Un pro -Mamadou Koulibaly répond à LIADE Gnazégbo
J’ai pris connaissance dans l’Intelligent d’Abidjan du jeudi 25 août 2011 d’une contribution qui m’a étrangement rappelé les tirades de «Suzanne Assale», auteure des «8 erreurs de Mamadou Koulibaly». Signée par un certain Liade Gnazegbo, qui se définit comme militant socialiste et membre du FPI France, cette correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale m’a semblé opportune en ce sens qu’elle permet de clarifier une fois pour toute certaines incompréhensions qui pourraient persister concernant tant l’action du professeur Koulibaly que celle de certains cadres encagoulés du FPI.
Le premier point soulevé par l’auteur est de savoir pourquoi Mamadou Koulibaly a fondé son parti politique alors qu’il était «la 3e personnalité du Front Populaire Ivoirien». D’abord, par souci d’exactitude, il convient de rappeler au militant du FPI France que Mamadou Koulibaly, en tant que 3e vice-président, était la 4e personnalité du Front populaire ivoirien, derrière le président du parti et les deux premiers vice-présidents. A la suite du 11 avril, il en est devenu le numéro un et c’est de cette position qu’il a démissionné le 11 juin pour créer un parti, Liberté et Démocratie pour la République (LIDER) qu’il met à la disposition de tous ceux qui pensent que la démocratie et l’état de droit méritent d’être défendus en Côte d’Ivoire.
Ceci étant posé, la réponse à cette interrogation est d’une simplicité désarmante : Koulibaly est parti du FPI parce que les caciques de parti ont refusé d’effectuer le devoir d’inventaire qu’il leur incombait de faire avant de poursuivre la lutte. Le choix de Laurent Gbagbo d’aller aux élections sans désarmement est à l’origine du drame que vit la Côte d’Ivoire depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle. A part Mamadou Koulibaly, personne à la haute direction du FPI ne s’est élevé contre cette décision criminelle, qui mettait en péril la vie des Ivoiriens, notamment de ceux vivant en zones sous contrôle rebelle et contraints de facto à aller aux urnes sous la menace des armes. Au contraire, dans un bel ensemble, toutes les têtes du FPI se sont attelées à faire taire l’impénitent trouble-fête. Confronté aux appréhensions de Koulibaly et de ceux que l’on qualifiait autrefois «d’extrémistes proches de Gbagbo» à cause de leur rejet intransigeant de l’ingérence de l’Etat français dans les affaires politiques africaines, Laurent Gbagbo ne fanfaronnait-il pas, avant l’élection, qu’il avait tout balisé ? Qu’il avait Choi, Compaoré, Soro et Sarkozy dans sa poche ? Que le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU ainsi que Soro et ses com’zones lui avaient assuré que les rebelles n’avaient quasiment plus de munitions ni de motivations et que donc ce n’était pas grave si les FDS ne pouvaient être déployées en zone CNO, comme cela avait été annoncé à la population et inscrit dans les accords ? Que dans tous les cas, Soro – «son meilleur Premier ministre» – ne travaillait désormais que pour lui, Gbagbo ? Que Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, venu le voir peu de temps avant l’élection à Yamoussoukro, lui avait donné l’assurance, pour son plus grand bonheur, que la France ne travaillerait avec personne d’autre que lui ? Et que les sondages Sofres payés par « ses amis français » avec les fonds publics ivoiriens le donnaient vainqueur dans tous les cas – «on gagne ou on gagne» disait-on – et qu’il fallait donc y aller «vite, vite, vite» ? Liade Gnazegbo et le FPI France ont peut-être oublié ces épisodes douloureux pour les militants et les Ivoiriens en général.
