Les jeunes Dan à Gbagbo avant sa visite dans le Grand Ouest : “Que la dépouille de Guéi soit dans la seconde limousine de votre cortège”
samedi 14 mars 2009
Monsieur le Président,
Depuis la signature de l`accord politique de Ouagadougou le 04 mars 2007, la Côte d`Ivoire, notre pays, baigne dans une atmosphère de ni paix ni guerre. Vos farouches adversaires d`hier (la rébellion) sont aujourd`hui vos meilleurs amis. A la faveur de cette relative accalmie. De cette supposée paix, vous avez décidé de sillonner tout le territoire national afin de vous rendre compte de visu que la terre d`Eburnie est effectivement réunifiée.
Ainsi, sur votre cheval de conquérant, muni de votre bâton de général, vous avez parcouru le Sud, le Nord, l`Est et le Centre de notre pays. Il ne vous reste qu`à fouler le sol du Grand-Ouest pour enfin crier votre triomphe et dire : veni, vidi, vici (je suis venu, j`ai vu, j`ai vaincu) à l`instar de Jules César qui pacifia les terres d`orient après les avoir conquises.
Le Grand-Ouest est donc d`un enjeu capital pour votre gloire ; car nul n`ignore que vous nourrissez le secret désir de marquer de votre empreinte l`histoire de notre nation et celle de l`Afrique, comme le fut votre illustre idole Julius Caius Caesar (Jules César), grand empereur romain qui conquit le monde.
Monsieur le Président, loin de nous l`idée d`entraver votre marche glorieuse, bien au contraire, tous les fils du Grand-Ouest sont prêts à vous accueillir les bras ouverts ; n`étant point oublieux des honneurs que vous rendîtes à notre Père Robert GUEI lors de sa visite d`Etat dans la région du Fromager en l`an 2000, quand il était encore Chef d`Etat et votre ami.
Monsieur le Président, aujourd`hui, c`est à votre tour de vous rendre dans le Grand-Ouest. Il est de notre devoir de vous rendre également les honneurs dus à votre rang. Cependant, vous êtes sans ignorer que " ceux qui désirent acquérir la faveur d`un prince ont coutume le plus souvent de venir à lui avec des choses qu`ils ont le plus cher ou dont ils voient qu`il se délecte davantage ".
Nous, peuple DAN, ne refusons pas non plus conquérir vos faveurs. Certes nous n`avons point " de chevaux, d`armes, de tissus, d`or, de pierres précieuses et semblables ornements " dignes de votre grandeur. Mais nous avons plus précieux que ces présents là à vous offrir :
Nous avons le regard du peuple DAN à vous livrer ;
Nous avons le sentiment profond du Grand-Ouest à vous donner ;
Nous avons les conseils de nos sages à vous prodiguer. Car " pour bien connaître la nature du peuple, nous dit Machiavel, il faut être prince, et pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple ".
Accepter donc ces précieux présents que nous vous offrons humblement. Nous espérons qu`en lisant cette lettre avec diligence, considération et méditation, vous apercevrez combien de fois il nous tient à cœur que vous parveniez à cette grandeur que " la fortune et vos autres qualités vous promettent ".
Monsieur le Président, voulez-vous savoir comment le peuple DAN voit votre venue dans les Montagnes ?
Le peuple DAN voit cette arrivée d`un bon œil. Il se réjouit que, neuf ans après votre arrivée au pouvoir, vous daigniez enfin lui rentre une visite d`Etat. Il est heureux d`accueillir sur ses Terres, le quatrième président de la République de Côte d`Ivoire. Toutefois, tous ceux qui disent " a peu nin " souhaitent vous montrer dans quel état ils sont au moment où vous vous apprêtez à fouler le sol de leurs ancêtres. La région des Montagnes est sinistrée.
Depuis plus de vingt ans, l`ouest ignore le développement. La vraie fausse guerre que nous vivons depuis le 19 septembre 2002 a enfoncé le clou. Il n`y a plus de routes, plus d`hôpitaux, les écoles manquent du minimum. L`agriculture est en ruine. Le café qui faisait la fierté de la région est vendu à vil prix (à peine 100f/kg). La forêt, l`une des richesses naturelles de cette région, est pillée : les forêts classées sont abusivement exploitées.
L`administration tarde à se redéployer. Les sous-préfets que nous a envoyés le Ministre de l`Intérieur Monsieur Désiré TAGRO ne font pas leur travail. Tous quasiment originaires de la région du Fromager sont toujours partis, festoyer dans leur village natal ; comme si ces administrations étaient complices d`un complot contre le peuple DAN, ils travaillent à priver les fils de cette région de papiers administratifs notamment les extraits d`acte de naissance, nécessaires actuellement pour l`enrôlement au point où le taux d`enrôlés dans les 18 Montagnes est à peine de 19%.
