mardi 10 janvier 2012

REBELLION OU COLONISATION DU TERRITOIRE IVOIRIEN?


REBELLION OU COLONISATION DU TERRITOIRE IVOIRIEN :
QUI EST NOTRE ENNEMI ?
Mamadou KOULIBALY
Secrétaire Général Adjoint du Front Populaire Ivoirien
Abidjan novembre 2002

1 - LA REBELLION EST BIEN ARMEE ET SYMPATHIQUE DIT-ON
Depuis le 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire se trouve obligée d’affronter une rébellion armée, violente, meurtrière et lâche. En hommes comme en matériel de guerre cette rébellion est bien dotée. Des troupes entraînées au Burkina Faso entre autres, animées par des déserteurs de l’armée ivoirienne mis en déroute par leur chef le Général Robert  GUEI en 2000 sont coalisés contre l’Etat ivoirien. Cette attaque rebelle a révélé aux ivoiriens les faiblesses de leur pays et leur propre vulnérabilité. Ils ont été humiliés. Prétendu pays phare de la sous-region, pays moteur de l’UEMOA, pays leader en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire n’a pas été capable de faire face à une attaque surprise et brutale, tous s’en étonnent. Cependant la diplomatie aujourd’hui tend à donner en définitive raison à la Côte d’Ivoire : Elle a été trahie. La campagne de propagande orchestrée autour des rebelles avec l’appui des grandes agences de communication et de la presse internationale a laissé accroire que les rebelles étaient de véritable « Robin des Bois »  Ils sont sympathiques. Ils ne tuent point, ils ne volent pas, ni violent personne. Ils payent cash en billets de banque flambant neufs. Ils peuvent même se prévaloir d’avoir des amis haut placés dans la machine de l’Etat, dans les partis politiques d’opposition, dans la classe politique française, européenne et mondiale. Les rebelles ivoiriens sont forts et bien organisés.
Quelle est belle la guerre en Côte d’Ivoire ! se sont écriées certaines personnes ? L’organisation était impeccable. Les hommes à tuer ont été sélectionnés et exécutés lâchement. Les zones à assiéger ont été bien cadrées. Les soldats, les mercenaires armées comme ceux de la presse ont été recrutés et l’opération a été déclenchée avec d’énormes moyens financiers. Seuls semblent avoir échappé aux rebelles la capacité de résistance de l’Etat de Côte d’Ivoire. Cette résistance avait besoin de temps. Les rebelles n’avaient pas de temps. Toutefois une question vient à l’esprit. Pourquoi les rebelles ont-ils reçu un tel accueil dans l’opinion internationale ? Pourquoi les observateurs et des analystes ont-ils, à un moment donné, souhaité la chute du régime ivoirien ? Que reproche t-on de si grave au FPI au pouvoir, au point de ne plus se contenter d’attendre les élections libres et démocratiques de 2005 et de vouloir, en violation de la Constitution et de la volonté de la Nation, renverser le régime ?
Pour répondre à toutes ces questions il nous faut identifier les principaux reproches qui sont adressés aux ivoiriens et de leur porter réponse.
Ces reproches sont de plusieurs ordres : Certains sont juridiques, d’autres politiques mais une coalition multiforme regroupant tous ces mécontentements a trouvé des financements pour commettre des crimes contre l’Etat de Côte d’Ivoire. Cette coalition regroupe ceux qui reprochent au régime ivoirien d’être promoteur et adepte de l’idéologie de l’ivoirité. Il y a aussi dans ce groupe ceux qui ne veulent pas de la constitution, du code de la nationalité, du code foncier rural, de la loi sur l’identification. Après avoir parcouru ces reproches et les avoir analysé nous pourrons alors nous poser la question de leur financement. Quoi qu’il en soit les ivoiriens se sentent humiliés et trahis. Dans l’avenir plus rien ne sera comme avant. Le programme de la refondation était parti d’une hypothèse qui hélas vient de se révéler non pertinente. Les refondateurs ont pensé que la paix qui a été prônée depuis quarante ans était un acquis et qu’il ne restait qu’a refonder la Nation. Or la rébellion nous prouve qu’une Nation ne peut se construire si la sécurité n’est pas garantie. La sécurité économique est nécessaire à la démocratie. La sécurité intérieure et extérieure est nécessaire à la construction nationale. Comme le disait Gbagbo Laurent, notre erreur a été de croire qu’il fallait refonder notre Nation. En réalité c’est maintenant que nous devons fonder la Nation ivoirienne. Le sang qui est versé en est le prix. La rébellion armée nous renvoi ainsi aux fondations de la nation ivoirienne. Une belle leçon pour nous devant notre histoire.
2 - LE REGIME IVOIRIEN ET L’IVOIRITE
Les rebelles, leur branche politique et leurs alliés reprochent au FPI d’être l’animateur d’un régime qui est endoctriné par l’ivoirité. Que vaut un tel reproche ?
A écouter les accusateurs, l’ivoirité serait un élément de la philosophie politique du FPI et que celui-ci l’appliquerait en tant que parti au pouvoir. Cette accusation est fondée sur deux présupposés qu’il faut distinguer. D’abord il est supposé que le FPI gère tout seul le pouvoir et peut donc faire tout ce qu’il veut. Ensuite il est admis que le FPI est « ivoiritaire » comme en l’entend souvent.
Ces deux présupposés méritent d’être analysés et durement chauffés pour savoir si oui ou non ils son recevables.
A)  Le FPI gère t-il tout seul le pouvoir alors qu’il est un parti minoritaire ?
Pour le moment acceptons l’idée du parti minoritaire pour ne pas compliquer l’analyse. Il reste que le FPI gérerait seul le pouvoir. Regardons les faits.
Le pouvoir politique aujourd’hui est reparti en plusieurs niveaux. Le pouvoir Présidentiel, le Législatif, le Municipal et le Départemental. Y a  t-il, au regard de l’attribution de ces pouvoirs par le peuple de Côte d’Ivoire, un pouvoir exclusivement détenu par le FPI ? A chaque fois le peuple s’est exprimé par les urnes, les résultats permettent de constater que le FPI est certes au pouvoir mais qu’il ne détient pas l’exclusivité du pouvoir.
Le FPI est au pouvoir parce que les présidentielles ont été remportées par Gbagbo Laurent, son candidat aux élections d’Octobre 2000 par 58,80% des suffrages exprimés contre 28,66 pour le Général Robert Guei son adversaire principal. L’absence de candidats du PDCI et du RDR n’a cependant pas empêché certains de leurs militants de voter pour le candidat du FPI dans le but de mettre fin à la transition militaire et d’engager la refondation. Cependant, les statistiques des élections législatives révèlent que le FPI n’obtient pas la majorité absolue au parlement bien au contraire il obtient 96 Députés là où le PDCI s’en tire avec 98 sièges. Dès lors au parlement le FPI ne peut se prévaloir de faire adopter toutes les lois qu’il pourrait désirer. Il est obligé de négocier avec l’opposition qui réuni trois groupes parlementaires qui sont :
Solidarité (10 Députés), UDPCI (13 Députés), PDCI (98 députés), pour le FPI qui a 96 députés, et quand on sait que les lois organiques doivent être votées par au moins  2/3 des voix des députés siégeant c’est à dire au moins 141 députés. On imagine là comment il peut prétendre détenir la totalité du pouvoir. Malgré le mot d’ordre de boycott du RDR, 5  députés sont sortis de ses rangs parmi ceux de ses candidats qui ont bravé la Direction.
Aux municipales le RDR remporte 64 communes, là où le FPI n’en aura que 33 et le PDCI 59 et les indépendants 38. D’ailleurs ces municipales montrent que le FPI a perdu certains de ses bastions tels que Gagnoa, Daloa, yakasse-Attobrou, et parfois, cela en faveur du RDR. Il convient cependant de retenir que ce parti n’est en rien majoritaire au sens où il n’a que 64 communes sur 157 soit 40%. Il reste quand même 60% des communes détenues par l’opposition au RDR. Le FPI n’a donc pas là aussi un règne absolu sur les communes.