Ceci étant posé, la réponse à cette interrogation est d’une simplicité désarmante : Koulibaly est parti du FPI parce que les caciques de parti ont refusé d’effectuer le devoir d’inventaire qu’il leur incombait de faire avant de poursuivre la lutte. Le choix de Laurent Gbagbo d’aller aux élections sans désarmement est à l’origine du drame que vit la Côte d’Ivoire depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle. A part Mamadou Koulibaly, personne à la haute direction du FPI ne s’est élevé contre cette décision criminelle, qui mettait en péril la vie des Ivoiriens, notamment de ceux vivant en zones sous contrôle rebelle et contraints de facto à aller aux urnes sous la menace des armes. Au contraire, dans un bel ensemble, toutes les têtes du FPI se sont attelées à faire taire l’impénitent trouble-fête. Confronté aux appréhensions de Koulibaly et de ceux que l’on qualifiait autrefois «d’extrémistes proches de Gbagbo» à cause de leur rejet intransigeant de l’ingérence de l’Etat français dans les affaires politiques africaines, Laurent Gbagbo ne fanfaronnait-il pas, avant l’élection, qu’il avait tout balisé ? Qu’il avait Choi, Compaoré, Soro et Sarkozy dans sa poche ? Que le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU ainsi que Soro et ses com’zones lui avaient assuré que les rebelles n’avaient quasiment plus de munitions ni de motivations et que donc ce n’était pas grave si les FDS ne pouvaient être déployées en zone CNO, comme cela avait été annoncé à la population et inscrit dans les accords ? Que dans tous les cas, Soro – «son meilleur Premier ministre» – ne travaillait désormais que pour lui, Gbagbo ? Que Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, venu le voir peu de temps avant l’élection à Yamoussoukro, lui avait donné l’assurance, pour son plus grand bonheur, que la France ne travaillerait avec personne d’autre que lui ? Et que les sondages Sofres payés par « ses amis français » avec les fonds publics ivoiriens le donnaient vainqueur dans tous les cas – «on gagne ou on gagne» disait-on – et qu’il fallait donc y aller «vite, vite, vite» ? Liade Gnazegbo et le FPI France ont peut-être oublié ces épisodes douloureux pour les militants et les Ivoiriens en général.
Courage contre couardise
La position de Koulibaly, après qu’il soit revenu affirmer devant tous, le droit d’exister du FPI après l’abominable débâcle, était simple. Le FPI avait failli, et il était capital que, pour continuer la lutte, il se livre à un indispensable exercice d’introspection : pour demander pardon aux militants et aux Ivoiriens ; pour éviter de retomber dans les mêmes travers et de commettre les mêmes erreurs ; et afin de procéder à un réajustement de la structure et de la stratégie de lutte, compte tenu de la nouvelle réalité de terrain qui voyait une grande partie des pontes de l’ancien régime emprisonnés ou en exil, et le parti de retour sur les bancs de l’opposition. C’est exactement à ce même vital exercice de restructuration profonde auquel l’African National Congress sud-africain s’était livré après la décapitation du parti suite à l’arrestation le 5 août 1962 de Nelson Mandela, Walter Sisulu, Govan Mbeki, Ahmed Kathrada, Dennis Goldberg, Raymond Mhlaba, Lionel Bernstein, James Kantor, Elias Motsoaledi et Andrew Mlangeni et le départ en exil des autres têtes du mouvement de libération, avec le succès que l’on sait. Mais au lieu de suivre l’exemple pourtant parlant de l’ANC, les caciques du FPI ont renâclé, préférant attendre que Gbagbo soit libéré (par qui, quand, comment, nul ne le sait à part peut-être Malachie) pour qu’il vienne lui-même organiser la lutte. «En l’absence du créateur, nul ne doit toucher à la créature» dit-on chez les idolâtres. Cette option laissait le champ entièrement libre à Ouattara pour imposer aux Ivoiriens un régime autocratique de terreur qui les enferrerait dans un carcan aliénateur pour de longues décennies. Koulibaly, pour qui il était hors de question d’abandonner les populations, en rien responsables des décisions catastrophiques de leurs dirigeants, aux mains de la coalition RHDP, a donc préféré laisser ses anciens camarades à leur statu quo veule et attentiste pour créer un cadre d’opposition responsable et proactif.
