mercredi 29 octobre 2008

Attaques du 19 septembre 2002, événements de novembre 2004, libération de Bouaké

Le patriote, 28 Octobre 2008
Général Mathias Doué : “Ma part de vérité”




























Il est révolté. Le général Mathias Doué n’avait jamais autant parlé dans la presse nationale et internationale. Lorsque, le mercredi dernier j’ai approché un des hommes de main de l’ancien chef d’Etat major des FANCI pour qu’il crée le contact entre l’officier supérieur et moi, il faut avouer, à dire vrai, que je n’y croyais pas trop. En dépit de l’assurance que celui-ci m’avait pourtant donnée en soutenant que dans le principe, il n’y avait pas de problème. Mais qu’il allait d’abord en parler à son ‘’boss’’. Dès cet instant, des questions ont commencé à défiler dans ma tête. Puis, dans l’après-midi du jeudi 20 octobre, mon contact m’appelle. ‘’Yves Abiet, tu as de la chance, j’ai parlé de ton intention au général de l’interviewer, il a dit qu’il n’y a pas de problème. Viens maintenant, vous faites l’interview à 14 h, au téléphone, à mon domicile’’. Un coup d’œil sur ma montre indique 13H 45. Or l’homme de main du général réside à Angré et la Rédaction elle, se trouve à Marcory Rue du Canal. S’engage alors une course contre la montre. Avec instruction claire au chauffeur du véhicule de la Rédaction d’être à Angré au plus tard à 14H. Ce qu’il réussit car, il n’ y avait aucun embouteillage sur la route.
Quelques minutes de ‘’salamalecks’’ avec mon contact. ‘’On dit quoi, tu es à l’heure. Le général va te parler’’ me dit-il. Et de composer un numéro européen. Je l’entends dire à quelqu’un de le rappeler. Ce que la personne fait immédiatement. ‘’Mon général, je te passe le journaliste du Patriote dont je t’ai parlé’’ dit-il. Avant de mettre le haut-parleur de son téléphone portable. Au bout du fil, c’est bel et bien le général Mathias Doué. Le verbe posé, il a assené ses quatre vérités à Laurent Gbagbo, son épouse Simone. Dans cet entretien à bâtons rompus, l’ancien patron des armées dévoile des secrets d’Etat. Comme s’il mourait d’envie de témoigner, le général Doué a parlé. Il a dit des choses que la Rédaction a jugé utile de retirer pour des raisons qui sont évidentes. Parce que justement, notre rôle est certes de vendre, mais aussi de contribuer à la consolidation du processus de sortie de crise. J’ai eu près d’une heure d’interview avec l’ancien membre du tout aussi ancien ‘’Conseil national de salut public’’ (CNSP), l’émanation de la junte militaire au pouvoir de 1999 à 2000. Mathias Doué comme vous ne l’avez jamais entendu parler.

A quelques jours du mois de septembre 2002, toutes les unités étaient en état d’alerte maximum. L’Etat-major était informé d’un certain nombre de mouvements. En tant que chef d’Etat-major, je me suis dit qu’il fallait vérifier la véracité des faits. Je suis allé voir le ministre de la Défense. Il ne m’a pas reçu. Il était enfermé dans son bureau avec certains officiers. Ils ont discuté pendant plus de 11 heures. Sa secrétaire m’a dit :’’mon général, le ministre ne veut pas qu’on le dérange’’. Quand je suis sorti de là, je suis retourné à l’Etat-major, j’ai réuni le staff et on a fait nos analyses. Le 2 septembre 2002, j’ai envoyé un message à toutes les unités de Côte d’Ivoire pour les mettre en alerte et donner des instructions conséquentes. Nous avions demandé de retirer les unités d’élites d’Abidjan et ouvrir un couloir entre Abidjan et le nord du pays. Cela a créé des incidences diplomatiques. Vous pouvez mener vos investigations au niveau de la présidence de la République. Ils vous confirmeront cela. Quand ces personnalités sont allées voir le Président de la République pour lui demander pourquoi le général Doué met les troupes en alerte, le Président de la République leur a répondu qu’il n’était pas le Chef d’Etat major et leur a demandé d’aller voir le Chef d’Etat major que j’étais. (…) Et c’est ainsi que la rébellion est venue à Abidjan où elle a mordu la poussière. (…) Le ministre de la Défense à l’époque, était passé à la télévision pour raconter ces faits là. Mon domicile a été attaqué. Et quand mon domicile a été attaqué, j’ai réuni des gens pour la riposte et ce sont dans ces affrontements que l’un de mes officiers a eu une balle dans le bras. Ça, vous ne l’avez jamais su. C’est aujourd’hui que vous l’apprenez. Et après, les heures qui ont suivi, j’ai fait venir les éléments d’Akouedo qui, sous mes yeux ont matraqué la rébellion à l’Ecole la Gendarmerie. Mais avant que j’aille à Akouedo, juste à la hauteur de l’INA, j’ai eu un contact avec les rebelles. On a échangé. J’ai réussi à localiser les éléments. Et c’est le commandant de Toulepleu, brave garçon, qui a mené les opérations avec Guiai Bi Poin. Ce sont des hommes que j’ai formés et mis à la disposition de la nation. Mais est-ce pour autant qu’il faut faire un tapage ? Moi, avec l’armée que j’avais, j’ai tenu tête à des hommes qui se sont préparés durant au moins 3 ans. Ils ont fait un premier essai en 2000 et un autre en 2001.

