mardi 31 mars 2009

Gestion de la filière cafe-cacao - Tapé Doh, Amouzou, Bayou… libérés, hier

mercredi 1 avril 2009 - Par Le Temps Taille des caractères



Les ex-leaders de la filière café-Cacao, détenus depuis le mois de juin de l'année dernière sont désormais libres de leur mouvement. Ils ont été tous libérés hier mardi 31 mars 2009, à 18 heures 30, sur décision du Président de la République, Laurent Gbagbo. Cette décision selon les oreilles du palais de la Présidence fait suite à plusieurs rencontres qui ont eu lieu depuis quelques semaines, entre le Président de la République et une délégation du comité des sages de la filière, conduite par les doyens Bléoué Aka, Sanssan Kouao, tous deux grands producteurs agricoles. Les détenus, une vingtaine au total, étaient en détention préventive à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) pour détournement de fonds publics, de faux en écriture, de mauvaise gestion, achat illicite de plusieurs sociétés…Ils ont été auditionné par le doyen des juges du tribunal de première instance d'Abidjan, M. Gnakadé Ladji. Après la sortie de ces anciens " gourous " de la filière, ils se sont rendus au domicile du Président de la République, pour le remercier de sa gratitude.
J.A

lundi 30 mars 2009

APRES LA TRAGEDIE DU STADE

Les familles identifient le corps de leurs parents
• Tout sur l’ambiance à IVOSEP
mardi 31 mars 2009 par Y.DOUMBIA

source: l'Inter

Hier, à IVOSEP (Ivoirienne de Sépulture) où nous nous sommes rendus pour identifier ces 19 morts, l’ambiance était des plus mornes. Parents se couchant à même le sol pour crier leur douleur, amis se lamentant sur le sort de leurs camarades tombés au stade, étaient les images insoutenables qu’on voyait passer, au fur et à mesure que des morts étaient identifiés. " Depuis hier, notre fils n’est pas rentré et aujourd’hui, nous avons découvert ici son corps ", relatent, en larmes, des parents de Touré Aboubacar, 17 ans et élève en classe de 3è, décédé à la suite des bousculades du " Félicia ". Devant comme à l’intérieur d’IVOSEP, les parents ne cessaient de défiler pour savoir si parmi les corps logés dans les chambres froides, figure celui de leur progéniture, époux, frère, cousin, ami ou connaissances. Munis, pour certains, de photos, pour d’autres, d’extraits d’acte de naissance, ces parents s’adressaient aux responsables des lieux pour confirmer ou infirmer le décès de celui qui a quitté le domicile et dont ils n’ont plus eu de nouvelles. La grande sœur de Klohi Ephrayim Abdias, introduite dans l’enceinte d’IVOSEP, en ressort en pleurs. Elle se jette sur le macadam et commence à soupirer. Son petit frère, en lui disant hier qu’il allait supporter les Eléphants, prenait, sans le savoir, rendez-vous avec la mort. C’est dans l’un des casiers d’IVOSEP qu’elle le retrouve. La douleur des parents va s’accroître lorsqu’ils entendent dire par le procureur Diakité, que les morts subiront une autopsie. Un autre choc, vite étouffé par les explications du substitut du procureur. Les musulmans qui voulaient le corps de leurs parents pour une inhumation rapide, comme l’exige la tradition islamique, ont été priés d’abandonner les corps à l’Etat, le temps pour le Pr. Etté, médecin légiste, de déterminer les causes du décès. " L’Etat a décidé de faire une autopsie. C’est forcément nécessaire. Nous allons commencer par les corps musulmans. Les corps ne seront pas endommagés et vous pourrez les récupérer dans les 72 heures qui suivent. On est obligé de le faire et vous pouvez assister à l’autopsie si vous le souhaitez ", a tenté de rassurer le procureur. Cette déclaration du procureur a refroidi des parents qui pensaient pouvoir récupérer sur le champ le corps de leurs enfants.
ENCADRE 1 : ACCIDENT AU FELICIA Le nombre de morts à la hausse ?

Combien de mort y a-t-il exactement eu à la suite des événements malheureux du Felicia ? Si les sources officielles annoncent 19 morts, des sources officieuses annoncent plus. En effet, hier à IVOSEP, nous avons pu surprendre une conversation des parents de victimes, qui auraient saisi une conversion de source militaire disant qu’il y aurait eu 56 morts. Des parents à la recherche de leurs enfants ont affirmé qu’il y a eu des morts à HMA (Hôpital Militaire d’Abidjan) où une bonne partie des blessés a été évacuée. Vrai ou faux ? Difficile de confirmer ou d’infirmer l’information, au regard du dispositif musclé mis en place à l’Hôpital Militaire d’Abidjan. Là-bas, c’est motus et bouche cousue. Le dispositif mis en place n’a pas permis d’en savoir davantage. Une autre source militaire nous a annoncé qu’il y aurait eu 30 morts. En tout cas, les supputations vont bon train et nous n’avons pu avoir que les noms de 18 morts.

Y.DOUMBIA

ENCADRE 2 : La liste des morts Hier, nous avons pu avoir la liste de 18 morts à l’IVOSEP.

1)-Touré Aboubacar : 17 ans, élève en classe de 3è 2)-Diabaté Ibrahim : 36 ans, chauffeur 3)-Kouyaté Djanguiné : 14 ans, élève en classe de 5è 4)-Kanaté Yacouba : 22 ans, étudiant à l’INJS 5)-Koumaré Mamadou : 20 ans, vendeur 6)-Berté Mamadou : 29 ans, couturier 7)-Klohi Ephrayim Abdias : 19 ans, sans emploi Cool-N’Goran Koffi Fabrice : environ 24 ans 9)-Doumbia Séa : 12 ans 10)-Koukougnon Noël : 37 ans 11)-Ziéhi Wéi Patrice : 35 ans 12)-Kouamé César : âge indéterminé, couturier Toit rouge 13)-Dicko Assamoi Richmond : 34 ans 14)-Fofana Brahima : 24 ans 15)-Koua Brou Blaise : 40 ans 16)-Ouattara Issouf : 40 ans, résidant à Anoumabo 17)-Zaouli Bi Cédric : entre 10 et 12 ans 1Cool-Bamba Kafoumba :

ENCADRE 3 : Le témoignage des blessés

Hier, au CHU de Treichville, les victimes blessées du stade Félix Houphouët Boigny ont fait des témoignages. Ils mettent en cause la cupidité des Forces de l’ordre commis à la sécurité des lieux. Ces derniers, selon eux, n’hésitaient pas à prendre de l’argent avec les supporters qui n’avaient pas de tickets, pour leur céder le passage. Cela a occasionné une montée de tension qui a abouti aux bousculades...

Batenié Oté Edouard Fracture interne jambe gauche Ce sont des bousculades dues au gaz lacrymogène jeté par les policiers dans la foule. On était au niveau de la tribune latérale A. J’ai un ticket de 2000 FCFA. On était dans le rang et, non loin de nous, se trouvaient les supporters qui ont payé 1000 FCFA et 500 FCFA. Ceux-là étaient plus nombreux et pendant que nous étions dans le rang, ils ont forcé. Ils sont tombés avec le portail, puisque les gens ne voulaient pas ouvrir. C’est après cela que la Police a commencé à les gazer pour les disperser. Cela a créé encore beaucoup plus de trouble. Ceux-là sont venus vers nous. Nous étions déjà dans l’enceinte du stade. On était déjà dans les escaliers et après on est redescendu en tombant cette fois-ci. Il y a eu plus de monde, beaucoup plus de tickets vendus que de places. On avait des tickets et on ne pouvait pas entrer Légende : Batenié Oté Edouard doit subir une opération chirurgicale

Koné Zana Fracture du fémur J’ai payé mon ticket depuis le vendredi et je me suis rendu au terrain. Nous sommes arrivés au stade à. On voulait rentrer et ils ont fermé le portail. Quand ils ont ouvert le portail, dans les escaliers, les gens nous ont poussé. Je suis tombé et les gens ont marché sur moi pour casser mon pied. J’ai également le poignet déplacé Légende : ce solide garçon devra utiliser une béquille pendant longtemps

Koné Drissa Traumatisme du Rachis dorsolombaire, oreille gauche arrachée et éraflures cutanées

On était dans le rang et il était tellement long que ceux qui avaient des tickets n’allaient pas rentrer. Ça rentrait en business. Quand tu donnes 500 ou 1000 FCFA aux policiers, on te fait passer. Ça se passait comme ça jusqu’à 15h. Avec le monde, on se demandait si on allait rentrer à 17h. Les gens ont forcé la porte et moi, je me suis joint à eux. En forçant, je suis tombé et les gens ont marché sur moi. C’est comme ça que j’ai été blessé.Propos recueillis par Y.DOUMBIA

ENCADRE 4 : 66 BLESSES AUX URGENCES CHIRURGICALES DU CHU DE TREICHVILLE 1 cas grave au CHU de Yopougon

Aux urgences chirurgicales du CHU de Treichville, notre équipe de reportage a pu visiter les malades du drame du Félicia et rencontré le Pr. Gnagne Yadou Maurice, chef de service des urgences chirurgicales. Selon lui, son service a reçu le dimanche soir 55 blessés adultes et 5 blessés enfants (entre 10 et 14 ans) transférés, eux, en pédiatrie. Hier matin, précise-t-il, il y a eu 6 blessés qui ont été internés. " Ces six blessés étaient à la maison, et aujourd’hui (hier) leurs parents sont venus ici avec eux ", a-t-il déclaré. Le Pr. Gnagne Yadou Maurice a, par ailleurs, relevé que le CHU de Treichville dispose d’un plan d’urgence qu’il réactive chaque fois qu’il y a des catastrophes naturelles et des drames à grande échelle. " Dès qu’il y a un problème, on active notre structure d’urgence. Les moyens internes mobilisés sont estimés à un million cent mille (1.100.000) FCFA dépensés dans l’achat des médicaments de première nécessité. Cela a permis de soigner les malades et préparer les interventions chirurgicales ", a-t-il déclaré. La cellule présidentielle chargée des catastrophes, a-t-il révélé, prendra en compte les cas d’intervention chirurgicale. " La cellule a pris les ordonnances pour les payer. Le matériel sera livré. Hier nuit, la FIF (Fédération Ivoirienne de Football) a pris en charge, à partir de 19h, tous les soins de ceux qui avaient des ordonnances. On leur a demandé d’aller prendre les médicaments à la pharmacie Mégane. Les autres malades sont mis en état d’observation ", a-t-il précisé. Pour finir, il a relevé l’existence d’un malade atteint de traumatisme crânien qui a été évacué au service de neurologie du CHU de Yopougon.

Y.DOUMBIA

" Les Forces de l’ordre prenaient de l’argent "

Entretien / Anzouan Kacou (Président de la Commission d’organisation de la FIF)
Nous avons les preuves

mardi 31 mars 2009 par Alphonse CAMARA

Voici tous les tarifs d’entrée au stade
Combien de billets avez-vous vendus pour le match Côte d’Ivoire-Malawie ? Anzouan Kacou : Nous avons vendu pour ce match, 31.616 billets exactement. La capacité d’accueil du stade Félix Houphouët Boigny est de 34 600 places. Les chiffres prouvent que nous avons vendu un nombre de billets en deçà de la capacité exacte du stade. Ce sont des mesures que nous prenons pour pouvoir gérer les imprévus. Il y a des zones neutralisées telles que la tribune de presse, la tribune réservée aux comités de supporters, etc. Dans chaque compartiment, nous avons des zones neutralisées. Ce qui fait que nous vendons toujours en dessous de la capacité totale. Pour preuve, Pour les zones où les spectateurs avaient des billets numérotés, le président de la République venant au stade, il fallait permettre à la sécurité de s’installer. Mais elle ne pouvait pas s’installer sur des sièges des gens à qui nous avons vendu des espaces ou des gens à qui nous avons remis des invitations VIP. Donc, par le plan du stade, nous avons donné des places non attribuées aux éléments de la garde présidentielle. C’est pour vous dire que nous avons toujours des places libres dans chaque compartiment. Nous ne pouvons pas imprimer des billets représentant la capacité totale du stade.

A quelle heure avez-vous ouvert le stade ? A.K. : L’ouverture était prévue pour 11 heures. Mais dès que nous sommes arrivés à 8 heures et que nous avons vu le monde, en accord avec l’Office national des Sports (ONS) et le commandement de la gendarmerie qui était présent, nous avons ouvert le stade à 9 h 35 exactement, au lieu de 11 heures.

