samedi 22 novembre 2008

La Rebellion Ivoirienne Revelee.

EXCLUSIF - Confessions inédites - Un jeune (ex)rebelle repenti se confie à la Rédaction de Connectionivoirienne


22/11/08 le Journal de Connectionivoirienne
Dans l'entretient qui suit «Petit IB» c'est son nom de code, fait de graves révélations sur Soro, IB, Wattao, Fofié, Compaoré..., les casses de la BCEAO de Bouaké et Korhogo, les APO, le deal Gbagbo-Soro, les liens entre ADO, le RDR et la rébellion, etc.

Par
La Rédaction du Journal de Connectionivoirienne.net

Dans le milieu de la rébellion ivoirienne, il est plutôt connu sous le nom de «Petit IB». Titulaire d'un BTS en Finance-Comptabilité, il se fera enrôler dans «l'armée de libération» de Soro Guillaume - aujourd'hui Premier ministre de Côte d'Ivoire - dès les premières heures de la rébellion, en Septembre 2002. Six ans après, c'est un jeune homme amer et désabusé qui a rompu les amarres avec la soldatesque de Soro qui a voulu se confier à Connectionivoirienne. Suivez son itinéraire dans la rébellion et ses révélations.

Identité et itinéraire dans la rébellion

Je suis Doulaye Ibrahim alias « Petit IB». J'ai un BTS en Finance-Comptabilité, obtenu bien avant la guerre de 2002. J'ai été enrôlé dès les premières heures par la rébellion, où j'ai servi dans la compagnie de Wattao comme le chef de section de la police spéciale. Par la suite, lorsqu'il y a eu des divergences entre les différentes factions rebelles, j'ai eu à servir sous les ordres du commandant Palé. Après son affectation à la frontière, je suis allé à Katiola où j'ai servi avec le commandant Vetcho (Touré Hervé, ndlr). Après, il y a eu des divergences durant lesquelles un de mes camarades, Pinto le Rougeot, un ancien de la gare UTB à Abidjan, a été brûlé vif attaché avec un pagne. D'autres ont été amené précisément à Korhogo puis tués et enterrés au sanctuaire Balla Keita. Comme Vetcho était accusé de faire revenir ceux qui sortaient tels que Angaman des sapeurs-pompiers, il était mal vu. Alors, pour ne pas lui créer des problèmes, j'ai décidé de me retirer parce que Wattao voulait nous faire tuer. C'est le commandant Palé Adama qui m'a appelé à Korhogo pour me dire : «mon petit, si tu es malin il faut quitter dans ça (la rébellion)». Wattao me soupçonnait de travailler pour Major (IB). Ça fait deux ans que j'ai quitté la rébellion. Je suis à Abidjan, je suis pratiquement isolé. Même les ONG, je ne leur fais pas confiance.

J'ai rejoins les FN (Forces nouvelles) dès les premières heures, lors de l'attaque de CTK de Korhogo avec Messamba (Koné, ex-ministre de la rébellion aujourd'hui très discret. Il a été nommé par Soro Guillaume comme «directeur des eaux et forêts et des forces paramilitaires» des zones CNO, ndlr). On nous a envoyé après à Bouaké lors du «lundi noir» (30 septembre 2002, ndlr) comme renforts. Par la suite, lorsque Wattao a échoué dans sa mission à Abidjan (NDLR dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002) et qu'il a replié sur Bouaké, au 3e bataillon, j'ai été affecté auprès de lui pour faire la gendarmerie. On était au nombre de 15. Ensuite il y a eu des divergences entre Wattao et le lieutenant Tounkara, raison pour laquelle il a pris des éléments pour pouvoir créer sa base. Parmi les 15, nous sommes deux qui sommes en vie, tous les autres ont été tués. Wattao avait envoyé pour chef de mission Oumar avec son commissaire Meto à Korhogo pour me tuer...»

