8 ans après le déversement des déchets toxiques/ Les zones d’ombre que le pouvoir Ouattara doit élucider
L’affaire des déchets toxiques, d’août 2006 n’a encore livré ses secrets. Le scandale qui a fait couler beaucoup d’encre et salive, sous l’émotion, la passion en son temps a besoin d’être revu à froid.
Huit ans après et loin des passions des interrogations ont besoin de réponses concrètes, surtout que l’actuel Président des Ivoiriens, Alassane Ouattara avait promis de « faire la lumière » sur cette triste parenthèse de l’histoire de la Côte d’Ivoire, à ses compatriotes,.
Première zone d’ombre à élucider
Loin de remuer le couteau dans la plaie, les Ivoiriens aimeraient savoir : Que disait le fax en provenance d’Amsterdam d’où le fameux bateau probo-koala a été refusé ? Quel était le contenu du bateau, pour que, aussi facilement possible tous les services administratifs (Douanes, police maritime etc.) signent RAS (Rien A Signaler) sur les différents papiers de contrôle.
Seconde zone d’ombre
A quelques mois de la présidentielle 2015, le débat est plus focalisé sur « l’appel de Daoukro ». Or, les Ivoiriens ont besoin de savoir les maladies sans nom qui tuent à petit feu certains patients dans les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) d’Abidjan concernant les déchets toxiques. Les médecins n’ont-ils pas fait de rapport détaillés dans ce sens, qui l’a gardé par devers lui ? Où se trouve le rapport de l’Onu ? Celui d’Interpol ? Des environnementalistes ? Les sites ont-ils été identifiés et dépollués ? Silence radio.
Troisième zone d’ombre
Que cache-t-on à Ouattara ? Pourquoi des pays comme le Nigéria et les Etats-Unis réclament des milliers de milliers de dollars face à ce genre de scandale et l’Etat ivoirien ne se contentent que de 100 milliard FCFA?
C’est vrai que les Ivoiriens aspirent aller à la paix, mais à froid des personnalités comme Charles Konan Banny (Premier ministre à l’époque des faits), Jeannot Ahoussou Kouadio (Garde des Sceaux, ministre de la Justice), Innocent Anaky Kobena (ministre des Transports) et Gnamien Konan (DG des Douanes de l’époque) doivent éclairer la lanterne des Ivoiriens. La main sur le cœur.
La vérité, rien que la vérité
Le scandale du Probo-Koala n’a encore livré le moindre secret. A moins que ce soit un dossier classé confidentiel. Rien n’a encore été dit, pourtant la filiale de Transfigura dispose d’un vaste espace à Vridi, non de la Sir où cette filiale exerce en toute tranquillité et impunité comme si des Ivoiriens ne continuent pas à mourir à cause d’eux.
L’un des grands perdants dans cette affaire ce fut le Colonel Jean-Christophe Tibé Bi Balou, qui, au temps des faits, était Directeur des Affaires maritimes et portuaires, « en congé ». Les enquêtes qui ont été diligentées par la Justice ont débouché sur un non-lieu, en ce qui le concerne.
Les raisons sont toutes simples. Au moment des faits, un soulèvement des agents maritimes l’avait délogé en tant que Directeur des Affaires maritimes et portuaires (DGAMP) de ses bureaux. C’était le 24 juillet 2006. Ceux qui ont orchestré ce désordre avait-il eu vent de l’arrivée du bateau-pollueur ? Est-ce parce que le Colonel Jean-Christophe Tibé Bi Balou ne rentrait pas dans leur système qu’il fallait l’écarter pour mieux gérer la situation ? En tout état de cause, les Ivoiriens ont été victime du déversement des déchets toxiques au moment où, le DG de la DGAMP était entre les quatre murs de sa résidence et non au bureau. L’histoire étant un témoignage, nous vous invitons à lire avec beaucoup d’attention les différents papiers des confrères sur le même sujet.
