Titre: | DOSSIER ADO |
Date: | dimanche 15 juin 2008 à 12:14 ET |
Auteur: | Frindethie Contact: frindethie@yahoo.com |
Je vais être bref et vous expliquer le plus simplement possible le cas Ouattara. Vous ne le savez peut-être pas, l’Etat tout Etat, pour fonctionner exerce trois compétences: la compétence territoriale, la compétence fonctionnelle et la compétence personnelle. Cette compétence personnelle s’appuie sur le lien juridique qui unit personnellement l’Etat à un individu. Ce lien a pour nom nationalité. En droit, elle se définit comme le lien juridique et politique qui rattache un individu à un Etat souverain.
La Cour permanente de justice internationale (CPJI), ancêtre de la Cour internationale de Justice, a énoncé, le 7 février 1923, le principe selon lequel l’Etat est seul compétent pour déterminer quels sont ses nationaux dans l’état actuel du droit international. Donc les questions de nationalité sont comprises dans le domaine réservé à la compétence exclusive de l’Etat. C’est le cas pour tous les Etats au monde.
Mais pour la France ce ne serait pas le cas pour l’Etat souverain de Côte d’Ivoire. La convention de la Haye du 12 avril 1930 prescrit en son article 1er: “Il appartient à chaque Etat de déterminer par sa législation quels sont ses nationaux”. Tous les Etats peuvent le faire. Mais la Côte d’Ivoire non.
La cour internationale de Justice, le 6 avril 1955 (affaire Nottebohn), a défini la nationalité comme “un lien juridique ayant à sa base un fait social d’attachement, une solidarité effective d’existence d’intérêt, le sentiment joint à une réciprocité de droits et de devoirs”. Ainsi la Côte d’Ivoire s’est dotée d’un arsenal juridique en la matière: un code adopté d’application. Comme vous le savez, il existe 2 systèmes, utilisés séparément ou conjointement par les législations nationales des Etats: Le système de la nationalité du lien de sang (liens de filiation ou de mariage)
* le système de la nationalité du lieu de naissance. La Côte d’Ivoire a choisi le système de la nationalité du lien de sang, comme la plupart des pays où la fraude sur l’état-civil est un sport national. Ce système constitue le premier obstacle à la nationalité ivoirienne de Alassane puisqu’il est né à Dimbokro, certes sur le territoire ivoirien donc, mais le pays a choisi, je vous le répète, et ce de manière souveraine, le système de la nationalité du lien de sang. L’exclusivité que le droit international reconnaît à l’Etat lui confère également la latitude de désigner ses nationaux par voie de naturalisation. C’est pourquoi l’Etat de Côte d’Ivoire a naturalisé des étrangers dont certains frères et sœurs d’Alassane Ouattara qui en avaient fait la demande.
La CIJ, dans l’arrêt précité de 1955, fait de l’existence de l’effectivité du lien de rattachement une condition substantielle, c’est-à-dire dont le défaut ou l’absence constituerait un handicap pour la détermination de la nationalité d’un individu. L’existence de l’effectivité conforte l’action d’un Etat qui prend fait et cause de son national. Ainsi, dans l’affaire Nottebohm opposé au Guatemala, le Liechteinstein a pris fait et cause de son prétendu national. La CIJ a jugé qu’il n’existait pas de rattachement de fait étroit entre le sieur Nottebohm et le Liechteinstein. La Cour déduira dès lors que la nationalité du sieur Nottebohm était inopposable au Guatemala.
Les notions d’exclusivité et d’effectivité appréhendées dans leur fondement permettent de conclure que Alassane Dramane Ouattara n’est pas un national ivoirien en ce que sa situation se prête à la procédure de naturalisation à laquelle il n’a daigné se soumettre.
C’est là que réside le problème de ce garçon. Il vit un drame patronymique qui est le pendant du drame anatomique du roi Midas de Phygie. Ses initiales renferment à la fois les facteurs-chef de succès pour tout homme voulant être roi sur terre (Argent-Diamant-Or), mais aussi les facteurs-clefs d’échec pour un étranger ambitionnant d’être le numéro 1 en Côte d’Ivoire (Abidjan -Dimbokro-Ouagadougou)!ADO naît en 1942 à Dimbokro, Côte d’Ivoire, de Mossi Dramane et Nabintou Ouattara, Voltaïques. Son père quitte le pays définitivement et l’emmène avec lui. Il sera le chef de son village, Sindou, au Burkina, jusqu’à sa mort, comme ADO lui-même le reconnaît au Forum de réconciliation nationale.
ADO effectue toutes ses études primaires et secondaires jusqu’au Bac, en Haute-Volta. Je peux même vous citer les différents établissements qu’il a fréquentés. Le 13 août 1962, nanti d’une bourse américaine, l’étudiant de la Haute Volta débarque à New-York du bateau le Groot Berr, pour des études sous les auspices de l’ASPAU (African Scholarship Program of American Universities). Président des étudiants voltaïques, il se marie à Barbara, américaine d’origine Jamaïcaine et de confession anglicane. Il accomplit des transactions commerciales et bancaires, achète des immeubles en Côte d’Ivoire en qualité de national Voltaïque. L’épouse de l’ambassadeur voltaïque à Washington, à cette époque, n’est autre qu’une certaine Henriette Dagri, aujourd’hui Diabaté.