Comment nous avons
dérouté la rébellion

J’ai dû faire appel à des amis pour m’envoyer des munitions. Ils m’ont fait livrer les munitions dans des cargos français. Imaginez qu’on n’ait pas eu ce soutien des Français. Que se serait-il passé ? Et c’est comme cela que j’ai eu mes premières munitions. Ce sont les soldats français qui m’ont donné les premiers véhicules que j’ai déployés sur le terrain. La deuxième série de véhicules est venue après. Nous sommes à Abidjan, nous demandons des véhicules et les concessionnaires se permettent de nous dire qu’il n’y a pas de véhicules à mettre à la disposition de l’armée ivoirienne. Plus tard, j’apprends que des convois humanitaires se dirigent vers le Nord du pays. J’ai demandé qu’on bloque tous ces véhicules et qu’on les fasse revenir sur Abidjan. C’est ainsi que nous avons eu nos tout premiers véhicules avec lesquels nous avons démarré. Il n’y avait rien dans nos compagnies blindées. Malgré cela, j’ai demandé que l’on repousse les assaillants jusqu’à la sortie de l’autoroute et ensuite à la sortie de Tiebissou. Parce que ce que mon intuition me disait, c’est que les rebelles allaient revenir sur Abidjan. Imaginez-vous que la rébellion prenne Yamoussoukro, Toumodi jusqu’à N’Zianouan et aille vers Bouaflé, Issia, Gagnoa, Daloa. Imaginez-vous un pays où les rebelles occupent la terre natale du Président de la République et qu’ils occupent San Pedro et plusieurs aérodromes. Que serait devenue la Côte d’Ivoire ? C’est ce que nous n’avons pas voulu. Avec le minimum, nous avons été obligés de faire le maximum. Il faut plutôt rendre hommage aux soldats qui, malgré leurs maigres moyens, ont préservé une grande partie du territoire. Il faut exploiter le patriotisme dans le bons sens. Et non profiter de ce patriotisme là pour opposer les enfants de la Côte d’Ivoire entre eux. Ce sont les enfants d’une même patrie.

Les événements
de novembre 2004

Il faut laisser d’autres personnes gouverner pour sauvegarder la patrie. Il y a des gens qui disent que le général a peur. Mais, avoir peur de qui ? Ceux qui le disent, je dis qu’ils sont des idiots. D’après eux, la France avait préparé un coup d’Etat et qu’on devait me conduire à la télévision pour prononcer un discours et prendre le pouvoir. Ceux qui le disent ont-ils la preuve de ce qu’ils avancent. Y avait-il vraiment velléité de coup d’Etat en 2004 ? Je dis non ! Nous n’avons appris cela nulle part. Nous ne concevons pas qu’en tant que Chef d’Etat major, il était de notre devoir de poignarder le Chef de l’Etat dans le dos. Cela ne fait pas partie de notre culture. Il faut que les Ivoiriens comprennent cela. Ce n’est pas parce qu’on a peur, qu’on recule devant certaines situations. Ce jour là, j’ai eu mal pour mon armée. Le 19 septembre 2002 on a affronté les rebelles. A la tête de l’Eta- major notre rôle est bien simple. Nous avons la responsabilité des opérations. Nous avons la responsabilité d’aider l’autorité à conduire son mandat. Nous ne sommes pas là pour faire des coups d’Etat. Ce jour-là, j’ai fait au moins dix aller-retour à la résidence du Chef de l’Etat. Et c’est lorsque quelqu’un dans la foule m’a reconnu, il a dit ceci : ‘’Mais c’est pas le général Doué dont on dit qu’il est dans un char pour aller prendre le pouvoir qui est là ?’’. J’ai pitié pour mon pays et pitié pour tous ceux qui, comme Mamadou Koulibaly ont favorisé cette rumeur. Dans mon éducation, on ne m’a pas appris la traîtrise. C’est pour quoi, je dis que ce sont des nains politiques qui sont autour du chef de l’Etat.

