La Pologne envisage la guerre en Europe
L'Expansion.com avec AFP - publié le 14/09/2011 à 17:38
Le ministre des Finances polonais Jan Vincent-Rostowski s'alarme du "danger" qui pèse sur l'Europe, avec la crise de la Grèce. Il va jusqu'à évoquer le risque de conflit armé devant le Parlement de Strabourg.
Vue du Parlement européen
REUTERS/Vincent Kessler
La Pologne, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, s'alarme de la situation de l'Europe. Le ministre des Finances Jan Vincent-Rostowski va même jusqu'à envisager la possibilité d'un retour de la guerre sur le vieux continent. "L'Europe est en danger", a-t-il déclaré ce mercredi dans un discours aux accents dramatiques, devant le Parlement européen à Strasbourg. Des propos qui interviennent au moment où les responsables de l'UE ne cessent de mettre en garde contre le risque d'echec du projet européen tout entier face à la crise de la dette.
"Si la zone euro se fissure, l'Union européenne ne sera pas capable de survivre, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer", a ajouté le ministre polonais. Il a ensuite raconté s'être récemment entretenu avec un ami banquier qui lui a fait part de sa crainte d'une "guerre au cours des dix prochaines années". "Une guerre! Mesdames, messieurs ce sont les termes qu'il a employés", s'est exclamé M. Vincent-Rostowski, ajoutant que son interlocuteur s'était dit "inquiet" et avait "bien l'intention de demander la carte verte pour ses enfants pour les Etats-Unis".
Interrogé sur ces propos lors d'une conférence de presse peu après, le ministre a indiqué avoir "seulement voulu souligner le caractère sérieux de la situation", afin que les responsables "prennent conscience de l'ampleur de la crise de la zone euro", laquelle pourrait conduire à des "situations inimaginables" et à un "très grand danger".
"Le défi le plus grave de cette génération"
Le projet européen a été lancé dans les années 1950 en grande partie pour éviter une nouvelle guerre entre la France et l'Allemagne et éviter une troisième guerre mondiale. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est montré lui aussi préoccupé. "Nous sommes confrontés au défi le plus grave de cette génération, c'est une lutte pour l'avenir politique de l'Europe, pour l'intégration européenne en tant que telle", a-t-il dit devant le Parlement. A terme, la zone euro doit accélérer son intégration économique, selon M. Barroso. "Une intégration approfondie fait partie de la solution" mais "elle ne se fera pas du jour au lendemain", a ajouté le chef de l'exécutif européen.
Son commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, a, lui, mis en garde contre un défaut de paiement ou une sortie de la zone euro de la Grèce, estimant que cela aurait des "coûts dramatiques" pour le pays, l'Europe et le monde entier.
Bientôt une étude sur les euro-obligations ?
La Commission a réaffirmé vouloir prochainement présenter une étude sur les options possibles en vue de créer des euro-obligations, ce mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro, présenté par ses promoteurs comme le seul moyen de régler durablement la crise. " Certaines pourront être mises en oeuvre dans le cadre du traité (européen) actuel, d'autres nécessiteront un changement de traité", a-t-il précisé. Les euro-obligations sont refusées par le gouvernement allemand, qui y voit un encouragement au laxisme budgétaire. La France n'y est pas opposée sur le principe, mais l'exclut dans l'immédiat.
Sur le fond, M. Barroso a critiqué la tendance actuelle des grands Etats - France et Allemagne en tête - à vouloir régler la crise de la dette et réformer la gouvernance de la zone euro entre eux, en gardant les leviers de décision et en impliquant le moins possible la Commission et le Parlement européens. "Renationaliser les décisions de la zone euro n'est pas la bonne méthode", a-t-il jugé. Seule la méthode "communautaire", européenne, permettra de résoudre les problèmes à ses yeux.
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