Amer et déçu, comme des milliers d'autres combattants

Assurément, la rébellion n'aura pas fait que des heureux. A l'image des chefs de guerre et des animateurs de l'aile politique qui trônent sur des fortunes faramineuses, investissent et se pavanent dans des hôtels de luxe à Abidjan et dans diverses capitales africaines. La grande masse des soldats recrutés pour enrayer «la xénophobie et l'ivoirité» a été laissé au bord de la route, abandonné à un hypothétique programme de réinsertion post-crise qui peine à se mettre en œuvre. «Petit IB» fait partie de ces milliers de soldats anonymes dont l'espoir a été déçu. Il se dit aujourd'hui frustré et amer de la direction prise par ceux qui dirigent la rébellion, qu'il accuse au passage d'avoir dévoyé la lutte. Tous ces frustrés constituent une véritable bombe à retardement qu'il faut songer à désamorcer avant qu'il ne soit trop tard. Morceaux choisis :

«Je vous ai contacté vu l'injustice qui règne au sein de la rébellion. Parce que je dis qu'un combat reste toujours un combat... Les Soro et autres cachent la vérité au peuple. Vu les arrangements actuels, les APO (Accords politiques de Ouagadougou, ndlr) et autres, tout ça ils trompent le peuple pour bouffer. Est-ce que vous pensez que ce que les pays nantis ont décidé et qui n'a pas pu aboutir (faisant référence à l'accord de Marcoussis) va aboutir avec le Burkina Faso ? Non, c'est faux !»

Le deal Gbagbo-Soro-Compaoré pour piller l'économie ivoirienne

Selon «Petit IB», les Accords politiques de Ouagadougou (APO) sont un leurre. Car, martèle-t-il, il s'agit d'un deal entre les deux ex-belligérants et le facilitateur pour spolier la Côte d'Ivoire de ses richesses agricoles, minières et forestières. Voici sa lecture :

«Blaise Compaoré veut avoir le temps de mieux piller les richesses de la Côte d'Ivoire. Le cacao, l'or, le bois, le teck, le diamant, etc., toute la contrebande passe par le Burkina. Il n'y a pas de vérité dans tout ce que nos dirigeants font. Honnêtement, aujourd'hui quand je regarde tout cela ça me fait mal.

Aujourd'hui, on nous dit qu'on va aller aux élections, mais j'aurais personnellement voulu que la vérité soit dite aux populations au lieu d'un arrangement politique entre Gbagbo et Soro. La solution de la crise c'est par la guerre, mais c'est difficile de le dire parce le peuple souffre. Sinon, Soro et Gbagbo ont pris le pays en otage avec leurs armées. Il faut que les Ivoiriens eux-mêmes prennent leurs responsabilités pour mener un coup d'Etat pour enlever ce pouvoir, sans quoi ces gens ne veulent pas d'élections. On n'a pas confiance en eux ; même les histoires d'enrôlement, on ne leur fait pas confiance. Après un an, ils vont encore reporter les élections, et puis on va faire comment ? Chacun des deux camps est armé, alors qui va accepter de perdre les élections ? Ça semble compliqué, mais ça va se régler...»

Et «Petit IB» d'ajouter : «Je connais le petit frère de Soro à Paris, Simon, qui gère les biens de son grand-frère. Donc tout ça on est au courant. Une lutte basée sur le matériel ne peut pas aboutir. Ils trompent tous le peuple. La vérité prend du temps mais elle arrive toujours, Dieu ne laisse jamais ses enfants tombés. Soro n'a pas le contrôle de la zone (occupée par la rébellion, ndlr)».

Qui dirigeait la rébellion au départ ?

«Petit IB» relance le débat sur la «paternité» du mouvement rebelle. Sa préférence va à Ibrahim Coulibaly dit IB, qu'il appelle affectueusement «Major» (c'est le nom de code du sergent-chef Ibrahim Coulibaly, ndlr).

«C'est le «Major» (le sergent-chef Coulibaly Ibrahim dit «IB», ndlr) qui était le chef de toutes les opérations. Au départ, toutes les instructions venaient du «Major» qui était au Burkina. Un jour même, au début de la rébellion, on nous a envoyé à la frontière, à Laleraba pour aller accueillir le Major, mais il s'est avéré que sa sécurité n'était pas assurée ; donc il est retourné. Sinon tout le monde dont Chérif Ousmane était à Korhogo pour accueillir le Major. C'est seulement Cobra qui est parti à la frontière l'accueillir et ensuite l'escorter.

