vendredi 31 mai 2013

Université F.H.B Les fondements du malaise, la découverte de l’Arnaque

Conference_Bacongo_Campus (22)
Par Prof Bruno Gnaoulé-Oupoh U.F.R langues, Littératures et Civilisations
Département de Lettres Modernes
Depuis le début de la rentrée universitaire 2012 – 2013, annoncée et effectuée à grand renfort publicitaire et battage médiatique sans précédent, le 03 septembre 2012, le malaise couve. Il résulte du seul constat de l’abîme qu’il y a entre l’université du renouveau annoncé avec tous les équipements électroniques ultra modernes, et le véritable « riz couché » servi dans de vieux plats repeints. Les mêmes bâtiments existants auxquels se sont ajoutés les deux amphithéâtres financés par le district d’Abidjan sous le gouverneur Pierre AMONDJI, constituant l’essentiel des infrastructures.

1. La réalité des faits
Ce constat affligeant, heurte d’autant plus la conscience que quelques semaines avant cette rentrée universitaire relativement aux travaux de construction, un scandale lié à un marché de cent dix milliards (110 000 000 000 frs CFA) passé de gré à gré, entre le ministre de l’enseignement supérieur, Cissé Bacongo, et l’entreprise SIMDCI avait défrayé la chronique. Et le ministre Bacongo interpellé en son temps sur ce délit d’initié, avait cru devoir limoger son directeur des affaires financières (DAF), un second couteau ; il s’était aussi essoufflé en moult explications aussi oiseuses les unes, les autres, sans convaincre. Et l’on attendait impatiemment la rentrée universitaire pour savoir ce qu’il a fait de toute cette fortune. Cette attente était d’autant plus fondée que dans le même temps le gouvernement a multiplié par six (06) les frais d’inscription à l’université qui sont passés de six mille francs (6 000 frs CFA) à trente mille francs (30 000 frs CFA) au premier cycle et par dix, à soixante mille francs (60 000 frs CFA) pour les niveaux supérieures.
Enfin, comme si tous ces problèmes ne suffisaient pas, il y a le nouveau système LMD imposé précipitamment aux étudiants et enseignants, sans qu’ils n’y aient été préparés et surtout sans qu’on ait pourvu aux mesures infrastructurelles et didactiques d’accompagnement nécessaires.
Voilà les fondements du malaise que le fonctionnement bancal, mensonger et approximatif de cette université, exacerbe chaque jour, surtout au regard des sommes colossales, scandaleusement englouties dans sa prétendue rénovation. Jugez-en vous-mêmes, au regard des faits et du témoignage qui suit.

2. Des conditions de vie pénibles
Après leur réhabilitation, les bâtiments de cette université trônent désormais dans un décor désolé, sans connexion les uns avec les autres, sans abri pour faciliter la circulation des usagers (étudiant – enseignants) exposés aux intempéries, soleil et pluies, sur de longues distances. Et comment étancher sa soif ou satisfaire un besoin naturel qui presse, quand les petites vendeuses d’eau glacée sont traquées, battues, et en l’absence de bornes fontaines et de toilettes. Situation très incommodante pour tous (enseignants, enseignés, visiteurs) dans cette université. Ils (les constructeurs gestionnaires de cette université) n’y ont pas pensé.
Ils n’ont pas non plus pensé à comment se procurer des unités quand votre portable vient à en manquer subitement et qu’il vous faut passer un appel urgent. Un besoin devenu banal, très courant mais qui ne peut être satisfait dans l’enceinte de l’université. Il faut en sortir pour effectuer un transfert d’unités sur votre mobile, pour pouvoir effectuer un appel, les bureaux des enseignants n’étant pas équipés de téléphone. Ne parlons aussi de connexion internet puisque les ordinateurs et les réseaux Wifi promis n’existent pas non plus.
En lieu et place de ces promesses non tenues, les concepteurs réalisateurs de la rénovation, ont institué de nombreuses contraintes dont la plus absurde est l’improvisation, de deux gares de bus pour les étudiants, l’un sur le trottoir exigu en face du CHU de Cocody, l’autre devant l’Ecole Nationale de police. Des bousculades monstres en ces lieux ont déjà causé d’énormes et inutiles dégâts humains parmi les étudiants, un mort, un mutilé, et des blessés, cela dans l’indifférence froide du ministre Cissé Bacongo. Or les navettes promises pour déposer les étudiants dans l’enceinte de l’université, n’étant pas non plus au rendez-vous, il eut été tout simplement plus sage d’autoriser les autobus à entrer dans l’université pour déposer les étudiants sur l’espace déjà existant, aménager des abris sur les quais en prolongeant l’un de ces abris jusqu’au premier bâtiment de l’U.F.R biosciences. Cela permettra à coup sûr de mettre ces étudiants (nos enfants) à l’abri des intempéries (soleil, pluies) et de la fatigue incompatible avec l’effort intellectuel qu’on attend d’eux.
Deuxième contrainte faite aux usagers de cette université, l’interdiction qui leur est faite d’y entrer avec le taxi qu’ils ont emprunté. Des vigiles doublés d’éléments des FRCI font respecter strictement cette consigne. Obligation vous est donc faite de continuer à pieds. Et tant pis pour vous si vous n’avez pas prévu de parapluie, si vous n’êtes pas très bien portant ou que vous avez ce jour porté des chaussures inappropriées pour une longue marche. C’est à prendre ou à laisser, frustrant forcément. Et c’est le lot quotidien des enseignants et des étudiants. Les motos et autres cycles étant aussi prohibés, on aurait pu écrire au fronton de cette université ceci « Nul ne fréquente aisément ce lieu s’il n’est en, ou n’a une voiture ».
Troisième contrainte c’est la présence encombrante et inutile d’une police spéciale et des FRCI sur le campus. Ils ne garantissent qu’une seule chose, l’insécurité, comme on s’en rendra compte dans les lignes qui suivent.
3. L’insécurité permanente
Mon bureau de 5m² que je partage avec mes assistants, pour qu’ils aient au moins où s’asseoir, est dépourvu de rideaux et d’antivols aux fenêtres, à l’instar des autres bureaux, dont les vitres coulissantes ne peuvent êtres bloquées de l’intérieur. Ne vous avisez donc pas d’y laisser un outil de travail personnel, de l’argent ou un téléphone portable en charge. Vous êtes sur de ne pas le retrouver une fois que vous avez le dos tourné.
Les vols sont récurrents dans cette université censée être de formule 1, haut de gamme, et s’effectuent même en plein jour par des braquages. Le dernier en date est celui que relate le journaliste Fofana Mambé dans le quotidien « Soir Info » N° 5 603 du mardi 28 mai 2013, page 16, sous le titre « attaque à main armée à l’université Félix Houphouët Boigny : une forte somme d’argent emportée ». « Lundi 27 mai 2013 des individus armés de kalachnikovs ont attaqué le service comptabilité de l’U.F.R de sciences économiques de l’université Félix H. Boigny – Cocody. Ils ont emporté un million cinq cent soixante mille francs (1 560 000 frs CFA) représentant les encaissements de la journée du vendredi 24 mai 2013 (…) comme relaté par nos sources, c’est aux environs de 10 H qu’un véhicule (…) gare devant les bureaux de la comptabilité. Deux hommes en descendent et pénètrent dans lesdits locaux. A l’intérieur ces individus qui n’ont rien d’étudiants, sortent des kalachnikovs. Les criminels accèdent ensuite au bureau du chef de service qu’ils prennent en otage. Puis ils font remettre la somme indiquée avant de quitter les lieux, à bord des leur véhicule, sans la moindre inquiétude alors que des éléments des FRCI armées jusqu’aux dents sont postées devant le campus. La battue, de presque tout le périmètre, effectué immédiatement ne donne hélas rien. Les gangsters s’étaient déjà évaporés dans la nature. Comment – s’interroge le journaliste Fofana Mambé – des bandits peuvent-ils opérer aussi aisément dans une structure fortement fréquentée et de plus bénéficiant d’une sécurité faisant d’elle une citadelle imprenable ? Vraiment bizarre ». Conclut-il.
Mais il n’y a pas que tout ce qui vient d’être dit qui soit bizarre. Ce qui l’est le plus, est qu’une université dont la vocation première est l’enseignement et la recherche, doit disposer de salles de cours en nombre suffisant et de laboratoires équipés pour fonctionner. Or l’université de Cocody souffre d’un grave déficit de salles de cours et d’équipements didactiques que sa rénovation ( ?) est loin d’avoir résolu.
4. Une grave pénurie en salles de cours et équipements
Le département de Lettres Modernes dont je suis un des enseignants et qui compte plus de six mille (6 000) étudiants, ne dispose en tout et pour tout que d’un amphithéâtre de trois cents (300) places, l’Amphi 7, pour les cours magistraux et de quatre (4) salles de soixante (60) places, précisément les salles 1, 2, 3 et 4 du bâtiment C pour les travaux dirigés (TD). J’ai dispensé aux mois de janvier et février 2013 mes cours magistraux destinés aux mille six cents (1 600) étudiants de première année (Licence 1) dans cet amphi 7 surpeuplé à l’intérieur, et où pour espérer avoir une place assise, l’étudiant doit se réveiller au moins à 4 H du matin. La climatisation qui fonctionne par intermittence est inopérante face au surpeuplement qui exige que les portes soient ouvertes ; j’ai effectué sur les dix séances de cours magistraux, sept sans micro, dans cet amphi sans tableau avec l’estrade envahie d’étudiants, assis, débout, dans une atmosphère surchauffée, suant et transpirant comme leur maître contraint de hurler son cours pour espérer être au moins entendu, à défaut d’être compris.
Les bureaux des enseignants de l’université de Cocody ne sont équipés de façon sommaire que d’un bureau de travail, de trois fauteuils et un petit meuble de rangement. C’est-à-dire le même équipement qu’un planton de ministère encore que lui, au moins, à un poste de téléphone fixe où il peut être joint en cas de nécessité. Les outils de travail (papier rame, stylos, chemises cartonnées, etc.) sont à la charge des enseignants. Seulement 1/3 sur le millier d’enseignants chercheurs de cette université, a un bureau. Les 2/3 sont dans la nature ne sachant où s’asseoir avant et après un cours.
C’est parce que tous ces problèmes sont restés pendant longtemps irrésolus que nous avions tous espéré que le nouveau pouvoir qui a crié et juré à la face du monde qu’il les resolverait, était attendu sur ce chapitre. Parents, étudiants et enseignants ont pris leur mal en patience. Ils ont accepté, contre mauvaise fortune bon cœur la majoration des frais de scolarité dans les proportions que l’on sait, faisant ainsi leur part de sacrifice.
Au finish, la montagne a accouché d’une souris. Une bien maigre souris. Cela aussi parce que des priorités ont été accordées à des travaux secondaires. Une clôture kilométrique au demeurant inachevée qui ne protège contre rien. Le ver est dans le fruit. Il a pour nom police universitaire et FRCI qui ne voient pas, ou qui refusent de voir les gangsters qui opèrent. Des hectares de pelouses traversés par des pistes bitumées. Des collines rasées à coup de pelleteuses et autres graders budgétivores. Les concepteurs rénovateurs ont misé sur le décor, pour faire bien, éblouir.
Or une école, à plus forte raison une université, c’est d’abord et avant tout des amphithéâtres, des salles de cours de TD et de TP, des laboratoires équipés, des bibliothèques. Tout cela en nombre suffisant pour que les enseignements et la recherche se déroulent sans accroc.
5. Le modèle promis des universités américaines, n’est pas au rendez-vous à Cocody
Le verdict est aujourd’hui implacable. Les concepteurs rénovateurs de l’université de Cocody sont de toute évidence passés à côté de la plaque. Le pot aux roses est découvert. Et dire que dans la communication massive qui a accompagné cette rénovation, le chef de l’Etat, qui est lui-même monté au créneau, avait annoncé créer à Cocody une université avec toutes avec toutes les commodités des universités nord américaines où il a étudié.
Pour avoir effectué des missions d’enseignement, de recherches et d’encadrement de master et doctorat PHD dans quelques unes de ces universités (université Laval du Québec au Canada, New-york University etc.), je peux témoigner ici que ce qui nous a été servi à l’université de Cocody est très loin du compte.
Le campus de l’université Laval du Canada où j’ai été logé durant mon séjour dans une grande suite du bâtiment réservé aux professeurs étrangers invités, est relié aux facultés distantes de cinq cent mètres par un vaste réseau de couloirs souterrains qu’empruntent les étudiants pour accéder à leurs facultés respectives. Cela pour les protéger contre le froid. Les températures peuvent descendre à moins trente degrés (-30°C). Ces facultés sont logés dans des immeubles interconnectés où l’on trouve tout – les amphis, salles d cours, laboratoires, bibliothèques et librairies sur les mêmes paliers. Les autres commodités de la vie courante sur d’autres paliers, cafeterias, restaurants, banques, guichets automatiques, bureaux de poste, crèches, pour les nourrissons, garderies, supermarchés etc. en un mot un monde qui se suffit à lui-même et destiné à créer les conditions idéales pour l’enseignement, les études et la recherche.
L’administration, les centres de recherches et les bureaux des enseignants sont situés sur d’autres paliers. Chaque enseignant est doté d’un bureau très bien équipé. Celui qui m’a été affecté, de 16m² avait une bibliothèque et un équipement complet internet très haut débit permettant de consulter à distance les ouvrages dans toutes les bibliothèques des universités du monde entier connectées au réseau.
Faites-vous-même la comparaison, et vous constaterez aisément qu’il n’y a pas photo. Mais les étudiants et les enseignants d’un PPTE (Pays pauvre très endetté) comme le notre n’ont pas forcement besoin de tout cela et peuvent se contenter des infrastructures et équipements indispensables énumérer ci-dessus, pour travailler convenablement. Cela à condition que les dirigeants leur tiennent un discours de vérité humble et honnête. On ne peut pas servir le mensonge à des intellectuels. Ils vont le découvrir aussitôt et gare au retour du bâton.
Parents d’élèves, citoyens, contribuables, nous avons de toute évidence été arnaqués dans la réhabilitation de l’Université F.H.B. un audit s’impose donc sur les 110 milliards engagés, pour faire la lumière sur les dépenses qui ont été faites afin que tout le monde soit situé.
Pour conclure :
Les récents remous à l’université de Cocody ne sont qu’un signal, une alerte donnée par les étudiants. Elle est symptomatique du malaise ambiant, pour les raisons que j’ai longuement soulignées ci-dessus. Les procès, exclusion et blâme brandis ne constituent qu’un bandage sur un furoncle non crevé. Or il faut courageusement crever l’abcès. Ce n’est pas en coupant des têtes que les problèmes vont se résoudre. D’autres têtes pousseront. Ce n’est pas non plus en déplaçant des meubles (limogeage de quelques membres du personnel) que les causes du malaise vont disparaître. La dépression systématique dont la gouvernance Ouattara est si coutumière n’a pas sa place à l’université. Alors, Messieurs Alassane Ouattara et Cissé Bacongo, après le rêve revenez sur terre, rectifiez ici et maintenant tir. Prenez le pouls exact des besoins. Pour cela il suffit de vous adresser aux doyens des U.F.R, aux syndicats d’enseignants et étudiants qui savent où ild ont mal. Et c’est par là que vous auriez du commencer. Pour rénover un secteur il faut s’adresser à ceux qui y travaillent, les professionnels.
Monsieur le ministre Cissé Bacongo, pour l’instant ce sont les étudiants qui vous parlent. Ecoutez-les. C’est là votre intérêt et celui de notre pays. Leurs maîtres que nous sommes vous ont déjà soumis les problèmes auxquels ils sont confrontés. Très mauvaises conditions de travail, paiement des 50% de salaires qui leurs sont dus. Il est aussi temps de régler ces problèmes avant que le couvercle de la marmite surchauffée ne saute. Avec nous vous ne pourrez pas exclure, réduire les salaires, à moins de vouloir fermer les universités publiques pour plusieurs années encore. A bon entendeur…
Prof Bruno GNAOULE-OUPOH
U.F.R langues, Littératures et Civilisations
Département de Lettres Modernes

