lundi 31 mai 2010

Les saints des derniers jours, ou les mormons.. Quel bel exemple de determination

Voici une ville construite par les chretiens,  le Salt lake city dans le Utah. Voici l'expression de la determination de ceux qui n'attendent rien de personnes, mais qui ont compte sur eux memes et sur leur foi en Dieu. QUe c'etst beau.








vendredi 7 mai 2010

La SIR: la source de son probleme

http://news.abidjan.net/article/?n=363433


Ainsi revele, les problemes de la SIR ont commence avec le conseiller de Gbagbo, Aubert Zohore...


C’est dans ce cadre qu’il faut situer la récente crise du carburant qui tire ses origines dans la difficile situation de la Société Ivoirienne de Raffinage(SIR). En effet, ce qu’on a caché aux ivoiriens, c’est que la panne sèche de la SIR, provient des mauvais conseils de Gbagbo tel que Zohoré Aubert, conseiller chargé des questions économiques du Président Laurent Gbagbo. Qui ne s’est pas embarrassé de fioritures, pour injecter les deux cent trente cinq milliards de francs (235.000.000.000 FCFA) constituant les TVA devant être reversés à la SIR, dans des curieuses spéculations boursières aux Etats Unis d’Amérique. Ainsi, cet important pécule a été investit dans des business qui sont en fait des pipos au détriment de la SIR, cet important outil de développement qui fait la fierté du pays d’Houphouët Boigny. Jugez-en vous-même :
*120 milliards de ristournes de Tva destinés à la SIR non reversés par le Trésor public
*70 milliards de blocage des prix à la pompe économisés par le Trésor public
*5 milliards d’écart entre les comptes tenus par la SIR et ceux du Trésor public qui n’ont jamais été retrouvés.

*36 Milliards de recette encaissés par le Trésor non reversés à la SIR.
Tous ces fonds dont la SIR avait crucialement besoin pour garantir la continuité de son activité eu égard à un contexte international des plus moroses pour les raffineries, ont été placés dans des fonds de pension aux Etats-Unis.

Les deux principaux fonds spéculatifs américains où cet important pécule a été placé par les soins du conseiller Aubert Zohoré sont :
* Fidelity Investisments SAS
* Berkshire Hathaway.
Le premier est leader mondial indépendant de gestion d’actifs pour le compte de tiers. C’est une compagnie privée qui possède également beaucoup d’entreprises telle qu’une SICAV de droit Luxembourgeois, de gestion de portefeuille et de gestion d’assurance vie haut de gamme.
Quant au second, il est d’ailleurs le plus important. Il s’agit d’un fonds de pension américain né da la fusion de sociétés de textiles Hathaway Manufacturing Company et de Berkshire Spining Associates en 1950. Ce holding a été racheté en 1962 par Warren Buffet qui la transformera en une société d’investissement basée à Omaha dans le Nebraska aux Etats-Unis. La société est aujourd’hui codirigée par Warren Buffet et Charlie Munger et Bill Gates à son directoire. Ses actions ordinaires sont cotées à la bourse de New York sous les symboles BRK.A et BRK.B.
Une sale situation qui a failli entrainé le pays une fois dans le chaos avec la dernière grève des transporteurs. Laquelle situation a eu des conséquences incalculables sur la vie des populations et l’économie ivoirienne.

Regard extérieur sur la Refondation


Paulin G. DjitéM.Sc., Ph.D. (Georgetown U., USA)
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
Je suis honoré d'être parmi vous en ce jour d'appréciation objective de vos actions politiques, un jour d'introspection et de questionnement. Le thème qui nous réunit aujourd’hui porte sur le « Regard extérieur sur la Refondation ».
1. Remarques introductives :
Jusqu'à ce jour, notre regard extérieur sur la refondation a été limité à des interventions auprès de différentes institutions étrangères et à des échanges épistolaires avec des leaders d'opinion ou des acteurs politiques sur le terrain. Pour vous qui êtes engagés dans le feu quotidien de l'action, il s'agit d'un regard souvent méprisé, perçu au pire comme un irritant, ou au mieux comme une perte de temps ; un regard d'autant plus lointain et distant qu'il venait des États-Unis ou des Antipodes. Certains d'entre vous le percevront encore ainsi aujourd'hui. Et personne ne saurait leur en tenir rigueur. A l'étranger, nous avons le grand désavantage de ne pas vivre sur place et ne pouvons que revendiquer de souffrir dans le cœur et dans l'esprit ce que vous souffrez dans la chair.
