vendredi 7 mai 2010

Regard extérieur sur la Refondation


Paulin G. DjitéM.Sc., Ph.D. (Georgetown U., USA)
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
Je suis honoré d'être parmi vous en ce jour d'appréciation objective de vos actions politiques, un jour d'introspection et de questionnement. Le thème qui nous réunit aujourd’hui porte sur le « Regard extérieur sur la Refondation ».
1. Remarques introductives :
Jusqu'à ce jour, notre regard extérieur sur la refondation a été limité à des interventions auprès de différentes institutions étrangères et à des échanges épistolaires avec des leaders d'opinion ou des acteurs politiques sur le terrain. Pour vous qui êtes engagés dans le feu quotidien de l'action, il s'agit d'un regard souvent méprisé, perçu au pire comme un irritant, ou au mieux comme une perte de temps ; un regard d'autant plus lointain et distant qu'il venait des États-Unis ou des Antipodes. Certains d'entre vous le percevront encore ainsi aujourd'hui. Et personne ne saurait leur en tenir rigueur. A l'étranger, nous avons le grand désavantage de ne pas vivre sur place et ne pouvons que revendiquer de souffrir dans le cœur et dans l'esprit ce que vous souffrez dans la chair.
Tous ceux qui ne partagent pas notre avis se sont souvent réfugiés derrière le prétexte de la distance. Mais la distance a l’avantage de ne pas vous exposer au quotidien de la souffrance et de vous enfoncer au fond de la caverne des chaînes des réalités nues (Platon, Livre VII de la République), dont émanent souvent le parti pris, la passion, l’émoi, la rancune et la méchanceté. La distance permet de se dissocier, ne serait-ce qu’un instant, de la cruelle réalité, de juger et de jauger la perspicacité de ses actes et de ses paroles. Dès lors, la distance ne disqualifie pas l'Ivoirien de la diaspora et ne l'interdit pas de se prononcer sur la situation de son pays ; elle ne rend pas les uns moins Ivoiriens que les autres. En outre, distance n'est pas synonyme d'éloignement. L'Ivoirien engagé de la diaspora refuse "l'éloignement" et choisit non pas nécessairement le parti pris, mais le parti de "l'homme qui interroge" (Fanon, 1952). Notre regard extérieur sur la Refondation est aussi celui que nous avons formé au fur et à mesure, au fil des discussions et des échanges avec des amis de la Côte d'Ivoire. Il ne se targue pas d'être la seule et unique vérité dans l'analyse de la situation complexe qu'est celle de notre pays. Cependant, honni soit qui mal y pense, parce que la Côte d'Ivoire de demain ne sera pas faite de bâillonnement. Retenez donc que ce regard extérieur est celui de vos frères et sœurs et de vos amis qui ne cherchent pas à préserver leur neutralité au cœur de la crise que connaît notre pays. La vraie mesure de l'homme ne réside pas dans les moments de certitude, d'assurance et de convenance, mais dans les moments difficiles de controverse (Martin Luther King, Jr.). En effet, quand viendra le temps de dresser l'état des lieux, vous ne vous souviendrez peut-être pas des invectives de vos ennemis, mais vous vous souviendrez [sans doute] du silence de vos amis (Martin Luther King, Jr.). C'est en cela que, venant de l'extérieur, il nous incombe un devoir de lucidité et d'objectivité. Il ne s'agit pas de s'approprier le débat sur la crise nationale et de penser qu'à force de crier plus haut et plus fort que les autres, on finira par le monopoliser ; monopoliser le débat ne veut pas dire le maîtriser. La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure...
Vous posez, dans le cadre du thème de cette réflexion, un certain nombre de questions fondamentales ; à savoir :
2. Question No 1 : Le FPI a-t-il payé le prix de la liberté ?
Une relecture du programme de gouvernement du FPI, diffusé sous le nom de « Refondation »[1], révèle la répartition suivante dans l'utilisation du mot « liberté » dans les différents chapitres[2] :
1. Refondation politique
9 occurrences sur 3 713 mots
2. Refondation sociale
0 occurrence sur 5 323 mots
3. Refondation économique
0 occurrence sur 7 532 mots
4. Refondation du système de défense et de sécurité
0 occurrence sur 1 311 mots
5. Refondation culturelle
1 occurrence sur 1 156 mots
Total :
10 occurrences sur 17 724 mots