Si tel est que la justice s’est saisie de cette affaire qui va rebondir, elle doit jouer sa crédibilité pour le bonheur des victimes et particulièrement le mandat du Président Alassane Ouattara.
Sériba Koné
Tibé Bi Ballou, le grand perdant, le mouton du sacrifice
Pour mieux comprendre l’injustice dont des personnes peuvent être victimes nous vous proposons L’ELEPHANT DECHAINE » N° 270.
« C’est une histoire, comme il en est arrivé à « L’Eléphant » d’en conter depuis bientôt trois ans. Et qui, si « L’Eléphant » l’avait su plus tôt, aurait pu figurer dans le dernier spécial « les grandes injustices sous le régime Ouattara ».
Entré dans les affaires maritimes et portuaires en 1983, le Colonel Tibe Bi Balou devrait être aujourd’hui, normalement, au rang d’Administrateur général.
Sauf que pour cet homme qui fait partie des rares cadres que feue le président Houphouët-Boigny a fait former à Bordeaux en France, les choses, on ne sait trop pourquoi, n’ont jamais été simples.
Petite incursion dans la carrière d’un officier supérieur qui se tourne les pouces à la maison depuis 2006 suite à une curieuse décision d’un certain Anaky Kobena, ancien ministre des Transports et ancien candidat à l’élection présidentielle. Tiens !
Les choses commencent en 1991
Le 6 mars 1991, suivant un décret N°91-85 portant nomination de Directeurs d’Administration Centrale au Ministère de l’Equipement, des Transports et du Tourisme, le président Félix Houphouët-Boigny nomme au poste de Directeur des Transports Maritimes, fluvio-Lagunaires et de Plaisance (DTMFP), Tibé Bi Balou Jean-Christophe, Administrateur des Affaires Maritimes et portuaires, 2ème classe, 3ème échelon.
Il est nommé, au même titre que d’autres jeunes cadres ayant pour la plupart, fait l’école d’administration des transports maritimes de Bordeaux.
Sauf que quelques temps après cette nomination, sa santé déclinant, le Président Houphouët-Boigny, voyageant de plus en hors du pays, c’est son premier ministre, Alassane Ouattara, qui, à Abidjan, évacue les affaires courantes, voire peu courantes.
L’incroyable conseil des ministres
Le 19 novembre 1993, alors que le président Houphouët est hors du pays, le premier ministre Alassane Ouattara tient un conseil de Gouvernement au cours duquel, il signe trois décrets. Dans les faits et en droit, il n’en avait pas le droit.
Par ces trois décrets, il limoge, pour on ne sait quelles raisons, trois cadres nommés par Houphouët-Boigny. Il s’agit du Directeur des Transports terrestres, Sako Mamadou, le Directeur des Mines et, le Directeur des Transports maritimes, un certain Tibé Bi Balou.
Mais les décisions sont jugées illégales et dès le lendemain, depuis l’Assemblée nationale, un certain Henri Konan Bédié, alors président de cette institution, dénonce un « attentat contre la constitution », vu que le premier ministre ne peut signer de décret pour dégommer des gens nommés par décret.
Aussitôt après le coup de gueule de Bédié, deux des trois cadres limogés sont immédiatement rétablis dans leurs fonctions. Sauf un seul : Tibé Bi Balou. Un oubli ?
Tiens, une vieille alliance !
Dans les années 70, alors qu’il était juste élève à l’école militaire préparatoire technique de Bingerville (EMPT), le petit Tibé Bi Balou accompagnait son paternel à Bouaflé, rendre visite constamment à un un certain Ouétré Ouattara, planteur à Bouaflé, grand frère des Ouattara (Gaoussou et autres). C’était leur grand frère à eux tous, paraît-il. Il était le meilleur ami du père de Tibé Bi Balou.
Par la suite, au hasard des alliances, Tibé Bi Balou et feu Gaoussou Ouattara, grand frère d’Alassane Ouattara, se rapprocheront, dans les années 80 et suivantes.