Les dernières élections, celles qui ont porté sur le choix des conseillers généraux, ont enregistré l’entrée en compétition de tous les partis politiques. Au décompte final si l’on ne regarde que la présidence des conseils généraux, et en ne supposant que les présidents peuvent décider tous seuls à faire ce qui bon leur semble (ce que la loi ne dit d’ailleurs pas), le FPI s’en tire avec 22 Départements, le PDCI 18 et le RDR 10. Ici aussi le FPI aura 22 Départements sur 58 soit environ 37%. Il reste encore 63% des départements non directement gérés par le FPI.
Dès lors, l’idée selon laquelle le pouvoir serait détenu exclusivement par le FPI est erronée. Le FPI est au pouvoir mais ce parti n’a pas l’exclusivité du Pouvoir. Le pouvoir est partagé entre les différents partis politiques qui par le mode des scrutins se trouvent dans différents conseils en gouvernants et opposants pour se parler et gérer les affaires publiques du pays. Telle semblait être la formule de la réconciliation nationale adoptée par le peuple de Côte d’Ivoire. Dans le contexte ivoirien dire que le pouvoir est exclusivement détenu par le FPI, c’est refuser d’admettre que le pouvoir politique n’a jamais été aussi bien « partagé » en CI que depuis l’accession du président du FPI à la magistrature suprême. C’est confondre le pouvoir politique, dans son entièreté au pouvoir présidentiel. C’est méconnaître la nature démocratique du régime ivoirien.
B)  Le FPI exploite t-il le fond doctrinal de l’ivoirité ?
Telle semble être la critique de fond que de nombreux observateurs adressent au FPI et à Laurent Gbagbo. Certains vont même jusqu’à soutenir que l’ivoirité est inscrite dans la constitution sans qu’ils ne soient capables eux-mêmes de définir ce qu’est l’ivoirité. L’ignorance en la matière a été la règle et la propagande ces deux dernières années n’ont pas laissé la place à la réflexion sérieuse sur les relations entre la philosophie politique du FPI et l’ivoirité d’une part  et entre l’ivoirité et la constitution d’autre part. Seule la première question sera abordée ici, la seconde étant laissée pour plus tard lorsque nous discuterons des reproches adressés à la Constitution. L’analyse de cette première relation nous conduira à admettre que le FPI non seulement n’est en rien responsable de la création et de la dynamique de l’ivoirité mais qu’en outre, il est le seul parti qui peut proclamer avoir été la principale victime de l’ivoirité. Victime d’une fausse accusation. Victime d’un tribalisme des défenseurs de l’ivoirité. L’ivoirité en tant que pratique est née avant l’ivoirité en tant que concept.
Il faut donc distinguer deux moments différents de notre histoire qui fondent l’ivoirité. Il y a le moment de l’ivoirité technocratique et celui de l’ivoirité tribaliste. Le premier ayant semé la graine, le second a labouré le sol pour servir au premier, ironie de l’histoire, les motifs d’une rébellion ivoiritaire et tribaliste. Qu’est ce donc à dire ?
1 – L’ivoirité technocratique
L’ivoirité en tant que pratique a été introduit en Côte d’Ivoire  en provenance de l’esprit d’un technocrate qui en 1990, après avoir été nommé Premier Ministre, n’a rien trouvé d’autre pour résoudre les problèmes des finances publiques que l’instauration de la carte de séjour.
En effet, en Côte d’Ivoire en 1989, Houphouët vieillissant, conspué par la foule pour mauvaise gestion, accusé par les bailleurs de fonds  pour surendettement, avait à faire face à une masse salariale trop élevée pour le budget de l’Etat. Le Ministre de l’Economie et des Finances d’alors proposait pour la résolution de cette crise financière la réduction de 15 à 45% des rémunérations des travailleurs ivoiriens. La rue refusa malgré l’insistance de Houphouët Boigny. C’est alors qu’en 1990 Ouattara Allassane devient Président d’un Comité Interministriel chargé de concevoir un programme de gestion de cette période. Par la suite il fut nommé Premier Ministre. C’est aussi en 1990 que Ouattara Allassane appliqua pour la première fois l’ivoirité en Côte d’Ivoire. Dans son programme de redressement économique qu’il proposa au parlement d’alors, qui l’adopta sans débats, une stratégie qui consistait, dans la pure tradition des Programmes d’Ajustement Structurels (P.A.S) à stabiliser d’abord l’économie puis à la relancer ensuite.
La stabilisation consistait pour lui, en une centaine de jours, à maîtriser les finances publiques par une réductiondrastique des dépenses de l’Etat accompagnée par un accroissement des ressources. La seconde phase, celle de la relance de l’activité devait permettre à Ouattara en bon technocrate, en dix huit mois, d’engager des privatisations d’entreprises publiques. Si dans le processus de privatisation le Premier Ministre Ouattara s’est arrangé pour acheter une partie de ce qu’il vendait, dans la stabilisation il a innové.
Ouattara expliqua alors, à l’époque, qu’il y avait trop d’étrangers indésirables en Côte d’Ivoire. Le recensement général de la population de 1988 donnait officiellement une population étrangère de 3 039 037 personnes sur un effectif total de 10 815 694, soit 28 %. Pour Ouattara, à l’époque Premier Ministre, il était inadmissible qu’il y ait autant d’étrangers qui dans notre pays profitent de biens et services publics sans débourser de contribution spécifique. Les routes, les ponts, les écoles, les centres de santé et autres services publics mis à la disposition des ivoiriens l’étaient aussi pour les étrangers sans que l’appartenance nationale ou non ne joue. Allassane Dramane Ouattara trouvait cela anormal. Sa vision technocratique de la question supposait qu’en faisant payer à chaque ressortissant étranger vivant en Côte d’Ivoire une taxe de séjour, vu le nombre d’étranger, il pourrait collecter des ressources qui auraient évité alors les réductions de salaires, qui ont failli emporter le régime de Houphouët Boigny. La taxe de séjour imaginée par ADO distinguait ainsi pour la première fois les étrangers vivant en Côte d’Ivoire des nationaux. Et parmi les étrangers la distinction était claire entre ceux venant de l’UEMOA et ceux venant de la CEDEAO. Ces deux premières catégories se distinguaient de celles des africains non-CEDEAO et des ressortissants de reste du monde non africain.
Chaque étranger devait être distingué de l’ivoirien. Cette distinction était  soumise à une taxation adossée à la carte de séjour que Ouattara imposa aux étrangers vivant en Côte d’Ivoire. L’ivoirité technocratique, fondée sur une grossière arithmétique financière venait de créer un choc dans un environnement que les étrangers vivant en Côte d’Ivoire vont subir assez durement. Surtout l’on était relativement proche de la période électorale.
Il faut à ce stade de l’argumentation se rappeler que cette période de 1989/90 devait dans l’histoire de la Côte d’Ivoire voir se dérouler des élections multipartisanes. La rue qui s’était élevée contre la réduction des salaires demandait aussi des comptes aux gouvernants et exprimait son aspiration à la démocratie libérale multipartisane. Le mur de Berlin venait de chuter. Le vent de l’est soufflait sur la Côte d’Ivoire. Les revendications démocratiques vont ainsi conduire au retour du multipartisme en Côte d’Ivoire. Dans un tel contexte les pratiques du parti unique qui, jusqu’alors,  consistaient pour Houphouët Boigny et le PDCI à désigner les députés et les maires comme s’il s’agissait de ministres  devaient cesser. Plusieurs partis politiques plus ou moins importants firent alors leur apparition sur-le-champ politique sortant ainsi de la clandestinité. Dès lors, les élections qui habituellement n’étaient que plébiscites reprenaient leurs enjeux réels. Les électeurs exigeaient alors qu’il y ait plus de transparence. Cette exigence signifiait que l’on mette de l’ordre dans le fichier électoral et que la liste des électeurs soit révisée et apurée. Le principe étant alors que ne pouvaient voter que les Ivoiriens à l’exclusion de toutes les autres nationalités.
La Côte d’Ivoire allait mettre fin à quarante années de pratique du parti unique. Pratique dans laquelle tous les résidents en Côte d’Ivoire pouvaient voter sans aucune restriction.