Ce total peut être arrondi à 12 occurrences, si l’on tient compte des deux occurrences du mot « libération » dans le chapitre sur la « refondation économique ». Alors, de quelle "liberté" s'agit-il ? Serions-nous entrain de présumer que l'ascendance de la Refondation au pouvoir d'État équivaut à l'avènement de la « liberté » au sens strict du terme ? La « liberté » était-elle un des principaux objectifs de la Refondation ? Le serait-elle devenue de façon accidentelle ?
Il est utile de se poser ces questions, parce qu'il y a ceux qui se souviennent encore des « discours guerriers », on dirait même des « discours de suffisance », sinon des « discours naïfs et sans humilité » de la part de certains Refondateurs, avant et au sommet de la crise sociopolitique, mettant l’intégrité territoriale de ce pays en péril, au point de susciter la menace à peine voilée du ministre de la sécurité d’un pays voisin[3]. Il y a également ceux qui se souviennent du reflexe systématique de justification, sans remise en cause, sans humilité et avec mauvaise foi, une fois la crise sociopolitique survenue. Etait-il nécessaire de donner de la voix, au mépris de la sécurité et de la « liberté » des Ivoiriens ? Qui veut préserver sa liberté ne la met pas inutilement en péril.
Il semble cependant que la « liberté » à laquelle il est fait allusion dans la question posée ci-dessus (« Le FPI a-t-il payé le prix de la liberté ? ») ne correspond pas à l’acception de la liberté qui ressort du programme de refondation du FPI. Dans ce programme, le FPI parle de la liberté au sens des droits de l’homme et du renforcement de l’État de droit. Même si, selon les circonstances, les deux acceptions peuvent se chevaucher, - il est clair qu'un pays maître de son destin est mieux à même d’assurer les droits fondamentaux de ses citoyens - il ne faut pas les confondre. Peut-on donc dire aujourd'hui que le FPI a contribué au renforcement de l’État de droit et des droits de l’homme en Côte d'Ivoire ?
Le regard de ceux qui vous connaissent peu, et surtout de ceux qui disent vous connaître, vous soupçonne d'entraver la liberté de tous les Ivoiriens en essayant d'hypothéquer le pouvoir.
Votre argumentaire est sans doute que vous voulez des élections propres ; ce qui se comprend au vu de certaines velléités manifestes de fausser le jeu démocratique. Mais y a-t-il jamais des élections propres en Afrique ou ailleurs ?
Cela dit, telle n'est pas la question à laquelle nous sommes invités à répondre. La question que vous posez se rapporte plutôt au « prix » de la liberté, c’est-à-dire, de la libération politique et économique et la conquête de la vraie indépendance. La réponse, dans ce cas, est simple :
(a) au niveau national, le FPI paie le prix de sa relative inexpérience à l’exercice du pouvoir d’État, pour n’avoir participé à aucun gouvernement avant son accession au pouvoir. En outre, le FPI paie le prix des turpitudes politiques de ses prédécesseurs, pour n’avoir pas pris la pleine mesure des effets néfastes de la soi-disant « Ivoirité », et pour avoir failli de se démarquer du faux nationalisme né de cette idéologie qui a profondément affectée la cohésion nationale.
(b) au niveau international, le FPI et la Côte d’Ivoire ont payé, paient et continueront de payer le prix de la volonté des Refondateurs de rompre les liens de dépendance économique et politique de ce pays, par rapport à l'ancienne métropole. En voulant imprimer un nouveau cours au destin de la Côte d’Ivoire, les Refondateurs se sont attirés le courroux de l'ancien colonisateur. Ailleurs, ils restent incompris, faute de communication.
3. Question No 2 : Quelles ont été les insuffisances, les lacunes, les défaillances du FPI ?
Les seules insuffisances, lacunes ou défaillances qu'admettra le Refondateur pur sang et ses sympathisants se résument au dédouanement suivant : Le FPI avait un projet de société ; mais le coup d'État manqué de 2002, qui s'est mué en rébellion, encouragée par l'opposition et l'ancien colonisateur, qui ont cru y voir un excellent moyen de nuire ou de se débarrasser du nouveau régime, ont bloqué les projets de libération politique et économiques de la Côte d’Ivoire nouvelle.
A l’appui de cet argumentaire le Refondateur montrera d’un doigt accusateur les agissements négatifs et négationnistes d'une opposition composée de ceux qui ont perdu le pouvoir après 40 ans de prébendes et de ceux qui y aspirent depuis quelques années. Il montrera également du doigt l'ancien colonisateur, échaudé par un réel risque de marginalisation dans les projets de diversification des partenaires économiques pour les grands projets de développement et qui, depuis le déclenchement de la rébellion, ne ménage aucun effort de nuisance maximale. Et, pour illustrer cette volonté de nuisance, il citera, pêle-mêle :
(1) l’imposition d'un règlement de la crise ivoirienne à Linas-Marcoussis,
(2) la manipulation du Conseil de sécurité de l’ONU en vue de paralyser les initiatives du gouvernement ivoirien,
(3) les manœuvres de division artificielle du territoire ivoirien sur des bases ethniques et/ou religieuses,
(4) le battage médiatique au niveau international envers et contre les autorités ivoiriennes,
(5) la nouvelle tentative de coup d’état de novembre 2004,
(6) l’assassinat de citoyens ivoiriens sur l’esplanade de l’Hôtel Ivoire,
(7) la destruction de la flotte aérienne militaire de la Côte d’Ivoire à Yamoussoukro et Abidjan, et bien d'autres manœuvres en main souterraine, attentatoires à la souveraineté de la Côte d'Ivoire, qui ont vu le déclenchement de nouvelles manifestions en janvier et février 2010.
Mais nous n’avons là qu’une version de la réalité. Quels sont les faits, et quel est le constat du regard extérieur ? Parce que des insuffisances, des lacunes et des défaillances, il en existe bien. Il suffit, pour s'en convaincre, de se pencher sur cette autre question qui participe du cadre de votre réflexion : 4. Question No3 : Le FPI a-t-il causé des souffrances au peuple de Côte d'Ivoire, ou a-t-il semé l'espoir ?
Mesdames et Messieurs Mes chers compatriotes,
On ne peut, d’une main, cacher la face ardente du soleil. Le regard extérieur croit fermement que les souffrances du peuple de Côte d'Ivoire sont dues à l’existence de conflits ethniques et religieux. Qu'en est-il dans la réalité ? Que fait le FPI pour dissiper les soupçons et expliquer la réalité sur le terrain ? Le FPI affectionnerait-il en secret ces schémas ? Le constat du regard extérieur est que, plus vous vous précipitez dans les institutions de la foi, moins vous êtes conciliateurs et tolérants. Comment un peuple devenu si pieux peut être si violent ? Existe-t-il un Dieu pour les Refondateurs différent de celui de leurs adversaires politiques ?
Les faits de ce blasphème sont implacables et indéniables :
(1) il existe, de fait, une division nord/sud,
(2) le peuple de Côte d'Ivoire, et non les dirigeants du FPI, s'appauvrit,
(3) le peuple de Côte d'Ivoire, et non les dirigeants de l'opposition ou de la rébellion, souffre,
(4) le peuple de Côte d'Ivoire, et non l'ancien colonisateur, continue sa descente aux enfers.
N’ayant confié son destin ni à l'opposition, ni à la rébellion, ni à l'ancien colonisateur, quand viendra le moment de rendre des comptes, le peuple de Côte d'Ivoire se tournera vers la Refondation et, en toute légitimité, l'interrogera sur
(1) son manque de vigilance ; par exemple :
(a) Comment n'avoir pas prévu l'antagonisme et la frustration de l'ancien colonisateur ?
(b) Comment n'avoir pas prévu la tentative de coup d'état ?
(2) son manque de préparation et d'efficacité ; par exemple :
(a) la conduite désastreuse de la guerre.
Le peuple de Côte d'Ivoire sera justifié d'interroger la Refondation sur
(3) l'imitation de l'autoritarisme et des travers des régimes qui l'ont précédé,
(4) l'enrichissement illicite et l'arrogance de ses cadres, et
(5) la paralysie presque constante aux plans politique et économique.
Tel est le constat que font aujourd'hui ceux qui vous observent de l'extérieur, qui voudraient tant vous comprendre, mais que vous décevez chaque jour un peu plus par votre instinct de thanatos.
En effet, quand, ailleurs, on met la fortune et l'expérience acquises à la sueur de son front au service du peuple, ici, même sous la Refondation, la quasi-totalité des politiciens s'enrichissent au prix et au détriment de la sueur et du sang du peuple. Chacun pense que son tour est venu de se servir ; et le clientélisme s'alimente et se renouvelle de plus belle, et le poisson continue de pourrir par le ventre. Sinon, pourquoi le peuple de Côte d'Ivoire a-t-il plus faim aujourd'hui qu'hier ? Pourquoi existe-t-il cette fracture nationale latente qui ne semble toujours pas être une priorité pour certains ? Pourquoi les fils et les filles de ce pays continuent de se regarder en chiens de faïence ? Pensez-vous, comme vos prédécesseurs, qu'il ne s'agit là que de « frustrations artificielles »[4] ? Ou bien serait-ce là les nouveaux « Chemins de votre vie » ? Aussi, quand vous vous demandez si c'est le FPI qui a causé des souffrances au peuple de Côte d'Ivoire, le regard extérieur vous répond que vous ne posez pas la bonne question. Le seul constat qui compte, c'est que le peuple de Côte d'Ivoire souffre, et que vous avez accédé au pouvoir en promettant de le sortir de la souffrance. Les insuffisances et les défaillances sont donc les vôtres en premier chef, et il ne sert à rien de vouloir déplacer la question sur le terrain glissant de l'intellectualisme. Toutes les excuses sont bonnes pour expliquer l'échec. Mais suffira-t-il de justifier l'échec ? Et si la crise sociopolitique était une aubaine permettant aux Refondateurs de cacher leurs faiblesses réelles et leur inexpérience à l'exercice du pouvoir ? Par contre, les questions de fond sont celles de savoir si le FPI est sincère, s'il a la volonté de refonder, non seulement dans le discours, mais dans les actes, et s'il a la capacité de fédérer.
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
La société est à l'image de ses dirigeants et ne vaut que le traitement que ceux-ci lui accordent. Toute société dans laquelle les dirigeants négligent les domaines affectant directement les citoyens les plus vulnérables, tels que l'éducation, la santé, et l'emploi, finit par faire les frais de sa négligence et de son inaction. Il en est ainsi pour l'éducation, un secteur dans lequel les conditions de travail des enseignants, des élèves et des étudiants se sont détériorées depuis des années et continuent de l’être sous un pouvoir dirigé par des enseignants. Il s'agit là d'une défaillance flagrante et grave ; car il est ahurissant d’apprendre que les étudiants de l'université de Cocody viennent à peine de boucler l’année universitaire 2008, et que c’est seulement maintenant qu’ils vont entamer l’année universitaire 2009-2010. Les enseignants seraient occupés à faire de la politique... et ils invitent les élèves et les étudiants à venir battre le pavé pour eux. Les élèves et les étudiants sont endoctrinés, instrumentalisés et armés pour servir de bétail de manifestations de rues et pour terroriser le reste de la population en détruisant et en brûlant les symboles de l'État. Parce que, bien sûr, l'État ce n'est pas moi. L'État, c'est l'adversaire politique ; et détruire les symboles de l'État, c'est détruire l'adversaire politique. Et tout le monde s'y met à cœur joie, par jeunesse interposée. Une jeunesse qui se rêve une destinée politique et qui n'hésite pas à vouloir se l'approprier par la violence gratuite. Mais à quel futur se destine un pays dont les dirigeants politiques seraient issus d'une telle culture d'obscurantisme et d'à peu près ? Voilà la question à laquelle le regard extérieur souhaiterait que vous puissiez répondre.
En effet, ce qui intrigue ceux qui connaissent un peu notre pays, c'est votre pratique ancienne de recruter et d'ériger des « jeunes patriotes » en 4e pouvoir de la République. L'histoire nous enseigne que les « chemises noires », les « SA » et les « gardes rouges », tous des « jeunes patriotes », n'ont jamais conduit à la liberté. Au contraire... Les chemises rouges et jaunes qui se succèdent dans les rues de Bangkok, ceux-ci pour Thaksin Shinawatra et ceux-là pour le premier ministre Abhisit Vejjajiva, les uns clamant être plus démocrates que les autres, sont loin d'avancer la cause de la démocratie en Thaïlande.
Le regard extérieur est donc d'avis que les souffrances du peuple de Côte d'Ivoire sont dues à une mauvaise appréciation de la démocratie. Plutôt qu'une démocratie, Platon vous dirait que la vôtre est, à quelques exceptions près, le modèle précurseur de la cour du roi Peteau, une cour dans laquelle tout le monde, des dirigeants politiques aux journalistes et aux loubards, se laisse aller à l'épithète et à l'invective, au vitriol facile et à la vengeance. Vous passez presque tout votre temps à vous insulter gratuitement, à faire des calculs mesquins, alors que l'essentiel, le peuple de Côte d'Ivoire, reste en souffrance.
Le peuple de Côte d'Ivoire fait donc les frais de la négligence de son capital humain. Si le FPI a semé l'espoir, il ne peut se disculper de n'avoir pas su faire en sorte que tous les Ivoiriens puissent en jouir. Vos prédécesseurs et vos adversaires politiques auront beau jeu de dire qu’ils ne sont pas aux affaires, ils ne peuvent s’en disculper eux non plus.
Il est temps d'apaiser les cœurs, de désarmer tous les gros bras et « ...d'être rebelle à toute vanité [...] et ...de se ceindre les reins comme [de] vaillants hommes » (Césaire, 1956). La vraie victoire est celle qui force le respect de l'adversaire et non celle qui entretient la peur de la rétribution sauvage. Avoir peur de quelqu'un, ce n'est pas l'aimer, ce n'est pas le respecter. Le FPI souhaite-t-il que les Ivoiriens continuent de vivre dans la peur ?
Le regard extérieur suggère que la Refondation fasse preuve de hauteur d'esprit, de patience, de tolérance, de vision, de sagesse et de MAGNANIMITÉ. Car ce que vous voulez, comme dirait encore Césaire (1956), « c'est pour la faim universelle, pour la soif universelle ». Car l'adversité politique n'exclut pas la civilité. Respecter l'adversaire politique, c'est se respecter soi-même ; l'enfermer dans la plus étroite appartenance et le mettre le dos au mur, c'est prendre un risque démesuré sur sa propre sécurité. Etre libre, comme l'explique Nelson Mandela, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est respecter et renforcer la liberté de l'Autre, fut-il l'adversaire politique. Personne, même l'ennemi politique le plus farouche, ne mérite d'être méprisé et ne peut vous conduire à la rancune et à la haine, sources de paralysie et de confusion, destructrices des valeurs humaines et des droits de l'Homme.
La Refondation, au contraire de ses adversaires politiques, et sans attendre que ceux-ci en fassent de même, doit s'attacher à montrer les nouveaux chemins de notre destin commun. Elle doit s'efforcer de prendre du recul et se hisser au dessus de la caverne de l'ignorance pour instiller un sens réel de maturité et de sagesse, une capacité de fédération dont cette Nation a aujourd'hui le plus besoin. Ceci nous amène à la dernière question de votre cadre de réflexion.
5. Question No 4 : Que doit faire le FPI pour que, dans 50 ans, l'assurance d'une Côte d'Ivoire libre soit réelle ?
Refonder et fédérer, à long terme, exige une appréciation de nos forces et de nos faiblesses. La Côte d'Ivoire a des atouts considérables, notamment au plan économique, qui en font un acteur incontournable dans la sous-région. Elle dispose également de cadres, tant à l’intérieur que dans la diaspora. Elle devra mobiliser ces ressources économiques et humaines au service de son développement. Et sa capacité à réconcilier les Ivoiriens avec eux-mêmes sera fondamentale à la réussite de cette tâche.
Toutefois, la réalisation de cet objectif exige un travail soutenu de communication aux niveaux national et international. La vision nationale de la Refondation en ce qui concerne la restructuration de l’État et de la Nation néglige le rôle fondamental de nos langues nationales, et tout particulièrement de linguae francae,telles que le dioula ou le baoulé, en tant que vecteurs de messages subliminaux. L'élite politique s'attache à ne s'exprimer qu'en français (nous en sommes aujourd'hui coupables !), comme si tous nos concitoyens comprenaient vraiment ce dont nous parlons dans cette langue. Fédérer, ce sera aussi accorder à chacun et à tous le droit à une communication ouverte et sans faux fuyants, une communication qui va droit au cœur et se dissocie du journalisme de désinformation et des épithètes d'une presse partisane et franchement médiocre.
Au niveau international, il serait utile de se demander quel regard la Refondation porte sur l'extérieur. Quelle place réserve-t-elle aux Ivoiriens de la diaspora et à la communauté internationale ? Qu'en attend-elle ? La Refondation gagnerait à formuler une politique claire de communication de ses idéaux à ces acteurs extérieurs, aux fins non seulement de soigner son image, mais d'énoncer sa vision, non seulement de sa place dans la conduite des affaires de l'État de Côte d'Ivoire, mais aussi de la place de la Côte d'Ivoire dans le concert des nations. Ce, en partie, parce que nombreux sont ceux qui ignorent tout de la Côte d'Ivoire et du FPI, particulièrement en Asie, en Océanie et en Amérique Latine. Le peu qu'ils en savent s'apparente à l'image générale que l'on se fait des pays du Tiers-Monde dans les médias, des pays déchirés par les guerres civiles et les coups d'État, et dévastés par la famine. Informé que j'étais invité à faire cette communication, Gough Whitlam, ancien premier ministre australien (1972-1975), m'a dit en substance : « Ta communication sera donc très brève, n'est-ce pas ? À part le fait qu'ils méprisent leur peuple, nous ne savons presque rien d'eux... ». La Refondation est-elle vraiment différente des autres partis politiques ? Aurait-elle un idéal et un projet de société ? Pourquoi ne le communiquerait-elle pas plus largement au reste du monde ?
La Refondation gagnerait également à repenser la politique étrangère de la Côte d’Ivoire. Il est urgent, en effet, de redéfinir les relations, économiques et autres, entre la Côte d’Ivoire et les pays africains, ainsi que le rôle de ce pays au sein des institutions régionales, africaines et internationales, en façonnant son approche sur des pays qui offrent des modèles de préservation de l’indépendance nationale. La diplomatie n'est pas que l'arme des forts, elle est aussi et surtout celle des faibles, parce qu'elle leur permet d'être écoutés et d'agir avec efficacité. Ceux qui hurlent et aboient finissent par lasser leur audience ; et quand on n’a plus d’audience, on a beau s’armer jusqu’aux dents, on est aussi faible que la brise du matin.
Sur les plans économique et monétaire, par le biais d'une diplomatie de proximité au niveau régional, la Refondation devra entretenir et encourager la réflexion sur la remise en question de l’arrimage de la monnaie de la zone franc à l’euro, ce système dont le taux de change est biaisé de façon manifeste et qui ne fait que prolonger la dépendance économique et l’appauvrissement des zones franc[5]. Compte tenu de son poids dans cette zone, la Côte d'Ivoire est sans doute le premier pays auquel incombe cette responsabilité. La monnaie étant un bien public de régulation de l’économie, il est important de la maîtriser pour atteindre ses objectifs de développement.
6. En guise de conclusion
Une fois la crise actuelle réglée, rien ne sera plus comme avant en Côte d'Ivoire, quelque soit le parti au pouvoir. Voilà un acquis à mettre au compte de la Refondation. Cela dit, les défis auxquels la Côte d'Ivoire est confrontée restent nombreux et multiformes, et le pays est à la croisée des chemins. Il est important que la Refondation commence à s’atteler à ces défis dans un certain ordre de priorité, qu'elle le fasse non seulement avec détermination, mais avec méthode. À trop vouloir étaler et disperser son énergie, on finit par s’essouffler… Plutôt que de se taper la poitrine en harangueur revanchard des foules et prêcher à sa propre chapelle, il faut bâtir sa force de frappe pour parler avec autorité. La Refondation devra apprendre à imposer silence et mutisme à ses accès de vanité. C'est dans le silence calculateur, plutôt que dans les apostrophes et les épithètes de l'invective, que l'on trouve les solutions qui gagnent. Etre trop confiant est la recette de l'échec.
Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes,
Vous m'avez demandé de vous offrir un regard extérieur sur la Refondation, un regard neutre. Est-il vraiment possible de porter un regard neutre sur son propre pays ? Comme vous pouvez le constater, j'ai tout simplement choisi, non pas le parti pris, mais le parti de « l'homme qui interroge » (Fanon, 1952).
Je vous remercie.
Paulin G. DjitéM.Sc., Ph.D. (Georgetown U., USA),