En 1967 il entre au FMI. En 1969 candidat au PH. D d’économie le 21 novembre, il prétend lui-même qu’il est voltaïque à l’université de Pennsylvanie. Ses dossiers d’étude voltaïque sont disponibles à l’université Drexel et à l’université de Pennsylvanie. En 1984, il est promu directeur Afrique du FMI puis conseiller du directeur général en 1987. Il est dépeint comme citoyen burkinabé dans le bulletin mensuel de liaison du FMI. Les archives sont là. Vous n’entendrez jamais les Américains parler de cela. Ils savent à quoi s’en tenir vis-à-vis de ce cas, qui ne mérite même pas, pour eux, un début de débat.
Pour refus du poste de ministre de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, il est débarqué par Thomas Sankara de son poste de vice-gouverneur de la BCEAO à Dakar. Grâce à son amie et future épouse Dominique Nouvian, française de confession juive, Houphouet-Boigny lui permet d’accéder au rang de gouverneur de l’institution à la mort de l’ivoirien Fadiga.
ADO, par le lien de rattachement dont il se prévaut, je le répète, ne peut donc pas être ivoirien par le lien du sang. Je persiste, je signe deux fois et je le souligne trois fois. Le fait qu’il ait assumé les fonctions de Premier ministre ne veut rien dire, sauf qu’il pourrait alors, à sa demande, être naturalisé. Et dans ce cas de figure, la Constitution et le code ivoirien de la nationalité sont formels: il n’est pas éligible à la présidence de la République. N’en déplaise à la France, à ses affidés et mercenaires de la plume, du micro ou autres.
La Côte d’Ivoire a le droit, et même le devoir de refuser une réédition de l’exemple péruvien. Par le système du jus soli, un national japonais, Alberto Fujimori, deviendra président du Pérou. Après avoir ruiné le Pérou, il s’est retiré dans son pays d’origine, le Japon, qui a pris fait et cause pour lui lorsque le Pérou lui a demandé de revenir rendre compte de sa gestion désastreuse.
Propos recueillis par Abdou Salam Diop (in “L’Harmattant”, bimensuel sénégalais, N 0854-9056 du 2 janvier 2005)
*** LES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES LE CERTIFICAT DE NATIONALITE A ETE DELIVRE A ALASSANE DRAMANE OUATTARA..
Intervension du Ministre de la justice sous le Président Bedie….
Mesdames et Messieurs les Journalistes
Je voudrais avant tout vous remercier d’avoir accepté de répondre à mon invitation.
La rencontre de cet après-midi n’a qu’un seul objectif: vous informer et, à travers vous, informer l’opinion publique tant nationale qu’intemationale sur un sujet à la une de l’actualité depuis quelques jours, à savoir le certificat de nationalité ivoirienne délivré à M. Alassane Ouattara qui, force est de le constater, pose un certain nombre de problèmes. De quoi s’agit-il?
Le 26 septembre 1999, en l’absence de son Juge de Section en vacance, M. Zoro Bi Ballo, Juge Adjoint de la Section de Tribunal de Dimbokro a fait établir et a signé au profit de M. Alassane Ouattara, un certificat de nationalité ivoirienne sous le numéro 2084.
Ce Certificat de nationalité a été versé au dossier administratif constitué pour les besoins de la régularisation de la situation du RDR au regard de la loi régissant les partis politiques.
Le lundi 04 Octobre 1999, aux environs de 18 heures, Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation m’informait du dépôt de cette pièce au sein de ses services.
C’est ainsi que dès le lendemain c’est-à-dire le mardi 05 Octobre 1999, j’ai été amené à faire procéder à des vérifications, puisque je m’interrogeais sur la sincérité ou l’authenticité d’un tel document.
Vous conviendrez Mesdames et Messieurs les Journalistes
Je voudrais avant tout vous remercier d’avoir accepté de répondre à mon invitation.
La rencontre de cet après-midi n’a qu’un seul objectif: vous informer et, à travers vous, informer l’opinion publique tant nationale qu’intemationale sur un sujet à la une de l’actualité depuis quelques jours, à savoir le certificat de nationalité ivoirienne délivré à M. Alassane Ouattara qui, force est de le constater, pose un certain nombre de problèmes. De quoi s’agit-il?
Le 26 septembre 1999, en l’absence de son Juge de Section en vacance, M. Zoro Bi Ballo, Juge Adjoint de la Section de Tribunal de Dimbokro a fait établir et a signé au profit de M. Alassane Ouattara, un certificat de nationalité ivoirienne sous le numéro 2084.
Ce Certificat de nationalité a été versé au dossier administratif constitué pour les besoins de la régularisation de la situation du RDR au regard de la loi régissant les partis politiques.
Le lundi 04 Octobre 1999, aux environs de 18 heures, Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation m’informait du dépôt de cette pièce au sein de ses services.
C’est ainsi que dès le lendemain c’est-à-dire le mardi 05 Octobre 1999, j’ai été amené à faire procéder à des vérifications, puisque je m’interrogeais sur la sincérité ou l’authenticité d’un tel document.