Tous ceux qui ne partagent pas notre avis se sont souvent réfugiés derrière le prétexte de la distance. Mais la distance a l’avantage de ne pas vous exposer au quotidien de la souffrance et de vous enfoncer au fond de la caverne des chaînes des réalités nues (Platon, Livre VII de la République), dont émanent souvent le parti pris, la passion, l’émoi, la rancune et la méchanceté. La distance permet de se dissocier, ne serait-ce qu’un instant, de la cruelle réalité, de juger et de jauger la perspicacité de ses actes et de ses paroles. Dès lors, la distance ne disqualifie pas l'Ivoirien de la diaspora et ne l'interdit pas de se prononcer sur la situation de son pays ; elle ne rend pas les uns moins Ivoiriens que les autres. En outre, distance n'est pas synonyme d'éloignement. L'Ivoirien engagé de la diaspora refuse "l'éloignement" et choisit non pas nécessairement le parti pris, mais le parti de "l'homme qui interroge" (Fanon, 1952). Notre regard extérieur sur la Refondation est aussi celui que nous avons formé au fur et à mesure, au fil des discussions et des échanges avec des amis de la Côte d'Ivoire. Il ne se targue pas d'être la seule et unique vérité dans l'analyse de la situation complexe qu'est celle de notre pays. Cependant, honni soit qui mal y pense, parce que la Côte d'Ivoire de demain ne sera pas faite de bâillonnement. Retenez donc que ce regard extérieur est celui de vos frères et sœurs et de vos amis qui ne cherchent pas à préserver leur neutralité au cœur de la crise que connaît notre pays. La vraie mesure de l'homme ne réside pas dans les moments de certitude, d'assurance et de convenance, mais dans les moments difficiles de controverse (Martin Luther King, Jr.). En effet, quand viendra le temps de dresser l'état des lieux, vous ne vous souviendrez peut-être pas des invectives de vos ennemis, mais vous vous souviendrez [sans doute] du silence de vos amis (Martin Luther King, Jr.). C'est en cela que, venant de l'extérieur, il nous incombe un devoir de lucidité et d'objectivité. Il ne s'agit pas de s'approprier le débat sur la crise nationale et de penser qu'à force de crier plus haut et plus fort que les autres, on finira par le monopoliser ; monopoliser le débat ne veut pas dire le maîtriser. La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure...
Vous posez, dans le cadre du thème de cette réflexion, un certain nombre de questions fondamentales ; à savoir :
2. Question No 1 : Le FPI a-t-il payé le prix de la liberté ?
Une relecture du programme de gouvernement du FPI, diffusé sous le nom de « Refondation »[1], révèle la répartition suivante dans l'utilisation du mot « liberté » dans les différents chapitres[2] :
1. Refondation politique
9 occurrences sur 3 713 mots
2. Refondation sociale
0 occurrence sur 5 323 mots
3. Refondation économique
0 occurrence sur 7 532 mots
4. Refondation du système de défense et de sécurité
0 occurrence sur 1 311 mots
5. Refondation culturelle
1 occurrence sur 1 156 mots
Total :
10 occurrences sur 17 724 mots

Ce total peut être arrondi à 12 occurrences, si l’on tient compte des deux occurrences du mot « libération » dans le chapitre sur la « refondation économique ». Alors, de quelle "liberté" s'agit-il ? Serions-nous entrain de présumer que l'ascendance de la Refondation au pouvoir d'État équivaut à l'avènement de la « liberté » au sens strict du terme ? La « liberté » était-elle un des principaux objectifs de la Refondation ? Le serait-elle devenue de façon accidentelle ?