Ce que j’ai demandé
pour libérer le pays

J’ai demandé au chef de l’Etat de me donner les moyens conséquents pour reconquérir tout le pays. Si j’ai ces moyens, je vous redonne le pays réunifié en trois mois. Voilà ce que j’ai dit au chef de l’Etat. Parce que ce que je devais faire, c’est un combat d’envergure. Ce n’était pas un petit combat. C’était de libérer 60% du territoire. Mais ces moyens ne sont jamais venus. Alors qu’est ce qu’ils racontent? (…) Ce n’est pas le plus important de rouler dans les grosses cylindrées dans les rues d’Abidjan. Ce qu’on leur demande, c’est de faire de la haute stratégie pour éviter certaines situations au pays.

La libération de Bouaké

Il y a eu deux étapes. Nous sommes entrés dans Bouaké et cela a coïncidé avec l’arrivée des Français dans la ville. Vous vous rappelez qu’un ministre de la République a dit à la télévision que nos troupes avaient repris Bouaké. Cette libération de Bouaké n’était pas une initiative de l’Etat-major. Parce que nous ne pouvions pas envoyé nos éléments à l’abattoir dans une zone contrôlée par les rebelles. Donc je suis allé à Yamoussoukro pour savoir qui était à l’origine de cette opération suicidaire. Ils ont envoyé 300 soldats à l’abattoir. Parce que c’est comme si on demandait à ces 300 hommes de libérer tout le Plateau, Treichville. Et l’ENSOA où ils sont allés, est en contact avec une forêt. J’ai discuté avec le colonel Mangou à cette époque et je lui ai demandé qui a autorisé cette opération-là ? Mais après j’ai compris d’où ça venait. On ne se lève pas comme ça du jour au lendemain pour dire qu’on a appris de la stratégie pour livrer ses hommes. (…) Et il annonce que nos avons pris Bouaké. Il a fait sortir la population à la suite de cette information qui est dangereuse pour elle. Mais les rebelles ont réagi. Heureusement que celui qui dirigeait l’opération a replié. Ils se sont retrouvés nez à nez avec des gens qui étaient plus forts qu’eux, qui étaient surarmés. Ils ont laissé un engin blindé sur le terrain. Les gens se sont dispersés pour se retrouver quelques heures plus tard à M’Bahiakro. (…) Des soldats ont demandé de l’aide et du renfort. On leur a fait parvenir des sachets d’eau et des préservatifs. Vous vous en rendez compte ? Pour faire cela, il faut être cynique et ne rien connaître de l’armée. Parce que nous, nous connaissons la différence entre des sachets d’eau, des préservatifs et des munitions. Mais les auteurs de telles choses auront des comptes à rendre un jour à la nation ivoirienne. Pareil pour Man où nous avons laissé un capitaine sur le terrain, le capitaine Doh. Et les Français ont eu dix blessés dans leur rang dans les affrontements avec la rébellion. Et il se trouve des gens pour dire que les Français ne nous ont pas aidés ?