Enfin, la vérité sur le printemps arabe

Enfin, la vérité sur le printemps arabe (Vidéo)


Dimanche 17 Mars 2013

Et si la chute de la Tunisie était un objectif pour détruire la Libye ? 
Ce document vidéo de est d’une importance capitale pour ceux qui n’ont pas encore compris les "révolutions" arabes. On se demande alors si la Tunisie n’était pas la victime collatérale d’un plan néocolonialiste beaucoup plus large.



Fin 2008, un accord entre la North Global Oil And Gas Compagny – dont le patron est Ziad Takieddine , agissant au nom de la Libye- et le géant Total, portant sur l’exploitation du gisement pétrolier libyen NC7. Ce devait être sans doute l’une des promesses de Kadhafi à Sarkozy, à la suite de la visite du guide libyen en France en décembre 2007. Le contrat a été signé entre Total et la North Global Oil And Gas Compagny, qui cède au groupe français 100% de ses droits d’exploitation pour un montant de 140 millions de dollars. 

Cheikh Hamad a convaincu Sarkozy de faire la guerre contre la Libye 
  
 
Mais dès 2009, le Qatar s’ingère dans cet accord bilatéral entre la France et la Libye. Autrement dit, ce que cet émirat s’est vu refuser par Kadhafi, il va essayer de l’obtenir par « l’ami » Sarkozy, via le groupe Total. Avec ses pratiques mafieuses et faisant intervenir ses réseaux d'influence et de corruption, le Qatar va réussir à racheter à Total une partie des droits d’exploitation du gisement libyen NC7. Furieux en l’apprenant, Kadhafi menace de rompre tout accord avec Total. C’est à partir de ce moment-là que Sarkozy, sous l’influence pernicieuse de son bien généreux ami cheikh Hamad, va penser à la déstabilisation du colonel Kadhafi, comme au bon vieux temps des « révolutions » et des coups d’Etat en Afrique. La France sarkozienne venait justement de réussir son intervention « humanitaire » en Côte d’Ivoire, pour déloger Laurent Gbagbo et imposer Ouattara. Selon Ziad Takieddine, « C’est l’émir du Qatar qui a poussé Sarkozy à faire la guerre contre la Libye » Tunisie-Secret 

mardi 28 mai 2013

«Que les élites africaines cessent de croire qu’il faut avoir des entrées au Quai d’Orsay ou à l’Elysée pour être élu président en Afrique.»

LIDER – Liberté et Démocratie pour la République

Mamadou Koulibaly, président de LIDER dans le quotidien camerounais Mutations:

«Que les élites africaines cessent de croire qu’il faut avoir des entrées au Quai d’Orsay ou à l’Elysée pour être élu président en Afrique.»