Brusquement, avec le multipartisme, il est demandé aux étrangers de s’abstenir de participer aux votes. Ce fut un choc sans pareil pour les étrangers vivant en Côte d’Ivoire. Le scandale des scandales. L’on attendait alors dire qu’il y avait en Côte d’Ivoire une politique d’exclusion politique des étrangers qui depuis toujours avaient voté pour la désignation du Président de la République, des députés et des maires. Cette pratique du parti unique avait fini par être considéré par les étrangers vivant en Côte d’Ivoire comme un droit à la citoyenneté. Nombreux parmi eux, jusqu’aujourd’hui, ne veulent rient admettre d’autre. Seuls les Européens s’abstenaient de voter à l’époque. Les Africains se voyaient délivrer d’ailleurs de fausses cartes d’identité par ADO en vue d’assurer le plébiscite de Houphouët Boigny très affaibli. par la crise et par la maladie.
Dans ce contexte, la carte de séjour était perçue comme une injure aux étrangers auxquels ADO demandait par ailleurs de servir de « bétail électoral » pour le PDCI dont lui même était le second personnage après Houphouët Boigny et avant Bédié. C’est ainsi, qu’une fois la loi sur la carte de séjour votée, les policiers et les forces de l’ordre qui traditionnellement se contentaient de racketter et de harceler les automobilistes,   découvraient un « nouveau produit de racketting :  L’étranger.
C’est ainsi, qu’à partir de cette conception de l’ivoirité, que les forces de l’ordre ont officiellement ouvert la chasse à l’étranger pour encaisser directement la taxe de séjour. Non seulement ADO n’a pas obtenu les recettes prévues, non seulement il n’a pas eu de programme avec le FMI et la Banque Mondiale mais en outre il venait de semer la graine de la discorde entre les ivoiriens et les étrangers dans une ambiance de multipartisme en apprentissage. Alors que certains policiers étaient envoyés pour saisir et retirer les fausses cartes d’identité distribuées pour des raisons électorales aux étrangers, d’autres couraient violer les lieux de cultes (mosquées et autres), faisaient le gué devant les marchés,  piégeaient les passants dans les coins de rues, et les gares routières à la recherche de l’étranger pour, soit lui faire payer la carte de séjour, soit le racketter. L’étranger, c’était les burkinabés, les Maliens, les Guinéens, les Ghanéens, les Béninois, les Nigériens, les Libériens, les Nigérians, les Togolais, les Camerounais et autres. Le Ministre de l’intérieur à l’époque s’appelait Lansana Palenfo (Général pushiste du CNSP de 1999 et animateur militaire du MPCI, la rébellion actuelle, branche armée du RDR )
Les harcèlements des forces de l’ordre ont, à l’époque déjà, créé beaucoup d’émotion dans les milieux musulmans dont la tenue vestimentaire est semblable à celle des ressortissants des pays voisins comme le Mali, le Burkina, la Guinée, le Niger et autres.
L’amalgame entre musulmans ivoiriens et musulmans étrangers, entre Nordistes de la Côte d’Ivoire et étranger date de cette époque. Les tracasseries administratives et policières ne distinguaient pas entre un dioula de Côte d’Ivoire et un dioula du Mali, du Burkina ou d’ailleurs. Un dioula était un dioula et il ne s’agissait que d’un terme de ralliement de plusieurs groupes ethniques du nord de la Côte d’Ivoire et de groupes ethniques venus de l’étranger.
L’ivoirité dans la version de Ouattara à été la principale source de scission de la cohésion sociale en 1990. Les étrangers, pour éviter les tracasseries liées à la carte de séjour vont se lancer dans la recherche des fausses pièces d’identité. Ouattara pour contrer cette tendance à la fraude sur la nationalité engagera avec les généraux Guéï et Palenfo la confection de carte nationale d’identité infalsifiable. C’est dans cette ambiance que Houphouët Boigny meurt et ouvre une guerre de succession sans pitié entre ceux qu’il avait positionné pour défendre son régime déclinant. Sur l’échiquier de la succession étaient en place trois civils et trois militaires. Les colonels Guéi (Défense), Bombet (Intérieur), et Tanny (Sécurité) qui étaient appuyés par trois civils dont Fologo (Secrétaire Général PDCI), Bédié (Dauphin et Président de l’Assemblée Nationale) et Ouattara (Premier Ministre). Très rapidement le jeu de la succession se jouera entre trois équipes, celles de Bédié, de Ouattara et de Guéï.
Bédié, constitutionnellement, prend le pouvoir non sans avoir essuyé les velléités de Ouattara qui s’organise par la suite avec Guéi pour, six ans plus tard, renverser Bédié en 1999. Puis Ouattara et Guéi se querellent pendant la transition  du CNPS et les soldats proches du premier désertent l’armée pour se réfugier dans le sanctuaire Burkinabé et tout cela avant l’arrivée du FPI au pouvoir en 2000. Les rebelles d’aujourd’hui, ceux du MPCI  sont les avatars des pushs manqués provoqués par l’ivoirité de Ouattara. Le FPI n’est donc pas le bourreau mais la victime de l’ivoirité qu’il a combattu toujours.
Sous l’ivoirité de Ouattara, c’est auprès du FPI que la communauté musulmane trouvait refuge. Lorsque les forces de l’ordre agressaient les musulmans sur les marchés, et  dans les mosquées c’est GBAGBO Laurent qui, le premier, s’interposait pour rappeler à Ouattara et au PDCI les amalgames dangereux à éviter. Hélas ! A la mort de Houphouët Boigny et avec l’accession de Bédié au pouvoir la graine semée par Ouattara trouve un jardinier qui théorise sur l’ivoirité. La Pratique du technocrate se renforce par une approche systématique et conceptuelle.
2 - L’ivoirité tribaliste
L’exclusion politique des étrangers des élections nationales n’est pas l’ivoirité même si cela a créé un choc et a coïncidé avec la pratique de l’ivoirité technocratique. Mais l’imposition d’une carte de séjour sur les étrangers était la source de tracasseries explosives. Avec Bédié, des intellectuels se mettent au service de la cause de l’ivoirité et théorisent là dessus. L’ivoirité devient l’esprit du nouveau contrat social proposé  par le président Bédié. Historiens, philosophes, anthrologues, géographes, juristes, économistes, écrivains et autres intellos se mettent au service de la cause qu’ils présentent comme étant base d’études et théories de l’humanisme ivoirien pour la synthèse culturelle. L’objectif pour ces intellectuels était alors de trouver dans l’ivoirité un concept fédérateur des différences entre les ethnies et tribus vivant, à l’origine, en Côte d’Ivoire. Les moyens seront dégagés pour mettre en mouvement tout le corps social ivoirien autour du thème, pour que, selon un des préfaciers, chacun s’en imprègne, s’en convainque et en soit l’ardent défenseur. L’ivoirité en tant que concept fédérateur était alors obligé  de définir ce qu’il fédère : les ethnies et les tribus vivant en Côte d’Ivoire.
Plusieurs questions se posent alors aux théoriciens de l’ivoirité qu’ils ont  d’ailleurs beaucoup de mal à traiter. Comment fédérer des tribus et ethnies d’un pays donné ? Est-ce par agrégation ? Par sommation ? Certes la carte de séjour et l’identité réglaient la question de l’étranger. Le technocrate avait réussi mais il fallait maintenant entre ivoiriens savoir comment fédérer. les ethnies et non les hommes. Au lieu de partir des citoyens, des individus, les théoriciens choisissent comme unité fondamentale l’ethnie, la tribu. Mais comment fédérer des Baoulés à des bétés, à des yacoubas, à des abrons, à des attiés et abbey etc….etc
Devant l’impossibilité épistémologique de fédérer des groupes ethniques, l’ivoirité restera tribale. Elle choisit la solution tribaliste de hiérarchiser les groupes ethniques.
