Publié le lundi 17 janvier 2011 | Nord-Sud
Le porte-parole de la Commission Electorale Indépendante, Bamba Yacouba, a échangé, le week-end dernier, en France avec de nombreux Ivoiriens, Africains, Français sur le processus électoral. Nous vous proposons ci-dessous quelques pans de son exposé liminaire, riche en révélations.
(…) Le vote
Au terme du premier tour du scrutin, n’ayant pu obtenir la majorité absolue au profit d’un des 14 candidats, les deux candidats arrivés en tête, les candidats Gbagbo Laurent et Ouattara Alassane, se sont retrouvés au second tour avec respectivement 1.756.504 voix soit 38,04% des suffrages exprimés et 1.481.091 voix soit 32,07% des suffrages exprimés.
A la fin des opérations de vote, chaque président de bureau de vote a procédé au dépouillement des bulletins, en présence des représentants de chacun des candidats et des observateurs nationaux et internationaux présents (…)
Le président de chaque bureau de vote a procédé à la proclamation des résultats provisoires obtenus et à leur affichage. Il est à noter que les présidents des bureaux de vote et les secrétaires ont été pour la plupart recrutés sur une liste des fonctionnaires et agents de l’Etat mise à la disposition de la CEI par le Corps Préfectoral.
Les membres des bureaux de vote ont immédiatement transmis sous couvre-feu, les procès verbaux accompagnés des pièces qui doivent y être annexées aux 415 Commissions Electorales Locales (CEL) réparties sur toute l’étendue du territoire national et à l’étranger. Le travail des CEL a été sanctionné par des procès-verbaux de recensement général des votes, dûment signés également par les délégués des candidats présents, par les présidents des CEL et leurs vice-présidents tous de sensibilités différentes. Le président de la CEL procède à une proclamation des résultats provisoires, au niveau national et par circonscription administrative en présence des représentants présents des candidats.
Les résultats
Après la proclamation des résultats provisoires du scrutin au niveau de la circonscription administrative, les procès-verbaux accompagnés des pièces justificatives ont été transmis à la CEI par les Superviseurs, qui ont alors procédé aux opérations de collecte au niveau national et à la consolidation des résultats proclamés en région. Le processus de consolidation n’est rien d’autre qu’un recomptage.
La CEI a, au fur et à mesure de la réception, communiqué au Conseil Constitutionnel, au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Côte d’Ivoire et au Représentant Spécial du Facilitateur, un exemplaire des procès-verbaux, accompagné des pièces justificatives, dans les trois (03) jours qui suivent le scrutin conformément aux dispositions de la loi électorale.
Ce sont ces procès-verbaux de dépouillement des votes que le Conseil Constitutionnel devait recevoir de la CEI dans les trois jours à compter du scrutin et non les résultats issus des opérations de collecte comme il a essayé de le faire croire. Aucune disposition de la loi électorale ne prescrit de délai à la CEI pour proclamer les résultats provisoires. Le travail du Conseil Constitutionnel ne commence que lorsque la CEI a proclamé les résultats provisoires et pas avant. Quand on parle de respect des institutions, le bon sens voudrait que l’on respecte d’abord celle en charge des élections en Côte d’Ivoire qui est la CEI.
La CEI a reçu un courrier d’une requête du camp présidentiel aux fins d’invalidation des résultats dans cinq (5) régions, à savoir la région de la Vallée du Bandama, des Savanes, du Worodougou, du Denguélé et du Bafing.
La Commission Centrale, après débats, a opposé une fin de non-recevoir car, ne relevant pas de ses compétences, à l’examen de cette requête tout comme elle l’a fait lors du premier tour lorsqu’elle a reçu les requêtes preuves à l’appui, du PDCI-RDA et du RDR aux fins d’invalidation des résultats dans les régions forestières, du Sud, du Sud-ouest et du district d’Abidjan.
La tentative de corruption
Porte- parole de la CEI, faisant suite à un refus de tentative de corruption après la proclamation des premiers résultats de la diaspora, j’ai personnellement été victime devant les caméras du monde entier, d’une agression commise par les Commissaires Damana Adia Pickas et Tokpa Véi Etienne, tous deux membres de LMP et proches du candidat Gbagbo Laurent avec pour objectif d’empêcher par tous les moyens l’annonce des résultats par la CEI.
Cette situation sans précédent pilotée depuis la Présidence de la République était précédée par une sortie musclée sur les médias du porte- parole du candidat Gbagbo, M. Pascal Affi N’Guessan, du départ de la Télévision nationale qui a démonté sans raison valable ses installations techniques de la CEI. Les autres organes de presse nationale et internationale ont, quant à eux, été purement et simplement chassés des lieux sans aucune forme de procès par des éléments de la Garde Républicaine, du CECOS et des miliciens identifiables avec des casquettes rouges.
Le départ au Golf
Ces hommes conduits par le Capitaine Blé sont venus spontanément dans des cargos militaires, armes aux poings et ont pris le contrôle de la CEI au grand étonnement des Commissaires Centraux.
Devant l’impossibilité constatée de proclamer les résultats dans les locaux de la CEI, des menaces qui pesaient sur les responsables de la CEI et de la transformation de la CEI en un véritable camp militaire, le Président de la CEI M. Youssouf Bakayoko n’a eu d’autre choix que de proclamer les résultats validés par la Commission Centrale, dans les locaux de l’hôtel du Golf, seul endroit à Abidjan, placé sous la sécurité des forces impartiales depuis 2003. Il est important de souligner que la loi ne fait aucune obligation à la CEI ni d’annoncer les résultats en un lieu quelconque ni en présence d’un collège donné.
Les chiffres officiels du second tour, sont les suivants:
-Nombre d’inscrits : 5 725 721
-Nombre de votants : 4 689 366
-Bulletins nuls : 99147
-Suffrages exprimés : 4 590 219
-Taux de Participation : 81,12%
-Ont obtenu :
-Gbagbo Laurent :
2 107 055 soit 45,90%
- Ouattara Alassane :
2 483 164 soit 54,10%
Le vote de 13 départements annulé
Dans sa décision lue à la Télévision nationale, le 03 décembre 2010, le Conseil Constitutionnel a entériné les résultats de la CEI, puis a pris l’initiative malheureuse d’annuler les résultats relatifs à treize départements et non sept comme annoncé par lui. Il a manifestement outrepassé ses pouvoirs.
Au total, ce sont les départements de Bouaké, Korhogo, Ferkessédougou, Katiola, Boundiali, Dabakala, Séguéla, Botro, Niakaramandougou, Kouto, Ouangolodougou, Sinématiali et Kani qui ont vu leur vote annulé.
Les résultats de la CEI sont identiques à ceux qu’a trouvés Monsieur Young Jin Choi, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU en Côte-d’Ivoire, et M. Badini, Représentant du Facilitateur du dialogue direct en Côte d’Ivoire eux aussi destinataires des procès-verbaux de dépouillement.
La certification de M. Choi a été sollicitée et acceptée par les Parties Ivoiriennes en 2005 dans le cadre de l’accord de Pretoria sous la présidence du président Thabo Mbeki , entériné par une Résolution de l’ONU en 2007 puis réaffirmé dans le cadre de l’Accord Politique de Ouagadougou signé par le président sortant Gbagbo Laurent et le Premier ministre, Soro Guillaume.
Les rapports des préfets adressés au Ministre de l’intérieur et au Premier ministre, ceux du Centre de commandement intégré (CCI), des Observateurs Nationaux et Internationaux, notamment l’Union Européenne, l’Union Africaine, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Organisation Internationale de la Francophonie, la Fondation Carter, du Japon, tous présents sur le terrain des opérations, ont fait état d’un scrutin organisé de manière satisfaisante dans les régions (CNO) contrairement à certaines régions de la partie gouvernementale de l’ouest où l’on a enregistré des morts d’hommes, des urnes emportées, des empêchements de vote précisément à Gboguhé et Gonaté dans le département de Daloa pour ne citer que ces localités.
La forfaiture de Yao-N’Dré
Au titre de l’article 64 du code électoral, le Conseil Constitutionnel n’avait pas à inverser les résultats proclamés par la CEI, comme il l’a fait. Il devrait entériner ces résultats ou tout au plus, annuler le scrutin dans son entièreté afin que la CEI le reprenne dans quarante-cinq jours.
Le second tour a montré une hausse de participation dans les régions CNO du fait de l’appel du candidat Bédié à voter pour le candidat Ouattara et autres ralliements ; ce qui fait que même en annulant les résultats des départements visés par le clan présidentiel, le candidat Ouattara Alassane arrive toujours en tête. Cela a également été confirmé par le Représentant Spécial du Secrétaire éénéral des Nations Unies.
Il convient de répondre à certaines personnes qui indiquent que l’une des preuves de la supposée fraude soit le fait que le candidat Gbagbo n’ait pas pu obtenir même une voix dans certains bureaux de vote alors qu’il avait 2 représentants. Notons à cet effet que la plupart des représentants du candidat Gbagbo en zone CNO n’étaient pas inscrits sur la liste électorale donc n’étaient pas électeurs et, sont venus d’Abidjan. Nous avions une liste des personnels d’astreinte qui eux, pouvaient voter là où ils se trouvaient. Les représentants des candidats ne figurent pas sur la liste de personnels d’astreinte.
Enfin, il faut tout mettre en œuvre pour que la volonté du peuple soit respectée face à ce holp-up électoral qui n’honore ni leur auteur ni la Côte d’Ivoire encore moins l’Afrique.
Fait à Paris le 14 Janvier 2011
BAMBA Yacouba
Porte-parole de la CEI
Droit de réponse: http://criseivoirienne.livejournal.com/4966.html
RépondreSupprimersans oublier http://www.interwatch.org ni http://criseivoirienne.livejournal.com/2371.html