Avez-vous mis en place des mesures de contrôle pour empêcher la fraude ? A.K. : Nous avons mis des check-points au niveau de Postel 2001, Pigier, la Sodesucre et l’Assemblée nationale. Les check-points avaient pour mission de veiller à ce que tous ceux qui passent aient des tickets ou des titres d’accès, c’est-à-dire des badges comme par exemple les membres de la Commission d’organisation ou la presse. Ces check-points devaient faire un premier filtrage. En plus de cela, il y avait aussi un contrôle au niveau des portillons d’entrée qui sont gérés par la gendarmerie et nous les membres de la Commission d’organisation. Pour éviter que des gens viennent avec des billets falsifiés, nous avons mis, nous responsables de la Commission d’organisation de la FIF, des représentants des clubs (les secrétaires généraux des clubs) pour nous aider. Ça, c’est le premier contrôle. Ces personnes étaient secondées dans leur tâche par les jeunes que nous avons au niveau du contrôle. Nous avons mis en place un contrôle assez rigoureux. Nous avons donné aux policiers, des spécimens de billets pour les espaces de parking. Parce que les billets étant sécurisés, on leur a précisé qu’il y a un sticker sur les billets. Nous leur avons montré les stickers.

Certaines personnes accusent les forces de l’ordre d’avoir laissé entrer au stade moyennant de l’argent, des gens qui n’avaient pas de billet. Qu’en dites-vous ? A.K. : En réalité, c’est que le monde qu’il y avait, parce que les check-points ont été défaillants, s’est retrouvé devant les entrées gérées par la gendarmerie et nos contrôleurs. Devant la pression de la foule, je pense que les forces de l’ordre ont un peu relâché le contrôle et le public s’est retrouvé nez à nez avec nos contrôleurs civils. Ne pouvant pas contenir la foule, ces civils ont décroché. La foule a poussé le portail pour rentrer dans le stade. C’est après que les forces de l’ordre sont venues s’interposer pour prendre maintenant le contrôle des entrées. Et c’est à ce moment là que tout s’est passé. Ils prenaient de l’argent. Quant vous êtes un enfant, c’est 100 Fcfa. Si vous êtes un peu plus grand, c’est 200 Fcfa. Nous avons les preuves de ce que nous avançons.

Un officiel de la FIFA était présent lors du match. Et quant on sait que la FIFA est très rigoureuse sur les questions de sécurité dans les stades, faut-il craindre pour une éventuelle sanction ? A.K. : C’est une très bonne question. Le représentant de la FIFA a fait le tour du stade pour vérifier les mesures de sécurité à deux reprises, avant et pendant le match. Il est venu nous féliciter. Il nous a dit que tout se passe bien et qu’il est satisfait du dispositif mis en place. Maintenant, le débordement et la gestion du débordement, c’est ce qui n’a pas marché au niveau des forces de sécurité. Je voudrais exprimer aux familles éplorées, le regret que nous avons. Vraiment, de ma petite expérience de responsable de l’organisation, je n’ai jamais vécu cela. Je voudrais dire, au nom de la Commission d’organisation, au niveau de la FIF des voix plus autorisées le diront, que nous partageons la compassion de toutes les familles des victimes.

Les élephants Gagnent - La Côte d'Ivoire pleurent - Les faits

Date: lundi 30 mars 2009 à 06:13 ET
Auteur: Soro - Gbagboiste..


Dimanche 29 Mars il est 13h00 aux alentours du Stade Houphouet Boigny , le premier constat bizarre sont les longues files devant toutes les entrées du stade sauf au niveau de l'entrée principale qui conduit a la tribune officielle . Renseignement pris , les portails sont fermés pour cause d'indiscipline des supporters qui refusent de se mettre en rang . Du côté du virage B , les supporters sont tenus a une centaine de mettre de l'entée principale et laissent passer uniquement que les supporters munis de tickets de 5000, 10 000 et 2000 frcs . Les plus nombreux ceux munis de tickets de 500 frcs sont bien tenus en respect, priés de faire le rang et ont accés au portillon final qui permet l'accès au stade par groupe de 50 personnes; mais le problème est que ces 50 personnes qui sont amenés par vague viennent grossir un autre rang qui ne bouge pas .
A 14h00 , le scenario continue , mais le premier constat c'est le jeu des policiers et gendarmes qui laissent passer certains supporters munis de leur ticket moyennant 500 ou 1000 pour accéder au stade et ainsi éviter le rang . Cela bien sur crée le mécontentements de ceux qui sont dans le rang mais les palabres sont tres vite circonscrits .
14H15 , entrée virage A , côté monument aux morts plus précisément en face de l'Immeuble Attat , scène de panique et première bousculade , les supporters excédés par le rang qui n'avance pas , tentent dans un mouvement de masse de franchir le périmètre de sécurité , les Gendarmes chargent avec leur ceinturons , leurs bottes , leur coups de poings. Dans cette grosse bousculade , on notera des blessés légers , des chaussures perdues et des pertes en portables .
La scène s'est déroulé tre vite , mais je suis certain que les forces de l'ordre n'ont pas tiré de gaz lacrymogène a ce niveau .
15H00, rien a évolué , les rangs ont plus qu"évolués dehors , dans le rang du virage B c'est la colère qui commence a se lire sur les visages.
15h30 un renfort de la gendarmerie avec une combinaison de cosmonaute apparait , renseignement pris c'est le renfort attendus par les éléments déjà en place et qui devaient mettre de l'ordre.
Mais leur présence ne fera rien du tout , et flics spéciaux auront vite fait de disparaitre car ayant surement sous estimé la foule immense .
Du côté du dernier portillon du virage B les supporters commencent a sauter le mur , et amassés contre l'un des portails ils tentent de le forcer .
15h45, les deux rangs , Virage B et Latérale se confondent .16H00 La grogne devient totale , surtout du côté des virage B , les quelques 10 gendarmes contre les milliers de supporters en colère ne feront pas le poids et cederont sous la pression du peuple .
16H15 - Le drame environ deux cents supporters commencent a pousser sur le gros portail menant aux escaliers du virage B , environ 600 , 700 800 peut être 1000 autres supporters qui ont franchi le périmètre de sécurité regardent le spectacle du portail violenté se disant surement eux aussi que c'est peut être leur chance .
Le portail cède. Imaginez un seul instant un portail de fer à deux vantaux bloqués par des barres prises dans le Beton d’enceinte du Virage B et 1 mettre apres ce portail un escalier de 20 marches qui cède sous la pression d'une marée humaine , et certains des supporters qui s'aventurent dans cette ouverture sachant même pas que c'est des escaliers qui suivent , et tout le monde se précipite.
Immense bousculade , qui ne va pas durer plus de 7 minutes. Les premiers malheureux a pénétrer l'enceinte du stade dans ces conditions ont été piétinés par les suivants ....a la confusion devint grande quand quelqu'un dans ces conditions cria "Les Policiers chicottent ceux qui descendent ....alors la confusion devint plus grande , et l'Horreur atteint son comble , avec ceux qui continuaient a entrer , ceux qu'on piétinaient et ceux qui tentaient de remonter .
Le calme revenu , c'est l'horreur , certains agonisent encore , bave jaunâtre sort de la bouche et des narines de certains , d'autres sont morts immédiatement . On tente de sauver ceux peuvent l'être , entre massage cardiaque , la foule qu'il faut disperser pour donner de l'air a ceux qui peuvent vivre encore , une jeune dame tente même un bouche a bouche a une victime qui agonisait ....
Les sapeurs pompiers qui comme d'habitude se concentrent tous sur la main courante du Stade sont appelés.
Les cris de joie des supporters a l'intérieur et les larmes et pleurs de ceux dehors se confondent .
les corps sont éparpillés devant le portails forcé , dans les escaliers , et même après les escaliers . Sur le champs nous dénombrons 7 morts , par asphyxie ou étouffés ou suffoqués .
Un jeune homme reconnait son frère mort et tombe en larmes , la scène est INSOUTENABLE ; avec des volontaires on remonte les cadavres qui sont au bas de l'escalier , on dénombre déjà douze . Deux militaires accourent , quatre suivront ils n'en croient pas leurs yeux , talkies et walkies et appels de détresse s'entremêlent , les premières sirènes retentissent. Les pompiers trimballent au premiers sous sol ( une sorte d'infirmerie) et sur la main courante du stade ceux qui respirent encore . Les cadavres aussi sont tous envoyés au premier sous sol de façon très discrète. 3 supporters décèderont au sous sol suite a leurs blessures ou au conséquence de ce qu'ils viennent de vivre.
16h45 , Une fois sur la main courante , c'est la désolation et les interrogations entre les Officiels de la FIF , les Officiers Pompiers , les gendarmes et les policiers . Pendant ce temps les nombreux supporters dans les gradins continue l'ambiance loin de se douter de ce qui venait de se passer . Un officiel de la FIFA alerté par les nombreux vehicules du SAMU et des sapeurs pompiers s'approche pour voir ce qui se passe , il decouvre l'horreur .
Jacque Anouma et Banzio descendent pour venir constater les debats .
Le commissaire au match veut suspendre la rencontre , l'entrée des joueurs sur le terrain est retardé .
Tout se discute en un temps record pour que le match soit jouer.
Pour ceux qui étaient au stade vous avez du voir ce grand bus des sapeurs pompiers , qui est entré une fois , sorti et une deuxième fois , et bien c'est dans le grand car des Sapeurs pompiers qu'ont été entassés les corps sans vie , pour prendre la direction de la morgue .
Les banderoles
La Côte d'Ivoire a peut être marqué marqué des buts , mais cette victoire est entaché de sang et c'est Dommage .
Après ce drame , les responsabilités doivent être situés .

J'ACCUSE

LA FIF : Hier a la télé un responsable de la Fif est apparu pour dire que ceux qui étaient dehors n'avaient pas de tickets et ce sont eux qui sont a la base de ce qui s'est passé . FAUX , On a eu le temps de faire la plupart des rangs , et ceux qui étaient dehors et surement plus nombreux que ceux qui étaient a l'intérieur du stade . La majorité avaient bel et bien leur ticket d'entrée en main et bien visible. La FIF doit répondre au peuple de Côte d'Ivoire a une seule question .
Comment se fait il que pour un match joué a guichets fermés , le stade soit rempli a 13h00 et qu'il y'ait des milliers de personnes dehors munis de tickets .
Jacques Anouma , si y'a pas de réponse , DÉMISSIONNE !!!

Le Ministère du Sport et l'ONS : Les matchs des Éléphants attirent toujours un monde fou. On ne répètera jamais assez que les pratiques d'accès au stade FHB sont préhistoriques et qu'il faut repenser tout ça .
La gestion du patrimoine sportif ne s'improvise et vous savez vous même plus que personne que ce sont des choses avec la FIFA ne badine pas . Une sanction de la FIFA a l'encontre de la Côte d'Ivoire n'est pas a sous estimé

LA POLICE ET LA GENDARMERIE :
Le racket qui leur colle a la peau a encore fait parler , selon certains témoignages , c'est le fait que la gendarmerie a laisser passer de nombreux supporters sans ticket d'accès et moyennant quelque chose qui a occasionné le trop plein de spectateurs .
Et surtout l'inexistence d'un véritable cordon de sécurité pour contenir la foule . Il faudrait que les Officiers et autres gradés en tout genre de la Police et de la Gendarmerie enfourchent dans leur crâne qu'au delà de la Sécurité du Président de la République , il y'a surtout celle du vraie peuple . Car Gbagbo lui même dit que sans ce peuple il n'est rien .

dimanche 29 mars 2009

La mafia qui sevit dans le secteur du cafe-cacao a encore frappe.

