La question du président du tribunal qui tue des ministres de tutelle Pour des raisons qu’on n’ignore plus aussi, les différents ministres de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances qui ont assuré la tutelle technique et financière de la filière café-cacao, ne témoigneront pas au cours de ce procès. Tout a été mis en œuvre pour qu’ils ne disent pas aux Ivoiriens leur part de vérité dans ce scandale. Comment est-ce possible ? Mais, à l’audience du lundi 26 mars, le président du tribunal, sans peut-être s’en rendre compte, a posé une question qui a démontré qu’en 2008, à la prise de fonction de l’administrateur provisoire nommé au Fdpcc, il y avait la somme de 18 milliards FCFA sur un compte de cette structure au titre des prélèvements effectués pendant la campagne 2007-2008. Et que cet argent avait disparu sans laisser aucune trace, ni dans les livres comptables du Fdpcc ni dans ceux de l’Etat. La question que le juge a posée au sujet de cet argent est restée sans réponse. Pour la simple raison que le témoin ne pouvait pas répondre à la place de ceux qui avaient le pouvoir de mouvementer le compte sur lequel cet argent était logé. Curieusement, le représentant du parquet n’a pas jugé nécessaire de s’étendre sur le sujet pour éclairer la lanterne du tribunal. Sans doute parce que, contrairement au président du tribunal qui n’a pas forcément une compréhension globale de ce dossier qu’il n’a reçu que depuis quelques semaines, le procureur lui, pour être le seul à présent dans le tribunal de Plateau à avoir suivi de bout en bout toute l’enquête, sait, certainement, de quoi il s’agit. Pourtant, il a gardé le silence. « L’Eléphant » croit savoir, à présent, pourquoi ? Pendant la campagne de 2007-2008, le prélèvement accordé au Fdpcc pour son fonctionnement était d’environ 3,5 FCFA pour environ un million quatre cent mille tonnes de cacao, soit près de 4,5 milliards FCFA. Cet argent était directement géré par les responsables du Fdpcc. S’il a été utilisé à d’autres fins, c’est bien à eux de rendre des comptes. Mais en auditant l’utilisation d’une somme de 4,5 milliards, il est difficile d’arriver à conclure que 18 milliards ont été retirés de ces 4,5 milliards et dilapidés sans justifications. Au titre du Fdpcc-Investissement, le prélèvement pour la même campagne était d’environ 12,68 FCFA pour le même tonnage, soit, environ 18 milliards. Cet argent était séquestré sur un compte logé à la Banque Nationale d’Investissement (BNI) au titre du Fdpcc-Investissement, créé par l’Etat, soi-disant pour permettre aux producteurs d’avoir de la liquidité à tout moment de l’année pour financer leurs investissements. Et les seules personnes qui avaient la signature sur ce compte logé à la BNI n’étaient autres que le ministre de l’Economie et des Finances et celui de l’Agriculture. Où sont donc passés ces 18 milliards, puisqu’en aucune manière les responsables de la filière ne pouvaient mouvementer ce compte ? Et surtout qu’ils étaient en prison, à cette période ? En posant la question à l’audience à un témoin, le juge s’est adressé à la mauvaise personne. Elle n’a pas répondu à cette question parce qu’elle ne pouvait pas le faire. Ceux qui peuvent y répondre ne sont autres que Charles Koffi Diby (le toujours ministre de l’Economie et des Finances) et l’ancien ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly. Mais comme la justice ne veut pas interroger les ministres en question, « L’Eléphant Déchaîné » se fait un plaisir de faire le travail du parquet à sa place, et gracieusement. Alors messieurs les ministres, où sont passés les 18 milliards FCFA qui se trouvaient sur le compte Fdpcc-Investissement en 2008 ? Peut-être que la justice ivoirienne devrait sérieusement songer à arrêter de se moquer de l’intelligence des Ivoiriens. Si on confie la garde de 1000FCFA au procureur Oulaye et que le jour où on a besoin de cet argent ce dernier n’est pas capable de le représenter, on ne peut vraiment pas laisser le procureur Oulaye à Abidjan pour aller jusqu’à Bouaké interroger le procureur Diakité Mamadou sur le sort de cet argent. C’est à Diby Koffi et à Amadou Gon Coulibaly d’expliquer aux Ivoiriens ce que sont devenus ces 18 milliards… certains ex-dirigeants de la filière café-cacao, pour avoir géré des dizaines de milliards, ont certainement des choses à se reprocher et il appartient à la justice de prouver les infractions qu’ils auraient commises. Mais on ne peut pas tenter de faire croire aux Ivoiriens, que des centaines de milliards ont été détournés à l’insu de l’Etat de Côte d’Ivoire et de ses ministres qui avaient la signature sur plusieurs comptes sur lesquels se trouvait l’argent des pauvres paysans. Lesquels, au final, ont été totalement bernés par celui qui prétendait leur avoir donné « leur chos
jeudi 24 mai 2012
mardi 22 mai 2012
Mamadou Koulibaly bouscule tout: « Sous Outtara, la Côte d’Ivoire va très mal »
Mamadou Koulibaly bouscule tout: « Sous Outtara, la Côte d’Ivoire va très mal »
MIS EN LIGNE PAR CONNECTIONIVOIRIENNE.NET LA RÉDACTION · 22 MAI, 2012 A 16:15
Dans une longue interview accordée au bimensuel panafricain AFRIQUEDUCATION, le professeur Mamadou Koulibaly, président de LIDER, dresse un bilan sans fard d’Alassane Ouattara. L’intégralité de cette interview coup de poing est à lire sur www.lider-ci.org et dans AFRIQUEDUCATION Nr. 348 du 16 au 31 mai 2012, qui revient également sur le séminaire-bilan du parti dans un dossier intitulé : «Ouattara An 1 : Retour en arrière». Bonne lecture et bonne diffusion.
Après un an d’exercice du pouvoir suprême, à la tête de l’Etat, Alassane Ouattara a-t-il réussi son pari de stabiliser la Côte d’Ivoire et de la remettre sur les rails ? Qu’en est-il du chômage, de la sécurité, de la justice, de l’équité, du favoritisme, du sectarisme ? Où en est exactement la réconciliation nationale ? Le savoir-faire du chef de l’Etat en matière de gouvernance et de gestion, est-il contesté alors qu’il devrait avoir le satisfecit de toute l’opposition ? Pour répondre à ces questions, nous avons demandé au président de LIDER, le professeur Mamadou Koulibaly de dire ce qu’il en pense. Président de la précédente Assemblée nationale alors qu’il était vice-président du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, l’agrégé des sciences économiques est tout sauf un démagogue. Il a le mérite de sortir des vérités sans se soucier des qu’en dira-t-on. Dans cette interview, le président Alassane Ouattara en prend pour son grade. Pour le chef de LIDER, il n’a strictement rien fait en un an. Démonstration à l’appui. La France ne trouve pas non plus grâce à ses yeux, qu’elle soit sarkozyste ou hollandiste. Koulibaly bouscule tout et nous fait dire à AFRIQUEDUCATION qu’il est un empêcheur de tourner en rond, tel qu’on en voudrait dans chaque pays africain.
AFRIQUEDUCATION: Alassane Ouattara reçoit des félicitations des bailleurs de fonds qui reconnaissent qu’il est en train de remettre le pays sur les rails. Vous rétorquez en parlant de «désillusions». Franchement, quand on voit d’où vient la Côte d’Ivoire, votre jugement n’est-il pas très sévère ?
République. Les bailleurs de fonds utilisent d’habitude et autant que possible un langage diplomatique très policé, la « langue de coton » douce, confortable, souple et hygiénique. Le coton est un accessoire indispensable au maquillage. D’ailleurs, les bailleurs de fonds se sont distingués dans tous les pays par leur modération et leur sens de la mesure. Et il ne faut pas oublier que Ouattara a quand même été un des chefs de leur communauté jusqu’à récemment.
Ensuite, nous parlons de désillusions parce que le candidat Ouattara a promis créer « un million d’emplois en 5 ans, soit 200 000 par an ». Or, que constatons-nous ? Le contraire, c’est-à-dire, de la destruction d’emplois : le chômage est très élevé dans notre pays et ne cesse d’augmenter. Selon les statistiques de l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (Agepe), « les jeunes de moins de 35 ans qui constituent plus de 64% de la population, sont frappés par un taux de chômage estimé à environ 25 % ». Si l’on ajoute les chômeurs déguisés, le taux de chômage serait beaucoup plus important. A défaut de créer des emplois, le président Ouattara endette la Côte d’Ivoire. A propos de la dette, le président fait croire que le PPTE résoudra les problèmes des Ivoiriens.
Ce n’est pas vrai. Le président sait bien que le binôme infernal constitué par l’aide publique internationale et le crédit concessionnel constitue pour les Etats créanciers un instrument privilégié et efficace d’exercice et d’entretien de leur domination permanente sur les Etats débiteurs.
En plus, le mécanisme mis en place par l’Etat français appelé « contrat de désendettement et de développement, C2D » est à la fois contraignant et infantilisant pour les pays bénéficiaires, puis que l’utilisation des fonds est tributaire des créanciers. Dans le cas ivoirien, la gestion du processus d’allocation des ressources est faite par un Comité de Pilotage C2D basé à Paris et d’un Comité d’Orientation et de Suivi. En général, les financements seront diligentés par l’Agence française de développement.
Ce n’est pas vrai. Le président sait bien que le binôme infernal constitué par l’aide publique internationale et le crédit concessionnel constitue pour les Etats créanciers un instrument privilégié et efficace d’exercice et d’entretien de leur domination permanente sur les Etats débiteurs.
En plus, le mécanisme mis en place par l’Etat français appelé « contrat de désendettement et de développement, C2D » est à la fois contraignant et infantilisant pour les pays bénéficiaires, puis que l’utilisation des fonds est tributaire des créanciers. Dans le cas ivoirien, la gestion du processus d’allocation des ressources est faite par un Comité de Pilotage C2D basé à Paris et d’un Comité d’Orientation et de Suivi. En général, les financements seront diligentés par l’Agence française de développement.
Enfin, sous le président Ouattara, la Côte d’Ivoire va très très mal. Chaque année, l’ONG Transparency International, qui est présente dans de nombreux pays, publie son rapport sur la corruption dans le monde. Les notes vont de 10 à 0, et classent les pays les moins corrompus (note proche de 10) aux plus corrompus (proche de 0).
