vendredi 16 juillet 2010

Albert Drogba (père de Didier Droga) révèle :« Comment mon fils a été guéri »

Dix jours après la coupe du monde

Albert Drogba (père de Didier Droga) révèle :« Comment mon fils a été guéri »

« Voici l’homme qui m’a aidé » « Mes inquiétudes pour Didier »
samedi 17 juillet 2010 par TRA BI Charles Lambert
M. Drogba, dites-nous ce que vous aviez ressenti après la fracture au bras de votre fils Didier, à quelques jours de la Coupe du monde qui vient de s’achever en Afrique du Sud ? Albert Drogba : C’était vraiment dur moi. C’était pénible pour moi de voir, en direct de la télévision, le coup que le joueur japonais a porté à Didier. J’ai vu l’image en direct de la télévision, je l’ai vécu en direct. Et j’ai vu que Didier était beaucoup touché. Mais j’avoue que, dans ma tête, je ne concevais pas que mon fils puisse rater cette coupe du Monde qui vient de finir. Et donc je me suis mis à réfléchir et à chercher comment sauver le bras fracturé de Didier avant le début de cette compétition mondiale. Je tenais à ce que mon fils ait la guérison le plus rapidement possible. Et ça va beaucoup mieux chez Didier aujourd’hui... A.D : Ah Oui ! Vous l’avez vu jouer la Coupe du monde. Il a donné le meilleur de lui-même. Certaines personnes ne croyaient pas voir Didier jouer cette coupe du monde tellement la fracture était grave. Mais Dieu a fait le reste et il a pu jouer. Disons merci à Dieu pour la guérison de Didier.
Quelles ont été vos démarches pour en arriver là ? A.D : Mes démarches ont été celles d’un père qui voulait que son fils se rétablisse de son mal. D’abord, je suis allé rencontrer là où il était, pour voir dans quel état d’esprit il était après cette grave blessure et de voir aussi si physiquement il pouvait être guéri et participer à la Coupe du monde. Je suis donc allé à Genève en suisse. Et là-bas, j’ai rencontré le médecin de Didier, Dr Gallot, qui venais de Marseille (France). Nous nous sommes vus à l’aéroport de Génève. Dr Gallot m’a donné les détails du bras fracturé de Didier et m’a expliqué comment il a pu opérer ce bras. Et moi, étant un Ivoirien, un Africain, je reste attaché à certaines pratiques. Chez nous, je sais que les fractures, même les plus graves, peuvent se soigner aussi à l’indigénat, c’est-à-dire dans la médecine traditionnelle. Quand j’ai vu la situation de mon fils après l’opération de son bras, j’ai demandé à quelqu’un de venir nous aider. C’est ce que j’ai fait.
Qu’est-ce que le médecin de Didier vous a dit au sujet du bras fracturé du joueur ? A.D : Le médecin de Didier m’a rassuré que la guérison du bras fracturé était possible, mais que cela ne pouvait pas se faire au bout de 15 (quinze jours), c’est-à-dire pas avant le premier match de la Côte d’Ivoire, le match que les Eléphants devaient livrer contre le Portugal. Dr Gallot m’a montré l’image du bras fracturé de Didier. Il y a eu une cassure au niveau du bras de Didier qui a pris le méchant coup de pied du japonais. L’os était cassé en deux et il y avait un écart visible. Il a fallu, pour souder l’os du bras fracturé, y insérer des vis. Mais sur la photo sortie après les soins, on ne voyait pratiquement plus la cassure et les vis, on ne voyait finalement qu’un trait. Mais le médecin a insisté pour dire que le bras de Didier ne pouvait pas être totalement guéri et que sa participation à la Coupe du monde n’était pas vraiment certaine.
Vous vous êtes donc tourné vers un guérisseur traditionnel... A.D : Comme je vous l’ai dit tantôt, je reste attaché à des pratiques africaines. Le coup que Didier a reçu, il aurait pu perdre une côte la dedans si son bras n’avait pas pris ce coup. Pour sauver le bras de mon fils, j’ai donc fait appel à quelqu’un qui vit dans le village de Lebame, dans la commune de Guibéroua au centre-ouest de la Côte d’Ivoire d’où je suis originaire moi-même. Ce guérisseur se nomme Siaka Doumbia. Il est né dans ce village Bété de Lebame, situé à environ 5 Km de Guibéroua. Je connaissais ce monsieur depuis bien longtemps déjà parce qu’il a guéri de nombreuses fractures bien avant celle de Didier. Zoguouhi, c’est le nom Bété de Siaka Doumbia qui a un don de guérison des fractures, quelle que soit leur gravité. Si vous avez une fracture, il suffit qu’il vous touche et voilà, vous avez la guérison. Je vous donne un exemple parmi tant d’autres fractures que ce monsieur a soignées et guéries. Dans mon village à Niaprahio, qui est bien sûr celui de Didier, un frère du nom de Makanaky a été totalement guéri après avoir été victime de plusieurs fractures aux jambes suite à un accident de la circulation. Aujourd’hui où je vous parle, si vous voyez Makanaky, vous n’allez pas vous rendre compte que ce monsieur a eu les pieds fracturé à un moment donné. C’est pourquoi j’ai sollicité Siaka Doumbia pour aider à la guérison de Didier. Et je suis parti avec ce monsieur là où se trouvait Didier pour qu’il puisse travailler sur le bras cassé de mon fils pendant quelques jours.