N’ayant pas été rétabli comme les deux autres après le coup de gueule de Bédié, Tibé Bi Balou se rend un jour chez Gaoussou Ouattara et lui explique le tort qui lui est fait par son premier ministre de petit frère.
Mais le jeune homme est rassuré que le Premier ministre aurait déclaré que son cas ne serait dû qu’à une omission, et que cela serait réglé dès son retour de Genève où il courait au chevet du président Houphouët-Boigny, mourant.
Sauf que cette omission demeurera jusqu’à ce jour. Sans qu’aucun document administratif ne l’ait jamais attesté.
Le Premier ministre Ouattara ne reviendra donc pas de Genève avec une bonne nouvelle. Et, en application de l’article 11 ancien de la constitution ivoirienne, Henri Konan Bédié montera sur le trône et Ouattara rendra la démission de son gouvernement.
Quelques semaines plus tard, le Ministre des Infrastructures économiques de l’époque, Ezan Akelé, fait transmettre à Tibé Bi Balou, un message du nouveau président : La régularisation de sa situation, juste après les funérailles d’Houphouët-Boigny.
Mais après les funérailles, Tibé Bi Balou ne sera pas rétabli dans ses fonctions. La décision illégale que Bédié avait dénoncée a été finalement validée par lui-même. C’est élégant !
Tibé Bi Balou reste donc sur le carreau, sans que personne ne lui explique officiellement les raisons pour lesquelles il a été limogé et sans que personne ne lui montre le document qui atteste ce limogeage.
Et voilà le RDR
Resté profondément proche de Gaoussou Ouattara avec qui il passait le plus clair de son temps de nouveau « chômeur », Tibé Bi Balou, à qui Gaoussou Ouattara avait conseillé de « demeuré en famille et de ne pas se révolter», participe en septembre 1994 à l’hôtel Ivoire, au lancement d’un parti politique : Le RDR.
Tibé Bi Balou y est même nommé Commissaire politique de tout le pays Gourou qui regroupait Bouaflé, Zuénoula, Oumé, Sinfra, Gohitafla, Bonon, Vavoua, etc.
C’est lui qui installe dans toutes ces zones, les bases du RDR, parti nouvellement créé. Il en a du cœur ! Se faire virer de son poste sans faute par le premier ministre Alassane Ouattara et contribuer, sans rancune, à implanter le parti dans lequel ce dernier entend prospérer, il faut en avoir de la tolérance.
Quand il organise sa première en pays Gouro, des noms célèbres comme un certain Zoro Bi Balo, alors magistrat stagiaire, sont cités. Mais lorsque Tibé Bi Balou, en compagnie de feu Djéni Kobena, se rend à Odienné pour y tenir le premier meeting du Rdr, un certain Gaoussou Touré, aujourd’hui puissant ministre des Transports et, à cette époque cadre du Pdci, s’y oppose violemment en prédisant que « Ouattara ne sera jamais président dans ce pays ». Il fait même annuler annuler le meeting et menace de faire arrêter Tibé Bi Balou et Djéni Kobena. Ces derniers sont obligés, pour sauver leur peau, de se replier et de tenir leur meeting en un autre lieu, presqu’en cachette, loin du regard et de la colère de Gaoussou Touré.Elle n’est pas belle la vie ? Ne voilà-t-il pas Gaoussou Touré aujourd’hui ministre du Rdr et Tibé Bi Balou en chômage ?
Quatre cent chaises pour le siège
Le Rdr créé, il faut lui trouver un siège. Ce qui est rapidement fait. Le loyer ? 1,5 million par mois. 15 personnes sont désignées pour cette tâche, y compris Tibé Bi Balou. Chacun doit payer 100 mille FCFA par mois.
C’est même Tibé Bi Balou qui offre quatre cent chaises pour le siège du Rdr. Bref, il était au four et au moulin pour le nouveau parti.
Au Congrès du parti en 1995, Tibé Bi Balou, sur conseil de son paternel, participe activement. Il fait même partie des premières personnalités. Le poste de secrétaire national au transport lui est promis. Mais il n’aura jamais ce poste qui lui sera, finalement raflé par un certain Amadou Gon Coulibaly, lequel cumulera plusieurs secrétariats nationaux.