Il est utile de se poser ces questions, parce qu'il y a ceux qui se souviennent encore des « discours guerriers », on dirait même des « discours de suffisance », sinon des « discours naïfs et sans humilité » de la part de certains Refondateurs, avant et au sommet de la crise sociopolitique, mettant l’intégrité territoriale de ce pays en péril, au point de susciter la menace à peine voilée du ministre de la sécurité d’un pays voisin[3]. Il y a également ceux qui se souviennent du reflexe systématique de justification, sans remise en cause, sans humilité et avec mauvaise foi, une fois la crise sociopolitique survenue. Etait-il nécessaire de donner de la voix, au mépris de la sécurité et de la « liberté » des Ivoiriens ? Qui veut préserver sa liberté ne la met pas inutilement en péril.
Il semble cependant que la « liberté » à laquelle il est fait allusion dans la question posée ci-dessus (« Le FPI a-t-il payé le prix de la liberté ? ») ne correspond pas à l’acception de la liberté qui ressort du programme de refondation du FPI. Dans ce programme, le FPI parle de la liberté au sens des droits de l’homme et du renforcement de l’État de droit. Même si, selon les circonstances, les deux acceptions peuvent se chevaucher, - il est clair qu'un pays maître de son destin est mieux à même d’assurer les droits fondamentaux de ses citoyens - il ne faut pas les confondre. Peut-on donc dire aujourd'hui que le FPI a contribué au renforcement de l’État de droit et des droits de l’homme en Côte d'Ivoire ?
Le regard de ceux qui vous connaissent peu, et surtout de ceux qui disent vous connaître, vous soupçonne d'entraver la liberté de tous les Ivoiriens en essayant d'hypothéquer le pouvoir.
Votre argumentaire est sans doute que vous voulez des élections propres ; ce qui se comprend au vu de certaines velléités manifestes de fausser le jeu démocratique. Mais y a-t-il jamais des élections propres en Afrique ou ailleurs ?
Cela dit, telle n'est pas la question à laquelle nous sommes invités à répondre. La question que vous posez se rapporte plutôt au « prix » de la liberté, c’est-à-dire, de la libération politique et économique et la conquête de la vraie indépendance. La réponse, dans ce cas, est simple :
(a) au niveau national, le FPI paie le prix de sa relative inexpérience à l’exercice du pouvoir d’État, pour n’avoir participé à aucun gouvernement avant son accession au pouvoir. En outre, le FPI paie le prix des turpitudes politiques de ses prédécesseurs, pour n’avoir pas pris la pleine mesure des effets néfastes de la soi-disant « Ivoirité », et pour avoir failli de se démarquer du faux nationalisme né de cette idéologie qui a profondément affectée la cohésion nationale.
(b) au niveau international, le FPI et la Côte d’Ivoire ont payé, paient et continueront de payer le prix de la volonté des Refondateurs de rompre les liens de dépendance économique et politique de ce pays, par rapport à l'ancienne métropole. En voulant imprimer un nouveau cours au destin de la Côte d’Ivoire, les Refondateurs se sont attirés le courroux de l'ancien colonisateur. Ailleurs, ils restent incompris, faute de communication.
3. Question No 2 : Quelles ont été les insuffisances, les lacunes, les défaillances du FPI ?
Les seules insuffisances, lacunes ou défaillances qu'admettra le Refondateur pur sang et ses sympathisants se résument au dédouanement suivant : Le FPI avait un projet de société ; mais le coup d'État manqué de 2002, qui s'est mué en rébellion, encouragée par l'opposition et l'ancien colonisateur, qui ont cru y voir un excellent moyen de nuire ou de se débarrasser du nouveau régime, ont bloqué les projets de libération politique et économiques de la Côte d’Ivoire nouvelle.