Le Botswana, classé 32e avec une note de 6,1, est le premier pays africain le moins corrompu. La Côte d’Ivoire, avec une note de 2,2 sur 10, est classée 154e. Rappelons que les sources de données utilisées pour calculer l’Ipc (indice de perception de la corruption) sont liées à l’abus de la puissance publique, à la corruption des agents publics, aux commissions occultes distribuées lors de la passation des marchés publics, aux détournements des fonds publics. Transparency International prend aussi en compte les efforts et l’efficacité des moyens mis en place pour lutter contre la corruption dans le secteur public. On ne peut donc pas dire qu’en la matière, nous avons fait de vrais progrès.
En outre, depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, les autorités ivoiriennes n’ont pas démontré leur respect de la liberté de la presse, au contraire. Reporters sans frontières vient d’ailleurs de dégrader la position de la Côte d’Ivoire en la matière, la faisant chuter de 41 places à la 159e place d’un classement qui compte 179 pays. Alors que les Ivoiriens peinent à trouver leur pitance quotidienne, le coût de la vie s’étant élevé, le nouveau gouvernement Ouattara est composé de 40 ministres dont 5 au titre de la présidence de la République. C’est une équipe pléthorique et donc forcément budgétivore qui a été servie au peuple qui, lui, souffre. Sou-venez-vous que pendant la campagne, il prétendait qu’il pouvait gouverner avec seulement 25 ministres. Il y a également le tribalisme d’Etat qui domine l’affectation des cadres politiques aux dépens de la compétence et de l’éthique. En effet, après plusieurs dizaines de nominations ethniques, Ouattara, lui-même originaire de Ferké au Nord du pays, a orchestré l’installation d’un autre nordiste de Ferké au perchoir de l’Assemblée nationale. Une Assemblée nationale sans opposition et qui est à sa solde. Ceux qui profitent du gouvernement Ouattara sont des gens d’un clan qui partagent tous des caractéristiques communes : avoir la bonne religion, être originaire de la bonne région, militer au bon parti et appartenir à la bonne famille. De ce point de vue, nos critiques ne sont pas sévères et nous doutons for t que les bailleurs de fonds puissent féliciter sincèrement un tel pouvoir.
Alassane Ouattara est un brillant économiste qui a fait ses preuves. En tant qu’agrégé des sciences économiques et ancien ministre de l’Economie et des Finances, vous ne l’êtes pas moins. Dites-nous concrètement ce que vous trouvez de vraiment critiquable dans son programme économique ?
Nous apprécions le programme présidentiel d’urgence (PPU) qui traite des dossiers importants. Selon les responsables de ce programme, c’est la somme de 45 milliards de francs cfa qui aura été injectée en 2011, et pour l’année 2012, c’est la somme de 60 milliards de francs qui serait débloquée pour le PPU. Faisant l’état des projets 2011, les gestionnaires de ce programme révèlent que 160 PME ivoiriennes ont été sollicitées pour la réalisation des projets, 30 hôpitaux généraux auraient été réhabilités, ainsi que les résidences des préfets et sous-préfets. Le programme participerait aussi à la gratuité des soins dans les hôpitaux et à la réhabilitation des pompes villageoises. Pourtant, la gratuité des soins a été abandonnée il n’y a pas longtemps. Pour l’année 2011, il faut noter que les études et travaux du PPU ne sont pas inspirés par Ouattara. Ces programmes étaient déjà dans le circuit et attendaient des financements que les crises politiques successives depuis vingt ans n’autorisaient pas. Le président Ouattara a eu les moyens de l’aide publique internationale pour accompagner son arrivée au pouvoir et pour financer ces travaux.
Mais au-delà de tout, ce que nous lui reprochons, c’est son incapacité à créer un climat de confiance et de liberté économique (libre-échanges, liberté d’entreprendre, libre choix de consommation, etc.) favorable à la création d’emplois et à la prospérité. En période de crise, les politiques les plus flexibles sont les meilleures. Les Ivoiriens devraient au plus vite pouvoir bénéficier des retombées de la liber té économique. Après plus de 50 années d’échec de dirigisme étatique et de pouvoir centralisé, alors que la dette croît avec la pauvreté, la voie de la liberté s’impose en Afrique et singulièrement en Côte d’Ivoire, où les dysfonctionnements gouvernementaux ont conduit à des violences démesurées.
Sous le président Ouattara, la pratique des appels d’offres est abandonnée. Sous son mandat, la presse a révélé plusieurs scandales liés à la passation des marchés publics.
En plus, Ouattara s’octroie un budget de souveraineté de 300 milliards et c’est son frère Birahima Ouattara qui gère cette cagnotte en tant que directeur financier de la présidence de la République, alors qu’il est parallèlement ministre chargé des Affaires présidentielles et qu’il cumule ces hautes fonctions de l’Etat avec celle de trésorier principal du RDR, le parti que préside encore le président de la République.
Allez-vous parler de bonne gouvernance dans ces conditions ?
L’insécurité a atteint un niveau intolérable dans notre pays. L’évènement en date de la première semaine de mai est l’évasion, orchestrée par certains soldats des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), l’armée régulière du pays, de leurs camarades emprisonnés à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) et qui étaient condamnés pour grand banditisme. Il y a plusieurs dizaines d’évadés, selon des sources bien introduites au sein de la garde pénitentiaire. D’autres prisons du pays ont ainsi reçu la visite des militaires venus libérer leurs frères d’armes.
Au niveau du monde rural, les paysans grognent d’autant qu’ils ont du mal à comprendre que pendant la campagne électorale, le candidat Alassane Ouattara leur avait promis l’amélioration de leur niveau de vie, car avec lui au pouvoir, leurs produits seraient vendus à un prix rémunérateur disait-il. Mais dans les faits, c’est la désillusion totale. Ils ont du mal à comprendre que leurs produits soient achetés à des prix dérisoires, en-dessous du prix officiel fixé par l’Etat lui-même. Au lieu d’aider le monde paysan comme il l’avait promis, le président Alassane Ouattara a plutôt augmenté les charges fiscales des paysans avec la création de nouvelles taxes. Les plantations d’hévéa, de palmier à huile, de coco, de café, de cacao, d’anacarde, de banane, d’ananas, de mangue, de canne à sucre, de citron ou de papaye, appartenant à des paysans ou exploitées par une entreprise agro-industrielle, entrent dans le champ d’application de l’impôt foncier. Les secteurs du coton et de l’anacarde ne sont pas organisés pour que les paysans en tirent le meilleur profit. Concernant l’anacarde, il faut noter la fuite de production de 150 000 tonnes vers des pays voisins, le Ghana et le Burkina, provoquant un préjudice d’environ 15 milliards FCFA pour la seule année 2011. Et ces trafics datent de la période où les Forces nouvelles contrôlaient les zones Centre Nord Ouest. Un an après son accession au pouvoir, le président Ouattara n’a pas encore mis fin à ces trafics. A qui profitent-ils donc aujourd’hui ?
Il y a également la présence d’anciens combattants des Forces nouvelles de l’époque qui se sont installés dans la zone forestière du pays et inquiètent les paysans, qui se demandent si l’on veut les vider de leurs terres et les exproprier par la force.
En plus, le président Ouattara a reculé l’âge du départ à la retraite. Désormais, l’âge du départ à la retraite pour les personnels civils de l’Etat passe de 57 à 60 ans, pour la catégorie B à A, précisément, jusqu’au grade A3, et de 60 à 65 ans, du grade A4 à A7. Pour le gouvernement, ces dispositions devraient permettre d’équilibrer les comptes de la Caisse générale des retraités et agents de l’Etat (CGRAE) actuellement « déficitaire d’une cinquantaine de milliards de F CFA par année », en relevant en plus les niveaux de cotisations, ce qui équivaut à une diminution des salaires. C’est du mal qu’on fait aux travailleurs. De plus, ces mesurettes ne peuvent en aucun cas permettre de résorber les déficits de la CGRAE. On pourrait continuer encore et encore et encore sans épuiser la critique tellement la crise est profonde, générale et durable et que Ouattara ne semble pas vouloir l’affronter sérieusement en instaurant d’abord un climat de confiance. Sans confiance, point de réussite économique.
On dirait que vous souhaitez son échec, sinon pourquoi critiquez-vous ses performances et en même temps, vous n’acceptez pas la main qu’il tend à toute l’opposition pour une réconciliation véritable du pays ? Ne le trouvez-vous pas suffisamment sincère ?
LIDER, en tant que parti d’opposition, ne saurait souhaiter l’échec du président Ouattara. Un parti d’opposition ne s’oppose pas à l’avenir de son pays, de ses populations. Il s’oppose au régime et au système qui gère l’Etat et le pouvoir. L’échec du gouvernement Ouattara serait douloureux pour les Ivoiriens, déjà fragilisés par ces longues années de crises sans fin qui vont de vengeance en revanche et de revanche en violences. Le cycle est infernal. C’est plutôt la façon de gouverner de Ouattara qui est un échec. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que sa façon de faire a des conséquences sur les performances de son gouvernement.
En ce qui concerne la main tendue du Président Ouattara, LIDER a toujours demandé au président de la République de discuter avec son opposition. Ce qu’il a toujours refusé préférant régner en hyper-président, sans contrepoids, sans contre-pouvoir.
C’est la gestion de ce pouvoir sans limite et la dégradation des conditions de vie des populations qui sont mises en cause par nos critiques.
Nous concernant, le président Ouattara a refusé de nous écouter. Nous avons dénoncé sa façon clandestine de financer certains partis politiques et de ne pas en financer d’autres. Pourtant, il s’agit de l’argent public qu’il faut utiliser de façon convenable. Pour les élections législatives, il a distribué quatre millions de F CFA à quelques candidats de son camp, et a laissé ceux des autres camps se débrouiller. Ce sont des pratiques qui tordent le cou au jeu démocratique et à la transparence. Mais il s’en est sorti avec un parlement monocolore.
Il a également suspendu le salaire des députés de la législature 2000-2011, prétextant que le mandat de cette législature a pris fin avec la chute de Laurent Gbagbo.
Une telle assertion est dénuée de sens et est en plus anticonstitutionnelle. Lorsque l’hypocrisie s’installe dans les rapports entre l’opposition et le pouvoir, cela crée la méfiance. Et la méfiance est très mauvaise pour les affaires et la stabilité. Ce n’est donc pas moi qui ne le trouve pas sincère, mais plutôt les actes posés par le président de la République lui-même et le non-respect de sa parole donnée qui plaident en faveur de la méfiance qu’il suscite. Il ne fait pas ce qu’il a promis et fait ce qu’il n’a pas promis et ne supporte pas qu’on le lui dise.
Charles Konan Banny qui est un économiste comme vous, est le «Monsieur de la réconciliation» du chef de l’Etat. Est-il à la place qu’il faut ? Est-il bon pour ce job ?
Décidément, cela fait beaucoup d’économistes. Si seulement, la gouvernance de l’Etat pouvait en profiter ! Les Ivoiriens doivent se réconcilier pour que le pays redécolle. Pour amener les Ivoiriens vers la réconciliation, le président de la République a commis Charles Konan Banny, ancien premier ministre, à cette tâche.
Mais il y a également l’actuel premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou qui se propose de renouer le fil du dialogue entre le gouvernement et les partis politiques de l’opposition.
Monsieur Banny a été nommé pour présider la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). Cette commission a été officiellement installée le 28 septembre 2011. Cela fait plusieurs mois que Banny est à son poste mais les populations n’ont encore aucune idée précise sur la façon dont il pilote cette commission. Or il y a urgence en la matière.
Le cadre juridique qui encadre cette commission pose problème. Non seulement, l’ordonnance qui crée la CDVR est illégale, mais cette commission n’est pas indépendante du président de la République, qui, tout en étant un acteur clé de la crise ivoirienne, a nommé par décret Banny, lui-même acteur de premier plan de la crise que traverse la Côte d’Ivoire depuis des années. Il y a de sérieux risques que cette commission connaisse des difficultés de fonctionnement comme ce fut le cas du Forum de la réconciliation nationale de 2001. Monsieur Banny a été nommé pour deux ans ; bientôt huit mois seront écoulés et il lui reste à peu près 15 mois pour achever une mission dif ficile dans des conditions institutionnelles pas claires. En tout cas, le cadre juridique dans lequel il travaille est critiquable et les délais semblent courts vu la gravité et la complexité de la crise et de la méthodologie de la CDVR.
Si vous étiez, aujourd’hui, à la place d’Alassane Ouattara, comment mèneriez-vous cette réconciliation pour qu’elle soit un vrai succès comme c’est le cas au Togo voisin ?
La première des choses à faire, aurait été de donner un statut clair à Alassane Ouattara comme opposant. L’opposition doit disposer d’un statut la plaçant dans un cadre normalisé, statufié qui garantit l’effectivité et la jouissance des droits et détermine ses obligations.
Si nous étions à la place d’Alassane Ouattara, les opposants ne seraient pas jetés en prison sans justice ni présomption d’innocence. Nous ne jetterions pas en prison tous ceux qui rentreraient d’exil. Nous aurions tenu un discours rassurant qui aurait fait revenir tous ceux qui vivent dans les camps de réfugiés installés par le HCR dans les pays voisins de la Côte d’Ivoire.
A la place d’Alassane Ouattara, je ne me serais pas empressé d’envoyer mon prédécesseur à la CPI. Et si j’avais été obligé de le faire, j’aurais demandé que ceux qui, dans mon camp, ont été les auteurs de crimes de sang, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, soient eux aussi transférés devant la CPI, comme je l’avais promis à la communauté internationale à plusieurs reprises. Je n’aurais jamais trahi ma parole donnée sur le sujet.
A la place d’Alassane Ouattara, je n’allais pas nommer Banny comme cela a été fait, mais j’allais plutôt impliquer les députés dans le processus de réconciliation pour qu’ils adoptent une loi organique qui mette en place la CDVR. C’est le débat sur cette loi qui aurait enclenché le processus de réconciliation dans toutes les circonscriptions électorales du pays. Les députés auraient commencé à recoudre le tissu social au niveau local. Cette façon de faire est plus efficace car la crise vient d’abord de querelles entre les élites politiques qui ont, par la suite, instrumentalisé les ethnies, les tribus, les religions et les régions.
A la place d’Alassane Ouattara, je n’allais pas calibrer la durée du mandat de la CDVR sur mon mandat de président de la République. Le processus de réconciliation peut prendre du temps. On allait laisser tout le temps aux populations de se parler, de s’écouter et de se pardonner. J’aurais laissé le temps à la justice de mener des enquêtes indépendantes pour punir sévèrement tous les coupables de crimes sans discrimination.
A la place d’Alassane Ouattara, je n’allais pas suspendre, puis, geler les salaires et autres indemnités des anciens députés car si, sur le plan humanitaire, c’est un drame, sur le plan politique, c’est un mauvais signe qui montre qu’il n’y a pas, dans l’esprit du président, de continuité de l’Etat et sans continuité de l’Etat, comment réconcilier ?
A la place d’Alassane Ouattara, je n’aurais jamais dit ni fait du rattrapage ethnique, car j’aurais accentué ainsi la fracture sociale et politique dans mon pays.
Cependant, à LIDER, nous ne désespérons pas car le dialogue initié par le premier ministre demeure une lucarne pour la réconciliation.
Vous n’étiez plus en très bons termes avec Laurent Gbagbo, bien avant l’élection présidentielle perdue par le FPI. Vous aviez été mis en minorité dans le parti qui a utilisé une stratégie suicidaire. Les organisations des droits de l’homme à plu-sieurs reprises vous avaient mis en garde contre les exactions et les tueries. Franchement, êtes-vous étonné que Laurent Gbagbo ait été transféré à la Cour pénale internationale ? A-t-on entendu un pays africain protester sérieusement contre un tel transfert ?
Nous sommes étonnés qu’il soit le seul à La Haye, si tant est que le principe de la CPI consiste à punir les premiers responsables des ex-camps en belligérance. Lider est surpris de voir que le président Alassane Ouattara, qui a créé les FRCI, ne soit pas lui aussi à La Haye, puisque ces FRCI ont commis des crimes graves au regard du droit international. Selon le rapport pour l’année 2011 d’Amnesty International intitulé «Nous voulons rentrer chez nous mais nous ne pouvons pas», depuis l’arrestation de l’ancien chef de l’Etat le 11 avril 2011, des crimes au regard du droit international, y compris des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, ont été commis par les milices et les mercenaires libériens fidèles à l’ancien régime ainsi que par les FRCI et des Dozos fidèles au nouveau président. Toujours selon ce même rapport, les FRCI ont depuis commis des crimes au regard du droit international à Abidjan, en particulier, dans le quartier de Yopougon. On peut y ajouter aujourd’hui, Duékoué, Vavoua, Arrah, Sikensi, Katiola, Bouaké…
Le chef suprême des FRCI, le président Ouattara, doit lui aussi, en toute logique, aller à la Haye. En ne le faisant pas, la CPI se soumet à la justice des vainqueurs et se discrédite devant la mémoire des quinze ou vingt mille morts de la crise post-électorale.
Comment comprendre également que M. Ouattara dise hier que la justice ivoirienne est incapable de juger l’ancien président et qu’aujourd’hui, cette même justice soit subitement à même de juger certains autres coupables ? Il s’agit d’un changement radical de doctrine de la part de l’équipe au pouvoir, le chef de l’Etat ayant plusieurs fois fait savoir son intention de collaborer sans restriction avec la CPI.
Nous voyons là une volonté d’éviter à certaines personnes de courir le risque de comparaître un jour devant la justice internationale. Si les choses se passent de cette façon, on dira alors que la CPI est partiale dans ses décisions.
Si donc, les autres ne rejoignent pas Scheveningen, alors il faudrait, pour être juste, qu’on libère celui qui est déjà là-bas. En attendant, et pour la justice, pourquoi ne pas trouver une formule de libération conditionnelle pour lui ? La formule existe et est en ce moment appliquée au premier ministre kenyan, qui se rend à la Haye pour ses comparutions et revient dans son pays. Pourquoi ne pas créer comme au Rwanda et en Sierra-Léone, un Tribunal spécial pour la Côte d’Ivoire ? De nombreuses idées existent, il faut les exploiter au maximum car nous devons nous garder des attitudes qui créeraient des injustices, sources de nouvelles frustrations et de conflits à venir.
L’Union africaine (UA), à travers le panel des chefs d’Etat, a supporté la victoire de Ouattara. J’aurais donc été étonné d’entendre une protestation officielle. En plus, en la matière, je ne suis pas sûr que la voix des pays africains soit audible. En tout cas, je ne l’ai pas entendu.
L’opposition n’est pas beaucoup représentée à l’Assemblée nationale : Jeannot Kouadio-Ahoussou et Guillaume Soro entre-prennent-ils des actes qui montrent que le pouvoir tient compte de l’opposition et la respecte ? Pourquoi ne luttez-vous pas pour obtenir un statut de l’opposition en bonne et due forme et que celui-ci soit inscrit dans la constitution ?
Franchement, il n’y a pas d’opposition à l’Assemblée nationale et on peut saluer l’initiative du premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou et du gouvernement concernant le dialogue de Grand-Bassam entre le gouvernement et l’opposition. Lors du conclave de Bassam, des paroles fortes ont été dites, le cadre du dialogue a également été tracé. Il faut maintenant crédibiliser le cadre afin de donner confiance à l’opposition et de rassurer le gouvernement.
La question du statut de l’opposition fait partie des sujets à traiter dans ce cadre permanent. Nous attendons le chronogramme de travail qui doit reprendre les grands chantiers dégagés. Nous continuons à nous parler. Nous sommes confiants de part et d’autre. Cela est un bon début. Pourvu que ce ne soit pas du bluff !
Vous avez toujours dénoncé les accords de défense entre la France et la Côte d’Ivoire même quand vous étiez président de l’Assemblée nationale. Alors que vous étiez bien placé pour les faire supprimer, pourquoi avoir tant tergiversé ?
Il me semble que de nouveaux accords étaient en discussion entre Laurent Gbagbo et Nicolas Sarkozy. Je ne connais pas les termes exacts de ces accords ni ne sais à quel niveau de discussion ils étaient. Nous n’avons pas tergiversé, notre position est restée constante sur ce sujet. Les anciens accords de défense (puisque nous ne connaissons pas les termes du nouveau) étaient des accords commerciaux obligeant les Etats d’Afrique francophone à conserver des bases militaires françaises sur leur sol, avec des soldats prêts à inter venir selon les besoins de Paris. Avec ces accords, la France détient un monopole sur toutes les matières premières de l’Afrique francophone. On apprend comment la France a pris des mesures pour s’assurer qu’elle conserverait toutes ses prérogatives coloniales après avoir accordé l’indépendance aux pays africains.
Il est également notable que ces accords de défense font partie intégrante du «Pack de coopération», dans lequel on trouve la question du F CFA. Il faut retenir que ce que l’on appelle à Paris un accord de défense est d’abord pour l’Afrique un accord commercial. Pour les uns, il s’agit de la défense des intérêts qui assurent l’accès aux matières premières, pour les autres, il s’agit de commerce avec un partenaire privilégié. J’ai toujours été étonné d’entendre les Africains appeler ces textes, Accords de défense. Nous devrions dire Accords de protection administrative commerciale et monétaire de nos pays par la France. Ce sont des Accords protectionnistes.
Il y a encore beaucoup d’insécurité et les armes continuent de circuler en Côte d’Ivoire en nombre. Et puis, Alassane Ouattara, dit-on, a de plus en plus peur d’un coup d’état. N’est-ce pas normal qu’il cherche à préserver une certaine stabilité des institutions en demandant une présence des militaires français dans votre pays ? Vous à sa place, auriez fait autrement ?
Je ne comprends pas les normes qu’ils cherchent à préserver. L’armée française était présente à Abidjan en 1999 lorsque Bédié, pourtant démocratiquement élu, a été renversé par le général Guéi Robert. Elle était en Côte d’Ivoire, cette armée, lorsqu’en septembre 2002, M. Gbagbo, démocratiquement élu, a failli se faire renverser. Elle était en Côte d’Ivoire, cette armée, lorsque Soro Guillaume y a installé une rébellion armée et anticonstitutionnelle, pendant près de dix ans. Cette armée française était sur place en Côte d’Ivoire lorsque les rebelles du MPCI ont braqué les agences de la BCEAO dans plusieurs villes du pays sous leur contrôle, empochant impunément près de 60 milliards de francs cfa. Je ne parle pas du pillage des forêts et des plantations de cacao. La stabilité des institutions ivoiriennes dépend des Ivoiriens, de leur volonté de respecter leur constitution ou pas. Ou bien l’armée française est neutre et n’est pas là pour la défense de nos institutions, elle nous lais-se nous débrouiller entre nous, dans ce cas, nous n’avons pas besoin d’elle ou bien, elle n’est pas neutre et alors, on ne peut pas dire qu’elle soit là pour la défense des institutions, sinon Bédié n’aurait jamais été renversé et Soro n’aurait jamais réussi à installer une rébellion. Nous devons savoir ce que nous voulons exactement et ne pas soutenir n’importe quoi.
Qu’aurais-je fait à la place de Ouattara ? A sa place, j’aurais respecté les institutions de mon pays. J’aurais engagé une procédure de révision des Accords de coopération signés en avril 1961 entre la France et un certain nombre de pays africains. J’aurais demandé l’audit des comptes d’opérations que la Côte d’Ivoire a ouverts auprès du Trésor français et qui sont supposés assurer la garantie du F CFA. J’aurais proposé aux pays membres de l’UEMOA la création d’une monnaie sous-régionale commune arrimée à l’euro ou au dollar et/ou à un panier de monnaies avec une parité flexible.
Je me serais dépêché de faire tomber toutes les barrières protectionnistes qui ont été érigées avec les accords de coopération franco-ivoiriens. A sa place, j’écouterais les populations afin d’améliorer leur niveau de vie, gage véritable de la stabilité des institutions. A sa place, je me convaincrais que c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui m’a élu et que mon serment m’oblige auprès de lui d’abord. Le volet militaire nous importe peu. Nous n’en avons pas besoin en réalité. C’est parce que nous avons peur de nos peuples que nous engageons autant de dépenses militaires là où les peuples attendent des infrastructures sociales, culturelles et économiques.
Parlons franchement, l’arrivée des socialistes au pouvoir en France, vous arrange non ? Ne vaut-il pas mieux Hollande que Sarkozy, qu’on soit Lider ou qu’on soit FPI ?
Pour nous, à LIDER, et nous souhaitons que cela soit la position de l’élite africaine, une hyène édentée, mal dentée ou non dentée reste toujours une hyène et sa bouche ne sera jamais un chemin de passage agréable pour le cabri. «La France n’a pas d’amis, elle n’a que ses intérêts». Cet aphorisme du général de Gaulle est encore d’actualité aujourd’hui. C’est la même chose lorsqu’une partie de l’élite africaine croyait qu’avec l’élection d’Obama, les pays africains allaient se développer rapidement. Le croire parce qu’il a du sang noir est plus que stupide. Le génocide rwandais, qui a eu lieu du 6 avril au 4 juillet 1994, s’est déroulé sous le mandat d’un président «socialiste» en la personne de François Mitterrand, grand ami du Rwanda. Gbagbo disait qu’avec l’arrivée de Sarkozy au pouvoir et le départ de Chirac, il pouvait dormir tranquille. On connaît la suite.
Certes avec François Hollande, le style va probablement changer mais dans le fond, il travaillera d’abord à la préservation des intérêts français. Pour nous, ce qui compte, c’est la politique des Etats africains vis-à-vis de la France.
Quel que soit le président français, nous dénoncerons toujours le pacte colonial. Nous ne sommes pas des Anti-Français, mais il faut sortir de ces accords de coopération léonins qui retardent le développement des pays de la Zone Franc.
On oublie parfois que vous êtes enseignant au départ. Vous avez beaucoup embrassé la politique et abandonné la science quand vous étiez au pouvoir. Finalement, l’enseignement supérieur a connu un recul pendant votre présence aux affaires. Le gouvernement est en train de s’attaquer à ce problème. Quel regard portez-vous sur son action ?
Si l’enseignement supérieur avait connu un recul pendant que nous étions aux affaires, les universités n’étaient pas fermées. Aujourd’hui, les universités sont fermées en Côte d’Ivoire pour, dit-on, les réhabiliter. On se pose la question de savoir s’il était nécessaire de fermer pendant deux années les universités pour une réhabilitation des bâtiments. Pendant tout ce temps, les enseignants sont payés. Aujourd’hui, nous avons trois générations d’étudiants bacheliers à la maison. Le silence des parents d’élèves est tout aussi curieux.
Du point de vue du capital humain, c’est un drame pour notre pays. Comment la rentrée scolaire va-t-elle se passer si un jour le gouvernement avait le courage de rouvrir les campus ?
Je n’ai pas abandonné la science au profit de la politique. D’ailleurs à l’université, il y a une discipline qu’on appelle sciences politiques. Le savant et le politique ne rentrent pas en contradiction. De ce point de vue, un scientifique peut faire de la politique et garder sa rigueur. Et j’entends à l’ouverture des universités, reprendre mes enseignements à la faculté des sciences économiques et de gestion d’Abidjan-Cocody.
Dominique Ouattara, la nouvelle première dame de Côte d’Ivoire, ne fait pas de poli-tique comme Simone Gbagbo. Elle est pleinement engagée dans le social. N’est-ce pas une bonne chose pour la Côte d’Ivoire ?
Elle ne fait pas de la politique dites-vous ? La fondation Children of Africa, propriété de la première dame, a été érigée en organisation d’utilité publique par un décret pris par son mari (décret n° 2012-232 du 07/03/2012). Cela signifie que cette fondation bénéficiera de l’argent du contribuable ivoirien pour son financement. En clair, on prend l’argent de l’Etat pour faire les œuvres caritatives. La bonne gouvernance est en souffrance. Pourquoi le ministère des Affaires sociales ne fait pas ce travail avec de l’argent public ? C’est comme si nous avions un ministère-bis des Affaires sociales. En plus, Mme Dominique Ouattara a été élevée, le 6 décembre 2011, par son époux via la Grande Chancelière, à la dignité de Commandeur de l’Ordre national de la République de Côte d’Ivoire. Comme ça ! Je ne sais pas si Mme Houphouët a été élevée à cette distinction par son mari président de 1960 à 1994. Je ne sais pas si Mme Bédié l’a été par son mari président de 1994 à 1999. Je sais que Mme Gbagbo n’a reçu aucune médaille de son mari président de 2000 à 2010, à moins que cela ait été fait clandestinement ou bien que je sois mal informé. Le président Ouattara, en un an de présidence, décore son épouse et l’élève à la dignité de Commandeur de l’Ordre national. C’est une bonne chose pour elle, mais pour la Côte d’Ivoire, je ne sais pas. Je me le demande comme vous.
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Interview réalisée par Jean Paul Tedga in Afriqueducation nr.348, du 16 au 31 mai 2012
ADO et ses multiples complices: Des voleurs genetiquement concus.
Scandale judiciaire autour des déchets toxiques ; Ils sont tous mouillés ! Ahoussou et Ouattara savaient depuis des mois…Bictogo, l’homme des affaires sales du pouvoir
Source : Le Nouveau Courrier : Dernière Mise à jour : 22/05/2012 (Auteur : Philippe Brou)
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Certes, le nom qui apparaît au-devant de la scène dans ce qui est d’ores et déjà une affaire d’Etat est celui d’Adama Bictogo, ministre de l’Intégration africaine. Mais il a bénéficié d’une complicité du silence qui éclabousse Jeannot Ahoussou Kouadio et Alassane Ouattara lui-même.
L’image est saisissante, le symbole est ravageur. Dimanche dernier, alors qu’il est évident qu’il a déjà reçu l’enquête explosive de Jeune Afrique sur le scandale de l’indemnisation des déchets toxiques, Alassane Ouattara reçoit très officiellement le ministre des Affaires étrangères nigérien Mohamed Bazoum, avec à ses côtés… Adama Bictogo, le ministre de l’Intégration africaine, un des personnages principaux de cette incroyable histoire de corruption. Pourquoi l’actuel chef de l’Etat ivoirien, qui prétend faire de la moralisation de la vie publique son cheval de bataille, prend-il donc un si grand risque pour son image ? Mystère.
