Le 03/07/2013 - 10:08
Par IvoireBusiness - ADO à la rencontre d’une région détruite par ses propres fils de la rébellion de Guillaume Soro, et en proie aux trafics en tout genre.
Alassane Dramane Ouattara comme on le sait, est depuis mardi à Korhogo, localité située à 633 km au Nord du pays.
C'est la première fois qu'il se rend dans son fief du district des savanes en tant que chef d'Etat, où il séjournera pendant une semaine.
Paradoxe ! Malgré 10 années de rébellion qui avait promis de lui rendre justice, 2 ans de gouvernance pour assurer son rattrapage sur les autres régions, le nord écrasé par la misère a fini par baisser les voiles. Gangréné par le chômage, la pauvreté, le nord ivoirien est exposé à de multiples trafics qui ont fini par le déguiser. C’est donc cette société trahie par ses propres fils enrichis par la rébellion, qui a reçu Alassane Dramane Ouattara hier mardi.
C'est la première fois qu'il se rend dans son fief du district des savanes en tant que chef d'Etat, où il séjournera pendant une semaine.
Paradoxe ! Malgré 10 années de rébellion qui avait promis de lui rendre justice, 2 ans de gouvernance pour assurer son rattrapage sur les autres régions, le nord écrasé par la misère a fini par baisser les voiles. Gangréné par le chômage, la pauvreté, le nord ivoirien est exposé à de multiples trafics qui ont fini par le déguiser. C’est donc cette société trahie par ses propres fils enrichis par la rébellion, qui a reçu Alassane Dramane Ouattara hier mardi.
RADIOSCOPIE D'UNE REGION EMBOURBEE!
« Sèguè ban kan walaye ! ». « Sèguè ban kan yèrè ! ». « Fèbè gblèlèyala ! ». Traduction : « au nom de Dieu, nous sommes dans la misère ». « Nous souffrons réellement ». « Tout est devenu cher ». C’est Radio-Côte d’Ivoire qui a fait écho des cris de détresse de Dame Traoré Abi, vendeuse de « Dèguê » à Tingréla. Comme elle, plusieurs autres personnes du district des Savanes qui s’apprête à recevoir le chef de l’Etat à partir de ce mardi ont accepté de s’ouvrir à la radio nationale pour dire « leur galère ». Parce que ces populations espèrent qu’après 86 voyages à l’extérieur, leur fils dont le métier est de chercher l’argent, a enfin trouvé la solution à leurs problèmes et va enfin tenir ses promesses en milliards.
Les aspirations des populations sont d’autant grandes que la région se sent trahie. En effet, Guillaume Soro, Youssouf Bakayoko, Issiaka Ouattara alias Wattao, Cherif Ousmane, Ben Laden, Jah Gao et autres ont juré avoir pris le pouvoir pour mettre fin à « l’injustice », à « l’exclusion » contre le nord et lui assurer une prospérité. Mais au finish, ceux qui ont créé la rébellion sont devenus riches et ceux pour lesquels la révolte a eu lieu ont récolté une société « invivable », une région aux infrastructures brisées, aux ressources pillées et une communauté en proie à mille trafics.
Les aspirations des populations sont d’autant grandes que la région se sent trahie. En effet, Guillaume Soro, Youssouf Bakayoko, Issiaka Ouattara alias Wattao, Cherif Ousmane, Ben Laden, Jah Gao et autres ont juré avoir pris le pouvoir pour mettre fin à « l’injustice », à « l’exclusion » contre le nord et lui assurer une prospérité. Mais au finish, ceux qui ont créé la rébellion sont devenus riches et ceux pour lesquels la révolte a eu lieu ont récolté une société « invivable », une région aux infrastructures brisées, aux ressources pillées et une communauté en proie à mille trafics.
Le peu d’équipement détruit
C’est une révolution malfaisante qui a éclaté au nord du pays en 2002. Parce que dans leur guerre contre le reste de la Côte d’Ivoire pour rendre justice au nord, Guillaume Soro et ses compagnons ont cassé l’existant. Au lieu de prendre les équipements d’alors comme un acquis, ils les ont systématiquement détruits. Les centres de santé, les établissements scolaires, les lycées et collèges, les bureaux de l’état civil, les préfectures, les commissariats, les brigades de gendarmerie, les palais de Justice, en tout cas tout ce qui traduisait la présence de l’Etat dans le nord a été détruit. Les cadres, fonctionnaires et agents de l’Etat ont été chassés dans le meilleur des cas, sinon assassinés. Le nord a donc subi la rébellion au plan des infrastructures, mais aussi de ses ressources.
Des ressources pillées
De nombreux rapports d’Organisations humanitaires dont celui de l’Organisation des Nations-Unies accusent les ex-rebelles de piller les forêts de la zone Centre-nord-ouest (Cno). Outre l’exploitation du bois et l’occupation des forêts classées, les rebelles de 2002 sont aussi mis en cause concernant le diamant, l’or et l’ensemble des ressources minières et des matières premières. Pendant 10 années - et ça continue - la rébellion a géré toutes ces ressources de façon frauduleuse au profit du Burkina voisin et d’autres localités. A l’argent amassé dans les exploitations illicites s’est ajouté l’énorme butin résultant des casses de toutes les agences de la Bceao dans les zones concernées. Ces actes de vandalisme et de pillage ont fait de Guillaume Soro et ses acolytes des milliardaires, alors que leurs parents broient du noir. Pendant ses 10 ans de règne sur le nord, la rébellion n’a pu créer aucune richesse. Et après deux années, Alassane Ouattara qui a décrété « le rattrapage » non plus, n’a créé la richesse au profit des populations du nord. Résultats : la région est des plus démunies et est exposée à toutes sortes de vilenies.
