mercredi 19 octobre 2011

M. Alain Dogou, ministre de la Défense de Laurent Gbagbo donne sa version

Publié le mercredi 19 octobre 2011   |  Notre Voie


« Que la partie civile de la crise commence… ». Tel a été l’unique vœu formulé par le président Laurent Gbagbo, le jour même où il a été bombardé, renversé par l’armée française et remis aux miliciens de M. Alassane Ouattara, les ex-Forces nouvelles (rébellion armée). Depuis ces mots prononcés le 11 avril 2011, la macabre barbarie des armes le cèdent progressivement aux débats sur les grands crimes contre l’humanité dans le pays. Dans le document qui suit, M. Alain Dogou, ministre de la Défense deLaurent Gbagbo à l’époque des évènements qui ont marqué l’accession armée au pouvoir de M. Alassane Ouattara, apporte un éclairage capital sur « les tueries des femmes d’Abobo ». C’était l’alibi de toutes les interventionsarmées meurtrières les plus spectaculaires de la France et de l’ONU contre la Côte d’Ivoire. Un document que le CNRD (pro-Gbagbo) doit transmettre à la Cour pénale internationale (CPI) pour la suite de ses enquêtes.

Selon son porte-parole, le président Laurent GBAGBO en détention préventive à Korhogo a instruit ses avocats à l’effet d’engager les procédures idoines pour que la vérité éclate dans l’affaire des femmes du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) qui auraient été tuées le 3 mars 2011, alors qu’elles manifestaient les mains nues dans la commune d’Abobo. La chambre d’enquêtes préliminaire n°3 de la Cour Pénale Internationale a demandé au procureur, l’ouverture d’une enquête sur les événements postélectoraux survenus en Côte d’Ivoire. En attendant l’aboutissement de ces procédures judiciaires, je voudrais en ma qualité de Ministre de la Défense d’alors, présenter d’abord mes condoléances aux familles de toutes les victimes de cette crise, ensuite apporter mon témoignage sur l’affaire des femmes d’Abobo, et enfin partager des interrogations sur cette affaire douloureuse vécue à l’époque par le gouvernement du professeur Aké N’Gbo.

1- Les faits

Lee jeudi 3 mars 2011, autour de 14 heures, au sortir du Conseil hebdomadaire de Ministres, le premier coup de fil que je reçois lorsque je reprends mon Global Système Mobile (GSM), est celui d’un journaliste de Radio France Internationale (RFI) qui voulait avoir mon opinion sur l’assassinat de sept (7) femmes tuées à l’arme lourde à Abobo. Je lui réponds que c’est lui qui m’informait et lui ai demandé de me situer le lieu exact des faits qu’il me rapportait ainsi. Il me rétorqua qu’il ignorait lui-même le lieu exact mais, on lui a dit que c’était à Abobo à un carrefour. Je lui ai demandé lequel des carrefours de la grande commune d’Abobo ? Il m’a répondu qu’il ne connaissait pas bien la commune d’Abobo et qu’il n’était pas sur les lieux des faits qui lui ont été rapportés par une source qui n’en savait pas plus non plus. J’ai encore demandé s’il avait échangé au préalable avec ses confrères qui ont certainement plus d’informations que lui, ce qui me permettrait de diligenter rapidement, relativement au contexte, une enquête des Services d’intelligences dans l’attente des rapports des Services opérationnels. Il me répondit qu’eux non plus, n’en savaient pas plus que lui. Je lui ai alors conseillé de se rapprocher des Services du ministère de l’intérieur qui sont compétents à un premier niveau pour l’encadrement des manifestations publiques.