De nouveau, Tibé Bi Balou sera roulé dans la farine, mais il prendra son mal en patience.
En 1995, il est reçu par Alassane Ouattara, lequel lui demande son avis sur le projet de boycott actif. Mais Tibé Bi Balou lui exprime clairement son opposition face à cette stratégie et lui conseille d’œuvrer à asseoir le parti pour des élections qu’il voyait lui, dans une période d’au moins 10 ans. C’est ainsi que Ouattara calme le jeu en 1995 et ne présente pas sa candidature contre Bédié et retourne aux Etats-Unis.
Retour chez Bédié
Pour une raison qu’il ignore, Bédié, devenu président depuis la mort d’Houphouët-Boigny, met en place un concept culturel appelé «l’ivoirité ». Malheureusement, le concept est galvaudé par des proches de Bédié qui en font une arme politique contre le Rdr et son président.
Tibé Bi Balou y voit les germes d’une déflagration sociale et mène des démarches pour rencontrer Bédié afin de lui exprimer ce qu’il pense de cette affaire d’ivoirité.
Le 24 juillet 1997, Bédié le reçoit à Daoukro. Tibé Bi Balou lui demande clairement de faire une déclaration afin de mettre un terme immédiat à l’usage de ce concept et de menacer d’emprisonnement quiconque l’utiliserait à des fins politiques. Bédié trouve l’argument pertinent et promet de convoquer une réunion pour recadrer les choses. La suite, on la connait.
L’arrivée de Guéi Robert !
En mars 1998, Bédié nomme Adama Coulibaly, ministre des transports. Ce dernier nomme Tibé Bi Balou, conseiller technique en 1999. Mais en décembre 1999, de jeunes militaires, surfant sur une histoire de primes impayées, en profitent pour renverser le régime du Pdci. Bédié quitte le pays et s’exile en France, laissant les philosophes du concept de l’ivoirité dans le désarroi.
Quand le régime militaire s’installe, pour le compte du Rdr, est nommé le général Abdoulaye Coulibaly, ministre de l’équipement et des Transports. Ce dernier, en février 2000, appelle Tibé Bi Balou à son cabinet et lui dit, en présence de Diomandé Maignan, commandant à la marine nationale : « Ceux qui m’ont mis à ce poste me disent qu’ils ne veulent plus te voir à ce poste de conseiller technique. Donc va t’asseoir à la maison, le jour où on trouve quelque chose pour toi, on te rappellera. » Tibé Bi Balou est donc de nouveau viré. Elle n’est pas belle, la façon dont le Rdr remercie ses cadres ?
Par chance, en août 2000, le général Guéi inscrit Tibé Bi Balou sur la liste des membres du conseil d’administration du Port de San Pedro. Ce qui lui permettra de ne pas crever de faim…
Une nouvelle vie
A la suite des élections de 2000, Guéi Robert et ses jeunes gens sont congédiés par les Ivoiriens et arrivent de merveilleux refondateurs avec à leur tête, l’intrépide Gbagbo.
En 2002, Laurent Gbagbo découvre le CV de Tibet Bi Balou et réalise que ce dernier a la formation et les compétences peut l’aider à reorganiser le domaine des transports maritimes en Côte d’Ivoire.
Par Décret N°2002-85 du 1er février 2002, Gbagbo nomme donc Tibé Bi Balou, Directeur des Transports Maritimes et lui confie la mission de restructurer l’ensemble de ce secteur (Voir pièce N°1).
Ce dernier se met à la tâche, si bien qu’en 2004, il réussit à faire certifier les deux ports (Abidjan et San Pedro), permettant ainsi leur inscription sur la liste blanche des Etats-Unis.
Devant ce résultat, par un autre décret, Gbagbo le promeut au poste de Directeur Général à la Direction Générale des Affaires Maritimes et Portuaires. Poste auquel il restera jusqu’en août 2006.