Soro était chargé de s'occuper des journalistes, et IB les commandes sur le plan militaire. C'est ainsi que Soro, Wattao (Issiaka Ouattara), Morou (Ouattara) et (Fofié Kouakou Martin) ont manigancé des choses sur le terrain pour trahir le Major. Comme quoi il n'était pas sur le terrain et qu'il traitait avec le pouvoir à Abidjan pour attaquer la zone. Quand ils ont dit ça, cela a poussé certains éléments à ne pas comprendre. C'est ainsi que les histoires de nettoyage ont commencé, où ils ont d'abord éliminé Dosso Adama (dit Adam's) à Korhogo. Ce sont des collègues très proches de moi, des éléments de Wattao, qui l'ont éliminé. Ensuite ils ont tué Koffi à Ferké, et fait par la suite arrêter Moussa Barbu, qu'ils ont envoyé à Bouaké pour l'emprisonner à la compagnie de Wattao. Ils ont profité des troubles de Bouaké où Kass a été tué (brûlé vif, ndlr) pour achever Moussa Barbu.»

Marcoussis : qui a attribué les postes ministériels ?

Et «Petit IB» de poursuivre, s'agissant des tractations qui ont suivi les accords de Linas-Marcoussis en vue de la formation du gouvernement de réconciliation nationale :

«C'est IB qui a dressé la liste des ministres. Soro lui a même dit de prendre un poste, mais il lui a répondu que son combat pour la Côte d'Ivoire ne passe pas par un poste de ministre. IB était toujours au Burkina, il devait rentrer après la loi d'amnistie. Les supérieurs avaient commencé à nous sensibiliser sur son retour pour prendre les choses en main. C'est ainsi que nous avons appris au niveau du Burkina qu'il ne devait pas rentrer directement, mais qu'il devait passer par Paris. On a appris que les tuteurs Burkinabés, dont Blaise Compaoré, avaient décidé de cela, alors que c'était un coup du Burkina pour le faire arrêter et laisser Soro en roue libre. Parce que IB venait pour mettre fin aux pillages vers le Burkina.

Une fois même, lorsque les sirènes avaient retenti dans le secteur de Wattao à la BIAO, IB a téléphoné à Kolo pour aller sécuriser le secteur. Le Major ne voulait pas qu'on pille parce qu'il savait que le tribunal pénal international nous suivait.»

«Motus bouche cousue» sur les casses de la BCEAO...

Même s'il dit savoir qui a donné les ordres pour dévaliser les agences de la BCEAO de Bouaké et Korhogo, et ceux qui ont mené l'opération, Ibrahim Coulibaly ne veut pas citer de noms pour l'instant... pour des raisons de sécurité personnelle et familiale ! Mais il se dit prêt à témoigner devant les tribunaux :

«Je sais trop de choses sur les casses de la BCEAO. Je sais d'où viennent les ordres et ceux qui ont dirigé les opérations... Je peux parler devant les juridictions. Tôt ou tard, je vais parler. Des supérieurs ont été éliminés dans la banque même parce qu'ils s'opposaient aux attaques de la BCEAO...»

La rébellion et le RDR

«Petit IB» n'est pas non plus très prolixe sur les connexions Alassane Dramane Ouattara-rébellion. Pourtant, vous découvrirez dans ces lignes que le mentor du RDR était très introduit dans le mouvement dirigé par Soro Guillaume...

«J'ai mon oncle même au RDR. Quand il y a eu ces histoires (les épurations au sein de la rébellion), le Dr. Ouattara (Alassane Dramane dit ADO, ndlr) a essayé de régler les choses. Mais c'était difficile parce que des combattants étaient tombés. Donc sa médiation n'a pas été acceptée. Par la suite, Ouattara s'est retiré...», révèle Ibrahim Coulibaly.

Mort de Doh Félix : mystère et embrouillamini...

«Qui a tué le sergent Doh Félix ?» Dans ses explications, Ibrahim Coulibaly attribue la mort du chef du MPIGO (Ndlr : Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest, un des trois mouvement de la rébellion aujourd'hui aux oubliettes) à la fois au secrétaire général du MPCI et aux mercenaires libériens qui combattaient au près de l'armée de Soro dans l'ouest ivoirien...

«Doh Felix était un fanatique de IB. Il a été tué par les mercenaires libériens, pas dans les combats. Doh Felix a été arrêté un jeudi sur ordre de Soro à Bouaké, puis conduit au 3e bataillon, et achevé à la sortie de Bouaké. Ensuite son corps a été transporté puis jeté à la frontière libérienne... Comme ils avaient peur que le Major rentre, il fallait éliminer tous ceux qui pouvaient l'aider à revenir s'installer. Quant à Mobio, il n'est pas mort au combat mais empoisonné ; une mort brusque après être rentré de la mosquée. Kolo lui, a été tué après Kass...»

