La détention provisoire prolongée viole les obligations du gouvernement selon le droit international
(Dakar) - Le gouvernement ivoirien devrait commencer une procédure formelle contre un dirigeant de la société civile ivoirienne qui a dans le passé critiqué le gouvernement ou ordonner sa libération, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre au Ministre ivoirien de la Justice rendue publique aujourd'hui. La détention provisoire prolongée viole les obligations de la Côte d'Ivoire, en vertu du droit international.
Dans sa lettre au Ministre de la Justice Mamadou Koné, Human Rights Watch a exprimé sa préoccupation au sujet des retards inexpliqués relatifs au procès de Modeste Seri, qui est en détention provisoire depuis plus d'un an. M. Seri a été arrêté le 17 janvier 2008, apparemment en raison de son implication présumée dans une tentative de renversement du gouvernement en décembre 2007. Il a été inculpé d'atteinte à la sûreté de l'État, mais aucune date n'a été fixée pour son procès.
« Modeste Seri et tous les ivoiriens en détention provisoire prolongée méritent d'être jugés sans délai ou libérés », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior pour l'Afrique de l'Ouest de Human Rights Watch.
M. Seri s'est présenté volontairement à la Direction surveillance du territoire (DST) le 17 janvier 2008, ayant pris connaissance de la suspicion du gouvernement vis-à-vis de ses liens avec Ibrahim Coulibaly, l'un des organisateurs présumés d'une tentative de coup d'État en 2007. M. Seri a été gardé en détention, et le 28 janvier 2008, il a été transféré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, MACA, où il est toujours détenu.
A quelques reprises, un juge d'instruction a interrogé M. Seri sur ses liens avec M. Coulibaly, le plus récemment en mai 2008. Depuis cette date, toutefois, ni son avocat ni M. Seri n'ont reçu des informations sur l'état de l'enquête. Dans sa lettre, Human Rights Watch a exprimé sa préoccupation à la fois au sujet du manque apparent de progrès dans l'enquête et du fait qu'une date pour le procès de M. Seri n'a toujours pas été fixée.
Depuis neuf ans, la Côte d'Ivoire est secouée par une crise sociale, politique et militaire qui a accéléré le déclin économique, approfondi les divisions politiques et ethniques, abouti à la division de fait du pays entre le sud contrôlé par le gouvernement et le nord contrôlé par les rebelles, et conduit à des violations des droits humains d'une ampleur inégalée depuis l'accession du pays à l'indépendance. En tant que dirigeant d'un groupe de la diaspora ivoirienne basé aux Etats-Unis, et depuis son retour en Côte d'Ivoire en 2006, Seri a sévèrement critiqué à la fois le gouvernement du président Laurent Gbagbo et les rebelles des Forces Nouvelles.
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