Dalo Firmin (Collaborateur et cousin de Mabo Gohou) : “Mabo Gohou a été victime d’un attentat”

samedi 28 mars 2009

Dalo Firmin, collaborateur et cousin de Mabo Gohou a assisté à l’accident de l’auditeur à Gagnoa. Il raconte les circonstances du drame. «Nous sommes arrivés à Gagnoa le vendredi 6 février à 21h30 à bord du véhicule de marque grand Cherokee appartenant à M. Gohou. Après avoir déposé nos affaires dans un hôtel de la place, nous sommes allés manger chez “Firmine”, un grand maquis au quartier Garahio non loin d’ Ivosep. Gohou a garé la voiture dans le sens du centre-ville. On était trois dans le véhicule. Je suis descendu le premier et il m’a demandé de prendre son sac dans le coffre-arrière. Ce que j’ai fait. Entre temps, il est descendu lui-même du véhicule. Le temps de fermer sa portière et d’actionner sa clef de contact pour condamner le véhicule, c’est en ce moment qu’une voiture de marque Mercédès a démarré en trombe, pour venir le percuter violemment et le cogner la portière. J’ai alerté le monde avec des cris mais il était trop tard. Le conducteur de cette voiture a perdu le contrôle plus loin, des tourbillons ont suivi son mouvement sur près de 200 mètres avant qu’il ne parte s’immobiliser dans la pénombre. Gohou est tombé sur sa nuque et a perdu connaissance. Il est tombé dans les secondes qui ont suivi dans le coma. Le chauffeur qui est descendu a pris la fuite mais il a été rattrapé plus tard par la police. Il s’agit d’un attentat. Car la Mercedès était en stationnement. Le conducteur a pris tout le temps pour préparer son coup mortel. Mon cousin me parlait beaucoup de menaces de mort dont il a fait l’objet les jours qui ont précédé son décès. Nous n’allons pas rester les bras croisés. Cette mort ne doit pas rester impunie.»
Propos recueillis par C.C.E

Enquête dans le café cacao : Après le décès de l’auditeur -Des révélations troublantes

samedi 28 mars 2009

Le décès de Mabo Gohou, investi par décret présidentiel de la mission d’auditeur dans la filière café cacao n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

Le décès de Mabo Gohou, auditeur dans la filière café cacao fait l’objet de nombreuses interrogations. Pourtant, des révélations troublantes faites dans le cercle familial de l’enquêteur, font penser à «un plan savamment orchestré qui a conduit à son élimination». Selon l’un de ses neveux, avant sa mort, Mabo Gohou lui aurait fait certaines confidences liées à ses investigations dans la filière café cacao. «D’importantes personnalités sont impliquées et compromises dans les malversations dans la filière café cacao. Des structures fictives ont été créées pour extorquer l’argent des paysans. Ce sont des centaines de milliards Fcfa qui ont été détournés par des personnalités de ce pays. C’est pourquoi on l’a empêché d’aller jusqu’au bout», explique Michel Sery, le neveu de l’auditeur. Avant de préciser qu’ils feront tout, afin que toute la lumière soit faite dans cette affaire qui prend la couleur d’un «assassinat programmé». Il prévient que depuis l’annonce du décès de son oncle, il fait l’objet de menaces à travers des appels téléphoniques anonymes. «Je suis l’objet de harcèlement et de menaces de la part de personnes anonymes. Elles m’ont dit qu’elles connaissent bien mon domicile. Et que si je continuais par voie de presse à vouloir aller absolument au bout de cette affaire, j’aurai pour mon compte », souligne Michel Séry. A l’en croire, depuis le décès de l’auditeur, la présidence de la République qui l’a pourtant investi de cette mission, n’a pas daigné prendre contact avec la famille. Ne serait-ce que pour un réconfort moral. «Or c’est le médecin particulier du chef de l’Etat, le Dr Blé Christophe, qui a fait établir par ses collaborateurs, la prise en charge de mon oncle pour son internement à la Pisam après son accident à Gagnoa. Puisqu’il était lui-même en déplacement à Yamoussoukro. J’ai personnellement saisi les proches du Dr Blé. Selon son neveu Mabo Gohou, avant sa mort, était le vice-président de Dr Blé, président de l’amicale des cadres de Guibéroua. Bernadin Yapi Joachin, inspecteur général des finances, avait été investi tout comme Mabo Gohou par décret présidentiel de la mission d’auditeur dans la filière. «La maison qui était habitée par mon oncle à la Riviera 3 et qui a été incendiée pendant son hospitalisation à la Pisam, appartient à Bernadin Yapi. C’est lui qui a mis la pression sur Gohou afin qu’il déménage de Yopougon où il résidait», rappelle le neveu de l’auditeur. Selon lui, après l’accident du «juge » de la filière, M. Yapi aurait demandé à sa famille de libérer la maison. Pourquoi ? Ils n’en savent rien. Mais toujours est-il que, quelques jours après, le domicile a pris feu. «M. Yapi a profité de cette situation pour faire vider la famille, prétextant vouloir réhabiliter sa maison. Depuis le décès de Gohou, nous n’avons pas encore vu Bernadin Yapi », s’offusque Michel Séry. C.C.

vendredi 27 mars 2009

Audit dans la filière café-cacao

Inter-
L’enquêteur Mabo Gohou assassiné
vendredi 27 mars 2009 par F.D.BONY

L’enquêteur qui, selon les témoignages de ses proches, était sur le point de rendre les conclusions de sa mission au juge d’instruction, a succombé à une tentative d’assassinat dont il a été la cible, depuis le 6 février dernier, à Gagnoa où il s’était rendu. Evacué dans un état comateux à Abidjan où il a été interné, depuis lors, dans un établissement sanitaire privé, M. Mabo, à en croire des sources recoupées, a rendu l’âme dans la nuit de mercredi à jeudi, à 3 h du matin. C’est par un SMS qu’un leader de la filière café-cacao a été informé et nous a saisi, avant que nous ne confirmions la triste nouvelle auprès d’un responsable de l’une des structures auditées. Jacquelin Mabo Gohou, il faut le rappeler, a été nommé en même temps que M. Yapi Bernadin Koffi pour faire la lumière sur les détournements supposés ou avéré dans la filière café-cacao. Les audits confiés à ces deux experts devaient conduire à situer les responsabilités, si gabegie il y en a eu, dans la gestion de ladite filière dont les premiers responsables se trouvent tous à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, depuis plus d’un an. C’est en plein dans ces investigations que M. Mabo a été violement percuté à la portière de sa voiture par un véhicule fou qui, selon les informations recueillies le jour de l’incident, l’a attendu longtemps dans la pénombre avant de passer à l’acte. L’homme avait-il découvert des dossiers gênants ? Qui avait intérêt à l’éliminer ? A-t-il eu le temps de mettre ses dossiers en lieu sûr ? En tout cas, ceux qui ont voulu lui ôter la vie pour certainement freiner leur élan, ne sont pas loin d’avoir atteint leur objectif.



Filière café - cacao -Soir Info
Un enquêteur est mort, hier
Des experts comptables inquiets
jeudi 26 mars 2009 par Hermance KOUKOUA-N’TAH

Fauché accidentellement ou intentionnellement dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 février 2009 à Gagnoa, l’expert comptable agréé Mabo Gohou n’a pu sortir du coma dans lequel il est entré par la suite. Ce technocrate est décédé hier jeudi 26 mars 2009, a-t-on appris. « Oui, notre confrère Mabo Gohou est décédé », a confirmé un membre de l’Ordre des Experts comptables et des comptables agréés de Côte d’Ivoire, que nous avons joint hier. Le défunt, il faut le rappeler, avait été coopté dans le cadre des enquêtes ouvertes dans la filière café-cacao. Avec l’appui de l’inspecteur général des Finances Yapi Bernadin Koffi, cet expert avait été désigné pour réaliser un audit financier de toutes les structures de la filière café-cacao. Ce, selon l’ordonnance de nomination du doyen des juges d’instruction Joachim Gnakalé depuis juillet 2008. Dans le coma donc depuis son accident, Mabo Gohou a rendu l’âme, hier jeudi. « Avec lui, cela fait trois experts que nous perdons en l’espace d’un trimestre. Même si les deux premiers n’ont pas été cooptés dans le cadre de cette enquête sur la filière café - cacao, c’est quand même inquiétant puisque l’un d’entre eux est aussi mort dans un accident. On commence à avoir peur », a confié l’expert comptable. Dans le monde de la filière - cacao, l’information ne semble pas être sue par les nombreux acteurs interrogés.

La refondation: Escadrons de la mort, escadrons de feu, intimidation etc...

Je ne prends pas plaisir a toujours ecrire ces mauvaises remarques sur le groupe de Gbagbo , mais c'est ce que je vois que j'ecris.

Lorsque la crise a eclate, des individus proches de la presidence (c'est la formule pour ne pas accuser le chef lui meme) se sont formes en groupes d'assassins pour tuer ceux qu'ils jugeaient devoir mourir. Ils se balladaient de nuit pour tuer. Les victimes de ces escadrons ont commence a former un groupe de vigilence, et envoyaient des emails contenant les numeros de plaques d'immatriculations de ces personnes. Et meme lorsque ces personnes pour eviter les regards demenageaient de leur quartiers pour aller dans d'autres, ces sentinelles enregistraient tous leurs mouvements. Certains etaient postes au plateau, en face de la presidence et suivaient le mouvement de ces personnes. C'est donc grace a ces sentinnelles que le monde a pu mettre des noms a l'escadrons de la mort. Le groupe de jeuens qui s'etaient donne cette mission s'etait nomme le MIDG. Lorsque Stephen Smith a repris ce que nous savions tous, Gbagbo et sa cherie se sont debattus pour dire qu'ils n'ont rien a voir avec les escadrons, et Alleluia, les escadrons ont disparu.

Et la vie a continue son petit bonhomme de chemin, et on a commence a voir le feu detruire les edifices de l'etat. Rappelons qu'au debut c'etait les hommes qui etaient assassinnes, et puisqu'avec les assassinnats, le spectre du TPI planait sur les auteurs, on croit que la methode a change. On ne tue plus mais on intimide et on detruit les evidences.

Les immeubles des finances otn pris feu, un samedi. Les marches ont ete attaques. Et la semaine ou le president de l'Assemblee Nationale, le tres illustre Mamadou Koulibaly, joli garcon sans produit ghaneen, a ecrit ses blues de la republiques, il a commence a recevoir toutes sortes d'attaques de tous els cotes. Il fut oblige d'aller se reposer au Ghana, le temps que les menaces baissent. Et comme le juste ne peut vivre eternellement dans un environnement faux, Le bel homme est alle se mettre sur la place publique pour avouer qu'au FPI il y a des voleurs, des menteurs. Il n'aurait pas du faire ca. L'escadrons du feu est alle directement bruler son bureau, question de lui rappeler qu'ils sont capables de recidiver. Notre cher ami a compris le message et est alle se reposer encore au Ghana.
Si le president de l'assemblee nationale peut etre si intimide par les elements de son groupe au point de toujours prendre la cle des champs c'est qu'il y a de3 quoi. Ces messieurs ne sont pas des enfants de choeur. Ils tuent, ils intimident et ils brulent.

Les tape Doh, les amouzou, et autres hommes forts du secteur cafe cacao ont cru etre hors de portee. Sous les clameurs des journalistes et du peuple s des maquis, le grand chef s'est force a faire arreter ses anciens copains, ceux qui l'aidaient a payer ses multipes conseillers et courtisants. Lorsque Kieffer a voulu voir clair dans le secteur du cafe cacao, il a ete tue par X.
Et Gbagbo qui sait tres bien qu'il ne veut pas aller en profondeur du scandale du cafe cacao, a voulu calmer le peuple a leur offrant AMouzou, Tape DOh, et les autres.
Mais ces amis veulent etre juges, ils veulent dire la verite au peuple, ils veulent devoiler des choses. mais qui veut vraiemnt que la verite soit su? Pas Gbagbo, par la mafia qui gere ce secteur. QUi veut qu'on y voit clair?

La justice a diligenter des enquetes. 2 des enqueteurs ont ete Tue. Ca nous amene a 3 (2 plus kieffer) le nombres de ceux qui perissent lorsqu'ils fourrent leur nez dans le secteur cafe-cacao. Ce qui est interessant dans le cas de l'enqueteur qui a ete percute par un vehicule, les parents ont reclame une prise en charge medicale par la presidence. ahahahhaahah.... et la presidence a refuse. On veut savoir la verite sur un secteur, celui qui va te dire la verite est agresse, il vient te demander de l'aide, tu lui refuses, et il meurt. Quelle deduction doit on faire? Soit tu n'es vraiment pas interesse a savoir la verite, soit, tu as aide l'enqueteur a passer de vie a trepas. C'est quand meme bizarre tout cela.
Et pendant que les enqueteurs sont tues, et leurs maisons brulees, AMouzou, Tape Doh et ses collegues sont en prison. Personne ne veut vraiment les juger. Ils sont utilises comme des petits pions pour des dividendes politiques.