Portrait de Wattao : intrigues et enrichissement illicite...

Pour avoir côtoyé l'homme, «Petit IB» dresse un portrait très peu reluisant du «commandant» Wattao. Selon «Petit IB», celui qui fait office de «chef d'état-major adjoint des Forces nouvelles» est mû par des desseins qui sont loin de servir la cause de la lutte. Ce préjugé est récurrent dans la rébellion : on accuse Wattao (à tort ou à raison) d'être à la base de toutes les dissensions au sein de la rébellion, et de torpiller les autres chefs de guerre au près de Soro Guillaume...

«Wattao, je connais bien l'homme, c'est un peu mon père adoptif dans la rébellion. Je crois qu'il est venu pour des pillages après avoir échoué dans ses missions à Abidjan. Après les histoires avec Tounkara, il nous a appelé pour former sa compagnie : Anaconda.

La prise manquée d'Abidjan et le kyste de Bouaké

Wattao, Djakis (NDLR Koné Zackaria), Abdouramane, DAZ, le commandant Palé Mamadou étaient à Abidjan. Palé y a même pris une balle dans le pied, et il a été arrêté. Ce n'est qu'après la loi d'amnistie qu'il nous a rejoint à Bouaké... Au début des opérations, Bouaké était géré par Chérif Ousmane et Tuo Fozié, restés le 18 septembre à Bouaké.

Les choses ont échoué parce le soutien dans les FANCI ne s'est pas manifesté. Comme les infiltrés avaient peut-être la trouille, ils ne répondaient pas sur leurs portables. C'est ainsi qu'il a été décidé de replier car on ne savait pas si ceux qui ne répondaient pas avaient donné des informations aux FANCI. Ceux sur qui on comptait sur le terrain ayant trahi la cause, on a quand même décidé d'attaquer pour semer la zizanie pour pouvoir sortir d'Abidjan. La prise de Bouaké était prévue dans les stratégies, ce n'était pas un hasard.»

Fofié ou «l'ange exterminateur» et les conteneurs de Korhogo

Celui qu'on surnomme le «démon» de Korhogo ou «l'ange exterminateur» fait l'unanimité sur sa cruauté... Voici ce que «Petit IB» dit de Fofié Kouakou Martin, le seul chef de guerre de la rébellion sous le coup d'une sanction onusienne (c'est tout de même curieux et bizarre !) :

«C'est un tueur ! Il a tué beaucoup de personnes. Il y a des éléments arrêtés à Bouaké puis emmenés à Korhogo, et après on apprend qu'ils sont morts... enfermés dans des conteneurs. Tout ça c'est le travail de Fofié. Des éléments tels que le commandant de secteur de Ferké, Koffi Kouadio et un adjudant-chef du nom de Zola, qui était un commando formateur dans l'armée avant la guerre, tous ceux-là c'est Fofié qui les a tués.»

Chérif Ousmane, militaire jusqu'au bout des ongles

Il représente, avec Koné Zackaria (aujourd'hui sous sanction disciplinaire au Burkina Faso), l'aile dure de la rébellion. Pour le chef de la «Compagnie Guépard», l'objectif initial de la rébellion demeure intacte : chasser Gbagbo du pouvoir. Il n'a pas encore renoncé, comme le souligne «Petit IB»:

«Chérif (Ousmane) est l'homme qui veut que les choses avancent. Mais comme quand tous ceux qui sont restés courageux vis-à-vis de notre envie de chasser Gbagbo parlent, on dit tu es pro-Major (IB) ; c'est pourquoi Chérif se calme. Chérif veut la guerre mais tous les chefs corrompus et devenus milliardaires ne veulent plus la guerre. Ils continuent tranquillement à voler. Moi en 5 ans de rébellion, j'ai vu Chérif une seule fois en civil, lors d'une fête de la St. Sylvestre (31 décembre, ndlr), où Soum-Bill était à Bouaké. Sinon, Chérif est toujours en treillis. Chérif est un vrai soldat. Il continue toujours à dire aux éléments que la guerre n'est pas encore finie et que la mission n'est pas terminée. Il n'est pas comme tous ceux qui vivent dans le luxe et qui ont peur de mourir, les Wattao, Morou et tous ces plaisantins. Entre Chérif et Soro, c'est la sorcellerie ; parce que ce milieu-là c'est la sorcellerie.