dimanche 7 février 2010

Mambé sort enfin la “bombe” : Voici le courrier confidentiel du président de la CEI au facilitateur Blaise Compaoré

 lundi 8 février 2010 - Par Le Nouveau Réveil Taille des caractères
    
A son Excellence Monsieur le Président Blaise COMPAORE Président du Faso, Facilitateur de la cise Ivoirienne S/C du représentant spécial du Facilitateur à Abidjan.

Excellence,
1- Dans la nuit du Vendredi O8 janvier 2010, M. Coulibaly Gervais porte parole de son Excellence, M. Laurent GBAGBO, Président de la République de Côte d’Ivoire, dans une déclaration télévisée, m’a mis en cause, en ma qualité de Président de la Commission Electorale Indépendante sur ce qui est devenu “l’affaire des 429 000, pétitionnaires” et je cite
«L’exposé de Monsieur BEUGRE MAMBE, Président de la CEI à fait en présence du Représentant Spécial du Facilitateur et du Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU a révélé qu’il a autorisé de manière unilatérale et discrétionnaire un croisement complémentaire hors de la SAGEM et l’INS qui a mis en évidence quatre cent vingt neuf mille (429 000) personnes à intégrer d’office à la liste électorale définitive qu’elles se soient présentées ou non aux réclamations.
Pour ce faire, il a commis une soixantaine d’informaticiens à l’installation d’un logiciel parallèle dénommé Liste Electorale Provisoire 2009 (LEP 2009). Ce logiciel pourtant rejeté par la Commission Centrale de la CEI le 14 Décembre 2009, devrait intégrer les quatre cent vingt neuf mille (429 000) personnes issues de la liste litigieuse et résultant du croisement clandestin ».
2- Au regard de cette déclaration, et après mûre réflexion, il me parait plus qu’indispensable, de porter à votre connaissance et à votre sagacité, les éléments d’éclairage pour vous permettre de forger votre propre opinion
3- Plusieurs idées structurent cette déclaration, à savoir entre autres :
a) Autorisation unilatérale discrétionnaire d’un croisement
b) Croisement complémentaire hors la SAGEM et l’INS
c) Mise en évidence de 429 000 personnes à intégrer d’office à la liste électorale définitive.
d) Intégration d’office des personnes qu’elles se soient présentées ou non aux réclamations:
e) logiciel rejeté par la Commission Centrale de la CEI l 14 Décembre 2009.
4- De l’autorisation unilatérale discrétionnaire d’un croisement
4-1- En réalité ; au terme de la publication des résultats du croisement qui faisait apparaitre un solde de 1,9 millions de personnes dont le statut était indéterminé, la CEI a estimé qu’il y avait encore des potentialités de gisement d’Ivoiriens dans ce solde et instruit de saisir les Sous-commissions LISTES ELECTORALES et OPERATIONS ELECTORALES à l’effet d’établir avec les techniciens de la CEI les critères par lesquels des croisements pouvaient être suggérés aux structures en vue du croisement additionnel par SAGEM-Sécurité et l’INS.
4-2- En toute conscience, voici la chronologie des faits concernant ces travaux de recherche par croisement :
a) Le Mardi 27 Octobre, lors de sa réunion à 11h45, le Bureau de la CEI s’est préoccupé de retrouver le maximum d’Ivoiriens sur la “liste litigieuse”.
Il a été demandé que les deux sous-commissions “LISTES ELECTORALES” et “OPERATIONS ELECTORALES” soient saisies pour élaborer avec nos techniciens les critères de croisement en s’appuyant sur ceux utilisés par SAGEM Sécurité et l’INS.
b) le Mercredi 28 Octobre à 14h15, les deux sous-commissions ont rendu compte des résultats de leurs travaux à la Commission Centrale.
Les critères de croisement ont été adoptés. Ces critères étaient au nombre de 21 (vingt et un}. (Voir document n°1). .
c) Lors d’une réunion le Jeudi 29 Octobre, présidé par Monsieur le Premier Ministre à son Cabinet en présence de toutes les structures, avait été mise en évidence la nécessité de procéder à des recherches complémentaires d’Ivoiriens pour éviter l’amplification de nombreuses plaintes enregistrées après examen des données où figuraient la liste de 1,9 millions de cas litigieux.
Pour aider à déterminer des critères de recherche pouvant donner des résultats plausibles, lors de cette même réunion, la CEI a indiqué qu’elle venait d’adopter en Commission Centrale le Mercredi 28 Octobre des critères de recherche.
43- Ces critères ont été transmis au Cabinet de M. le Premier Ministre à toutes fins utiles le 29 Octobre 2009. (Voir document n°2). Le Cabinet du Premier Ministre les a soumis à la critique de SAGEM et l’INS.
44-Le 1er Novembre 2009 s’est tenue à Yamoussoukro, sous la présidence du Chef de l’Etat, une réunion sur l’opportunité de faire réaliser des croisements complémentaires par SAGEM et l’NS. Ces croisements complémentaires sont apparus indispensables pour permettre de retrouver le maximum d’Ivoiriens. Sur la base des 21 critères proposés par la CEI, l’INS et SAGEM ont suggéré et obtenu que soient retenus seulement les critères énumérés dans le communiqué conjoint PRIMATURE - CEI. (Voir document n° 3).
45- C’est l’utilisation des critères retenus, après la réunion de Yamoussoukro, sur la base de ceux Proposés par la CEI que les croisements ont permis à SAGEM Sécurité et l’INS de passer de 1,9 millions à 1,033 millions de cas litigieux.
C’en est suivie la publication de listes en deux parties :
*Une liste dite “blanche”, de 5,3 millions de personnes identifiées comme Ivoiriennes;
*Une liste grise de 1,033 millions de personnes à statut indéterminé. Ces listes ont été affichées au plus tard le 26 Novembre 2009 sur toute l’étendue du territoire nationales et à l’étranger.
46- L’éclatement de cette affaire a conduit la Commission Centrale de la CEI à faire une déclaration dans laquelle on peut tirer les éléments suivants :
« Après le dernier croisement complémentaire réalisé par les opérateurs Techniques que sont l’INS et la SAGEM avec raccord des acteurs politiques et qui a donné une liste litigieuse comportant 1,033 millions pétitionnaires, les informaticiens de la CEI ont fait une prospection interne sur cette liste pour explorer la possibilité d’y trouver encore des Ivoiriens à récupérer.
A la réunion de la Commission Centrale du 14 Décembre 2009, les Techniciens ont présenté aux commissaires Centraux, les résultats de ce travail interne. Des CD ont été remis aux Commissaires Centraux pour se faire une opinion sur la qualité du travail. La Commission Centrale, après avoir débattu de la question, a estimé que le contentieux étant déjà engagé après l’affichage de la liste électorale provisoire, les états de ces recherches internes ne pouvaient être pris en compte qu’à deux conditions, à savoir:
- Que les acteurs politiques donnent leur accord pour leur prise en compte ;
- Que les opérateurs Techniques l’INS et SAGEM ainsi que l’ONI et la CNSI y soient associés... »
(Document no 4 déclaration de la Commission Centrale)
De ce qui précède, il ressort que le président de la CEI n’a pas donné d’autorisation unilatérale et discrétionnaire d’un croisement. Ce fut un exercice de recherche connu de tous en vue d’avoir une projection sur les possibilités de trouver des Ivoiriens sur les 1,033 million de liste litigieuse.
5- Du croisement Complémentaire hors la SAGEM et l’INS
51- Le travail de prospection réalisé pour se faire une idée des Ivoiriens potentiels qui ressortiraient des résultats n’est pas un croisement pour accorder le statut d’Ivoiriens. Il faut préciser que c’est ce travail par séquences de prospections qui a permis à la CEI d’assumer sa mission de supervision et faire progresser les résultats de croisements en passant successivement de 2,1 millions à 1,9 millions puis à 1,033 millions de cas litigieux.
Il s’agissait simplement de disposer d’une vue générale, car selon les textes (décrets, mode opératoire, cahier des charges, etc..), ces deux structures travaillent sous l’autorité et la responsabilité de la CEI. Sur le plan technique, il était impératif que la CEI ait une capacité de jugement sur les produits du couple SAGEM-Sécurité -INS.
52- Au demeurant, lors du CPC tenu à Ouagadougou le 03 Décembre 2009, le Président de la CEI a porté à la connaissance des honorables membres du CPC, l’existence de cette vision perspective de recherches internes qui pourrait permettre d’entrevoir qu’il serait potentiellement possible de trouver entre 400 000 et 550 000 Ivoiriens au terme du contentieux en cours. Suite à cette communication, le Président de la CEI a été encouragé à tout mettre en œuvre pour retrouver le maximum d’Ivoiriens en vue d’une élection inclusive.
53- Cette même information a été rappelée à la haute attention de son Excellence Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire lors de l’audience qu’il a bien voulu accorder à une délégation de 4 membres du Bureau de la CEI le 25 Décembre 2009. lors de cette rencontre, il a été bien indiqué au chef de l’Etat que toute utilisation reste tributaire d’un travail d’équipe avec les autres structures. Il a marqué sa préférence pour les contentieux directs sur le terrain. Même s’il avait marqué son accord, nous aurions consulté les autres membres du CPC et engagé un travail d’affinement avec les autres structures. Il n’ était donc pas envisagé d’utiliser les résultats comme produits officiels de croisement.
LA CEI est restée constante dans sa détermination:
-Se doter de moyens techniques pour assurer sa mission de supervision,
-Associer les autres structures,
-Avoir l’accord des membres du CPC
6- Mise en évidence de 429 000 Pétitionnaires à intégrer d’office à la liste électorale définitive.
61- lors de la première présentation faite par les deux sous commissions OPERATIONS ELECTORALES et LISTES ELECTORALES, les Techniciens de la CEI ont mis en évidence un gisement de 540 000 Ivoiriens potentiels que les recherches pourraient permettre de retrouver si elles avaient lieu.
La Commission Centrale a Jugé certains critères discutables et a suggéré de les affiner en rappelant les deux réserves mentionnés au point 46.
C’est le travail de recherche plus raffinées qui aurait conduit à 429 000 pétitionnaires potentiels.
62- Objet de la mission
Selon l’entendement de SAGEM Sécurité, la transcription des résultats issus du traitement des contentieux par les CEI locales était du ressort des autorités Ivoiriennes.
A cet effet, SAGEM a communiqué à la CEI l’application à utiliser dans les ordinateurs pour la configuration de ces résultats par lettre en Décembre 2009. (Voir document n°5).
C’est le logiciel transfert de cet applicatif que les Informaticiens de la CEI ont été chargés d’installer dans les CEI locales pour l’usage des Commissaires locaux qui devraient être formés, à cet effet, par les informaticiens. Leur départ en mission a été décidé le 31 Décembre 2009 par la Commission Centrale.
C’est bien ce qui apparait comme objet dans l’ordre de mission signé le
04 Janvier 2009 par le Secrétaire Général: « installation de l’application du traitement du contentieux et assistance aux Commissaires» (Voir document n°6) ;
63- feuille de route élaborée par l’équipe Technique
En appui à leur ordre de mission, les experts de la cellule Technique auraient élaboré une feuille de route, dont le contenu fait apparaitre
(document n° 7) au point n° 4:
- «Après la formation, imprimer le document “LISTE DES PETITIONNAIRES RETROUVES PAR LA CEI SUR LE RESIDUEL DE SAGEM que les commissaires utiliseront pour la validation. »
Ce point n° 4 ainsi que les points 1, et les points 6 ne font pas partie de l’Agenda de la Commission Centrale et du Président.
64- Les instructions qui ont été données par le Président de la CEI avant la mission qui a été lancée le 04/01/10
Pour éviter tout dérapage et par anticipation, le Président de la Commission Electorale Indépendante, au terme de la réunion de la Commission Centrale le 31 Décembre 2009 a donné une INSTRUCTION FERME aux techniciens leur demandant de NE JAMAIS FAIRE USAGE des résultats DES TESTS DE RECHERCHES EFFECTUES EN GUISE DE PROJECTION, les 4 experts de la cellule Informatique le rappellent, en toute honnêteté, dans la réponse à leur demande d’explications a eux adressée par le secrétaire général. (Voir document n° 8 page 2/2).
Ayant interdit le 31 Décembre 2009, l’usage des résultats de projections, le président de la CEI n’a donc jamais donné instructions aux techniciens l’installation encore moins l’usage des dits résultats dans la gestion du contentieux dans les CEI locales.
7- L’Intégration d’office des 429 DOO pétitionnaires qu’ils se soient présentés ou non aux réclamations.
71- Cette affirmation est aux antipodes des procédures en vigueur dans le mode opératoire qui décrit les étapes du processus et surtout des mécanismes de contentieux élaborés par la CEI qui ne permet, en aucun cas, l’intégration d’office des 429 000 pétitionnaires.
72- En effet, même dans la mise en œuvre de leur “feuille de route”, les experts ont structuré l’utilisation de ce fichier des 429 000 pétitionnaires en insistant sur le respect des procédures en vigueur dans les CEI locales. Dans le compte-rendu de la réunion préparatoire organisée le 29 Décembre 2009, mis à ma disposition au terme de la demande d’explication, ils mentionnent:
“ Validation individu par individu à partir des listes de cas litigieux en, possession des CEI locales. La procédure de validation est identique à celle déjà en application dans les CEI locales”.
73- Il n’est donc mis en évidence que malgré l’erreur faite d’introduire ce fichier dans les CD comme OUTIL D’AIDE A LA DECISION” (document n° 4: déclaration de la Commission Centrale), ils avaient conscience que le fichier ne permettait pas de passer outre les procédures en vigueur dans les CEI Locales et qu’il y avait exigence à s’y conformer.