A l’appui de cet argumentaire le Refondateur montrera d’un doigt accusateur les agissements négatifs et négationnistes d'une opposition composée de ceux qui ont perdu le pouvoir après 40 ans de prébendes et de ceux qui y aspirent depuis quelques années. Il montrera également du doigt l'ancien colonisateur, échaudé par un réel risque de marginalisation dans les projets de diversification des partenaires économiques pour les grands projets de développement et qui, depuis le déclenchement de la rébellion, ne ménage aucun effort de nuisance maximale. Et, pour illustrer cette volonté de nuisance, il citera, pêle-mêle :
(1) l’imposition d'un règlement de la crise ivoirienne à Linas-Marcoussis,
(2) la manipulation du Conseil de sécurité de l’ONU en vue de paralyser les initiatives du gouvernement ivoirien,
(3) les manœuvres de division artificielle du territoire ivoirien sur des bases ethniques et/ou religieuses,
(4) le battage médiatique au niveau international envers et contre les autorités ivoiriennes,
(5) la nouvelle tentative de coup d’état de novembre 2004,
(6) l’assassinat de citoyens ivoiriens sur l’esplanade de l’Hôtel Ivoire,
(7) la destruction de la flotte aérienne militaire de la Côte d’Ivoire à Yamoussoukro et Abidjan, et bien d'autres manœuvres en main souterraine, attentatoires à la souveraineté de la Côte d'Ivoire, qui ont vu le déclenchement de nouvelles manifestions en janvier et février 2010.
Mais nous n’avons là qu’une version de la réalité. Quels sont les faits, et quel est le constat du regard extérieur ? Parce que des insuffisances, des lacunes et des défaillances, il en existe bien. Il suffit, pour s'en convaincre, de se pencher sur cette autre question qui participe du cadre de votre réflexion : 4. Question No3 : Le FPI a-t-il causé des souffrances au peuple de Côte d'Ivoire, ou a-t-il semé l'espoir ?
Mesdames et Messieurs Mes chers compatriotes,
On ne peut, d’une main, cacher la face ardente du soleil. Le regard extérieur croit fermement que les souffrances du peuple de Côte d'Ivoire sont dues à l’existence de conflits ethniques et religieux. Qu'en est-il dans la réalité ? Que fait le FPI pour dissiper les soupçons et expliquer la réalité sur le terrain ? Le FPI affectionnerait-il en secret ces schémas ? Le constat du regard extérieur est que, plus vous vous précipitez dans les institutions de la foi, moins vous êtes conciliateurs et tolérants. Comment un peuple devenu si pieux peut être si violent ? Existe-t-il un Dieu pour les Refondateurs différent de celui de leurs adversaires politiques ?
Les faits de ce blasphème sont implacables et indéniables :
(1) il existe, de fait, une division nord/sud,
(2) le peuple de Côte d'Ivoire, et non les dirigeants du FPI, s'appauvrit,
(3) le peuple de Côte d'Ivoire, et non les dirigeants de l'opposition ou de la rébellion, souffre,
(4) le peuple de Côte d'Ivoire, et non l'ancien colonisateur, continue sa descente aux enfers.
N’ayant confié son destin ni à l'opposition, ni à la rébellion, ni à l'ancien colonisateur, quand viendra le moment de rendre des comptes, le peuple de Côte d'Ivoire se tournera vers la Refondation et, en toute légitimité, l'interrogera sur
(1) son manque de vigilance ; par exemple :
(a) Comment n'avoir pas prévu l'antagonisme et la frustration de l'ancien colonisateur ?
(b) Comment n'avoir pas prévu la tentative de coup d'état ?
(2) son manque de préparation et d'efficacité ; par exemple :
(a) la conduite désastreuse de la guerre.
Le peuple de Côte d'Ivoire sera justifié d'interroger la Refondation sur
(3) l'imitation de l'autoritarisme et des travers des régimes qui l'ont précédé,
(4) l'enrichissement illicite et l'arrogance de ses cadres, et
(5) la paralysie presque constante aux plans politique et économique.
Tel est le constat que font aujourd'hui ceux qui vous observent de l'extérieur, qui voudraient tant vous comprendre, mais que vous décevez chaque jour un peu plus par votre instinct de thanatos.