Dans cette conception Bédiéiste de l’ivoirité la démocratie ne peut être que tribale avec des tribus aptes à gouverner et d’autres inaptes à la gestion des affaires publiques. D’un côté il y a les tribus issues des royaumes politiquement et socialement organisées et de l’autre des tribus dépourvues de véritables structures d’encadrement politique. Les premières laissent des traces dans l’histoire les secondes sont vite oubliées parce que des populations n’y sont pas arrivées à pousser l’organisation sociale jusqu’à la fondation de royaumes. Elles vivaient alors de chasse et de cueillette. Ce type de clivage selon Bédié a pesé sur l’organisation du pays après l’indépendance. Les tribus issues de royaumes auraient développé le sens de la hiérarchie. Mais ailleurs « les gens ont du mal à admettre les hiérarchies nouvelles y compris les hiérarchies démocratiques »( H K Bédié :Les chemins de ma vie. P21) Pour cette seconde catégorie de tribu, le chef est culturellement, soit le plus beau danseur du village, soit le plus fort au combat. Le fait de soumettre et de conditionner les hiérarchies démocratiques qui existent entre les individus dans les conceptions modernes des Etats à des hiérarchies tribales et ethniques selon les a- priori sur l’existence ou non d’origine royale donne à l’ivoirité ses bases les plus nauséabondes.
Le pouvoir d’Etat pourrait être réservé à des citoyens issus de groupes ethniques ayant une origine royale. Ainsi, les Baoulés selon cette thèse seraient originaires de l’Egypte pharaonique et auraient bousculé battu ou rusé avec de nombreux peuples pour finir par s’installer là où ils sont aujourd’hui. Ainsi Le pouvoir d’Etat ne se donne pas à des individus mais à des groupes ethniques, de préférence à ceux qui peuvent comprendre les hiérarchies démocratiques grâce aux origines royales de leurs tribus. Cette propriété se trouverait en côte d’Ivoire, selon Bédié, chez les peuples Akans et chez les nordistes. La politique se soumettrait ainsi à l’ethnie et les ethnies seraient elles mêmes hiérarchisées ; avec au sommet le groupe ethnique du Président. Cette version tribale de l’ivoirité conjuguée à la mauvaise gestion, à la corruption, aux détournements de fonds publics, conduit en 1999 à justifier un coup d’Etat en Côte d’Ivoire contre Bédié. Les commanditaires étaient Ouattara et Guéï.
Ici aussi le FPI dont le candidat à la présidence de la république était un Bété, issu d’un petit groupe ethnique comparé aux groupes ethniques dont se réclament Bédié et Ouattara, malgré le choix de l’électorat dans la transparence est considéré comme minoritaire. Lorsque les supporters de Ouattara, ou ceux de Bédié prétendent que le FPI est minoritaire en Côte d’Ivoire, ils veulent dire que les Bétés sont moins nombreux que les dioulas et les Akans et donc n’ont pas la légitimité tribale de gouverner la Côte d’Ivoire. L’ivoirité est ainsi à la base de la contestation actuelle du régime. Mais contrairement à ce que l’on peut penser à priori, le FPI n’en n’est en rien l’instigateur. Il en est la victime ; simplement parce que les adeptes de l’ivoirité considèrent que tribalement et culturellement, par ses origines (pas de royaumes) et par la taille de son groupe ethnique d’origine, Gbagbo ne peut pas être président de la république. Il est donc forcement un accident dans la succession de Houphouët Boigny qui a commencé en 1990 et qui s’est achevé en 2000. Il est tribalement minoritaire et politiquement illégitime car les Bétés n’ont pas de royaume. Et la rébellion actuelle qui se veut nordiste, dioula et musulman est philosophiquement inspirée par l’ivoirité tribale.
Pour le FPI, l’ivoirité est un concept qui ne mérite aucune attention sinon juste pour le  reconnaître et le déconseiller aux démocrates, aux républicains, et aux patriotes ivoiriens et étrangers pour qu’ils s’en méfient. Le FPI considère que pour la construction de la nation ivoirienne la dynamique de la refondation a besoin de faire la promotion de la Société de Droit et de l’Etat de droit. Hélas !!!  La rébellion vient nous rappeler que la Côte d’Ivoire a de nombreux ennemies sur le chemin de la refondation. Cette  fois c’est le droit que les ivoiriens se sont librement octroyé qui est contesté par ceux qui se sont coalisés contre le projet de construction d’une nation moderne par la voie de la liberté et de la démocratie.
3 - LA CONSTITUTION IVOIRIENNE EST INJUSTEMENT DETESTEE
Au-delà de la méprise sur les relations entre le FPI et l’ivoirité, la sympathie que de nombreuses personnes vouent à la rébellion ivoirienne trouve une explication dans l’idée que ces personnes se fonT de notre constitution. Ils sont nombreux ceux qui, sans jamais avoir lu notre constitution affirme qu’il s’y trouve inscrit l’ivoirité. Pour ce fait ces personnes condamnent la constitution ivoirienne, la trouvent détestable et en viennent même, de cœur avec les rebelles, à exiger une révision de la constitution exactement comme le souhaite le RDR. Il s’agit ici aussi d’une méprise regrettable dont nous payons tous aujourd’hui le prix. De quoi s’agit t-il ?
La côte d’Ivoire a souffert pendant plus de quarante ans des méfaits du parti unique. La longévité au pouvoir du Président Houphouët Boigny a été l’une des plus grosses faiblesses de la Côte d’Ivoire. Les erreurs de sa politique sont restées étouffées et n’ont jamais été traitées à fond. Sa succession impose aujourd’hui une rébellion armée. Après tout, Ouattara comme Bédié et Guéï étaient chacun pour une raison qui lui est propre successeur potentiel de Houphouet Boigny. La rébellion est ainsi un avatar de l’houphouétisme.
Les différentes constitutions ivoiriennes consacraient dans leur article 9 le fait qu’une même personne pouvait rester au pouvoir tant qu’elle le voulait. La constitution ne limitait pas le nombre de mandat par Président. La nouvelle constitution, celle du 1er Août 2000, en son article 35 brise ce tabou. Désormais le Président de la République n’est rééligible qu’une seule fois. Après, il laisse la place à d’autres potentiels candidats. La constitution exclue donc par ce fait qu’un homme au pouvoir y reste toute sa vie. Or, il s’agit d’un désir que certaines personnes peuvent avoir. La constitution demande leur exclusion après deux mandats. De nombreux commentateurs trouvent cette disposition qui exclu pourtant bien des gens, comme étant préférable aux anciennes qui ne faisaient pas « très démocratiques »
Par ailleurs, le dauphinat constitutionnel qui a caractérisé une bonne partie de la carrière politique de Bédié cesse aussi avec la nouvelle constitution. La première constitution de la Côte d’Ivoire, celle du 31 octobre 1960 n’avait pas de système de dauphinat. En cas de vacance de la Présidence de la République « les fonctions du Président de la République sont provisoirement exercées par une personnalité choisie au sein de l’Assemblée Nationale par son Président. Si la durée du mandat présidentiel restant à courir est égale ou inférieure à 12 mois, il n’y a pas lieu à élection du Président de la République » disait le texte. Dans le cas contraire des élections ont lieu et le mandat du Président élu expirait avec celui de l’Assemblée Nationale. Dans un cas comme dans l’autre le Président désigné ou élu devenait de plein droit Président de la République avec les rangs, pouvoirs et prérogatives. C’était l’article 11.
C’est en 1990 que l’article 11 change et inscrit le dauphinat de plein droit pour la fin du mandat en cour. Après différentes révisions l’article 11 voit ses modalités se modifier mais le dauphinat demeure la constante. La nouvelle constitution de 2000 supprime le dauphinat en exigeant, vaille que vaille, de nouvelles élections au plus tard dans les quatre vingt dix jours. Le Président élu commence un nouveau mandat. Pendant l’intérim, le Président de l’Assemblée Nationale désigné par la constitution ne peut ni nommer de Premier Ministre, ni mettre fin à leur fonction. Il ne peut ni constituer de gouvernement ni y mettre fin. Il ne peut, en outre, pas organiser de référendum ni prendre l’initiative de la révision de la constitution.
La nouvelle constitution fait appel ainsi appel  au peuple. Le dauphinat est désormais exclu de notre constitution. L’intérimaire bénéficie de pouvoirs très restreints. Il n’a ni les pleins droits, ni le temps de s’installer. De nombreux observateurs trouvent que ces nouvelles dispositions constitutionnelles sont plus démocratiques que le dauphinat alors qu’elle exclue de nombreuses attributions pour l’intérimaire. Mais personne ne s’en offusque. Pour comprendre ce qui est reproché à la constitution, il faut d’abord comprendre le code de la nationalité.