74- En guise de rappel, les procédures en vigueur dans les CEI Locales sont articulées comme ci-après :
a) le pétitionnaire sur la liste “grise” litigieuse a l’obligation de se présenter devant les Commissaires locaux de la CEI.
b) le pétitionnaire remplit une feuille de réclamation mise à sa disposition par la CEI
c) Il joint à sa réclamation tous les documents exigés pour l’examen de sa réclamation.
d) Les Commissaires de la CEI représentants des partis politiques membres de la CEI siègent en commission locale, examinent le dossier, décident du sort réservé à la réclamation, signent le PV de décision et publient les résultats.
e) Si la réclamation a été validée positivement, elle donne alors lieu à inscription sur la liste à présenter dans le centre de coordination. Il y a donc une impossibilité technique et procédurale directement des pétitionnaires. Tous les partis politiques étant représentés dans les CEI locales, seule la procédure adoptée de commun accord peut prospérer.
75- Pour des raisons de transparence et au regard des exigences de collégialité et de confiance, au cours des réunions de coordination regroupant toutes les structures ONI -INS -CNSI - SAGEM en présence du Ministère de l’Economie et des Finances, du CCI, de l’ONU, du Représentant du Facilitateur, du PNUD, de l’Union Européenne, à la ŒI, il a été décidé de regrouper toutes les structures, dans les centres de coordination situés dans les chefs lieux de département, au nombre de 70 (y compris Abidjan) en vue du traitement des listes de validation issues des CEI Locales pour constituer la liste définitive. Une lettre circulaire a été rédigée à cet effet depuis le 11 Décembre 2009. (cf document n°9.
NB: Il faut noter que selon les spécifications des listes Electorales, l’Etape 3 du point 22 stipule que les listes définitives sont constituées dans les centres de coordination. (cf document n° 10).
Il n’est pas possible d’intégrer d’office des personnes présélectionnées sans que celles-ci soient soumises au processus de réclamation. Le Président de la CEI ne pouvait donc pas le réaliser.
8- Au moment de la déclaration du porte-parole Gervais Coulibaly dans la nuit du 08/01/10 les listes électorales définitives étaient-elles constituées ?
81- Pour bien comprendre le mécanisme de constitution de la liste électorale définitive, il faut identifier qu’il y a au moins 5 étapes. (Document n° 11 intitulé mécanisme de constitution de la liste électorale définitive).
Au moment de la déclaration ci-dessus mentionnée, nous étions à l’étape n°2 du document n°11. Le traitement des résultats dans centres de coordination n’avait pas encore démarré.
Ce traitement a commencé le 18 Janvier 2010.
Il ne pouvait donc pas exister au 08 janvier 2010 une liste définitive dans laquelle aurait été intégré le gisement de 429 000 pétitionnaires.
Toutes ceux qui avaient éventuellement leurs noms dans ce gisement avaient obligation, selon le mode opératoire en usage dans les CEI Locales, de passer par le contentieux en respectant toutes les étapes décrites dans le point 74.
C’est donc faire une mauvaise querelle à la CEI face à l’impossibilité matérielle et technique d’introduire ces 429 000 pétitionnaires (fichier au format PDF).
9- Les motivations des regrets présentés.
Ces regrets ont été présentés spécifiquement au nom et pour le compte de la Commission Centrale de la CEI en égard à la sensibilité de l’opération d’identification de la population et du recensement électoral.
En effet, l’orchestration du battage médiatique avait stigmatisé tellement d’énergies et des réactions contradictoires, parce que chacun ayant sa compréhension de l’événement et son interprétation, qu’il fallait éviter les tensions inutiles.
Les regrets concernent le dysfonctionnement qui n’a pas permis de détecter avant le départ en mission des techniciens, l’existence dans leur CD, du fichier des 429 000 pétitionnaires.
Nous visions surtout à ramener le calme et la sérénité pour travailler dans une atmosphère apaisée.

10-Conclusion
En mon âme et conscience
Les tests réalisés procèdent de décisions collectives avec les réserves mentionnées et visaient à la qualité des travaux.
2- En ma qualité de Président, aucune instruction n’a été donnée à qui que ce soit pour positionner le fichier des 429 000 pétitionnaires. Au contraire, nous avons expressément donné des instructions pour que le CD des 429 000 pétitionnaires ne sorte pas de la CEI et ce, depuis le 31 Décembre 2009.
3- Aucune intention, perspective de fraudes au profit de qui que ce soit dans un contexte de sortie de crise aussi difficile n’a habité la Commission Centrale, le Bureau et le Président. Je ne puis comprendre qu’on parle de fraude dans ces conditions.
4- Les mécanismes de validation en vigueur ne permettent pas à des pétitionnaires de s’inscrire directement sans passer par le contentieux.
5- A la date de déclaration de M. Gervais COULIBALY porte-parole du Président Laurent GBAGBO, aucun Ivoirien n’était encore inscrit sur la liste définitive, les centres de coordination étant inopérants.
Autant qu’il puisse exister sur cette terre des hommes de droiture qui ont conscience de l’importance de 10 tâches à eux confiée, mon action dans toute l’opération d’Identification de la population et de recensement électorale visait à la transparence et à la qualité des résultats pour des élections apaisées et acceptées par tous.
Je vous prie de croire Excellence, à l’expression de ma haute et respectueuse considération.
Abidjan, le 02 Février 2010
Robert Beugré MAMBE
Président de la Commission
Electorale Indépendante
Côte d'Ivoire

Copie :
- Son Excellence, M. Laurent GBAGBO, Président de la République de Côte d’Ivoire
- Son Excellence, M. SORO Kigbafori Guillaume, Première Ministre.
- Son Excellence, Monsieur BAN KI-MOON, Secrétaire Général des Nations Unies S/C du Représentant spécial du Secrétaire Général des Notions Unies à Abidjan
-Son Excellence, M. Henri KONAN Bédié Président du PDCI-RDA
- Son Excellence, Allassane Dramane OUATTARA,
Président du RDR

samedi 23 janvier 2010

Les origines de la crise ivoirienne. racontees par un acteur....

Coup d’Etat de décembre 1999
Un ex-garde de corps de Guéi fait des révélations

Que s’est-il passé réellement avant, pendant et après le coup d’Etat de la Noël en 1999 ?
Il y a eu beaucoup de légendes. Tant, chacun donnait sa part de vérités. Mais avec le temps, les vrais auteurs et acteurs de ce premier putsch réussi de l’histoire du pays, sortent de l’ombre.

En ce jour anniversaire de ce douloureux événement, ‘’Le Patriote’’ a cherché et trouvé un soldat qui était au coeur de la révolution de décembre 99. Ce soldat était dans la garde rapprochée de feu le général Robert Guéi, chef de la junte militaire qui exerçait le pouvoir d’Etat.

