mardi 23 novembre 2010

' Le leader ivoirien prône pour sa part un mélange d'action politique et d'action violente comme les ' boycotts actifs

Publication Logo

21 novembre 1997

Colloque sur l'Afrique à Paris;
Le ' modèle ' Kabila


AUTEUR: Pierre PRIER

RUBRIQUE: LA VIE INTERNATIONALE

LONGUEUR: 503 words

' Je constate que Laurent-Désiré Kabila est l'homme le plus célèbre de l'Afrique... ' Laurent Gbagbo, l'opposant le plus prestigieux de Côte-d'Ivoire, a du vague à l'âme : ' Même dans mon pays, qui n'a aucune frontière avec l'ex-Zaïre, au fond de la brousse les villageois me disent : ' Il faut faire comme Kabila / ' Et nous, nous prêchons la bonne parole, demandant aux gens d'être démocrates... ' L'ombre du tombeur de Mobutu s'est invitée sans permission à la réunion africaine organisée mercredi soir à Paris par le parti socialiste. Le thème du jour était : ' Stratégie électorale ou tentation armée ' ?
La réponse arrive immédiatement. Les invités d'honneur, chefs de file des oppositions de cinq pays francophones, Côte-d'Ivoire, Guinée, Niger, Mauritanie, République centrafricaine, lancent un avertissement unanime : le bulletin de vote perd du terrain. Leurs militants, fascinés par la victoire éclair du nouveau maître de l'ex-Zaïre, les poussent à prendre les armes. ' Nous sommes en train d'être dépassés par notre base ', dit le Guinéen Alpha Condé. ' A moi aussi, on me dit que si je veux vraiment le changement, il faut faire comme Kabila. Il y a aujourd'hui un mythe Kabila. '
Deux sortes de démocratie
Comme ses pairs, Alpha Condé se sent obligé d'écouter ce message sans nuance. A l'exception de Gbagbo, plus nuancé, ces acteurs de la politique classique se montrent, sans précaution oratoire, tentés par la violence pour conquérir le pouvoir. ' Après tout, chez vous, la démocratie n'est pas venue pacifiquement, lance Alpha Condé. La Révolution française a coupé beaucoup de têtes. '
Pour eux, l'histoire récente des démocraties en Afrique de l'Ouest, commencée en 1990, est déjà terminée. Par des moyens divers : des élections truquées aux manoeuvres destinées à empêcher les opposants les plus populaires de se présenter en passant par les milices armées les présidents en place refusent l'alternance, affirment-ils.
Le désarroi n'est pas absent des réflexions de ces hommes qui regrettent de voir les pays occidentaux fermer les yeux, ' comme s'il y avait deux sortes de démocratie, une pour le Nord et une pour les pays tropicaux '.
Laurent Gbagbo résume sa vision de l'impasse démocratique sur le continent : ' En Afrique noire, c'est celui qui organise les élections qui les gagne. ' Le leader ivoirien prône pour sa part un mélange d'action politique et d'action violente comme les ' boycotts actifs '. Mais ses collègues ne s'interdisent plus de rêver à des renversements par des militaires légalistes, qui pourraient ouvrir la voie à des élections transparentes.
Leurs militants de base, eux, ne s'embarrassent pas de ces nuances. Et dans la salle un représentant de l'opposition de l'ex-Zaïre ose rompre le consensus : ' Le leader de mon parti, Etienne Tshisekedi, devrait être ici. C'est Kabila qui lui a interdit de quitter Kinshasa. Ceux qui croient que Kabila a fait une guerre de libération rêvent. La libération ne passe pas par les armes. Sinon, le continent africain deviendra invivable. '

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire