lundi 30 mars 2009

" Les Forces de l’ordre prenaient de l’argent "

Entretien / Anzouan Kacou (Président de la Commission d’organisation de la FIF)
Nous avons les preuves

mardi 31 mars 2009 par Alphonse CAMARA

Voici tous les tarifs d’entrée au stade
Combien de billets avez-vous vendus pour le match Côte d’Ivoire-Malawie ? Anzouan Kacou : Nous avons vendu pour ce match, 31.616 billets exactement. La capacité d’accueil du stade Félix Houphouët Boigny est de 34 600 places. Les chiffres prouvent que nous avons vendu un nombre de billets en deçà de la capacité exacte du stade. Ce sont des mesures que nous prenons pour pouvoir gérer les imprévus. Il y a des zones neutralisées telles que la tribune de presse, la tribune réservée aux comités de supporters, etc. Dans chaque compartiment, nous avons des zones neutralisées. Ce qui fait que nous vendons toujours en dessous de la capacité totale. Pour preuve, Pour les zones où les spectateurs avaient des billets numérotés, le président de la République venant au stade, il fallait permettre à la sécurité de s’installer. Mais elle ne pouvait pas s’installer sur des sièges des gens à qui nous avons vendu des espaces ou des gens à qui nous avons remis des invitations VIP. Donc, par le plan du stade, nous avons donné des places non attribuées aux éléments de la garde présidentielle. C’est pour vous dire que nous avons toujours des places libres dans chaque compartiment. Nous ne pouvons pas imprimer des billets représentant la capacité totale du stade.

A quelle heure avez-vous ouvert le stade ? A.K. : L’ouverture était prévue pour 11 heures. Mais dès que nous sommes arrivés à 8 heures et que nous avons vu le monde, en accord avec l’Office national des Sports (ONS) et le commandement de la gendarmerie qui était présent, nous avons ouvert le stade à 9 h 35 exactement, au lieu de 11 heures.

Avez-vous mis en place des mesures de contrôle pour empêcher la fraude ? A.K. : Nous avons mis des check-points au niveau de Postel 2001, Pigier, la Sodesucre et l’Assemblée nationale. Les check-points avaient pour mission de veiller à ce que tous ceux qui passent aient des tickets ou des titres d’accès, c’est-à-dire des badges comme par exemple les membres de la Commission d’organisation ou la presse. Ces check-points devaient faire un premier filtrage. En plus de cela, il y avait aussi un contrôle au niveau des portillons d’entrée qui sont gérés par la gendarmerie et nous les membres de la Commission d’organisation. Pour éviter que des gens viennent avec des billets falsifiés, nous avons mis, nous responsables de la Commission d’organisation de la FIF, des représentants des clubs (les secrétaires généraux des clubs) pour nous aider. Ça, c’est le premier contrôle. Ces personnes étaient secondées dans leur tâche par les jeunes que nous avons au niveau du contrôle. Nous avons mis en place un contrôle assez rigoureux. Nous avons donné aux policiers, des spécimens de billets pour les espaces de parking. Parce que les billets étant sécurisés, on leur a précisé qu’il y a un sticker sur les billets. Nous leur avons montré les stickers.

Certaines personnes accusent les forces de l’ordre d’avoir laissé entrer au stade moyennant de l’argent, des gens qui n’avaient pas de billet. Qu’en dites-vous ? A.K. : En réalité, c’est que le monde qu’il y avait, parce que les check-points ont été défaillants, s’est retrouvé devant les entrées gérées par la gendarmerie et nos contrôleurs. Devant la pression de la foule, je pense que les forces de l’ordre ont un peu relâché le contrôle et le public s’est retrouvé nez à nez avec nos contrôleurs civils. Ne pouvant pas contenir la foule, ces civils ont décroché. La foule a poussé le portail pour rentrer dans le stade. C’est après que les forces de l’ordre sont venues s’interposer pour prendre maintenant le contrôle des entrées. Et c’est à ce moment là que tout s’est passé. Ils prenaient de l’argent. Quant vous êtes un enfant, c’est 100 Fcfa. Si vous êtes un peu plus grand, c’est 200 Fcfa. Nous avons les preuves de ce que nous avançons.

Un officiel de la FIFA était présent lors du match. Et quant on sait que la FIFA est très rigoureuse sur les questions de sécurité dans les stades, faut-il craindre pour une éventuelle sanction ? A.K. : C’est une très bonne question. Le représentant de la FIFA a fait le tour du stade pour vérifier les mesures de sécurité à deux reprises, avant et pendant le match. Il est venu nous féliciter. Il nous a dit que tout se passe bien et qu’il est satisfait du dispositif mis en place. Maintenant, le débordement et la gestion du débordement, c’est ce qui n’a pas marché au niveau des forces de sécurité. Je voudrais exprimer aux familles éplorées, le regret que nous avons. Vraiment, de ma petite expérience de responsable de l’organisation, je n’ai jamais vécu cela. Je voudrais dire, au nom de la Commission d’organisation, au niveau de la FIF des voix plus autorisées le diront, que nous partageons la compassion de toutes les familles des victimes.

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