En effet, quand, ailleurs, on met la fortune et l'expérience acquises à la sueur de son front au service du peuple, ici, même sous la Refondation, la quasi-totalité des politiciens s'enrichissent au prix et au détriment de la sueur et du sang du peuple. Chacun pense que son tour est venu de se servir ; et le clientélisme s'alimente et se renouvelle de plus belle, et le poisson continue de pourrir par le ventre. Sinon, pourquoi le peuple de Côte d'Ivoire a-t-il plus faim aujourd'hui qu'hier ? Pourquoi existe-t-il cette fracture nationale latente qui ne semble toujours pas être une priorité pour certains ? Pourquoi les fils et les filles de ce pays continuent de se regarder en chiens de faïence ? Pensez-vous, comme vos prédécesseurs, qu'il ne s'agit là que de « frustrations artificielles »[4] ? Ou bien serait-ce là les nouveaux « Chemins de votre vie » ? Aussi, quand vous vous demandez si c'est le FPI qui a causé des souffrances au peuple de Côte d'Ivoire, le regard extérieur vous répond que vous ne posez pas la bonne question. Le seul constat qui compte, c'est que le peuple de Côte d'Ivoire souffre, et que vous avez accédé au pouvoir en promettant de le sortir de la souffrance. Les insuffisances et les défaillances sont donc les vôtres en premier chef, et il ne sert à rien de vouloir déplacer la question sur le terrain glissant de l'intellectualisme. Toutes les excuses sont bonnes pour expliquer l'échec. Mais suffira-t-il de justifier l'échec ? Et si la crise sociopolitique était une aubaine permettant aux Refondateurs de cacher leurs faiblesses réelles et leur inexpérience à l'exercice du pouvoir ? Par contre, les questions de fond sont celles de savoir si le FPI est sincère, s'il a la volonté de refonder, non seulement dans le discours, mais dans les actes, et s'il a la capacité de fédérer.
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
La société est à l'image de ses dirigeants et ne vaut que le traitement que ceux-ci lui accordent. Toute société dans laquelle les dirigeants négligent les domaines affectant directement les citoyens les plus vulnérables, tels que l'éducation, la santé, et l'emploi, finit par faire les frais de sa négligence et de son inaction. Il en est ainsi pour l'éducation, un secteur dans lequel les conditions de travail des enseignants, des élèves et des étudiants se sont détériorées depuis des années et continuent de l’être sous un pouvoir dirigé par des enseignants. Il s'agit là d'une défaillance flagrante et grave ; car il est ahurissant d’apprendre que les étudiants de l'université de Cocody viennent à peine de boucler l’année universitaire 2008, et que c’est seulement maintenant qu’ils vont entamer l’année universitaire 2009-2010. Les enseignants seraient occupés à faire de la politique... et ils invitent les élèves et les étudiants à venir battre le pavé pour eux. Les élèves et les étudiants sont endoctrinés, instrumentalisés et armés pour servir de bétail de manifestations de rues et pour terroriser le reste de la population en détruisant et en brûlant les symboles de l'État. Parce que, bien sûr, l'État ce n'est pas moi. L'État, c'est l'adversaire politique ; et détruire les symboles de l'État, c'est détruire l'adversaire politique. Et tout le monde s'y met à cœur joie, par jeunesse interposée. Une jeunesse qui se rêve une destinée politique et qui n'hésite pas à vouloir se l'approprier par la violence gratuite. Mais à quel futur se destine un pays dont les dirigeants politiques seraient issus d'une telle culture d'obscurantisme et d'à peu près ? Voilà la question à laquelle le regard extérieur souhaiterait que vous puissiez répondre.
En effet, ce qui intrigue ceux qui connaissent un peu notre pays, c'est votre pratique ancienne de recruter et d'ériger des « jeunes patriotes » en 4e pouvoir de la République. L'histoire nous enseigne que les « chemises noires », les « SA » et les « gardes rouges », tous des « jeunes patriotes », n'ont jamais conduit à la liberté. Au contraire... Les chemises rouges et jaunes qui se succèdent dans les rues de Bangkok, ceux-ci pour Thaksin Shinawatra et ceux-là pour le premier ministre Abhisit Vejjajiva, les uns clamant être plus démocrates que les autres, sont loin d'avancer la cause de la démocratie en Thaïlande.
Le regard extérieur est donc d'avis que les souffrances du peuple de Côte d'Ivoire sont dues à une mauvaise appréciation de la démocratie. Plutôt qu'une démocratie, Platon vous dirait que la vôtre est, à quelques exceptions près, le modèle précurseur de la cour du roi Peteau, une cour dans laquelle tout le monde, des dirigeants politiques aux journalistes et aux loubards, se laisse aller à l'épithète et à l'invective, au vitriol facile et à la vengeance. Vous passez presque tout votre temps à vous insulter gratuitement, à faire des calculs mesquins, alors que l'essentiel, le peuple de Côte d'Ivoire, reste en souffrance.