Homme politique, universitaire, idéologue, en visite au Cameroun, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et actuel président de LIDER (Liberté et Démocratie pour la République), parti politique qu’il a fondé le 14 juillet 2011, nous livre sa vision de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire.
Par Boris Berlolt | Mutations | 28 mai 2013
Quelles sont les raisons de votre visite au Cameroun ?
J’ai constaté qu’il y a à nouveau de la croissance économique dans les pays africains après une période de crise qui a fait croire que l’on était perdu. Cette croissance a repris, notamment grâce à la part très importante que les Chinois jouent dans l’économie africaine. Cependant, il s’agit d’une croissance principalement fondée sur l’exploitation des ressources naturelles, ce qui était déjà le cas dans les années 60, au sortir des indépendances. Il faut éviter que l’on s’achemine vers des croissances appauvrissantes. C’est la raison pour laquelle j’ai été invité par la Fondation Paul Ango Ela, afin que l’on puisse discuter de la notion d’émergence. La question fondamentale est celle de savoir qu’est-ce que l’émergence et comment faire pour que l’émergence ne soit plus un leurre que les gouvernants font souvent miroiter à leurs populations alors que dans les faits, ils s’en éloignent un peu plus chaque jour. L’émergence ne se décrète pas. Il y a un cadre, des institutions, des mécanismes qui font que des pays deviennent sans contestation possible des économies de marchés émergents.
Que penser dès lors des chiffres ?
Je ne suis pas impressionné par les chiffres qui parlent de croissance, dans la mesure où il s’agit d’une croissance appauvrissante. La source de ces chiffres ne se trouve ni au niveau des entreprises, ni au niveau de la consommation des ménages, mais plutôt au niveau du budget de l’Etat, qui est financé par l’aide publique au développement et l’exportation des matières premières qui augmentent le produit intérieur brut des Etats. Cependant, parallèlement, alors que les chiffres de la croissance sont en hausse, les populations deviennent chaque jour un peu plus pauvres, parce qu’il n’y a pas de création d’emploi et le taux d’épargne dans les différents pays baisse. C’est dangereux parce que les jeunes et les populations qui sont affectées par le chômage et la pauvreté ont le sentiment que les ressources sont détournées.
S’agissant des chiffres, on parle effectivement d’une croissance de plus de 8% en Côte d’Ivoire. Qu’en est-il effectivement ?
Si on regarde les chiffres, les performances sont réelles. Mon problème, c’est que la croissance ne peut conduire à l’industrialisation ou à l’émergence que si elle arrive à faire émerger des économies marchés, de l’entreprenariat direct. Sinon, si comme cela est le cas en Côte d’Ivoire, l’action n’est soutenue que par l’Etat, on a des Etats riches et des peuples pauvres. Une situation qui peut aboutir à des conflits à tout moment.
Vous dites donc que vous ne croyez pas en la croissance qui est brandie, dont certains médias font grand écho avec l’objectif caché de présenter un autre visage du pouvoir Ouattara ?
Je maintiens et je répète que le chiffre de 8,9% n’est pas faux. Ce qui m’intrigue, c’est que quand on dit qu’un pays fait de la croissance, c’est sur le Pib que cela se calcule. Ce qui est curieux c’est qu’en Côte d’Ivoire, avant que les entreprises qui sont au cœur du calcul de ce Pib n’aient déclaré officiellement leurs valeurs ajoutées, le gouvernement a déjà donné le Pib. C’est ce qui est louche dans le chiffre actuel. L’on fait croire qu’il y a croissance, alors que l’on n’est pas en possession des chiffres qui permettent le calcul de cette même croissance. Un second élément et pas des moindres, est que cette croissance se fait parallèlement avec l’augmentation de la pauvreté. Tenez. L’institut national de la statistique (Ins) a corroboré les chiffres du bureau international du travail (Bit) qui indiquent que le chômage a augmenté pour atteindre maintenant plus de 4 millions de personnes en Côte d’Ivoire. C’est dire que notre croissance crée des chômeurs. L’on constate également aisément la baisse du niveau de vie et du pouvoir d’achat des ménages, qui sont obligés de casser leur épargne pour joindre les deux bouts.
Est-ce à dire que la situation n’a pas beaucoup évolué au-delà des déclarations du Fonds monétaire international sur le décollage économique de la Côte d’Ivoire ?
En fait, la crise post électorale avait simplement fait chuter l’économie qui commençait à se relever depuis la tentative de coup d’Etat de septembre 2002. Nous sommes en train d’atteindre aujourd’hui le niveau de 2009. Lorsqu’on s’assied et l’on regarde les chiffres par rapport à 2010 et 2011, on voit une augmentation. Mais, quand on les compare avec ceux de 2009, c’est-à-dire sous Laurent Gbagbo, on est au même niveau. Pour résumer notre situation, il s’agit d’un pays malade, tombé en chute libre qui se relève progressivement.
Laurent Gbagbo est la Cour pénale internationale depuis bientôt deux ans, est ce que vous lui avez rendu visite ?
Non, et je ne pense pas qu’il l’ait sollicité. Nous ne sommes plus en contact.
Comment expliquez cela, vous qui avez été l’un de ses plus proches collaborateurs et un idéologue du Front populaire ivoirien (Fpi) ?
J’ai été chassé du Fpi. Alors que j’en étais le président intérimaire et que je cherchais à remobiliser les troupes en restructurant la machine et procédant à un bilan, afin de ne plus répéter les erreurs qui nous avaient conduits dans le mur, l’on m’a fait savoir qu’ «on n’attache pas bagages avec Dioula» et que je n’avais pas le droit de reformater le parti pour en faire une force d’opposition debout contre Ouattara tant que Gbagbo était en prison. Les dirigeants du Fpi ont choisi de s’enfermer dans leur sectarisme et de ne rien faire tant que Gbagbo n’est pas libéré. Je leur ai expliqué qu’on ne savait combien de temps il resterait en prison, j’ai pris l’exemple de l’Afrique du Sud, en leur disant que si l’Anc avait attendu la libération de Mandela pour se restructurer et continuer le combat, ils se seraient assis sur leurs talons pendant au moins 27 ans. Je leur ai démontré qu’il fallait que nous nous remobilisions par cercles concentriques, parce que c’était nos actions qui allaient permettre de faire libérer nos camarades, et que ce n’était pas à ceux qui étaient enfermés à Korhogo, Bouna, Boundiali de venir nous sauver, mais plutôt le contraire, mais l’on m’a répondu qu’ «en l’absence du créateur, on ne touche pas à la créature». Moi, je n’ai pas l’habitude de rester les bras ballants face à l’adversité. Je trouve les actions entreprises par le nouveau régime en Côte d’Ivoire trop destructrices pour laisser Ouattara sans opposition et sans contrepouvoir fort en face de lui. J’ai crée le parti LIDER et depuis, nous avons repris le flambeau de la lutte pour un retour à l’état de droit, pour réconcilier les populations, pour critiquer le gouvernement quand il déraille ou est dans l’erreur, pur exposer ses mensonges institutionnels et pour proposer des alternatives efficaces aux Ivoiriens.
Que pensez-vous du régime Gbagbo ?
C’est dommage. Il y a des choses que beaucoup de gens ne savent pas. Le Fpi a gouverné, mais n’a pas gouverné seul. Pendant dix ans, Gbagbo était sur le fauteuil et Ouattara gouvernait. C’est cela qui est la vérité. Le Fpi n’a jamais géré la Côte d’Ivoire seul. En 2002, Alassane Ouattara, qui n’était pas d’accord avec les résultats de l’élection présidentielle et les résultats des législatives et municipales, a crée la rébellion. Après les différents accords signés depuis Marcoussis jusqu’à Ouagadougou en passant par Lomé, Accra, Pretoria, des ministres du rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Ouattara et du parti démocratique de Côte d’ Ivoire (Pdci) sont entrés au gouvernement, ainsi que des rebelles. Et chacun ne répondait qu’à sa hiérarchie politique. Après la guerre, tous les chefs rebelles ont d’ailleurs été nommés, soit dans l’armée, soit dans le corps préfectoral. Ouattara a partagé le pays parce que les anciens rebelles l’exigeaient. Ce n’est plus un secret, c’est lui qui a fait la tentative de coup d’Etat en 2002 puis qui a organisé la rébellion. La Côte d’Ivoire a été partagée comme un gâteau. Tout ce que la Côte d’Ivoire a fait entre 2002 et 2010, c’était tout ce que Ouattara voulait.
Dès lors, vous étiez la deuxième personnalité du pays, en tant que président de l’Assemblée nationale, pourquoi vous n’avez rien fait ?
Dans les régimes présidentiels, il n’y a pas de numéro 2 du régime. Le décompte commence au numéro un et s’arrête au numéro 1. Seul le président de la République décide, le parlement n’a qu’un rôle protocolaire. Cependant, j’ai refusé de plier dès Marcoussis, mais Gbagbo a dit que c’était un médicament amer qu’il fallait l’ingurgiter pour avoir la paix. Malheureusement, Gbagbo a laissé faire tout et n’importe quoi, parce qu’il pensait que c’était le meilleur moyen de montrer sa bonne foi. L’aile lucide du parti, dont j’étais le chef de file, a été présentée comme l’aile dure et mise ainsi à l’écart. A chaque fois que je me suis opposé, certains cadres du parti allaient dire que je ne voulais pas la paix ou que je contestais son autorité. Gbagbo gouvernait par ordonnances, comme Ouattara aujourd’hui. Le résultat c’est que non seulement il n’a pas eu la paix, mais, aujourd’hui, il est en prison, laissant le pays dans le chaos, l’incertitude, entre les griffes des différentes mafias qui ont gangréné l’Etat. Nous savions depuis longtemps que c’était Ouattara qui avait réellement le pouvoir. Le Rdr est au pouvoir depuis dix ans. Ses ministres ne répondaient que de lui.
De manière concrète, quels étaient vos rapports avec l’ancien président, Laurent Gbagbo ?
A la fin du règne, il y avait quelques incompréhensions liées à la manière dont le pays était gouverné. Les tensions sont véritablement apparues lorsque j’ai compris qu’il y avait une sorte de laissez-allez au sein du parti. Certains cadres avaient des pratiques qui étaient peu conformes à l’éthique. Nominations dans les administrations, parrainage de leurs enfants dans les grandes écoles, corruption. Lorsque j’ai essayé d’en parler, l’on m’a menacé.
Est-ce que vous en voulez à Laurent Gbagbo ?
Non. Je ne saurais lui en vouloir. Je regrette simplement que nous n’ayons pas réalisé les rêves que nous avions partagés avec les jeunes Ivoiriens et les jeunes Africains. C’est ce qui m’embarrasse le plus. Cela peut laisser penser que nous avons embarqué des gens dans une aventure dont nous ne maîtrisions pas l’issue.
