Déroute de l’Armée malienne : La honte nationale
Birama FALL
Décidément, rien ne va plus au sein des forces armées et de sécurité du Mali. La situation va de mal en pis. Les déroutes survenues à Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou expliquent, en partie, la nature des hommes qui sont chargés d’assurer notre sécurité et de préserver l’intégrité du territoire national. Aujourd’hui, il y’a une unanimité: le peuple malien n’a plus confiance en son armée, les porteurs d’uniforme ayant perdu toute crédibilité au sein de l’opinion nationale.
Le Mali est victime d’une rébellion touarègue débutée depuis mi janvier. Plusieurs groupes rebelles sont au nord du pays pour faire la guerre à l’armée malienne. L’Etat, en son temps, avait mobilisé les fonds nécessaires pour y faire face. Très rapidement, les troupes sur le terrain ont rouspété face à leur sort, en demandant la mise à leur disposition des moyens nécessaires pour faire face aux rebelles, dit-on lourdement armés. Une marche a été organisée par les femmes du camp de Kati. Elles s’inquiétaient du sort de leur mari et fils présents au front. Et du coup, la tension avait monté dans la garnison de Kati, les rumeurs d’un éventuel coup d’état animaient souvent les conversations dans les grins.
Au fil du temps, l’armée perdait du terrain face aux rebelles. Les tueries d’Aguelhok en sont la parfaite illustration. C’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Les critiques étaient de plus en plus virulentes contre le régime. Le régime d’ATT s’affaiblissait, comme lui-même d’ailleurs. Des déclarations du président qui laissaient à désirer et souvent à la limite de l’intolérable.
En fin de mandat, ATT a été abandonné par les partis politiques qui ont contribué à sa réélection. Ceux-ci avaient les yeux tournés ailleurs, notamment vers la présidentielle du 29 avril et au 08 juin 2012, date d’investiture du nouveau locataire de Koulouba. ATT, lui-même rongé par le stress et les maladies de la vieillesse, ne maitrisaient plus rien. Ce régime étant dès lors fragile, un coup de force est intervenu le 21 mars 2012 et y a mis fin avant terme. Les putschistes ont dénoncé l’incapacité et l’incompétence du régime défunt régime à combattre les rebelles. Cette déclaration a suscité de l’espoir chez certains de nos compatriotes. Très vite, ils vont se rendre à l’évidence que les nouvelles autorités ne valent pas mieux que l’équipe d’ATT. Pire, l’armée est désorganisée, il n’y a plus hiérarchie. Cela se fera sentir à travers les piètres prestations de nos forces armées et de sécurité qui se traduit par la démotivation, la démobilisation, le manque de conviction et la peur au ventre d’affronter les rebelles. En un mot, la crainte de perdre sa vie.
Pour un rien, ils détalent comme des lapins. Ce que la junte qualifie de repli stratégique. Oh! Le ridicule ne tue pas. A travers ce comportement de nos forces armées et de sécurité, ils ont perdu la confiance de la majorité de nos populations. Plus grave encore, en Afrique de façon générale et particulièrement dans la sous-région ouest africaine, l’armée malienne ne signifie plus rien. Aucun Malien ne peut se vanter de son armée compte tenu de son incapacité à soulever les petits obstacles. Personne ne peut convaincre un autre ressortissant d’un pays étranger face à la perte successive de toutes les régions nord du pays.
L’arrivée d’Amadou Haya Sanogo a tout remis en cause. Il n’y a plus de commandement. Les soldats ont fui le front et regagnent Bamako par petits groupes, la tête baisée. C’est une vraie désolation à laquelle nous assistons depuis la fin de la semaine dernière. Lui qui était censé nous amener la victoire n’est pas mieux que le Président Amadou Toumani Touré. C’est d’ailleurs tout à fait le contraire: la situation d’antan était meilleure que celle que nous vivons actuellement. Il ne faut plus se voiler la face : Il n’y a plus d’armée au Mali. Notre sort passe par l’envoi de la force Ecomog de la Cedeao pour chasser la bande des orgues.
Il faut le dire, le mode de recrutement au sein des forces armées et de sécurité laisse à désirer durant ces 20 dernières années. Ne sont recrutés que ceux qui ont des parents officiers ou ceux qui mettent la main à la poche. C’est un secret de polichinelle. Donc les gens viennent dans le corps par nécessité et non par conviction. Le recrutement est devenu tout simplement un moyen d’absorber le chaumage. «Avec la désertion de nos forces armées et de sécurité, le nord est devenu un grand boulevard pour les rebelles » me disait en causerie un parent très remonté contre nos soldats qui venaient de fuir le champ de bataille. Comment voulons-nous que ces gens-là parviennent à assurer notre sécurité et défendre l’intégrité du territoire national ? Chacun a sa part de responsabilité. Il faut vaincre le mal avant la gangrène.
Birama FALL
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