Anticipant sans doute que la réponse à sa première interrogation ne serait pas à son avantage, Liade Gnazegbo met ensuite en cause la «prolifération des partis politiques», alors que les pays africains «ne sont pas indépendants.» J’ai replongé dans mes archives pour chercher une contribution du même militant FPI-France, qui aurait critiqué avec une égale virulence la célébration du cinquantenaire de l’indépendance par Laurent Gbagbo en 2010, qui avait mis en place un comité d’organisation dithyrambique en vue d’une fête fastueuse, dont il a été contraint de revoir l’ampleur à la baisse, au vu des refus en cascade de ses pairs africains d’y assister. J’ai cherché, mais je n’ai rien trouvé. Pas un mot, pas une protestation, rien. Même lorsque Laurent Gbagbo a poussé le vice jusqu’à envoyer son ministre de la Défense le représenter à la mascarade coloniale du défilé du 14 juillet 2010, à peine 5 ans et demi après le massacre de 63 Ivoiriens aux mains nues par l’armée française devant l’hôtel Ivoire, je n’ai rien entendu, rien lu, venant des rangs du FPI-France, qui était pourtant aux premières loges. Pourquoi sont-ils restés silencieux là où l’on aurait eu besoin de leur éclairage ?
Anticipant sans doute que la réponse à sa première interrogation ne serait pas à son avantage, Liade Gnazegbo met ensuite en cause la «prolifération des partis politiques», alors que les pays africains «ne sont pas indépendants.» J’ai replongé dans mes archives pour chercher une contribution du même militant FPI-France, qui aurait critiqué avec une égale virulence la célébration du cinquantenaire de l’indépendance par Laurent Gbagbo en 2010, qui avait mis en place un comité d’organisation dithyrambique en vue d’une fête fastueuse, dont il a été contraint de revoir l’ampleur à la baisse, au vu des refus en cascade de ses pairs africains d’y assister. J’ai cherché, mais je n’ai rien trouvé. Pas un mot, pas une protestation, rien. Même lorsque Laurent Gbagbo a poussé le vice jusqu’à envoyer son ministre de la Défense le représenter à la mascarade coloniale du défilé du 14 juillet 2010, à peine 5 ans et demi après le massacre de 63 Ivoiriens aux mains nues par l’armée française devant l’hôtel Ivoire, je n’ai rien entendu, rien lu, venant des rangs du FPI-France, qui était pourtant aux premières loges. Pourquoi sont-ils restés silencieux là où l’on aurait eu besoin de leur éclairage ?
Cela dit, je n’ai pas compris le lien qui existerait entre l’aliénation des Africains et le nombre de partis politiques, peut-être parce qu’il n’en existe aucun. Mais si, pour faire plaisir à Liade Gnazegbo, nous acceptions le postulat qu’il en existe bien un, alors ma question serait : mais qu’attend donc le FPI pour annoncer sa dissolution? Il est évident que si des esprits aussi brillants que l’auteur de la lettre au président de l’Assemblée nationale ont identifié une corrélation avilissante, alors on est en droit d’exiger qu’ils revendiquent ardemment que leur parti disparaisse immédiatement afin de ne pas collaborer avec le colon. Il est vrai que le Front populaire ivoirien est devenu tellement évanescent dans le paysage politique ivoirien que l’on peut en effet considérer qu’il a cessé d’exister. Ce serait néanmoins bien de le formaliser, au-delà des propos de l’actuel président du parti Miaka Oureto, qui milite dorénavant ouvertement pour l’assujettissement du FPI au RHDP, comme lorsqu’il a récemment donné l’assurance à un auditoire Pdciste qu’il pouvait compter sur le FPI pour «hisser le président Bédié dans la sphère des hommes de paix dans le monde» ou encore quand, au sortir d’une visite à Daoukro, il confiait que c’était «un honneur d`être allé vers le président Henri Konan Bédié, qui est une icône.» En dépit de l’énormité de ces déclarations, nous n’avons eu aucun écho des lamentations du sieur Liade Gnazegbo, socialiste du FPI-France.