Comme les Ouattara étaient à son mariage, ils disent que Chérif roule pour Ouattara, mais ce n'est pas vrai. Chérif est sur ses gardes, c'est un vrai militaire, j'ai reçu des formations chez lui, des formations de 45 jours très solides. Le «lundi noir», Chérif a pardonné à tout le monde et demandé de prendre les armes parce que les loyalistes avaient progressé jusqu'au centre-ville, en face de la cathédrale. Tuo Fozié voulait replier sur Katiola, mais Chérif a dit «NON, si on perd Bouaké ce n'est pas bon car même les Français vont aider les loyalistes à nous anéantir». C'est ainsi que Kolo (Ndlr : qui a été tué plus tard par les Soro) a détruit le premier char loyaliste, par la suite c'est à Air France que Konaté a détruit le deuxième char. Les deux chars étaient rentrés par l'ENSOA, après ça les loyalistes ont pris peur. Ils se sont alors repliés et puis ils ont quitté Bouaké par la suite.»

Konaté Sidiki, l'opportuniste et le traître

Selon «Petit IB», l'actuel ministre du Tourisme et de l'Artisanat est un parvenu dans la rébellion. En effet, au début du conflit armé, Konaté Sidiki a organisé une marche de protestation en Allemagne... pour soutenir les institutions de la République ! Quelques semaines plus tard, les patriotes sont tombés des nues lorsqu'ils l'ont aperçu à Lomé dans la délégation de Soro Guillaume lors des premières négociations conduites par (feu) le président Gnassingbé Eyadema. Cet opportunisme lui vaut aujourd'hui tous les honneurs de la République... et de la rébellion !

«Il (Konaté Sidiki) nous a rejoint en Novembre 2002 ; il était en Allemagne. Au début, il protestait contre nous, contre la rébellion. Siriki a été présenté par Doumbia Major à IB. Doumbia Major a fait comprendre au Major IB que Siriki effectivement, il avait protesté mais qu'aujourd'hui, il revient à la raison. C'est ainsi qu'on l'a fait venir et par la suite il s'est associé avec Soro pour trahir tout le monde.»

«Petit IB» s'est également prononcé sur plusieurs autres sujets, passés comme d'actualité. Voici son récit de certains événements majeurs qui se sont produits en Côte d'Ivoire, et sa position en ce qui concerne la sortie de crise.

Les Français

«Ils nous ont empêché d'avancer, ce qui a donné le temps aux FANCI de se réarmer. Sinon les FANCI savaient qu'ils ne pouvaient pas tenir, mais c'est avec l'aide de la France qu'ils ont eu le temps de se surarmer, de se rééquiper ... Sinon nous étions prêts pour avancer n'eut été les Français...»

Novembre 2004

«Quand l'opération est arrivée, nos supérieurs comme d'habitude ont eu à nous sensibiliser dans les casernes. On nous a dit que c'est le Major (IB) qui était en collaboration avec le parti qui est au pouvoir à Abidjan pour pouvoir attaquer nos positions. C'est ainsi qu'ils ont déployé un certain nombre d'éléments sur les différentes frontières pour barrer la route aux pro-IB qui étaient au Mali et qui devaient passer par Pogo. C'est en ce moment que Blaise (Compaoré) aussi a fait stationner des unités Burkinabés sur le pont de Laleraba (une rivière séparant la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso...) pour empecher les FANCI de le bombarder. Ce pont devait être détruit par les FANCI pour empêcher tout repli aux rebelles. A Bouaké, Chérif (Ousmane) voulait progresser, contre-attaquer. Mais il y a eu des divergences, et ceux qui disaient de rester sur nos positions ont eu la majorité. On a donc renforcé les postions. Chérif, lui, disait que Gbagbo ne respectait pas le cessez-le-feu, donc il fallait progresser.»

Sa version sur le «bombardement» du cantonnement français de Bouaké

«Au début, les Français n'avaient pas réagi, mais c'est parce que c'est tombé sur eux-mêmes qu'ils sont intervenus. Le camp des Français, au quartier Kennedy non loin de l'ENSOA a été vraiment bombardé. C'est à Kennedy que Chérif habite, on est allé sur le terrain ; j'ai vu de mes propres yeux que les Français avaient été bombardés. Je pense que c'est en voulant bombarder l'ENSOA que l'erreur a été faite. Mais les FANCI ne savaient pas que l'ENSOA n'était plus utilisé ; il n'y avait personne là-bas.»