Vous conviendrez avec moi, messieurs les journalistes, que pour diverses raisons, il y avait de quoi s’interroger:
En effet comment comprendre que M. Alassane Ouattara dont il n’est connu ni domicile ni résidence à Dimbokro, sauf erreur de ma part, ait pu solliciter le Juge de Section de cette localité pour la délivrance d’un Certificat de nationalité alors que selon l’article 16 du décret n° 61-425 du 29 décembre 1961 fixant les modalités d’application du code de la nationalité ivoirienne: "pour l’établissement des certificats de nationalité, est compétent territorialement, le Président du Tribunal de Première Instance ou le Juge de la Section de Tribunal du lieu de la résidence si le pétitionnaire a sa résidence en Côte d’Ivoire..."
C’est le lieu d’indiquer que le Juge de la Section de Tribunal du lieu de la naissance du pétitionnaire ne trouve sa compétence que si ce dernier né en Côte d’Ivoire n’y réside plus.
Ce qui est loin d’être le cas de M. Alassane Ouattara qui depuis la fin de ses activités au Fonds Monétaire International (FMI), réside à Abidjan.
Les premiers résultats des vérifications faites révèlent ce qui suit :
I/- Au niveau de la demande même du Certificat de nationalité :
- La demande libellée au nom de M. Alassane Ouattara ne comporte aucune signature.
II/- Au niveau du certificat de nationalité :
l)- Monsieur Alassane Ouattara, est-il dit dans ledit Certificat, demeure à Dimbokro; ce qui ne paraît pas exact;
2)- Le double du Certificat qui est censé être identique à l’original porte une date, celle du mardi 28 septembre 1999 différente du jour mentionné sur l’original qui est le 26 septembre 1999.
Il faut le souligner, il s’agit d’un jour non ouvrable puisqu’il correspond à un Dimanche.
A-t-on établi le Certificat en cause le Dimanche et a-t-on essayé de le régulariser le mardi suivant? La question mérite d’être posée.
III/- Au niveau de l’enregistrement du certificat :
Le certificat de nationalité établi au nom de M. Alassane Ouattara porte le numéro 2084 et est daté du 26 septembre 1999.
Consultez le répertoire des certificats de nationalité tenu au greffe de la Section de Tribunal de Dimbokro; Et vous découvrirez que ce numéro 2084 correspond à un autre certificat délivré le 29 septembre 1999 à M. Koffi Konan Laurent.
Il suffit de poursuivre la consultation du même répertoire pour découvrir d’une part:
- Qu’aucun Certificat de nationalité n’a été enregistré le 28 septembre 1999 encore moins le dimanche 26 septembre 1999 qui n’était pas un jour ouvrable pour l’Administration de la Justice et que d’autre part, nulle part, je dis bien nulle part, il n’existe aucune trace du certificat établi au nom de M. Alassane Ouattara dans le registre des certificats de nationalité du Tribunal de Dimbokro.
Au total il s’avère que le Certificat de nationalité établi au nom de M. Alassane Ouattara porte un faux numéro et n’a été enregistré dans aucun des registres tenus au Tribunal de Dimbokro.
CERTIFICAT DE NATIONALITÉ D'ALASSANE OUATTARA ENCORE DU FAUX !
Bien plus, importe-t-il de rappeler ici que par un communiqué de presse, le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan avait indiqué que M. Alassane Ouattara faisait l’objet d’une information judiciaire pour faux commis dans certains documents administratifs.
Or c’est sur la base des mêmes documents que la délivrance du certificat de nationalité a été demandée.
L’existence de cette procédure ne commandait-elle pas au Juge Zoro de solliciter les instructions telles que rappelées par les différentes circulaires de la Chancellerie, reprises en caractère apparent sur tous les imprimés de certificat de nationalité, instructions qui lui ont été formellement rappelées.
C’est le lieu de rappeler que la question de la nationalité est une matière placée sous la surveillance du Ministre de la Justice.
C’est à ce titre que les magistrats chargés de délivrer les certificats de nationalité doivent solliciter dans tous les cas litigieux, les instructions du Ministre de la Justice.
C’est encore à ce titre que selon les dispositions de l’article 100 de la loi sur la nationalité, "lorsque le Juge compétent refuse de délivrer un certificat de nationalité, l’intéressé peut saisir le Ministre de la Justice qui décide, s’il y a lieu de procéder à cette délivrance".
Vous conviendrez avec moi que dans le cas d’espèce l’on s’est bien gardé d’observer et les dispositions de la loi quant à la compétence territoriale et les différentes prescriptions des circulaires de la Chancellerie relatives à la délivrance des certificats de nationalité.
Au total le certificat de nationalité établi à M. Alassane Ouattara recèle de nombreuses irrégularités.
Il serait trop dangereux de laisser un tel acte exister dans nos archives judiciaires.
Ce faisant, je viens d’instruire le Parquet du Tribunal de Bouaké à l’effet de faire procéder à l’annulation dudit certificat.
Cette action sera initiée sans délai. Pour terminer il m’apparaît opportun d’indiquer que le Certificat de nationalité créé une présomption simple de nationalité susceptible de céder devant la preuve contraire... et donc rien n’est encore acquis.
Je vous remercie pour l’attention que vous avez bien voulu m’accorder.
Une AUTRE PREUVE LA NATIONALITE BURKINABE ALLASANE
*** Un Immeuble de 12 étages acheté par le voltaïque Dramane à 8 millions. Quand il acquérait de façon frauduleuse l’immeuble "Le Signal" sis au Plateau dans les environs de la Direction Générale de la Sûreté nationale, Dramane avait déboursé pour l’occasion, le 11 Avril 1980, 8 125 000F (huit millions cent vingt cinq mille francs).