Notre pays est vraiment gate. J'ecris ces choses dans le'spoir que ca va changer les choses, mais, pffff, les gens ne veulent pas changer, le mal abonde, et l'espoir meurt. Et si demain un autre partis venait au pouvoir et gerer tels que vous geres, que diriez vous? On ne peut pas gouverner comme ca. C'est mechant, c'est criminel, c'est reprehensible. Vous ne pourrez pas vivre comme ca eternellement. meme Al Capone n'a pas reussi a regner eternellement, un jour tout cela va finir, et que deviendrez vous? C'est de notre pays qu'il s'agit, vous ne pouvez pas la gerer comme ca, dans les crimes, les intimidations, l'injustice. Vraiment!!!

samedi 21 mars 2009

Voici l’article qui a conduit notre collaborateur Nanankoua Gnamantêh à la Maca : “Ali Baba et les 40 voleurs”

Voici l'article qui a mene le journaliste a la prison! Que de la verite. Le voleur n'aime jamais etre appele voleur, et c'est la l'ironie de la re (b)fondation
samedi 21 mars 2009 - Par Le Nouveau Réveil

“Houphouët voleur… Houphouët voleur… Houphouët voleur… Houphouët voleur… " Lorsque monsieur Laurent Gbagbo et ses camarades de la re(b)fondation écrivaient , dans leur laboratoire de cogitation et de démagogies, les paroles de cette vilaine et non moins méchante chanson, ils étaient loin de s`imaginer qu`un jour, parvenus au pouvoir par un concours de circonstances incroyables, pour ne pas dire dans des conditions sanglantes ou calamiteuses (faites votre choix), le peuple de Côte d`Ivoire ne verrait aujourd`hui dans leur régime, après bientôt neuf ans d`escroquerie politique au sommet de l`Etat, que l`expression du vol caractérisé, de la filouterie et de la cleptomanie.

Houphouët voleur… scandaient les élèves et Etudiants jetés dans les rues d`Abidjan et poussés dans le dos par les enseignants FPI qui avaient infecté tout le système éducatif. Monsieur Gbagbo lui-même, en grand chef d`orchestre, n`hésitait pas à entonner la même chanson, en traitant celui qui a consacré toute sa vie à construire ce pays et à travailler pour le bonheur et la sécurité de ses enfants, de " voleur ". Monsieur Gbagbo fera le tour de la Côte d`Ivoire avec cette chanson dans la bouche et les deux doigts levés. De nombreux Ivoiriens, de bonne foi mais surtout brûlant d`envie de changement à tout prix, le suivront dans son aventure, en croyant que le " V " formé par les deux doigts levés signifiait victoire, volonté de changement positif, volonté de rupture avec les anciennes pratiques du parti unique, volonté de gouverner autrement avec des déclarations (petite digression) péremptoires et surréalistes du genre : " Avec 10 milliards, je règle tous les problèmes de l`université), une déclaration qui rendra les Etudiants fous de joie. Puis, une fois parvenu au sommet de l`Etat et réalisant qu`en réalité la théorie n`a rien à voir avec la pratique, il change de discours : "Je mets quiconque au défi de dire qu`il peut régler tous les problèmes de l`université ". Aujourd`hui, les Etudiants, roulés dans la farine, ont découvert que non seulement ils n`ont jamais été aussi malheureux que sous le règne de monsieur Gbagbo, mais surtout que le Président Houphouët (paix à son âme), ne pensait pas vraiment à lui-même lorsqu`il disait que le vrai bonheur ne s`apprécie que lorsqu`on l`a perdu. Fermons la parenthèse.
En réalité, le signe du " V " de la victoire que faisaient monsieur Gbagbo et ses camarades de la re(b)fondation (et les Ivoiriens l`apprennent à leurs dépens), n`était que le " v " du vol, de la victoire des voleurs, le " V " de la volonté, (après avoir tout pillé), de remuer ciel et terre pour obtenir l`inscription de notre pays sur la liste des pays les plus pauvres de la planète, afin de recevoir un cadeau annuel d`environ 400 milliards de FCFA pour boucher les trous des détournements colossaux opérés sous son régime et décriés au quotidien par son camarade Mamadou Koulibaly, l`insaisissable président de notre désormais inexistante Assemblée Nationale : "Au FPI, il y a des voleurs, des menteurs et des truands " ; a-t-il lancé à Yopougon en février dernier.
Mais lorsque monsieur Gbagbo et ses camarades traitaient Houphouët de voleur, ils pensaient surtout à l`entourage de ce dernier. Dans leur entendement, si l`entourage du président Houphouët détournait des fonds publics, Houphouët ne pouvait être que le voleur en chef, vu que c`est lui qui les choisissait. Un raisonnement à la fois simpliste et méchant qui a pourtant produit des effets au-delà des espérances des re(b)fondateurs. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Et n`y a-t-il pas des " coups d`Etat qui font avancer la démocratie " ? " Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j`avance ". Et monsieur Gbagbo et ses camarades ont beaucoup avancé dans leur volonté de faire des Ivoiriens, des clochards, tant les scandales, sous son régime, sont nombreux et ont pour titre : ALI BABA et les 40 voleurs.

Le premier à monter sur le plateau de tournage de ce film (ALI BABA et les 40 voleurs), tropicalisé à la sauce re(b)fondatrice, s`appelle Prosper Sia Popo. Le 27 août 2002, il réussit à pomper près de 2 milliards FCFA, dans les caisses de l`agence nationale de la BCEAO à Abidjan, en réalisant le plus grand hold-up de l`histoire de la Côte d`Ivoire. Face à ce coup, les re(b)fondateurs sont littéralement séduits. A tel point que quand les autorités burkinabè leur remettent un " colis " nommé Sia Popo en attirant leur attention sur l`imminence d`un mauvais coup contre notre pays, les re(b)fondateurs leur raccrochent au nez en criant : " On est déjà au courant de tout ". La suite de cette irresponsabilité, on la connaît.

Inspirés par Sia Popo, les re(b)fondateurs rangent rapidement dans les placards, leurs slogans à deux sous et retrouvent leur vraie nature. La bonne gouvernance ne nourrissant (selon eux) que très lentement son homme. Considérant la survenue de la guerre seulement 23 jours après le coup de Sia Popo, comme un signe de Dieu, les re(b)fondateurs, profitant de la confusion qui s`ensuit, montent tous sur le plateau de tournage du film " ALI BABA et les 40 voleurs ", plongent mains et pieds dans les caisses de l`Etat et mettent rapidement plusieurs milliards "en zone de confiance" gouvernementale. Leur grand chef (l`homme qui a crié Houphouët voleur), assiste au tournage du film en prodiguant de temps en temps, quelques sages conseils. Doucement, doucement les gars " l`argent n`aime pas le bruit ". Mais, malgré tous les conseils du grand chef, quelques bruits de pillage dans la filière café cacao parviennent aux oreilles de quelques Ivoiriens qui se mettent à murmurer. Leurs murmures parviennent aux oreilles du grand chef qui s`étonne et s`indigne le mercredi 24 octobre sur les antennes de la télévision. " Si la filière est mal gérée, ça ne regarde pas l`Etat et ce n`est pas l`argent de l`Etat qui est dilapidé. Nous, nous retirons, nous Etat (et l`Etat c`est moi, NDR) ; notre impôt. 250 milliards en 2005, 254 milliards en 2006. C`est ce qui est dans les caisses du trésor et c`est ça que nous dépensons. Le reste appartient à ceux qui gèrent la filière…Aujourd`hui, avec la réforme que nous avons faite, nous prenons notre impôt et le reste regarde ceux qui gèrent la filière. ". Avec ces propos clairs comme l`eau de roche, le grand chef (l`homme qui a crié Houphouët voleur), croyait en avoir fini avec les murmures du peuple (cet ingrat), sur les vols (planés) de ses camarades. Que nenni. Ce qui le rendit très, très furieux. " Ce ne sont pas seulement mes compagnons qui volent ", avoue-t-il enfin, le mercredi 23 janvier 2008, sur les antennes de la télévision. Agacé, il ajoute : "Avant, je touchais 400.000FCFA. Aujourd`hui, je touche 8,5 millions (plus 70 milliards de fonds de souveraineté, NDR). Donc, je me considère (évidemment), comme riche. Je ne construis pas de maisons. Je ne fais pas des affaires (normale, avec 70 milliards annuels). Nous, on a vu des gens ici à vélo et puis on les a vus un an après la proclamation de l`indépendance, être riches. Nous avons vu les jaguars débarquer à Abidjan, les premières maisons en marbre. Donc (si mes camarades re(b)fondateurs volent et sont devenus les nouveaux riches), moi, je ne suis pas du tout dérangé. Parce qu`en fait (les Ivoiriens ont la mémoire courte), c`est un phénomène (les nouveaux riches), cyclique. Il y a des gens qui étaient pauvres et misérables et brusquement, devant nous, ils sont devenus riches. Donc, aujourd`hui, il y a d`autres (dont moi et un autre qui a dit qu`il ne sera plus jamais pauvre dans sa vie), qui étaient misérables et brusquement, devant nous, ils sont devenus (très) riches. La roue tourne. ". Selon donc monsieur Gbagbo (l`homme qui a crié Houphouët voleur), la notion de vol et d`enrichissement rapide se résume dans cette formule : " Chacun mange à son tour. C`est notre tour ", donc fichez-moi la paix et laissez-nous voler en paix. Message reçu 5/5 par tous les re(b)fondateurs disséminés par le grand chef dans toutes les régies financières. Certains, qui connaissaient jusqu`aux moindres pensées du grand chef, n`avaient pas attendu ses déclarations de soutien pour aller négocier une grosse affaire (et pourtant ils disent qu`ils ne font pas d`affaires), de 100 milliards sur le dos des victimes des déchets toxiques. Dans un dossier publié par FRATERNITE MATIN en août 2007, on découvrit que les vraies victimes n`avaient rien reçu et continuaient de mourir en silence. Mais quand les vraies victimes, soigneusement omises se plaignent et organisent des marches pour réclamer leur indemnisation, le grand chef leur envoie d`abord des chiens bergers et des grenades lacrymogènes avant de se fâcher, sur les antennes de la télévision : " il y a des gens qui pensent que être malades des déchets toxiques, c`est un métier…Nous, nous avons pris nos 100 milliards… ". Sous-entendu, circulez, vous n`aurez rien. Donc, monsieur Gbagbo, (l`homme qui a crié Houphouët voleur), a encouragé tous les vols sous son régime. Mais, soudain, réalisant l`ampleur des dégâts causés par ses propres déclarations sur l`économie du pays, et voulant se refaire une nouvelle virginité (oubliant qu`on ne retrouve jamais la virginité une fois qu`on l`a perdue), il ramasse quelques uns de ses amis et les expédie à la MACA. Quand, ces derniers, surpris par le sort qui leur est fait, le grand chef se fâche encore et les traite de voleurs : " J`irai jusqu`au bout…Il s`agit de milliards qui ne sont ni dans les caisses de l`Etat, ni dans les poches des paysans ", déclare-t-il le 21 janvier 2009. Depuis quand l`Etat s`intéresse-t-il, après avoir prélevé ses impôts, à l`argent de la filière café cacao ? Mais, monsieur Gbagbo n`a pas fini de se fâcher que soudain, une bombe explose (oh surprise), à la Présidence de la République. Sa secrétaire particulière, madame Emilienne Gomé, vient d`escroquer 65 millions au DG de MTN. Là, le grand chef est très, très fâché. Voulant jouer lui-même le rôle d`ALI BABA face aux 40 voleurs, il sort son épée et coupe violemment la tête de sa voleuse (5 ans de prison ferme) de secrétaire. Mais la tête de la pauvre n`a même pas touché le sol qu`une autre bombe explose au palais. Des employés fictifs y sont payés depuis des années sans travailler. Tel est pris qui croyait prendre. Les Ivoiriens découvrent ahuris, que la caverne d`ALI BABA, c`est la Présidence de la République. Monsieur Gbagbo est solidement pris dans les mailles de ses propres contradictions. Et le régime de la re(b)fondation qui ne peut mettre le comportement de la secrétaire de monsieur Gbagbo sur le large dos de la guerre, s`est discrédité pour toujours. A présent, le peuple qui pleure, retient son souffle et attend le prochain scandale qui ne saurait tarder. Monsieur Laurent Gbagbo et ses camarades, en traitant Houphouët de voleur se sont présentés comme une poche de moralité et avaient promis de gouverner autrement la Côte d`Ivoire. Il n`y a aucun débat à ce sujet. En effet, aucun régime avant eux, n`avait obtenu des résultats aussi saisissants. ALI BABA ET LES 40 VOLEURS sont partout. Et le peuple, trahi, appauvri, humilié et abandonné, s`interroge : monsieur Gbagbo n`est-il pas le premier responsable de tous les vols commis par ses camarades ? "Le peuple t`a choisi. Toi aussi, avant de choisir qui que ce soit, il faut faire attention. Si tu choisis voleur, nous, on va t`appeler voleur. Tu seras le comptable de ton choix…". Qui est l`impertinent qui a composé cette méchante chanson ?