Est-ce que vous aviez les moyens ?
Oui, nous avions les moyens. Le budget de l’Etat était en augmentation chaque année depuis 2002. Cela veut dire qu’il y avait de l’argent dans les caisses et nous aurions pu réaliser nos ambitions. J’ai proposé dès le début de la crise que nous puissions définir une politique tel que ce fût le cas entre Berlin-Ouest et Berlin-Est. C’est-à-dire, comme la Côte d’Ivoire était divisée entre le Nord sous contrôle rebelle et le Sud sous contrôle gouvernemental, il était important que nous puissions massivement investir au Sud, dans l’amélioration des conditions de vie des citoyens, la promotion des droits de l’homme, l’amélioration des infrastructures, de telle sorte que les citoyens du Nord puissent être envieux à l’égard des citoyens du Sud. Si nous avions travaillé dans ce sens, nous aurions gagné en légitimité. Mais rien n’a été fait. La primature et la présidence étaient en rivalité pour savoir qui allait gaspiller le plus. Nos chantiers ont été abandonnés, pendant que les hommes du système s’enrichissaient et faisaient perdurer la crise plus que nécessaire.
Vous aviez l’argent, vous aviez des ambitions. Qu’est-ce qui a donc causé problème ?
Plusieurs partis politiques, entre autre le Rdr, le Fpi et le Pdci participaient au gouvernement. Leurs principaux objectifs à chacun étaient de gérer des portefeuilles et rien d’autre. Cette situation avait été voulue par l’accord de Marcoussis, qui portait atteinte à la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Je l’ai rejeté et j’avais dit qu’il fallait mettre les rebelles à leur place de rebelles. L’on ne m’a pas écouté. Par la suite, l’Etat a été transformé en Etat néo-patrimonial, que les différentes formations et acteurs politiques géraient au mieux de leurs intérêts personnels, familiaux et claniques. Le programme de gouvernement pour lequel nous avions été élus en 2000 n’intéressait plus personne, même pas au sein du Fpi où les quelques irréductibles qui tentaient de rappeler leurs camarades à l’ordre étaient sommés de se taire ou faisaient office de trouble-fêtes.
S’agissant de la crise post-électorale, des zones d’ombres persistent sur un ensemble d’éléments ?
Il n’y a pas vraiment de zones d’ombre. Le président Gbagbo a cédé son pouvoir lorsqu’il a piétiné le travail effectué par l’Assemblée nationale depuis Marcoussis en signant les accords de Pretoria. C’était une énorme erreur tactique, d’autant plus que la médiation du président Thabo Mbeki aurait dû nous inciter à plus de prudence. Nous étions divisés sur la méthodologie qu’il utilisait. Le président Mbeki nous a dit : «Donnez tout ce que vous pouvez, acceptez tout et puis après, j’en fais mon affaire». Je n’étais pas pour cette approche. Je préconisais plutôt le donnant-donnant : les rebelles font un geste, l’Etat fait un geste. Mais nous avons suivi le médiateur sud-africain, et lorsque que l’Etat a tout accepté et tout donné, les rebelles ont envoyé valser M. Mbeki sans que celui-ci ne frappe du poing sur la table ou n’use de tous ses pouvoirs pour leur faire tenir leurs engagements. Il s’est laissé éjecter du processus sans un mot, après avoir tout obtenu de l’Etat de Côte d’Ivoire et rien obtenu des rebelles. A cela s’ajoute le fait que Gbagbo ait refusé de porter plainte contre la France après les événements de novembre 2004 et qu’il ait accepté d’aller aux élections sans désarmement préalable, alors que cela était clairement stipulé dans l’accord de Ouaga. Il a commis une succession des fautes graves et n’a pas tiré les leçons de celles qui précédaient.
A-t-il gagné les élections ?
Je ne suis pas le juge des élections. Mais si je ne m’en tiens qu’au résultat, je dirais non. Gbagbo a lui-même, une nouvelle fois, mis la Constitution ivoirienne de côté pour faire appel à un panel de chefs d’Etat africains afin de trancher la question de la victoire électorale. Il a indiqué que la décision de ce panel s’imposerait à tous et que si le panel déclarait qu’il avait perdu, il quitterait le pouvoir. Et le panel a conclu qu’il a perdu les élections.
Quel est le rôle de la France et de l’Onu dans la guerre en Côte d’Ivoire ?
Le France a joué le rôle qu’on lui a donné dans la crise ivoirienne. J’ai toujours dit à mes camarades qu’ils ne peuvent pas dire «oui» à chacune des étapes et venir dire «non» à la fin. En acceptant les accords honteux de Marcoussis, nous nous sommes engagés dans un tunnel avec une seule issue possible. J’ai claqué la porte de Marcoussis parce qu’il m’était intolérable de voir M. Mazeaud, alors président du conseil constitutionnel français, mettre des rebelles sur un pied d’égalité avec l’Etat de Côte d’Ivoire. En novembre 2004, j’ai préparé l’opération Dignité et lorsqu’avec nos hommes, nous avions mis en déroute la rébellion et exposé la forfaiture de la France à la face du monde après que 63 civils ivoiriens aux mains nues aient été tués par la force Licorne, Gbagbo a catégoriquement refusé de mettre un terme à la crise en portant plainte contre la France à la Cour Internationale de Justice, préférant plutôt faire l’apologie de l’armée française en soulignant à tout va son action positive. Gbagbo Laurent a été le meilleur défenseur de la France dans la crise ivoirienne. Il a tout donné aux Français. Il a renouvelé les concessions de l’eau et de l’électricité à son ami Martin Bouygues, de gré à gré. Pareil pour la téléphonie, qu’il a redonnée hors toute procédure légale à France Télecoms. Il a offert le terminal à conteneurs du port d’Abidjan à Bolloré, sans appel d’offres. Il a offert la construction des chantiers de Yamoussoukro à Fakhoury, en allant même jusqu’à lui donner des puits de pétrole. Malgré toutes nos mises en garde, il a confié l’élaboration et la gestion du fichier électoral à la Sagem. Sa campagne a été conçue et gérée par Stéphane Fouks, d’Euro RSCG. Un de ses principaux financiers était Bolloré. Il a confié ses sondages à la Sofres, entreprise française. Entre les deux tours, Gbagbo s’est même empressé d’octroyer des blocs pétroliers à la frontière du Ghana au groupe Total, comme ça, cadeau. Dans son livre de campagne de 2010, il fait l’apologie du franc Cfa, allant même jusqu’à écrire que s’il gagne les élections, il ira convaincre le Ghana, le Nigeria etc. de rejoindre la zone franc. Alors, une fois qu’on a fait tout cela, peut-on vraiment s’offusquer de l’ingérence française en Côte d’Ivoire ? Gbagbo a offert la Côte d’Ivoire à la France.
Que pensez-vous du franc Cfa aujourd’hui ?
Le franc Cfa est une monnaie inique, hier comme aujourd’hui. Toutes les économies de marchés émergents ont leurs propres monnaies et sont connectées au reste du monde par des taux de change flexibles. Tant que nous ne romprons pas avec le Cfa et ses mécanismes protectionnistes qui ne bénéficient qu’à la France, nous n’aurons ni prospérité, ni émergence. Je crois qu’au Cameroun, les gens commencent à bien comprendre à quel point cette monnaie est malsaine. Chaque fois qu’un pays de la zone franc vend quelque chose, la moitié des recettes est placée sur un compte d’opération auprès du Trésor français, dont la gestion est des plus opaques. C’est la France qui gèrent nos avoirs, qui définit à quel taux d’intérêt elle veut bien les rémunérer et qui est la seule à savoir combien nous avons réellement dans ses comptes, nos chefs d’Etat eux-mêmes ne le sachant pas de façon fiable. Par ailleurs, tant que nous restons emprisonnés dans cette monnaie, nous serons cantonnés à la marge du commerce international, parce que nos prix sont alignés sur l’euro fort, alors que les autres vendeurs, qui ont une monnaie souveraine, peuvent se montrer beaucoup plus compétitifs en adaptant le taux de change de leur monnaie en toute flexibilité.
Comparativement à Nicolas Sarkozy, la politique africaine de François Hollande a-t-elle changé ?
La politique africaine de la France m’importe peu. Ce n’est pas sur elle que nous devons travailler, mais sur nous-mêmes. Les anciens, comme Um Nyobé, Félix Moumié ou même Houphouët-Boigny, ont mené le combat de l’indépendance vis-à-vis des colons. Mais nous avons jubilé trop tôt et oublié ensuite de nous émanciper de nos Etats. Regardez la question de la terre. Quand les colons sont arrivés en Afrique, ils ont arraché la terre à nos aïeux. Puis, au moment des indépendances, au lieu de rendre la terre à ses propriétaires initiaux, ils ont préféré la donner à l’Etat, sachant bien qu’il leur suffisait de contrôler celui qui est à la tête de l’Etat pour continuer de posséder la terre. Et nos chefs d’Etat successifs refusent de changer quelque chose à cela, tout contents qu’ils sont d’être les interlocuteurs «privilégiés» de la France. Et les populations acceptent cela, concentrant leurs rancœurs contre les puissances coloniales, alors que ce sont leurs Etats qui les aliènent aujourd’hui. Il faut faire pression sur nos gouvernants pour que les Etats rendent la terre aux paysans. En ville, on peut avoir des titres fonciers, mais en zones rurales, c’est la croix et la bannière. Le sol appartient, de façon tout à fait illégitime, à l’Etat, le sous-sol aussi. Pourquoi ? Que les Etats africains rendent les terres à leurs propriétaires légitimes, qu’ils distribuent les titres fonciers pour les sols et les sous sols aux paysans et nous verrons non seulement la prospérité arriver, mais également la pression géostratégique autour de nos ressources naturelles diminuer. En effet, aujourd’hui, il suffit à la France de contrôler le président africain pour contrôler les richesses du pays. Mais si nous réformons le foncier, si nous faisons le cadastrage de nos territoires et distribuons les titres fonciers aux paysans, alors l’Etat français n’aura plus la mainmise sur nous, parce qu’il lui faudrait contrôler séparément des centaines de milliers d’individus, ce qui est impossible. Alors nous verrons, comme cela se fait partout ailleurs où ça fonctionne bien, des particuliers négocier avec des particuliers, au lieu de voir des Etats dealer avec des Etats. Nos paysans pourront vendre ou louer leurs terres, entrer dans le marché hypothécaire, emprunter, investir, devenir riches, créer des emplois. Ils seront devenus propriétaires, et la base de la prospérité, c’est la propriété individuelle.
Quelles leçons faut-il de tirer tout cela?
Il faut que les élites africaines cessent de croire qu’il faut avoir des entrées au Quai d’Orsay ou à l’Elysée pour être élu président en Afrique. C’est dans les peuples d’Afrique qu’elles doivent fonder le cœur de leur pouvoir. Respectons nos peuples. Libérons-les et responsabilisons-les.