Ce bel édifice de 12 étages, propriétés de la BCEAO, avait en son temps, été largement sous-évalué par Lamine Diabaté, nouveau va-t-en guerre et dramaniste de premier cercle, alors Directeur National de la BCEAO pour la Côte d’Ivoire. L’affaire, nous apprend-on, a par la suite échu à l’époux de Dagri Henriette, qui a ainsi utilisé l’écran de fumée que constitue le Burkinabé de service, pour vendre et racheter le joyau de la BCEAO. Une tactique qui sera de mise tout au long de la présence de Dramane à la Primature ivoirienne.
Mais le fin mot de l’affaire, c’est qu’en servant de prête-nom à une opération digne de la mafia sicilienne, Dramane s’est présenté sous son vrai jour, c’est-à-dire ressortissant de la Haute Volta. Me Kouakou Konan Daniel, notaire à Abidjan qui a constaté en leur forme authentique les conventions passées entre Dramane et Lamine Diabaté, décrit ainsi le personnage de l’acheteur dans l’acte de vente dont le notaire n’est qu’un simple rédacteur: "M. Ouattara Alassane, Conseiller Général spécial du Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, demeurant à Dakar (République du Sénégal) BP 8148, époux de Mme Davis Barbara Jean, de nationalité voltaïque, né le 1er Janvier 1942 à Dimbokro (République de Côte d’Ivoire), titulaire du passeport diplomatique n° 457, délivré le vingt trois Février mille neuf cent soixante dix huit par le ministère des Affaires Etrangères de la République de Haute Volta".
Voilà qui est clair et sans ambiguïté. Me Kouakou Konan Daniel est un témoin vivant et les archives de son étude peuvent être consultés par les Saint Thomas. On est loin de la blanche colombe et des prétentions ivoiriennes de Dramane.
Voltaïque en 1980 à la conclusion d’une douteuse affaire, voltaïque encore en 1982 quand il est décoré par le ministre Abdoulaye Koné, l’homme dont la demande de Carte Nationale d’identité Ivoirienne date du 22 octobre 1990 sous le numéro d’ordre de police 1010094690 du Commissariat du premier Arrondissement au Plateau, celui dont l’attaché de Cabinet à la Primature Cissé Moussa a écrit au maire de Dimbokro pour greffer Cissé (donc de gommer Ouattara) au nom de sa mère Nabitou, celui dont on cherche toujours trace du décret de naturalisation, est bien obligé de faire avec ses origines voltaïques. C’est cela le prix à payer à vouloir manger à tous les râteliers.
Comme le dit la rue, "on n’a pas besoin d’un étranger pour nous commander en Côte d’Ivoire". Passe donc ton chemin Dramane.
ADO AU FMI
*** *** TEXTE INTEGRAL DU COMMUNIQUE DE PRESSE DU FMI (FMI, 1 NOVEMBRE 1984) INTERNATIONAL MONETARY FUND PERIODICALS ROMM C-530 20 PRESS RELEASE N0 84/35 *** ***
FOR IMMEDIATE RELEASE NOVEMBER 1, 1984 Alassane D. Ouattara, a national of Burkina Faso, has been appointed Director of the International monetary Fund's African Department. Mr. Ouattara succeeds Justin B. Zulu of Zambia, who becomes Director of the Fund's Central Banking Department, in place of P.N.Kaul, a national of India, who has taken early retirement from the Fund. Mr. Ouattara served with the Fund's African Department from 1968 to 1973 before joining the Central Bank of West African States (BCEAO) as Senior Staff in charge of missions. In 1975, Mr. Ouattara became Special Advisor to the BCEAO Governor and concurrently served as Director of Research until January 1983 when he was appointed Vice-Governor of that institution. Mr. Ouattara, 42, has a ph.D. degree in Economics from the University of Pennsylvania. Mr. Zulu was Advisor to an Executive Director from 1971 to 1974 and an Alternate Executive Director of the Fund from 1974 to 1976. He then joined the Fund'staff as Deputy Director in 1976 and later in the same year became Director of the African Department. Mr.Zulu, 50, has a Ph.D. degree in Economics from the University of Colorado. From 1967 to 1970, he was Governor of the Bank of Zambia, and in 1970-1971, he served as Special Assistant to the President of Zambia. Mr. Kaul, had joined the Fund in 1963 following 20 years of service with the Reserve Bank of India. He was appointed the Fund's Director of Personnel in 1966, and in 1973, he became Deputy Director of the Administration Department until his appointed as Director of the Central Banking Department in 1980. External Relations Department * Washington, D.C. 20431.
LE RDR EST IL UN PARTI ILLEGAL????