La déclaration de fin de guerre du 4 juillet 2003

Un ministre FPI s’est demandé si les militaires s’en étaient référés aux politiques avant de signer la déclaration de fin de guerre. Vous voyez, c’est cet esprit qui habite nos frères qui sont autour du président de la République qui va perdre le président Gbagbo. Et ce n’est pas loin. Que s’est-il passé pour qu’on signe cette déclaration ? La communauté internationale a obtenu de Laurent Gbagbo qu’il n’utilise plus ses avions de guerre. Mais quand les rebelles de la région de Man, ont eu cette information, ils ont fait venir quarante huit heures après des milliers de rebelles libériens dans leurs zones près à les engager dans une offensive sur San Pedro. Ce qui leur permettrait d’avoir un port et un aérodrome. J’avais des informateurs au Liberia et à San Pedro qui m’ont fait parvenir cette information. Et c’est ainsi que j’ai eu un coup de fil de Mangou. Il m’appelle papa. Il m’a demandé de dire au président de la République de lui permettre d’utiliser les avions de guerre. Je lui ai dis fiston : ‘’le président a donné sa parole à la communauté internationale’’ mais je vais essayer. J’ai appelé le président Gbagbo. Il m’a répondu : ‘’Mathias, pardon, j’ai donné la parole à la communauté internationale, donc gère ton affaire-là autrement’’. Il m’a dit qu’il n’a rien d’autre. Je lui ai rappelé que je lui avais envoyé des artilleries sol sol. Il sont plus efficaces que les avions de guerre qu’on appelait les ‘’cacamou’’. Je lui ai indiqué les endroits où il devait les déployer parce que j’ai la carte de la Côte d’Ivoire dans la tête. Et c’est à l’issue de cette action que nous avons pu sauver le port de San Pedro. Après cela, il y a une conférence à Kara (Ndlr le village natal de feu le président Togolais Eyadema) entre le président Gbagbo, Charles Taylor, les représentants du MPCI et le président Eyadema lui-même. C’était le 26 avril 2003.
Toutes ces autorités ont demandé qu’une conférence se tienne à Abidjan qui puisse réunir, sous l’égide de la CEDEAO, les Forces loyalistes de l’époque, le MPCI, la Licorne et la MICECI (Ndlr Mission de la Cedeao en Côte d’Ivoire), avec comme objectif de débarrasser la Côte d’Ivoire des rebelles libériens. Et Charles Taylor a donné son accord. Donc lorsque nous nous sommes retrouvés le 29 avril, et à la fin de la réunion, nous avons abouti à la conclusion que nous sommes obligés de faire une déclaration conjointe de fin de cessation des hostilités. Pour sortir de cette situation de belligérance pour nous consacrer à l’ennemi commun. Ce que nous avons fait et quelques semaines plus tard nous avons mené l’opération au cours de laquelle nous avons nettoyé l’ouest des rebelles libériens. Après cela, Tuo Fozié des Forces nouvelles est venu me voir et il m’a dit, ‘’Vieux père, après ce qui s’est passé à l’ouest-là, il faut qu’on arrête toutes ces choses-là, ce sont des histoires’’.
Toutes les dispositions avaient été prises pour que les chefs traditionnels qui étaient dans cette salle ce jour-là, enclenchent le processus traditionnel de la réconciliation. Vous savez ce que le chef de l’Etat a dit ce jour-là? Il a dit qu’il déclarera la fin de la guerre quand il le voudra. Cela nous a désorientés. On a encaissé. C’est parce qu’il a autour de lui, des gens qui ne comprennent rien. Pourtant de notre côté, nous avons constaté que les Forces nouvelles étaient prêtes à amorcer ce processus de réconciliation, et étaient même prêtes à libérer les maisons occupées pour favoriser le retour des populations.

L’acte de Mme Gbagbo qui a humilié les soldats

C’est ainsi que nous sommes allés le 13 novembre 2003 à l’Ecole de gendarmerie, à la levée de corps officielle des soldats qui avaient étés tués. Mais ce qui a choqué tous ceux qui étaient là en général et les épouses des gendarmes tombés au front en particulier, c’était l’absence de Simone Ehivet Gbagbo aux côtés des veuves et des orphelins. J’ai même fait la remarque au président Laurent Gbagbo. Je lui ai dit que la seule personne qui pouvait être là, aux côtés des veuves et des orphelins, c’est votre épouse. Parce que c’est pour elle et pour vous que ces gendarmes et militaires sont morts. Et c’est pour vous que leurs enfants sont devenus aujourd’hui des orphelins. Il n’y a pas plus grande offense que de se comporter ainsi envers des soldats qui ont payé le prix du sang pour eux. Et cette offense-là, les soldats ne l’ont jamais oubliée. Et s’ils en ont l’occasion, ils vont la lui faire payer de sorte qu’elle ne s’en sortira jamais. Parce que, c’est un acte de mépris qu’aucun soldat ne peut oublier ni pardonner. Ils auront des comptes à rendre plus tard, qu’ils s’en souviennent. (…) Donc quand on a fait cela et qu’il se présente à vous, une occasion de réconciliation, cous sautez là-dessus. Il faut corriger les différents ratés. (…) Mais en réalité Gbagbo a refusé toutes les propositions de sortie de crise proposées depuis de longues dates. Il reste toujours dans sa logique de guerre. Il ne veut pas aller aux élections.

Gbagbo ne veut pas aller aux élections que faisons-nous?