Pour mieux comprendre ce qui se joue avec le dernier scandale autour de l’affaire des déchets toxiques, il faut revenir à l’enquête de l’hebdomadaire spécialisé sur l’Afrique et édité à Paris. «Trois hommes (…) sont soupçonnés d’avoir détourné une partie des indemnités qui auraient dû être payées aux victimes de la pollution causée par le déversement de déchets toxiques à Abidjan, en août 2006. Leurs noms sont inscrits en lettres majuscules sur le rapport d’enquête de la police économique et financière. Il y a là Claude Gohourou, un leader étudiant qui, plusieurs mois durant, s’est improvisé représentant des victimes, Cheick Oumar Koné, président de l’Africa Sports, l’un des clubs de foot les plus célèbres de Côte d’Ivoire, et Adama Bictogo, aujourd’hui ministre de l’Intégration africaine, très impliqué dans la crise malienne. Selon les enquêteurs, il y aurait pour 4,65 milliards de FCFA (plus de 7 millions d’euros). Le rapport remis au procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, le 16 février dernier, recommande l’ouverture de poursuites judiciaires à l’encontre des intéressés pour «faux, usage de faux, détournement de fonds, recel et complicité». Que s’est-il passé ? Après l’accord de dédommagement des victimes signé entre le cabinet britannique Leigh Day et Trafigura, Claude Gohourou, de la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques (CNVDT), parvient à obtenir que la justice ivoirienne ordonne le séquestre des fonds transférés à la Société générale de banques de Côte d’Ivoire (SGBCI). Cheick Oumar Koné contacte alors le représentant local du cabinet britannique, Mory Cissé, et lui raconte qu’il est en relation avec le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, et le président du tribunal de première instance d’Abidjan. Et promet le déblocage des fonds, en échange d’une commission de 8% sur toutes les transactions. L’intéressé refuse et subit des menaces. Convoqué par la DST, il s’enfuit et réussit à atterrir à Londres, où il obtient l’asile. Au final, Adama Bictogo réussit, grâce à son entregent, à faire signer un protocole d’accord entre Gohourou et le cabinet anglais. On ne sait comment, Bictogo et Cheick Oumar Koné parviennent plus ou moins à prendre le contrôle du compte de l’association de Gohourou. 2,6 milliards sont virés sur le compte d’une proche de Koné. 600 millions sont prélevés pour le compte d’Adama Bictogo, pour sa «médiation». En bref, une sombre affaire de gros sous qui s’est nouée dans un grand cafouillage politique.
L’image est saisissante, le symbole est ravageur. Dimanche dernier, alors qu’il est évident qu’il a déjà reçu l’enquête explosive de Jeune Afrique sur le scandale de l’indemnisation des déchets toxiques, Alassane Ouattara reçoit très officiellement le ministre des Affaires étrangères nigérien Mohamed Bazoum, avec à ses côtés… Adama Bictogo, le ministre de l’Intégration africaine, un des personnages principaux de cette incroyable histoire de corruption. Pourquoi l’actuel chef de l’Etat ivoirien, qui prétend faire de la moralisation de la vie publique son cheval de bataille, prend-il donc un si grand risque pour son image ? Mystère.
Pour mieux comprendre ce qui se joue avec le dernier scandale autour de l’affaire des déchets toxiques, il faut revenir à l’enquête de l’hebdomadaire spécialisé sur l’Afrique et édité à Paris. «Trois hommes (…) sont soupçonnés d’avoir détourné une partie des indemnités qui auraient dû être payées aux victimes de la pollution causée par le déversement de déchets toxiques à Abidjan, en août 2006. Leurs noms sont inscrits en lettres majuscules sur le rapport d’enquête de la police économique et financière. Il y a là Claude Gohourou, un leader étudiant qui, plusieurs mois durant, s’est improvisé représentant des victimes, Cheick Oumar Koné, président de l’Africa Sports, l’un des clubs de foot les plus célèbres de Côte d’Ivoire, et Adama Bictogo, aujourd’hui ministre de l’Intégration africaine, très impliqué dans la crise malienne. Selon les enquêteurs, il y aurait pour 4,65 milliards de FCFA (plus de 7 millions d’euros). Le rapport remis au procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, le 16 février dernier, recommande l’ouverture de poursuites judiciaires à l’encontre des intéressés pour «faux, usage de faux, détournement de fonds, recel et complicité». Que s’est-il passé ? Après l’accord de dédommagement des victimes signé entre le cabinet britannique Leigh Day et Trafigura, Claude Gohourou, de la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques (CNVDT), parvient à obtenir que la justice ivoirienne ordonne le séquestre des fonds transférés à la Société générale de banques de Côte d’Ivoire (SGBCI). Cheick Oumar Koné contacte alors le représentant local du cabinet britannique, Mory Cissé, et lui raconte qu’il est en relation avec le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, et le président du tribunal de première instance d’Abidjan. Et promet le déblocage des fonds, en échange d’une commission de 8% sur toutes les transactions. L’intéressé refuse et subit des menaces. Convoqué par la DST, il s’enfuit et réussit à atterrir à Londres, où il obtient l’asile. Au final, Adama Bictogo réussit, grâce à son entregent, à faire signer un protocole d’accord entre Gohourou et le cabinet anglais. On ne sait comment, Bictogo et Cheick Oumar Koné parviennent plus ou moins à prendre le contrôle du compte de l’association de Gohourou. 2,6 milliards sont virés sur le compte d’une proche de Koné. 600 millions sont prélevés pour le compte d’Adama Bictogo, pour sa «médiation». En bref, une sombre affaire de gros sous qui s’est nouée dans un grand cafouillage politique.
Ahoussou et Ouattara savaient depuis des mois…
Une information d’importance apparaît quand on lit l’enquête de Jeune Afrique. Le rapport détaillé sur les «exploits» supposés de Bictogo et Compagnie a été remis au procureur de la République depuis le 16 février dernier. Cela fait donc plus de trois mois que des enquêteurs désignés par le régime actuel accusent de faits très graves le ministre de l’Intégration africaine de Ouattara. Explosif, ce rapport remis au procureur, alors sous l’autorité directe de Jeannot Ahoussou Kouadio, ministre de la Justice, est naturellement passé par ses mains. Ce qui ne l’a pas empêché de composer son gouvernement en y introduisant un des personnages-clés de ce qui se présentait déjà comme une affaire d’Etat. Faute politique. Chef de l’Etat autoritaire, considéré par ses propres amis comme un «hyper-président», Alassane Ouattara ne pouvait pas ne pas être au courant de ce que disaient ses propres services de police sur un ministre dont il a continué de renforcer les pouvoirs. Les cris de colère des victimes des déchets toxiques n’y ont rien fait. Sans la publication de l’enquête de Jeune Afrique, peut-être que Bictogo aurait continué à vivre des jours paisibles. Le scandale qui le frappe aujourd’hui frappe donc naturellement ses supérieurs, qui ont organisé son impunité. Mais pourquoi l’ont-ils fait ?
Bictogo, l’homme des affaires sales
du pouvoir
du pouvoir
Il faut savoir qu’Adama Bictogo n’est pas n’importe qui au sein du régime RDR. Il est au cœur du secret du clan les moins avouables du clan Ouattara. Juste avant le déclenchement de la rébellion ivoirienne, le 19 septembre 2002, ses comptes logés à la banque d’affaires britannique en France, HSBC, sont fermés parce qu’ils sont jugés «préoccupants» et «indésirables» en raison de soupçons de trafic – armes ou blanchiment d’argent. Comme par hasard, l’insurrection dont des cadres de son parti seront des figures principales, commence très vite après. C’est Adama Bictogo qui, par la suite, organise, avec son entreprise Côte d’Ivoire Fruit et des firmes étrangères partenaires, tout le business de la contrebande du cacao ivoirien qui passe par le Burkina Faso et le Togo. Est-ce dans le cadre de ses activités délictueuses qu’il noue des relations particulières avec Loïc Folloroux, fils de Dominique Ouattara et directeur Afrique d’Armajaro, firme sulfureuse impliquée dans la spéculation sur le cacao ivoirien ? Mystère.
Adama Bictogo, c’est également un des symboles de ce que Mamadou Koulibaly a appelé la «Rebfondation», c’est-à-dire les affaires inavouables mêlant personnages proches de la rébellion et dignitaires de la Refondation, et qui ont permis au clan de Ouattara de pénétrer le système Gbagbo pour mieux l’abattre. Adama Bictogo, c’est, au moins depuis 2007, l’agent d’influence de Blaise Compaoré, qui met de l’huile dans les rouages du difficile dialogue inter-ivoirien et gère des affaires «d’intendance» un peu particulières. Adama Bictogo, c’est le frère de Salif Bictogo, au cœur du scandale «Satarem-Greensol» autour de la gestion des ordures ménagères sous le régime Ouattara, qui n’a même pas coûté son poste à la ministre Anne Ouloto. Ouattara peut-il prendre le risque de se débarrasser d’un homme qui peut faire sauter plusieurs fois la République au regard des informations compromettantes dont il dispose ? Difficile de répondre par l’affirmative, alors qu’il n’ose même pas mettre en cause les «petits» chefs de guerre impliqués dans l’ethnocide wê, en dépit des injonctions agacées de ses parrains internationaux, notamment les Etats-Unis.
Par Philippe Brou
Adama Bictogo, c’est également un des symboles de ce que Mamadou Koulibaly a appelé la «Rebfondation», c’est-à-dire les affaires inavouables mêlant personnages proches de la rébellion et dignitaires de la Refondation, et qui ont permis au clan de Ouattara de pénétrer le système Gbagbo pour mieux l’abattre. Adama Bictogo, c’est, au moins depuis 2007, l’agent d’influence de Blaise Compaoré, qui met de l’huile dans les rouages du difficile dialogue inter-ivoirien et gère des affaires «d’intendance» un peu particulières. Adama Bictogo, c’est le frère de Salif Bictogo, au cœur du scandale «Satarem-Greensol» autour de la gestion des ordures ménagères sous le régime Ouattara, qui n’a même pas coûté son poste à la ministre Anne Ouloto. Ouattara peut-il prendre le risque de se débarrasser d’un homme qui peut faire sauter plusieurs fois la République au regard des informations compromettantes dont il dispose ? Difficile de répondre par l’affirmative, alors qu’il n’ose même pas mettre en cause les «petits» chefs de guerre impliqués dans l’ethnocide wê, en dépit des injonctions agacées de ses parrains internationaux, notamment les Etats-Unis.
Par Philippe Brou
jeudi 17 mai 2012
EDITORIAL : Dioncounda veut-il le chaos pour un fauteuil présidentiel ?
Par Info Matin
Des émissaires de la médiation attendus qui font faux-bond pour une mission de dernière chance; un président intérimaire qui prend la poudre d’escampette à l’annonce de tenue d’une Convention nationale appeler à plancher sur la crise et à trouver des solutions maliennes aux problèmes maliens;les affidés du Clan qui font feu de tout bois pour saper l’initiative et pour faire obstruction à la capacité nationale de proposition pour faire face à l’impasse qui se profile, voici le casting d’une tragédie politico-sécuritaire qui se joue sur des notes grisantes de conspiration et de trahison.