Notre code de la nationalité est une loi qui date de Décembre 1961 et qui a par la suite été révisé une fois en Décembre 1972. Ce code, fondé sur le droit du sang, défini la voie d’accès à la nationalité ivoirienne. Soit la personne concernée à l’un de ses parents ivoiriens, soit elle-même s’est naturalisée, soit enfin elle s’est mariée à un ressortissant ivoirien. Ce code n’est donc pas fermé à l’intégration dans la nationalité ivoirienne de non ivoiriens à condition que ceux-ci le veuillent. Le code de la nationalité est généreux. En outre toute personne bénéficiant de la nationalité ivoirienne peut à tout moment y renoncer pour une autre nationalité, et cela en toute liberté. La même personne peut aussi, à tout moment, demander sa réintégration à la nationalité ivoirienne par le biais d’un décret. C’est à cause de toutes les facilités octroyées par le code de la nationalité que la constitution a verrouillé l’accès à la présidence de la République pour quiconque renoncerait ne serait-ce qu’une seule fois à sa nationalité. L’article 35 la constitution de 2000 fait obligation au prétendant à la présidence de la république de n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. On peut être ivoirien et ne pas être éligible à la présidence de la république.
La constitution de 2000 exclu ainsi, naturellement, toutes les personnes qui ont déjà bénéficié de la double nationalité. Elles ne sont d’ailleurs pas les seuls à être exclus. Tous les jeunes de moins de quarante ans sont exclus de la compétition de façon arbitraire. Tous les vieux de plus de soixante quinze ans sont aussi exclus de façon arbitraire. Cette constitution exclue tous les Ivoiriens dont l’un des parents n’est pas ivoirien d’origine. Voilà encore un autre choix arbitraire. Elle exclue de la course tous les Ivoiriens naturalisés. Elle exclu tous les ivoiriens n’ayant pas vécu au moins dix années en Côte d’Ivoire dont cinq de façon continue, sauf pour les diplomates et les exilés politiques. Elle exclut les malades et les personnes de mauvaise moralité. Que d’exclus dans cette constitution ! et pourtant, c’est elle, qu’au référendum, tous les partis politiques ont appelé à voter oui. 86% des suffrages exprimés ont adopté le texte.
La constitution ivoirienne est détestée parce qu’elle est la résultante d’un coup d’Etat (celui de 1999) qui avait pour but de porter un certain homme au pouvoir. Le coup une fois réussi, une transition de dix mois permet de confectionner une constitution qui disqualifie, malheur de malheur cet homme même s’il a appelé à voter « oui ». Du coup puisqu’il y a un hic dans la stratégie initiale les partisans de cet homme, Ouattara pour ne pas le nommer, estiment , pour marquer leur infortune que cette constitution ne fait pas l’unanimité. Parce que l’unanimité c’est eux et personne d’autre.
Et la critique, oubliant que l’on n’a pas besoin de l’unanimité pour une constitution, est allée en s’enflammant. La constitution exclue des ivoiriens entend-on dire comme si cela était une découverte alors que le peuple dans sa majorité a estimé qu’il devait, dans la phase actuelle de notre histoire en être ainsi.
Il s’agit d’un arbitraire démocratique et rien ne peut sauf, la mort de la république, changer cet état des choses. La rébellion aujourd’hui, comme le RDR depuis toujours, exige la révision de la constitution parce que ces différentes exclusions seraient motivées par l’ivoirité alors qu’il n’en est rien. Il s’agit uniquement de baliser les voies d’accession à la présidence de la république. Mais il reste la question de savoir si les rebelles obtiendront par la négociation ce que le RDR n’a pas obtenu par les urnes, par la rue et par les différentes tentatives antidémocratiques pour changer les institutions de la république. Ces différentes épreuves ont l’avantage de conforter les Ivoiriens dans la foi en leur constitution. Les différentes épreuves forgent ainsi progressivement un sentiment national fort sans lequel il est impossible de bâtir une nation. La rébellion a ceci de bénéfique qu’elle nous fait prendre conscience qu’il y a, au-delà de nos groupes ethniques, une entité abstraite à laquelle nous appartenons d’abord tous. Une grande nation est ainsi en construction. Les Ivoiriens sont très nombreux à y croire désormais bien que leur constitution  soit détestée eux y croient. Et c’est cela qui compte. Telle est la limite de la liberté. Telle est la contrainte de la Démocratie.
4 - LE CODE DE LA NATIONALITE DOIT ETRE VIOLE OU REVISE
La thèse de la violation ou de la révision du code de la nationalité revient aussi très souvent dans les commentaires que nous entendons. Comment en arrive t-on à cette conclusion ?
L’argumentaire de ceux qui défendent cette thèse est présenté de façon très pernicieuse. Ecoutons-les. Depuis vingt, trente ou quarante ans vivent ici en Côte d’Ivoire de nombreux étrangers et leur descendance qui ne savent plus où aller. Ces personnes depuis le temps qu’elles vivent ici ont perdu tout contact avec leur pays d’origine sans pour autant avoir pris les soins de se naturaliser en Côte d’Ivoire leur pays d’accueil.
Plusieurs de ces personnes ont eu accès aux papiers d’identité ivoirienne soit en falsifiant les pièces d’un des deux parents, soit en corrompant l’administration pour obtenir de faux extraits d’état civil desquels les autres faux papiers dérivent. Ces personnes, dont on dit qu’elles ont toute leur vie ici et ne savent vraiment pas où aller, exigent d’être intégrées, tous à la nationalité ivoirienne. Au lieu de procéder par naturalisation elles ont préféré prendre les armes contre le code de nationalité. Elles se rebellent contre les ivoiriens. Que répondre à ce type d’arguments ?
D’abord qu’il n’y a nulle part au monde de code qui disent que lorsque le ressortissant d’un pays d’origine A décide d’aller s’installer dans un pays B, après un certain nombre d’années dix, vingt ou trente ans, cette personne perd automatiquement sa nationalité d’origine pour être automatiquement versé dans la nationalité du pays d’accueil B. Bien au contraire, dans le cas du pays A, si le code est fondé sur le droit du sang, comme c’est le cas pour la plupart des pays dont les ressortissants sont en grand nombre en Côte d’Ivoire, alors le ressortissant en question peut vivre tant qu’il voudra à l’étranger il ne perdra jamais sa nationalité d’origine. De surcroît, quel que soit le lieu où il sera, le droit du sang de la nation à laquelle il appartient à pour conséquence que toute sa progéniture aura la même nationalité que lui-même, sauf si elle décidait de se naturaliser ou si elle se mariait à des ressortissants du pays B. Alors, d’où vient-il que de nombreux burkinabé, maliens, guinéens, nigériens, nigérians, sénégalais et autres qui refusent de se naturaliser devraient être intégrés dans la nationalité ivoirienne par la force des armes ?
Ces personnes sont jusqu’à leur naturalisation régie par le code de nationalité du pays d’origine de leurs parents. Ensuite, le fait pour ses personnes de prendre les armes contre l’Etat ivoirien rend encore plus difficile leur intégration, car pour de nombreuses personnes en Côte d’Ivoire, la rébellion est doublée d’une tentative de conquête lancée sur la Côte d’Ivoire par le Burkina faso, dont le Président prétend intervenir pour défendre les intérêts de ses ressortissants vivant en Côte d’Ivoire. Selon le Président et les différentes hautes autorités du Burkina, les ressortissants burkinabé et autres étrangers seraient l’objet de tracasseries de toutes sortes en côte d’Ivoire. Le Burkina officiellement selon le recensement général de la population de 1998, avait 2.238.598 ressortissants en Côte d’Ivoire. A ce titre le burkinabé devient le second groupe ethnique  de la Côte d’Ivoire juste après le groupe Akan 4.780.797. Malgré ce fait, une question vient à l’esprit. Quelle politique les autorités burkinabés mènent-elles pour mettre autant de monde en exil en Côte d’Ivoire ?
Pourquoi le burkinabé qui ne venait en Côte d’Ivoire que pour des emplois saisonniers est-il soudainement obligé de s’exiler ? Est-ce de la déportation organisée par l’Etat burkinabé ? Est-ce le vote par les pieds pour fuir une dictature sanguinaire locale, ou bien alors ne s’agit-il que d’une technique d’envahissement de la Côte d’Ivoire par le Burkina ? La rébellion que de nombreuses personnes regardent comme un phénomène soudain n’est-elle pas l’excroissance d’un processus sournois de conquête de la Côte d’Ivoire par les pays voisins dont les ressortissants se battent aux côtés des rebelles ?