*** Bédié-Ouattara : le conflit s’aggrave par SIMON MALLEY
Dans la capitale américaine, Alassane Ouattara, mettant à profit les liens qu’il a noués pendant les cinq ans qu’il a passés à Washington en sa qualité de directeur général adjoint du FMI, s’est efforcé de créer un puissant lobby constitué de personnalités, de parlementaires, d’hommes d’affaires et d’une certaine catégorie de la presse à sensation qui ne résiste pas aux sirènes matérielles. Personne ne s’offenserait de cette attitude de la part d’un homme dont les ambitions sont notoires. Mais à une condition : que sa candidature se fasse dans le respect de la Constitution et de la loi électorale, que celles-ci l’autorisent à s’engager dans une bataille à armes égales avec le président de la République, probablement candidat à un nouveau mandat en octobre 2000. Après tout, n’importe quel Ivoirien qui remplit les conditions fixées par la Constitution et la loi électorale est libre d’être candidat à la magistrature suprême. Mais aux yeux du pouvoir, ce n’est pas le cas pour Alassane Ouattara. C’est lui-même, alors Premier ministre d’Houphouët-Boigny, qui est pourtant à l’origine de la loi d’août 1993 stipulant que pour diriger un parti politique ivoirien il faut être de nationalité ivoirienne.
On sait que, le 1er août 1999, le RDR a organisé un congrès extraordinaire au cours duquel Ouattara a été élu président du parti. Mais sans observer l’obligation légale qui prévoit que tout changement intervenant dans la direction ou dans l’administration d’un parti ou d’un groupement politique doit être déclaré au ministère de l’Intérieur en vue d’obtenir un récépissé et un document indiquant l’état civil complet, le certificat de nationalité, le domicile et l’adresse du nouveau dirigeant, faute de quoi l’administration ne pourra accepter le fait accompli. La procédure engagée pour vérifier les pièces d’identité ne concerne pas l’éligibilité du candidat mais l’authenticité de ces documents. Or, Alassane Ouattara a exhibé une carte d’identité établie en 1982, c’est-à-dire quarante ans après sa naissance, puis a fourni une seconde carte. Le parquet d’Abidjan entame alors une procédure de faux et usage de faux, considérant que les pièces présentées ne sont pas "régulières".
En l’état actuel, Alassane Dramane Ouattara n’est donc que virtuellement candidat à l’élection présidentielle de l’an 2000, comme l’est aussi Laurent Gbagbo du Front populaire ivoirien (FPI). A ceux qui se demandent pourquoi cet ancien Premier ministre de la Côte-d’Ivoire ne peut être candidat à la présidence de la République, la réponse est que, selon la Constitution, la qualité de Premier ministre ne fait pas partie des conditions d’éligibilité. D’un point de vue juridique, sa nationalité ivoirienne n’est pas légitimée par le fait qu’il ait occupé des fonctions de Premier ministre. En Côte-d’Ivoire, cette fonction est simplement technique et nominative, car elle ne constitue pas un niveau d’exercice de la souveraineté, à la différence de la présidence de la République ou des fonctions législatives, et cela en dépit de l’importance de la fonction elle-même. Il en résulte que le président de la République, qui n’est lié par aucun texte, choisit librement ce collaborateur. C’est une pratique qui a été initiée par Houphouët-Boigny et dont il a souvent usé, jusqu’à Alassane Ouattara, que des Français, des Maliens, des Voltaïques et des Sénégalais avaient précédé dans cette fonction.
Alassane Ouattara a essayé d’obtenir des autorités américaines une déclaration soutenant la légitimité de sa candidature. En vain. On nous rapporte la réaction d’un haut fonctionnaire qu’il a rencontré à Washington : "Les Etats-Unis ne peuvent s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays. Ils ne peuvent que soutenir les lois nationales discutées et votées par le Parlement. Telle est notre position. Quant à votre différend avec le chef de l’Etat, vous devez savoir que nos rapports officiels sont fondés sur la légitimité du chef de l’Etat."
C’est la même attitude qu’Alassane Ouattara a rencontrée dans les milieux officiels français. Et même lorsqu’il a tenté d’amener certains partis politiques français à prendre position, ni à droite ni à gauche on n’a voulu lui assurer un soutien contre Bédié, qu’on considère généralement comme le futur gagnant du scrutin de 2000. Il y a-t-il risque de déstabilisation, de guerre civile si la candidature d’"Ado" est rejetée ? Personne n’y croit sérieusement. Ses tentatives pour agiter ce spectre n’ont pas réussi. Depuis son retour à Abidjan, ses efforts visant à mobiliser ses amis américains – sous prétexte que Bédié est l’homme des Français et que les Etats-Unis devraient trouver en lui une alternative porteuse d’avantages sérieux pour les intérêts vitaux américains en Afrique occidentale – ont fait long feu. "Avec Paris, lui aurait dit un proche du couple Clinton, nous avons établi une stratégie diplomatique qui protège les intérêts des uns et des autres."
Quant à dire que les tracasseries sont dues au fait que l’on veut empêcher que la Côte-d’Ivoire ne tombe entre les mains des musulmans, comme Ouattara l’a affirmé à Paris, la question qu’on est en droit de se poser est la suivante: pourquoi cherche-t-il à porter le débat au plan religieux alors que la coexistence religieuse existe dans le pays ? Le secrétaire général du PDCI-RDA, Laurent Donna Fologo, dénonce cette dérive ethnico-religieuse d’Alassane Ouattara.Mais il n’est pas le seul.Le président du Conseil supérieur islamique, El-Hadj Dieby Moustapha, reproche aussi ses propos au candidat déclaré du RDR.Il rappelle que l’Etat ivoirien est laïc, précisant: "Pour nous, la politique et la religion sont deux domaines séparés et entre lesquels il faut veiller à éviter la moindre influence". Il ajoute: "L’islam n’est pas l’apanage d’une ethnie ou d’une région de Côte-d’Ivoire.Aujourd’hui, chaque ethnie du pays compte dans ses rangs de nombreux musulmans.C’est dire que l’islam est pratiqué aux quatre coins du pays où il renforce la cohésion nationale. (...) Le président Bédié s’est particulièrement illustré en posant des actes concrets en faveur de la communauté musulmane.Prenons par exemple la grande mosquée du Plateau.Sa construction a déjà coûté environ douze milliards de FCFA.C’est un chef-d’œuvre architectural unique en Afrique subsaharienne.(...) Le Président a toujours respecté les musulmans, comme avant lui Houphouët-Boigny."