Le mythe vole en éclats
Plus aventureux encore, notre critique décidément bien mal inspiré va même remettre en question la validité intellectuelle de la comparaison de développement des pays asiatiques et africains faite par le professeur Koulibaly dans le manifeste de LIDER, arguant que «les Etats asiatiques se développent parce qu’ils ont leur propre politique monétaire et ne sont pas sous le diktat des Occidentaux». Il est assez renversant que cette assertion soit faite par un farouche partisan de Laurent Gbagbo. En effet, le prisonnier de Korhogo a été, de touttemps et en toutes circonstances, un défenseur acharné et virulent du franc CFA, qui est effectivement un des outils d’asservissement les plus efficaces que la puissance coloniale française ait mise en place. Même dans son programme de gouvernement publié à l’occasion du scrutin de 2010, il réitère son attachement profond au franc CFA, précisant qu’il s’en fera l’avocat dans la sous-région, afin que les pays qui ne font pas partie de la Zone Franc s’y rattachent ! C’est d’ailleurs pour éviter d’avoir la surprise de découvrir un matin que Koulibaly aurait engagé une procédure judiciaire de rupture du contrat monétaire liant les pays de la zone franc à la France que Laurent Gbagbo s’est empressé, une fois les élections de 2000 gagnées, de le pousser vers l’Assemblée nationale, loin du ministère de l’Economie et des Finances où il avait déjà commencé à secouer sérieusement le cocotier françafricain. Gilbert Marie Aké N’gbo et Désiré Dallo, respectivement Premier ministre et ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement nommé par Gbagbo à l’issue de l’élection présidentielle de 2010 peuvent en témoigner, qui se sont fait sèchement rabroués par l’ex-Président de la République lorsqu’ils lui ont présenté leurs démarches visant la création d’une monnaie ivoirienne pour dégager la Côte d’Ivoire des effets des sanctions imposées par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Liade Gnazegbo n’a sûrement pas lu le livre-programme de son candidat. Ou bien peut-être ne l’a-t-il lu que partiellement. De là à penser qu’une photo de son idole sur un T-shirt lui suffise pour comprendre le programme de gouvernement de ce dernier, il n’y a qu’un pas qui peut être aisément franchi !
Qui a refusé de suivre l’exemple du Rwanda en rompant les relations diplomatiques avec la France ? Qui a octroyé la majorité des contrats de construction de la capitale aux entreprises françaises PFO et Vinci, brisant de facto la promesse faite aux Chinois de leur donner le marché, si ceux-ci montraient leur savoir-faire en construisant l’hôtel des députés à Yamoussoukro et en l’offrant à l’Etat ivoirien ? Qui a fait un violent retro pédalage en retirant le marché de la construction du troisième pont d’Abidjan à la société chinoise vainqueur de l’appel d’offre, pour mieux l’offrir de gré à gré au groupe français Bouygues ? Qui a octroyé un champ pétrolier à Total juste avant l’élection présidentielle, pour prouver sa bonne volonté à l’Elysée? Qui a imposé la SAGEM dans le processus électoral, faisant fi des objections de Mamadou Koulibaly à ce sujet, alors que le rôle nuisible de cette société avait déjà été démontré lors des élections au Congo ? Il serait fastidieux de lister ici tous les actes de bradage effectués par le fondateur du FPI. Il suffit simplement de noter que si certains pays sont effectivement soumis aux diktats occidentaux, ce n’est certainement pas le cas de la Côte d’Ivoire de Gbagbo, à propos de qui son propre porte-parole, Koné Katinan, vient de déclarer à l’Express: «Mais ce qui l’a [Gbagbo] blessé le plus, c’est l’attitude de la France. Car le Président est tout sauf francophobe. Il était même le plus francophile des candidats à la présidence, et a toujours rêvé de bâtir en Côte d’Ivoire une démocratie à la française. Il ne comprend pas que l’armée d’un pays dont il chérit les valeurs ait pu le pilonner du fait d’un contentieux électoral que les Ivoiriens auraient pu régler entre eux. Voilà qui l’affecte bien plus que son arrestation.» Ainsi donc, si l’on en croit les propos autorisés de son porte-parole, Laurent Gbagbo aurait posé tous ces actes de mauvaise gouvernance non pas parce qu’il y était contraint par qui que ce soit, mais dans le seul et unique but de se faire enfin aimer par la France et adopter par la Françafrique. Et dire que Liade Gnazegbo reproche à Mamadou Koulibaly de ne pas condamner la France !
