mardi 23 novembre 2010

Côte d'Ivoire. Abidjan verrouille les élections législatives

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La Croix

24 novembre 1995

Côte d'Ivoire. Abidjan verrouille les élections législatives. OUAGADOUGOU DE NOTRE CORRESPONDANTE.

AUTEUR: POMPEY Fabienne

RUBRIQUE: MONDE; Pg. 11

LONGUEUR: 412 mots

Les deux principaux leaders de l'opposition ivoirienne ne participeront pas aux élections législatives du dimanche 26 novembre. Laurent Gbagbo, du Front populaire ivoirien (FPI), et Djeny Kobina, du Rassemblement des Républicains (RDR), ont été exclus du scrutin par le ministère de l'intérieur. En effet, les autorités ivoiriennes ont jugé que les conditions de "paix sociale" n'étaient pas remplies dans la circonscription où Laurent Gbagbo devait remettre son mandat de député en jeu.
Quant à Djeny Kobina, il n'aurait pas remis son certificat de nationalité lors du dépôt de candidature à la députation, alors qu'il est suspecté d'avoir des parents ghanéens. Une enquête a été ouverte pour déterminer son "ivoirité". L'un et l'autre ont dénoncé immédiatement cette "manoeuvre".
Un débat récurrent
sur l'"ivoirité"
Laurent Gbagbo conteste le fait que sa circonscription, comme trois autres situées dans l'ouest du pays, fasse l'objet d'un scrutin particulier lorsque le pouvoir jugera que le calme et la sécurité y seront assurés.
Lors de l'élection présidentielle du 22 octobre dernier, cette région, le pays bété, ethnie dont est issu Laurent Gbagbo, a été le théâtre d'affrontements entre des autochtones et des migrants baoulés, ethnie du président élu Henri Konan-Bédié, faisant 25 morts. Près de 2 000 Baoulés ont dû fuir les plantations du pays bété.
Gouverné sans partage pendant trente-quatre ans par Félix Houphouët-Boigny décédé en décembre 1993, le pays semble tâtonner dans la gestion de l'après-Houphouët. Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, le PDCI, instrument du pouvoir depuis l'indépendance, s'est scindé pour donner naissance au Rassemblement des Républicains (RDR) uni derrière Alassane Ouattara, premier ministre d'Houphouët, aujourd'hui haut dirigeant de la Banque mondiale.
Lui aussi fut victime, comme l'est aujourd'hui Djeny Kobina, du débat sur l'"ivoirité", le pouvoir affirmant qu'il était issu de parents burkinabés et non pas ivoiriens, condition sine qua non à l'éligibilité.
Cet acharnement à tout mettre en oeuvre pour assurer la victoire du PDCI et de son candidat Henri Konan-Bédié, qui n'a pas hésité à faire sortir l'armée des casernes pour assurer le bon déroulement du scrutin, a surpris les observateurs de la vie ivoirienne. Car l'opposition, qui ira aux législatives en ordre dispersé, ne constitue pas une menace sérieuse pour le président. Le parti au pouvoir détient 148 sièges à l'assemblée contre 16 à l'opposition.
Fabienne POMPEY

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