A peine ai-je raccroché avec le journaliste de RFI que mon collègue, ministre de l’Intérieur m’appelle pour me dire qu’il venait de raccrocher avec un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) qui l’a interrogé sur une prétendue répression par les FDS d’une marche de femmes RHDP à Abobo qui aurait occasionné six (6) morts. Je lui rapporte le contenu de mon entretien téléphonique avec le journaliste de RFI et mon collègue me dit que ce sont à peu près, les mêmes questions qu’il a posées au journaliste de l’AFP qui n’avait pas plus d’informations que celui de RFI. Dix (10) minutes plus tard, c’est le Ministre Porte-parole du Gouvernement Aké N’GBO, qui m’appelle au téléphone parce qu’assailli dit-il, par des journalistes de la presse étrangère qui réclamaient une déclaration du Gouvernement sur la répression sanglante par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) d’une marche de femmes à Abobo. J’entre alors en contact avec le Commandant Supérieur de la Gendarmerie puis le Chef d’Etat Major pour en savoir un peu plus sur cette prétendue affaire. Ils me répondirent l’un après l’autre qu’ils n’en savent rien. Je leur demande néanmoins d’interroger leurs différents collaborateurs sur le terrain pour être situés sur ces allégations contre les FDS et de me faire parvenir un rapport circonstancié.

Dans le même temps, les chaînes de télévisions françaises : I-Télé et France 24 diffusaient en boucle, des images d’une prétendue marche de femmes à Abidjan réprimée violemment par les FDS ayant occasionné (six) 6 morts. A l’évidence, les images qui sont diffusées pour illustrer les commentaires étaient des images d’archives d’une manifestation qui s’était déroulée quelques mois plutôt dans une autre commune d’Abidjan. Mais, pour « tromper » les téléspectateurs, la mention « images d’archives » ne figurait ni en haut ni au bas de l’écran comme l’exige la déontologie en la matière. Les commentaires tendaient à montrer au contraire, que c’était des images de la marche qui avait commencé dans une ambiance de gaieté, le jeudi 3 mars 2011 et qui par la suite, aurait été dispersée à l’arme lourde par des FDS. Après les investigations de la Police et de la Gendarmerie, l’Etat Major des FDS a produit et rendu public le 4 mars 2011 un communiqué dans lequel il ne se reconnaissait pas dans une prétendue tuerie de femmes à Abobo à l’arme lourde consécutivement à une marche. Plus tard, au cours de la journée du vendredi 4 mars 2011, des images étaient diffusées sur des sites Internet où l’on voyait en gros plan, des hommes, des enfants et des femmes dans un fond de grand bruit puis soudain, une femme à terre avec du sang ou de l’éosine sur la tête, la camera fait un gros plan sur elle, et l’on voit qu’elle tente de se relever et quelqu’un lui souffle de se recoucher et on revoit la jeune dame en train de se recoucher effectivement. Le cameraman certainement amateur va plus loin, fait un « balayage » rapide et présente en gros plan une femme dont la tête a explosé. Puis, dans un « zoom arrière », la camera montre le passage d’un blindé, d’un véhicule de Police et d’une ambulance.

2- Notre analyse

A l’analyse des seules images publiées sur Internet, il est difficile d’affirmer que les faits se déroulent sur le même théâtre ou qu’il s’agit d’un montage digne d’un film de James Bond. Ce sont les seules images véritables de cette supposée marche. Le même jeudi 3 mars 2011 au même moment où se tenait le Conseil des ministres, l’ONUCI organisait à son siège de l’hôtel Sebroko, une conférence de presse sur les justifications de sa réception de deux (2) hélicoptères de combat Mi-24 dans une crise civile de contestation de résultats d’une élection. Ce faisant, les journalistes étaient certainement tous occupés par le Conseil des ministres et la conférence de presse de l’ONUCI. Il n’y avait donc aucun journaliste de la presse nationale, ni de l’Onuci, encore moins de la presse étrangère pour couvrir la troisième plus importante activité de la journée du 3 mars 2011, à savoir la marche des femmes du RHDP qui se déroulait à Abobo, à la même heure et qui aurait été violemment réprimée à l’arme lourde par des FDS de Côte d’Ivoire ! Il est tout de même curieux de constater que les seules images disponibles de cette affaire sont celles d’un caméraman amateur ! Elles sont à dessein non seulement utilisées pour émouvoir la communauté nationale et surtout internationale mais également présenter le Président Laurent Gbagbo comme un tueur de manifestantes pacifiques, un tyran qu’il fallait déloger par tous les moyens de son palais, rebaptisé « bunker » par la presse internationale en comparaison de celui du boucher Adolph Hitler en 1939-1945.

