Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) pourchassé par (presque) tout le monde dans la bande Sahélo-Saharienne trouva refuge au Mali. Accusé par la communauté internationale d'être le "maillon faible" de la lutte contre le terrorisme, il justifiait sa complaisance par la grandeur de son territoire et la rareté de ses ressources financières. Aujourd'hui, comme par enchantement, ces limitations n'empêchent plus au Mali de déployer un véritable arsenal de guerre dans l'Azawad.
Le 22 Février 2003, 32 touristes européens sont pris en otage par le Groupe Salafiste pour le Prédication et le Combat (GSPC) dans le sud Algérien. Après quelques mois de négociations, 17 seront relâchés en Algérie, 14 au Mali, et le dernier mourra en captivité. Cette opération du GSPC sonnait le glas des activités terroristes dans la bande Sahélo-Saharienne. Jusqu'à leur libération, les otages seraient détenus dans la zone frontalière entre le Mali et l'Algérie. C'est dans cette affaire que le Mali se fera connaitre comme spécialiste des négociations avec les organisations terroristes. Sous des prétexte cacophoniques, le Président Malien Amadou Toumani Touré (ATT) offrait le Nord du Mali sur un plateau d'argent aux terroristes. Notre confrère Mounir B. du quotidien Liberté d'Algérie notera que «le cynisme du président malien dans cette affaire a dépassé l'entendement. C'est tout l'appareil de l'État malien qui s'est mis au service d'une négociation, dont le GSPC en sort bénéficiaire car non seulement il profite des largesses territoriales d'ATT, mais également d'une rançon de plusieurs millions d'euros qui vont encore être injectés en armes et explosifs dans les maquis algériens.» Ceci n'est que le début du commencement serait-on tenté de dire.
Lors d'une visite en 2004 en Algérie, le General Charles Wald, Commandant en Chef Adjoint des Forces Américaines en Europe (EUCOM) déclarait que des membres de l'organisation terroriste Al Qaeda avaient comme projet de s'implanter "dans la partie nord de l'Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan, lorsque les Talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux membres." Cet endroit stable et accueillant n'a été autre que le Mali comme l'affirmait notre confrère Algérien quelques mois plutôt.
A partir de cette date, l'ensemble des otages européens enlevés en Algérie, en Mauritanie, et au Niger sont envoyés au Mali où les terroristes d'AQMI/GSPC sont aussi à "l'aise que dans une colonie de vacances" dixit notre confrère Mounir B. Outre les négociations et le paiement des rançons qui s'en suivent, le Mali n'hésite pas à donner un coup de pouce à cette organisation terroriste en lui remettant ses rares leaders qu'il emprisonne. Le 18 Février 2010, au nom d'une prétendue 'djatiguiya' (hospitalité en langue Bamabara), le Mali relâchait Mohamed Ben Ali, Beïbe Ould Nafaa, Houdo Karifo et Tayeb Naïl (2 Algériens, 1 Burkinabé et 1 Mauritanien) contre la libération du Français Pierre Camatte détenu par AQMI. Ces quatre terroristes avaient été arrêtés 9 mois plutôt à Tessalit. Pour la libération de cet otage Français, le gouvernement Malien prenait la lourde décision de mettre encore plus en danger la vie de citoyens maliens sans parler des ressortissants des pays limitrophes. Quelques mois plus tard, des membres du groupe des 4 relâchés seront les auteur d'un autre enlèvement de touristes occidentaux. Le comble, c'est lorsque le Président Malien justifiait cet échange en prétextant vouloir sauvegarder l'image du Mali (sic!). La honte ne tue plus dans ce pays.
Le 10 Juin 2007, plusieurs membres d'AQMI entrait chez le Lieutenant-Colonel Lamana Ould Bou dans sa résidence de Tombouctou, et l'assassinait devant sa famille. Malgré cette exécution horrible d'un de ses plus valeureux officiers supérieurs, le Mali ne bougeait pas le petit doigt. Fatigué d'attendre une réaction des autorités maliennes, la famille du Lieutenant-Colonel Lamana Ould Bou tentait de se faire justice elle-même avec l'aide du Colonel Hama Ould Mohamed Yahiya, un proche de la victime. Le Colonel Ould Mohamed Yahiya sera à son tour tué par AQMI, encore sans aucune réaction du Mali. Cette réaction n'arrivera pas non plus lorsque le Lieutenant des Douanes Sidi Ahmed Ag Alchérif aka «Marzouk» et d'autres membres des forces armées Maliennes connaitront le même sort que les deux précédents. Tous ces faits parmi bien d'autres amèneront l'Honorable Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, député de Bourem adéclaré "il n'y a pas complicité passive mais active de nos autorités avec les terroristes".
Il y a juste quelques mois, de nombreuses bases de l'armée Malienne se trouvaient à moins d'une dizaine de kilomètres de celles de l'AQMI. C'est bizarre que malgré cela, le "maillon faible" de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel se permet de dire qu'il ne peut combattre les terroristes d'AQMI à cause de la grandeur de son territoire. La grandeur du territoire Malien n'a pas empêché la Mauritanie de venir plusieurs fois au Mali pour combattre AQMI. Le 22 Septembre 2010, journée de commémoration du cinquantenaire de l'indépendance du Mali, pendant que les soldats Maliens défilaient tout fièrement à Bamako, l'armée Mauritanienne entrait sur le territoire Malien et détruisait des bases d'AQMI dans la région de Tombouctou, en lieu et place du Mali et de son armée... Cette même grandeur du territoire Malien, n'a pas empêché cette même Mauritanie de détruire une importante base d'AQMI dans la forêt de Wagadou, région de Koulikoro...
Et pourtant la Mauritanie n'a pas à sa disposition un armement plus lourd que celui déployer actuellement par le Mali pour combattre aujourd'hui le MNLA. La seule chose que la Mauritanie a plus que le Mali est la volonté de combattre le terrorisme. Une source sécuritaire Malienne a une explication toute simple. Elle affirme que "le Mali a voulu jouer au plus malin, il a fini par se brûler les mains. Pensant que l'Algérie soutient les rebellions dans l'Azawad, le gouvernement Malien décida alors de soutenir également une organisation opposée au régime Algérien afin de l'utiliser comme arme de pressions au moment venu." La même source continue en notant que "l'AQMI est également un fonds de commerce pour le Mali. Les sommets de l'état bénéficient des rançons faisant suites aux prises d'otages. La présence d'AQMI dans l'Azawad accroit l'état d'insécurité propice aux trafiquants de personnes et de stupéfiants dont le Mali récolte également les bénéfices. Au dessus de tout cela, le Mali utilise la lutte contre le terrorisme et l'insécurité dans l'Azawad comme moyen d'obtentions des dons des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour l'aider à combattre ces fléaux."
Dans un câble diplomatique Americain, révélé par Wikileaks, relatant une conversation entre les ambassadeurs d'Algérie et des Etats Unis d'Amérique au Mali, celui de l'Algérie après avoir fait un résumé de l'implication du Mali dans la lutte anti-terroriste déclarait "le Mali est de mauvaise foi" et n'a pas l'intention d'agir contre ce groupe terroriste. Plus que d'être un ennemi à combattre pour le Mali, Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) est plutôt un partenaire. La relation entre le gouvernement Malien et cette organisation terroriste est une relation de gagnant-gagnant, chacun y trouvant son bénéfice. Le seul perdant dans cette histoire est le peuple de l'Azawad et les touristes occidentaux.
Par Alghatek Ag Emasseye