Un bref séjour à Abidjan permet de se rendre compte qu’il n’y a pas de crise politique en Côte-d’Ivoire.Il se peut cependant qu’un parti politique, en l’occurrence le RDR, connaisse une crise délibérément entretenue.Au niveau de l’Etat, les Ivoiriens sont au travail, dans la discipline et la sérénité.A preuve, l’immense succès rencontré notamment par l’exposition France-Technologies (voir p. 84) qui vient de fermer ses portes et dont les résultats ont dépassé les prévisions initiales.
Ivoiriens chers compatriotes croyez-vous que la guerre soit la panacée pour régler nos problèmes politiques et sociaux? La guerre civile nous conduira à l’exil.
Mais où irons-nous en exil si, par notre immaturité politique ou par tous ceux qui à l’extérieur n’aiment pas notre réussite et la paix qui règne ici, nous mettons le feu à ce pays?
Où irons-nous pour pleurer notre bonheur perdu? Tout autour de nous règnent la misère et surtout la haine viscérale de l’Ivoirien. Nous n’avons pas de terre d’accueil si ce n’est l’Océan Atlantique et le Golfe de Guinée où les requins nous attendent pour faire de nous une bouchée!?
Les puschistes ont "gates" le pays....et dorenavant la rancoeur est devenue la chose partagee par tous les Ivoiriens..Que faire?
LeConservateurKssiro
LE GRAND DOSSIER SUR ADO: FINANCE, NATIONALITE, STRATEGIE... Le lundi 10 fév 03
Un an avant l’élection présidentielle, une enquête révèle des alliances occultes nouées par le chef du Rassemblement des républicains avec des pétromonarchies et l’Iran chiite pour assurer sa victoire en octobre 2000.
L’énigme Ouattara, par SIMON MALLEY
En octobre 2000, les électeurs se rendront aux urnes pour élire leur président. A quelque treize mois de cette échéance, la fièvre monte dans ce pays de 16 millions d’habitants. Principal enjeu : l’issue de l’épreuve entre Henri Konan Bédié, successeur du "Vieux", Houphouët-Boigny, et son deuxième rival, Alassane Dramane Ouattara, qui vient de quitter son poste de directeur général adjoint au FMI pour se consacrer à la campagne électorale. L’affrontement entre ces deux hommes suscite de nombreuses interrogations tant en Côte-d’Ivoire que chez les partenaires de l’Eléphant d’Afrique. S’il est plus aisé de cerner les probables arguments de campagne d’un président en exercice, force est de constater qu’Alassane Ouattara, qui fut le Premier ministre d’Houphouët-Boigny, demeure, à bien des égards, une véritable énigme.
Nos enquêtes en Côte-d’Ivoire, dans la sous-région et hors du continent – en France et aux Etats-Unis particulièrement – permettent de faire un état des lieux en Côte-d’Ivoire aujourd’hui, et de saisir la manière dont le pays est perçu par le reste du monde. A la mort d’Houphouët, le 7 décembre 1993, Henri Konan Bédié – fort de sa qualité de président de l’Assemblée nationale, et comme prévu par la Constitution – avait remporté la guerre de succession face à Alassane Ouattara qui était alors Premier ministre d’Houphouët. Depuis son installation au pouvoir, force est de constater que le pays connaît une stabilité à laquelle rendent hommage ses principaux partenaires étrangers. Selon un rapport rédigé par le département d’Etat américain et daté du 14 avril 1999, "le président Bédié a réussi, grâce à une maîtrise de la situation politique, économique et sociale, mais aussi à d’habiles rapports de leadership qu’il entretient avec son parti, le PDCI, à assurer à ce pays, composé d’une soixantaine d’ethnies, une stabilité que pourraient lui envier certains de ses homologues africains. Lever l’obstacle de la dette et réaliser un vaste programme de justice sociale constituent les deux priorités de son gouvernement." Préoccupation que le Président évoque dans son livre(1) qui vient de paraître et où l’on peut lire : "Mon premier objectif est de lever l’obstacle du fardeau de la dette. C’est pour cela que la négociation a pu avoir lieu avec les institutions internationales. L’ultime programme d’ajustement structurel, conclu en avril 1998, se poursuivra jusqu’en 2001. Alors seulement l’allégement de la dette facilitera la gestion du pays. Son remboursement sera enfin proportionné aux possibilités du budget national. Le succès de la politique économique, la relance de l’investissement public, la lutte contre la pauvreté et la revalorisation des salaires découleront de cette échéance. La Côte-d’Ivoire n’a pas le couteau sous la gorge et peut continuer de négocier jusqu’à ce qu’un accord soit conclu. Les négociations avec la Banque mondiale et le FMI sont complexes et ne portent pas seulement sur ces trois points, mais sur beaucoup plus. Ces réformes touchent en profondeur plusieurs secteurs de la vie économique nationale, qu’il s’agisse de la gestion des finances publiques, de la lutte contre la pauvreté, du respect des missions régaliennes de l’Etat comme la santé, l’éducation et la protection de l’environnement, de la libéralisation dans les secteurs et filières. En fait, la Côte-d’Ivoire est un des rares pays au monde à consacrer plus de 40 % de ses recettes budgétaires à l’éducation, et bien plus si on prend en compte la santé. Beaucoup de pays n’en font pas autant. Cette voie a été suivie juste après l’indépendance, à un moment où la Banque mondiale et le FMI ne voulaient pas entendre parler du financement de la santé ou de l’éducation, considérées comme des secteurs non productifs et non rentables, bien que le temps ait changé leur vision du vrai développement, celui en faveur du développement humain..."