Une pauvreté exacerbée
Que ce soit à Korhogo, à Ferké, à Boundiali ou à Kouto où les équipes de radio-Côte d’Ivoire sont passées, «une chose frappe», c’est l’état de pauvreté exacerbée. Dans les 15 villes à visiter, les femmes et les hommes sont unanimes. « Nous n’arrivons plus à manger», disent-ils. Agriculteurs, commerçants, ménagères, etc. «tirent le diable par la queue». Il leur faut la pluie pour les semences, mais «surtout l’eau potable» et l’électricité pour les ménages. C’est en vendant de la bouillie que Mariam C., 35 ans fait vivre la famille. Mais elle aussi subit les aléas du coût de la vie. « Quelque fois, on a envie d’abandonner. Mais on ne peut pas », dit la jeune dame. Là où le bât blesse, c’est que les jeunes et les hommes ne trouvent pas de travail.
Une société de chômage et d’oisiveté
Entre doute et désespoir, les jeunes aussi ont accepté de parler à Radio-Côte d’Ivoire de leurs préoccupations : le chômage. Comme l’a confié Abdoulaye Bakayoko, couturier, les jeunes ont des problèmes à deux niveaux. «On veut aller à la terre, mais il n’y a pas de moyens. Que peut-on faire avec une daba sur une terre aussi aride que celle du nord ? », se demande le jeune homme. Avant d’ajouter : « Il n’y a personne pour créer des emplois et même quand nous avons des idées de projets, il n’y a aucun fonds pour nous aider à les mettre en œuvre». Et Diakité Soalio, le préfet de région de Ferké ne dit pas le contraire sur la question du chômage. « A l’image de toute la jeunesse ivoirienne, celle de Ferké, hélas, a des problèmes d’emploi. C’est une réalité ici », atteste le préfet. A côté de cette catégorie de chômeur, existe une autre. Ceux qui sont exposés à l’oisiveté. Ce sont des gens qui exerçaient comme forgeron, ferrailleurs, griots, chauffeurs, bouviers, même des agriculteurs et qui, pour combattre, ont laissé leur boulot. «Après la guerre, les promesses à eux faites n’ont pas été respectées », explique un cadre. « On n’a rien eu et on a perdu ce qu’on faisait avant », atteste un supplétif. Dans le nord, toutes ces personnes qui ont combattu ont toujours leurs armes ce qui rend la cohabitation difficile dans le nord.
Une société de violence
Pour combattre Laurent Gbagbo et le renverser, Alassane Dramane Ouattara a distribué des armes. Après la guerre, les combattants n’ont pu déposer leur arsenal. Ce qui fait que depuis 2002, les populations du nord possèdent des armes de guerre à l’instar de celle de l’ensemble du territoire national. Depuis cette date aussi, même les plus petits conflits entre deux individus, deux villages, deux tribus, donnent lieu à des scènes de guerre. Le nord que la rébellion laisse derrière elle est donc une société de violence. Celle-ci se conjugue sous toutes les formes. A écouter Antoine Fleindé Gueu, préfet de police dans le District des savanes sur Radio-Côte d’Ivoire, le trafic des enfants est une réalité que les autorités administratives gèrent en collaboration avec les autorités du Burkina Faso et du Mali. Ce fléau est donc une réalité dans la région nord de la Côte d’Ivoire. Notamment à Korhogo, Boundiali, Kouto, Ferké. Ce commerce honteux entre le nord du pays, le Burkina Faso et le Mali comme le confirme Cissé Douga, président des ressortissants de la Cedeao et de la communauté malienne à Korhogo, fait du mal à la jeunesse de la sous région. Pour cette personnalité, « lorsque les enfants n’ont plus de boulot, leur maître leur demande de mendier ». C’est donc le trafic des enfants qui est à l’origine du phénomène des mendiants. Fatou Koïta, responsable d’une association d’aide à l’enfance, témoigne même que ce trafic débouche sur la pédophilie. Ces mêmes enfants mendiants de jour vendent aussi la drogue pour le compte de leurs maîtres. Un maître coranique atteste que ce sont ces enfants que l’on drogue aussi et qu’on utilise pour couper la route aux voyageurs. « Ces types d’enfants sont impitoyables », insiste l’homme de Dieu par ailleurs initiateur d’un mouvement de lutte contre la mendicité. C’est certainement ces enfants qui ont été armés pour « arracher » le pouvoir à Laurent Gbagbo.
Le nord est donc une société en proie à des phénomènes nés avec la rébellion qu’Alassane Ouattara rencontre ce matin. Les populations attendent alors deux choses. Les milliards promis par le fils chercheur d’argent lors de la campagne et aussi la «solution» qui pourra rendre à cette région ses valeurs.
Le nord est donc une société en proie à des phénomènes nés avec la rébellion qu’Alassane Ouattara rencontre ce matin. Les populations attendent alors deux choses. Les milliards promis par le fils chercheur d’argent lors de la campagne et aussi la «solution» qui pourra rendre à cette région ses valeurs.
Eric Lassale