 Si non comment comprendre que la communauté internationale au lieu de blâmer les autorités burkinabés pour leurs mauvaises politiques économiques et sociales qui provoquent la migration et l’exil systématique , se soit ému que le gouvernement ivoirien ait résisté à la tentative de coup d’Etat, soutenue, financée et organisée par les autorités burkinabés, venus en appui au RDR de Ouattara le fondateur pratique de l’ivoirité ? Par quelle hasard de l’histoire le Président de Burkina faso se retrouve- t’il défenseur de l’ivoirité des gens du Nord ? Comment une minorité jugée politique par les urnes peut elle prendre les armes contre une majorité, sinon que pour proclamer, que par l’ivoirité tribaliste elle se juge supérieure aux autres groupes ethniques non organisés en parti politique ? Le RDR manifeste encore une fois son tribalisme vis à vis des autres ivoiriens qu’il juge comme etant culturellement inférieure. D’où vient il donc que les militants du RDR nourrissent une telle haine pour la CI avec l’appui d’un gouvernement voisin qui exige l’ivoirisation d’office de tous ses ressortissants.
Tout se passe comme si les voisins de la Côte d’Ivoire lui en voulaient mais pourquoi donc ?
Les populations étrangères en Côte d’Ivoire en 1998 dépassait les quatre millions avec 47% en moyenne nées en Côte d’Ivoire. Les burkinabés représentaient 56% de ces étrangers. Selon les départements où elles vivent, ces populations étrangères constituent au moins 30% de la population résidente pour Abidjan et Gagnoa et étaient proche des 45% pourAboisso et Abengourou. Les statistiques révèlent que dans l’agriculture moderne 80% des salariés sont d’origines étrangères et 51% des investissements sont réalisés par les étrangers, ce qui permet aux étrangers de réaliser 52% de la production du secteur primaire soit 15% du PIB de la Côte d’Ivoire. Mais il ne s’agit nullement d’esclaves.
Dans le secteur secondaire 24% environ des emplois sont occupés par les étrangers tandis que dans le tertiaire la part des étrangers est de 46% environ. Le commerce est contrôlé à 95% par les étrangers. A l’analyse on s’aperçoit que les étrangers ont un taux d’emplois très supérieur à la moyenne nationale. La Côte d’Ivoire ne peut donc pas, quand on est de bonne foi, être taxée de xénophobe. La nationalité s’obtient aussi facilement que l’emploi mais il faut en faire la demande. Ce n’est pas par la guerre que les deux millions de burkinabés deviendraient des ivoiriens. Le gouvernement burkinabé se trompe et met en péril l’existence même de tous ces ressortissants dont  certains n’ont pas  hésité à prendre les armes contre le pays qui les a reçus au moment ou le Burkina, le Mali, la Guinée et autre les chassaient sans différentes dictatures civiles ou militaires des années 60, 70 et 80 et 90.
Enfin, la situation des Burkinabés en  Côte d’Ivoire est présentée comme s’il s’agissait d’esclaves contraints au travail forcé. Les autorités burkinabés présentent la situation de leurs ressortissants en Côte d’Ivoire comme si ces derniers avaient été envoyés par elle en mission en Côte d’Ivoire. Or il n’en est rien. Les départs sont indépendants du gouvernement burkinabé qui très certainement a quelque part intérêt à encourager ces mouvements migratoires d’exil ou de conquête sur la Côte d’Ivoire.
Il est vrai que le PIB de   la Côte d’Ivoire représente 40% du PIB de l’UEMOA en 2000 qui est pourtant une année de faible performance pour l’économie ivoirienne. Dans le même temps le PIB du Burkina ne représente que 9,5% environ avec 9,8% pour le Mali et 18% environ pour le Sénégal. Dans l’UEMOA . Ce dynamisme de l’économie ivoirienne attire le surplus de main-d’œuvre des pays voisins, car plus de 45% des activités industriels de l’UEMOA se déroulent en Côte d’Ivoire qui assure 40% des importations de l’Union et 53% des exportations.
Les ivoiriens par ailleurs n’ont jamais fermé l’emploi et protégé le marché du travail. Les étrangers y sont plus souvent employés que les ivoiriens. Ainsi par sa générosité sur l’immigration, l’emploi, et les revenus les pays de l’UEMOA bénéficient de transferts nets de la Côte d’Ivoire de plus de 375 milliards de FCFA en 2000. Et le principal bénéficiaire de ces transferts est le Burkina 77 milliards soit 33%. Les populations burkinabés vivent en Côte d’Ivoire et rapatrient, bon an mal an, dans leur pays d’origine entre 60 et 100 milliards de FCFA. Comment est-il donc venu à l’esprit du Burkina de participer à une agression terroriste contre la Côte d’Ivoire  malgré cette imbrication forte ? Pour répondre à cette question il faut regarder les critiques formulées contre le code foncier rural adopté en 1998 par la Côte d’Ivoire. La terre agricole, ressource rare est au centre de nombreuses convoitises.
5 - LE CODE FONCIER RURAL EXPROPRIE T’IL LES ETRANGERS ?
Le problème foncier de la Côte d’Ivoire se pose avec acuité. Les burkinabés en Côte d’Ivoire sont très souvent employés dans l’agriculture. Lorsque la boucle du cacao était à l’Est de la Côte d’Ivoire les plus gros villages burkinabés se rencontraient dans les régions d’Abengourou et Aboisso où les étrangers dépassent les 40% de la population. La Côte d’Ivoire économie encore agricole n’a pas modernisé son système foncier et l’agriculture reste encore très extensive avec une pression démographique très forte de 3,8% par an comme moyenne nationale. Après l’épuisement des terres agricoles du sud-est, la boucle du cacao s’est déplacée vers l’Ouest et la pression démographique s’est exercée sur le foncier rural en absence de toute réglementation foncière moderne. La pression démographique dans les régions forestières du Sud Ouest dépasse de très loin la moyenne nationale pour se situer à plus de 8% par an.
La pression sur le foncier conduit à des conflits de droit de propriété qui restent sans issus, tellement la confusion règne entre les règles coutumières et les pratiques de l’époque du parti unique ou la terre était posée comme propriété de l’Etat alors que tous savaient qu’elle est plutôt propriété des familles, dans les villages. En outre, une règle non écrite pratiquée par Houphouët Boigny a été retenue comme principe au sens où la terre était supposée être la propriété de celui qui la mettait en valeur. Les nombreux étrangers qui ont eu le droit d’usage des sols ont, après plusieurs années d’exploitation, estimé que les terres leur appartenaient et sans se référer aux propriétaires coutumiers, plusieurs d’entre eux ont même soit vendu des terres qui ne leur appartenaient pas, soit installé de nouveaux arrivants (colons) du Burkina.
Les conflits de droit d’usage et de propriété ont envenimé le sud est à tel point qu’en 1998 l’Etat ivoirien s’est doté d’un code foncier. Selon ce code la terre ne peut appartenir qu’à des ivoiriens mais tous les étrangers qui le souhaitent pourraient passer des contrats avec les propriétaires sur un marché foncier libre. Les étrangers déjà titulaires de titres fonciers conservent leurs titres mais ne pourraient le vendre qu’à des ivoiriens. La succession n’est possible que si les descendants de l’étranger propriétaire soit naturalisé entre temps. Ici aussi la loi laisse toutes les possibilités à condition que les étrangers respectent le code foncier. Hélas, le Burkina en tête, il y a une contestation du code foncier rural ivoirien par les pays voisins, au prétexte que leurs ressortissants viendraient à être expropriés alors qu’ils n’ont d’ailleurs aucuns titres foncier sinon, la loi ne leur poserait pas de problèmes. N’est-ce pas une attitude curieuse ? Peut on exproprier quelqu’un qui n’a jamais été propriétaire ?
