisquée par la France.
Mais, l’histoire de la démocratie nouvelle des peuples (par procuration) dit clairement que, c’est depuis la révolution anti-coloniale américaine de 1786, suivi de la révolution française de 1789 contre les privilèges de la monarchie, dont la philosophie a définitivement inspirée la charte universelle des droits de l’homme et du citoyen en 1946, que le souverain est devenu le peuple.
Et donc, contre le système de la divinité d’un homme-roi, c’est désormais le peuple souverain qui délègue le pouvoir à un individu, comme « président » pour gérer le pouvoir au nom du peuple.
Voilà pourquoi, un président doit sans cesse revenir vers le peuple pour le référendum, quant une décision engage le pays, la nation.
Le communiqué final, d’un pseudo conseil des ministres conjoint (Ivoiro- Burkinabé) à Yamoussoukro le 15 septembre 2009 a profondément choqué, les militants du nationalisme ivoirien qui se battent pour l’indépendance anti-coloniale.
La lecture de ce texte ignoble, donne un résumé de la seconde cession politique de la Côte-d’Ivoire.
Le pays ivoirien, puissance économique sous- régional depuis 1970, est désormais assujettit, à un état burkinabé, jadis vassal, devenu un ogre militaire sous la dictature de Blaise Compaoré.
Ainsi, après avoir commanditer les guerres du Libéria et de la Sierra Leone, où il s’est enrichit avec les diamants du sang.
Crimes, pour lesquels il attend d’être convoqué au TPI où trépigne déjà, son ami Charles Taylor, Blaise Compaoré s’en prend à la Côte-d’Ivoire.
Il passe le 19 septembre 2002 par une rébellion qu’il a entraînée à Gorom-Gorom, encadrée par 144 officiers burkinabé (dont le colonel Gilbert Diendéré), le tout financée par ses maîtres de Paris, aux comptes de qui, il a assassiné Thomas Sankara le 15 octobre 1987.
L’histoire de la mobilisation militaire pour défendre les peuples de Côte-d’Ivoire, ne devait pas commencer aujourd’hui, car la défaite vient de loin.
La première défaite commence en juin 1950, lorsque Félix Houphouet-Boigny, président du PDCI (Syndicat Agricole Africain), après un appel au boycott du commerce français lancé le 1er décembre 1949, par son parti, est vaincu à Dimbokro dans la puissance du feu de l’armée coloniale.
Dès lors, c’est sous la dictée de François Mitterrand (qui va même retoucher le texte final) que Félix Houphouet signe la première reddition de la Côte-d’Ivoire, qui allait devenir une sous-préfecture des intérêts français dans la sous- région.
Aujourd’hui, presque 60 ans plus tard, vient la seconde défaite, qui agenouille le président de la Côte-d’Ivoire devant les forces d’occupation.
C’est dans la puissance de feu du dictateur Blaise Compaoré, que Gbagbo signe sous la dictée des armes, les débuts d’un plan de fagocitation de la Côte-d’Ivoire au profit de « l’homme fort de Ouagadougou. »
En effet, on peut lire dans le « communiqué final du conseil des ministres conjoint de yamoussokro », qui apparaît aux yeux du grand public, comme le résultat d’une « nouvelle amitié ivoiro-burkinabé » post-conflit, l’annonce d’une prochaine fusion qui commence par le niveau diplomatique et la gestion commune du port d’Abidjan.
Il est écris dans le texte du communiqué, que les deux états :
…« s’engagent à renforcer la concertation et la collaboration étroites au niveau de leurs représentations diplomatique à l’étranger, à renforcer la concertation entre leurs délégations dans les fora internationaux, et à se suppléer mutuellement dans les états où l’un n’est pas représenté. »
« Par ailleurs, la Côte-d’Ivoire s’engage à prendre des dispositions pour la participation du Burkina Faso au conseil d’administration du Port Autonome d’Abidjan conformément à la volonté exprimée par son excellence Monsieur le Président Laurent Gbagbo. »
« Les deux parties s’engagent à informer et sensibiliser les communautés rurales des deux pays sur les questions relatives au domaine du foncier rural. »
«…et afin de satisfaire la demande d’électricité du Burkina Faso, et au regard des accords pris de part et d’autre, les deux parties s’engagent à conduire des actions communes en vues de la recherche de financement pour la sécurisation de l’approvisionnement par la réalisation de la ligne 225 KV Laboa- Fréké et la construction de nouvelles centrales de production.