Monsieur le Président, il y a pire : le peuple DAN est meurtri ; Il est affligé ; il est en deuil. Il est dans le recueillement. Car il a perdu son trésor le plus cher. Le sort lui a arraché l`être qui portait en lui seul l`espérance de tout un peuple. Les DAN ont perdu celui qui, en très peu d`années d`existence, a réveillé la conscience et scellé l`unité des peuples de tout le Grand-Ouest (Wê et DAN). Les DAN de Côte d`Ivoire, descendants de la tribu DAN d`Israël, ont perdu leur guide : Robert GUEI. C`est dans cet état de grande affliction que vous apprêtez à rendre visite à ce peuple en déroute. Votre visite va donc nous apporter, nous l`espérons, du réconfort. Nous vous attendons.
Cependant, Monsieur le Président, le sentiment profond du Grand-Ouest depuis la disparition de Robert Guéi n`a pas changé. Le peuple DAN ne comprend pas pourquoi feu Robert GUEI fait l`objet de tant de mépris de votre part.
De son vivant, alors qu`il était encore chef d`Etat, Président de République de Côte d`Ivoire, Robert GUEI était votre ami. Vous l`appeliez mon frère, mon beau. Nuitamment, vous vous rendiez à sa résidence de l`Indénié pour des conciliabules dont vous êtes aujourd`hui seul à connaître la teneur. Mais il a fallu qu`il quitte le pouvoir pour que vous lui manquiez d`égard. Pourtant lui, vous est resté constant et fidèle dans l`amitié. Il vous a même donné 15 députés en 2001 pour conforter votre majorité parlementaire afin que vous dérouliez votre programme de refondation. Mais jamais vous ne lui aviez été reconnaissant. Frustré de toutes ces humiliations, le Général Robert GUEI s`était retiré dans son village natal de Gouessesso dans le département de Biankouma. Etant là-bas, vous l`aviez traité d`apatride en le qualifiant de citoyen hors de la République. Pour qu`il regagne votre “République”, c`est-à-dire le Sud, c`est-à-dire Abidjan, il a fait l`objet d`une cour assidue de votre part. Plusieurs de vos émissaires ont été dépêchés vers lui pour le convaincre de regagner Abidjan, votre “République”. De bonne foi, il a répondu à votre appel. En novembre 2001, il a participé au forum de réconciliation nationale qui fut un véritable procès contre lui. Et là encore, que d`affronts et d`injures n`a-t-il pas subis ? A la fin des travaux du forum, il a été proposé que vous reconnaissiez son statut d`ancien Chef d`Etat, proposition ayant déjà été faite en 2000 par la sous-commission statut d`ancien Chef d`Etat dirigée alors par le Pr SAMBA Diarra. Malheureusement, vous n`avez jamais donné suite à cette requête. La loi qui devait être votée par l`Assemblée Nationale, loi relative au statut d`anciens Chef d`Etat et de Président de la République, ne l`a jamais été du vivant du Gal Robert GUEI. C`est deux ans plus tard après sa mort que cette loi a été votée. Robert GUEI est donc mort sans jamais avoir été reconnu par la refondation comme ancien chef d`Etat et Président de la République de Côte d`Ivoire. Et cela est d`autant plus vrai qu`à son assassinat le 19 septembre 2002, le monde de la refondation a jubilé. Vos plus proches collaborateurs à savoir Alain Toussaint, votre conseiller en communication, LIDA Kouassi, votre Ministre de la Défense et AFFI N`Guessan, votre Premier Ministre et Président du FPI, votre parti, l`ont accusé d`être l`instigateur du coup d`Etat qui s`est mué aujourd`hui en rébellion. Vous avez tous mangé au prytanée en vous délectant de cette conspiration puisque le clergé de l`Eglise catholique l`a totalement blanchi.
Bien entendu, ne l`ayant pas reconnu comme ancien Chef d`Etat et Président de la République, il était évident que vous ne lui rendiez pas les honneurs dus à son rang. C`est pourquoi, vous l`avez enterré comme vous le vouliez : c`est-à-dire comme un citoyen anonyme, un vulgaire bandit.
Est-ce ainsi que vous traitez vos amis?
Le peuple DAN tient ici à vous exprimer son indignation face à ce mépris constant dont est victime son digne et illustre fils le Président Robert GUEI.