Refusant catégoriquement de faire bouger les lignes de front de la médiation sur le choix de la personnalité qui devra diriger la Transition ainsi que le délai de celle-ci unilatéralement fixée lors du sommet d’Abidjan, les émissaires de la CEDEAO avaient plié bagages, promettant de revenir après consultation avec le président du Faso, principal Médiateur, avec un plan de sortie de crise.
Face à l’impasse, le CNRDRE, en parfait accord avec la présidence intérimaire et le Premier ministre de pleins pouvoirs, avait proposé la tenue d’une Concertation nationale regroupant toutes les forces vives du pays pour choisir l’homme ou la femme qui présidera notre transition.
Hors de toute «passion aveuglante et assoupissante de la quête du pouvoir» des uns et des autres, cette Convention nationale constitue non seulement une alternative à la médiation kafkaïenne de la CEDEAO qui nous a coûté un précieux temps, mais aussi «une solution à la malienne (…) par tous ceux qui veulent le bien et le bonheur du peuple malien».
Attendus à Bamako depuis hier mardi, les deux médiateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), Djibril Bassolé, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, et Adama Bictogo, le ministre ivoirien de l’intégration africaine, sont toujours abonnés absents au rendez-vous. Non pas parce que la température est devenue si glaciale au bord du Djoliba, mais simplement en raison de leur divergence avec leur interlocuteur de la Junte qui refuse de se lier à leurs diktats sur le délai et la présidence de la Transition.
Or, hasard du calendrier ou coïncidence concertée avec les planificateurs du chaos projeté, le président pi, Dioncounda Traoré, qui ne s’est pas prononcé contre la tenue de la Convention, a pris son avion, hier, pour se réfugier et aller trinquer avec l’homme fort d’Abidjan, Alassane Dramane Ouattara, président du syndicat des chefs d’Etat, celui-là même chez qui la décision avait été prise de convertir par le fait du prince sous-régional son intérim en transition et ses 40 jours en 365 jours renouvelables.
En se soustrayant de sa charge morale de présider un Forum convoqué avec son accord pour trouver des solutions à l’impasse constitutionnelle qui se dessine à l’horizon du 22 Mai, le président Dioncounda, à travers un coup de Jarnac, choisit de torpiller l’initiative et de couvrir du sceau du discrédit la Convention telle qu’annoncée par le Capitaine Sanogo. Un Capitaine qui, en mettant le choix de l’homme ou de la femme appelée à présider la Transition entre les mains de la Convention nationale souveraine, rabat le caquet à ses détracteurs qui, jusqu’ici, l’avaient accusé de toutes sortes de tentative et velléité de confiscation du pouvoir. La convocation de cette Convention remet à cet égard la balle au centre; bien plus encore dans le camp du président Dioncounda et Clan qui le soutient. Clan dont la seule ambition est de pouvoir se maintenir au pouvoir à travers un des siens, Dioncounda Traoré ; et grâce la bienveillance de ses complices de la CEDEAO.
Sinon, lorsqu’on se targue d’être représentatif du peuple, d’être en phase avec les aspirations du peuple et d’aligner sur lui la convergence anti-putsch d’une cinquantaine de partis, d’une centaine d’associations et de la quasi-totalité des élus et des leaders d’opinion, on n’appréhende pas un Forum en le sein duquel l’avenir du peuple est discuté. Au contraire, fort de sa base sociale et politique, on vient, on fait prévaloir ses solutions, son plan de sortie de crise et on parvient à travers cet exercice démocratique à son objectif : maintenir Dioncounda à la tête après la période intérimaire.
Mais chacun sait que le poids politique en Afrique, ce n’est pas sur le terrain ni à travers la pertinence des programmes et projets partagés encore moins le respect et l’adhésion des populations, mais essentiellement et exclusivement à travers les réseaux mafieux et maçonniques et sur les ondes des médias internationaux, manipulés à souhait et compris pour les besoins de la cause.
Le Mali, pour cette grosse machine de propagande internationale, se réduit désormais à Dioncounda et à une prétendue coalition anti-junte qui ne représente que ses fantasmes et ses négativités alimentaires, au moment où au Nord, dans un immonde silence complice, l’envahisseur islamiste interdit aux enfants de regarder la tété et de jouer au foot. Est-ce étonnant qu’on s’empresse de dire: le FDR n’est pas d’accord pour la convention!
Le parallèle entre la soudaine défection des émissaires de la CEDEAO et l’improvisation du voyage du Président intérimaire chez le président de cette même CEDEAO soulève de pertinentes questions quant à son opportunité et surtout aux enjeux qu’il cache à quelques 5 jours cruciaux de la fin de l’intérim. Pourquoi les médiateurs ne sont-ils pas là ? Pourquoi maintenant au moment où le pays a besoin de lui pour trouver une solution à l’impasse qui se profile au terme des 40 jours ? Pourquoi, c’est Dioncounda qui n’est nullement signataire de l’Accord-cadre qui va voir ADO ? Il est tout de même le président, même par intérim du Mali. Mais pourquoi chez ADO et pas chez Blaise chargé de la médiation?
En fixant son voyage hier à 15 heures, le Président de la République pi, s’il laisse l’image d’un Commandant en chef qui abandonne le Bateau-Mali en pleine tempête et manœuvre de sauvetage, au-delà des fallacieuses raisons alignées pour prendre langue avec homologue qui préside la CEDEAO, veut simplement prendre ses distances et se démarquer de a Convention nationale proposée qui est loin d’être pour lui une garantie de présidence octroyée pour peut-être deux ans, trois ans ou plus.
Aussi, son plan de vol hier après-midi, qui prévoyait un aller-retour rapide, sur papier, ne sera qu’un aller simple d’exfiltration pour trouver protection auprès ceux qui veulent l’imposer aux forceps, contre la volonté du peuple malien.
Sinon comment dans une période aussi cruciale où tous les regards convergent vers le Chef de l’Etat, où le destin du pays est suspendu non à la décision de la CEDEAO mais au sien, que le Président Dioncounda puisse ainsi filer à l’anglaise? Nous sommes-nous trompés lorsque nous avions écrit dans ces mêmes colonnes, s’agissant du Professeur Dionconda, que la solution est devenue le problème ?
Il est aujourd’hui évident que l’homme s’accroche, s’accroche et s’accroche avec l’énergie du désespoir à ce que la CEDEAO lui a promis, à ce que la CEDEAO entend lui octroyer par le chantage et la force : le Mali, pour une Transition, puis ad vitam, ad aeternam. Pour un homme de 70 ans, qui n’a aucune illusion de s’imposer à travers sa carrure politique et l’estime de son peuple, il y a de bonnes raisons d’espérer, de tenter le coup, de s’agripper.
« Paris vaut bien une messe », le pouvoir vaut toutes les folies !
Pour autant, pour autant ! Tous les chemins mènent-ils à Rome ? Que vaut l’ambition d’un homme face au destin d’une Nation ?
Le Professeur Dioncounda sait plus que tout autre que les enjeux de son entêtement à vouloir s’incruster après ses 40 jours avec l’aide de la CEDEAO : "Être conscient de la difficulté permet de l'éviter."
Mais apparemment, Dioncounda a choisi de jouer sa posture au détriment de la tranquillité, de l’unité et de la cohésion de son peuple.
En effet, son renoncement à présider la Transition suivant la dictée de la CEDEAO priverait cette dernière de tout argument et mettrait à l’eau son plan machiavélique arrêté contre notre pays : I BE KE AN KA DUGU TIGI YE, I TE KE AN KA DUGU TIGI YE, KELE Ta O LA. Dioncounda veut être une solution pour le Mali, qu’il s’efface comme Sanogo et laisse les forces vives du Mali convenir de ce qu’il y a de mieux pour le pays.
Le sage de Chine, Leo-Tsu disait,: «Lorsqu'on a fait de grandes choses et obtenu de la gloire, il faut se retirer à l'écart».
Faut-il envisager que le grand démocrate au parcours politique éloquent ait oublié que toute ambition détruit son hôte et que lorsqu’elle est enfantine, elle n’est pas, comme le dit Oscar Wilde, « le dernier refuge de l’échec », mais vile et alimentaire ; « passion enfantine », comme le dit le Général De Gaule.
Celui qui a promis de ne pas être un problème pour son pays rassure-t-il aujourd’hui ce même peuple lorsqu’il ne veut rien lâcher suivant les conseils de ses amis ? En laissant son pays dans l’expectative, Dioncounda prévient-il le chaos tant attendu ?
« «Le souci du Capitaine du CNRDRE comme le mien, c'est vraiment de sortir ce pays du gouffre dans lequel il se trouve. Ça, c'est notre mission essentielle aujourd'hui à tous: acteurs militaires et moi. Je pense que, Iincha Allah, avec l'aide de Dieu, avec l'aide de tous nos partenaires, avec l'aide de tous les amis du Mali, nous allons y arriver. Vous savez, à un moment où ce sont des enfants qui à Gao prennent des cailloux pour résister, je pense qu'il est largement temps, dans ce pays, que chacun comprenne qu'aujourd'hui, c'est l'intérêt supérieur du pays qui est en danger. C'est que nous avons un devoir impérieux de nous donner la main et d'être tous ensemble pour ce pays. La crise, on en sortira de toute façon. Vous savez, les gens, les pessimistes qui sont toujours là en train d'imaginer des scénarios-catastrophes, je pense qu'il faut qu'ils reviennent sur leur lecture, parce que le Mali va s'en sortir. Le peuple malien est un peuple courageux, un peuple fier, nous allons nous en sortie, incha Allah» », a-t-il clamé, mardi, à l'issue de son entretien avec le capitaine à Kati.
Qu’on nous permette d’être pour une fois sceptiques. Car, voyez-vous : «Les mots de vérité manquent souvent d'élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités ». Comme le dit la vieille sagesse orientale : «Le sage ne se montre pas, il brille. Il ne s'impose pas, on le remarque. Il ne se vante pas, on lui trouve des mérites. Il ne se pousse pas, il progresse ».
En refusant de céder comme le jeune Capitaine, Dioncounda expose son pays et prend sur lui la responsabilité du chaos qui pointe à l’horizon.
Dès lors, on peut renverser l’adage bien malien: CÈEKOROBA SIGI LEN BE MIN YE, DEMISE JOLEN TE A YE, en DEMISEN SIGI LEN YE MIN YE, CEKOROBA JOLEN MA O YE.
L’histoire jugera.
Par Sambi Touré
dimanche 13 mai 2012
L'INITIATIVE PPTE.. quel avenir pour les pays d'Afrique?