Dans le cadre de leur programme d’accès aux services énergétiques, les parties s’engagent à réaliser l’alimentation électrique des localités frontalières. »
Dans un discours lyrique à Mama (le village de Gbagbo) Blaise Compaoré triomphant, parle de cette « nouvelle unité » qui fera (non plus de la Côte-d’Ivoire seule) mais : « de la Côte-d’Ivoire et du Burkina-Faso, la prochaine locomotive de la sous- région.»
Les concessions exorbitantes, signé, sans contre- partie, dans l’atmosphère des rebelles en armes par « la Côte-d’Ivoire de Laurent Gbagbo », sont effrayantes, pour le futur des peuples Ivoiriens.
Mais pour comprendre cela, il faut remonter à l’origine de la défaite politique et militaire de Gbagbo.
Aujourd’hui concrétisée par la finalité fusionnelle des accords de Ouagadougou, cette défaite puise sa source, dans des accords secrets, signé en 1988 à Blaise et non respectés par le tenant actuel du palais d’Abidjan.
En 1988, était déjà intégré dans le nouveau régime criminel du Burkina-faso, un certain Guy Labertit.
Agent français, Guy Labertit passait pour être un militant de la gauche enseignante, qui officiait au PSU de Michel Rocard.
En bon français qui aime son pays, le « militant de gauche » Guy Laberit, était farouchement opposé aux thèses du nationalisme révolutionnaire de Thomas Sankara.
Grand ami de Laurent Gbagbo, c’est donc Guy Labertit, qui a servi de fil conducteur entre Blaise et Gbagbo, pour amener le maître actuel de Ouaga vers la philosophie de la social-démocratie, que prônait déjà, le leader du Front Populaire ivoirien dans la clandestinité.
Dès lors, c’est dénonçant le discours de la « révolution radicale Sankarariste », que Blaise Compaoré assassine Thomas Sankara le 15 octobre 1987, au nom d’un « Front Populaire Burkinabé ».
Dans l’accord secret, (vers la conquête du pouvoir d’Abidjan) passé entre Blaise et Gbagbo, à la veille de son retour d’exil de la France (par l’entremise de Guy Labertit) déjà, Gbagbo bradait la Côte-d’Ivoire.
Il est question dans cet accord politique, donc verbale, de la naturalisation des trois millions de burkinabé résidant en Côte-d’Ivoire, de la résolution des problèmes du foncier rural.
Et surtout de la rétrocession limitée du port de San-Pedro, pour le ravitaillement exclusif du Burkina-Faso, enclavé.
En contre- partie, Blaise Compaoré offre à Laurent Gbagbo pour le financement de son parti clandestin le FPI, la somme de 20.000.000.FCFA par mois jusqu’à son accession au pouvoir. Il ajoute à cela, la logistique militaire, pour ses partisans qui sont dans l’armée et la gauche civile.
Ainsi dès 1988, partent des éléments pour suivre une performance militaire, accélérée au Burkina.
Parmi les plus connus, ont peut citer des hommes comme l’actuel Colonel Oulatta, l’actuel ministre rebelle Louis Dacoury Tabley, et d’autres militaires ivoiriens dont les noms sont publié dans mon livre qui sort en novembre prochain aux éditions du rocher à Paris.
Mais, c’est surtout un livre qui vient pour expliquer, à l’opinion internationale, pourquoi les nationalistes ivoiriens ont décidés de passer à l’action, pour libérer un pays occupé par des armées étrangères depuis 2002.
Et pourtant dans le pays les moyens financiers n’ont pas manqué pour monter, une véritable armée, digne de la Côte-d’Ivoire et capable de venir à bout des fanfaronnades de Blaise Compaoré.
Mais face à la souffrance du peuple ivoirien, partit à la recherche d’un chef, on a offert un discours guerrier, prélude à la reddition.
Au lendemain d'un raid malheureux de l'aviation ivoirienne, où meurent 8 soldats français, en riposte l'armée de la France détruit l’ensemble de l'arsenal militaire ivoirien.