Le peuple de Côte d'Ivoire fait donc les frais de la négligence de son capital humain. Si le FPI a semé l'espoir, il ne peut se disculper de n'avoir pas su faire en sorte que tous les Ivoiriens puissent en jouir. Vos prédécesseurs et vos adversaires politiques auront beau jeu de dire qu’ils ne sont pas aux affaires, ils ne peuvent s’en disculper eux non plus.
Il est temps d'apaiser les cœurs, de désarmer tous les gros bras et « ...d'être rebelle à toute vanité [...] et ...de se ceindre les reins comme [de] vaillants hommes » (Césaire, 1956). La vraie victoire est celle qui force le respect de l'adversaire et non celle qui entretient la peur de la rétribution sauvage. Avoir peur de quelqu'un, ce n'est pas l'aimer, ce n'est pas le respecter. Le FPI souhaite-t-il que les Ivoiriens continuent de vivre dans la peur ?
Le regard extérieur suggère que la Refondation fasse preuve de hauteur d'esprit, de patience, de tolérance, de vision, de sagesse et de MAGNANIMITÉ. Car ce que vous voulez, comme dirait encore Césaire (1956), « c'est pour la faim universelle, pour la soif universelle ». Car l'adversité politique n'exclut pas la civilité. Respecter l'adversaire politique, c'est se respecter soi-même ; l'enfermer dans la plus étroite appartenance et le mettre le dos au mur, c'est prendre un risque démesuré sur sa propre sécurité. Etre libre, comme l'explique Nelson Mandela, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est respecter et renforcer la liberté de l'Autre, fut-il l'adversaire politique. Personne, même l'ennemi politique le plus farouche, ne mérite d'être méprisé et ne peut vous conduire à la rancune et à la haine, sources de paralysie et de confusion, destructrices des valeurs humaines et des droits de l'Homme.
La Refondation, au contraire de ses adversaires politiques, et sans attendre que ceux-ci en fassent de même, doit s'attacher à montrer les nouveaux chemins de notre destin commun. Elle doit s'efforcer de prendre du recul et se hisser au dessus de la caverne de l'ignorance pour instiller un sens réel de maturité et de sagesse, une capacité de fédération dont cette Nation a aujourd'hui le plus besoin. Ceci nous amène à la dernière question de votre cadre de réflexion.
5. Question No 4 : Que doit faire le FPI pour que, dans 50 ans, l'assurance d'une Côte d'Ivoire libre soit réelle ?
Refonder et fédérer, à long terme, exige une appréciation de nos forces et de nos faiblesses. La Côte d'Ivoire a des atouts considérables, notamment au plan économique, qui en font un acteur incontournable dans la sous-région. Elle dispose également de cadres, tant à l’intérieur que dans la diaspora. Elle devra mobiliser ces ressources économiques et humaines au service de son développement. Et sa capacité à réconcilier les Ivoiriens avec eux-mêmes sera fondamentale à la réussite de cette tâche.
Toutefois, la réalisation de cet objectif exige un travail soutenu de communication aux niveaux national et international. La vision nationale de la Refondation en ce qui concerne la restructuration de l’État et de la Nation néglige le rôle fondamental de nos langues nationales, et tout particulièrement de linguae francae,telles que le dioula ou le baoulé, en tant que vecteurs de messages subliminaux. L'élite politique s'attache à ne s'exprimer qu'en français (nous en sommes aujourd'hui coupables !), comme si tous nos concitoyens comprenaient vraiment ce dont nous parlons dans cette langue. Fédérer, ce sera aussi accorder à chacun et à tous le droit à une communication ouverte et sans faux fuyants, une communication qui va droit au cœur et se dissocie du journalisme de désinformation et des épithètes d'une presse partisane et franchement médiocre.