Pour le président Bédié, il faut donc d’abord régler le problème de la dette avant de pouvoir investir de façon suffisante pour enfin réaliser la modernisation de l’économie. Dans un pays où 52 % des recettes fiscales sont absorbées par le paiement de la dette, on prévoit de consacrer quelque sept cents milliards de francs CFA, engloutis aujourd’hui par le service de la dette, à la construction de petits barrages, à l’irrigation des cultures, et surtout au rétablissement d’un certain équilibre social. Dans le secteur de l’enseignement, le pays a été contraint de baisser le barème des rémunérations pour les nouveaux enseignants, tout en maintenant le niveau de revenu de leurs prédécesseurs. Autant de "réajustements" qui ont occasionné de nombreux remous sociaux auxquels le pouvoir répond par un appel à "la patience", en attendant l’échéance de 2001, date à laquelle les indicateurs économiques pourraient permettre d’atteindre une meilleure répartition des ressources, davantage d’égalité.
Les frictions entre le pouvoir
ivoirien et les institutions de Bretton Woods ont souvent défrayé la chronique depuis deux ans. Par delà les péripéties inhérentes aux mécanismes de la négociation entre un Etat et ces institutions, on peut retenir que l’assainissement des finances publiques était une condition cardinale pour la restauration de la crédibilité du pays. Bon an mal an, la Côte-d’Ivoire poursuit son programme de transition économique : le déficit public a été ramené à 2 %, alors que l’inflation reste stable à 1,2%.
C’est dans ce contexte que le président Bédié se présentera aux électeurs en l’an 2000, conjuguant habilement les promesses économiques et sociales avec la joute politicienne. Ainsi, le lendemain de l’anniversaire de l’indépendance, le 8 août dernier, le quotidien Le Jour notait : "Le président Bédié prône l’unité nationale, il joue habilement sur le clavier de la division pour fracturer le Front républicain. En effet, le FPI et le RDR (2), à l’issue des dernières législatives, sont deux forces représentées presque au même niveau à l’Assemblée nationale, avec quatorze députés chacune (...). Le chef de l’Etat a présenté le FPI comme "le plus grand parti de l’opposition avec lequel nous avons conclu de longues négociations". Le président Bédié minimise implicitement l’échec des négociations avec le Rassemblement des républicains. Il estime qu’avec le FPI, "nous sommes allés à l’essentiel [et que] nous devons tous en tirer le meilleur parti pour l’avenir de notre pays..." En isolant le FPI de son allié d’hier le RDR, le parti d’Alassane Dramane Ouattara, le président Bédié marque à coup sûr un bon point politique. A condition, bien sûr, de pouvoir réellement briser – comme le souhaitent certains membres du PDCI – le Front républicain qui constitue un sérieux handicap électoral pour le pouvoir."
Alassane Dramane Ouattara, deuxième adversaire de Bédié, après avoir suscité un notable mouvement d’intérêt de la part des observateurs, n’échappe pas, à quelques mois de cette élection, à l’obligatoire séquence des interrogations. S’il est vrai qu’à l’occasion de sa démission du FMI – dont il était le directeur général adjoint –, le conseil d’administration a rendu hommage à sa gestion et à ses compétences, on est loin du soutien à caractère politique qu’il aurait secrètement souhaité, dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2000. Il faut dire qu’alors que ses fonctions lui interdisaient de se mêler de toute question relative à son pays d’origine, les familiers du FMI savent que Ouattara avait la possibilité d’intervenir discrètement pour influencer d’une manière ou d’une autre les options du FMI lorsqu’il s’agissait de dicter ses directives aux Etats membres. D’ailleurs, on se rappelle que le pouvoir ivoirien l’avait explicitement soupçonné de menées occultes, notamment lors des différends qui avaient opposé le FMI et la Côte-d’Ivoire en mars dernier... Comment expliquer certaines initiatives de l’institution à l’égard de la Côte-d’Ivoire depuis février dernier ? Comment expliquer sa décision de suspendre en juillet ses déclassements de la seconde tranche du programme d’ajustement structurel signé en mars 1998, d’un montant de 147 millions de dollars, en demandant qu’un audit des comptes de la Caisse de stabilisation (CAISTAB) soit effectué par le cabinet Arthur Andersen, audit qui couvrira la période 1996-1999 ? Selon le FMI, la CAISTAB aurait sous-estimé le prix de réalisation et, partant, dissimulé une partie de ses recettes. Henri Konan Bédié a déclaré récemment: "Nos opérations sont totalement transparentes depuis 1992 et nous travaillons de concert avec les bailleurs de fond qui cogèrent avec nous la Caisse. Une fois terminé, l’audit permettra de contrôler les comptes avant la libéralisation."