Les forces d'occupation en profite même pour tirer et tuer (sur le pont Charles de Gaulles et devant l'Hôtel Ivoire) 67 ivoiriens et fait plus de 2.200 blessés, par balles...
En réaction, tournant le dos à la détresse des peuples ivoiriens, Gbagbo paye la France, pour conforter son pouvoir.
En effet, il débourse plus de 6 milliards pour dédommager les entreprises française brûler par les patriotes.
Il pousse le vice très loin, en reconstruisant le lycée français avec l'argent des ivoiriens, dont les jeunes ont pourtant été tués par la force Licorne.
Pour les morts ivoiriens (du 7-8-9 novembre 2004) aucun centime, n'a été déboursé, ni par la France, dont l'armée à tirer sur les peuples ivoiriens; ni par Laurent Gbagbo, pour qui les patriotes sont morts, en défendant le régime ...
Jeté dans le décor politique, dès septembre 2002 par la rébellion militaire, le président Gbagbo est définitivement vaincu.
Alors il prétexte « l’état de guerre », et préfère partager le pouvoir avec les rebelles de Guillaume Soro, qui dépouillent le nord Ivoirien, en lui permettant de s’enrichir avec ses amis dans le sud.
En effet des documents confidentiels (signé de la main de Guillaume Soro) prouvent que le premier ministre ivoirien, sort chaque semaine, pour 1 million 500 mille dollars de poudre d’or, de la Côte-d’Ivoire, vers la France via le Burkina Faso, depuis 2004.
Sur les cendres de la Caisse de Stabilisation, Laurent Gbagbo crée dans la logique de la libéralisation, la filière du Café-Cacao.
Dans cette nouvelle structure diversifiée, qui est censée être au compte des paysans, il nomme des hommes de confiance à lui, a commencer par son ministre des finances préféré : Antoine Bohoun Bouabré.
Un homme que les médias de l’opposition PDCI (comme le Rebond) crédite aujourd’hui d’une fortune de plus de 900 milliards de FCFA, sans risque d’un démenti, encore moins d’une plainte.
A la tête des structures de la filière Café-Cacao, Gbagbo nomme, ces « hommes » à lui, redevable.
Ce sont des amis, des hommes et des femmes, dont certains sont connus pour être, surtout originaire du pays bété.
Ce sont donc, pour la plupart, des personnes qui lui « appartiennent » de par l’ethnie et le clan.
Donc des hommes qu’il peut utiliser et sacrifier à souhait, en cas de découverte du système d’évasion des capitaux qu’ils vont engranger avec la Café-Cacao.
Avec ces hommes et femmes, il recommence en réalité, le même système de prévarication qu’avait créer à l'époque Félix Houphouet.C’est un système que j’avais décris en 1991 dans liberté ConfisquéeI.
C’est une manière de gérer l'argent des paysans, qui, pour l'avoir refusé, avait conduit a la mort, le regretté Kouakou Norbert.
C'est l’éphémère directeur de la Caistab qui a été empoisonné au domicile du ministre Camille Alliali, après avoir refusé de livré au palais(sans décharge), des billets de banque (en kilos) sur ordre du président Houphouêt.
Pour avoir été nommés à la tête de la filière, par le président Gbagbo, ces hommes et femmes gestionnaires du Café-Cacao, doivent ramener de l’argent frais au palais.
C’est un soutien à la politique du chef de l’état, ensuite de la « république en guerre ». C’est de l’argent qui n’est pas déclaré au trésor public ivoirien.
Alors plus de 400 Milliards entre au palais pour soutenir la politique de l’achat d’armes, dans la défense de la « république attaquée ».
Des armes qui n’ont jamais servi en réalité, à libérer la Côte-d’Ivoire de l’emprise de BLAISE Compaore.
Ceci, par manque d’une véritable armée ivoirienne, dont l'esprit républicain a éclaté, après les ravages de l’ivoirité xénophobe, qui a semé le doute dans l’esprit des soldats.
Mais aussi c’est aussi la volonté du président Gbagbo qui est de refuser de monter une grande armée de guerre, qui pourrait le déposer, dans le retour du "front de la victoire..."