Voilà où nous en sommes de 2004 à 2008. Il y a eu les déchets toxiques, la cherté de la vie, les scandales à n’en point finir. Gbagbo ne veut pas aller aux élections, que faisons-nous? Que font les Ivoiriens? Que fait cette population que les déchets toxiques tuent ? Que fait cette population qui s’aligne devant les maquis pour manger les restes ? Ce n’est pas la CEDEAO qui va régler cela. Ce n’est pas la communauté internationale qui va régler nos problèmes. Ce que je voudrais ajouter pour terminer, c’est qu’il faut que le président de la République comprenne ceci. Dans l’évolution de la vie d’un homme que Dieu a suscité pour accomplir une mission, il y des étapes. Et à chaque étape, correspond un changement de statut dans l’action, et le comportement. Cela veut dire quoi ? Gbagbo Laurent a connu trois étapes que sont : la phase d’opposant, celle de marche vers le pouvoir et enfin la phase de la conquête du pouvoir. Maintenant qu’il est à la tête du pays, il a changé de statut. Ce n’est plus l’opposant Gbagbo Laurent, mais c’est désormais Son Excellence M. Le président de la République Laurent Gbagbo. Et par rapport à ce changement, il y a un changement d’action et de comportement qui doit avoir lieu chez lui. Il ne peut plus se comporter en opposant. Il faut qu’il se débarrasse de ses habitudes d’opposant. C’est le parti au pouvoir qui envoie sa jeunesse casser les bus par ses patriotes. Ce n’est pas bien. C’est le parti au pouvoir qui envoie sa jeunesse perturber le fonctionnement de l’Etat. Et puis il y a le langage. Il n’a pas un langage de chef d’Etat. Et je dis aux Ivoiriens ceci : Gbagbo Laurent n’ira pas aux élections. Les Ivoiriens doivent le savoir pour ne pas se tromper. Tant qu’il sera au pouvoir, il n’ira pas aux élections. On parle des déchets toxiques. Croyez-vous qu’un chef d’Etat ne peut pas être informé du déversement de ces déchets? Il est au courant. Et pendant qu’un procès bidon se déroule, les gens continuent d’en déverser dans le pays, comme à M’Bahiakro. Et il ne dit rien. Ce n’est pas normal. Il faut que les Ivoiriens se réveillent. Parce que Gbagbo Laurent, si vous ne le secouez pas, il va vous enterrer vivants.
Interview réalisée au téléphone par Yves-M. ABIET

mardi 28 octobre 2008

Assassinat du Gal Gueï Robert " j’ai le noms des officiers qui ont mené l’opération

Novembre 2004, situation socio-politique, retour d’exil élection...

Le général mathias Doué explose.

Assassinat du Gal Gueï Robert " j’ai le noms des officiers qui ont mené l’opération . Voici ce que je reproche à Gbagbo . "Je le battrai aux élections".

L'INTER, QUOTIDIEN IVOIRIEN D'INFORMATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES

Mercredi 29 octobre 2008 par Assane NIADA

Général, on a annoncé votre retour au pays pour le 20 octobre et finalement vous n’êtes plus rentré. Qu’est-ce qui s’est passé ?D’abord, je vous remercie pour l’occasion que vous m’offrez de donner certaines informations à nos compatriotes. A propos de mon retour, c’était effectivement prévu pour le 20 octobre, mais cela ne pouvait se faire qu’à la condition que les autorités ivoiriennes répondent aux différentes correspondances que leur ont adressées les responsables du CRI (Congrès pour la renaissance ivoirienne, parti dirigé par Jean Enoc Bah, ndlr), dans lesquelles ceux-ci réclamaient des garanties de sécurité. Ces questions n’ayant pas été résolues, les responsables du CRI m’ont donc recommandé d’attendre qu’une suite favorable leur soit donnée, avant que je me décide à rentrer au pays. Voilà ce qui s’est passé.