S. EPICURE

mercredi 18 mars 2009

La Côte d’Ivoire sur le chemin de la guerre civile


Ou

La mondialisation assaillant avec succès les dernières parcelles du Pré Carré

Roger Mottet

Juin 2002

En Côte d'Ivoire, un héritage colonial mal embouché est mis à mal par la mondialisation. Il en résulte une crise politique qui dégénère en un conflit identitaire. Le mondialisateur met discrètement de l'huile sur le feu, et l'ancien colonisateur, pour éteindre l'incendie, envoie ses barbouzes, dont l'intervention maladroite attise le brasier. Aujourd'hui, la Côte d'ivoire vit une situation proche de celle du Rwanda d'il y a dix ans, prête à dégénérer à tout moment.

1. La Côte d’Ivoire mal partie

Le 24 décembre 1999, le dernier coup d’Etat du millénaire avait lieu à Abidjan, réduisant définitivement à néant ce que l’imagerie politique néo-coloniale française avait appelé le miracle ivoirien ; celle-ci avait continué à lui décerner des satisfecit dithyrambiques sur ses succès politiques et économiques, en dépit des lézardes de plus en plus flagrantes qui étaient apparues sur l’édifice depuis la mort en 1993 du père fondateur du régime, Félix Houphouët-Boigny. Le coup d’Etat, en faisant crouler la façade, allait révéler rapidement tous les vices de la structure et surtout de l’infrastructure, liés à la nature originellement fausse de son indépendance, octroyée en 1960 par une métropole qui imposait à son "ex-empire" et le cadre politique, et le cadre militaire, et le personnel politique, parcellisé selon un découpage tribal bien senti qui rendait chaque parcelle extrêmement fragile, et donc dépendante pour sa survie de la présence de garnisons de la puissance coloniale ; cette dépendance maintenait inchangée l’exploitation coloniale, qui continuait telle quelle, grâce à l’imposition d’un cadre économique qui perpétuait la traite sur des cultures de rente rendues au départ obligatoires par le travail forcé - jusqu’à ce qu’au bout de quelques générations il ne soit plus possible d’en sortir, ou même d’imaginer un cadre économique autocentré - grâce à l’imposition d’une monnaie contrôlée par l’ex-métropole, grâce au contrôle, par la même autorité, des changes et des investissements, limités au cadre bancaire de l’ancienne Union Française[1].

Il est vrai que les apparences données par la Côte d’Ivoire du Vieux[2] étaient trompeuses : en dehors de quelques révoltes ethniques, syndicales ou politiques, réglées par des massacres discrets[3], des bastonnades efficaces, des assassinats silencieux, ou des embastillements muets, tout n’était qu’ordre et prospérité dans ce remake colonial ravaudé. Du vivant du dictateur, il n’était jamais apparu aucune menace susceptible de faire croire à l’existence d’une opposition sérieuse qui pût challenger l’autorité du régime ; la croissance régulière de son PNB, l’amélioration de ses infrastructures, le modernisme et la rutilance de sa capitale économique, jusqu’aux délires mégalomanes de l’érection dans la savane de la nouvelle capitale, Yamoussoukro, et de sa cathédrale, pouvaient faire facilement croire à une prospérité de bon aloi pour ce petit pays qui exportait à tour de bras, et parvenait même à se faire sacrer champion mondial de la production du cacao.

Mais une telle vue était en réalité une vue de borgne, qui ne considérait pas la déplétion de la main d’œuvre dans les villages ivoiriens, le dépérissement de son économie vivrière et le dépècement de sa structure foncière traditionnelle au profit des compagnies étrangères ; une vue tronquée, qui ignorait les flux réels de capitaux[4], et en particulier le départ de plus-values faramineuses vers la France, ou vers les banques franco-libanaises de Beyrouth ou « turcos[5] » d’Amérique Latine. La plus-value était générée en partie par la main d’œuvre locale, travaillant sur ses parcelles de taille modeste, et pompée par des pseudo coopératives et une « caisse de stabilisation » contrôlée par l’exécutif local ; l’autre partie, la plus conséquente, était fournie par une main d’œuvre immigrée extrêmement nombreuse, constituée pour la plus grande part de Burkinabés laborieux, et rentrait directement dans les caisses des grandes compagnies où ils œuvraient. L’organisation du commerce local, aux mains quasi exclusives de Libanais, en drainait une autre partie vers l’extérieur du pays. Ainsi, le « miracle économique », au lieu d’enrichir la population locale, au contraire l’appauvrissait, et les chantres de cette réussite avaient raison de la qualifier en sus de « modèle de développement », car il n’existait guère d’autres pays dans le Tiers-Monde où un apparent consensus général acceptait sans rechigner la mise en coupe réglée de son économie par des étrangers.

La paix politique et sociale, malgré une exploitation féroce, était le résultat surprenant de la politique du dictateur, qui, tout en réduisant impitoyablement toute dissidence, parvenait à se concilier la plupart de ses opposants, en leur distribuant des parcelles de pouvoir, et maintenait l’hégémonie politique de son groupe tribal Akan[6] tout en laissant aux chefferies locales assez d’autonomie pour enorgueillir leur amour-propre ; dans le même but, il plaçait de temps à autre un représentant des groupes ethniques vassalisés dans une position de pouvoir visible ; et quand il le fallait, des cadeaux sonnants et trébuchants trouvaient la voie nécessaire pour calmer les plus fâchés des mécontents.

L’importation massive de main d’œuvre étrangère, aboutissant à l’établissement sur le territoire national de plusieurs millions de personnes (plus de 40 % de la population d’origine), allait combler le déficit local, et permettre l’augmentation continue de la production agricole, sans créer de problèmes de rejet, car les retombées salariales étaient suffisantes pour nourrir l’ensemble, sans cependant l’enrichir. Pour toutes ces raisons, le Vieux était qualifié de « Sage », et ses méthodes politiques de « dialogue ».

2. Les contradictions de base remontent à la surface, l’ivoirité fait son apparition

Cette situation de paix politique et sociale a commencé à montrer des signes d’essoufflement au début des années 90, avec l’irruption de la mondialisation, cette méthode politique et économique que l'Amérique utilise pour asseoir son hégémonie, qui ne souffrait plus aucun particularisme, et qui, forte de sa victoire sur l’Empire Russe et de son démantèlement, va s’attaquer ensuite en catimini aux autres ensembles homogènes, l’Empire Chinois, l’Indien, le Pré Carré français d’Afrique, et la tentative unitaire de l’Union Européenne, tout en assénant une pression musclée sur les petites entités étatiques[7] qui lui résistent. Les armes utilisées pour la déstabilisation de ces ensembles sont les mêmes partout : ingérence politique au nom de droits de l’homme et de droits politiques dont les modèles pratiques seraient aux USA ; ingérence économique au nom du libéralisme et de la « saine gestion », imposée en général par l’OMC, la Banque Mondiale, ou le Fonds Monétaire International (FMI), par des règles commerciales qui mettent hors jeu les petits producteurs ou lors de prêts foireux qui enfoncent l’endetté dans une sur-dette ; ingérence militaire indirecte ou directe, enfin, lorsque le mondialisateur, confronté à une fin de non-recevoir tenace, devient redresseur de torts.

En Côte d’Ivoire, les préparatifs de la déstabilisation se sont d’abord occupés du monopole politique dont disposait Houphouët : un parti unique, une mainmise totale sur toutes les institutions. La réponse du pouvoir local à ces premières passes d’armes fut l’emprisonnement des contestataires, dont un leader Bété, Laurent Gbagbo, qui se réclamait du socialisme, et la nomination, comme premier ministre, d’Alassane Ouattara, membre d’un groupe ethnique nordiste, qui avait la bénédiction des institutions financières mondialisatrices, où il avait fait ses classes[8]. Celui-ci, manager efficace, en installant un système de taxation moderne, qui faisait rentrer l’argent du fisc dans les caisses de l’Etat, se fit quelques ennemis parmi les vieux coloniaux qui avaient l’habitude de recourir au bakchich pour payer moins d’impôts, ainsi que dans l’administration corrompue qui avait l’habitude d’améliorer son ordinaire en empochant ces bakchichs. Avec Ouattara à la barre, lorsque tout danger fut écarté, c’est-à-dire après s’être fait réélire, le dictateur sacrifia enfin, formellement, au pluralisme politique.

Parallèlement aux pressions politiques, les méthodes déstabilisantes de l’OMC, dont la dérégulation, intervenant sur la stabilité des prix des matières premières, et en particulier sur les prix des produits agricoles, allaient faire chuter les cours des principaux produits des cultures de rente ivoiriennes, café, cacao, caoutchouc, coton, arachide. En réponse aux demandes paniquées de capitaux, ces institutions répondirent par l’imposition d’ajustements structurels, qui démolissaient les acquis sociaux minimum du pays, puis par l’exigence d’une dévaluation du franc CFA[9], qui, du jour au lendemain, fit basculer dans la pauvreté l’ensemble des classes laborieuses du pays, sans cependant résoudre le problème créé par la dérégulation : la chute des prix, et la diminution de la demande sur le marché mondial. On dut donc faire des coupes sombres dans la main d’œuvre, et l’on se retrouva, dans un pays naguère prospère, avec une masse de chômeurs, non rétribués, qui devaient subsister sur une masse salariale quantitativement réduite et dont la valeur avait diminué de moitié. Les premiers licenciés des compagnies étrangères furent les moins productifs, précisément les Ivoiriens du Sud, et l’on vit naître pour la première fois, dans ce pays multiethnique et traditionnellement tolérant, des ressentiments contre les Burkinabés et les Ivoiriens du Nord, qui avaient le tort d’être, comme les Burkinabés, majoritairement musulmans, de s’habiller comme eux de longs boubous, de parler des langues apparentées, d’être comme eux grands de taille et d’avoir comme eux la peau noire comme du charbon[10].

C’est dans cette ambiance complexe en soi que le père fondateur Houphouët se décida à quitter le monde. Voulant laisser de lui un regret durable, il s’était arrangé pour qu’après lui vienne le déluge : son dauphin constitutionnellement installé, Henry Konan Bédié, Baoulé lui aussi, n’avait pas la même stature politique que son parrain, ni la même vision consensuelle, qui permettait aux parties les plus opprimées de la nation de se sentir à l’aise en son sein. Marchant dans la foulée du ressentiment de la populace du sud qui accusait les « Nordistes », Dioulas et autres Burkinabés, de lui voler son travail ou de manger son pain, il inventa, dans le but de barrer la route de la présidence au dernier premier ministre d’Houphouët, Alassane Ouattara, son seul rival sérieux, le concept d’ « ivoirité », un argument raciste qui rejetait comme non ivoirien tout ce qui n’était pas d’origine ethnique animiste, origine grosso modo confinée géographiquement dans les zones forestières du sud, et marquée depuis le début de la colonisation par l’influence des missionnaires catholiques : l’ivoirité discriminait donc négativement plus de la moitié de la nation. Suite aux manœuvres judiciaires et policières plutôt grossières et musclées de Bédié pour les écarter du scrutin, les partis d’opposition, dont le RDR (Rassemblement des Républicains[11]) de Ouattara et le FPI (Front Populaire Ivoirien[12]) de Gbagbo, décidèrent de boycotter les élections présidentielles de 1995, et Bédié se succéda à lui-même.

Suivirent cinq ans de gabegie politique et économique. Les cours des cultures de rentes continuaient à s’effondrer, et la diminution des revenus du pays et de ses habitants demandaient une nouvelle politique agricole, qui recentrât la production et réactivât les échanges et la consommation internes, de même qu’une politique de décentralisation qui fît revivre les régions et les communautés locales. Des fonds furent prêtés pour cela par les bailleurs internationaux, dont la Commission Européenne, mais leur plus grande partie était détournée sans qu’aucune réforme n’aboutisse, et la paupérisation de la population empirait. La rhétorique de l’ivoirité, c’est-à-dire de l’exclusion, qui continuait et intensifiait le ressentiment des sudistes tout en suscitant l’animosité des nordistes, les pratiques discriminatoires vis-à-vis de l’opposition, la corruption aux résultats de plus en plus apparents, tout cela finit par aliéner du pouvoir l’ensemble de la population. La dette extérieure du pays grandissant, le gouvernement, en 1999, ne trouvait plus assez de ressources publiques pour payer la totalité de son service, ni pour payer ses fonctionnaires, ni même pour payer ses militaires.