lundi 27 mai 2013

Les crimes oubliés de l’ex-rébellion [Acte 1] Enfin la vérité sur le massacre des danseuses d’adjanou »

La cérémonie de remise du pouvoir par les commandants de l'ex-rébellion ivoirienne aux préfets de la région de Bouaké avait eu lieu le 26 mai 2009. (Photos: AFP)
La cérémonie de remise du pouvoir par les commandants de l’ex-rébellion ivoirienne aux préfets de la région de Bouaké avait eu lieu le 26 mai 2009.
(Photos: AFP)

MIS EN LIGNE PAR CONNECTIONIVOIRIENNE.NET LA RÉDACTION · 27 MAI, 2013 A 15:26
Par Brussi Kouano – Source: Lebanco.net
Les populations de Sakassou ont payé un lourd tribut dans la crise du 19 septembre 2002. Sur dix personnes enlevées ce 2 décembre 2002, par les rebelles, dans les villages d’Assandrè et Assafou (département de Sakassou), une seule a eu la vie sauve : Koffi N’goran, une dame originaire d’Assandrè (Agnibonou-Kanouan). Les rebelles reprochaient à leurs victimes d’avoir exécuté la danse « Adjanou » (danse d’exorcisme des femmes en pays Baoulé et Agni) à leur arrivée dans les villages précités. Une action qui, selon eux, visait à leur lancer des sorts qui entraîneraient leur mort. Retour sur les crimes crapuleux de rebelles dans le Walèbo. Lumière sur des crimes dont personne (ou presque) ne veut parler.
Assandrè. Sans doute, le plus important regroupement de villages dans la sous-préfecture de Sakassou. Au nombre de onze villages rassemblés sur le même site depuis 1971, ces populations cultivatrices vivaient, dit-on, dans une harmonie exemplaire jusqu’à l’éclatement de la crise militaro-politique dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002.
Le 2 décembre 2002, selon des témoignages concordants, recueillis sur place dans le village, tout va basculer. Des rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI de Guillaume Soro) venus de Bouaké entrent à Agnibonou, l’un des villages d’Assandrè et celui de feu Amani Goly François, ancien directeur général des Impôts, sous le régime d’ Houphouët Boigny.
Les rebelles, selon les témoignages du village étaient en train de piller la résidence de M. Amani quand l’une des femmes, membres de la danse « Adjanou » a commencé à faire tinter la cloche, instrument qui, d’après les pratiques de l’ »Adjanou », invite du coup tous les autres membres à la danse. L’attitude n’est pas du goût des rebelles. Plusieurs coups de kalachnikov, aux dires des témoins sont tirés en l’air. C’est la débandade totale des populations dans le village. Les rebelles sont aux trousses des danseuses qui n’ont même pas eu le temps de se regrouper. Dame Koffi N’goran est capturée sous le prétexte que c’est elle qui aurait fait tinter la cloche. Une accusation qu’elle a rejetée lors de nos échanges avec elle. Aussi, pour les rebelles, cet acte précède-t-il des malédictions que ces danseuses d’ »Adjanou » proliféreront à leur endroit. Aux mains des rebelles, sous les regards impuissants des siens, dame Koffi N’goran est battue à sang, humiliée et séquestrée.
Interdit de danser de l »Adjanou »
Comme si cette bastonnade ne suffisait pas, les rebelles, selon les témoignages, l’amènent avec eux, dans leur base de Sakassou. Dans la soirée de sa capture, les rebelles reviennent avec l’infortunée à Assandrè et lui exigent de désigner toutes celles qui sont membres de l’ »Adjanou ». Toutes les danseuses ne sont plus dans le village. Chacune d’elles s’étant réfugiée dans la brousse. Pour les rebelles, c’est un refus d’exécuter leur ordre. Des nouvelles bastonnades s’ensuivent. Plusieurs balles de Kalachnikov sont tirées sur des toits, murs et sur d’autres biens dans des maisons.
À cette occasion, le vieux Kouadio Yao, plus connu sous le sobriquet de Sadjou, est arrêté. La raison ? Pour les rebelles, l’arrière de sa maison est contiguë au siège de l’ »Adjanou ». Pour eux, il ne fait guère aucun doute : c’est Sadjou qui a permis aux femmes du village d’installer  » l’Adjanou » qu’ils considèrent comme un dangereux fétiche.
Déterminés à montrer aux habitants du village que personne ne saurait les freiner dans leur élan (pillage de domiciles privés) encore moins les défier, ils arrêtent le vieux Sadjou, sa femme Kouassi Amenan, sa fille Moh Tanou et Kouamé Peubo, un vieillard, malentendant, cousin du vieux Sadjou. Tous sont amenés à Sakassou avec toujours dame Koffi N’goran.
A Assafou, village situé sur l’axe qui conduit à Assandrè, les rebelles marquent une halte, brutalisent des habitants, terrorisent la population et finissent par arrêter cinq danseuses d’ »Adjanou » sans motif valable. Sans motif valable ? En effet, l’argument avancé par les rebelles est surréaliste : « notre voiture à l’entrée de votre village s’est renversé et a causé la mort d’un de nos compagnons. C’est clair que ce sont les danseuses d »’Adjanou » qui ont fait ce coup par leur danse diabolique qu’elles exécutaient à notre passage», martèle à qui veut l’entendre, un membre du commando.

21 jours dans un conteneur.
« (.) Il fait nuit, je ne sais pas. Il fait jour, je ne sais pas. (.) ». Ce bout de propos est de dame Koffi N’goran. En effet, enfermée pendant trois semaines dans un conteneur, elle n’a eu la vie sauve que grâce à une connaissance résidant à Bouaké.
« C’est grâce à une parente qui était venue vérifier sur le terrain, le fait que des personnes ont été enlevées dans le village d’Assandrè, que j’ai eu la vie sauve. En me voyant assise à même le sol, elle a poussé un grand cri d’étonnement en me posant ces questions : Eh ! N’goran es-tu ici aussi ? Depuis quand ? Sans attendre la réponse, elle accourut en ville pour appeler un frère. Celui-ci est venu sans tarder sur les lieux. C’était au carrefour de Béoumi-Sakassou, dans les environs du village de Tchêlêkro. Il a demandé avec instance de me libérer et sur place. Et au chef rebelle de répondre que cette dame sera exécutée dès ce soir comme les premiers avec qui elle est arrivée d’Assandrè et Assafou. À l’issue de tractations, mes parents acceptent de payer 50000 Francs CFA exigés par les rebelles. Ce sont sur les conseils du même chef rebelle qui ne voulait plus que je retourne à Assandrè que je suis allée à Yamoussoukro. Le corps couvert de blessures infectées et traumatisées, j’ai longtemps résidé et, continue de résider dans la capitale politique du pays auprès d’un frère », confie dame Koffi N’goran.
En effet, notre passage à Assandrè a coïncidé avec la période des obsèques du frère chez qui dame Koffi N’goran a trouvé refuge à Yamoussoukro.
Minakro, la terre des exécutions.
Minakro est un village à proximité de Bouaké. Notre interlocutrice le situe sur l’axe routier Bouaké-Katiola. Des renseignements pris avec dame Koffi N’goran et vérifiés à Bouaké confirment la position géographique de ce village. Ils sont cinq au village d’Assafou et quatre à Assandrè, qui ont été sommairement exécutés par les rebelles de Bouaké conduits par le commandant N’Toh Julien, alors chef de guerre de la zone de Sakassou.
Aussi, a-t-on apprit que ce dernier est mort en 2004. Son remplaçant, Bakary « Djan » (le grand) qui est resté à ce poste jusqu’à la fin de cette rébellion ivoirienne a perdu la raison. Il vit à Bouaké. Nos tentatives de le rencontrer se sont heurtées à des volontés contraires à nos besoins. Mieux, une source qui a requis l’anonymat nous a conseillé la méfiance.  » Attention, cher frère. N’oubliez pas la réalité de la calebasse vide de la poudre de piment », a-t-il évoqué. Comme pour dire que bien que le conflit ait pris fin, les velléités de représailles, de la part des ex-rebelles, demeurent intactes.
Quelles actions pour les Walèbo ?
Vengeance, réparation, silence. ? Que doivent faire les parents de victimes ? Des hommes et des femmes sont morts. Tués par la rébellion dont Guillaume Soro Kigbafori, député de Ferkessédougou, actuel président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, en était le numéro un, le secrétaire général. Il est vrai que dans les réalités des peuples africains, le cadet du méfait suprême est le pardon. Ce que le temps moderne ne réfute point. Cependant, dans un pays organisé comme la Côte d’Ivoire, il y a un véritable problème du droit qui se pose. Les spécialistes du droit parleront de dédommagements. Aussi, faut-il engager des actions en justice pour y parvenir. Des ressortissants du village d’Assandrè, avec qui nous avions échangé avant notre départ dans ce village, confirment l’inexistence de la moindre action entreprise auprès de tribunaux ; par les parents de victimes. Pis, l’État de Côte d’Ivoire n’a jusque-là rien fait pour réaffirmer son rôle de protecteur de l’ensemble de tous ceux qui vivent dans son territoire. Cependant, dans nos investigations, nous avons découvert que le chef principal (le chef des onze chefs) d’Assandrè, Kouakou Kouamé et Yao Attoungbré Zéphirin, instituteur de son état et témoin des faits, ont été entendus par un juge de Première Instance au niveau du Tribunal d’Abidjan.
Ils ont été entendus et rien de plus. Sans en donner l’impression, les habitants d’Assandrè et d’Assafou, en ont encore gros sur le cour, onze ans après ces assassinats qui ont endeuillé leurs villages. Des crimes qui seront passés par pertes et profits ? il faut espérer que non.
Brussi Kouano

dimanche 19 mai 2013

Burkina : Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ?