Lors de l’audience qu’il a accordée récemment aux ressortissants de Douékoué, le président de la République a déclaré qu’il ne vous reprochait rien et que vous aviez été limogé par mesures administratives. Comment réagissez-vous à ces propos du chef de l’Etat ? (Rire). Vous savez, je connais le président Laurent Gbagbo depuis 1967, c’est un aîné. J’ai commencé à le pratiquer de manière effective et constante depuis 2000, année à laquelle il m’a fait l’honneur de me nommer à la tête de son armée. Je ne vous apprends rien, vous savez quand vous êtes habitué à un chef et que vous le connaissez, il faut aller au delà de ce qu’il dit pour décrypter ce qu’il ne dit pas. Les événements se sont passés en novembre 2004, à l’issue de ce que j’ai cru comprendre comme un accident opérationnel. J’ai été limogé le 13 novembre 2004. Le soir du 13 novembre, ma résidence a été entourée par des chars appartenant à la garde républicaine. Il a fallu l’intervention d’un membre de l’entourage du président de la République auprès du ministre de la Défense pour que je m’informe de cette situation que je trouve au demeurant anormale, lequel a donné des instructions pour que l’unité passe de la position A à la position B, dans un périmètre de 100m. Alors s’il s’agit de mesures administratives, je l’admets, mais ce que je ne comprends pas, c’est la mesure despotique qui a suivi après et qui consiste à faire entourer la résidence du CEMA par des blindés. Bien avant que je sois limogé, au moment où les incidents ont éclaté, une unité de gardiennage relevant du palais, est venue se positionner au nez de ma résidence. Il a fallu un membre de la garde rapprochée du président de la République pour attirer mon attention sur le coup qui se préparait contre moi. Il m’a dit : mon général, il y a un dispositif qui a été mis en place pour qu’on vous assassine, si vous ne prenez pas vos responsabilités pour faire partir ce dispositif de là, dans les 72h qui arrivent, vous n’êtes plus là. C’est une personne à qui j’ai rendu d’énormes services par le passé et qui est dans l’entourage du président ; et cette personne n’est pas de mon ethnie. J’ai mené des enquêtes et j’ai pris contact avec le patron de cette unité de gardiennage qui est venue s’installer à deux pas de ma résidence. Il s’agit de l’un de mes condisciples de l’école primaire, un capitaine de gendarmerie à la retraite, et je lui ai fait remarquer que ce n’était pas sérieux de sa part ; il a démonté son dispositif et il est parti. Le soir même de mon limogeage, une autre personne est venue me dire de partir de ma résidence cette nuit-là avec mon épouse parce qu’il se prépare un projet d’assassinat contre ma personne et ma famille un peu comme ce qui se serait passé avec la famille du général Guéi Robert. Je n’y ai pas cru, parce que je ne comprenais pas le bien-fondé d’une telle action dans la mesure où je ne me reprochais rien du tout concernant l’incident de Bouaké. Nous n’avons donc pas bougé. Le lendemain, c’est-à-dire jeudi, aux environs de 20h, je reçois la visite du directeur de cabinet du ministre de la Défense, accompagné du directeur de l’hôpital militaire d’Abidjan, qui sont venus me remettre l’équivalent de mon billet d’avion et celui de mon épouse et de nos frais de déplacement, de la part du président de la République, qui me mettait en congé et m’autorisait à me rendre aux Etats-Unis auprès du reste de ma famille. J’appelle le ministre de la Défense pour lui rendre compte de la situation et le remercier. Je n’ai pas réussi à joindre le président de la République. Le surlendemain, c’est-à-dire le 15 novembre 2004, aux environs de 23h, quelqu’un m’appelle de la résidence du président pour me dire de dégager immédiatement de ma résidence avec ma garde et ma famille, parce qu’aux environs de 1h du matin, c’est-à-dire dans la nuit du 15 au 16 novembre, un commando débarquera chez moi pour me liquider moi et ma famille comme ça été le cas de la garde et de la famille du général Guéi Robert. Je demande à la personne, que je connais bien : de qui tenez-vous cette information ? La personne me répond qu’elle vient de participer à une sorte de conseil de guerre qui a été présidé par le président de la République en personne et m’a donné les noms des officiers chargés de mener cette opération, qui ne sont autres que ceux qui ont mené l’opération contre le général Guéi Robert et son épouse. Juste une heure après, aux environs de minuit, je reçois la visite d’un autre qui est venu me rapporter la même information et qui précise les détails d’exécution. Nous prenons contact avec un ami, qui un peu plus tard, vient nous exfiltrer pour nous mettre en sûreté dans la partie sud d’Abidjan. Et quand nous sortions, nous constatons qu’il y a effectivement un cordon de blindés qui était en train de se mettre en place autour de ma résidence. C’est comme cela que nous avons quitté la maison. Nous sommes restés quelque temps là on nous avait mis en sécurité et quelque temps après ma femme est rentrée aux Etats-Unis rejoindre nos enfants. Nous sommes toujours en 2004. Moi, je reviens à la maison où je m’installe avec ma sécurité rapprochée. Une heure après, je reçois un appel du président de la République. Il me fait savoir que c’était pour savoir si j’étais là et comment je me portais. Puis il raccroche. ( Il se met à rire). Quelques minutes après, la ligne est coupée. Renseignement pris, c’était juste le temps nécessaire pour me mettre sur écoute. Deux heures après, la communication est rétablie. Et dans les mêmes circonstances de temps, je reçois un élément qui appelle de Yopougon au moment où on vient de couper la lumière dans mon quartier. Et il me demande si on a coupé la lumière dans mon quartier. Je lui réponds que la lumière vient d’être coupée, il y a à peine cinq minutes. Il me dit : mon général, partez de la maison, parce qu’au moment où je vous parle, je suis avec un commando qui ignore les relations que j’entretiens avec vous, et qui a été commis de venir vous liquider à la maison chez vous, aux environs de minuit. C’est dans ces circonstances que je suis parti de la maison.