Nelson Mandela disait à sa sortie de prison : " tant que vous n`aurez pas pardonné, vous ne serez jamais libre ".
Le peuple DAN est prêt à pardonner ce crime crapuleux. Mais comme le disent les Sud Africains : "forgive, but not forget". C`est à dire "pardonner mais ne pas oublier".
Le peuple DAN pardonne ce meurtre mais jamais il n`oubliera ce crime. Jamais ! Jamais.
Monsieur le président, vous voilà maintenant face à l`histoire : dans quelques jours, vous serez l`hôte des YACOUBA. Votre venue à l`ouest est un tournant décisif pour la réunification du pays. Afin que votre arrivée ait la portée, le succès que vous recherchez, les sages du grand ouest nous ont prodigué des conseils que nous nous chargeons de vous transmettre.
D`emblée, le peuple s`interroge sur l`opportunité de votre venue à l`ouest. Le président TIA KONE, coordonnateur régional de votre visite dans la région des 18 montagnes, soutient que vous " arrivez pour raviver la flamme de la fraternité et de la cohésion sociale ". De quelle fraternité s`agit-il ? Si la fraternité et la cohésion sociale existaient à l`ouest, vous n`êtes pas sans ignorer la raison profonde qui les a rompues. Vous savez, Monsieur le président, que ce sont les nombreuses humiliations que vous avez fait subir à GUEI de son vivant, les conditions de son assassinat et le traitement que vous continuez à infliger à sa dépouille, même outre tombe, qui ont brisé le lien fraternel entre vous et le peuple DAN.
C`est pourquoi, le peuple DAN s`interroge sur la nature réelle et le mobile profond de votre visite. S`inscrit-elle dans le cadre purement classique des visites d`Etat que nous connaissons ? Ou est-ce des simples condoléances que vous venez lui adresser ?
Dans un cas comme dans l`autre, les sages vous conseillent de précéder votre arrivée du corps de leur fils, ROBERT GUEI afin que le peuple lève le deuil qui le frappe depuis sept(07) ans et vous accueille dans un cadre véritablement fraternel. Si vous enjambez le corps de GUEI que vous avez déposé à l`Indénié pour venir, le peuple DAN sera amené à se convaincre qu`il est victime de votre part d`un acte tendant à le bafouer davantage.
Bien entendu, vous êtes un chef d`Etat. Votre décision est souveraine et vous pouvez choisir l`option qui vous convient. Mais, les sages vous conseillent de ne pas oublier que la dépouille de leur enfant soit dans la deuxième limousine qui vous suivra dans votre cortège. C`est un préalable du peuple DAN. Et c`est un conseil des sages que les jeunes gens vous transmettent. Car, comment voulez-vous que le peuple DAN vous accueille dans l`allégresse alors qu`il est en deuil?
Monsieur le président, le peuple DAN attend la dépouille mortelle de son leader, votre ami, votre beau et votre frère que vous aviez appelé hier dans “votre république”, parce que toute la comédie mise en scène à Abidjan par l`indigne Franck GUEI, assisté par la république, n`est pour nous qu`un signe de mépris de notre tradition.
ROBERT GUEI était chef d`Etat et Président de la république de Côte d`Ivoire. Si vous persistez à ne pas lui reconnaître ce droit, arrêtez de vous prévaloir de la constitution qu`il a signée. Arrêtez de crier urbi et orbi que la deuxième république fonctionne parce que celui qui l`a dotée de ses institutions s`appelle ROBERT GUEI.
Monsieur le président, le peuple DAN dit que vous ne serez jamais le bienvenu sur ses terres, tant que vous n`aurez pas réhabilité son fils. Si vous bravez ces conseils et foulez au pied la tradition et la dignité des DAN, les chants qui vous accueilleront seront leurs pleurs. L`eau qu`on vous offrira sera leurs larmes. Et la terre des montagnes vous réclamera justice.
Fait à Abidjan le 05 Mars 2009
Ampliation :
PRIMATURE
AMBASSADES (15)
ONUCI
LA LIDHO
MIDH
UE
LICORNE
Pour la jeunesse DAN
Département de Man :
-SAHI ZOH MICHEL
- LOUAME VEH CASIMIR
-DRO SIGUI
Département de Biankouma:
-SAHI DIOMANDE
- BAMBA LOUA FRANÇOIS
-DROH BAKAYOKO
Département de Danané :
-BABA GOHIDE
DOMI SINGO PASCAL
Département de Zouan-hounien:
MANDOH MARC
-KESSE GONLEGBE MICHEL