Le contempteur du président de l’Assemblée nationale critique ensuite la soi-disant difficulté de ce dernier à dénoncer «la forfaiture» de l’installation par la France de Ouattara aux commandes de la Côte d’Ivoire. Il est délectable de constater que Liade Gnazegbo souhaite voir Koulibaly condamner quelque chose pour lequel son mentor a œuvré assidument. Pourquoi ne pas dénoncer l’auteur des actes lui-même ? Koulibaly a claqué la porte de Marcoussis, Koulibaly s’est offusqué de l’utilisation de l’article 48 pour légitimer la candidature de Ouattara à la présidence de la République, Koulibaly a réclamé la rupture du pacte colonial, la souveraineté monétaire, le départ de l’armée française, la poursuite des corrompus de tous bords, Koulibaly a farouchement dénoncé l’Accord politique de Ouagadougou, la décision d’aller aux élections sans désarmement, mais chaque fois, Gbagbo et les pontes du FPI l’ont ignoré, isolé et même désavoué.
Gbagbo a non seulement accepté, mais il a en grande partie lui-même fixé les règles d’un jeu vicié et dangereux qu’il a perdu avec fracas, et l’on devrait maintenant pousser des cris d’orfraie pour faire plaisir à tous ces lâches et médiocres qui l’encourageaient – soit par leur silence, à l’instar de Liade Gnazegbo, soit par leurs applaudissements et mauvais conseils, comme beaucoup de ceux qui sont en exil ou en prison aujourd’hui – à persévérer dans une voie sans issue et humiliante, contraire à tous les objectifs de lutte du FPI avant son arrivée au pouvoir et qui allait mener à l’extermination de plusieurs milliers d’Ivoiriens? Mazette !
Incohérences tribalistes
Pour terminer sa diatribe, le «militant socialiste du FPI France» se noie dans le tribalisme le plus primaire qui a d’ailleurs fini par caractériser le Front populaire ivoirien ces dernières années. Pour ceux qui s’étonnaient des récentes déclarations d’amour forcenées de la direction du FPI à l’endroit d’Henri Konan Bédié : Qui sait ? C’est peut-être sur la vision ivoiritaire que le FPI et le PDCI – créateur du concept – se retrouvent désormais. Revendiquant le vote ethnique, voulant imposer sa vision tribaliste comme grille de lecture inéluctable de la politique ivoirienne, Liade Gnazegbo en profite pour glisser dans son texte une allusion qu’il espère fatale aux origines sous-régionales de l’épouse du président de l’Assemblée nationale. Il est tellement obnubilé par le ressentiment qu’il ne se rend même pas compte qu’avec ses théories scabreuses sur la répartition tribale des partis politiques, il donne raison à ceux qui estiment que Gbagbo n’a pas pu gagner les élections compte tenu de l’alliance du PDCI et du RDR. Après avoir déversé sa bile haineuse sur ceux qu’ils désignent là bas les allogènes, «tous les cas sociaux de la sous-région» qui ont mis la «Côte d’Ivoire sous occupation étrangère», l’auteur apostrophe le président de LIDER, qui devrait son ascension à Gbagbo et qui n’a jamais «été marginalisé au prétexte de [son] origine et de [sa] religion». Sans doute le sieur Gnazegbo était-il trop loin pour voir, au plus fort de l’affaire Tagro, des manifestants ethniquement marqués défiler devant l’entrée principale de l’Assemblée nationale enjoignant à Koulibaly, «le Malien de Badiangara», de laisser leur frère tribal tranquille et de retourner chez lui, là-bas, dans le lointain Sahel? Heureusement que des photos et documents audiovisuels existent pour combler ses lacunes. Mais Gnazegbo est-il prêt à accepter la nauséeuse réalité de sa piètre condition ?