Et qu’est-ce qui s’est passé par la suite ? En janvier, le président de la République perd son père. Malgré tout ce qui s’était passé entre nous, je me suis dit que pour avoir été son chef d’Etat-major et vu les relations personnelles qui nous ont liés, je me devais d’aller lui présenter les condoléances. On m’indique la procédure à suivre. Et le jour-j, je me rends au domicile où sont reçues les condoléances, deux heures avant l’heure que j’ai donnée. Et en sortant de la maison, un élément m’appelle pour me rendre compte des mouvements autour de ma résidence. Je savais que quelque chose se préparait. Il y a avait un mouvement impressionnant de forces de sécurité, qui venait de partout et qui a commencé à encercler le quartier. Ensuite, par cercles concentriques, ils sont arrivés jusqu’auprès de ma maison. Et au moment où nous étions sur le point de partir, le garde du corps de la personne à qui nous partions présenter les condoléances, qui était dans mon dos, manipule son portable et la passe à la personne qui est censée nous recevoir et j’entends au bout du fil la voix du président de la République. Qui dit (il imite la voix du président Laurent Gbagbo, ndlr) : Allô, frère, ça va ; je t’envoie quelqu’un qui va t’indiquer la procédure traditionnelle à suivre. Il sera là dans 10 ou 15 minutes. Je dis bon, on attend. 10, 20, 30 minutes passent. J’ai finalement appelé la personne pour lui dire que j’avais une contrainte et que je devais partir. C’est comme cela qu’on est parti de la maison, sous les yeux du dispositif. On apprendra plus tard qu’ils étaient plus de 300, prêts à mettre le grappin sur l’oiseau. C’est comme cela qu’on s’est envolé.

Quel rapport faites-vous entre tous ces faits et les dernières déclarations du président Laurent Gbagbo ?Donc vous voyez que quand le président de la République dit qu’il n’a rien contre moi et que je peux revenir, je dis que c’est mal indiqué. Parce qu’il a déclaré publiquement que moi j’aurais trahi. S’il a mené des enquêtes au terme desquelles il n’a rien retenu contre moi, je trouve qu’il aurait été mieux indiqué qu’il utilise la même procédure et qu’il dise, après vérification de toutes les informations qu’il a reçues sur moi, que rien n’était retenu contre moi. Et qu’il m’autorise à rentrer et prend la responsabilité d’assurer ma sécurité. C’est comme cela qu’il aurait dû procéder, selon moi. Comme Houphouët Boigny l’a fait en 1991 quand on m’avait encore accusé de vouloir fomenter un coup d’Etat et qu’on m’avait enfermé pendant 101 jours. Le président Houphouët a mené son enquête pendant plus de trois mois. Il a convoqué une réunion de toute la hiérarchie militaire et en présence de celui qui m’a accusé de ce que je n’avais pas fait, il a déclaré qu’il n’avait rien contre moi. C’est ce que j’appelle le prince ; lui, c’était un prince, il est le symbole de la justice. Il avait de la considération pour la personne humaine. L’un des points qui divisent le président de la République et moi, c’est de ne pas protéger ses hommes quand ils sont victimes de mensonge. On a l’impression qu’il se délecte de toutes les injustices que nous fait subir son entourage immédiat. Comment pouvez-vous imaginer que ses éléments, ces petits voyous, aillent tabasser des magistrats sur leur lieu de travail et qu’il ne dise rien ? Trouvez-vous normal que les soldats qui sont placés sous notre commandement viennent à la télévision nous insulter ? On n’a jamais vu cela ! C’est lui qui nous fait cela aujourd’hui, lui, Laurent Gbagbo ? C’est ainsi que les généraux Touvoly, Bombet et moi avions décidé de lui présenter notre démission, qu’il a rejetée. On lui a dit : on vous respecte pour la fonction que vous exercez, mais on n’a pas peur de vous ! On vous respecte pour la fonction que vous exercez, mais nous sommes des généraux, de quoi aurions-nous peur ? On lui a dit, ce n’est pas comme cela qu’on dirige un pays. Vous venez d’être président de la République , mais nous nous sommes là depuis 1968. Vous êtes venu nous trouver ; nous sommes les fondations de la République. Nous ne faisons pas ce que les autres font, on n’a pas cette culture ; on n’a pas cette éducation. Vous faites des choses qu’on ne fait pas. Dans aucune armée du monde, je n’ai jamais vu ce que vous êtes en train de faire.