Rappelons qu’en 1998, le RDR soutenu aujourd’hui dans la rébellion par l’Etat burkinabé, avait voté oui pour l’adoption de ce code foncier rural comme d’ailleurs le PDCI et le FPI. Le désir de rester propriétaire du terroir est vif dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. Par quel retournement de l’histoire, ici aussi, comme avec la carte de séjour et l’ivoirité le FPI peut-il être accusé de vouloir exproprier les burkinabés installés en Côte d’Ivoire, au point d’armer une rébellion meurtrière contre les institutions de la république ? Non seulement Ouattara est à la base de l’ivoirité mais en plus son parti le RDR n’a jamais contesté le code foncier rural. Et même la convergence d’intérêt entre le RDR contestant le code de la nationalité et la constitution et l’Etat burkinabé  contestant le code de la nationalité et le code foncier conduit à ce type de résultat. Le RDR, parti pushiste, est ainsi en intelligence avec l’étranger pour conquérir la Côte d’Ivoire. Mais au compte de qui ? La question demeure aussi de savoir si par la rébellion le Burkina fera abroger le code de la nationalité. Le RDR, comme le Burkina, ne souhaite donc pas ainsi qu’une stratégie d’identification ait lieu, pour extraire les étrangers et les détenteurs de faux papiers des fichiers d’état civil. D’où une autre critique contre l’Etat ivoirien. Quelle machine extraordinaire de conquête et de colonisation de la Côte d’Ivoire ! Les ivoiriens, hélas, mille fois hélas, la démonterons.

6 - LA LOI SUR L’IDENTIFICATION DES PERSONNES EST ELLE INIQUE
En Côte d’Ivoire, la tradition a été de ne pas avoir de fichier d’Etat civil clair. Plus de la moitié de la population ne dispose pas de papiers qu’il aurait fallu, dans un Etat moderne, avoir pour appartenir à la nation.
Dans la refondation la doctrine politique est l’économie sociale de marché. Cette économie de marché pour être sociale doit être riche et pour être riche il lui faut, non pas rechercher uniquement des revenus élevés, mais aussi et surtout accroître le capital dans le pays. Le capital est une conséquence des progrès que l’homme réalise chaque jour. Le capital ce n’est pas l’argent ou le salaire que l’on a. Le développement des pays dépend avant tout du capital par tête qui est à la source du produit par tête qui donne à son tour  le revenu par tête. La Côte d’Ivoire qui doit sortir de la trappe à pauvreté à plus que besoin d’élever le capital par tête dans tous les secteurs d’activité. C’est la part du capital par tête qui pousse à la hausse la productivité qui devient source de nouvelle production qui enrichi la nation.
Or en Côte d’Ivoire, le potentiel énorme de notre pays et le dynamisme de la population, reste encore des valeurs dormantes. Pour transformer ces potentiels et ce dynamisme en source d’efficacité capable d’impulser plus fortement le développement il faut en faire du capital. La transformation commence le jour où chaque bien, chaque objet, commencent à avoir en propriétaire. Le droit de la propriété est cette baguette magique qui transforme les biens en capital. Ecoutons à ce sujet Hernando de Soto un penseur peruvien dans « les mystères du capital », qui explique que c’est la protection des droits de la propriété et donc leur définition précise qui est au commencement du processus.
 « En se développant, les régimes de propriété des pays occidentaux ont donné naissance, imperceptiblement, à divers mécanismes,  qui se sont graduellement réunis dans un processus qui a fabriqué du capital comme jamais auparavant. Nous avons beau utiliser constamment ces mécanismes, nous ne sommes pas conscients qu’ils servent à générer du capital car ils ne sont étiquetés comme tels.
Ils nous apparaissent comme des parties du système de protection de la propriété, non comme des mécanismes imbriqués destinés à fixer le potentiel économique des biens afin que ceux-ci puissent être convertis en capital. En d’autres termes, ce qui crée le capital en occident est un processus implicite enfoui sous la complexité des régimes de propriétés formels.
Cela peut paraître trop simple ou trop compliqué. Mais demandons-nous s’il est possible d’utiliser de façon productive les biens qui n’appartiendraient pas à quelque chose ou à quelqu’un. Où confirmer l’existence de ces biens et les transactions destinées à les transformer et à élever leur productivité, si ce n’est dans le contexte d’un régime de propriété formel ? Où inscrire les caractéristiques économiques notoires des biens si ce n’est dans le registre et les titres fournis par un tel régime ? C’est la propriété formelle qui apporte le processus, le formalisme et les règles de fixation des biens dans un état qui permettra de les réaliser en tant que capital actif » L’auteur poursuit en expliquant des choses d’une puissance indéniable « l’essentiel de la propriété formelle peut aisément servir de garantie d’emprunt, d’apport lors d’un investissement, d’adresse pour le recouvrement des dettes, intérêt et impôts, de résidence pour l’identification des personnes à des fins commerciales, judiciaires ou civiques, ou encore de point de branchement fiable pour le réseau public d’électricité, d’eau, d’assainissement, de téléphone ou de télévision. Que de bâtiments des pays développés servent d’abri ou de lieu de travail, leur représentation mènent une vie parallèle, elles comportent diverses fonctions supplémentaires servant à garantir les intérêts d’autres partis » (P 38)
Ce formalisme commence par identifier d’abord les hommes, les populations. Savoir qui est qui ?  Qui vit où ?  Qui a quoi ?  Qui sait faire quoi ?  Qui vient d’où ?  Qui va où ? donne la clé d’accès au capital vivant.
Identifier le potentiel de propriétaires et le potentiel des biens commence par la description et l’organisation des activités de chacun. Ces informations sont préservées dans un registre d’Etat civil et elles servent à donner de la valeur au titre de propriété. Les biens eux aussi sont enregistrés de même que les hommes. Le processus d’appropriation des biens par les hommes devient un transformateur de valeur lorsqu’il est régi par une série de règles juridiques précises et détaillées qui établissent des liens entre les hommes au sujet de l’utilisation des biens. Recenser les populations, les identifier et organiser toutes ces informations donnent à la population et à l’Etat la capacité de contrôler la valeur potentielle des biens et des hommes. L’identification, l’état civil sont à la base de la propriété formelle et donc à celle de la naissance du capital. L’identification assure la société qu’elle peut vivre en toute confiance. Identifier les hommes, définir les droits de la propriété sur les biens, relier les hommes et les biens fait naître le capital dans une société   donnée. C’est pour cela que le code foncier rural est devenu une pièce maîtresse dans la stratégie de modernisation de la Côte d’Ivoire. Qui est propriétaire ? A t’il le droit de vendre le bien en question ? Comment exclure l’autre de l’usage de ce qui ne lui appartient pas ? Comment contracter avec l’autre ? Qui est l’autre ?
En vue de moderniser l’Etat de Côte d’Ivoire, le régime s’est donné une loi sur l’identification des personnes. Cette loi, par l’enregistrement de chaque personnes vivant en Côte d’Ivoire, augmente par ailleurs le potentiel d’information sur la sécurité des biens et des personnes. Les empreintes digitales enregistrées et répertoriées amélioreraient les informations de la police judiciaire et faciliteraient la chasse contre les criminels qui ne respecteraient pas la loi ou leur contrat. Aucune économie moderne ne peut se construire sans ce type d’informations utiles à la propriété et à la sécurité garantes de la liberté démocratique. En Côte d’Ivoire, aucun fichier de ce genre n’existe. Ni les hommes, ni les biens ne sont identifiés et fichés.
La criminalité a dépassé les limites inacceptables. L’économie informelle est devenue à la fois la règle et l’adversaire le plus redoutable de l’économie formelle. La refondation a décidé d’y mettre de l’ordre et cela dérange à la fois le RDR et le Burkina.
