Dans une déclaration rendue publique le 6 février 2011, Hama Ag Sid’Ahmed, Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement Touareg Nord du Mali, fait savoir que Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, met en garde les autorités centrales maliennes et annonce la possible rapide dégradation de la situation dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Bahanga ainsi que les cadres de son Mouvement se plaignent du mépris du président malien à l’égard des Touaregs. Un président qui a profité du sursis accordé par le Mouvement touareg, suite aux accords de "paix", pour permettre aux islamistes de l’AQMI d’investir le pays touareg, comme l’Etat algérien les a installés en Kabylie. Drôle de coïncidence : deux foyers de la résistance berbère investis par l’AQMI !!
Que Bahanga mette en garde l’Etat malien, qu’il menace de reprise des hostilités militaires, pourquoi pas ? D’autant plus que nous avons à faire à un régime qui ne mérite aucune confiance et qui n’a aucune intention de s’engager dans l’amélioration de la situation des citoyens et encore moins dans la résolution de la question touarègue. Alors si c’est pour reprendre les armes et les hostilités militaires contre l’Etat malien pour se remettre, une énième fois, à la table des négociations, à quoi cela va servir, si ce n’est pour en faire des victimes innocentes au sein de la jeunesse touarègue, une jeunesse qui pourra plutôt servir à la construction d’un avenir meilleur pour la nation touarègue.
Bahanga et son Mouvement, mais également l’ensemble des Touaregs doivent songer sérieusement à l’avenir de leur pays. Tout comme les Berbères du Nord, les Touaregs ne peuvent faire l’économie d’une véritable lutte pour la libération nationale. Le mépris de l’Etat malien à l’égard des Touaregs, comme celui de l’Etat nigérien et l’ensemble des Etats d’Afrique du Nord, est une expression naturelle fondée sur une idéologie qui a programmé l’éradication de l’amazighité. C’est pourquoi les Touaregs, comme l’ensemble des Berbères, n’ont d’autre choix que de revoir leur stratégie et de recentrer leurs luttes sur des objectifs plus clairs.
Le Mouvement touareg se doit de tirer les conclusions de quelques décennies de conflits armés, ponctués de négociations souvent orchestrées par la France et l’Algérie, avec les Etats malien et nigérien et éviter d’engager la jeunesse touarègue dans des combats inutiles voire nuisibles à la cause touarègue. Les Touaregs ont les moyens, et ils l’ont démontré à maintes reprises, de libérer leur territoire et de le doter d’institutions touarègues et se débarrasser ainsi définitivement d’Etats illégitimes et corrompus qui n’ont pas à soumettre le peuple touareg. Est-il nécessaire d’ailleurs de rappeler que ces Etats sont la fabrication du colonialisme français ?
Nous publions ci-après l’intégralité de la déclaration de Hama Ag Sid’Ahmed, Porte parole chargé des Relations Extérieures du Mouvement touareg du Nord Mali.
Masin Ferkal.
Le Mouvement Touareg Nord du Mali menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako.
Le président de la République du Mali vient célébrer à Kidal, les 7 et 8 février 2011, de nouvelles festivités du Cinquantenaire (de l’indépendance). Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le "Projet local de récupération des armes légères", en lien avec la Cellule nationale contre la prolifération des armes légères qui a son siège à la Présidence de la république (financée par l’ONU et certains partenaires européens).
Depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes, afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une "Flamme de la paix" le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal.
Nous informons la presse locale et internationale que le Mouvement Touareg porté par Ibrahim Ag Bahanga, de même que les cadres politiques du mouvement, ne sont pas concernés par ce "bricolage politique" qui aura lieu à Kidal les 7 et 8 février 2011.
Le Mouvement porté par Ibrahim Ag Bahanga regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans.
La bougie de la paix et de développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera hélas pas allumée à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, rappelle qu’en novembre 2010, des rencontres informelles ont eu lieu en Libye avec des émissaires de Bamako et qu’un document politique leur a été remis. Le Mouvement y proposait des pistes de sortie de crise concernant entre autres les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako.
Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de "Flamme de la paix" sans tenir compte du Mouvement. Une forme de provocation.
La Communauté internationale et les pays de la Région peuvent traduire sans se tromper que le pouvoir de Bamako se désintéresse de la problématique touareg. Pourtant une partie importante des combattants Touareg avaient déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris. Et le gouvernement malien a profité de ce désarmement d’une partie importante des Touareg, pour laisser toutes les chances à son partenaire-AQMI d’occuper l’espace Touareg et de s’y enraciner.
Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion de l’Aqmi dans la Région et lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire malien pour mener des actions dans les pays limitrophes. Le Mouvement Touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en œuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec Aqmi.
C’est pourquoi Ibrahim Ag Bahanga met en garde les autorités centrales maliennes. Si elles ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord malien une réorganisation de la structure militaire du mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.
Hama Ag Sid’Ahmed
Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement
Le 6 février 2011.