Des sources émanant de certains services de renseignements dressent un portrait des moins flatteurs de celui qu’on appelle familièrement "Ado". Une question des plus souvent posées à son propos : d’où proviennent les millions de dollars qu’il a amassés durant ces dernières années ? A quel but cette "épargne" était-elle destinée ? Par ailleurs, quels sont les véritables tenants des relations qu’Alassane Dramane Ouattara aurait établies, directement ou indirectement, lors de son séjour à Washington notamment, avec des ambassadeurs et autres diplomates de certaines monarchies sunnites du Golfe et de pays chiites tels que l’Iran ? Des pays dont on sait les projets d’établissement de réseaux en vue d’infiltrer non seulement la Côte-d’Ivoire mais également certains pays voisins. Des rapports dignes de foi citent des sommes allant de 50 à 100 millions de dollars promises par ces monarchies et les mollahs iraniens, dont une partie serait déposée dans certains paradis fiscaux comme la Suisse, le Liechtenstein, les Bahamas, ou y auraient déjà transité. Il faut dire que le sursaut d’intérêt pour l’Afrique ne se limite pas à ces régimes conservateurs, mais s’étendent aux régimes intégristes islamistes comme l’Afghanistan, le Pakistan... On a même évoqué le sultan multimilliardaire de Brunei, qui aurait réagi favorablement à la démarche d’amis de Ouattara. L’ambassadeur saoudien à Washington, Bandar Ibn Sultan, aurait lui-même manifesté un vif intérêt pour l’élection de Ouattara. Il aurait confié à un de ses collègues arabes que d’ici octobre 2000, l’homme politique ivoirien ne manquerait pas de fonds pour sa campagne et que son "élection", d’ores et déjà prévue, entraînerait "une ère nouvelle pour son pays afin de conquérir l’âme et les coeurs des millions d’Africains musulmans". A elle seule, l’Arabie Saoudite aurait promis cinq à dix millions de dollars par mois jusqu’en octobre 2000 !
Eu égard à ces vastes manœuvres
préélectorales, on mentionne les noms du colonel Kadhafi et même celui de Saddam Hussein. Certains partisans d’"Ado" se seraient rendus à Tripoli. Aux maîtres de Tripoli et de Bagdad, Ouattara aurait affirmé que Bédié était "soutenu non seulement par la France mais surtout par les Anglo-Saxons". Et d’ajouter qu’une élection de Bédié serait un moyen de plus, pour ces pays, d’accroître l’isolement politique et économique de la Libye et de l’Irak...
Autant de questions, en tout cas, qui devront trouver des réponses durant cette période qui précède une échéance capitale pour la Côte-d’Ivoire, déterminante pour de nombreux pays de la sous-région. Toutefois, on se gardera bien de tirer des conclusions à treize mois du scrutin. Un souhait, cependant : que la paix et la stabilité nationale continuent de régner dans ce pays afin que se poursuive le plus sereinement possible l’œuvre de développement social et économique. Que le FPI de Laurent Gbagbo poursuive son dialogue avec le PDCI grâce au talent et à la perspicacité de Paul Akoto Yao, ministre des Affaires présidentielles et proche compagnon de Bédié. On le sait : dans la mise en place d’une stratégie électorale, Alassane Dramane Ouattara n’exclut pas "la possibilité d’une action violente par une majorité du peuple" pour s’opposer à la réélection de Bédié qui, selon ses dires, rêve d’une présidence à vie.
On a souvent évoqué le paramètre ethnique dans le contexte politique ivoirien. Lors de l’arrivée de Bédié à la Présidence, les musulmans n’avaient manifesté aucun signe d’hostilité envers lui. Mieux, cette communauté avait voté pour lui à plus de 95 %. En Côte-d’Ivoire, la cohabitation entre la soixantaine d’ethnies qui composent le pays est une donnée comprise de tous, le Président ne peut pas gouverner en s’appuyant sur une seule ethnie, et aucune d’elles ne peut objectivement dominer l’autre, comme on a pu le voir ailleurs, notamment au Rwanda ou au Burundi. De plus il faut noter que, dans ce pays, une forte communauté étrangère (plus de 30 % de la population) n’a jamais bouleversé, de quelque manière que ce soit, l’équilibre social ou politique.
On devrait souhaiter qu’au-delà des antagonismes, Alassane Ouattara, qui préside le RDR, s’associe au FPI et au PDCI pour parvenir à un consensus essentiel pour tous les Ivoiriens : celui permettant de jeter les bases d’une unité nationale si nécessaire pour la stabilité et la paix. Alassane Ouattara devrait renoncer à brandir la menace d’un "gouffre" s’il n’est pas reconnu candidat à l’élection présidentielle (3). Lui, comme Laurent Gbagbo, sont des personnalités de grande valeur dont le pays a besoin, et comme l’a si bien dit Paul Akoto Yao, ministre des Affaires étrangères : "Etre chef d’Etat ne devrait pas être l’obsession d’un individu conscient, raisonné et raisonnable. On peut avoir la nationalité d’un pays sans forcément être éligible. On peut servir son pays à tous les postes. Le champ est large..."
( Nouvel Afrique-Asie)