mardi 23 novembre 2010

Dialogue de sourds entre la présidence et l'opposition ivoiriennes


Le Monde
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05 octobre 1995

Dialogue de sourds entre la présidence et l'opposition ivoiriennes

AUTEUR: PICARD FRANCOIS

RUBRIQUE: International

LONGUEUR: 446 words

Une rencontre entre le président Henri Konan Bédié et les dirigeants de l'opposition, organisée, mardi 3 octobre, pour apaiser la violence préélectorale en Côte-d'Ivoire, n'a servi qu'à confirmer l'incompatibilité des thèses en présence à moins de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Au lendemain des manifestations politiques les plus violentes que le pays ait connues, et alors que les deux principaux partis de l'opposition appellent au boycottage actif du prochain scrutin, le chef de l'Etat a élargi le tête-à-tête prévu avec les responsables de l'opposition, en invitant des délégations des 89 partis politiques.
Je ne reviendrai pas sur le code électoral, a annoncé d'entrée de jeu M. Bédié, inflexible sur le maintien en l'état de ce texte dont les manifestants demandent l'abrogation, estimant qu'il ne garantit pas des élections claires et transparentes et empêche notamment la candidature du principal rival potentiel du président, l'ancien premier ministre Alassane Ouattara.
Pendant plus de quatre heures, les dirigeants des partis politiques ont développé leurs arguments devant le chef de l'Etat, qui les recevait dans sa résidence du quartier de Cocody, sans que le dialogue réussisse à s'engager. Les deux principaux responsables de l'opposition, Laurent Gbagbo, du Front populaire ivoirien (FPI), et Djeny Kobina, du Rassemblement des républicains (RDR), partisan d'Alassane Ouattara, ont participé à la rencontre.
FIN DE NON-RECEVOIR
Que ceux qui ne sont pas candidats, de grâce, ne troublent pas le processus , a lancé M. Bédié à l'adresse des chefs de l'opposition, qui continuent, depuis dix jours, de braver l'interdiction de manifester sur la voie publique pendant toute la période électorale en cours.
J'espère bien être compris, cette fois-ci. Sinon, nous entrerons dans une période que ne souhaitent pas les Ivoiriens, a ajouté le président.
Les dirigeants du FPI et du RDR ont répondu à la fin de non-recevoir du chef de l'Etat en organisant un rassemblement commun dans le quartier populaire de Treichville.
Au cours de celui-ci, M. Gbagbo qui fut l'unique candidat d'opposition en 1990, lors de la première élection présidentielle pluraliste de l'histoire du pays, a annoncé qu'il renonçait à se présenter. En brandissant son dossier de candidat, il a renvoyé sur le gouvernement la responsabilité des violents affrontements du lundi 2 octobre, qui ont fait, officiellement, trois morts, sept selon l'opposition.
Même si la folie s'était emparée de moi et que j'aie déposé ma candidature, a-t-il déclaré, j'aurais retiré ça, aujourd'hui. Je ne fais pas de la politique pour que les gens meurent, pour que les gendarmes nous tuent.

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