Un prisonnier de la filière, m’a envoyé à Paris une cassette de confession, où il déclare avoir remis la somme de deux Milliards de FCFA, en main propre au chef de l’état, et cela lors des funérailles de Koudou Paul (le père du président Gbagbo) en 2005.
Une cassette qui vient, avec des documents confidentiels dans lesquels il est question de transfert d’énormes fonds.
On parle de plus de 600 Milliards de FCFA, du Café-Cacao, confié au président Vierra par Gbagbo, donc déposés dans le trésor public de la Guinée-Bissau, par l’entremise du ministre des finances Antoine Bouhoun Bouabré, qui a effectué les virements.
L’homme parle du Ministre Danon djédjé, qui a pris plus de 120 Milliards dans la filière Café-Cacao.
« Aujourd’hui » dit-il, « le ministre Danon Djédjé, a même construit un grand hôtel de trois étoiles à Gagnoa. »
Mais ce n’est pas tout.
De passage à Paris, en 2008 pour une conférence, Mr Gnamien konan, le DG de la douane à déclarer ceci: "je remet chaque semaine la somme de 800 Millions de Fcfa au chef de l’état en personne…"
Aussitôt, l’homme a été démissionné de son poste de DG de la douane (et remplacé par son second) au lendemain de cette conférence de presse à Paris.
Donc, on peut comprendre logiquement, que l’emprisonnement sans procès des responsables de la filière, depuis un an, répond à cette dimension du dossier.
Car « la part de vérité » des hommes et femmes qui ont été nommés pour renflouer les caisses personnelles du chef de l’état…
…Et surtout les comptes personnels du président Gbagbo à l’étranger (des comptes, dont les prisonniers de la filière m’ont envoyé copie).
Des informations qui risque fort de contredire le président ivoirien, qui disait au cours de la conférence de presse sur les "escadrons de la mort",qu’il n’avait « aucun compte à l’étranger ».
Voilà pourquoi Gbagbo préfère garder depuis un ans les prisonniers de la filière en prison, pour les libérer sans procès, une fois réélu président de la république.Donc ils sont en prison, pour longtemps...
...Non pas, parce qu’ils ont volés les 600 milliards que Gbagbo réclame pour les libérer, mais parce qu’ils en savent trop (puisqu’ils ont été auteurs) sur la destination réelle de l’argent, qu’on les accuse, d’avoir volé.
Si j’ai décider de publier les travers de Laurent Gbagbo, c’est parce que c’est un ami de lutte qui a trahit le combat de la libération du peuple ivoirien, au profit de la défense de son pouvoir personnel.
Hier, à Paris, de 1980 à 1990, nous avons lutté contre la dictature de Félix Houphouët, qui maintenait le peuple ivoirien dans l’obscurantisme du parti unique.
Dans ce combat anti-colonial de mon peuple, j’ai choisi l’exil en écrivant en novembre 1991 : « Liberté Confisquée, le Complot-franco-africain ».
C'est un livre qui a dévoilé le système du "sage de l'Afrique", et qui contenait même des atteintes personnelles à la vie privée du chef de l'état ivoirien.
Menacé de procès en juin 1993, à son domicile, par Houphouët en personne, je ne suis pas rentré chez moi depuis 1988.
Mais je préfère encore en 2009, renoncer à un retour précipité, blessé que je suis dans l’âme, de voir Laurent Gbagbo, brader, morceau par morceau la souveraineté de la Côte-d’Ivoire.
Le nationaliste ivoirien, que je suis, a désormais rejoint le maquis de la résistance contre l'occupation coloniale qui frappe mon pays, de toute part....
Pour avoir décidé de capituler et de vendre la Côte-d’Ivoire à la France et à Blaise Compaoré, dont je connais les ambitions (pour avoir été son conseiller en communication en 1988-89) Laurent Gbagbo n’a plus de crédit, car son régime est devenu indéfendable.
Et je rappelle fermement, que toutes les décisions dans lesquelles il engage notre pays, depuis 2002, sans consulter le peuple ivoirien, n’auront plus court bientôt…
Bernard DOZA, auteur de Liberté ConfisquéeII. Le temps de la révolution africaine.
En librairie dès Novembre 2009.