mercredi 29 février 2012

Extension de la période d’enquête de la CPI à 2002


Extension de la période d’enquête de la CPI à 2002: Dr. Doumbia Major (Président du CPR) c’est une chose positive et nous nous en réjouissons, car c’est une façon pour la CPI d’admettre que toutes les victimes de crimes contre l’humanité se valent.

29 février 2012  |   Classé dans: ACTUALITE,GRANDES-INTERVIEWS  |   Publié par: webmaster
Dr. Doumbia Major
Le Dr. Doumbia Major est docteur en science du langage de l’Université Paris Est. Spécialiste en communication politique et en analyse automatisée des discours politiques. Il a soutenu une thèse en lexicométrie sur la référence au discours identitaire en Côte d’Ivoire.
Militant politique ivoirien vivant en France, il a subit la torture en Côte d’Ivoire son pays d’origine, dont il a une parfaite connaissance de tous les acteurs politiques.
A la tête d’un mouvement politique dénommé CPR, le Docteur. Doumbia s’est toujours battu pour que la CPI ne limite pas son enquête sur les crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire, à l’unique période de la crise poste électorale.
En la faveur de la décision de la cours préliminaire III d’étendre la période d’enquête de la CPI à 2002, notre rédaction a bien voulu le rencontrer pour prendre son avis sur cette décision.
Interview, Ivoirescoop.net
 