Pour le RDR le processus d’identification dévoilera aux  yeux du monde que l’électorat de ce parti est essentiellement constitué de ressortissants de pays voisins qui parce qu’ils vivent en Côte d’Ivoire estiment qu’ils sont devenus ivoiriens et doivent à ce titre être enregistrés. Chose que n’autorise ni le code de la nationalité et la loi sur l’identification. Certes on peut penser qu’il y a de nombreux ivoiriens militants et sympathisants du RDR mais pourquoi sont-ils aller chercher du renfort au Burkina et à l’étranger ? Quoi qu’il en soit, il est dit une chose. La carte d’identité nationale pour les Ivoiriens et la carte de séjourpour les étrangers. D’ailleurs à défaut de l’avoir abrogé, la loi sur l’identification modifie et assouplit les conditions de l’identification pour les étrangers vivant en Côte d’Ivoire. Le coût financier a baissé, même s’il faut payer en une fois, tandis que la durée de validité a été prolongée. Hélas !!!  Le RDR exige simplement que tous les étrangers vivant en Côte d’Ivoire soient purement et simplement considérés comme des ivoiriens. Cela aussi dans le but de faire arrêter de force le processus. La rébellion a de même pour objectif de faire arrêter de force ce processus d’identification. L’Etat Burkinabé préfère une Côte d’Ivoire pauvre et informelle alors que le peuple burkinabé a intérêt que la Côte d’Ivoire soit mieux organisée et prospère.
L’Etat Burkinabé, dont la plupart des ressortissants vivants ici et qui s’occupent dans l’agriculture, estime que le processus d’identification qui permettra de classer toutes ces personnes comme étrangères à la  nationalité ivoirienne les exclurait automatiquement du schéma d’accession à la propriété foncière rurale.
L’Etat Burkinabé estime que la terre en Côte d’Ivoire doit être libre d’accès et que ses ressortissants soient reconnus comme étant soit des ivoiriens (puisqu’ils vivent ici depuis très longtemps déjà) soit propriétaires fonciers (même s’ils n’ont aucun titres fonciers rural contrairement aux européens et à d’autres africains). L’Etat Burkinabé participe à la rébellion contre l’Etat ivoirien pour faire arrêter le processus d’identification qui mettrait à jour la colonisation sournoise de la Côte d’Ivoire pas le Burkina Faso. Le Burkina avait un intérêt réel de déstabiliser la Côte d’Ivoire, le RDR aussi. Politiquement le Burkina Faso utiliserait le RDR pour contrôler le pouvoir et donc la réglementation du séjour, de l’identification et de l’appropriation de la terre. Allassane Ouattara n’est qu’un instrument aux mains de Blaise Compaoré pour atteindre l’objectif de la colonisation de la Côte d’Ivoire.
Après les différents échecs électoraux du RDR, l’Etat du Burkina Faso s’est investit dans l’œuvre du renversement violent du régime ivoirien. Peine perdue. Il nous faut cependant nous expliquer avec le RDR et le Burkina. Cependant, l’attaque organisée par les rebelles du RDR n’aurait pas été aussi forte s’ils n’avaient pas eu des moyens financiers énormes. La question demeure de savoir à part le chef de l’Etat burkinabé qui d’autre avait intérêt à soutenir la rébellion en Côte d’Ivoire ? En attendant d’y voir clair, ébauchons des hypothèses fortes.
7 - LE FINANCEMENT DE LA REBELLION RESTE À ELUCIDER
Trois différentes pistes sont aujourd’hui à suivre pour parvenir aux sources de financement de la rébellion si l’on met de côté les bailleurs de fonds traditionnels du RDR :  C’est-à-dire les militants, la direction et les donateurs divers. Pour une opération de cette envergure la rébellion a bénéficié d’énormes sources. A défaut de les désigner et de les accuser posons simplement la question de savoir qui avait intérêt à ce qu’il survienne en Côte d’Ivoire ce type de catastrophe et pourquoi maintenant.
En la matière il y a ceux qui négocient des contrats de concession de services publics et qui ne souhaitent pas « aller au marché »  transparent, préférant le gré à gré corrupteur, ceux qui avaient du cacao en stock et qui voulaient profiter de la période de forte demande pour étrangler l’offre et dégager des plus value extraordinaires et ceux qui pour des raisons religieuses peuvent estimer que la rébellion est une occasion d’instauration d’un régime islamiste en Côte d’Ivoire. Les intérêts ne sont pas les mêmes pour ces trois groupes de personnes coalisés ; mais ils peuvent se coaliser autour d’un même objectif. Ils ont probablement été encouragés  discrètement par certaines classes politiques bien informées et bien renseignées en général. Les recherches doivent continuer en la matière pour nous permettre de comprendre ce qui s’est réellement passé.
8 - LA TRAHISON DE LA FRANCE SELON L’OPINION
Ce n’est pas la première fois que l’Etat français est pris en flagrant délit de non-respect de ses engagements. Déjà à la fin des années 80, alors qu’il était évident que des problèmes de moyens de paiements internationaux se poseraient à la Côte d’Ivoire, la France au lieu de faire jouer les accords de coopération monétaire a préféré se cacher derrière une certaine doctrine Balladur, selon laquelle pour arriver au Trésor Français il fallait d’abord passer par le FMI et la Banque Mondiale à Washington. La France tuait ainsi De Gaulle pour ne pas avoir à respecter ses engagements. Une dévaluation nominale du 100% du FCFA à eu lieu avec des mesures d’accompagnement mal organisées. C’était en 1994. Et l’on connaît la suite.
Cette fois, en 2002 ce sont les accords de défense et de coopération militaire qui sont mis à l’épreuve. Leur application surprend la France qui explique qu’elle ne peut les appliquer par manque de preuves. Une fois les preuves réunies elle s’aperçoit que les accords sont caducs. Cette attitude de Paris a créé beaucoup d’émotions en Côte d’Ivoire et a ainsi alimenté un fort sentiment anti français dans notre pays. L’avenir nous dira comment gérer ces relations dans un nouveau partenariat, tenant compte de la mondialisation, de notre pauvreté et de notre expérience actuelle.

9 - CONCLUSION
Au total, une grande coalition s’est organisée pour « rectifier » la refondation ivoirienne. Elle n’a pas encore réussi mais on ne peut pas dire qu’elle a échoué. Les pays voisins de la Côte d’Ivoire à la tête desquels le Burkina se sont trompé sur la nature du conflit. Il ne s’agit ni d’une guerre religieuse, ni d’une mutinerie, mais d’une rébellion armée qui est doublée d’une volonté de conquête de notre pays par le Burkina Faso.
Nous devons désormais ne pas nous tromper de combat. Trop de gens ont intérêt à ne pas voir la refondation réussir. Ceux qui ne veulent pas de la constitution (le RDR), vont rencontrer ceux qui ne veulent pas du code de la nationalité (le RDR et le Burkina Faso) et ceux qui ne veulent pas du code foncier rural et de l’identification des personnes (le Burkina Faso et le RDR). Cette coalition a eu l’appui de bailleurs de fonds qui ont réussi à bloquer les réformes de la filière cacao et ceux désireux de négocier hors marché les renouvellements de contrats de concession.
Cette équipe a reçu l’appui de tous ceux qui ne supportent pas que l’on ait découvert qu’ils avaient des comptabilités multiples fraudant impunément avec le fisc ivoirien.
Cette rébellion a quand même l’avantage de créer un sentiment national fort. Une nation est née. Elle est un melting pot extraordinaire d’ivoiriens d’origines comme d’ivoiriens d’adoption sans hiérarchie aucune entre eux. Ils aiment leur pays. Elle naît aussi avec l’appui des amis de la Côte d’Ivoire ici et dans les pays voisins et même plus loin. Aucun sentiment anti étrangers n’est cependant né. Les Ivoiriens savent faire la différence entre les rebelles et les autres. Entre les Etats voisins et les populations de ces Etats.
Les chefs d’Etat de la CEDEAO doivent accepter maintenant de poser des questions claires à Blaise Compaoré sur les raisons de son désir de coloniser la Côte d’Ivoire et pour le compte de qui il travaille. Car il est à peine pensable qu’impuissant à faire face à la demande de prospérité du peuple burkinabé, le Chef de l’Etat de ce pays en vienne brusquement à se préoccuper de ceux qui ont fuit sa politique au Burkina.
Nous ne savons pas encore tout ce qu’il nous faudrait savoir au sujet de cette rébellion. Aujourd’hui la Côte d’Ivoire paye le prix de son ignorance. Si arrachant le masque de la rébellion vous lui demandez : qui es-tu ? elle vous répondra, je suis la haine de l’ordre que je ne sais établir et dont je dépens si fortement, je hais ce que le peuple est en train de bâtir alors que je le croyais incapable de quoi que ce soit, c’est pourquoi je me nomme rébellion, c’est à dire colonisation et rectification de la refondation.

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