Avant de s’ouvrir à nous, il a posé une et une seule condition. Que nous ne dévoilons pas son identité et ne le prenions pas en photo. Pour des questions bien évidentes de sécurité, nous a-t-il dit. Ce que nous avons fini par accepter. Nous vous proposons donc ces échanges que nous avons eus avec ce soldat. Interview à bâtons rompus avec ….......
Ce qui a provoqué le coup d’Etat

Avant la date fatidique du 24 décembre 1999, nous étions en Centrafrique pour une mission Onusienne de maintien de la paix d’une durée de six mois. Une fois arrivés sur le théâtre des opérations, le commandement ivoirien nous a fait savoir qu’il y avait un déficit de soldats de la paix sur le terrain.

Ainsi, la mission de six mois a été une première fois revue à la hausse. Trois autres mois ont été ajoutés sur les six mois que nous devions passer en Centrafrique. Finalement, nous nous sommes retrouvés à neuf mois de séjour en dehors du pays. Une fois ces neuf mois écoulés, ils nous ont dit qu’il y avait toujours un déficit de soldat. Nous avons alors été priés de compléter notre séjour à un an sur le sol Centrafricain. Après quoi, il y a eu enfin la relève.

J’étais membre du premier contingent de la Firpac (Force d’intervention rapide para-commando). Etant en Centrafrique, nous avions des dossiers relatifs à notre prime. Selon ces documents, chaque soldat ivoirien avait droit à 7.000 F par jour comme prime alimentaire. Nos chefs nous ont officiellement déclaré 5.000 F par jour au lieu de des 7.000 F prévus par l’Organisation mondiale.

Ainsi, par cette manœuvre, ils bénéficiaient sans aucun effort d’un reliquat de 2.000Frs sur nos primes journalières à notre insu. En plus de cela, ils prélevaient encore 2.000Frs sur les primes journalières de 5.000 Frs pour assurer notre pitance quotidienne. Finalement, nous nous retrouvions avec la somme de 3.000Frs comme prime. Or, dans le cadre de cette mission, l’Onu avait déjà envoyé l’argent au pays.

De retour au pays, il était donc prévu que chaque soldat touche 9 millions. Au lieu de cela, à notre arrivée, ils nous ont tenu un langage ambigu. Le commandement ivoirien a estimé que les primes alimentaires calculées par l’Onu ne pouvaient pas être octroyées à ses soldats. Des sous-officiers ont alors pris des papiers pour aller se renseigner à l’Onu sur le montant réel des primes.

A la suite de cette démarche, nous nous sommes rendus compte du fossé qui séparait la somme réelle de ce qui nous avait été octroyée par nos chefs. Il était donc évident que nous avions été grugés. N’acceptant pas d’avoir sués sang et eau en Centrafrique durant toute une année pour des prunes, nous avons eu des réunions et des rencontres avec nos chefs hiérarchiques afin de trouver des voies et moyens pour que justice nous soit rendue.

C’est d’ailleurs dans ce cadre que les généraux M’Bahia et Soumaïla Diabagaté se sont rendus en Centrafrique pour trouver une solution à l’épineuse question des primes des soldats ivoiriens. Malheureusement, ils n’ont pas eu gain de cause. Et sont revenus les mains vides au pays. Ces derniers nous avaient dit qu’arrivés au pays, il n’y aurait pas de problème et que le pays nous serait reconnaissant. Il nous avait été dit par ailleurs qu’à notre retour, nous aurions droit à des stages de formation à l’étranger.

Contre toute attente, le général Tautui Marius, commandant des Forces Terrestres est allé rencontrer le Président Bédié. Au cours de cet échange, il a dit au chef de l’Etat qu’il renoncera à son statut de général des forces armées terrestre si ce dernier se pliait à notre requête. Comme argument, il a soutenu que les paquetages qu’on nous a donnés à Libreville au Gabon avaient été payés par l’Etat de Côte d’Ivoire. Les véhicules militaires qui nous avaient servi également avaient été loués par l’Etat.

Selon lui, ce sont ces différents éléments qui avaient été retranchés de nos primes. Après ces calculs, je me suis retrouvé avec la somme d’un million cinq cent mille Francs (1.500.000Frs). Cette somme variait en fonction des grades des soldats. En ce temps, j’étais caporal donc ayant rang de sous-officier. Les militaires de rang avaient la somme d’un million quatre cent mille Francs (1.400.000Frs). Les sous-officiers quant à eux ont reçu la somme d’un million cinq cent mille Francs (1.500.000Frs).

Nous n’avons jamais connu la somme octroyée aux officiers. D’ailleurs, elle n’a jamais été donnée en notre présence. Cela s’est passé à huis-clos dans la salle de cinéma du 1er Bataillon. C’est également dans cette salle que nous avons reçu notre argent dans des enveloppes scellées. Après cette mésaventure, nous avons décidé de ne pas baisser les bras.

Et d’entreprendre un bras de fer avec les autorités militaires afin de rentrer en possession de notre pécule. Débute alors, pour nous, une longue série de réunions afin de déterminer le meilleur moyen d’aller poser nos réclamations au Président de la république. Nous sommes allés une première fois vers le Président avec à notre tête, le sergent Boka Yapi. Malheureusement, Bédié a refusé de nous recevoir. C’est dans ces conditions que le coup d’Etat est survenu.

Le modus operandi du coup d’état du 24 décembre 1999

Pour revenir au mode opératoire du coup d’état, il faut dire qu’après notre arrivée sur les bords de la lagune Ebrié, nous tenions des réunions afin de trouver des voies et moyens pour qu’on nous restitue notre argent. Nous étions également en contact avec nos collègues qui n’avaient pas pris part à la mission de maintien de paix en Centrafrique. Il faut dire que l’armée avait, en 1999, d’énormes problèmes.

Et c’est en raison de la confraternité d’armes que ces derniers nous prêtaient main forte. Après notre arrivée, le sergent Boka Yapi est allé suivre une formation au Bénin. C’est à son retour que nous avons fait le coup d’Etat. La majorité des putschistes étaient de la Firpac au 1er BCP. Et c’est essentiellement les éléments de cette unité d’élite qui ont constitué l’ossature de la force de maintien de paix en Centrafrique.

Et qui ont été la cheville ouvrière du coup du 24 décembre 1999. Ainsi, le coup d’Etat de Noël 1999 est venu du 1er BCP. L’opération a été conduite par le sergent Boka yapi et Diomandé Souleymane dit la Grenade. Contrairement à ce qui se raconte, le sergent-chef IB (Ibrahim Coulibaly, ndlr), n’a pas pris une part active au coup de décembre 1999. Il l’a suivi de loin. Néanmoins, il nous avait assurés de son soutien si le coup d’Etat marchait. Il n’a jamais participé au coup d’état décembre 1999.

Il nous a toujours mis au devant de la scène tandis qu’il se cachait en arrière plan, tout en nous assurant de son soutien. Le 24 décembre 1999, c’est à 18h que nous avons aperçu le sergent-chef IB lorsque nous étions allés chercher le ministre Guy Alain Gauze pour l’amener à la poudrière.

Il était vêtu d’un jeans de couleur bleu et une veste grise. Je l’ai même repoussé parce que je l’avais pris pour un civil. J’ai demandé qui il était. On m’a dit qu’il s’agissait d’IB. J’ai alors rétorqué que je ne connaissais pas d’IB. Et d’ailleurs pourquoi se trouvait-il en civil parmi nous ?

De la paternité du coup d’état

Beaucoup d’encre et de salive ont coulé à l’époque sur la paternité du coup d’Etat de décembre 1999. Et des doigts accusateurs avaient même indexé le leader du Rassemblement des républicains (RDR) comme principal auteur de ce putsch.
C’est le lieu de rétablir une vérité inhérente à l’histoire douloureuse de la Côte d’Ivoire. ADO n’a jamais été le père du coup d’Etat du 24 décembre 1999
. Avant 1999, l’armée ivoirienne avait un problème. Elle était divisée. Et des suspicions y régnaient. Les sous-officiers vivaient dans une précarité sans précédent dans l’histoire de ce pays tandis que les officiers roulaient carrosse.

C’est cette situation délétère qui a précédé et précipité le coup d’Etat de Noël 1999. Après le coup, nous étions confrontés à un problème : le fauteuil présidentiel était resté vacant. Et cette situation constituait une aubaine pour tout aventurier politique. Nous avons, dans un premier temps, pris attache avec le général Doué Mathias. Il faut dire que ce dernier était vraiment aimé des soldats. Nous l’avons sollicité afin qu’il occupe le fauteuil resté vacant.

Mais, il a refusé au prétexte que la Côte d’Ivoire était un pays vraiment complexe. Et qu’il estimait ne pas être à la hauteur face à l’immensité de la tâche à accomplir. Après réflexions, nous avons compris que Doué Mathias ne pouvait vraiment pas guider les rennes du pouvoir. Il fallait donc quelqu’un d’autre. Un homme autour duquel toutes les forces vives se reconnaitraient et se rallieraient sans anicroche.

Et l’homme en question ne pouvait être que le général Robert Guéi. Nous nous sommes alors rendus chez le général Robert Guéi à l’Indénié sis au Plateau. Malheureusement, nous ne l’avons pas trouvé car il était à Gouéssésso dans son village. C’est sa femme que nous avons trouvé en place. Nous avons demandé après le général. Et sa femme nous a questionnés sur les raisons qui nous amenaient à chercher son mari. Les esprits se sont alors échauffés et Zaga-Zaga lui a administré une gifle.

Pour calmer les esprits, nous avons expliqué à Mme Guéi qu’après le coup d’Etat, le fauteuil présidentiel est resté vide. Et que cela constituait un risque. Seul le général à la retraite avait suffisamment de consensus autour de sa personne pour l’occuper après le renversement du régime Bédié. Nous lui avons fait appel.

Et il est venu. Nous sommes allés l’accueillir au corridor de Yopougon- Gesco afin d’assurer sa sécurité. De la Gesco, nous avons transité par le 1er BCP où le général Guéi s’est habillé dare-dare au PC (poste de commandement, ndlr) et de là, nous nous sommes rendus à la RTI pour faire la déclaration. Il y avait autour de lui des hommes tels que Jah Gaho, Aka Bédé, Bamba Nemassah. Dans les premiers jours de son pouvoir, nous avions formé le noyau dur de la sécurité du général Robert Guéi. Puisque c’est nous qui étions les auteurs de ce coup d’Etat, nous avons donc décidé d’assurer sa sécurité.

La crise de confiance : le commencement de la fin

Après avoir installé le général Guéi dans le fauteuil présidentiel, il y a eu une crise de confiance entre les membres de sa garde rapprochée et le chef de la junte militaire. Des voix s’élevaient un peu partout pour dire qu’il y avait une rupture de confiance entre Guéi et sa garde rapprochée. Dans les débuts de son pouvoir, le général Robert Guéi écoutait tout le monde.

Et prenait vraiment en compte tout ce qu’on lui disait. Il faut aussi dire que dans le temps, il y avait eu une série de tentatives de coup d’Etat. Le général Robert Guéi a commencé à changer lorsque les chefs religieux et ses parents sont venus le voir. Ce jour-là, j’étais assis derrière lui. Il y a eu des échanges entre ses parents et lui. Robert Guéi leur a dit qu’il était venu pour nettoyer le pays, organiser des élections crédibles et transparentes et quitter le pouvoir.