Ivoirescoop.net : Que pensez-vous de la dernière décision de la CPI de prolonger ses enquêtes jusqu’à 2002 ?
DR. Doumbia Major : Je pense que c’est une question de bon sens et un début de victoire pour la justice de manière générale. La CPI jouait sa crédibilité dans cette affaire concernant le jugement des crimes contre l’humanité commis en Côte d’ivoire. Elle avait intérêt à ne pas donner d’elle même l’image d’une justice à double vitesse et celle d’une justice instrumentalisée qui était au service de personnes qui l’utilisait pour régler des comptes personnels. Étendre les enquêtes jusqu’en 2002 est une chose positive et nous nous en réjouissons, car c’est une façon pour la CPI d’admettre que toutes les victimes de crimes contre l’humanité se valent, et que tous les criminels qui violent les droits humains et commettent des crimes contre l’humanité et crimes économiques se valent. C’est une manière pour la justice internationale de loger tous les coupables de crime contre l’humanité à la même enseigne et cela est une bonne chose
Ivoirescoop.net : Ne pensez vous pas un instant que ce soit comme si ADO livrait ceux qui l’ont emmené au pouvoir, les FAFN.
DR. Doumbia Major :‎ Non je ne crois pas qu’ADO livre quelqu’un en laissant chacun se défendre et répondre de ses actes face à la justice internationale !  Bien au contraire il agit bien en ne couvrant pas des criminels et des auteurs de crimes contre l’humanité, car ce serait abject de voir des auteurs de crimes contre l’humanité être protégés par un Président qui affirme partager des valeurs de démocratie et de respect des droits de l’homme. Nous pouvons tous nous targuer d’avoir amené ADO au pouvoir, mais il faut faire le tri. Tous ceux qui ont soutenu la prise du pouvoir d’ADO ne sont pas tous des auteurs de crimes contre l’humanité.
Il faut faire la part des choses, on peut mener un combat politique et même faire une guerre sans violer les règles et conventions internationales en matière de guerre, et sans commettre des crimes contre l’humanité. Dans tous les cas, ADO ne saurait être tenu pour responsables des violations de droits humains qui ont été commis par des individus au cours de la période de l’extension de l’enquête de la CPI, c’est-à-dire entre 2002 et 2010. Ce n’est pas parce que quelqu’un a soutenu ADO, ou qu’il a affirmé le soutenir que cela doit effacer des crimes de sang ou des crimes économiques qu’il aurait commis avant son soutien à ADO. Le soutien à ADO ne saurait être une onction qui absout les criminels contre l’humanité en les lavant de leur passé qui peut être épouvantable.
Ivoirescoop.net : La non intervention de Ado ne sera-t-elle pas perçue par certains chefs rebelles à commencer par SORO, comme un lâchage ?
DR. Doumbia Major :‎ ADO n’a jamais demandé à qui que ce soit d’aller tuer des civils non combattants, il n’a jamais demandé à qui que ce soit de mettre des personnes dans des containers pour les exposer au soleil afin que ces derniers meurent par étouffement. Je ne crois pas qu’ADO ait demandé à qui que ce soit d’assassiner sans jugement des prisonniers qui étaient détenus et qui devaient être traités selon la convention de Genève que nul n’est sensé ignoré. Quand on se dit chef ou quand on prétend être politologue, il y a des choses basiques qu’on est sensé savoir.
Chacun doit assumer ses actes, ce n’est pas parce qu’on a soutenu ADO de manière tactique aujourd’hui, que cela nous donne des droits rétroactifs comme le droit d’aller casser des banques pour soi-même ou celui de violer des personnes. Ce sont là des actes dont des individus ont tirés des jouissances et avantages personnelles ou des actes de positionnement personnels. Il faut que les uns et les autres apprennent à assumer les conséquences de leurs actes quand vient le moment de le faire, sans chercher à présenter leur sort comme un lâchage de la part de ADO, car ADO ne leur a pas demandé de voler, de tuer pour terroriser pour se positionner et encore moins de violer des femmes. Cela s’appelle être responsables.
Cela dit, il faut préciser que j’avais souhaité que l’Affaire soit traitée au niveau local comme en Afrique du Sud. On n’a pas voulu m’écouter et là c’est une boite de pandore qui s’ouvre. Je crois qu’on aura du mal à la refermer et je crois aussi que si on la pousse loin, elle risque d’éclabousser même les concepteurs de l’ivoirité, car en réalité ce qui se passe à la Haye c’est le procès de l’Ivoirité. Ce sont en effet les conséquences du recours politique à ce concept qui a conduit des ivoiriens à commettre des crimes les uns contre les autres.
 La question que je me pose est celle de savoir si au procès de Nuremberg, où l’occident a jugé le nazisme, on aurait pu épargner les idéologues de ce concept de pureté raciale pour ne s’acharner que sur les exécutants de l’endoctrinement qui en a résulté ? Je crois qu’il faut creuser plus et pointer aussi du doigt les concepteurs de l’idéologie identitaire qui a conduit le pays dans le chaos. Il ne faut pas s’attarder que sur les effets, il faut éradiquer le mal à sa racine et sa racine est idéologiques, elle se trouve dans un discours politique de haine qui a été distillé et dont on doit punir les coupables.
Ivoirescoop.net : Votre satisfaction vient-elle du fait que vous-mêmes qui avez été l’objet de torture en Côte D’ivoire, seriez pris en compte par cette extension de la période d’enquête ?
DR. Doumbia Major :‎ Pour ma part je fais remarquer que j’ai été torturé en l’an 2000 au sein de l’école de gendarmerie et dans l’enceinte du commandement supérieur, j’ai subi des traitements inhumains et dégradants dans mon pays. J’ai connu le supplice des fourmis magnan qu’on m’a mis dans le caleçon et pire encore. J’ai porté plainte contre mes tortionnaires au tribunal Royal de Belgique, le 16 Novembre à 2001, à 11 heures ou j’ai été entendu par l’officier de police judiciaire André Delvaux. J’ai transmis cette plainte à la CPI, donc vous comprendrez que je reste sur ma faim si l’extension de la période ne se limite qu’en 2002, car avant cette date, il y eu des atrocités qui se sont passées dans notre pays, dont le charnier de Yopougon, qui a fait l’objet d’un rapport d’experts indépendants. Je crois qu’il faut regarder tous ces cas de violations de droits et tous ces crimes qui ont marqué la vie de notre nation depuis 1999-2000 où notre pays a connu le premier coup de force qui l’a fait sortir des voies de la normalité démocratique. Pour ma part tourné la page de ces tortures et je regarde vers l’avenir, mais puisqu’on veut vraiment juger les crimes contre l’humanité, il aurait été bon que ceux qui ont ordonné la torture de l’étudiant que j’étais soient entendus, car, je ne défendais que des opinions. Je suis prêt à pardonner et j’ai même pardonné à mes tortionnaires, mais il n’est pas bon qu’ils s’en tirent comme s’ils n’avaient rien fait de mal.
Réalisé par Sebastien Sanou