Ce n’est que le sept (7) mars, soit quatre jours après, que le quotidien proche du Rassemblement des Républicains(RDR), «Le Patriote», qui avait volontairement cessé de paraitre depuis une semaine est revenu pour tenter de justifier les « tueries massives » des femmes à Abobo par des FDS. A la Une de ce journal, il était écrit, en surtitre, «Nous sommes de retour», accompagné de trois commentaires en forme de titres : « Ils ont osé tirer sur des femmes » ; « ces gens sans cœurs, sans raisons » ; « le capitaine Allah livre les noms des commanditaires». Trois photographies isolées illustraient ces commentaires : la première présente en gros plan des femmes avec des pancartes, la seconde montre une seule femme à terre et, la troisième est une photo d’un char dans une rue. Ces trois photos, on peut en trouver de la même nature dans les photothèques de tous les journaux ivoiriens qu’ils aient couverts ou pas, une manifestation publique de cette envergure le 3 mars 2011.

Aucun incident avec les Fds…

Interrogée sur les mouvements de véhicules de Gendarmerie et de Police effectués dans la commune d’Abobole jour des prétendus faits, la hiérarchie militaire a répondu que le jeudi 3 mars 2011, il y a eu sans incident, le ravitaillement des troupes de maintien d’ordre stationnées au camp de Gendarmerie d’Abobo. L’affaire du massacre à l’arme lourde de femmes manifestantes a été surmédiatisée sans que personne ne situe ni les lieux ni l’heure de survenue, en dehors des images de la camera amateur. Les illustrations du journal «Le Patriote» relevaient plus d’une imagination malsaine savamment préméditée. Malgré cela, L’ONUCI a repris à son compte les dépêches d’Agences de presse française et le Conseil de Sécurité a été saisi d’un rapport sur une prétendue utilisation d’armes lourdes sur des femmes par les FDS. C’était l’indignation et la consternation internationale malgré les démentis formels faits par le Gouvernement Aké N’Gbo, par son porte-parole le 4 mars 2011 et la conférence de presse des ministres de l’Intérieur et de la Défense le 5 mars 2011, le PrésidentLaurent Gbagbo est accusé par la presse étrangère et la Communauté internationale d’avoir assassiné des femmes opposantes à son régime. Quelle menace particulière pouvait représenter une manifestation publique de surcroit pacifique de femmes du RHDP à Abobo le 3 mars 2011 contre le régime du Président Laurent Gbagbopour qu’il décide de la réprimer à l’arme lourde ? Que voulait donc prouver le président Laurent Gbagbo à la Communauté internationale en ordonnant le «massacre » des femmes aux mains nues?

Que de curiosités sur le char « tueurs » !

De la version des faits selon le reportage du journal « Le Patriote » du 7 mars 2011, surgissent des interrogations non encore élucidées. Le char présenté à la Une de ce journal hautement partisan est-il celui qui a effectivement tiré ou est-ce une photo d’archives ? Combien de fois le char a-t-il tiré ? Comment la cible a-t-elle réagi ? Logiquement, si un blindé tire sur une foule aux mains nues, il survient une débandade généralisée occasionnant des morts, des blessés et autres dégâts collatéraux. Dans l’affaire d’Abobo, l’on ne parle que de femmes mortes et point de blessées comme si l’objectif poursuivi était exclusivement un décompte macabre.