L’illégale décision d’Anaky Kobena
Courant août 2006, devant les réformes mises en place par le nouveau directeur (création de régies et autres), une grève sans préavis éclate à la direction générale des affaires maritimes. Les agents réclament le départ de Tibet Bi Balou. Quelques heures plus tard, alors que la grève s’était estompée, le ministre des transports d’alors, un certain Anaky Kobena, prend une étrange décision.
Le 4 août 2006, sous le N°0204, Anaky Kobena suspend Tibe Bi Balou Jean-Christophe, de son poste de Directeur Général de la Direction Générale des Affaires Maritimes et Portuaires (Voir Décision).
Le décret signé par Gbagbo est ainsi piétiné et jeté à la poubelle.
Ainsi donc, par une simple décision, Anaky Kobena, casse un décret du président Gbagbo ayant nommé Tibé Bi Balou à son poste. Ce dernier n’a pas le temps de comprendre ce qui se passe que son bureau est occupé par son remplaçant désigné par Anaky Kobena, sous forte protection policière.
Deux semaines plus tard après sa suspension de son poste, un bateau du nom de « Probo Koala » arrive à Abidjan et y déverse des tonnes de déchets toxiques. Le scandale est si grand que le gouvernement, dirigé par Charles Konan Banny, démissionne.
Partout à Abidjan, la colère des Ivoiriens gronde, le ministre Anaky lui-même, soupçonné d’avoir contribué à créer le drame, échappe de justesse à un lynchage à Cocody.
Tibé Bi Ballou est arrêté
Devant le scandale, des arrestations sont opérées. Tibé Bi Ballou qui n’était plus à son poste au moment où le bateau arrivait, est quand même arrêté. Il passe six mois en prison. Il ressort, puis, y repart encore. Entre temps, l’Etat de Côte d’Ivoire, friand d’argent, transige avec les pollueurs et s’en met plein les poches pour éviter un procès aux pollueurs.
Tibé Bi Ballou et des douaniers sont maintenus quant à eux, en prisons et sont même conduits en cours d’assise où ils sont jugés sous forte surveillance policière. Pendant que les pollueurs prospéraient hors des frontières ivoiriennes et que certains, étaient même accompagnés à la frontière pour échapper à une convocation du président de la Cour d’assise.
Mais aucune charge au final, ne sera retenue contre Tibet Bi Balou. Et il a été acquitté, au même titre que les douaniers.
A la fin du procès, les douaniers acquittés ont été immédiatement réintégrés dans leurs services et ont récupéré tous leurs droits.
Mais Tibé Bi Ballou, lui, depuis août 2006, continue de purger une peine que personne n’a prononcée à son encontre.
Suspendu pour une durée de trois mois, voilà huit ans que la même suspension continue de courir… sans que cela n’émeuve personne. Tous les avantages auxquels il a droit, au motif qu’il n’a pas de bureau ni de poste d’affectation, lui ont été coupés.
Même le rang auquel il a aujourd’hui droit ne lui est pas donné avec les avantages y attachés. « Devrais-je regretter d’être un bon serviteur de l’Etat ? Pendant combien de temps vais-je continuer à accepter toute cette méchanceté qu’on me fait ? Qu’est-ce que j’ai fait au président Ouattara ? Ce pays a dépensé des millions pour me former et j’ai tous les diplômes requis obtenus en France. Depuis 1993, qu’est-ce qu’on me reproche ? Qu’est-ce que je devrais faire devant le spectacle auquel j’assiste ? Des hauts cadres, il n’y a pas seulement mon cas, des gens qui ont chèrement été formés par ce pays, des cadres rares formés par les Ivoiriens, sont assis à ne rien faire à la maison et à vivre comme des mendiants, comme s’ils avaient été sanctionnés par un conseil de discipline. C’est quoi toute cette méchanceté qu’on nous fait ? Qu’est-ce que je devrais faire ? »
Question transmise à Bédi et à Ouattara.