3. Le coup d’Etat et la « transition »

C’est dans ce contexte qu’intervint la mutinerie de Noël 1999. Quelques soldats, à qui on n’avait pas payé leur solde depuis plusieurs mois, voulurent se payer eux-mêmes, et le général Robert Gueï, ex-chef d’état-major, alors à la retraite, assura au pied levé la présidence d’une junte[13] dont la composition fut négociée à la hâte avec l’opposition, en attendant la formation d’un gouvernement réuni sur un thème commun, le rejet de tout ce qui avait constitué le cœur du système de gouvernement de Konan Bédié : la particratie unique du PDCI[14], l’ivoirité, la corruption. Ce programme commun ne tarda pas à voler en éclat, car l’ivoirité revint rapidement au-devant de la scène, toujours pour les mêmes raisons : après avoir goûté au pouvoir, le général, qui prétendait n’être là que pour balayer la place, s’y accrochait, et, ne trouvant en face de lui, comme rival de poids aux élections présidentielles prévues pour l’automne, que Ouattara, il trouvait l’arme parfaitement adaptée à son but. Il l’écarta du gouvernement, au printemps 2000, puis, en manipulant une commission constitutionnelle à ses ordres, fit inclure dans la nouvelle constitution un article qui allait immanquablement disqualifier son rival : l’ivoirité devenait constitutionnelle. L’arme raciste, parfaitement efficace pour la lutte des chefs, était à double tranchant, car elle refusait ainsi la citoyenneté à plus de la moitié de la population du pays, une fracture de la société sur une ligne ethnique s’approfondissait et n’allait pas tarder de manifester dans la violence ses effets désastreux.

Dans ce conflit, qui semble n’être qu’une querelle de hobereaux provinciaux, des puissances extérieures ont attisé les passions, tout en faisant, d’une manière apparemment désinvolte, des discours lénifiants distribuant des blâmes ou des certificats de bonne conduite aux uns et aux autres. Il est évident que la déstabilisation allait bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire : cette dernière était, depuis les indépendances de 1960, le moteur économique de l’Afrique de l’Ouest française, et le chaos, s’il s’installait ici, allait se propager dans tout le sous-ensemble. Pour les mondialisateurs, il importait que les matières premières et les produits agricoles des cultures de rente ne dépendent plus que des « marchés » et qu’il soit mis fin à toute stabilisation et à toutes les régulations qui mettaient les producteurs à l’abri des risques ; il fallait aussi mettre fin aux accords particuliers, tels Lomé ou Cotonou, qui pouvaient lier des structures étatiques entre elles, au détriment de l’Etat impérial unique qui prétendait tout réguler. Ces déstabilisateurs avaient déjà montré efficacement leur génie destructeur et leur totale absence de scrupules à l’égard des dégâts collatéraux dans le démantèlement des entités politiques d’Afrique Centrale : la zizanie armée, partie au début de la décennie des Grands Lacs, touchait maintenant le Cameroun, pénultième Etat national de l’ex Afrique Equatoriale Française.

Un des acteurs principaux qui intervenaient de l’extérieur – dans l’évolution géostratégique de l’Afrique Centrale, comme dans celle, actuelle de l’Afrique de l’Ouest – était l’ancienne puissance coloniale, la France, qui avait toujours sa structure en place, et qui tirait toujours de substantiels profits de l’exploitation du pays ; depuis la création de l’Union Européenne, dont l’essence exigeait l’ouverture aux membres de l’Union des marchés fermés, les règles monopolistes de l’empire français s’étaient assouplies, et on avait ouvert les portes de la finance et du commerce aux États Membres. Dans le jeu politique de la Côte d’ivoire, cela donnait à la Commission Européenne, principal bailleur de fonds des projets de développement du pays, un rôle majeur du même côté que la France. Dans le camp adverse, les mondialisateurs, Canada et USA, jamais nommément présents, utilisaient la machine onusienne et ses annexes (Banque Mondiale, FMI, OMC) pour intervenir sur le terrain.

Lors de la mutinerie de Noël 1999, la France avait, au nom de la stabilité, aussitôt reconnu le nouveau régime, tout en ménageant une porte de sortie et un asile au président déchu. Les onusiens et leurs épigones, de leur côté, avaient proféré condamnations et menaces, bien qu’ils fussent parfaitement contents de voir Konan Bédié déboulonné. La Commission Européenne, qui avait, suite à des affaires de corruption particulièrement graves, interrompu son aide dès avant le coup d’Etat, émit aussi, du bout des lèvres, quelques réprimandes, recommandant qu’on revienne au plus tôt à un régime démocratique et constitutionnel. La France, ne pouvant être en reste dans la promotion verbale de la démocratie, recommanda aussi que des élections aient lieu au plus vite, qui remettent les pendules à l’heure. Le Général Gueï promit que la vie politique démocratique allait reprendre incessamment, car sa mission était de rétablir la démocratie. Il annonça un calendrier électoral, qui commençait par un référendum constitutionnel en juillet, puis des élections présidentielles en septembre, des législatives en octobre, et des communales en novembre. Ces élections et leur impact, politique et économique, allaient être le terrain de prédilection des interventions extérieures, car deux puissances opposées allaient être étroitement mêlées dans leur organisation et dans leur observation : la Commission de l’Union Européenne – dont la présidence tournante allait être assurée par la France pendant la période cruciale, de juillet à décembre 2000 – avançait les fonds pour la mise en place des commissions électorales et des bureaux de vote, et pour l’organisation d’une unité d’observation, et les Nations Unies étaient chargées d’exécuter les deux projets, le premier étant géré par l’UNOPS, sous supervision du PNUD, et le deuxième par le PNUD lui-même[15].

4. Le chaos électoral et sa manipulation par des forces étrangères opposées

La première partie, œuvre de logistique pure, fut exécutée dans les mois qui précédèrent le référendum constitutionnel, réalisé à la fin du mois de juillet. Tout le matériel fut remis à la COSUR[16], et une aide logistique lui permit de distribuer le tout sur l’ensemble du territoire national. Tout ce matériel devait revenir ensuite à la CNE[17], son successeur pour le paquet électoral[18] qui devait suivre. Cependant, une gestion onusienne boiteuse eut pour résultat le fait qu’une bonne partie du matériel électoral s’était volatilisée un mois après le référendum, et que les fonds destinés à couvrir les activités des commissions électorales locales traînaient la patte : les officiels du Ministère de l’Intérieur se plaignaient d’une sorte de volonté du PNUD de retarder la délivrance de l’aide promise, et le résultat premier fut un report de cinq semaines, pour raisons techniques, de la première échéance électorale[19].

Il est vrai que la réalisation du calendrier électoral dans sa première mouture était cruciale : la Commission Européenne conditionnait la reprise des négociations sur les accords de Cotonou, suspendus sine die, à la réalisation de ce calendrier électoral. Après ce premier report, un ultimatum arriva de Bruxelles : un nouveau retard dans la mise en œuvre du calendrier électoral allait retarder l’éventualité de nouvelles négociations avec la Commission à 2002 au plus tôt. Les Ivoiriens intéressés par une transition rapide se demandaient si ces étranges lenteurs du PNUD n’étaient pas destinées à détacher la Côte d’Ivoire du cadre de ces accords.

Il faut dire que le report des élections pour des raisons techniques arrangeait bien le général Gueï, qui cherchait maintenant à se succéder à lui-même. Il n’avait pas de parti ni de structure politique pour le soutenir dans une campagne électorale, et venait d’échouer dans sa manœuvre visant à se faire reconnaître comme le candidat officiel du PDCI. Le temps gagné lui permettait d’organiser sa campagne, et surtout d’organiser de manière conséquente la mise hors jeu, par des moyens divers, de ses principaux rivaux.

La première intrigue consistait à diviser l’opposition quasi unanime des partis politiques établis à la perpétuation du pouvoir militaire, et donc à sa personne. D'une part, il prit des accords particuliers avec deux leaders de partis marginaux, qui ne faisaient pas le poids, pensait-il, face à lui : Laurent Gbagbo, du FPI, et Francis Wodié, du PTI[20] ; ces deux partis, précédemment de gauche, allaient, dans la manœuvre, se trouver encore plus marginalisés, car, en composant avec un putschiste impopulaire, ils perdaient leur assise intellectuelle et ouvrière. Le FPI allait aussitôt virer dans le tribalisme, en se recroquevillant sur la base ethnique de son président, d’origine Bété, et en reprenant de manière virulente les poncifs racistes de l’ivoirité[21].

D’autre part, Gueï s’arrangeait pour faire invalider par une chambre constitutionnelle de la Cour Suprême à ses bottes ses deux opposants les plus sérieux, Alassane Ouattara, du RDR, et Emile Constant Bombet, ex-ministre de l’Intérieur, candidat officiel du PDCI, en utilisant deux articles de la nouvelle constitution rédigés spécialement pour ces deux personnages : contre Ouattara, on utilisait l’ivoirité[22], et contre Bombet la clause de non-corruption[23].

La deuxième intrigue réussie, il fallait maintenant épurer la junte, le gouvernement et les états-majors de l'armée et de la gendarmerie de tous leurs éléments dioulas. On monta une machination, fréquemment utilisée par les dictateurs africains, qui consistait à mettre en scène un faux coup d’Etat contre soi-même servant à accuser, arrêter, juger, condamner et exécuter les opposants[24]. Le général Gueï étant un peu trop lourdaud pour concevoir ce genre de spectacle, on vit débarquer au début de septembre, avec une grande visibilité destinée sans doute à désaffranchir l’opposition, le général Jeannou Lacaze avec une bande de barbouzes, envoyés probablement par Matignon - la discordance des communiqués officiels montrait que l’Elysée et Matignon ne s’entendaient pas sur le poulain à soutenir[25]. Après une tentative avortée d’arrestation de Ouattara vers la mi-septembre, repoussée sans effusion de sang par les militants du RDR, les affreux optèrent pour l’endiguement militaire. Dans la nuit du 17 au 18 septembre, après avoir mis Gueï à l’abri à Jacqueville, pour éviter tout dérapage, semble-t-il, ils organisaient une mise en scène dans la résidence de celui-ci, dans le quartier Indénié du Plateau. Tous les acteurs de ce théâtre étaient les membres de la garde de Gueï lui-même, y compris ceux qui sortirent les pieds devant, ou ceux que l’on malmena en public, devant les caméras de la télévision officielle : ces derniers, morts ou torturés, étaient tous des Dioulas, selon leur patronyme. On criblait de balles la façade de la maison du général, mais en évitant les fenêtres pour ne pas casser les carreaux, on poussait à la main un blindé contre un de ses murs, pour ne pas trop l’abîmer, on crevait au revolver les pneus de la Mercedes vide du président, en évitant tout éclat sur la carrosserie, et on présentait tout cela le lendemain à la télé. Quelques jours plus tard, on fouillait les résidences vides de deux éminents Dioulas, adjoints directs de Gueï au CNSP, les généraux Palenfo et Coulibaly, le premier représentant à ce moment-là la Côte d’Ivoire aux jeux olympiques de Sydney, on désarmait leur garde, et on exhibait ces armes le soir à la télé, comme preuves qu’ils avaient comploté. Des arrestations et des exécutions suivirent, laissant entendre que l’enquête allait remonter vers les chefs ; sous la torture, les éléments dioulas de la garde de Gueï, de Palenfo et de Coulibaly non trépassés avouaient que c’était Palenfo et Coulibaly qui avaient organisé la soirée théâtrale à la résidence de Gueï. Puis on remania et le CNSP et le gouvernement, en éliminant tous les dioulas qui pouvaient encore s’y trouver. Les deux généraux, après le retour de Palenfo de Sydney, durent chercher refuge à l’ambassade du Nigeria, pour échapper à l’exécution. La tension montait dangereusement, à la veille de la proclamation par la Cour Suprême de l’inéligibilité de Ouattara. On s’attendait, pour cette date, à des émeutes.