Les élections

«Mon objectif, c'est qu'il y ait un changement de pouvoir en Cote d'Ivoire, parce tout le monde souffre. Le changement de pouvoir concerne Gbagbo et le gouvernement Soro qui forment les deux un bloc contre le peuple. Ils sont entrain de bouffer, de détourner l'argent du peuple... ; ils sont corrompus. Normalement, Soro est un opposant qu'on a mis à coté de Gbagbo pour le contrôler, mais chaque fois qu'il y a des abus ou des questions de détournements on ne le voit pas. Il est devenu un collabo. Lui et Gbagbo sont les mêmes. Ma conviction est que Major était venu pour le bon nettoyage de la scène (politique) et il nous faut le soutenir ; c'est ma ferme conviction. Tôt ou tard, la vérité éclatera. Soro et son staff ont menti sur Major, mais on comprend ça maintenant. Ils ont les urnes dans leurs mains, ils ne vont jamais accepter de perdre les élections. Je parle de Gbagbo.»

L'armée ivoirienne et la sortie de crise

«L'armée est politisée. Normalement, l'armée doit soutenir le peuple pour le changement, mais ce n'est pas le cas. Mais comme Dieu ne laisse jamais tomber ses enfants, je crois en la réussite de la Côte d'Ivoire. Je ne suis pas un fanatique de IB, mais je me dis personnellement que tout se trouve dans la main de IB... Tout ce que Major disait au départ, c'est ce qu'on commence à voir aujourd'hui.»

Les officiers dernièrement arrêtés à Abidjan

«Je connais très bien Sekongo Doulaye, Fofona lui je ne le connais pas. Sekongo n'a jamais aimé les problèmes. Dernièrement, il me disait qu'il se sent bien dans son coin. Il ne veut pas d'ennuis. Sekongo n'a jamais participé à la rébellion. Tout ça c'est un montage. Sekongo chassait les bœufs, je connais qui l'a pris pour diminuer son âge pour ensuite le mettre á l'école. Quand il est revenu de France il est allé à la marine. Je sais tout ça. C'est décevant de le voir arrêté parce que il n'a jamais voulu faire la politique. Ça veut dire qu'il y a des problèmes dans l'armée, des problèmes très profonds de division et de politisation.»

L'attaque de l'avion de Soro

«Soro sait qui a fait ça, mais il continue d'accuser IB. Il a la trouille parce qu'il a trompé IB. C'est le pouvoir à Abidjan qui a voulu tuer Soro en faisant tirer sur son avion. Soro même le sait. Tous les chefs le savent. Moi ça m'a trouvé à Bouaké et je sais que tout le monde le sait là-bas. Leur soit disant médiateur Blaise (Compaoré) était très fâché contre Gbagbo, et il lui a dit de ne plus refaire ça, sinon il allait demandé aux enfants de se retirer.»

Sa proposition de sortie de crise : «Il faut associer tout le monde au processus de paix»

En guise de conclusion, Ibrahim Coulibaly appelle à une réconciliation totale et sans exclusive entre tous les fils et filles de la Côte d'Ivoire. Même s'il ne croit pas trop à la solution pacifique pour sortir de la crise, «Petit IB» invite les acteurs nationaux et internationaux du processus de paix à entamer le dialogue avec tous ceux, militaires ou civils, qui sont en exil. Selon lui, c'est la condition sine qua non d'une sortie de crise sans effusion de sang :

«Sans tous ceux qui sont dehors (en exil, ndlr) dont «IB», DAZ, Konaté de l'ENSOA, Doué (Mathias, ex-Chef d'Etat-major de l'Armée ivoirienne, ndlr), on ne peut pas avoir la paix si tous ceux-là ne sont pas associés au processus (de sortie de crise). On peut aussi ajouter Koné Zakaria. Si on fait les choses dans l'intérêt du peuple et non pour l'argent, alors il faut associer tous ceux-là à la recherche de la paix.»

A bon entendeur...

Par
La Rédaction du Journal de Connectionivoirienne.net avec Louty Guégouhin (L.G.)

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