Ses parents Yacouba et Wê ont rétorqué qu’il pouvait être lui aussi Président parce qu’il est fils de la Côte d’Ivoire. C’est après cette entrevue que Guéi a commencé à changer. Et s’est installé de fil en aiguille un climat de suspicion. Devant ce revirement de situation, nous lui avons parlé pour le ramener à la raison. Même Attah Sery qui se trouvait dans la rébellion et qui est mort par la suite, a pleuré à ses pieds au palais.

J’ai été l’un des témoins oculaires de cette scène. Malheureusement, le général n’est pas revenu de son égarement. Nous lui avions demandé de ne pas poser sa candidature lors des élections en 2000. Il y a eu une crise de confiance entre nous. Guéi a cru que nous voulions lui faire un coup d’Etat. Il disait que nous voulions faire un coup d’Etat pour mettre Alassane Dramane Ouattara au pouvoir.

Or ADO est un civil. Et nous ne pouvions pas faire un coup d’Etat pour mettre un civil à la tête du pays. Nous avons alors entrepris des démarches auprès de La grenade, en raison de l’alliance qu’il y a entre Guéi et lui, pour qu’il soit notre interlocuteur auprès du général afin que nous puissions rentrer en caserne.

Les Yacouba et les Guéré n’avaient plus confiance en nous. La Grenade nous a demandés de faire une liste. Nous surveillions le général durant la nuit. Sa garde diurne était assurée par le groupe de la Grenade. Nous, dans notre cas, nous prenions deux nuits de faction devant la résidence de Robert Guéi. La surveillance donc du général se faisait de manière rotative.

J’ai demandé à mes camardes de faction de ne pas inscrire leur nom sur une quelconque liste. Nous sommes restés dans cette situation jusqu’au jour de la mutinerie. Ce jour-là, j’étais de garde. Et le général Guéi était chez lui à la maison. Entre 24 h et 1 h du matin, il est sorti de la maison. Lorsqu’il m’a vu, il m’a demandé qui j’étais et mon nom. Je lui ai dit que j’étais la sentinelle et que je me nommais Coulibaly. Il a alors hésité. Le chauffeur est arrivé avec une Mercedès de couleur noire. Guéi est monté avec lui avec un autre homme du nom de Koffi Brou.

Nous sommes allés vers l’hôpital de l’Indénié et ensuite nous sommes descendus en direction du GSPM (groupement des sapeurs pompiers militaires). Vers le jardin du GSP, avant d’arriver vers la Corniche, nous lui avons demandé où il allait. Il a répondu qu’il allait chez les gendarmes. C’est ainsi, qu’il est allé se mettre sous la protection des gendarmes au camp d’Agban. Et il leur a donné la consigne de tirer sur tout militaire.

Etant militaire, nous avons été désarmés manu militari sur le champ. Guéi est resté dans le camp jusqu’au matin. Le lendemain, il est sorti pour redonner des consignes. Devant nous, il a demandé aux gendarmes de tirer sur tout militaire qui se présenterait au camp. Entretemps, nous avions appris par la radio que des militaires avaient arraché un char de la gendarmerie.

Nous étions évidemment en joie devant cette action d’éclat. Sur le coup, le capitaine Kouamé du corps des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire, ndlr) est arrivé au camp à bord de son véhicule tout terrain. Etant militaire, les gendarmes l’ont sommé de descendre de son véhicule. Et devant son refus, ils ont ouvert le feu sur les pneus de son véhicule. Après cet incident, est arrivé le sergent Boka Yapi qui a été bloqué à son tour à l’entrée du camp d’Agban. Ce dernier ne s’est pas laissé faire. Il a fait un raffut de tous les diables. Robert Guéi a été obligé d’appeler pour calmer les esprits. Boka Yapi a pu rentrer.

Après, il a fait venir la Grenade, Kambiré et tous les autres. Ils ont été tous désarmés. Ensuite, le chef des mutins a été conduit au camp. Il y a eu des rumeurs sur l’auteur véritable de ce coup de force. Certains prétendaient que c’était IB qui était le responsable.

Le général Robert Guéi est monté au créneau pour dire que c’est l’opposition qui pousse les militaires à faire un coup d’Etat.
Il a demandé séance tenante à tous les militaires de rentrer dans les casernes. Idem pour ceux qui assuraient la sécurité des politiciens à l’exception de ceux qui assuraient la sécurité de Laurent Gbagbo
.
Les militaires qui protégeaient Gbagbo ne sont pas entrés en caserne.
Car Guéi et Gbagbo avait un deal
. Ils savaient ce qu’ils voulaient faire. Les autres militaires ont été affectés dans d’autres domaines ou secteurs. Il n’y avait plus de militaire derrière les hommes politiques à l’exception de Laurent Gbagbo. La majorité des militaires ont été réaffectés dans des camps à l’intérieur du pays.

Durant le temps où j’ai effectué ma garde de nuit à la résidence de Robert Guéi, Laurent Gbagbo venait lui rendre nuitamment visite. Les heures de ces huis clos variaient entre 21 h jusqu’à 1 h du matin. Toujours est-il, que l’actuel chef de l’Etat était régulier chez le général. Entre tous les acteurs politiques d’alors, Gbagbo était le seul qui fréquentait assidument la résidence du général Robert Guéi. On nous donnait très souvent des consignes pour le laisser entrer. Il y avait un pacte entre Guéi et Gbagbo.

Ce dernier avait demandé de l’argent au général. Après le lui avoir donné, le général et le leader du Fpi (Front populaire Ivoirien, ndlr) sont tombés d’accord sur un plan de partage du pouvoir. D’ailleurs, Guéi lui venait en aide financièrement souvent. Guéi lui a dit qu’il voulait le pouvoir. Mais qu’après son temps de règne, il cédera le fauteuil présidentiel à Laurent Gbagbo.

Au-delà de ce partage, il faut dire que Gbagbo était le beau de Guéi. Même nous qui étions en faction chez Guéi, nous avions peur des lendemains de la Côte d’Ivoire. Nous nous demandions sur notre avenir si Laurent Gbagbo devait accéder à la magistrature suprême dans ce pays.

Gbagbo venait le plus souvent avec Lida Kouassi Moïse. En toute sincérité, je n’ai jamais vu sa femme là-bas. Mais, Lida et lui y étaient beaucoup réguliers. CB

dimanche 20 décembre 2009

La Cote D'Ivoire est sous service minimum depuis 2000.

Lorsque j'ai recu l'email des medecins annocant leur greve en Fevrier 2009, je leur ai dit "du courage, je vous supporte, allez faites la greve". Depuis 2000, c'est a dire depuis l'election de Gbagbo, la CI est sous service minimum. Tout marche au ralentit. Personne ne veut travailler. Gbagbo lui se pointe au travail a 11H pour faire quel travail? causer avec des invites, rire avec ses secretaires, parler du football? Et c'est en paressant ainsi qu'il a ete surpris de facon naive par une rebellion.

Et lorsque personne ne travaille, les seuls qui recoltent les pots casses, sont les populations. Et lorsque les populations ne sont pas heureuses, elles tombent malades, et les medecins sont les seuls qui accompagnent ses populations a la tombe.

Prenons donc un exemple pratique pourque chacun comprenne qu'a l'hopital le service minimum est une plaisanterie.
Dans la region de Bouafle, il y a environs 60 000 habitants. Sur ces 60 000 habitants, selon vous, combien tombent malades par jour? 1000? BOuafle est le reservoir de toutes les maladies exotiques subtropicales. Ce qui fait que les etudiants en medecine y vont faire leur stage de parasitologie. A Bouafle, il y a un CHR, avec 3 medecins, un chirugiens, quelques infirmiers. Une salle de radio, deux salles de chirurgies qui fonctionnent a peine. Imaginez que vous etes l'un des medecins. Vous allez offrir ce que certains appellent service minimum. Vous arrivez a 8H, et deja a votre porte il y a 100 malades qui attendent. Que faites vous? Si vous passer 10 minutes par malades, avant d'aller le soir a la maison vous aurez passer 1000 heures c'est a dire 16 heures. c'est a dire que vous devrez rentre a la maison a 4h du matin. Si vous passez une minutes avec un malade alors tout ce que vous ferez lorsqu'il ouvre sa bouche pour vous dire "doctaires ze ssi malades", c'est de lui donner une ordonnance. Et lorsqu'il sort il dira "il ne m'a meme pas touche, meme pas examine, c'est ordonnance seulement il a mis dans ma main". Alors que c'est ce que certains demandent de faire c'est a dire "pouvoir un serivce minimum". C'est ce service minimum que tout le reste des fonctionnaires de la CI fournissent. Tu vas voir le ministre, il n'est jamais la. Le maire, n'est jamais la. l'ambassadeur est toujours en reunion. Les enseignants toujours en greves. Tu deposes ton dossier pour une signature d'une seconde, tu dois attendre une semaine, parce que personne ne veut travailler et fournit le minimum d'effort pour un salaire maximum.
Gbagbo ne fout rien, mais son salaire ne fait qu'agumenter. Depuis 8 ans, tout chez lui se resume a la sortie de crise. C'est ca son agenda. Le minimum de responsabilites pour le plus de privileges. Simone sa femme ne fout rien mais a le maximum de privileges. Tout le monde fournit le minimum de service, et se plaint lorsque les medecins qui recueillent le fruit de leur paresse disent "on en a assez".
Vous voulez le service minimum? C'est a dire que le chirurgien ouvre ton ventre et te demande de revenir demain pour la suture? Ou bien, le medecin te prescrit la moitie de ton ordonnance pour que tu reviennes chercher le reste la semaine prochaine.
Si le medecin qui connait ses malades arrive a faire greve, c'est qu'il en a vraiment assez. Et vous plutot que d'exiger au paresseux qui est assis a la presidence et ne fait que le minimum par jour, vous le laissez, et vous voterez surement pour lui pour qu'il continue de jouir des privileges de sa fonction, et demandez aux medecins de porter le fardeau de toute son incompetence.


Certains disent que la profession est honorable, alors chers messieurs puisque c'est l'honorabilite qui paye la factures de l'eau et de l'electricite, si vous etes faches, allez porter les robes des medecins et improvisez vous medecins, chirurgiens, au moins vous jouirez aussi de l'honorabilite de cette fonction. Ou bien? 


samedi 12 décembre 2009

Gbagbo parle de Gbagbo

Allez re-ecouter le discours de Gbagbo a Yopougon. Si vous ecoutez ce discours et en faite une analyse vous serez surpris de savoir qui est Gbagbo. Depuis que j'ai ecoute ce discours de Gbagbo, j'ai comme la pitie pour ce monsieur. Gbagbo est un homme meurtri. Depassez l'aspect folkhorique de cette rencontre, et poussez un peu l'analyse et reflechissez a l'image que Gbagbo voulait faire passer de lui meme a la jeunesse. Je vous rappelle qu'il a lui meme confirme qu'il a travaille avec les autres sur le programe de cette rencontre, et donc tout ce que les jeunes ont entendu a Yopougon a ete fait avec l'aval de Gbagbo lui meme.