Pendant que certains services français agissaient directement, en éliminant les Dioulas des États-Majors, les Nations Unies, outil d’interférence des mondialisateurs, sabotaient en sous-main le projet d’observation financé par la Commission Européenne. De même qu’il essayait, par son contrôle de l’UNOPS, de retarder le déroulement des élections, le PNUD, qui avait l’exécution directe du projet d’observation, s’efforçait d’empêcher l’unité d’observation d’observer. Le recrutement de sa direction par le PNUD, composée d’incapables patentés[26], le refus de donner une quelconque aide logistique à son administration, le refus de lui allouer des fonds, la mise en place d’embûches bureaucratiques, transformant son travail en course d’obstacles, freinèrent et paralysèrent le déploiement des observateurs, et ceux d’entre eux qui observèrent tout de même, en dépit des difficultés, furent rapidement éjectés, ou déplacés vers des postes où ils ne pouvaient plus rien voir[27]. Les cadres onusiens permanents encadrant le tout étaient, il est vrai, des anciens de la déstabilisation africaine : le Représentant Résident s’était trouvé comme par hasard au début de la décennie à Bujumbura, et le mystérieux « officier de sécurité » spécialement détaché du Kosovo pour « encadrer » cette mission se trouvait fortuitement à exercer les mêmes fonctions à Kigali à la même époque ; la « program officer » supervisant directement le projet venait d’arriver de la Sierra Leone; il n’y avait donc que des spécialistes. Le but d’une non-observation, donc d’une non-ingérence et de non-recommandations, allait de soi : laisser pourrir la situation, où le général, mégalomane et maladroit, allait, par ses bourdes, mettre le feu aux poudres.

5. L’ivoirité paroxystique

La tension qui continuait à croître finit par exploser, malgré la retenue de la direction du RDR, qui recommanda à ses militants de ne pas manifester après l’invalidation de la candidature de leur leader à la magistrature suprême, le 7 octobre.

En conséquence de la décision de la Cour Suprême, le RDR, comme le PDCI, décidèrent de boycotter le scrutin. Celui-ci eut lieu le 22 octobre, et n’attira guère les foules. Seuls 25 % des électeurs inscrits se déplacèrent, et une majorité relative d’entre eux accordèrent leurs suffrages à Gbagbo, non par choix de celui-ci, mais par opposition au maintien des militaires à la tête de l’Etat ivoirien. Au fil de la proclamation des résultats partiels par la CNE, il s’avérait que Gbagbo devançait Gueï ; celui-ci arrêta brusquement le décompte, fit arrêter les membres de la CNE, et se proclama vainqueur. Gbagbo, voyant la chance de sa vie s’éloigner – il n’aurait jamais pu gagner une élection avec comme rival l’une des deux personnes dont la candidature venait d’être invalidée[28] –, joua son va-tout, et lança ses partisans dans la rue, à l’assaut de la présidence. La garde présidentielle tira dans le tas, mais dans la journée, la plupart des partisans de Gueï au sein de l’armée, et en particulier la direction de la gendarmerie, dont le rôle avait été vital dans le maintien de la structure de l’Etat, lors des mutineries de décembre 1999 et de juin 2000, se rallièrent à Gbagbo[29], et Gueï disparut de la scène.

Ce dénouement impromptu interpellait tous les acteurs politiques : on s’attendait à la constitution d’un front d’opposition civile contre Gueï, et on se retrouvait avec pour président un civil, partisan récent de l’ivoirité, ayant rallié les ivoiristes radicaux du régime Gueï dernière version. La grogne des partisans du RDR s’exprima le lendemain lors de manifestations spontanées dans la plupart des quartiers d’Abidjan, qui demandaient un nouveau scrutin et une révision de la décision de la Cour Suprême sur l’éligibilité de leur leader. A ces manifestations s’opposèrent manu militari les partisans de Gbagbo, les ivoiristes de la capitale, encadrés par les gendarmes et certaines unités de police obéissant à leur état-major. Le conflit politique se transformait instantanément, ivoirité oblige, en un conflit ethnique, on incendiait les mosquées, on arrêtait des gens qui n’avaient rien à voir avec les manifestations, à leur domicile, sur simple délit de faciès, pour aller les torturer dans les casernes et les commissariats, puis les exécuter sur des terrains vagues ou au bord des lagunes. Cette politique musclée du nouveau pouvoir porta vite ses fruits : au bout de quelques jours, pendant lesquels les médias locaux étalaient ostensiblement les corps mutilés des victimes, les protestations s’amenuisèrent jusqu’à l’extinction. On découvrit quelques jours plus tard, sur un terrain vague du quartier populaire de Yopougon, un charnier où étaient entassés une soixantaine de cadavres, selon toutes vraisemblances des Dioulas et assimilés exécutés sur place par la gendarmerie ; cette nouvelle dévoilait la nature profondément raciste de l’alliance qui s’était nouée au mois d’août entre Gueï et Gbagbo, et annonçait une fracture définitive de la société ivoirienne. Quelques jours après, le nouveau pouvoir faisait arrêter les généraux Palenfo et Coulibaly, qui avaient quitté leur refuge de l’ambassade du Nigeria, et on les inculpait « d’atteinte à la sécurité de l’Etat », comme commanditaires de « l’attentat » contre le général mis en scène par les affreux de Jeannou Lacaze : la continuité de la politique de Gueï était assurée, et ce dernier savourait un exil doré, entouré de sa garde privée, aux confins du Libéria.

Après le tapage dans la presse internationale provoqué par la découverte du charnier de Yopougon et les demandes de diverses autorités internationales d’organiser un nouveau scrutin, Gbagbo fit mine de se montrer accommodant, et annonça qu’en vue d’une réconciliation nationale, les élections législatives seraient ouvertes à tous les candidats validés par la CNE. Mais il s’empressait de promulguer un décret qui donnait à tout citoyen un droit de recours auprès de la Cour Suprême contre tout candidat qui lui déplairait. Le résultat escompté ne se fit pas attendre, quelques jours avant les législatives, la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême invalidait à nouveau la candidature de Ouattara à la députation, décision à laquelle entendait s’opposer le RDR en annonçant pour le lendemain une manifestation de protestation qui fut aussitôt interdite par le nouveau ministre de l’Intérieur. Le résultat fut, à nouveau, des scènes de violences policières vis-à-vis des manifestants, suivies de pogroms, de chasses au faciès et de tueries encouragées par des déclarations incendiaires du nouveau président[30], de tortures de prisonniers dans les commissariats, dont des viols en série de femmes kidnappées apparemment pour leur origine ethnique. Les cadres du RDR furent arrêtés, emprisonnés sans inculpation et sans jugement, et les élections législatives eurent lieu sans la participation du RDR. La population « Dioula » des provinces du nord empêcha le scrutin d’avoir lieu dans la plupart des circonscriptions de ces régions, en détruisant purement et simplement le matériel électoral, ou en chassant les membres des commissions électorales de leurs bureaux. Des incidents armés eurent lieu çà et là, opposant dozos[31] et gendarmes, population citadine du nord et autorités préfectorales, faisant apparaître le spectre de la guerre civile[32].

Le nouveau gouvernement, qui venait de se pourvoir d’une assemblée législative à ses ordres, fit à nouveau risette aux opposants, pour répondre aux sollicitations et aux appels à l’apaisement des bailleurs de fonds étrangers. Il créait un Comité de Médiation et de Réconciliation Nationale, dont la majorité des membres n’étaient pas spécialement conciliants, tout en maintenant une politique de répression contre l’opposition et d’intransigeance à l’encontre de toute opinion en désaccord avec lui. Ainsi, des journalistes furent malmenés, les locaux d’un journal indépendant mis à sac, les emprisonnés des manifestations pro-démocratiques restèrent en prison, et le gouvernement organisa des manifestations devant les ambassades et légations de pays ou organisations qui avaient eu le culot de lui conseiller l'apaisement. Les arrestations et détentions arbitraires, les tortures dans les commissariats et casernes se poursuivaient impunément, mettant de l’eau au moulin des organisations diverses, nationales ou internationales, défendant les droits de l’homme. Les exactions[33] dont était la cible l’ensemble de la population considérée comme Dioula portèrent vite leur fruit : un exode commença vers le nord[34], les Burkinabés, Maliens, Malinké et autres Dioulas abandonnant leurs biens pillés aux « ivoiristes » protégés par les forces de police dans les villes du sud. Avant la frontière, la police les délestait des derniers biens qu’ils avaient réussi à sauver[35]. A Bonoua, petite bourgade ivoirienne près d’Abidjan, les étrangers, après avoir vu leurs commerces et tous leurs biens expropriés, furent soumis à un couvre-feu discriminatoire à partir de vingt et une heures[36].

Malgré cela, le principal parti d’opposition restait calme, et se proposait de participer aux élections communales, prévues pour le mois de mars. Comme le risque était grand de les voir emporter un grand nombre de mairies, on organisa en janvier un nouveau faux coup d’Etat pour les disqualifier définitivement. Pour lui donner plus de sérieux, on mit en scène une intervention étrangère[37], mais sans trop insister, suite aux bons conseils du gouvernement français, afin de ne pas laisser dégénérer la plaisanterie en une guerre régionale. Puis on arrêta d’autres militants et sympathisants du RDR[38], on intimida encore la presse avec des méthodes cassantes[39], des tabassages de rédacteurs en chef et des interdictions administratives[40], et on inculpa la secrétaire générale du RDR, mais sans oser l’arrêter. Le fils de la secrétaire générale du RDR fut présenté, dans le coma, à la presse, après un tabassage justifié à la télévision par le ministre de l'intérieur; il fut sauvé in extremis grâce à l'intervention de chancelleries étrangères. Le secrétaire de Ouattara, raflé par hasard dans la rue, fut lynché à mort dans un commissariat…

Les élections communales eurent lieu tout de même, avec la participation du RDR, qui gagna une majorité relative des mairies, y compris dans les bastions ethniques du parti au pouvoir, rejetant dans le rang des perdants celui, qui, dans ses proclamations officielles, qualifiait le RDR de groupuscule marginal.

L’élargissement de quelques cadres du RDR, l’acquittement de sa secrétaire générale, la tenue assez transparente des élections communales, l’apparente ouverture du président Gbagbo à une réconciliation nationale, donnaient l’impression que les tensions s’amenuisaient, et que l’on se dirigeait vers un règlement pacifique du conflit. Ces apparences autorisèrent le gouvernement socialiste de la France à reprendre sa coopération avec le gouvernement dont elle avait favorisé l'installation, et qu'elle considérait donc comme légitime.

Mais les apparences d'ouverture n'aboutirent pas. Les viols de femmes dioula raflées au hasard étaient justifiés par Mme Gbagbo[41] et aucune plainte de violée n'était prise en considération par la justice ivoirienne. L'instruction du procès des gendarmes responsables des massacres d'Abobo et du dépôt des corps au charnier de Yopougon traîna des mois; le jugement devant une cour militaire, d'où étaient exclus par l'intimidation tous témoignages compromettant pour les gendarmes, se termina le 3 août 2001 par l'acquittement de ceux-ci. En octobre 2001, le premier ministre de Gbagbo, Affi N'Guessan, en visite officielle en France, déclarait sans sourciller que le charnier de Yopougon était un montage; le 1er novembre 2001, le président de l'assemblée nationale faisait la même déclaration devant le Forum de Réconciliation Nationale…

Ce Forum, inspiré par le parti socialiste français, exigé par les bailleurs de fonds internationaux, aboutira en décembre 2001, au retour au pays d'Alassane Ouattara et de Konan Bédié, à leur participation ainsi qu'à celle du général Guei aux travaux du forum, et à une recommandation principale: qu'on donne à Alassane Ouattara un certificat de nationalité ivoirienne. Mais Gbagbo se défilera une fois de plus, en se déclarant incompétent, ce certificat de nationalité étant selon lui du ressort du judiciaire, qu'il déclare indépendant.

Ce semblant de décrispation amena les socialistes français à décider, dès le 25 avril 2001, que la démocratie était en marche en Côte d'ivoire[42], et qu'il fallait reprendre l'aide financière, qu'on allait donc pousser les institutions de Bretton Woods à renouer avec le démocrate Gbagbo, ce qui fut fait en janvier-février 2002, la Banque Mondiale et le FMI donnant leur bénédiction pour de nouveaux prêts et un nouveau rééchelonnement de la dette extérieure.

Mais les articles racistes des journaux pro-gouvernementaux continuaient d'invectiver les Dioulas et autres Burkinabés. La FESCI[43] affichait officiellement une xénophobie revendiquée comme telle et demandait à ses adhérents de la montrer ostensiblement[44]. La police, la gendarmerie et l'armée, aux innombrables barrages installés sur les routes nationales, provinciales, départementales, ou citadines, continuaient à harceler les personnes dont les patronymes montraient une origine nordique, déchirant leurs pièces d'identité, volant leur maigres possessions, les battant ou les tuant au moindre signe de protestation. Les lois de "réforme agraire" dépossédant les nordiques qui avaient acheté des terres au sud continuaient à être appliquées par la force, principalement par le lynchage et l'incendie.