Publié le jeudi 16 mai 2013
Nous entamons un trimestre de toutes les incertitudes. Mai, juin et juillet pourrait nous réserver des surprises. Qu’en sera-t-il de l’état de santé du président ? Que vont faire Roch et compagnie ? Toutes les options sont sur la table.
A la journée du paysan à Banfora, le 26 avril dernier, les burkinabè ont vu leur président dans un état physique qui ne les a pas du tout rassuré. Ce qui les a le plus frappé c’est ce cou effilé qui donnait l’impression de rompre sous le poids de cette tête qu’il n’arrivait plus visiblement à supporter. Cette image de leur président a beaucoup ému et peiné nombre de burkinabè. Il y a peu, pour ne pas dire pas du tout de communication, autour de la santé du président. Les burkinabè se bornent donc à observer ses apparitions publiques et à jauger son état physique qui,à vue d’œil, n’est plus celui du fringant capitaine du début de la décennie. Pourtant Blaise Compaoré, né en 1951, a fêté en février dernier ses 62 ans, l’âge auquel certains ailleurs, briguent la magistrature suprême. Sauf que notre président a derrière lui, près d’une trentaine d’années d’exercice à un haut niveau du pouvoir d’Etat. Les burkinabè qui n’ont pas le moyen de s’informer sur la santé du président sont donc réduits à faire des commentaires sur son état physique.
ça bruisse autour du président !
C’est vrai que le président et son entourage font un effort inouï pour prouver que le physique du président qui parait de plus en plus fatigué, ne l’empêche pas de s’acquitter de son devoir de président. Il continue d’accorder des audiences, de présider les conseils des ministres (même s’ils sont de plus en plus réduits), de voyager et de participer aux sommets avec ses pairs de la sous région. La dernière rencontre de cette nature a eu lieu à Yamoussoukro et n’a pas été annoncée par la TNB qui ne semble pas avoir été conviée. C’est notre confrère Lefaso.net qui a eu la primeur de l’info sous la plume du directeur de la communication de la présidence. Tout ça évidemment ne signifie pas grand-chose, sauf que c’est inhabituel.
Les efforts qui se déploient autour du président pour ne rien laisser paraître d’une éventuelle défaillance, n’empêchent pas les bruits de courir.
Le 25 avril au soir, le président en route pour Banfora, pour la journée du paysan passe la nuit à son pied à terre de Bobo Dioulasso. Vers 22 heures, c’est apparemment la panique. Le président « est tombé  » laissent entendre les coups de fil qui proviennent de la résidence. Est-ce une crise vagale ? Peut-être. Sauf qu’apparemment c’était pas la première fois que cela arrivait au président. A la foire agricole et pastorale de Yako aussi, en mi avril, après des efforts plus que de raison, pour quelqu’un qui revenait d’un check-up en France, seulement quelques jours auparavant, le président avait dit-on été pris d’un malaise semblable. De retour, le président a dû refaire le chemin retour en France, accompagné de son frère cadet, à bord de l’avion d’un opérateur économique ami. Certains plus rassurants disent que le président avait un rendez vous médical déjà prévu.
Comme Pompidou, en 1972 que les français regardaient se faire ronger par la maladie, les burkinabè semblent réduits au même spectacle. Il est difficile de continuer à soutenir qu’il n’y a rien à voir « circuler ». Les questions sont nombreuses et pressantes : De quoi souffre le président ? Est-ce invalidant à terme ? Est-ce que les rumeurs qui disent qu’il est condamné à court terme sont exactes ? La présidence n’aura d’autre choix que de parler. De respecter les burkinabè.
Autour du président tout se délite
Les confidences du président lui-même, montrent qu’il a conscience que tout se délite autour de lui. Il ne semble pourtant pas avoir fait le deuil de promouvoir son jeune frère dans les rangs de ses successeurs éventuels. Il semble pour l’heure dans une stratégie de colmatage. Il a relancé les contacts avec ses anciens inconditionnels. Le palais de Kosyam est donc le lieu actuellement, d’un vrai chassé croisé pour voir comment redresser le cours des choses. Le président aurait dit-on laissé entrevoir une idée d’un congrès extraordinaire « de reprise en main  » d’un CDP, qui aurait, comme certains propos l’on laissé entrevoir à la dernière réunion du BPN « de gros diables  » à exorciser. Ce à quoi aurait répondu le secrétaire général Assimi Kouanda : « le diable est dans la maison depuis longtemps. Ce n’est pas nous qui l’y avons fait entrer ».
Celui qui n’est pas quiet par cette tournure des choses c’est bien sûr François Compaoré. L’effervescence a donc gagné son camp et ses amis ont commencé à resserrer les rangs. 
Si le président fait des clins d’œil à ses anciens obligés, les propositions qu’il met sur la table ne semblent pas convaincre. Certains pensent que les propositions sont en deçà de la gravité de la situation du pays. La situation est nécrosée. L’entourage du président est dans une logique jusqu’au bouliste et ce n’est pas l’entêtement à consacrer Alizeta Gando (le CSC voudrait interdire de l’appeler ainsi désormais), comme président de la Chambre du commerce et d’industrie du Burkina qui va arranger les choses.
On réentend parler du parti de Roch 
Les réunions ont repris et plusieurs noms d’un probable futur parti politique des dissidents du CDP sont avancés. De nouveaux délais sont aussi annoncés ; probablement en juin prochain. Ce parti des dissidents devraient, comme on l’avait entendu en 2012 regrouper autour de Roch Marc Christian Kaboré, l’essentiel des membres des « conseillers » du CDP. A ce qu’on dit, les textes sont prêts. Même si ce n’est pas la première fois que pareille occurrence circule. Les services informent le président sur ces réunions qui se tiennent et qui sont sûrement infiltrées. En retour aussi quelques pare-feux sont allumés, pour semer le doute dans le camp des dissidents, comme cette rumeur insistante qui indique que Roch Marc Christian Kaboré a accepté un poste d’ambassadeur à Copenhague.
N’empêche, le président semble évaluer la gravité de la situation. Récemment, il a rencontré séparément Salif Diallo et Roch Marc Christian Kaboré. Il n’aurait pas fait des propositions révolutionnaires, mais au regard de la gravité de la situation, il pourrait abattre sa carte « joker ». Il s’agirait finalement de revenir aux propositions d’un certain Salif Diallo récemment réaffirmées par Juliette Bonkoungou dans son interview à notre confrère L’Observateur Paalga. Remettre tout à plat, engager l’ensemble des acteurs dans des discussions inclusives pour une vraie refondation de la démocratie et du régime.
Il devrait aussi et c’est le fait nouveau qui est rapporté : « organiser et annoncer au courant de l’année en cours sa sortie de scène  ». A ce niveau, le propos reste vague. D’aucuns disent que la proposition viendrait de lui et d’autres soutiennent que certaines personnes consultées le lui ont suggéré et comme d’habitude, il n’aurait pas répondu. Ou en tout cas, pas avec conviction.
Sauf que très peu de personnes croient vraiment à cette éventualité. Les Roch iront-ils jusqu’au divorce avec Blaise Compaoré ? Les rumeurs ont repris. En face, on suit tout ça de près. Pour bien les « mélanger » comme on dit prosaïquement chez nous, des ballons d’intox sont lâchés, comme cette nomination annoncée de Roch comme ambassadeur à Copenhague. Les amis du « gros » démentent fermement, soutenant qu’il a décliné toutes les propositions de nomination qu’on lui a faites depuis qu’il a quitté la présidence de l’assemblée nationale. Mais il en faut plus pour rassurer. Dans ce monde « d’opports », la confiance est la chose la moins bien partagée. 
Newton Ahmed BARRY

MALHEUR AUX VAINCUS IVOIRIENS. Un francais parle de la politique de la France.


JEAN-LUC MELENCHON : MALHEUR AUX VAINCUS IVOIRIENS

Photo: JEAN-LUC MELENCHON : MALHEUR AUX VAINCUS IVOIRIENS 

Le service après-vente des interventions militaires de nos présidents successifs est un devoir qui dépasse les temporalités médiatiques. Quand la guerre a lieu, l’armée transporte les journalistes et les installe dans des points d’observations choisie par elle. Pendant quelques jours les « reporters » filment librement ce qu’il est prévu de les voir filmer et commentent librement en direct « sur place, depuis le terrain » leurs collègues en plateau à Paris qui leur lisent les dépêches de l’armée et du gouvernement. Jusque-là tout va très bien. En effet il ne saurait être question de laisser de tels énergumènes pourrir une guerre avec leurs inévitables otages ou leurs morts mis en exergue chaque jour au journal de vingt heures. Surtout que sur ces plateaux tournent avec suavité deux ou trois experts directement liés à nos Etats-Majors, revue et colloques savants, qui commentent des cartes du meilleur effet. De cette façon tout se déroule, avec une magnifique précision d’horloge, selon le plan prévu. Premier temps on intervient au nom des droits de l’homme comme le prouvent des images « tournées en caméras cachées au péril de notre vie ». Deuxième temps on commente les droits de l’homme bafoués avant notre glorieuse présence vu qu’il n’y a plus rien à montrer en image car les zones de combat sont interdites d’accès. Troisième temps la guerre est finie, les droits de l’homme sont rétablis, la population sort les drapeaux français tous neufs qu’elle cousait en cachette depuis des semaines. Les télés rentrent à la maison, les commentaires s’interrompent car le sujet est vite épuisé (surtout dans le désert où il n’y a vraiment personne). Depuis peu il y a une nouvelle séquence imposée : la visite sur place du président très bon très grand qui vient écumer la joie du peuple libéré. « Merci la France » « Sarkozy ! Sarkozy ! » à Benghazi. « Merci papa Hollande » à Tombouctou. Les sceptiques reçoivent le coup de grâce. Quoi qu’il en soit, quatrième temps, la guerre continue. Peu importe qu’elle continue. Le cirque est parti, le spectacle a lieu ailleurs. Les droits de l’homme retournent donc au présentoir de la bonne conscience, entre la tête de buffle empaillé et le portrait du Dalaï Lama. A partir de cet instant on ne peut revenir sur la scène de ces exploits guerrier qu’avec un masque et des gants, car il s’agira de fouiller dans la charogne. 

En Côte d’ivoire, comme hier au Kosovo, comme à présent en Lybie et très bientôt, c’est certain, au Mali et en Syrie, nos chers alliés politiques « amis des droits de l’homme » que nous sommes venus secourir s’avèrent être « à la longue », c’est-à-dire hors de la quinzaine pendant laquelle les médias montrent quelque chose, d’odieux pourris et parfois même des criminels notoires. Voyez comment les prétendus « combattants de la liberté » du Kosovo trafiquaient les organes des prisonniers serbes qu’ils prélevaient pour les revendre. Motus. Le serbe était le méchant du film. Puis ils menacèrent de mort la présidente du Tribunal Pénal International. Silence : aucun d’entre eux ne sera donc jugé. En Lybie et en Syrie aujourd’hui les « insurgés » combattent un despote avec des méthodes aussi répugnantes que les siennes et parfois même pire. C’est ce que vient de montrer le recours aux armes chimiques par les « rebelles » en Syrie. Etrange : la femme qui le révèle pour l’ONU est celle qui a été menacée déjà pour le Kosovo. Encore elle ! Heureusement, les nord-américains sont là pour révéler qu’ils disposent de preuves solides montrant que le despote a usé de ces armes chimiques. Et patati et patata. La vie, quoi. Je ne crois pas surprendre beaucoup de mes lecteurs en écrivant tout cela. Je les invite pourtant à suivre avec attention ce qui leur est dit sur ces sujets quand ils en entendent parler. Car il nous faut tous tirer parti de chacun de ces épisodes. C’est nécessaire pour améliorer notre compréhension du monde et pour éduquer nos réflexes face à la machine de propagande quand elle se met en mouvement. Sinon comment assumer notre dignité de citoyens ? Nous devons exercer en esprit libre nos pouvoirs de discernement. Il est essentiel, là encore de prendre d’abord conscience du rôle d’illusionniste (souvent distrayants, j’en conviens) des médias officialistes. 