Dans le discours de Gbagbo, dans ce que Gbagbo a fait sortir de sa propre bouche, il dit : "On me demandait :" tu es de quelle famille?" et je repondais: " je n'ai pas de famille, c'est moi qui suis ma propre famille"". Cela veut dire quoi? Meme si tes parents ne sont pas riches, auras tu honte de dire le nom de ta famille si on te le demandait? Mais ici Gbagbo dit qu'il refusait de dire de quelle famille il venait. Cela a confirme en moi l'idee que tres tot Gbagbo avait honte de sa famille. Il ne pouvait pas dire le nom de sa famille parce qu'il savait que son pere adoptif n'etait aps son pere. Il ne pouvait donc dire le nom de sa famille. Quel enfant qui va chez ses amis et a qui on demande "tu es enfant de qui? qui sont tes parents? ". Et puis, c'est normal de demander a un enfant qui vient chez votre fils de connaitre sa famille. Les famille se rencontrent et lient amitie a travers leurs enfants. Et tu es la, un petit vient voir ton fils, tu lui demandes "petit, comment tu t'appelles?". Il te repond " je m'appelle Laurent".
"laurent?" Et tu n'as pas de nom de famille?
Je m'appelle "Gbagbo Laurent".
-Gbagbo? C'est de quelle famille? c'est de quel region de la CI?  et la dame demande a son mari "Cheri, tu sais d'ou vient le nom Gbagbo?"
Et le mari repond "heu heu, je ne sais pas moi, ca doit etre bete! mais demande au gamin, ild oit savoir d'ou il est lui meme.
La femme se reourne vers laurent. "heu, laurent, tu es gagou?
"non, madame!" Je suis bete de gagnoa.

La dame se retourne vers son mari. Cheri, mais je ne savais pas que le nom "gbagbo etait bete, le savais tu?". le mari excede repond "oh oufffff, je ne sais pas moi! s'il dit qu'il est bete, accepte ca comme, et colle la paix a ce gamin.

Et Gbagbo des son jeune age a traine ce complexe de ne pas avoir un nom qu'on connait. Un nom qui appartient a la CI. Et cela a cree en lui la revolte et le mepris de l'establishment. Il a donc tres tot commence a hair l'etat, le gouvernement et tout ce qui est de l'ordre. Ila donc decide tres tot de changer ce qui est la.

Il disait aussi un jour que lorsqu'il etait jeune, ses amis disaient ce qu'ils serait plus tard, et lorsqu'ils devrait dire ce que Laurent serait, ils disaient "comedien". Mais Gbagbo repondait "qu'il serait president". Il ne voulait pas etre president parce qu'il savait ce qu'il en ferait. Il voulait etre president simplement pour se venger de ce que la societe lui jouait comme tour. Gbagbo n'a jamais appris a etre president, il a simplement voulu se prouver a lui meme quelque chose, et une fois a al rpesidence, il ne sait meme pas quoi en faire. Et son passe  le rattrape. Il y a une elengance, une noblesse qu'on acquiert tout au long de sa vie, et qui se reflecte dans la vieillesse. Gbagbo n'a jamais eu cela des son jeune age, et dans sa vieillesse, il traine encore ce comportement delabree de pauvre individu, pourtant il est le president d'un pays.

Gbagbo a besoin de se reconcilie avec lui meme, avec son passe d'enfant qui ne connait pas son vrai pere. Il doit le faire pour sa propre stabilite interne. Sinon ce pays la aurait toujours des problemes.

mercredi 9 décembre 2009

Dossier : Café-Cacao

Lu pour vous sur le net
Dossier : Café-Cacao


Révélations sur les incarcérations des barons

• mercredi 9 décembre 2009



Lorsqu’en octobre 2007, le président Gbagbo ordonne une enquête générale dans la filière café - cacao, seulement un groupuscule de personnes avait une idée des raisons profondes de cette décision. Deux années après les chiffres qui filtrent de cette enquête révèlent que des centaines de milliards de francs Cfa ont disparu des comptes des structures de la filière, et cela n’est pas fait pour dédouaner les principaux suspects de ce dossier. Le rachat des différentes sociétés acquises par les structures de la filière café - cacao d’une part et la circulation des ressources des flux financiers de chacune des structures d’autre part a fait l’objet de plusieurs audits. Les différents cabinets sollicités à cet effet n’ont pas travaillé en vain. Que ce soit à la Bourse du café et du cacao (Bcc), à l’Autorité de régulation et de contrôle du café - cacao (Arcc), au Fonds de régulation et de contrôle du café - cacao (Frc), au Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao (Fdpcc) ou au Fonds de garantie et de contrôle des coopératives de café - cacao (Fgccc), des opérations irrégulières ont été observées sur cinq (5) exercices (2002, 2003, 2004, 2005 et 2006). Certains auditeurs n’ont pu avoir d’informations sur les activités des structures en 2007. Depuis juin 2008, Henri Kassi Amouzou (président du Fdpcc et de l’Anaproci), Tapé Do (président de la Bcc), Angéline Kili (présidente du Frc) et d’autres responsables dans la gestion de la filière de 2001 à 2008 sur qui pèsent de lourds soupçons de malversations sont détenus, préventivement, à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca). Des sources proches du ministère de l’Economie et des Finances révèlent des flux financiers assez volumineux au Fdpcc, au Frc et à la Bcc.

Au Fdpcc, les sociétés acquises sont toutes en difficulté

Le Fonds de promotion et de développement des activités de la filière café - cacao (Fdpcc) a été créé par décret en août 2001 avec plusieurs missions. Avant qu’il ne soit incarcéré en juin 2008, c’est le planteur Henri Kassi Amouzou qui présidait aux destinées du Fdpcc. Sécuriser les revenus des producteurs de café et de cacao ; organiser la filière ; contribuer au renforcement des capacités de la chambre nationale d’agriculture ; former les producteurs de café et de cacao ; contribuer au développement rural et à l’amélioration du cadre de vie des producteurs de café et de cacao ; assurer la promotion économique et sociales des producteurs de café et de cacao. Telles sont les missions du Fdpcc dont quelques unes, selon des indiscrétions, ont fait l’objet de nombreuses interprétations. Il s’agit entre autres de la sécurisation des revenus des producteurs de café et de cacao, de la contribution des filières de café et de cacao à l’amélioration du cadre de vie des producteurs et de toutes les actions de promotion économique et sociale des producteurs de café et de cacao. Plusieurs problèmes juridiques : le Fdpcc ne dispose pas à ce jour de statuts validés et approuvés par une assemblée générale, le capital social n’est pas constitué de façon formelle et libérée alors que les activités de la structure ont débuté en septembre 2001, les comptes de gestion et les rapports d’activité du conseil de gestion n’ont jamais fait l’objet d’approbation en assemblée générale. En termes de flux financiers, de septembre 2001 au 31 décembre 2006, le Fdpcc a eu comme ressources près de 300 milliards de francs Cfa, environ 240 milliards de francs Cfa comme sorties et un solde théorique de trésorerie d’environ 20 milliards de francs Cfa. Un audit révèle que dans les faits le bilan du Fdpcc présente un solde effectif d’au moins 4,5 milliards de francs Cfa. Soit un écart de 15 milliards de francs Cfa. « L’écart susmentionné fait peser sur les états financiers du Fdpcc une présomption d’erreurs », révèle un proche du dossier. Dans le détail, les ressources sont réparties entre les redevances, les produits sacheries, les produits divers, les produits financiers et les produits des cessions. Le détail des sorties indique environ 38 milliards de francs Cfa pour les achats sacherie, 144 milliards de francs Cfa pour les autres charges d’exploitation, 50 milliards de francs Cfa pour les acquisitions d’immobilisations, 373 millions pour les avances et acomptes sur immobilisations et enfin plus de 6 milliards pour les avances en comptes courants et avances au personnel. Un total d’environ 239 milliards de francs Cfa.

35 milliards de francs Cfa accordés à l’Anaproci

Au titre des charges de fonctionnement, les sources révèlent qu’une enquête a contrôlé pour la période de septembre 2001 au 31 décembre 2006 des dépenses d’un montant de près de 200 milliards de francs Cfa réparties entre sacherie, autres achats, transport, autres charges, frais de personnel, frais financiers et autres charges hors activités ordinaires ou Hao. Pour la sacherie, le Fdpcc avait indiqué un montant de plus de 35 milliards de francs Cfa. Donc un écart de 2 milliards qui a permis aux auditeurs de confirmer leur présomption quant à la non exhaustivité des enregistrements comptables. Au niveau du chapitre « dépenses autres achats » évalué à près de 24 milliards dont 5,1 milliards au titre du recensement. A ce niveau, les enquêteurs ont signalé n’avoir pas eu la preuve de la matérialisation de l’opération. Au « services extérieurs A » évalué à près de 45 milliards de francs Cfa, il est indiqué des frais d’appui à des organisations de producteurs pour un montant de plus de 35 milliards dont 21 milliards francs Cfa octroyés à l’Association nationale des producteurs de café et de cacao (Anaproci) que présidait également Henri Kassi Amouzou. Cette subvention comprend un lot de 32 véhicules, a-t-on appris. En publicité, le Fdpcc a dépensé près de 3 milliards de francs Cfa quand environ 2 milliards sont enregistrés pour des frais d’agenda, gadgets et tee-shirts. Au « services extérieurs B », plus de 11 milliards de francs Cfa sont notés pour les intermédiaires et les conseils. Les sources avancent que des auditeurs ont estimé « le niveau des décaissements relativement importants ». Au chapitre « autres charges » évalué à plus de 30 milliards figurent plus de 7 milliards au bénéfice du Fdpcc (jetons de présence et rémunérations, avantages administrateurs et budget de souveraineté du Fdpcc), plus de 20 milliards au profit des organisations de producteurs (dont plus de 14 milliards pour l’Anaproci, 4,5 milliards pour des subventions et 1,5 milliard de frais de soudures) - ces décaissements s’ajoutent aux frais de « services extérieurs A » -, plus de 2 milliards au profit de la FIF(Fédération ivoirienne de football) et d’écoles de formation et plus de 5 milliards pour des divers.

Plus 12 milliards du Fdpcc à l’Etat

Pour les charges Hao évaluées à plus de 17 milliards de francs Cfa figurent plus de 12,4 milliards au profit de l’Etat de Côte d’Ivoire. Au niveau des investissements, le Fdpcc a dépensé plus de 50 milliards de francs Cfa. Ces décaissements comprennent des bâtiments et installations techniques, des matériels et mobiliers, et du matériel de transport, plus de 22 milliards de francs Cfa pour les titres de participation (les filiales Sifca - coop, Coco Services et Cori - SA et autres participations dans les sociétés Forexi et Rougier Afrique), environ 14 milliards pour les prêts et 3 milliards pour les autres immobilisations. Sans compter les autres participations dans les sociétés Cacc - SA, Agribank, Cnra à 30 millions de francs Cfa et une usine de transformation à hauteur de 2,5 milliards de francs Cfa. Se basant sur les rapports du commissaire aux comptes (les états financiers des filiales pas disponibles au moment de l’audit), les enquêteurs ont enregistré plus de 10 milliards comme participations pour Sifca - coop. Pour les enquêteurs, l’achat de Coco Services à 7,2 milliards de francs Cfa est arbitraire du moment où l’expert évaluateur a estimé la valeur de la filiale à 3,522 milliards de francs Cfa. Pareil pour Forexi qui a été achetée à 2,4 milliards au lieu de 400 à 500 millions de francs Cfa selon un expert. Les deux sociétés ci-dessus citées ont des difficultés d’exploitation. Les prêts commerciaux et non commerciaux sont évalués à plus de 13,502 milliards de francs Cfa dont 8,3 milliards aux coopératives alors que le Fdpcc a révélé un taux de recouvrement de 1% pour les coopératives. Plusieurs observations ont été faites. Notamment la nature et le niveau de décaissement de 35 milliards de francs Cfa au profit de l’Anaproci ainsi que plus de 20 milliards au profit d’intermédiaires et conseils. Les principaux membres du Conseil de gestion du Fdpcc étaient en même temps les dirigeants de l’Anaproci. Sur une période de deux ans, le Fdpcc a décaissé 5 milliards de francs Cfa au profit d’un cabinet et 7 milliards en faveur d’un expert. Six mois avant son incarcération, précisément le jeudi 24 janvier au siège de l’Anaproci, le président Henri Amouzou avait lancé de graves accusations lors d’une sortie. Accusant des fonctionnaires et autres agents d’Etat des structures gérant la filière d’être à la base de nombreux cas de mauvaise gestion dans la filière café - cacao « que les planteurs et les vieux ne peuvent imaginer ».

