Mercredi 1 février 2012
L’information, qui circulait dans les milieux spécialisés depuis le week-end dernier, est désormais confirmée. Contactés par une responsable d’association ivoirienne, des membres du cabinet de Jean-Pierre Bel, le président socialiste du Sénat français, ont concédé que leur patron n’avait pas honoré l’audience qu’il devait accorder àAlassane Ouattara, dans le cadre d’une visite d’Etat à laquelle Nicolas Sarkozy désirait donner tout le lustre républicain possible. La sous-direction du Cérémonial et la cellule protocole de la présidence de la République française tenaient à ce que Ouattara soit reçu par le président du Sénat, deuxième personnalité de l’Etat selon la Constitution et troisième personnalité dans l’ordre protocolaire. Mais vendredi dernier, les observateurs ont constaté que les services de Communication du concerné ont diffusé les photos de Ouattara avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et avec le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer... mais pas avec le président du Sénat. Les collaborateurs de Jean-Pierre Bel sont gênés aux entournures. Ils ne veulent pas assumer un boycott pur et simple, et mettent l’absence de leur patron au sein de son institution sur le compte de « problèmes de calendrier ». Oui, mais voilà. Vendredi dernier, Jean-Pierre Bel était à Lavelanet, une bourgade au fin fond de l’Ariège, dans la région des Midi-Pyrénées, bien loin de Paris, pour remettre la médaille d’Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Mady de la Giraudière, une artiste peintre locale dont la distinction avait été octroyée depuis le 5 juillet 2011 par le ministre Frédéric Mitterrand. Les connaisseurs des arcanes et des usages de la vie politique française sont formels. Jean-Pierre Bel a été informé bien à l’avance de la visite de Ouattara, et s'il avait opposé un désaccord ferme, son « rendez-vous » avec Ouattara n’aurait pas été inclus dans le programme officiel d’une visite d’Etat, qui est un exercice où l’improvisation n’a pas vraiment de place. Jean-Pierre Bel aurait aussi bien pu repousser sa cérémonie à Lavelanet ou alors y déléguer un de ses collaborateurs. Il a boycotté Ouattara, visiblement à la dernière minute, sous la pression militante de ceux qui relèvent les nombreuses violations des droits de l’Homme du régime ivoirien. Mais ne va pas jusqu’à s’en vanter.
Son attitude correspond à peu près à l’état d’esprit du Parti socialiste français aujourd’hui. Alors qu’elle a soutenu hier les aventures néocoloniales de Nicolas Sarkozy en Côte d’Ivoire et en Libye, la première formation d’opposition française ne veut pas donner à Sarkozy, qui s’annonce comme le principal adversaire de François Hollande et dont le bilan est désastreux à tous points de vue, des raisons de faire campagne sur ses prétendus succès sur la scène internationale. Une sorte de partage de rôles entre un Bel abstentionniste et un Delanoë coopératif semble donc avoir été choisie. Cette gêne, qui ne va pas encore jusqu’à des prises de position fermes contre les dérives dictatoriales du protégé de Nicolas Sarkozy, pourrait évoluer et se transformer en une vraie prise de distance au fil de la campagne en vue du scrutin présidentiel. Une chose est sûre : la voix de militants de gauche au départ bien isolés, mais qui mettent constamment en garde contre le vrai visage de Ouattara se fait de plus en plus entendre. Bon à noter : les conseillers de Paris et parlementaires communistes invités par Bertrand Delanoë à la cérémonie de réception de Ouattara n’ont pas répondu présents.
Photo - dr Texte - Philippe Brou (Nouveau Courrier n°431 1/2/2012)
Son attitude correspond à peu près à l’état d’esprit du Parti socialiste français aujourd’hui. Alors qu’elle a soutenu hier les aventures néocoloniales de Nicolas Sarkozy en Côte d’Ivoire et en Libye, la première formation d’opposition française ne veut pas donner à Sarkozy, qui s’annonce comme le principal adversaire de François Hollande et dont le bilan est désastreux à tous points de vue, des raisons de faire campagne sur ses prétendus succès sur la scène internationale. Une sorte de partage de rôles entre un Bel abstentionniste et un Delanoë coopératif semble donc avoir été choisie. Cette gêne, qui ne va pas encore jusqu’à des prises de position fermes contre les dérives dictatoriales du protégé de Nicolas Sarkozy, pourrait évoluer et se transformer en une vraie prise de distance au fil de la campagne en vue du scrutin présidentiel. Une chose est sûre : la voix de militants de gauche au départ bien isolés, mais qui mettent constamment en garde contre le vrai visage de Ouattara se fait de plus en plus entendre. Bon à noter : les conseillers de Paris et parlementaires communistes invités par Bertrand Delanoë à la cérémonie de réception de Ouattara n’ont pas répondu présents.
Photo - dr Texte - Philippe Brou (Nouveau Courrier n°431 1/2/2012)
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