jeudi 9 juillet 2015

Ouattara a acheté 60 milliards d’armes pour ne pas perdre le pouvoir

Selon un document ultra confidentiel de la DGSE française : Ouattara a acheté 60 milliards d’armes pour ne pas perdre le pouvoir

CIVOX. NET
A quatre mois de l’élection présidentielle, Alassane Ouattara a peur de perdre le pouvoir. Pour cela, son chef d’état major particulier a réceptionné le 14 janvier 2015 au port de Cotonou des conteneurs d’armes d’une valeur de 120 millions de dollars US destinés en principe au Bénin. Ces conteneurs entreposés pendant quelque temps au Palais présidentiel ont atterri dans le hameau de Gamina, une zone d’extraction illégale de diamant au nord de la Côte d’Ivoire. Les dédales de ces transactions sont minutieusement documentés par un rapport des renseignements généraux français supervisés par Alexis Bitaudeau, le chef de l’antenne de la DGSE de Cotonou. Violation de l’embargo, gros sous, corruption, blanchiment d’argent à travers diverses sociétés écran, recrutement de mercenaires… se mêlent dans cette affaire qui montre l’état d’esprit du régime qui est prêt à tout pour conserver le pouvoir.
La fin du désarmement n’a pas fait disparaître les peurs. A commencer par le chef de l’Etat lui-même dont le régime craint le retour des 18.000 ex-combattants surarmés et que ses services n’arrivent pas à localiser dans le pays. Mais Ouattara a d’autres peurs : les infiltrations de Boko Haram. Ajoutés à cela les tensions politiques et les risques d’une guerre de revanche, la présidence ivoirienne a décidé de se prémunir malgré l’embargo sur les armes en vigueur en raison de la résolution 2153 du Conseil de sécurité de l’Onu du 29 avril 2014. Cette résolution reconduit en fait l’embargo sur les livraisons d’armes et de matériels militaires à destination de la Côte d’Ivoire. Ainsi pour contourner l’embargo, le président a décidé de monter un stratagème avec son homologue du Bénin Yayi Boni, selon un rapport utra confidentiel de l’antenne locale de la direction générale de la sécurité extérieure, la DGSE. Selon ce rapport très détaillé sur les tenants et aboutissants de cette affaire, le ministre ivoirien de la défense Paul Koffi Koffi et son homologue de la défense nationale du Bénin Théophile Yarou se sont rencontré à Abidjan le 13 avril 2014 pour discuter d’un pré- accord secret visant l’acquisition extrabudgétaire d’armes de guerre et de matériels militaires personnellement couverte par le Président Yayi Boni pour un montant total de 120 millions de dollars US soit 60 milliards de Francs CFA au profit des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Fin janvier 2015, cet accord verbal est acquis lors d’une rencontre à Cotonou, au Bénin, entre le général de brigade Diomandé Vagondo, chef d’état-major particulier du Président Ouattara et le colonel Coucouvi Amoussou, Directeur du cabinet militaire du Président Yayi. A la fin de cette séance de travail entre les deux proches des deux présidents, la société Agro-West Industries appartenant à Phillip Nakad un citoyen franco-turc est choisie pour démarcher les vendeurs d’armes. Phillip Nakad fait ainsi appel à Frédéric Laurent Bouquet, un trafiquant notoire d’armes et de stupéfiants de nationalité française. Frédéric Laurent est également un ancien bagnard qui a été incarcéré à de multiples reprises, et singulièrement courant 2011 au Venezuela pour trafic d’armes et de stupéfiants. Côté Palais ivoirien, le petit frère du chef de l’Etat Birahima Téné Ouattara qui est également ministre des affaires présidentielles est aux manettes. Selon les renseignements français, c’est lui qui inspire le système de financement de cette opération entre juin 2014 et janvier 2015 avec la complicité active du président béninois. Le 2 janvier 2015, le ministre des affaires présidentielles de Côte d’Ivoire ordonne ainsi le versement de 57,5 milliards sur un compte numéroté à Hsbc Private Bank Genève en suisse appartenant en réalité à Yayi Boni. Cette somme constitue en fait la contrepartie financière nécessitée par l’amicale aide du président béninois décrit par les français comme « une personnalité cupide et mercantile ». 
Quatre ordres de virement des 120 millions de dollars US soit 60 milliards Fcfa sont ainsi fait au profit de deux sociétés écran de droit chypriote et dont les bénéficiaires ne sont autres que Marcel Souza et Chabi Yayi, respectivement beau-frère et fils du président béninois. Pour financer ces achats, la présidence ivoirienne met à contribution la filière café-cacao et singulièrement les sociétés détenues par les barons de la filière proches de Ouattara financées sur les fonds de souveraineté de la présidence ivoirienne. Il s’agit de Sonemat de Malick Tohé, proche de Guillaume Soro, Africa Sourcing de Loïc Folloroux fondée par le fils de la première dame, Agricutural Commodities de Ezzédine Yasser homme d’affaires ivoiro-libanais proche de Bédié et Agro West Africa de Zoumana Bakayoko, le frère aîné du ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko. « La méthode choisit par la présidence ivoirienne pour financer ces acquisitions a essentiellement consisté à mettre la filière café-cacao à contribution à travers un système illégal de préventes aux majors de la filière, piloté le Conseil du Café-Cacao, structure étatique chargée en Côte d’Ivoire de la Gestion de cette filière. Des acteurs locaux de la filière café-cacao proches du pouvoir ont été fortement impliqués dans le schéma de ces achats illégaux grâce à des entreprises créées et financées à partir du fonds spécial de souveraineté de la présidence ivoirienne pour réceptionner d’importants tonnages de produits bruts initialement acquis par ces majors lors de la campagne agricole 2014-2015 », accuse le rapport. Ces structures vont alors servir d’écran au cabinet présidentiel pour mobiliser plusieurs millions de tonnes de produits bruts auprès des majors américains du cacao, principalement ADM, CARGILL, OUTSPAN… Leur vente va permettre de faire, de février à mars 2015, des virements bancaires des 60 milliards au profit du président Yayi Boni et de trois de ses proches. Dès lors, le capitaine de vaisseau Randolphe Houenou, responsable de la Direction du matériel au ministère de la défense nationale du Bénin est instruit par sa hiérarchie pour incorporer la commande de 60 milliards d’armes à la dotation des Forces Armées du Bénin (FAB). Le tour est ainsi joué. « Des munitions, des armes légères, des hélicoptères de combat (livrés en pièces détachées), des missiles, des mines antipersonnelles sont ainsi livrés au Bénin avec la Côte d‘Ivoire comme partie prenante non déclarée. Des centaines de milliers de dollars du fonds spécial de souveraineté de la présidence ivoirienne transitent alors par des comptes domiciliés en Suisse, au Luxembourg et au Portugal appartenant à des proches du Président Yayi Boni », note le rapport. 
Selon le coordinateur du groupe d’experts de l’ONU, le hameau de Gamina où sont entreposés les conteneurs d’armes acquis grâce à l’intervention du président béninois est également une zone d’extraction illégale de diamant et sert de base militaire aux anciens rebelles proches de Guillaume Soro. 500 mercenaires centrafricains de l’ex Séléka y sont logés et constituent une force parallèle aux FRCI. Selon ce rapport de la DGSE, ces 500 ex-Séléka ont été recrutés par la présidence ivoirienne ellemême et disposent d’une puissance de feu supérieure à l’armée régulière « dont Ouattara qui développe de plus en plus une espèce de complotite, pourrait se servir », notent encore les français. 
  