 
                         Dr. Doumbia S. Major
-Docteur en science du langage Université Paris-Est Créteil
Spécialité : analyse automatisée des discours politiques et médiatiques
-Master Degree : Communication Politique et Publique    Université Paris XII
-Master Degree : Ingénierie de projet | Développement-Formation  Univeristé Paris XII
Contact : 0033659063472

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29/02/2012 à 14h:59 Par Pascal Airault
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Les jeunes recrues des Forces nouvelles (FN) à l'entrainement.Les jeunes recrues des Forces nouvelles (FN) à l'entrainement. © Georges Gobet/AFP
Mauvaise nouvelle pour les acteurs de l'ex-rébellion ivoirienne : les investigations de la Cour pénale internationale (CPI) vont être étendues aux crimes commis depuis le 19 septembre 2002.
Pour la défense de Laurent Gbagbo, c'est une victoire. Les investigations de la Cour pénale internationale (CPI) en Côte d'Ivoire vont être étendues aux crimes commis depuis le 19 septembre 2002, date de la tentative de renversement de l'ancien président ivoirien. « Nous avons obligé le procureur Luis Moreno-Ocampo à changer la nature de son enquête, se réjouit Me Emmanuel Altit, l'avocat de Gbagbo. Initialement, il considérait que le refus allégué de mon client de reconnaître sa défaite électorale était l'élément déclencheur des crimes commis entre novembre 2010 et avril 2011. Les juges lui ont demandé de revenir aux sources de la crise ivoirienne, comme nous l'avions demandé dans un mémorandum envoyé en octobre 2011. »
Ce complément d'enquête demandé par la CPI ne dédouane pas, loin de là, le camp Gbagbo. La liste des présumés crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les milices de l'ancien régime, dont plusieurs exemples sont mentionnés dans la décision des juges du 22 février, est assez longue : exécution de 120 personnes à Monoko-Zohi en novembre 2002, de 60 civils à Bangolo en mars 2003, de 105 autres à Abidjan en mars 2004. Les juges évoquent en outre l'incitation à la haine par les médias d'État, l'existence d'escadrons de la mort et la planification d'actions au plus haut niveau.
Mais ils souhaitent aussi que le procureur se penche sur les crimes du camp de Guillaume Soro, l'actuel Premier ministre, qui dirigeait à l'époque les Forces nouvelles (FN) et les commandants de zone (comzones) de l'ex-rébellion. Les juges dénoncent notamment l'exécution de 131 personnes, dont 61 gendarmes, à Bouaké, en octobre 2002. Dans les prochains mois, les équipes du procureur se rendront sur le terrain. 
Nouveau revers pour Ouattara
Pour le camp Gbagbo, ces investigations devraient permettre de faire la lumière sur l'origine de la rébellion, son soutien financier et les puissances étrangères qui l'auraient armée. Elles devraient aussi être l'occasion de rouvrir le dossier des événements de novembre 2004, quand l'armée française avait détruit la flotte aérienne ivoirienne (en représailles au bombardement du camp militaire français de Bouaké) et ouvert le feu sur les Jeunes patriotes (pro-Gbagbo) à Abidjan.
C'est donc un nouveau revers pour le camp Ouattara, déjà critiqué par les ONG et la société civile au sujet de la Commission nationale d'enquête sur les violences postélectorales, mise en place en juillet 2011. Le 23 février, Human Rights Watch s'interrogeait sur le caractère partisan de ses membres et dénonçait un travail « effectué de manière expéditive ». Les investigations n'ont commencé qu'à la mi-janvier, et le rapport serait déjà en cours de rédaction. La décision de la CPI « n'est pas une bonne nouvelle », reconnaît un proche du pouvoir. Quand Ouattara a saisi la justice internationale durant le conflit postélectoral, s'attendait-il à cela ?