Quelle a été la réaction de Didier lorsque vous avez débarqué avec ce guérisseur qui venait tout droit du village ? A.D : Mais il n’avait pas le choix. Lui il voulait être guéri de sa fracture pour pouvoir prendre part à la Coupe du Monde. C’est tout. Ce ne sont pas des gris-gris et des canaris qu’on lui avait apportés. Le monsieur a un don de guérison des fractures. Quand il vous touche et vous masse la partie fracturée pendant quelques jours, vous retrouvez la guérison. C’est un don que Dieu lui a donné pour guérir les fractures.
L’intervention du guérisseur Siaka Doumbia s’était-elle faite avant ou après l’opération du bras fracturé de Didier ? A.D : Le bras fracturé de Didier avait déjà été opéré avant que Siaka Doumbia n’intervienne pour faire son travail. Il a touché le membre fracturé de Didier une première fois, le premier jour de notre arrivée. Le lendemain matin, quand il devait retoucher encore le bras de Didier, il lui a demandé ce qu’il avait senti pendant la nuit. Didier a répondu que la partie de son bras blessé l’a démangé toute la nuit. Et Siaka de dire ‘’Ok, donc ça va’’. Je vous fais savoir que lors de l’opération du bras fracturé de Didier, on a laissé un élément étranger dans ce bras, c’est un plâtre qui va faire des mois dans son corps. C’est pourquoi, quand bien même on lui dit qu’il est guéri, il peut toujours pensé à ce corps étranger qui est dans corps. Mais quand le guérisseur a su que Didier avait eu des démangeaisons au niveau de son bras fracturé, il lui a dit ‘’tu es guéri, tu pourras jouer tous les matches si tu veux’’. Et puis voilà, Didier est parti en Afrique du Sud et Siaka et moi l’avions suivi là-bas. Le guérisseur a encore touché deux à trois fois le bras fracturé et nous sommes rentrés au pays, convaincus que Didier prendrait part à la Coupe du monde.
Est-ce parce que vous doutiez de l’efficacité de la médecine moderne en matière de fracture que vous êtes allé chercher un guérisseur au village ? A.D : Non pas du tout ! Ce n’est pas parce que j’ai douté de l’efficacité de la médecine moderne en matière de fracture que je suis allé chercher le guérisseur de Lebame. Seulement, j’avais l’intime conviction que le bras fracturé de Didier allait prendre du temps pour guérir. D’ailleurs, Dr Gallot, le médecin de Didier, m’avais dit que l’opération du bras fracturé avait réussi, mais que mon fils était improbable pour le premier match des éléphants contre le Portugal, voire même pour le mondial. Il me l’avait confié à l’aéroport de Genève. Chose que je ne voulais vraiment pas entendre pour Didier, qui avait à cœur de jouer cette coupe du monde. En tout cas, son médecin m’a dit qu’il ne me garantissait rien. J’ai dit ok ! Moi je vais rentrer en brousse pour accélérer la guérison de mon fils. Et je suis allé à Lebame où Dieu a donné une force naturelle à des gens pour guérir les fractures en un temps record. Dans mon village à Niaprahio, personne ne peut faire ça. Mais à Bassi et à Lebame (deux villages de la commune de Guibéroua, Ndlr ), il y a des gens à qui Dieu a donné le pouvoir naturel de guérir les fractures. Mais c’est le guérisseur de Lebame que je suis allé chercher pour aider à soigner mon fils.
C’est donc, pour vous, ce guérisseur qui a sauvé le bras de Didier ? A.D : C’est, d’abord et avant tout, Dieu qui a sauvé Didier. Voyez le coup de pied que lui a envoyé le joueur japonais. Le choc aurait brisé une côte de Didier s’il n’avait pas pour protéger sa cage thoraxique avec un de ses bras qui a finalement pris le mauvais coup. Donc, c’est Dieu qui a sauvé mon fils et qui lui a permis de participer à cette Coupe du monde. Aujourd’hui, si des Ivoiriens déclarent que ce sont eux qui l’ont guéri, je leur dit merci.