Les recommandations de la DGSE à la hiérarchie politique à l’issue de cette enquête 
  
* Pour le Bénin, renforcer le dispositif de veille stratégique de ses importations d’achats d’armes et de matériels militaires. 
  
*Pour la Côte d’Ivoire, encourager la montée en puissance des Forces françaises en Côte d’Ivoire pour neutraliser la milice parallèle au service exclusif 
du clan Ouattara au sein des FRCI. 

*Travailler à l’identification des supplétifs centrafricains et la saisine du bureau du procureur de la CPI, pour une enquête officielle sur leurs activités en Côte d’Ivoire. 
  
* Exercer une pression réelle sur le président Ouattara pour une libération immédiate 
et sans contre partie des principaux opposants à son régime incarcérés pour des raisons politiques. 
  
*L’accompagnement discret de la société civile ivoirienne dans ses efforts d’élaboration d’une alternative démocratique. 
  
*Une analyse exhaustive de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, afin d’évaluer 
les risques encourus par les populations civiles faces aux diverses menaces auxquelles, elles pourraient être confrontées avec la tenue des élections générales dans le climat conflictuel qui prévaut en ce moment dans ce pays. 
  
* Le maintien et le renforcement de l’embargo sur les armes à destination de la 
Côte d’Ivoire. 
Sévérine Blé 
  
Source : Aujourd’hui / N°925