La question fondamentale que l’on est en droit de se poser est celle de savoir à qui profite le crime ? Cela parce que dès le dimanche 06 mars 2011, des femmes RHDP d’Abobo ont rendu une visite de compassion aux familles des défuntes et à celle d’un garçon de quinze (15) ans présenté par la presse proche du RDR comme la septième victime. Au moment où le monde entier s’apprêtait à commémorer la Journée internationale de la Femme célébrée tous les 8 mars de chaque année, qui avait intérêt à susciter l’émoi par l’assassinat de femmes quelques jours plus tôt ? Des femmes mortes le 3 mars 2011, il y en a certainement eues, ce jour là, àAbobo. Mais sûrement pas dans les conditions décrites par la presse tendancieuse nationale et étrangère. Sept (7) mois après, nombreux sont ceux qui comme moi demeurent encore dans l’expectative relativement aux conditions dans lesquelles elles furent tuées, surtout que jusqu’au mois de juillet 2011, certaines familles des victimes réclamaient au directoire du RHDP, les corps de leurs parentes pour les enterrer selon leurs rites culturels et religieux. D’autres familles de victimes ont fait leur deuil parce que le directoire du RHDP leur a répondu que leur parente a été enterrée le même jour et à leur insu !!! Comment comprendre qu’une dépouille mortelle soit enterrée par la famille politique sans l’autorisation de la famille biologique étant entendu qu’elle n’appartient pas à la première mais à la seconde ? Et comment expliquer que des femmes supposées tuées par des FDS soient enterrées dans la précipitation, sans le moindre respect d’une procédure médico-légale ? Y avait-il des informations ou des données secrètes qu’il fallait absolument protéger ? En dehors du message de compassion apporté le dimanche 6 mars par une délégation des femmes du RHDP, quelles étaient les informations sur les dépouilles mortelles données aux familles de femmes « martyres » ? Pourquoi le RHDP a tenu à organiser un rassemblement spécifique pour rendre des hommages particuliers à ces femmes sans attendre la cérémonie officielle dédiée à leurs victimes de la commune d’Abobo ? Y a t-il au RHDP une gradation des martyrs de la crise post-électorale ? Ou alors, est ce parce que les morgues d’Anyama et d’Abobon’avaient pas les commodités pour recevoir des dépouilles issues d’attaques à l’arme lourde que les femmes « martyres » du 3 mars ont été enterrées précipitamment? La cérémonie de décoration à titre posthume, de ces femmes d’Abobo reconnues martyres par la Grande Chancellerie le 2 août 2011, n’élucide en rien le mystère de cette macabre histoire. Une telle cérémonie ne clôt pas non plus le débat sur les circonstances de leur mort provoquée. Le constat est que les dépouilles mortelles des autres victimes d’Abobo ont été officiellement remises aux familles respectives au cours d’une cérémonie officielle le 13 octobre 2011, alors que les femmes martyres ont été enterrées dans la précipitation à l’insu de leurs familles. Pourquoi ces traitements différentiels des victimes d’un même conflit ?

Ces abonnés aux grossiers montages et au commando invisible

Pour mémoire, il faut rappeler que plusieurs montages grossiers ont été réalisés dans la crise ivoirienne si bien que l’on ne serait pas surpris que l’affaire des tueries des femmes d’Abobo et le charnier de Yopougon aient le même réalisateur et le même producteur parce que la mise en scène obéit à la même logique et l’objectif poursuivi est le même, diaboliser le président Laurent Gbagbo.

