vendredi 19 octobre 2007

L`Etat et paysans, tous deux responsables de la mauvaise gestion


Le Nouveau Réveil - N°1749 - vendredi 19 octobre 2007


D
ans son adresse à la nation, mercredi dernier, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, s'est joué du peuple ivoirien. En tenant, sur la gestion scandaleuse de la filière café-cacao, des propos dénués de toute réalité. En effet, face à l'échec de la reforme dudit secteur, il n'a trouvé à dire voire à redire que d'attribuer la responsabilité aux pauvres paysans. Qui, après avoir accepté par ignorance ou snobisme, de se faire miroiter un pouvoir qui ne leur a jamais été octroyé ou redonné (c'est le terme approprié), sont aujourd'hui contraints de payer le lourd tribut de leur moindre vigilance. Depuis la fin de la campagne présidentielle de 2000. A dire vrai, le pouvoir n'a jamais lâché la filière café-cacao. Qu'il continue de chercher à contrôler. Ce secteur pourvoyeur de fonds est dirigé au quotidien par des organes tels que le Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café-cacao (FDPCC), le Fonds de régulation et de contrôle du café et du cacao (FRC), la Bourse de café-cacao (BCC), l'Autorité de régulation café-cacao (ARCC)… La dernière structure est étatique. A ce niveau donc, tous trouvent normal que l'Etat y ait une mainmise totale. Puisqu'elle fait partie des organes étatiques. Concernant le FDPCC, la BCC le FRC, la mauvaise informtion a toujours circulé à leur sujet. On n'a cessé de faire croire que ces organes sont privés et que par conséquent ce sont les producteurs de café-caco qui ont eu la gestion du quotidien. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que le FDPCC, la BCC, le FRC ont dans leurs conseils d'administration respectifs des représentants de l'Etat ivoirien. D'autant que la filière fonctionne sous une double tutelle ; le ministère de l'Economie et des Finances (tutelle financière). En sus, aucun fonds ne peut être décaissé pour une opération d'achat sans la signature des deux (2) ministères, membres (à part entière du gouvernement de Côte d'Ivoire). Qui rendent compte au premier ministre qui, à son tour, tient le chef de l'Etat informé du fonctionnement de la reforme de la filière. Laurent Gbagbo ne saurait cacher la vérité aux Ivoiriens en jetant l'opprobre sur le monde paysan. Qui, en toute sincérité, n'a jamais eu à gérer tout seul et en toute autonomie le secteur dont les ressources ont servi à financer à hauteur de plus de 250 milliards la guerre contre la rébellion d'alors. Ainsi, le pouvoir Gbagbo et les paysans aujourd'hui désillusionnés sont comptables de la mauvaise gestion de la filière. Puisque pendant qu'un groupuscule de planteurs, bras séculier du régime, s'embourgeoise " sauvagement ", la majorité productrice de la première richesse du pays croupit dans la misère. Une des preuves que l'Etat est impliqué dans la gestion de la filière, ce sont la création et les fonctions attribuées au comité de pilotage. En effet, cette structure n'avait de compte à rendre qu'au chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. C'est d'ailleurs après ce comité qu'est né un autre chargé du suivi et de validation des projets et programmes de la filière café-cacao que préside le secrétaire exécutif de l'ARCC, structure hautement étatique. Alors, peut-on après toutes ces informations, raconter aux Ivoiriens que la mauvaise gestion de la filière est seulement imputable aux paysans ? Bien sûr que non quand on n'ignore pas que les assemblées générales électives des structures susmentionnées ne peuvent se tenir qu'avec l'accord des ministères de tutelle. Par ailleurs, tous ces procès contre le FDPCC n'ont lieu que parce que le chef de l'Etat refuserait de signer un décret qui proroge le mandat officiellement, des membres du conseil de gestion. Et puis, tous les dirigeants des organes cités plus haut ne se plaisent-ils pas à déclarer qu'ils sont à leur poste grâce à un décret de Gbagbo ? Vraiment, trop de contrevérités qui déshonorent la Côte d'Ivoire.
C. Kwagne

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