En Côte d’Ivoire, des criminels de toutes sortes, massacreurs de civils, tortureurs de prisonnier civils, bourreurs d’urnes patentés, occupent dorénavant les postes clefs du régime « ami des droits de l’homme » que Nicolas Sarkozy a installé au pouvoir. Un rapport de l’ONU, non commenté aux journaux de 20 heures français pourtant tellement actif dans le service de vente directe de la belle guerre de Cote d’ivoire note : « d'anciens commandants de zone ayant à leur actif un nombre notable de violations du droit international humanitaire ont rejoint les rangs ordinaires des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire. Des individus comme Martin Kouakou Fofié (qui est sous le coup de sanctions de l'ONU depuis 2006), Ouattara Issiaka (alias ì Wattao), Hervé Touré (alias ì Vetcho ), Koné Zakaria et Chérif Ousmane ont tous été promus à des postes stratégiques de commandement. Ils ont également des contingents sous leurs ordres et d'importantes quantités d'armes (et de matériel connexe) entre leurs mains." Ces gens sont des impliqués dans des crimes dont le récit vous fait dresser les cheveux sur la tête. Qui cela va-t-il empêcher de dormir ici, au pays des droits de l’homme qui n’hésite pas à s’engager militairement pour défendre nos principes ? Personne ! Et surement pas François Hollande. Il a confirmé la marionnette présidentielle Alassane Ouatarra qui est venue lui faire acte d’allégeance à domicile. J’ai alors demandé si ce noble guerrier se souvenait de notre compatriote Michel Gbagbo détenu dans des conditions infra humaines par les vainqueurs qui l’ont d’abord copieusement tabassé. Michel Gbagbo est citoyen français. Il a été détenu sans jugement ni même inculpation pendant des mois. Puis il a été détenu dans des conditions qui l’ont amené aux portes de la mort. Il ne faisait pas de politique. J’ai interpellé le gouvernement. Personne ne m’a répondu. Il faut quand même dire, sans doute, que s’appeler Gbagbo et être le fils de son père, même si on n’a pas d’activité politique n’est pas bien malin. Fabius qui a eu ses petites entrées auprès de Laurent Gbagbo du temps où il était puissant devrait pouvoir s’en émouvoir. Non. Dans la mesure où l’ennemi est vaincu, les vainqueurs ont tous les droits. Notamment celui de martyriser les vaincus. Bien sur cela se fait en toute bonne conscience au nom des droits de l’homme qui ont été méprisé par les vaincus, cela va de soi. 

« Vae victis » dit l’adage des romains, malheur aux vaincus. Tout est alors permis contre eux. Je ne veux pas gâcher vos rêves avec des cauchemars venus de Côte d’Ivoire. Mais le sort réservé aux six cent soixante dix membres du Front Populaire Ivoirien détenus par les officiels actuels pourraient vous faire très peur. Passons sur celui réservé à madame Simone Gbagbo qui vient d’être enlevée de l’hôpital où il avait bien fallu la conduire. Battue en public sous les yeux des caméras par des soudards, elle est pourtant réclamée par le tribunal pénal international. Sa défense ne sait rien d’elle. Elle est vivante et martyrisée. Qui s’en soucie à Paris parmi ceux qui dînaient avec elle du temps où elle était la « première dame »? Moi, je n’ai jamais diné avec les Gbagbo du temps où ils étaient puissants. Ils ne m’ont ni reçu, ni invité. J’étais à la gauche du PS et de l’internationale socialiste. Mais je sentais le souffre pour eux. Ils recevaient Henri Emmanuelli, et d’autres beaucoup moins à gauche. Au bureau national du PS des gens comme le renégat Eric Besson réclamaient des sanctions contre les Gbagbo sans beaucoup de succès car nombreux étaient ceux qui regardaient la pointe de leurs chaussures. Ils ont fini par applaudir l’intervention militaire de Nicolas Sarkozy. Tous sont devenus muets depuis. Défendre leurs droits humains aujourd’hui ajoute aux croix qu’il me faut porter devant la meute. Mais pourtant je le fais. Quand je vois un « ministre de la justice et des droits de l’homme » refuser l’accès de tout avocat auprès de mon compatriote Michel Gbagbo, je me souviens que lui et son ministère ne seraient rien ni personne sans l’accord de François Hollande. Quand Simone Gbagbo est enlevée de son hôpital à la faveur d’une anesthésie générale et interdite de contact avec ses conseils, je suis juste soulevé de dégout par la lâcheté de ceux qui autorisent ces exactions à Paris. Et je ne voudrais pas que les ivoiriens croient que « c’est ça la France ». Et je ne voudrai pas qu’ils montrent mon pays du doigt. Exactement comme moi je ne crois pas que Alassane Ouatarra, ce soit la Côte d’Ivoire que je ne montre pas le pays du doigt a cause des bourreaux des milices nordistes. 

Il y a eu des élections municipales il y a trois semaines en Côte d’Ivoire. Evidemment, vu la situation, le Front Populaire Ivoirien et ses alliées ont appelé au boycott. Selon eux, la participation a été de 15%. Le président « élu », Alassane Ouatara dit qu’elle a été de… 30%. Pas de quoi pavoiser ! Mais selon les observateurs internationaux ce serait 20 %. Rien qui évoque la joie et la mobilisation d’un pays « libéré ». Cette très faible participation, due au boycott et à la lassitude générale de la population, montre au contraire un pays prostré et abusé. Et dans ce naufrage, le parti d’Alassane Ouattara a subi une sévère débâcle. A peine 20 % des nouveaux maires sont issus de ses rangs et ils viennent des régions déjà sous contrôle de ses milices partisanes sécessionniste sous l’ère légale de Laurent Gbagbo. La moitié des nouveaux maires sont des « indépendants ». 30% environ sont issu du très ancien parti présidentiel des lendemains de la décolonisation, le PDCI ! Sur le terrain de nombreux incidents ont eu lieu entre les deux partis. Là encore pas de trace du « pays libéré », juste une exaspération généralisée et une tension rappelant à tous les conditions politiques qui prévalaient à la veille de l’intervention militaire française. 

Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, a officiellement invité François Hollande à se rendre dans son pays. Peut-être qu’il ira. Je ne sais pas. Mais je sais qu’il est temps pour notre pays d’exiger la libération sans condition de notre compatriote Michel Gbagbo. Juste parce que c’est notre compatriote et que nous ne devons pas accepter que son nom soit un motif de persécution. C’est pourquoi je prends le temps d’écrire ces lignes pour rappeler que le retour à un état de droit qui avait été promis passe nécessairement par le respect des droits attachés à la personne de tous les prisonniers politiques ! Et enfin j’affirme que le renvoi devant les tribunaux des personnes proches de Monsieur Ouattara suspectées d’avoir commis de graves crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire est une urgence centrale dans un contexte où nos armes sont intervenue sous le prétexte de la restauration des droits de l’homme. Je sais très bien que ce n’était pas vraiment le sujet. Mais ce pourrait être une opportunité. Même après coup. 

Je ne veux pas finir ce chapitre sans revenir aux questions de couverture médiatique de nos guerres. Tout le monde ne se contente pas d’occuper avec sérieux son rôle de marionnette. Quelques courageux vont pourtant plus loin, sans la laisse ni la gamelle fournie par le service de communication des armées en campagne. Mais le temps qu’ils arrivent là où les choses se passent, le temps qu’ils recoupent leurs informations, bref le temps qu’ils fassent le travail de journaliste, la guerre officielle est finie. Ils n’accèdent donc plus à l’antenne. Ou alors seulement pour le magazine spécialisé qui diffusent leur travail entre deux reportages voyeuristes sur la prostitution aux iles Boudijis et le trafic des escargots en voie de disparition en république centre Afroucha. Ceux-là se font tuer aussi parfois. Leur mort, n’est pas filmée. Mais elle sert de prétexte à d’émouvantes auto-célébrations de la corporation par des hommes et des femmes troncs qui ne quittent jamais leurs studios bien chauffés. Leurs images, leurs lignes sont tout ce qu’il nous reste de la part de vérité qu’ils ont pu capter. Mais comme ce sont des parts de vérité, il faut pour en disposer aller les chercher soi-même. Mais peut-être est-ce un devoir à leur égard aussi.

http://www.panafricain.com/?page=detail_article&art=78466&lang=fr&pi=11
Le service après-vente des interventions militaires de nos présidents successifs est un devoir qui dépasse les temporalités médiatiques. Quand la guerre a lieu, l’armée transporte les journalistes et les installe dans des points d’observations choisie par elle. Pendant quelques jours les « reporters » filment librement ce qu’il est prévu de les voir filmer et commentent librement en direct « sur place, depuis le terrain » leurs collègues en plateau à Paris qui leur lisent les dépêches de l’armée et du gouvernement. Jusque-là tout va très bien. En effet il ne saurait être question de laisser de tels énergumènes pourrir une guerre avec leurs inévitables otages ou leurs morts mis en exergue chaque jour au journal de vingt heures. Surtout que sur ces plateaux tournent avec suavité deux ou trois experts directement liés à nos Etats-Majors, revue et colloques savants, qui commentent des cartes du meilleur effet. De cette façon tout se déroule, avec une magnifique précision d’horloge, selon le plan prévu. Premier temps on intervient au nom des droits de l’homme comme le prouvent des images « tournées en caméras cachées au péril de notre vie ». Deuxième temps on commente les droits de l’homme bafoués avant notre glorieuse présence vu qu’il n’y a plus rien à montrer en image car les zones de combat sont interdites d’accès. Troisième temps la guerre est finie, les droits de l’homme sont rétablis, la population sort les drapeaux français tous neufs qu’elle cousait en cachette depuis des semaines. Les télés rentrent à la maison, les commentaires s’interrompent car le sujet est vite épuisé (surtout dans le désert où il n’y a vraiment personne). Depuis peu il y a une nouvelle séquence imposée : la visite sur place du président très bon très grand qui vient écumer la joie du peuple libéré. « Merci la France » « Sarkozy ! Sarkozy ! » à Benghazi. « Merci papa Hollande » à Tombouctou. Les sceptiques reçoivent le coup de grâce. Quoi qu’il en soit, quatrième temps, la guerre continue. Peu importe qu’elle continue. Le cirque est parti, le spectacle a lieu ailleurs. Les droits de l’homme retournent donc au présentoir de la bonne conscience, entre la tête de buffle empaillé et le portrait du Dalaï Lama. A partir de cet instant on ne peut revenir sur la scène de ces exploits guerrier qu’avec un masque et des gants, car il s’agira de fouiller dans la charogne.