Dans le charnier de Yopougon, les médecins légistes avaient trouvé de l’eau dans les poumons des personnes décédées par suite de noyade au Plateau et présentées comme ayant été froidement exécutées à N’Dotré. Puis, l’on a vu au mois de janvier 2011 sur les écrans de télévisions françaises une personne, présentée comme un manifestant du RDR supposée morte à la suite d’une répression sanglante des FDS devant le siège de l’Onuci au Plateau, se relever tranquillement après avoir fini de jouer sa partition, ignorant qu’une autre camera continuait de tourner. Enfin, on avait aussi annoncé dès décembre 2010, l’existence d’un nouveau charnier à N’Dotré. L’ONUCI après des investigations infructueuses a été obligée d’infirmer l’existence. Dans l’affaire des tueries des femmes d’Abobo, la scène montrait une dame couverte d’un liquide de couleur rouge similaire au sang. Elle tentait de se relever quand l’ordre lui a été intimé dans une langue nationale de se recoucher car la prise de vue n’était pas encore finie…
Il est aussi intéressant d’indiquer qu’à partir de janvier 2011, un commando dit invisible, aux méthodes médiévales sévissait dans la commune d’Abobo : six policiers tenant un poste d’observation au carrefour de la mairie ont explosé après une attaque à l’arme lourde dans la nuit du 12 au 13 janvier ; le secrétaire de la fédération FPI de Madinani (nord du pays) venu s’abriter chez son oncle a été égorgé comme un mouton le 17 janvier sous le prétexte d’être un partisan du Président Laurent Gbagbo ; un capitaine de Gendarmerie et deux de ses éléments en mission de reconnaissance ont été portés disparus au carrefour de N’Dotré le 18 janvier ; une expédition punitive nocturne a été organisée du 6 au 7 mars 2011 contre le village d’Anonkoua-Kouté réputé favorable au président Laurent Gbagbo. Tous les commissariats de Police et brigades de Gendarmerie d’Abobo ont été les cibles du commando invisible durant le mois de février 2011, ce qui a contraint l’Etat Major des FDS sous embargo depuis sept ans, à concentrer tous les Services de sécurité au camp de la Gendarmerie de ladite commune, pour continuer d’assurer la sécurité des populations résiduelles dans le contexte nouveau de guérilla urbaine imposé par le commando invisible. Toutes les missions de ravitaillement des Forces de Sécurité rassemblées au camp de la Gendarmerie ont été attaquées par des snipers faisant presque régulièrement des dégâts du côté des FDS. A cette occasion, ont été tués un officier et des sous-officiers de police. Deux gendarmes ont été blessés et un char incendié à la grenade. Dans la nuit du 5 au 6 mars 2011, le centre émetteur de la télévision ivoirienne a été détruit et trois agents de sécurité qui étaient en service à l’intérieur des locaux ont été brûlés vifs après avoir été ligotés comme des cabris.

C’est dans cet environnement de troubles sérieux et graves à l’ordre public qu’on a pu observer pendant la période allant de janvier à mars 2011, des marches qualifiées de pacifiques du RHDP. Les images de ces manifestations de rue montraient parmi les marcheurs des individus munis d’armes légères et parfois lourdes ainsi que des chasseurs traditionnels « dozo » portant des fusils dont ils ne se séparent jamais. La supposée marche des femmes annoncée ou organisée le 3 mars dans cette commune aurait-elle échappé à ce dispositif ? Dans cette affaire de tueries de femmes d’Abobo, aucune enquête spécifique n’a été réclamée ni exigée par les nouvelles autorités en place car pour le RHDP, le président Laurent Gbagbo est le seul responsable et les FDS les seuls coupables. A quoi servirait donc une enquête ? De toutes les façons, les supposés faits se seraient passés dans une commune favorable à Monsieur Ouattara.

Pour notre part, nous sommes convaincus qu’une enquête transparente et sérieuse révélera bien de surprises. Sinon, comment expliquer la coïncidence remarquable entre la célébration nationale de la Journée internationale de la femme annoncée depuis deux (2) semaines par la Télévision Nationale dans la commune de Yopougon supposée acquise au président Laurent Gbagbo et le « massacre » de femmes du RHDP à Abobo prétendu fief de Monsieur Ouattara. A qui profite le crime ? Une enquête minutieuse doit être menée pour déterminer les circonstances de la survenue de la tuerie de ces femmes, car ce n’est pas le Président Laurent Gbagbo qui a ordonné leurs assassinats. Ce n’est pas non plus le Premier ministre Aké N’Gbo. Ce n’est ni le ministre de la Défense ni celui de l’Intérieur.
Rappelons que le chef d’Etat Major, le Commandant supérieur de la Gendarmerie et le Directeur général de la Police interrogés ont affirmé ne rien savoir de cette douloureuse affaire. Mais une idée germait déjà dans l’opinion internationale, celle de faire interdire l’usage d’armes lourdes dans le District d’Abidjan dans le but d’affaiblir considérablement le système de défense des Forces Armées

Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) dans la perceptive de la bataille d’Abidjan. Parce que ceux qu’on appelle à tort les soldats du président Laurent Gbagbo sont, en réalité, les Forces de Défense et de Sécurité nationales en charge conformément aux dispositions pertinentes constitutionnelles (article 24) d’assurer la protection des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national. Ce qui n’était plus le cas depuis le déclenchement de la crise en 2002 ayant consacré la partition de fait du pays. Le président Laurent Gbagbone pouvait donc s’en servir contre les populations civiles contrairement aux allégations diffusées. Tout ceci n’était-il pas le prétexte pour justifier l’intervention de la Communauté internationale à travers le Conseil de Sécurité de l’ONU? Les enquêtes nous situeront certainement mais le constat est que la mise en scène du commanditaire de l’assassinat des femmes s’est déroulée de manière linéaire. A partir de cette affaire, le Conseil de Sécurité de l’ONU a décidé d’interdire l’usage d’armes lourdes dans le seul district d’Abidjan, puis, prenant un autre faux prétexte de la violation de cette résolution le 17 mars par les FDS, il a donné mandat à l’ONUCI et à la force française LICORNE de détruire les sites stratégiques des FANCI et des Institutions de la République de Côte d’Ivoire. La suite est connue.

3- Notre conclusion

Les procédures spécifiques engagées devant les juridictions compétentes par les avocats du Président Laurent Gbagbo et l’enquête de la Cour pénale internationale permettront certainement de découvrir la vérité sur les conditions de survenue de la mort de ces femmes. Leurs morts ont affecté les Ivoiriens de tous les bords politiques tout simplement parce qu’on ne tire pas sur des femmes aux mains nues. C’est pourquoi, il faut, en toute objectivité et indépendance laisser la justice mener impartialement les investigations nécessaires à l’éclatement de la vérité en s’assurant que ces femmes ont été effectivement tuées et dans quelles conditions et circonstances l’ont-elles été, pour que soient situées les responsabilités afin de traduire devant les juridictions compétentes les coupables conformément aux lois en vigueur.

Contrairement à une idée répandue, les personnes qu’on qualifie de proches du Président Laurent Gbagbo ne sont pas contre la justice. Ce qu’elles réfutent c’est la justice des vainqueurs qui a cours depuis le 28 novembre 2010 avec d’un côté, les bons (les sauveurs dixit le procureur Simplice Koffi Kouadio) qui auraient mené le bon combat et de l’autre, les mauvais qui auraient agi en toute illégalité, comme si l’arrêt du Conseil constitutionnel ivoirien qui proclame le président Laurent Gbagbo vainqueur du deuxième tour de l’élection présidentielle ne devrait produire aucun effet juridique. Les proches du Président Laurent Gbagbo veulent savoir si oui ou non six femmes ont été tuées à Abobo et qui les a tuées. Mais au-delà, élucider toutes les tueries d’Abobo comme celles des six policiers au rond point de la mairie de la même commune et les villageois d’Anonkoua-Kouté. Mais avant, ils voudraient aussi savoir comment sont morts les anciens ministres de l’Intérieur Boga Doudou Emile et Tagro Désiré; les officiers des FANCI, Dali Oblé, Dagrou Loula et tous les 80 gendarmes de Bouaké ; les artistes Camara Yeréfè dit « H » et Marcellin Yacé; les chefs rebelles qu’étaient Oumar Diarrassouba dit « Zaga-Zaga », Bamba Kassoum dit « Kass », Coulibaly Adama dit « Adams » ainsi que tous les morts devant l’Hôtel Ivoire (novembre 2004) et du Moyen Cavally (2011), etc.