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lundi 27 février 2012

La rebellion au l'heure de la justice.


La libération des derniers détenus au prix de très fortes rançons


Lorsque la délégation d'Amnesty International a pu avoir accès à la prison militaire du 3e bataillon d’infanterie, en décembre 2002, il restait dix gendarmes, un policier et un militaire détenus. Ces deux derniers avaient été arrêtés après les gendarmes.

Depuis lors, Amnesty International a obtenu confirmation que tous les gendarmes survivants de ce massacre ont été libérés après avoir payé de très lourdes rançons allant de 750.000 fr ancs CFA à un million de francs CFA (entre 1.100 et 1.500 euros). Des membres du MPCI en charge des prisonniers ont en effet soumis les familles des gendarmes à un chantage, menaçant de tuer leurs parents détenus s’ils ne payaient pas la rançon demandée. En dépit de la terrible crise économique qui touche l’ensemble du pays depuis le début de la crise en septembre 2002, les familles des détenus ont pu réunir ces sommes au prix d’une grande solidarité familiale.


L’un des gendarmes libérés a dit à Amnesty International : « Toute la famille s’est cotisée, on a emprunté pour me libérer et lorsque je suis revenu à Abidjan, on me regardait comme un revenant. »

Il semble que le militaire encore détenu n’ait pas été libéré parce qu’il n’a pas pu contacter sa famille et demander à ses parents de réunir l’argent de la rançon. Ce militaire n’a pas été témoin des exécutions des gendarmes et de certains de leurs enfants commises entre le 6 et le 9 octobre 2002 car il a été arrêté après. Amnesty International a insisté auprès des autorités du MPCI afin que ce détenu bénéficie de la protection prévue par les Conventions de Genève.

En outre, le MPCI a fait parvenir à Amnesty International un mémorandum daté du 10 févr ier 2003 dans lequel il tenait à marquer «sa surprise sur de nombreux points du rapport d'Amnesty Internationalnotamment [les] exécutions extrajudiciaires… [et les] libérations de personnes détenues contre rançon. »


Amnesty International prend acte de cette prise de position mais estime, sur la base de son enquête, que plusieurs faits sont d’ores et déjà établis :

·  L’organisation ne peut se prononcer sur une éventuelle implication des gendarmes arrêtés le 6 octobre à l’état-major de la 3e légion de gendarmerie de Bouaké dans l’attaque lancée par les troupes gouvernementales afin de reprendre la ville ce jour-là.

·  Cependant, tous les témoignages concordent pour affirmer que plus d’une centaine de personnes (une soixantaine de gendarmes, une cinquantaine de leurs enfants et quelques civils) ont été conduits, après avoir été désarmés, à la prison militaire du 3e bataillon d’infanterie.


·  De ce fait, ces personnes détenues étaient protégées par l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève qui s’applique aussi bien aux troupes gouvernementales qu’aux groupes d’opposition armés et qui précise notamment que : «Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre cause, seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité. »

·  Amnesty International a pu établir, sur la base de témoignages, la liste d’une soixantaine de noms de personnes qui ont été tuées de manière sommaire et délibérée dans l’enceinte de la prison.

·  Amnesty International craint que certains survivants y compris des blessés n’aient été tués sur les lieux mêmes du charnier. Tant qu’une enquête impartiale et indépendante n’aura pu identifier les corps enterrés dans les fosses collectives de Bouaké, l’organisation considère ces personnes comme des « disparus ».

·  Amnesty International estime que ces faits constituent une infraction très grave aux Conventions de Genève qui lient le MPCI au même titre que toutes les autres parties au conflit.



Octobre 2002 et février 2003, dans les villes de Bouaké, Man et Séguela
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