Il est savoureux de relever que celui qui stigmatise ainsi les étrangers réside lui-même à l’étranger, en France, plus précisément. Eh oui ! Cette même France qui a bombardé Gbagbo, installé Ouattara dans le fauteuil présidentiel et qui, à son avis, n’est pas suffisamment vilipendée par Koulibaly, il y vit à longueur d’années. Liade Gnazegbo n’a donc pas encore renoncé à sa nationalité française ou à sa carte de séjour pour revenir organiser la résistance anti-française à Abidjan. Il se contente de «manifester» en chantant et dansant devant le Trocadéro, espérant vainement une hypothétique évocation dans les journaux télévisés hexagonaux. Si la honte tuait, Gnazegbo serait déjà mort et enterré. Et avec lui tous ceux qui, abandonnant leurs militants aux mains des violents et violeurs FRCI, sont allés se planquer à l’étranger, fuyant les conséquences de leurs décisions et comportements irresponsables, et qui osent demander à ceux restés en Côte d’Ivoire de résister, alors qu’eux-mêmes et leurs familles sont confortablement installés à l’abri dans les capitales à travers le monde.
Il n’est pas surprenant qu’avec des militants comme Liade Gnazegbo, le train FPI se soit crashé aux terminus Golf, Pergola, Korhogo, Odienné, Boundiali, Katiola, Accra, Lomé, Paris – quelle ironie ! La clique qui a gouverné la Côte d’Ivoire pendant dix ans a perverti les idéaux de combat de l’ex-parti au pouvoir et a été incapable de débarrasser les populations d’une rébellion que l’on aura voulu corrompre au lieu de la combattre. Le FPI a trahi le courage et la bravoure des hommes et femmes comme Koulibaly. Il a trahi des milliers de militants qui ont risqué leurs vies pour glisser un bulletin LMP dans une urne. Il a trahi les millions d’Ivoiriens qui ont enduré, pendant 9 ans, toutes les offenses, tous les enrichissements illicites et fulgurants d’une poignée de privilégiés, tous les scandales tels ceux des déchets toxiques du Probo Koala, des concours d’entrée trafiqués de l’Ecole de police et de l’Ecole nationale d’administration, des détournements de la filière café-cacao, des marchés octroyés de gré à gré à la puissance prédatrice, des nominations farfelues dans la haute administration d’Etat.
L’amertume de certains militants FPI devant un bilan aussi triste et pitoyable est compréhensible, mais la voie qu’ils choisissent pour surmonter leur déception n’est pas pour autant tolérable. Chacune de leurs attaques vindicatives à l’encontre de Mamadou Koulibaly qui aura été lui-même trahi, se termine par un sérieux coup de projecteur sur les errements de Laurent Gbagbo et de son clan, qui avaient fini par confondre le parti avec un club de soutien à leur solde, et qui met définitivement à mal l’aura de héros nationaliste dont a bénéficié Laurent Gbagbo au contact des vrais combattants de la souveraineté africaine comme Mamadou Koulibaly.
La ruse la mieux ourdie
Peut nuire à son inventeur
Et souvent la perfidie
Retourne sur son auteur
Quatre lignes tirées de la fable de la Fontaine «La Grenouille et le Rat», que les snipers anti-Koulibaly feraient bien de méditer à l’avenir.
Peut nuire à son inventeur
Et souvent la perfidie
Retourne sur son auteur
Quatre lignes tirées de la fable de la Fontaine «La Grenouille et le Rat», que les snipers anti-Koulibaly feraient bien de méditer à l’avenir.
KOGNITO Alain
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