On ne peut pas les occulter en cherchant simplement à faire inculper le président Laurent Gbagbo et le traduire devant la Cour pénale internationale. Les Ivoiriens veulent savoir la vérité sur tous les crimes commis depuis septembre 2002 et après cela, ils iront certainement à la réconciliation. Laurent Gbagbo voulait simplement le recomptage des voies pour mettre définitivement fin à la crise politique née des proclamations divergentes du résultat de l’élection présidentielle faite par la Commission électorale indépendante et le Conseil Constitutionnel. Ceux qui ont refusé sa proposition et préféré le règlement du conflit politique par une solution militaire lui imputent la responsabilité exclusive des dégâts. Les différentes enquêtes nous situerons sur les responsabilités des uns et des autres et permettront surtout d’identifier les véritables coupables.

Sécurité des soins et gestion des risques

Dr. Boguifo dénonce les cliniques privées de la mort

L’association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (ACPCI) présidé par Dr. Joseph Boguifo a dénoncé lundi à l’AIBEF à Treichville, les établissements sanitaires privés qui mettent en danger les patients. C’était lors de la cérémonie d’ouverture du symposium scientifique à l’occasion de la 2ème journée nationale sur la sécurité des patients et la gestion des risques en milieu de soins. Selon lui, ces 10 dernières années, des cliniques illégales se sont ouvertes en violation totale de la réglementation en vigueur. « Ce qui est fait au détriment du patient », a-t-il soutenu. Ses propos ont été confirmés à sa suite par le Pr. Antoine Amonkou Akpo, directeur de cabinet du ministre de la santé et de la lutte contre le sida. 1/3 des 1212 établissements de soins recensés en 2007 «fonctionne en toute illégalité posant par principe des problèmes quant au respect des normes sur la qualité et la sécurité des soins délivrés à la population », a ajouté le Pr. Amonkou.
Pour Dr. Boguifo, l’objectif de cette journée est de réduire le taux de mortalité et de morbidité dans « nos hôpitaux. » « Le souci, poursuit-il, c’est de préserver le patient de tout effet néfaste lorsqu’il reçoit des soins dans un établissement sanitaire. » Lieu de soulagement des patients, l’hôpital peut donc être un lieu dangereux pour eux si les pratiques médicales ne sont pas faites selon les normes de soins. Ce qui pose la question de la qualité des soins. « La recherche de la qualité est une condition de la satisfaction des patients de plus en plus exigeants », a souligné Dr. Boguifo qui estime que la non qualité coûte chère à la clinique, aux patients et à l’Etat. « Les normes de qualité doivent être opposables aux professionnels de la santé », soutient de son côté le directeur de cabinet représentant le ministre de la santé.

« En outre, en plus des conditions portant sur la conformité de l’organisation architecturale et du plateau technique de ces établissements privés, les exigences minimales à respecter devraient porter sur la mise en place de dispositifs concernant : la lutte contre les infections nosocomiales, le traitement des déchets médicaux, la sécurité des injections et des matériels réutilisés, la sécurité des produits sanguins, le bon usage des médicaments, la prévention des erreurs en chirurgie et en anesthésie, la prévention des défaillances dans l’utilisation de dispositifs médicaux », a précisé Pr. Amonkou. Mme Essoin, présidente de l’association ivoirienne pour l’amélioration de la sécurité des patients (regroupe 12 associations de malades), pense pour sa part qu’il faut inciter à une plus grande responsabilité les professionnels de la santé afin de réduire au minimum les risques dans les établissements sanitaires.
Le symposium a duré deux jours durant lesquels les participants ont entendu plusieurs communications sur la nécessité de réduire les risques en milieu de soins. Le but final est de faire de la Côte d’Ivoire qui a déjà un plan national en la matière, un pays sûr en matière de pratique médicale.

Coulibaly Zié Oumar