Au niveau international, il serait utile de se demander quel regard la Refondation porte sur l'extérieur. Quelle place réserve-t-elle aux Ivoiriens de la diaspora et à la communauté internationale ? Qu'en attend-elle ? La Refondation gagnerait à formuler une politique claire de communication de ses idéaux à ces acteurs extérieurs, aux fins non seulement de soigner son image, mais d'énoncer sa vision, non seulement de sa place dans la conduite des affaires de l'État de Côte d'Ivoire, mais aussi de la place de la Côte d'Ivoire dans le concert des nations. Ce, en partie, parce que nombreux sont ceux qui ignorent tout de la Côte d'Ivoire et du FPI, particulièrement en Asie, en Océanie et en Amérique Latine. Le peu qu'ils en savent s'apparente à l'image générale que l'on se fait des pays du Tiers-Monde dans les médias, des pays déchirés par les guerres civiles et les coups d'État, et dévastés par la famine. Informé que j'étais invité à faire cette communication, Gough Whitlam, ancien premier ministre australien (1972-1975), m'a dit en substance : « Ta communication sera donc très brève, n'est-ce pas ? À part le fait qu'ils méprisent leur peuple, nous ne savons presque rien d'eux... ». La Refondation est-elle vraiment différente des autres partis politiques ? Aurait-elle un idéal et un projet de société ? Pourquoi ne le communiquerait-elle pas plus largement au reste du monde ?
La Refondation gagnerait également à repenser la politique étrangère de la Côte d’Ivoire. Il est urgent, en effet, de redéfinir les relations, économiques et autres, entre la Côte d’Ivoire et les pays africains, ainsi que le rôle de ce pays au sein des institutions régionales, africaines et internationales, en façonnant son approche sur des pays qui offrent des modèles de préservation de l’indépendance nationale. La diplomatie n'est pas que l'arme des forts, elle est aussi et surtout celle des faibles, parce qu'elle leur permet d'être écoutés et d'agir avec efficacité. Ceux qui hurlent et aboient finissent par lasser leur audience ; et quand on n’a plus d’audience, on a beau s’armer jusqu’aux dents, on est aussi faible que la brise du matin.
Sur les plans économique et monétaire, par le biais d'une diplomatie de proximité au niveau régional, la Refondation devra entretenir et encourager la réflexion sur la remise en question de l’arrimage de la monnaie de la zone franc à l’euro, ce système dont le taux de change est biaisé de façon manifeste et qui ne fait que prolonger la dépendance économique et l’appauvrissement des zones franc[5]. Compte tenu de son poids dans cette zone, la Côte d'Ivoire est sans doute le premier pays auquel incombe cette responsabilité. La monnaie étant un bien public de régulation de l’économie, il est important de la maîtriser pour atteindre ses objectifs de développement.
6. En guise de conclusion
Une fois la crise actuelle réglée, rien ne sera plus comme avant en Côte d'Ivoire, quelque soit le parti au pouvoir. Voilà un acquis à mettre au compte de la Refondation. Cela dit, les défis auxquels la Côte d'Ivoire est confrontée restent nombreux et multiformes, et le pays est à la croisée des chemins. Il est important que la Refondation commence à s’atteler à ces défis dans un certain ordre de priorité, qu'elle le fasse non seulement avec détermination, mais avec méthode. À trop vouloir étaler et disperser son énergie, on finit par s’essouffler… Plutôt que de se taper la poitrine en harangueur revanchard des foules et prêcher à sa propre chapelle, il faut bâtir sa force de frappe pour parler avec autorité. La Refondation devra apprendre à imposer silence et mutisme à ses accès de vanité. C'est dans le silence calculateur, plutôt que dans les apostrophes et les épithètes de l'invective, que l'on trouve les solutions qui gagnent. Etre trop confiant est la recette de l'échec.
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
Vous m'avez demandé de vous offrir un regard extérieur sur la Refondation, un regard neutre. Est-il vraiment possible de porter un regard neutre sur son propre pays ? Comme vous pouvez le constater, j'ai tout simplement choisi, non pas le parti pris, mais le parti de « l'homme qui interroge » (Fanon, 1952).
Je vous remercie.
Paulin G. DjitéM.Sc., Ph.D. (Georgetown U., USA),