Daniel Sovy
IN « L’ELEPHANT DECHAINE » N° 270
Les confidences de Tibé Bi Balou à un confrère en juillet 2013
Les vérités du Colonel à Claude Dauphin, DG de Trafigura
« J’occupais jusqu’au 04 août 2006, les fonctions de Dg des Affaires maritimes et portuaires (Dgamp) au sein du ministère des Transports en Côte d’Ivoire. Et mon limogeage s’est opéré dans des conditions bizarres avec l’utilisation excessive et déraisonnée des forces de l’ordre, sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt, même pour m’écouter. Alors, lorsque deux (2) semaines après, soit le 19 août 2006, le Probo Koala accostait au Port autonome d’Abidjan (Paa) pour déverser son contenu toxique, j’ai tout compris, surtout l’acharnement de tout un Gouvernement contre ma petite personne. Il fallait me dégager par tous les moyens, avant l’arrivée de ce navire. Toute autre raison n’est que pur divertissement. Vous même, ne trouvez-vous pas la coïncidence assez étrange?
Suite à cette sombre affaire, vous et moi y compris d’autres biens sûrs, nous avons été incarcérés à la Maca. Souvenirs douloureux et humiliants à vite balayer de sa mémoire!!!
Toutefois, je n’ai pas eu la même chance que vous, puisque la procédure judiciaire a continué avec moi pour aboutir à un Procès en Cour d’assises en 2009.
Laquelle Cour a prononcé mon acquittement, pour absence de preuves de mon implication dans ce drame et qui plus est, je n’étais plus en fonction quand le drame est survenu. Comme quoi, il y a aussi un Dieu pour les sans défense.
Dans ces conditions, la logique aurait voulu que l’Etat ivoirien me réhabilite. Mais non, mon cas n’est pas une priorité pour eux, occupés à gérer l’argent des indemnisations versées par Trafigura.
Le calvaire d’une innocente victime
Et depuis 8 ans, et à 57 ans, je suis au chômage, moi la victime innocente qui paie injustement à la place des vrais commanditaires et bénéficiaires tapis dans l’ombre épaisse d’un affairisme répugnant. Vous imaginez le calvaire que je vis avec ma famille depuis cette ténébreuse affaire ! J’ai attendu tout ce temps, en espérant que vous au moins, feriez jouer le principe sacro-saint de la solidarité de bagne pour vous souvenir de ce que la vie d’un innocent venait d’être détruite et sa dignité bafouée, etc. Que nenni.
Pourtant, que de milliards de francs n’avez vous pas distribué à droite et à gauche, en haut et en bas en passant par le centre, dans les sens contraires, pour un résultat mitigé. A quoi devrais-je m’attendre ? D’autant plus qu’en prison, vous n’avez jamais manifesté la moindre compassion à mon égard, au point de ne même jamais daigner me saluer pendant les six (6) mois de nos calvaires communs. Oui, Kablan N’Zi et bien d’autres profiteurs vous aveuglaient pour ne rien voir, rien entendre et rien faire. L’avenir nous situera tous un jour. En raison des conséquences dramatiques de cette affaire sur ma vie et tenant compte du fait que je rends Trafigura responsable de mon infortune actuelle, j’ai décidé de recourir à des Conseils juridiques, pour traduire votre Groupe en justice. Avec les moyens dont dispose Trafigura, vous bloquerez la procédure. J’en suis conscient. Mais, je sais aussi les raisons qui me poussent à ce que justice me soit rendue et que ma dignité bafouée soit restaurée, le traumatisme causé à ma famille soit réparé. La grandeur d’un homme se mesure dans sa capacité à comprendre les choses, même à demi-mots et y apporter les solutions idoines, sans regarder aux conditions des opprimés. Je vous en informe par solidarité de bagne et je crois en votre grande intelligence pour traiter mon cas, non pas dans la passion, mais avec lucidité et raison.
Salutations distinguées »
Source Le Mandat juillet 2013.
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