lundi 9 janvier 2012

Meurtre d'un policier d'Hendaye en Côte d'Ivoire : « la durée de l'instruction est une torture »


Lundi 9 janvier 2012 à 06h00 | Mis à jour le 9 janvier 2012 

 Par Véronique Fourcade

La famille de Michel Niaucel, policier en mission pour l'Union européenne, tué il y a cinq ans à Abidjan, demande la clôture de l'instruction

C'est dans cette maison d'Abidjan que Carine Niaucel a administré à son époux Michel Niaucel des mélanges de médicaments envoyés en Côte d'Ivoire par une complice.

C'est dans cette maison d'Abidjan que Carine Niaucel a administré à son époux Michel Niaucel des mélanges de médicaments envoyés en Côte d'Ivoire par une complice. (AFP)

Le triste anniversaire des cinq ans de la mort de Michel Niaucel arrive à grands pas : le 7 février 2007, cet ancien commandant de police d'Hendaye, recruté par l'Union européenne pour assurer la sécurité de ses ressortissants en Côte d'Ivoire, était tué par balle dans sa maison d'Abidjan.
Cela fera bientôt cinq ans que sa famille - ses trois enfants, ses frères et sœurs - attendent des réponses, des explications, un procès et un verdict. Car la justice a assez rapidement mis la main sur celle soupçonnée d'être l'auteur du crime : la veuve de la victime, Carine Blanc épouse Niaucel, placée en détention pour assassinat avant d'être libérée sous contrôle judiciaire dix-huit mois plus tard.
Lorsqu'elle a été entendue à Abidjan puis en France, dans le bureau du juge parisien Alain Cadet (1), Carine Blanc a reconnu l'utilisation du 357 magnum de son époux, mais selon elle le tir aurait été accidentel. Tout comme elle a admis avoir administré un cocktail médicamenteux à deux reprises.
Son avocat parisien, Philippe Sarda, a bataillé sur les expertises balistiques, mais les deux collèges d'experts ont conclu dans le même sens, pointant la culpabilité de Carine Blanc. La conviction du magistrat instructeur semble acquise mais, depuis deux ans et demi, plus aucun acte n'a été réalisé.
Instruction au point mort
Pour quelle raison ? « Mystère » répond Me Sarda, qui, dans son rôle de défenseur, n'a aucune raison de se plaindre de cette situation.
Le parquet de Paris pas plus que le juge d'instruction n'ont donné suite aux demandes réitérées de « Sud Ouest » dans ce dossier. Les demandes de l'avocat bayonnais de la famille du défunt, Antoine Tugas, sont également sans réponse.
Parents et enfants de Michel Niaucel ont décidé de s'interroger publiquement sur les lenteurs de la justice.
« Les droits des victimes sont bafoués dans cette affaire. Nous n'avons pas bougé jusqu'à maintenant. Nous avons respecté le travail d'investigation et celui des magistrats, mais désormais c'en est trop. Nous demandons la clôture de l'instruction » expliquent les deux aînés de Michel Niaucel.
Statut diplomatique
Michel Niaucel avait 54 ans. Ancien commandant de police originaire d'Hendaye, il était entré au service de l'Union européenne. Sous statut diplomatique, il était chargé, depuis 2002, d'organiser des déplacements ou même, lors d'épisodes de guerre civile, de l'évacuation des ressortissants européens dans ce pays d'Afrique. Très rapidement, les policiers français venus épauler leurs collègues ivoiriens dans l'enquête sur ce crime peu ordinaire se tournent vers Carine Niaucel : la victime a été touchée au thorax avec son arme de service et les explications données par la veuve ne tiennent pas.
« Carine Niaucel a fini par reconnaître avoir administré des mélanges de médicaments envoyés en Côte d'Ivoire par une complice. Cette dernière avait dérobé des neuroleptiques, sédatifs et antipsychotiques sur son lieu de travail, un centre médico-psychologique de Bordeaux », rapporte le beau-frère de Michel Niaucel.
Les deux femmes ont été incarcérées mi-février 2007. L'épouse a été mise en examen pour assassinat et tentative d'assassinat et la fournisseuse de médicaments pour complicité.
« La durée excessive de l'instruction est une torture pour nous », déplorent les enfants de Michel Niaucel. Surtout depuis que leur ex-belle-mère a été libérée de prison, placée sous contrôle judiciaire. « Elle a pu sortir le 8 août 2008. Elle vit dans la maison de notre père et il nous est arrivé de la croiser. C'est très dur. »
(1) L'instruction est ouverte à Paris puisque le crime a été perpétré à l'étranger.

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