La poudrière ivoirienne reste toujours en attente de l'étincelle qui la fera sauter. Le concept d'ivoirité, destiné à barrer la route du pouvoir à un individu, a créé une fracture durable et apparemment irrémédiable dans la société ivoirienne.




[1] Ce même cadre de république bananière a été imposé à tous les fragments saucissonnés de l’ex-empire français où se sont trouvés des personnels politiques francisés et vassalisés qui acceptaient ces règles, en échange de volumineuses prébendes et d’une complaisance tacite au regard des effets de leur mégalomanie : Afrique Occidentale Française, Afrique Equatoriale Française, îles et archipels de l’Océan Indien et du Pacifique furent tronçonnés en parcelles incapables de subsister de manière autonome. Les quelques velléités indépendantistes furent vite amenées à résipiscence par des mesures de blocus économique (tel le Mali de Modibo Keita) ou transformées en zones d’anti-développement par ces mêmes mesures (telle la Guinée de Sekou Touré). Le cadre de gestion métropolitain, lui, changeait de nom: le Ministère des Colonies devenait Ministère de la coopération, avec le même personnel, les mêmes méthodes, le même budget.

[2] Le Vieux: nom affectueux donné par les Ivoiriens au père fondateur.

[3] Le dernier massacre de type colonial, reléguant les Bété dans l’opposition passive pour plusieurs décennies, a eu lieu en 1973, dans la région de Gagnoa-Daloa, et a été exécuté par le bataillon français basé en permanence à Port-Bouet; il n’a provoqué ni émotion ni protestation à l’étranger, car ce carnage discret a été totalement ignoré par la presse française comme par la presse internationale.

[4] Lorsqu’il s’agit de louanger leur “mission civilisatrice” ou leur humanitarisme, les chantres de l’exploitation coloniale ne comptent jamais que les dons, les prêts, ou le prix des infrastructures réalisées, mais oublient systématiquement de mentionner la valeur des bénéfices, des dividendes, ou des terres et matières brutes saisies sans demander l’avis des occupant du lieu, et sans lui offrir de compensations.

[5] Turcos: nom donné aux Levantins sur les côtes de l’Amérique Latine.

[6] Groupe ethnique composé des Baoulés, des Agni, des Abouré, des Ashanti, des Indénié et de quelques sous-groupes, situé au centre et surtout sur la zone forestière du sud-est du pays, frontalière du Ghana ; ce groupe occupe aussi la majeure partie de l’ouest et du centre du Ghana.

[7] L'acharnement mis à dépecer, pendant plus de dix ans, par tous les moyens, la structure autogérée, donc non-conforme, de la Yougoslavie, est un cas d'école.

[8] Alassane Dramane Ouattara, dit ADO, a été à la fin des années 80 un des vice-directeurs du FMI.

[9] Dévaluation de 50 % du franc CFA.

[10] La caractérisation des divisions ethniques que j’exprime ici est très grossière, tout comme l’est la perception raciste qui vient d’émerger en Côte d’Ivoire. Plus précisément, est considéré comme Burkinabé, donc mauvais, par l’Ivoirien partisan de l’ivoirité, toute personne originaire de la bande sahélienne, donc est aussi bien rejeté le Malinké que le Mandingue, le Sénoufo que le Mossi, le Ouolof que le Toucouleur, soient les Guinéens, les Sénégalais, les Maliens, les Nigériens, les Burkinabés. Il est remarquable que les Ghanéens de la zone Ashanti, donc membres du groupe Akan, en proportion non négligeable en Côte d’Ivoire, n’y sont pas actuellement frappés d’ostracisme, pas plus que les Libériens. Le terme le plus courant pour désigner cette population exclue est « Dioula », par référence à la langue véhiculaire des commerçants islamisés du nord.

[11] Parti créé en 1994 par des dissidents du PDCI, l’ex-Parti-Etat d’Houphouët.

[12] Parti créé dans la clandestinité dans les années 70, sur des bases maoïstes.

[13] Le Comité National de Salut Public (CNSP).

[14] PDCI: Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, Parti-Etat d’Houphouët-Boigny, au pouvoir sans partage depuis 1958.

[15] En tant qu’instrument privilégié de la mondialisation et de ses activités déstructurantes, Koffi Anan et ses épigones pnudiens ne pouvaient rêver d’une position plus favorable que celle que leur conférait l’incapacité de la Commission Européenne à gérer ses propres projets, et plus généralement l'incapacité de l'UE à produire une politique étrangère cohérente ; dans ce cas précis, c’est un des entités à déstructurer qui lui fournit et son financement, et son cadre institutionnel, et son personnel.

[16] COSUR: commission de surveillance des élections, une commission mise en place par le Ministère de l’Intérieur pour organiser les bureaux de vote du référendum constitutionnel, suivre et finaliser le déroulement de celui-ci.

[17] CNE: Commission Nationale Electorale, une structure, en principe indépendante, créée selon les termes de la nouvelle constitution, destinée à encadrer toutes les élections futures.

[18] Le 1er tour des élections présidentielles était prévu pour le 17 septembre, le deuxième tour pour le 8 octobre, les législatives pour le 23 octobre, et les municipales pour le 19 novembre.

[19] Le report annoncé différait le premier tour des présidentielles au 22 octobre.

[20] Parti des Travailleurs Ivoiriens, groupuscule ouvriériste, associé au gouvernement présent de Laurent Gbagbo avec quelques portefeuilles mineurs.

[21] Après sa consécration comme président, Gbagbo va aussitôt se faire remarquer par son indulgence vis-à-vis du général Gueï, à qui il accordera un sauf-conduit vers sa région d’origine, aux confins montagneux du Libéria, puis une sorte d’amnistie, et, enfin, une nouvel accord de type tribal, liant le groupe Bété aux groupes ethniques montagnards de la région de Man voisine, pour les législatives.

[22] Le texte constitutionnel mentionne explicitement ce que les ténors de l’ivoirité reprochent précisément – et démagogiquement – à Ouattara: i. ses parents ne seraient pas tous deux nés en Côte d’Ivoire; ii. il se serait prévalu, au cours de sa vie, d’une autre nationalité (burkinabé). Selon toute vraisemblance, vu les faux produits pour étayer leur thèse, ces deux assertions sont dénuées de tout fondement.

[23] Dès que le PDCI eût nommé Bombet candidat officiel du parti, en septembre 2000, la justice ivoirienne annonça sa mise en examen dans le cadre d’une affaire de détournements de fonds.

[24] Une description détaillée et savoureuse de ces pratiques est à lire dans l'excellente caricature des dictateurs du Pré Carré Français donnée par Ahmadou Kourouma dans son roman "En attendant le vote des bêtes sauvages".

[25] Apparemment l'Élysée soutenait Ouattara, alors que Matignon soutenait Gbagbo, au nom d'une fraternité "socialiste" qui se révélera vite douteuse, comme la suite le montrera.

[26] Le coordonnateur de l’observation démissionna après un mois de villégiature passé au bord de la piscine d’un hôtel de luxe situé à la périphérie de la ville d’Abidjan; il avait déjà à son actif, dans la même position, pour la même mission d’observation électorale gérée par le PNUD au Mozambique en 1995, un mois d’inactivité dans un hôtel de luxe de Maputo, d’où il démissionna au bout d’un mois en laissant derrière lui un chaos inénarrable. La responsable de la “formation” des observateurs, censée donner des informations sur le pays, une méthodologie et des directives sur l’observation, envoya les observateurs en brousse sans documents, sans instructions et sans coordination, ne sachant quelle était leur mission; elle aussi avait à son actif une pagaille gigantesque lors de la mission électorale de l’Union Européenne au Cambodge en 1998. L’expert financier recruté par le PNUD se révéla être incapable de faire un bilan mensuel de dépenses de petite caisse et même d’additionner deux nombres de quatre chiffres à la calculette.

[27] L’un des observateurs, après une interview avec le candidat Gueï, et la rédaction d’un rapport où il signalait les menaces de mort proférées par celui-ci à l’encontre de Ouattara, fut remercié aussitôt après l’avoir transmis au PNUD, et renvoyé en France. Un autre observateur, basé à Zanzan, dans la savane du nord-est, après avoir observé – et encouragé par sa présence – les tentatives de conciliation intercommunautaire christiano-musulmanes, fut déplacé vers un lieu où il ne pouvait plus rien observer. L’auteur de ce papier, après avoir observé à la jumelle, de son appartement, situé à quelques centaines de mètres de la résidence de Gueï, le simulacre de coup d’Etat le 17 septembre, et avoir fait part de son observation à son superviseur, fut éjecté le lendemain.

[28] Gbagbo a été élu par environ 15 % des électeurs inscrits (60 % des voix des 25 % d’électeurs qui ont effectivement voté).

[29] Les États-Majors de la Police Nationale, de la Gendarmerie, de l'Armée, avaient, semble-t-il, été pris en main par les barbouzes du général Lacaze, et le renforcement du bataillon de Port-Bouet par quelques centaines de légionnaires en septembre 2000 devait servir d'argument pédagogique à l'opération. La logique des alliances, qu'on pourrait qualifier de génocidaires, des gouvernements socialistes français en Afrique, commencée au Ruanda quelques années plus tôt, se continuait ici.

[30] Le soir du 4 décembre, à 20h23, lors d’une déclaration télévisée, alors que les violences policières sont déjà démesurées, le nouveau président met de l’huile sur le feu en dénonçant une insurrection des nordistes et en donnant “l’ordre aux policiers, aux gendarmes et aux militaires de toutes armes de s’opposer par tous les moyens, partout, sur toute l'étendue du territoire national, aux semeurs de trouble,…les militants du RDR…”. D’après les témoins interviewés par la commission d’enquête des Nations Unies mise en place par la suite, les violences, tortures et exécutions se seraient intensifiées après cette déclaration, dans la nuit du 4 et la journée du 5 décembre.

[31] Dozos: chasseurs traditionnels du nord de la Côte d'Ivoire, aux pouvoirs réputés magiques.

[32] A Tingrela, ville proche de la frontière malienne, la population brûla la préfecture et la caserne de gendarmerie.

[33] Racket systématique par les divers corps armés, pillage et destruction des propriétés des “Dioulas” par des civils protégés par ces corps armés, contrôle abusif des documents d'identité et destructions de ceux-ci…

[34] Selon le Washington Post (7 février 2001) 300.000 personnes auraient rejoint le Burkina-Faso en décembre et janvier. Selon BBC News Service (1 février 2001) 10.000 personnes franchiraient les frontières du nord chaque jour depuis décembre.

[35] Panafrican News Agency, 5 février 2001.

[36] Panafrica News Agency, 29 janvier 2001 ; BBC News Service, 1er février 2001.

[37] Le gouvernement prétendait avoir repéré une colonne de 4x4, venue du Burkina-Faso, menée par une Mercedes, et l’avoir repoussée en exhibant un vieux chasseur de ses forces aériennes totalement inopérationnelles.

[38] Un lieutenant de Ouattara fut arrêté, pour complot contre la sécurité de l’Etat, sur base du témoignage d’un loueur de services téléphoniques, que la police était incapable d’identifier, qui aurait entendu l’accusé dire: “Nous sommes prêts” (Citation du Ministre de l’Intérieur par Reuters World News, 2 février 2001)

[39] Citons la démolition des presses du journal indépendant “Le Jour” lors de la perquisition du local par 30 gendarmes “à la recherche d’armes” (Panafrican News Agency, 12 février 2001). Le site internet de ce journal a été nettoyé de tous les articles se rapportant aux périodes de massacres, en octobre et décembre 2000.

[40] Le journal "Solidarité PAALGA" est interdit le 26 avril 2001 parce que son directeur est (soi-disant) Burkinabé (Panafrican News Agency, 26 avril 2001).

[41] Interview de Simone Gbagbo au journal du FPI (le parti de Gbagbo) "Notre voie", le 18 avril 2001: " les Ivoiriens…ne sont pas descendus dans la rue pour contester ces cas de viol…ça, il faut bien le comprendre".

[42] Déclaration de Laurent Fabius à Abidjan, le 25 avril 2001 (Panafrican News Agency).

[43] Fédération des Étudiants et Scolarisés de Côte d'Ivoire

[44] "Le Jour", 18 octobre 2001.