Qu'en est-il de la dette ?
Malgré l'Initiative PPTE, les pays africains ploient sous le poids de la dette
Par Gumisai Mutume
L'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) ne suffira pas à alléger la dette extérieure de la Tanzanie, a récemment déclaré devant le parlement Basil Mramba, Ministre des finances. Le programme a certes été d'un certain secours ces deux dernières années, a-t-il dit, mais la Tanzanie doit toujours des milliards de dollars à ses créanciers extérieurs. Etant donné la situation actuelle, il faudra beaucoup de temps au pays pour s'acquitter de sa dette.
Le cas de la Tanzanie est représentatif de nombreux pays d'Afrique subsaharienne qui remplissent les conditions pour bénéficier d'un allégement de leur dette -- une réduction substantielle de la dette au départ, avec des obligations de plus en plus importantes à mesure que de nouveaux emprunts sont contractés pour honorer le service de l'ancienne dette et financer les programmes de développement de base.
Grâce à l'aide reçue au titre de l'Initiative PTTE, parrainée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), la dette extérieure de la Tanzanie est passée de 3,8 milliards de dollars au milieu de 1999 à 2,6 milliards cette année, montant exprimé en "valeur actualisée nette" (VAN : valeur marchande de la dette initiale, actualisée comme si elle était remboursée aujourd'hui en une seule somme). Cependant, le répit ne sera probablement que de courte durée car les économies s'échelonnent sur 20 ans et la Tanzanie doit continuer d'emprunter. Sa dette pourrait passer à 3,2 milliards de dollars en 2005 et à 6 milliards d'ici à 2015 (VAN), lorsque le pays fera face à des obligations au titre du service de la dette de 260 millions de dollars par an, contre 193 millions avant l'Initiative PPTE (voir tableau ci-contre et voir graphique).
(en millions de dollars) | ||||
2000 | 2005 | 2010 | 2015 | |
Bénin | 62,5 | 36,9 | 43,9 | 72,8 |
Burkina Faso | 33,8 | 41,5 | 54,7 | 83,2 |
Cameroun | 312 | 347 | 375 | n.d. |
Gambie | 19,6 | 9,8 | 18,7 | 23,4 |
Guinée | 140 | 88 | 96 | 111 |
Guinée-Bissau | 15 | 4 | 11 | n.d. |
Madagascar | 104,.5 | 81,6 | 119,5 | 156,2 |
Malawi | n.d. | 47,1 | 55 | 85,9 |
Mali | 88 | 66 | 76 | 125 |
Mauritanie | 87,4 | 43,3 | n.d. | 47,3 |
Mozambique | 50 | 60 | 97 | 98 |
Niger | 93,5 | 29 | 26,4 | 35,4 |
Rwanda | 39,6 | 11,1 | 14,7 | 27,7 |
Sao Tomé-et-Príncipe | n.d. | 1 | 3,3 | 2,8 |
Sénégal | 184,9 | 136,1 | n.d. | n.d. |
Tanzanie | 153,8 | 158,2 | n.d. | 258 |
Zambie | 169 | 202 | 135 | 109 |
Source : Banque mondiale, FMI |
Pays africains retenus
A l'échelle mondiale, 23 pays ont été retenus pour bénéficier de l'Initiative PPTE et devraient, selon les estimations de la Banque mondiale, obtenir une réduction de leur dette de 20,3 milliards de dollars (VAN). Pour les 19 pays africains retenus, les économies s'élèveront à 14,8 milliards de dollars (VAN), ce qui est considérable par rapport aux plans précédents.
Toutefois, en Afrique, en octobre 2001, seuls le Mozambique et l'Ouganda avaient rempli les conditions nécessaires à un allégement "total", leurs créanciers devant annuler toutes les dettes relevant de l'Initiative. Dix-sept autres pays africains bénéficieront d'un allégement provisoire pendant qu'ils s'emploieront à satisfaire toutes les conditions de l'Initiative. Ainsi, selon la Banque mondiale, les remboursements des 19 pays sont tombés de 1,7 à 1,3 milliard l'an dernier tandis que les dépenses sociales sont passées de 2,6 à 3,2 milliards de dollars, en partie parce que les sommes économisées ont été consacrées à la santé et à l'éducation, comme l'exige l'Initiative (voir encadré1).
Les 17 pays sont les suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tanzanie, Tchad et Zambie.
Qu'est-ce que l'Initiative PTTE?
Adoptée en 1996, la première Initiative PTTE devait permettre aux donateurs de ramener la dette des 41 pays pauvres les plus endettés du monde à un niveau "viable" -- auquel les pays pourraient en assurer le service. Trente-trois de ces pays se trouvent en Afrique. En 1999, l'Initiative PPTE II a été adoptée, assouplissant les conditions à satisfaire, notamment en ce qui concerne les programmes d'ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI. La procédure que les pays devaient suivre, en coopération avec la Banque mondiale, pour élaborer des documents sur la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté a également été simplifiée. Ces documents indiquent l'usage qui sera fait dans le secteur social des économies réalisées.
Pour bénéficier de l'Initiative, un pays doit avoir un ratio dette/exportations inférieur ou égal à 150 %. Lorsque le ratio dette/revenu est utilisé, il ne doit pas dépasser 250 %. Selon la Banque, un pays dont le ratio dette/exportations est inférieur à 150 % engrange suffisam ment de recettes d'exportation pour assurer le service de sa dette, qui est donc viable.
Ecole primaire en Ouganda : grâce à l'allégement de la dette, le budget de l'éducation et d'autres secteurs a augmenté.
Photo : © UNICEF / Giacomo Pirozzi
Jubilee Plus, un groupe de militants contre la dette basé à Londres, a conclu, après analyse des données de la Banque mondiale, qu'au moins 15 pays africains continueront d'avoir une dette non viable après avoir reçu une aide au titre de l'Initiative PPTE. La définition que la Banque donne de la "dette viable", déclare le groupe, n'inclut pas la nouvelle dette que les pays les plus pauvres doivent continuer à contracter pour s'acquitter de leurs obligations au titre des "anciennes" dettes et pour leurs dépenses nationales.
PPTE : une Initiative "sans issue"
Jubilee Plus et d'autres groupes soutiennent que l'Initiative n'est pas suffisante. En n'utilisant que les ratios dette/exportations ou dette/recettes, la Banque met la barre trop haut et ne tient pas compte des autres obligations primordiales des pays les plus pauvres, comme les dépenses sociales et d'équipement. Dans ces conditions, l'Initiative PPTE est "sans issue", estiment-ils, et la viabilité de la dette à long terme un "mirage".
Seuls trois pays (Bénin, Mozambique et Ouganda) satisferont les critères d'une dette "viable" après avoir bénéficié d'une aide au titre de l'Initiative PTTE. Les autres pourraient attendre plusieurs années. La dette de la Tanzanie devrait atteindre un niveau "viable" d'ici à 2007 et, de 2009 à 2018, pourrait être de 25 % inférieure à son niveau d'avant PPTE. Toutefois, la dette du Burkina Faso, qui est tombée à 655 millions de dollars l'année dernière et devrait être viable d'ici à 2007, augmenterait considérablement pour atteindre 1,3 milliard de dollars (VAN) en 2015. Plus d'un milliard de dollars de ce montant serait constitué de nouvelles dettes et le reste du capital et des intérêts d'anciennes dettes. Ni le Malawi ni le Niger n'auront une dette viable avant 2013.
"Eu égard à la viabilité à long terme ... ce que l'Initiative PPTE vise à réaliser, c'est de donner aux pays concernés des chances de poursuivre leurs activités et de maintenir un endettement viable à terme", dit M. Jacob Kolster, responsable de la cellule PPTE à la Banque mondiale. En avril, le FMI et la Banque mondiale ont reconnu que si l'Initiative PPTE peut considérablement réduire la dette extérieure, la "viabilité de la dette à long terme ne peut être assurée que si les causes fondamentales de l'endettement sont surmontées".
A qui la faute?
Pour la Banque et le Fonds, les "causes fondamentales" comprennent les échecs économiques, le peu d'empressement des gouvernements africains à appliquer de manière systématique les réformes économiques décidées et leur inaptitude à attirer des investissements étrangers.
"Les solutions à la crise de la dette ont été réduites à la bonne gouvernance et aux réformes économiques alors qu'on sait pertinemment que la dette de la Zambie, par exemple, résulte en grande partie de la détérioration des termes de l'échange et de la situation politique internationale, notamment du rôle joué par le pays dans la lutte contre l'apartheid", dit Mme Charity Musamba, Coordonnatrice de l'organisation non gouvernementale Jubilee-Zambia. "Si une approche globale n'est pas adoptée, la Zambie continuera de s'endetter du fait de ces facteurs extérieurs."
Parmi ces facteurs extérieurs figurent les bas prix des produits de base africains sur le marché international. D'après ses projections, la Banque mondiale estime que le revenu des pays bénéficiant de l'Initiative PPTE passera de 12 milliards de dollars en 1999 à 22 milliards en 2005, avec des taux de croissance annuelle moyenne du PIB de 5 % à 6 % de 2000 à 2005. Pourtant, de 1990 à 1999, le taux de croissance réelle n'a été en moyenne que de 2,1 % en Afrique subsaharienne, et les perspectives actuelles de croissance en Afrique ne sont guère reluisantes (voir "De graves répercussions économiuqes en Afrique").
Prévisions "exagérément optimistes"
Il est peu probable que les prévisions optimistes de la Banque se réalisent, en partie du fait de l'effondrement continu des prix des produits primaires, principale source de revenus de la plupart des pays bénéficiant de l'Initiative PPTE. L'Ouganda tire 60 % de ses recettes à l'exportation du café; or, le prix du café a baissé de 70 % depuis 1997. Le prix de l'arachide a baissé de 15 % au cours de la même période alors que la Guinée-Bissau retire 70 % de ses recettes à l'exportation de ce produit et le Malawi 60 %.
Oxfam, un organisme international d'aide, note que les "prévisions exagérément optimistes" de la Banque compromettent l'efficacité de l'aide accordée au titre de l'Initiative PPTE, étant donné que le montant de l'aide fournie est directement fonction des revenus escomptés.