Mais il y a un mystique du nom de Sompohi Doué qui affirme aussi avoir guéri Didier de loin... A.D : Mais je lui dis merci d’avoir guéri mon fils. Il dit l’avoir guéri à distance, mais je dis gloire à Dieu. De toutes les façons, ils sont nombreux les Ivoiriens, j’allais dire les Africains et les fans du football dans le monde qui ont prié pour la guérison du bras fracturé de Didier. Tous les Ivoiriens ont prié pour Didier. Et je les remercie pour tout ce qu’ils font pour mon fils. Vous imaginez faire un enfant qui est adulé par tout un peuple. Je ne peux dire ici que c’est Pierre ou Paul qui a guéri Didier. Pour moi, ce sont les Ivoiriens, avec l’aide de Dieu, qui ont guéri Didier.
Alors quand vous avez vu Didier sur le terrain lors du premier match contre le Portugal, aviez-vous une petite crainte de le voir rechuter ? A.D : Non pas du tout ! Le travail était déjà fait et bien fait. D’ailleurs quand je lui ai posé la question de savoir s’il pouvait jouer le premier match contre le Portugal, il m’a dit ‘’oui.’’ Donc je n’avais aucune crainte puisque je l’avais également confié à Dieu. Qu’est-ce que ça vous fait d’être le père de Didier
Drogba, footballeur adulé en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde ? A.D : J’en suis fier et les Ivoiriens le sont avec moi. C’est aussi une joie immense pour moi de le voir jouer et de marquer des buts décisifs.
Saviez-vous que Didier, l’aîné de vos six enfants, serait un jour ce grand footballeur à la renommée mondiale ? A.D : J’avoue que non ! Moi, j’ai privilégié l’école pour Didier. Pas que je m’étais opposé à ce qu’il joue au football. Mais je voulais d’abord qu’il aille loin dans les études. Mais je ne suis pas déçu puisque Didier s’en sort bien ? Le football, c’est bien, mais l’école c’est la première des choses. En tout cas, mon souhait c’était que mon enfant aille à l’école. Qu’il soit médecin ou je ne sais quoi d’autre. Mais je ne suis pas surpris que Didier ait fini par être un footballeur. Moi-même je l’ai pratiqué, même si ce n’est pas à un haut niveau. Mon petit frère Goba Michel, qui a élevé Didier, a été footballeur professionnel. Donc que Didier devienne aujourd’hui footballeur n’a rien d’étonnant. D’ailleurs, j’aime bien le football.
Est-ce que ça se passe toujours bien entre Didier et vous ? A.D : Oui, ça va. Didier est une grande vedette du football. Il a ses occupations en Europe, j’ai les miennes ici en Côte d’Ivoire. On se voit quand on peut et voilà. Didier est beaucoup sollicité. Mais quand j’ai un petit temps avec lui, il m’écoute et on s’entend toujours. En tant que père de Didier, comment entrevoyez-vous sa vie une fois sa carrière de footballeur arrêtée ? A.D : Vous savez, ce qui a de plus difficile pour le père de Didier que je suis. J’avoue que j’ai quelquefois des inquiétudes quand j’entrevoie l’avenir de mon fils. Je me demande des fois si Didier fait bon usage de ce qu’il gagne comme argent. Lui qui a connu le sommet et la gloire, qu’est-ce que demain lui réserve quand il ne sera plus sur un terrain de football ? Vous savez, on a vu des stars du football, je ne citerai pas de noms ici, qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts aujourd’hui. C’est pourquoi je m’inquiète quelquefois pour mon fils. Et j’en ai parlé avec lui. Mais Didier m’a toujours rassuré en disant ’’papa, tiens -toi tranquille, tu ne regretteras pas’’.
Est-ce à dire que Didier vous tient au courant de toutes ses affaires ? A.D : Pas forcément. Didier est un grand garçon, ses affaires sont ses affaires. Moi j’ai ma famille à gérer. Didier a des gens qui gèrent ses affaires et je crois que tout se passe bien. Je pense qu’il est bien entouré par des techniciens du football et du monde des affaires. Je prie pour lui et Dieu fera le reste. Je voudrais profiter de l’occasion que vous me donnez pour dire merci, grand merci à tous ceux qui, de près ou de loin, Ivoiriens, Africains, Européens, Américains et autres, ont aidé à la guérison de Didier pour qu’il prenne part à la dernière Coupe du monde qui vient de s’achever en Afrique du Sud.
Savez-vous dans quel club il évoluera la saison prochaine ? A.D : Je le trouve bien à Chelsea. Il peut bien évoluer ailleurs, mais je le trouve bien à Chelsea. Réalisée par TRA BI Charles Lambert

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