En Côte d’ivoire, comme hier au Kosovo, comme à présent en Lybie et très bientôt, c’est certain, au Mali et en Syrie, nos chers alliés politiques « amis des droits de l’homme » que nous sommes venus secourir s’avèrent être « à la longue », c’est-à-dire hors de la quinzaine pendant laquelle les médias montrent quelque chose, d’odieux pourris et parfois même des criminels notoires. Voyez comment les prétendus « combattants de la liberté » du Kosovo trafiquaient les organes des prisonniers serbes qu’ils prélevaient pour les revendre. Motus. Le serbe était le méchant du film. Puis ils menacèrent de mort la présidente du Tribunal Pénal International. Silence : aucun d’entre eux ne sera donc jugé. En Lybie et en Syrie aujourd’hui les « insurgés » combattent un despote avec des méthodes aussi répugnantes que les siennes et parfois même pire. C’est ce que vient de montrer le recours aux armes chimiques par les « rebelles » en Syrie. Etrange : la femme qui le révèle pour l’ONU est celle qui a été menacée déjà pour le Kosovo. Encore elle ! Heureusement, les nord-américains sont là pour révéler qu’ils disposent de preuves solides montrant que le despote a usé de ces armes chimiques. Et patati et patata. La vie, quoi. Je ne crois pas surprendre beaucoup de mes lecteurs en écrivant tout cela. Je les invite pourtant à suivre avec attention ce qui leur est dit sur ces sujets quand ils en entendent parler. Car il nous faut tous tirer parti de chacun de ces épisodes. C’est nécessaire pour améliorer notre compréhension du monde et pour éduquer nos réflexes face à la machine de propagande quand elle se met en mouvement. Sinon comment assumer notre dignité de citoyens ? Nous devons exercer en esprit libre nos pouvoirs de discernement. Il est essentiel, là encore de prendre d’abord conscience du rôle d’illusionniste (souvent distrayants, j’en conviens) des médias officialistes.

En Côte d’Ivoire, des criminels de toutes sortes, massacreurs de civils, tortureurs de prisonnier civils, bourreurs d’urnes patentés, occupent dorénavant les postes clefs du régime « ami des droits de l’homme » que Nicolas Sarkozy a installé au pouvoir. Un rapport de l’ONU, non commenté aux journaux de 20 heures français pourtant tellement actif dans le service de vente directe de la belle guerre de Cote d’ivoire note : « d'anciens commandants de zone ayant à leur actif un nombre notable de violations du droit international humanitaire ont rejoint les rangs ordinaires des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire. Des individus comme Martin Kouakou Fofié (qui est sous le coup de sanctions de l'ONU depuis 2006), Ouattara Issiaka (alias ì Wattao), Hervé Touré (alias ì Vetcho ), Koné Zakaria et Chérif Ousmane ont tous été promus à des postes stratégiques de commandement. Ils ont également des contingents sous leurs ordres et d'importantes quantités d'armes (et de matériel connexe) entre leurs mains." Ces gens sont des impliqués dans des crimes dont le récit vous fait dresser les cheveux sur la tête. Qui cela va-t-il empêcher de dormir ici, au pays des droits de l’homme qui n’hésite pas à s’engager militairement pour défendre nos principes ? Personne ! Et surement pas François Hollande. Il a confirmé la marionnette présidentielle Alassane Ouatarra qui est venue lui faire acte d’allégeance à domicile. J’ai alors demandé si ce noble guerrier se souvenait de notre compatriote Michel Gbagbo détenu dans des conditions infra humaines par les vainqueurs qui l’ont d’abord copieusement tabassé. Michel Gbagbo est citoyen français. Il a été détenu sans jugement ni même inculpation pendant des mois. Puis il a été détenu dans des conditions qui l’ont amené aux portes de la mort. Il ne faisait pas de politique. J’ai interpellé le gouvernement. Personne ne m’a répondu. Il faut quand même dire, sans doute, que s’appeler Gbagbo et être le fils de son père, même si on n’a pas d’activité politique n’est pas bien malin. Fabius qui a eu ses petites entrées auprès de Laurent Gbagbo du temps où il était puissant devrait pouvoir s’en émouvoir. Non. Dans la mesure où l’ennemi est vaincu, les vainqueurs ont tous les droits. Notamment celui de martyriser les vaincus. Bien sur cela se fait en toute bonne conscience au nom des droits de l’homme qui ont été méprisé par les vaincus, cela va de soi.

« Vae victis » dit l’adage des romains, malheur aux vaincus. Tout est alors permis contre eux. Je ne veux pas gâcher vos rêves avec des cauchemars venus de Côte d’Ivoire. Mais le sort réservé aux six cent soixante dix membres du Front Populaire Ivoirien détenus par les officiels actuels pourraient vous faire très peur. Passons sur celui réservé à madame Simone Gbagbo qui vient d’être enlevée de l’hôpital où il avait bien fallu la conduire. Battue en public sous les yeux des caméras par des soudards, elle est pourtant réclamée par le tribunal pénal international. Sa défense ne sait rien d’elle. Elle est vivante et martyrisée. Qui s’en soucie à Paris parmi ceux qui dînaient avec elle du temps où elle était la « première dame »? Moi, je n’ai jamais diné avec les Gbagbo du temps où ils étaient puissants. Ils ne m’ont ni reçu, ni invité. J’étais à la gauche du PS et de l’internationale socialiste. Mais je sentais le souffre pour eux. Ils recevaient Henri Emmanuelli, et d’autres beaucoup moins à gauche. Au bureau national du PS des gens comme le renégat Eric Besson réclamaient des sanctions contre les Gbagbo sans beaucoup de succès car nombreux étaient ceux qui regardaient la pointe de leurs chaussures. Ils ont fini par applaudir l’intervention militaire de Nicolas Sarkozy. Tous sont devenus muets depuis. Défendre leurs droits humains aujourd’hui ajoute aux croix qu’il me faut porter devant la meute. Mais pourtant je le fais. Quand je vois un « ministre de la justice et des droits de l’homme » refuser l’accès de tout avocat auprès de mon compatriote Michel Gbagbo, je me souviens que lui et son ministère ne seraient rien ni personne sans l’accord de François Hollande. Quand Simone Gbagbo est enlevée de son hôpital à la faveur d’une anesthésie générale et interdite de contact avec ses conseils, je suis juste soulevé de dégout par la lâcheté de ceux qui autorisent ces exactions à Paris. Et je ne voudrais pas que les ivoiriens croient que « c’est ça la France ». Et je ne voudrai pas qu’ils montrent mon pays du doigt. Exactement comme moi je ne crois pas que Alassane Ouatarra, ce soit la Côte d’Ivoire que je ne montre pas le pays du doigt a cause des bourreaux des milices nordistes.

Il y a eu des élections municipales il y a trois semaines en Côte d’Ivoire. Evidemment, vu la situation, le Front Populaire Ivoirien et ses alliées ont appelé au boycott. Selon eux, la participation a été de 15%. Le président « élu », Alassane Ouatara dit qu’elle a été de… 30%. Pas de quoi pavoiser ! Mais selon les observateurs internationaux ce serait 20 %. Rien qui évoque la joie et la mobilisation d’un pays « libéré ». Cette très faible participation, due au boycott et à la lassitude générale de la population, montre au contraire un pays prostré et abusé. Et dans ce naufrage, le parti d’Alassane Ouattara a subi une sévère débâcle. A peine 20 % des nouveaux maires sont issus de ses rangs et ils viennent des régions déjà sous contrôle de ses milices partisanes sécessionniste sous l’ère légale de Laurent Gbagbo. La moitié des nouveaux maires sont des « indépendants ». 30% environ sont issu du très ancien parti présidentiel des lendemains de la décolonisation, le PDCI ! Sur le terrain de nombreux incidents ont eu lieu entre les deux partis. Là encore pas de trace du « pays libéré », juste une exaspération généralisée et une tension rappelant à tous les conditions politiques qui prévalaient à la veille de l’intervention militaire française.

Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, a officiellement invité François Hollande à se rendre dans son pays. Peut-être qu’il ira. Je ne sais pas. Mais je sais qu’il est temps pour notre pays d’exiger la libération sans condition de notre compatriote Michel Gbagbo. Juste parce que c’est notre compatriote et que nous ne devons pas accepter que son nom soit un motif de persécution. C’est pourquoi je prends le temps d’écrire ces lignes pour rappeler que le retour à un état de droit qui avait été promis passe nécessairement par le respect des droits attachés à la personne de tous les prisonniers politiques ! Et enfin j’affirme que le renvoi devant les tribunaux des personnes proches de Monsieur Ouattara suspectées d’avoir commis de graves crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire est une urgence centrale dans un contexte où nos armes sont intervenue sous le prétexte de la restauration des droits de l’homme. Je sais très bien que ce n’était pas vraiment le sujet. Mais ce pourrait être une opportunité. Même après coup.

Je ne veux pas finir ce chapitre sans revenir aux questions de couverture médiatique de nos guerres. Tout le monde ne se contente pas d’occuper avec sérieux son rôle de marionnette. Quelques courageux vont pourtant plus loin, sans la laisse ni la gamelle fournie par le service de communication des armées en campagne. Mais le temps qu’ils arrivent là où les choses se passent, le temps qu’ils recoupent leurs informations, bref le temps qu’ils fassent le travail de journaliste, la guerre officielle est finie. Ils n’accèdent donc plus à l’antenne. Ou alors seulement pour le magazine spécialisé qui diffusent leur travail entre deux reportages voyeuristes sur la prostitution aux iles Boudijis et le trafic des escargots en voie de disparition en république centre Afroucha. Ceux-là se font tuer aussi parfois. Leur mort, n’est pas filmée. Mais elle sert de prétexte à d’émouvantes auto-célébrations de la corporation par des hommes et des femmes troncs qui ne quittent jamais leurs studios bien chauffés. Leurs images, leurs lignes sont tout ce qu’il nous reste de la part de vérité qu’ils ont pu capter. Mais comme ce sont des parts de vérité, il faut pour en disposer aller les chercher soi-même. Mais peut-être est-ce un devoir à leur égard aussi.

http://www.panafricain.com/?page=detail_article&art=78466&lang=fr&pi=11