Lorsqu'ils parlent des "échecs économiques", les militants anti-dette montrent d'un doigt accusateur les programmes d'ajustement structurel que la Banque et le Fonds ont obligé de nombreux pays africains à appliquer. Bien qu'il ait été établi que ces programmes ont réduit le rôle de l'Etat dans la vie économique sans faire diminuer la pauvreté ni véritablement stimuler la croissance économique en Afrique subsaharienne, ils continuent d'être obligatoires pour tous les pays bénéficiant de l'Initiative. Ils ont été incorporés aux documents sur la stratégie de lutte contre la pauvreté, que chaque pays doit élaborer pour bénéficier de l'Initiative, et dans le Fonds pour la lutte contre la pauvreté et la croissance, par l'entremise duquel le FMI finance les programmes d'ajustement.
"Les pays qui souhaitent obtenir un allégement de la dette au titre de l'Initiative PPTE doivent engager des négociations dignes de Faust : pour bénéficier d'un allégement à l'avenir, adopter immédiatement et pendant plusieurs années des programmes de la Banque et du FMI -- ceux-là mêmes qui ont engendré davantage de dettes et la détérioration des conditions de vie des classes moyennes et inférieures de leur société", déclare Mme Njogi Njoroge Njehu, militante kenyane du réseau "50 Years Is Enough", basé à Washington et opposé aux politiques de la Banque et du Fonds.
Des subventions au lieu de prêts
Pour aider les pays les plus pauvres à sortir du piège de l'endettement, les militants demandent à la Banque de fournir des subventions plutôt que de nouveaux prêts. En début d'année, George W. Bush, Président des Etats-Unis, a indiqué que la crise de la dette pouvait être résolue si au moins la moitié de l'aide financière que la Banque fournit aux pays les plus pauvres était accordée sous forme de subventions. "L'allégement de la dette n'est en fait qu'une solution à court terme", a déclaré M. Bush dans une allocution prononcée à la Banque mondiale en juillet. "La proposition d'aujourd'hui ne réduit pas seulement la dette; elle y met fin."
Les Etats-Unis, principal actionnaire de la Banque, semblent peu disposés à financer la proposition de M. Bush. Si cette proposition était acceptée, elle ne concernerait qu'une partie des nouveaux prêts consentis par la Banque et n'aurait aucun effet sur les 46 % de la dette de l'Afrique subsaharienne octroyés directement par les pays.
Nombre de pays donateurs opposés à la proposition de M. Bush préfèrent que 10 % au maximum des prêts de la Banque soient accordés sous forme de subvention, arguant que les banques de développement comme la Banque africaine de développement devraient continuer de générer des revenus grâce aux prêts.
Etendre l'allégement de la dette
Kofi Annan, Secrétaire général de l'ONU, est de ceux qui demandent que l'allégement de la dette soit étendu aux pays ne bénéficiant pas de l'Initiative PPTE. "Dans ces pays pauvres, il y a plus de sorties de fonds au titre du service de la dette que de rentrées de fonds", a dit M. Annan lors d'une conférence de presse en juillet. "J'espère donc que l'allégement de la dette, qu'envisagent depuis longtemps les pays industrialisés, sera accéléré et que les pays les plus pauvres bénéficieront d'une aide en la matière."
Les militants anti-dette ont toujours soutenu que pour prétendre à l'annulation de la dette, les pays devaient être évalués au cas par cas. Outre les 41 pays qui pourraient bénéficier de l'Initiative PPTE, au moins 11 autres, disent-ils, ont besoin d'urgence d'une annulation de leur dette. En Afrique, ils citent le Nigéria et le Zimbabwe.
"Nous sommes victimes d'un malentendu injuste selon lequel nous serions un pays producteur de pétrole riche qui n'a pas besoin d'un allégement de sa dette", a déclaré en début d'année le Président nigérian Olusegun Obasanjo. "Malgré nos ressources pétrolières, notre ratio dette/exportations est de 250 %, ce que la Banque mondiale et le FMI considèrent comme étant trop élevé pour un pays en développement." L'économie nigériane est fortement tributaire du pétrole, qui fournit 40 % du PIB et 85 % des recettes en devises. Cependant, bien que relativement riche en pétrole, le Nigeria connaît une pauvreté généralisée et figure parmi les 20 pays les plus pauvres du monde, selon la Banque mondiale. Le revenu par habitant, qui est de 310 dollars, est plus faible que la moyenne des pays bénéficiant de l'Initiative PPTE, qui est de 390 dollars.
Les partisans d'une extension de l'allégement citent également le cas du Zimbabwe, que la Banque mondiale considère comme étant un "pays à faible revenu modérément endetté". En 1996, son ratio dette/exportations était de 160 %, soit légèrement supérieur au seuil de l'Initiative PPTE. Les défenseurs du Zimbabwe soutiennent que le pays doit bénéficier de l'allégement au titre de l'Initiative PPTE car le service de la dette l'empêche de faire face aux crises urgentes en matière de santé telles que le sida ou de financer des domaines cruciaux tels que l'éducation. Au moment de son accession à l'indépendance en 1980, le Zimbabwe consacrait 1,2 % de son produit national brut au service de la dette contre 9,1 % à l'éducation. En 1995, ces chiffres sont passés à 10,3 % pour la dette et 8,5 % pour l'éducation. La santé absorbe 3,5 % du produit intérieur brut, dans un pays ravagé par le VIH/sida, alors que les paiements au titre des intérêts de la dette représentent environ 3 %. Le Zimbabwe a l'un des taux d'infection au VIH les plus élevés au monde. L'espérance de vie, jadis supérieure à 60 ans, est maintenant inférieure à 50 ans. Toutefois, la participation du pays à la guerre en République démocratique du Congo, à laquelle il a, à un moment, consacré quelque 3 millions de dollars par mois, a affaibli sa position. La Banque et le Fonds ont gelé tout nouveau prêt à ce pays.
Etendre l'Initiative PPTE à des pays pauvres comme le Nigéria et le Zimbabwe est pour le moment hors de question pour la Banque et le Fonds. Les deux institutions estiment simplement qu'elles ne disposent pas de fonds suffisants. Selon M. Masood Ahmed, Directeur adjoint au Fonds, "Si on devait inclure dans l'Initiative tous les pays pauvres ... non seulement la Banque et le Fonds n'en auraient pas les moyens, mais aussi ... il nous faudrait fermer le Fonds pour la réduction de la pauvreté et la croissance, qui est un fonds autorenouvelable ... et arrêter d'aider les pays les plus pauvres."
*****Encadré 1***** Allouer au développement social les sommes économisées Certains pays bénéficiant de l'Initiative PPTE ont pu utiliser les ressources provenant de la réduction du service de la dette pour accroître le budget de la santé et de l'éducation. En 1996, la Mauritanie a consacré 125 millions de dollars au service de la dette et 80 millions à l'éducation, à la santé et à la lutte contre la pauvreté. L'an dernier, après avoir bénéficié de l'allégement provisoire au titre de l'Initiative PPTE, les obligations du pays au titre de la dette sont tombées à 88 millions de dollars tandis que ses dépenses sociales passaient à 97 millions de dollars. Pour bénéficier d'un allégement total, la Mauritanie doit utiliser les économies réalisées pour relever le taux d'inscription dans les écoles primaires. Au cours de la dernière décennie, ce taux est passé de 45 % à 86 %. L'objectif visé est d'atteindre 99 % en 2005. En avril 1998, l'Ouganda est devenu le premier pays à bénéficier de l'Initiative PPTE. En mai dernier, il a été admis à bénéficier de l'Initiative PPTE II. Sa dette est tombée de 2,4 milliards à 1,7 milliard de dollars (VAN). Les dépenses consacrées au secteur social sont passées de 5 % du PNB en 1998 à 7 % en 2000. Le budget de l'éducation est passé de 17 % des dépenses publiques à 20 % au cours de la même période. De même, en 1998, l'Ouganda a créé le Fonds d'action contre la pauvreté pour financer les programmes de lutte contre la pauvreté. De 1998 à 2000, la contribution de l'Etat à ce fonds est passée de 4 % à 13 % de ses dépenses totales. L'Ouganda a bénéficié de l'allégement de la dette à un moment où le pays réaménageait son système d'enseignement. Dans le cadre de sa stratégie de développement, l'Ouganda a introduit l'enseignement primaire gratuit pour quatre enfants maximum par ménage. Le nombre d'enfants inscrits a immédiatement doublé, passant à 5,2 millions, et a ensuite atteint 6,5 millions en 1999. |
*****Encadré 2***** Baisse de l'investissement étranger direct en Afrique L'investissement étranger direct (IED) en Afrique subsaharienne est passé de près de 8 milliards de dollars en 1999 à quelque 6,5 milliards en 2000. La part déjà faible du continent dans le volume mondial des IED a ainsi chuté en dessous de 1 % et la tendance à la hausse de ces dernières années (voir diagramme) s'est inversée. La baisse, dont il est question dans le Rapport sur l'investissement dans le monde 2001 établi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), tient au fait que les flux en direction de deux des trois principaux bénéficiaires de l'IED en Afrique, à savoir l'Angola et l'Afrique du Sud, ont été réduits de moitié en 2000. Vingt autres pays d'Afrique subsaharienne ont connu des baisses plus modestes. Les flux en direction de l'ensemble de l'Afrique du Nord sont restés presqu'au même niveau en 2000 qu'un an auparavant, c'est-à-dire à 2,6 milliards de dollars. Les nouveaux chiffres, bien que décevants, d'après la CNUCED, sont beaucoup plus élevés qu'au début des années 90, ce qui montre que l'Afrique a réussi à améliorer le climat des affaires et à accroître la confiance des investisseurs. Les investissements restent toutefois concentrés dans un petit nombre de pays africains, l'Angola, le Nigéria et l'Afrique du Sud ayant bénéficié de plus de 60 % des flux l'année dernière. Pour ces pays et un certain nombre d'autres pays africains, indique la CNUCED, "l'investissement étranger direct continue de jouer un rôle important dans le financement de la formation de capital". Quelques pays africains plus industrialisés bénéficient non seulement de l'IED mais investissent eux-mêmes également à l'étranger. En 2000, les sociétés africaines ont investi près de 1,3 milliard de dollars hors de leurs propres frontières. L'Afrique du Sud a représenté, à elle seule, 43 % de ce montant. Avec la restructuration de l'industrie sud-africaine à la fin de l'apartheid et la plus grande ouverture de l'économie de ce pays sur les marchés extérieurs, certaines sociétés ont commencé à réaliser des investissements sur de nouveaux marchés extérieurs et à se faire coter par les bourses étrangères afin de profiter des sources de capitaux extérieurs, jugés essentiels "pour survivre dans le nouveau climat de la concurrence mondiale", indique la CNUCED. |
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