Le Frc, un solde déficitaire

Le Fonds de régulation et de contrôle café - cacao (Frc), que présidait Angeline Kili au moment de son arrestation, a été créé par décret en octobre 2001 avec plusieurs missions. Signer avec la Bcc (Bourse du café et du cacao) des engagements d’exportations avec les exportateurs ; contrôler la situation financière des exportateurs et le suivi de leur engagement à l’égard de la Bcc et du Frc ; établir la publication d’un barème permettant de définir à partir du prix CAF de référence, le prix indicatif bord champ en liaison avec la Bcc ; faire la régulation financière d’une façon générale ainsi que la gestion de la trésorerie conformément aux objectifs de l’activité des opérateurs de la filière café - cacao définis par l’ordonnance 2000 - 583 du 17 août 2000 ; réaliser le cas échéant des garanties dont sont assortis les engagements d’exportation et les agréments des exportateurs. Le fonds a également pour missions : communiquer à l’Autorité de régulation du café et du cacao (Arcc) toute information relative aux violations par les exportateurs de leurs engagements contractuels ; promouvoir les petits et moyens exportateurs et les coopératives exportatrices ; promouvoir la qualité du cacao et du café ivoiriens ; poursuivre, par toutes les voies de droit, le recouvrement des sommes qui sont dues au titre des engagements d’exportations ; percevoir, pour son compte et pour ceux de l’Arcc, du Fdpcc et de la Bcc des redevances prélevées sur les produits des filières dans les mêmes conditions que le Droit unique de sorties (DUS), en contrepartie de leurs prestations. Pour la période de sa création au 31 décembre 2006, le Frc a eu trois principaux types de ressources (les ressources propres d’exploitation constituées essentiellement par la redevance café- cacao destinée au Frc, la réserve de prudence destinée à toute la filière, la redevance Fdpcc investissement destinée en principe aux investissements à réaliser par le Fdpcc). En termes de flux financiers, de octobre 2001 au 31 décembre 2006, le Frc a eu plus de 21 milliards de francs comme ressources et près 24 milliards de francs Cfa comme sorties. Il est observé un solde théorique de trésorerie de plus de 2 milliards de francs Cfa. La conséquence de ce problème de trésorerie, c’est une ponction sur la réserve de prudence dont le Frc avait la gestion sur la période. En dépenses de fonctionnement, plus de 21 milliards sont signalés. Les autres charges ont enregistré 700 millions de francs Cfa de dons et d’indemnités au Comité des Sages quand le Conseil d’administration enregistre près de 2 milliards de francs Cfa. De 2002 à 2006, les charges du personnel ont évolué de 500 millions de francs Cfa à plus de 1,5 milliard de francs. Pour la même période, le montant des salaires des cinq personnes les mieux rémunérées s’élève à près de 2 milliards de francs Cfa.

La réserve de prudence et la redevance Fdpcc - investissement délogées de la Bceao

Instituée par le Gouvernement ivoirien à l’effet d’aider à soutenir les prix d’achat de cacao et de café aux producteurs en cas d’un éventuel effondrement des prix des matières sur le marché international, la réserve de prudence a été logée à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dans un objectif de sécurisation. Au cours de leur contrôle de la période de 2001 à 2006, les enquêteurs ont constaté que la réserve de prudence initialement logée dans un compte séquestre Bceao a été transférée dans des comptes commerciaux du Frc. C’est un montant total de 243,9 milliards de francs Cfa qui a été géré par le Frc au titre de la réserve de prudence dont 5,9 milliards d’intérêts capitalisés. Sur ces 243,9 milliards, 184 ont été utilisés. Par conséquent, la variation de la trésorerie est de 59,9 milliards de francs Cfa. Cependant, le Frc a présenté un état de décaissements de 151 milliards opéré sur la réserve de prudence. Initialement logée à la Bceao, la redevance Fdpcc - investissement a également été délogée et transférée dans des comptes commerciaux. En principe, cette redevance est destinée au financement des investissements Fdpcc. Au 31 décembre 2006, ce prélèvement a généré 195,2 milliards selon les documents remis aux auditeurs. Les sorties au titre de cette redevance sont évaluées à 202,7 milliards. Selon le Frc, ces fonds ont été reversés au Fdpcc. Aucune preuve n’a été donnée du côté du Fdpcc sur cette opération sauf pour une traçabilité de près 23 de milliards et le Frc n’a pas non plus le détail effectif de ces reversements qu’il dit avoir effectué. Dans tous les cas, dans la forme comme dans le fond, il y a eu un problème au niveau de la gestion de ces fonds (de la réserve de prudence et de la redevance Fdpcc - investissement) qui ont perdu toute sécurité dès lors qu’ils ont été délogés de la Bceao. Maintenant, il reste à savoir pourquoi et comment ces fonds ont été délogés et par qui. Le Gouvernement ivoirien n’aurait-il pas été informé de cette opération ?

Le Frc et l’usine de Fulton

Les enquêteurs ont noté qu’une partie importante des libellés du Frc ne sont pas précis, que la traçabilité d’un montant de plus 50 milliards de francs Cfa n’est pas avérée, qu’une partie des décaissements a permis de financer l’acquisition de l’usine de Fulton à New York (Etats-Unis), la construction d’une usine à Soubré et l’acquisition de titres de participation. Au 31 décembre 2006, les dépenses au titre de l’usine de Fulton se sont élevées à près de 22 milliards de francs Cfa sous réserve de l’état financier non disponible. Au 31 décembre 2006, les travaux de l’usine de Soubré débutés en 2005 étaient estimés à environ 1,6 milliard de francs Cfa. Créée pour racheter les actions de la société Dafci qui devait être chargée du conditionnement des fèves de cacao en vue d’alimenter l’usine de Fulton, la Cofimap a engendré des dépenses estimées à 3,5 milliards de francs Cfa. Selon des sources concordantes, le Commissaire aux comptes du Frc a fait savoir que la Banque au financement de l’Agriculture (Bfa) a une situation nette comptable négative de 7,5 milliards de francs Cfa. Avec la Société d’aménagements ruraux et d’équipements de mécanisation agricole (Sarem) qui a débuté son activité en 2004, la situation nette comptable est également négative. Selon le commissaire aux comptes du Frc, elle est passée de moins 75,4 millions de francs Cfa à moins 341,7 millions en 2005. Au finish, il est révélé qu’au Frc, les charges d’exploitation excédent les ressources propres du Frc.

A la Bcc, plus de 3 milliards de frais de missions en 5 ans

Présidée par Tapé Do jusqu’en juin 2008, la Bourse du café et du cacao (Bcc) a été créée par décret en octobre 2001. En charge de la régulation commerciale de la filière, la Bcc a plusieurs missions : la mise en œuvre, en liaison avec l’Arcc et le Frc, d’un mécanisme de garantie d’un revenu et d’un prix rémunérateur aux producteurs ; la prévision de récolte et la tenue des statistiques en liaison avec l’Arcc ; le suivi des stocks et des déclarations d’achat conjointement avec le Frc ; la promotion du café et du cacao ivoiriens sur le marché international ; la promotion du label ivoire. En termes de flux financiers, de octobre 2001 au 31 décembre 2006, la Bcc a eu comme ressources près de 52 milliards de francs et environ 48 milliards de francs Cfa comme sorties. Le solde théorique est établi à près de 3,5 milliards de francs Cfa. Après contrôle, le bilan de la Bcc est déficitaire avec un écart de près de 4 milliards de Cfa dans la gestion. A la Bcc, les défenses de fonctionnement sont estimées à près de 38 milliards de francs Cfa. Les enquêteurs ont découvert qu’au niveau des services extérieurs A, les frais de publicité, de foire et de télécommunications sont élevés. Ils sont respectivement de près de 5 milliards de francs Cfa et de plus de 2 milliards de francs Cfa. Au chapitre services extérieurs B, les frais de missions dament le pion avec près de 3 milliards de francs Cfa suivis des frais des honoraires (près de 2,5 milliards). En sus, les charges du personnel ont évolué de 2002 à 2006 : 2,3 à 2,5 milliards. Les cinq personnes les mieux payées de la Bcc ont près de 2 milliards de francs Cfa. Pour ce qui concerne les investissements, la Bcc a investi près de 6 milliards de francs Cfa. Et, les investissements importants ont été réalisés sur la période 2003 - 2004 pour un montant de plus de 1 milliard dans l’acquisition de bâtiments à San Pedro et à Abidjan. Selon des sources proches des auditeurs, il a été noté un écart de 3 milliards de francs sur le solde de la trésorerie.

Les exportateurs, les ports, la douane ...

Il a été noté au cours des investigations qu’autant les malversations dans la gestion de la filière café cacao étaient visibles, autant il en était de même au niveau des opérations commerciales d’exportation du café et du cacao. Ainsi, des sources indiquent que suite à des contrôles opportuns et minutieux sur la période de 2002 à 2008, il a été observé plusieurs anomalies dans les structures de la filière café - cacao et des écarts entre leurs chiffres apportés par les structures de gestion de la filière et ceux de la douane ivoirienne d’une part et d’autre part entre leurs chiffres et ceux des ports d’autre part. Dans cette investigation, au titre des dommages financiers sur les opérations d’exportation dans le secteur café - cacao, on note qu’environ 1000 milliards de recettes devant revenir à l’Etat ont disparu au profit des exportateurs et d’autres individus. Au niveau des structures de la filière café - cacao, ce sont plus 500 milliards de francs Cfa de dépenses douteuses, d’écarts de tonnage et d’exonérations qui ont été constatés. Des sources avancent que le Gouvernement ivoirien peut constituer une commission pour recouvrer toutes ces recettes perdues dans la filière café - cacao qui se chiffrent à plus de 1500 milliards de francs Cfa. En attendant, l’Etat doit de l’argent aux experts qui ont produit des enquêtes sur les flux financiers dans la filière café - cacao alors qu’ils ont reçu cette mission officielle dans le cadre de l’enquête dans la filière café - cacao lancé depuis 2007. Les sources avancent que l’attente de ces spécialistes de l’enquête dure depuis plusieurs mois déjà. Et, on leur fait faire des navettes entre le ministère de la Justice et le ministère de l’Economie et des Finances. Le Président de la République est-il informé de cette situation qui pourrait déranger et gêner l’enquête en cours ? A qui profite le refus de payer les experts ? Affaire à suivre.