lundi 27 décembre 2010
Executions en Live des manifestants de la marche contre Gbagbo.
(Heurts entre manifestants et forces de l'ordre dans un quartier d'Abidjan (AFP)): Le mercenaire de Gbagbo face au jeune marcheur en t-shirt jaune, et jeans. Il vise, il tire. Le jeune homme tombe( photo 2), il est hier fier de sa besogne, fait pendre son arme en bandouillere. Il retourne comme Rambo apres le travail bien accompli. deux corps de jeunes ivoiriens gisent au milieu de la route.
Côte d'Ivoire : combats meurtriers entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo
A Abidjan, la marche sur la télévision d'Etat du camp Ouattara a tourné à l'affrontement armé entre Forces nouvelles et forces de l'ordre fidèles à Gbagbo. Des combats ont également eu lieu au centre du pays. Une trentaine de morts auraient été dénombrés dans les rangs des FN et parmi les civils. Le camp Ouattara appelle néanmoins à reprendre la marche vendredi.
On craignait des affrontements lors de cette journée à haut risque du jeudi 16 décembre en Côte d'Ivoire ; ils ont bel et bien eu lieu. A Abidjan, près de l'Hôtel du Golf servant de QG à Alassane Ouattara, des membres de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) ont échangé en milieu de journée des tirs nourris avec des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à Laurent Gbagbo. Des combats ont également eu lieu à la mi-journée à Tiébissou, dans le centre de la Côte d'Ivoire, a-t-on appris auprès des deux camps.
A Abidjan, quelque 300 jeunes manifestants pro-Ouattara avaient commencé à marcher, vers midi - précédés par les Forces nouvelles (FN) parties en reconnaissance -, sur la télévision d'Etat (RTI) à l'appel du Premier ministre d'Alassane Ouattara, le chef de l'ex-rébellion des FN Guillaume Soro. Mais ils ont vite dû rebrousser chemin, en raison d'un accrochage entre FN et FDS avec armes lourdes, tirs d'obus et de canons qui a fait deux morts et un blessé dans le camp Ouattara, selon l'envoyé spécial à Abidjan du Nouvel Observateur, Christophe Boltanski. (voir ici le compte-rendu complet de la journée, heure par heure)
Outre ces deux morts, d'après Meité Sindou, le porte-parole de Guillaume Soro, cité par notre envoyé spécial, son camp a dénombré 30 morts et 100 à 110 blessés parmi les civils dans différents quartiers populaires d'Abidjan qui ont plutôt voté Ouattara : Adjamé, Koumassi, Abobo, Treichville, Yopougon. L'AFP confirme pour sa part quatre décès parmi les manifestants dans deux de ces quartiers.
A l'Hôtel du Golf, où se sont repliés les manifestants, les tirs se sont progressivement tus dans le courant de l'après-midi, selon notre envoyé spécial, lui-même bloqué à l'intérieur du bâtiment, où il s'apprêtait à passer la nuit. "L'hôtel est totalement encerclé", a-t-il rapporté.
Le porte-parole de Guillaume Soro a affirmé que la garde républicaine avait fait plusieurs tentatives pour attaquer le périmètre de sécurité de l'Hôtel du Golf.
D'après Meité Sindou, les tirs provenaient de la garde républicaine mais aussi de miliciens libériens, que Laurent Gbagbo aurait recrutés en nombre – il les évalue au nombre de 3.000. Il a affirmé qu'il y avait trois blindés des forces pro-Gbagbo autour de l'hôtel. "Pourraient-ils être tentés de prendre d'assaut l'hôtel ? Je ne crois pas", nous a confié Christophe Boltanski. "Les casques bleus de l'Onu sont toujours postés autour du bâtiment. Les forces françaises de la Licorne ont en outre assuré qu'elles interviendraient si l'Onu le demandait, ce qui peut être assez dissuasif pour les forces de Gbagbo".
Maintient des marches vendredi
En dépit des affrontements, Guillaume Soro, qui a donné une conférence de presse en fin de journée, a assuré qu'il "maintenait les objectifs initiaux" pour demain : il a annoncé qu'un cortège allait se réunir dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui pour se rendre à la RTI et à la "Primature". Celle-ci est occupée par le Premier ministre du camp adverse, Aké N'Gbo. Ces bureaux sont voisins du palais présidentiel où siège Laurent Gbagbo.
Ni Guillaume Soro, ni Alassane Ouattara n'ont quitté l'hôtel ce jeudi, a rapporté notre envoyé spécial, racontant qu'une fois les manifestants repliés dans le bâtiment, Alassane Ouattara avait fait une brève apparition pour rassurer ses troupes.
L'objectif visé par Guillaume Soro était de s'emparer d'un pilier du pouvoir du chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo, en y mettant en place un nouveau directeur général : la RTI est, depuis l'éclatement de la crise née de la présidentielle, tout entière dédiée à la défense du régime. Cette manifestation devait être une étape majeure dans l'affrontement entre les deux hommes, tous deux présidents proclamés après l'élection du 28 novembre.
Une opération, annoncée en début de semaine par Guillaume Soro, qui risquait de tourner à l'affrontement, s'était-on inquiété à l'étranger.
"Si le camp Ouattara a décidé de cette marche, c'est qu'il avait peur que ses partisans se démobilisent, que la population s'accommode de la situation présente. Mais la population a peur ; il n'est pas dit qu'elle se remobilisera demain après les affrontements d'aujourd'hui", estime notre envoyé spécial à Abidjan. Le Premier ministre de Ouattara a insisté, selon lui, sur le fait que le chef de la gendarmerie et le chef d'état-major des armées avaient "refusé de s'associer aux massacres".
"Maintenant, le camp Ouattara espère deux choses : que l'armée se rallie à son camp et que les Forces Nouvelles déboulent du Nord et qu'elles parviennent à prendre Yamoussoukro", juge-t-il.
Ban Ki-moon redoute un "retour à la guerre civile"
A l'étranger, l'inquiétude se fait sentir.
Paris appelle "à la retenue de part et d'autre" en Côte d'Ivoire, avait affirmé jeudi matin Michèle Alliot-Marie. "Je crois à l'acceptation par Gbagbo des résultats de l'élection où les Ivoiriens ont très clairement désigné Ouattara comme leur président, nous appelons également à la retenue de part et d'autre", avait déclaré la ministre des Affaires étrangères à LCI. "Je crois effectivement qu'il faut éviter toute violence. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de ça", avait répondu la ministre à une question sur l'opportunité ou non de demander l'annulation de la marche annoncée par les partisans d'Alassane Ouattara.
Le chef de l'ONU Ban Ki-moon redoutait un "retour à la guerre civile" dans ce pays coupé en un sud aux mains du camp Gbagbo et un nord FN depuis le putsch manqué de 2002. L'armée avait averti qu'elle tiendrait les Nations unies, qui selon elle soutiennent la marche, pour responsables d'éventuelles violences.
Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a lui, prévenu, qu'il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d'Ivoire.
Alassane Ouattara a été désigné vainqueur de la présidentielle par la commission électorale et reconnu président par une communauté internationale quasi-unanime. Mais le Conseil constitutionnel ivoirien, acquis au sortant, a invalidé ces résultats et proclamé la victoire de Laurent Gbagbo. Face à ce blocage lourd de menaces, le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, pourrait se rendre à Abidjan pour relancer les efforts de médiation.
(Sarah Halifa-Legrand - Nouvelobs.com, avec agences et notre envoyé spécial en Côte d'Ivoire, Christophe Boltanski)
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