A vous écouter, doit-on en déduire qu’il ne faut pas croire le chef de l’Etat quand il dit qu’il ne vous empêche pas de rentrer au pays parce qu’il n’a rien contre vous ?Je vous dis qu’il ne faut pas croire ! Je suis catégorique ! L’attitude du président de la République s’apparente à celle d’un chat qui a mangé toutes les souris et qui n’arrivait pas à manger une dernière. Et cette souris, qui s’est rendu compte de la stratégie du chat, se cache. C’est alors que le chat décide de changer de stratégie et se met à aboyer. Ainsi, la souris se dit que le chat n’est plus là, rassurée qu’elle est par les aboiements de chien. Elle se dit que le chien ne mangeant pas de souris, elle peut sortir. Et l’instant d’après, une masse sombre jaillit de l’obscurité et s’abat sur elle. Et le chat de dire : espèce d’imbécile, j’ai trente ans de carrière, il faut bien que ça me serve à quelque chose. ( Il se met à rire) . Quand on connaît son homme, on sait comment se comporter avec lui. Sinon comment expliquez-vous qu’il ait tenté de me faire arrêter alors que je partais lui présenter mes condoléances à sa famille.Mais, général, quand on s’engage en politique, il faut s’attendre au pire Je ne sais pas ce que vous entendez par pire. Est-ce que vous voulez parler d’assassinat politique, est-ce bien cela ? Ce sont des choses qui arrivent, mais il ne faudrait pas que ce soit un mode de gouvernement dans notre pays. Le CRI est un parti social démocrate et si nous avions en face, des gens qui pouvaient comprendre l’avantage qu’ils peuvent en tirer. Le CRI prône la bonne gouvernance dans un pays béni comme la Côte d’Ivoire ; créer un cadre à l’intérieur duquel toutes les dispositions constitutionnelles sur lesquelles le président a prêté serment le 26 octobre 2000, soient respectées. Il avait dit : je jure solennellement et sur l’honneur, devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, de défendre la Constitution, de respecter les droits élémentaires du citoyen...Ce n’est donc pas normal que la violence et le crime soient érigés en mode opératoire dans notre pays.

Il nous est revenu que votre compte a été bloqué et vos véhicules de fonction confisqués. Qu’en est-il réellement ? Avant de vous répondre, je voudrais poursuivre ce que je disais tout à l’heure. Nous au CRI, ne voulons pas que les antagonismes idéologiques ou les querelles pour la conquête du pouvoir soient toujours réglés par les armes et dans la violence. C’est pourquoi nous n’admettons pas que le général Guéi ait été assassiné. On pouvait l’arrêter et le traduire devant les juridictions. Pourquoi on empêche les gens de parler en les liquidant. A propos de mes comptes, j’ai vérifié : tous mes comptes sont bloqués et ma solde n’a pas été virée depuis janvier 2005. Mes véhicules de fonction sont saisis. Voilà comment on nous traite, nous militaires de la République, voilà comment on nous traite ! Comme des bons à rien, ce n’est pas normal ! Nous aspirons à passer une retraite paisible et à mettre à profit la petite expérience que nous avons accumulée en quarante ans de service. Aujourd’hui, on me traite comme un opposant politique. Ce sont eux qui m’ont poussé à la politique et je la ferai de manière légale, régulière.

Est-ce que vous avez eu un contact, ne serait-ce que téléphonique, avec le président Laurent Gbagbo ou ses émissaires par rapport à votre retour au pays ? Je n’ai eu aucun contact avec le chef de l’Etat ni avec aucun de ses émissaires. Mais les responsables du CRI, eux, ont engagé des démarches auprès du cabinet du Premier ministre, auprès du représentant du facilitateur à Abidjan. J’ai foi en l’aboutissement de leurs efforts afin de faciliter mon retour. Cela est d’autant plus nécessaire que c’est étant à la retraite qu’un officier peut donner le meilleur de lui-même, étant désormais dégagé des contraintes liées à sa fonction.

On s’explique difficilement que vous soyez encore à l’extérieur quand on sait qu’une loi d’amnistie avait été prise dans le cadre de l’accord de Ouaga et qui favorise le retour d’exil de tous les militaires à l’extérieur. Je crois savoir qu’une amnistie ne concerne que des personnes qui ont commis des infractions. Or, tout récemment, on vient de dire que je n’ai pas commis d’infractions. Même si cela a été dit dans un cadre que je qualifierai d’informel. Mais entre la période de la signature de l’accord de Ouaga et le moment où l’on a dit que je n’ai pas commis d’infraction, on a dit sur les antennes des radios étrangères, que j’ai trahi. Pour moi, il y a une contradiction qui mérite éclaircissement. Je n’aime pas les situations ambiguës. Je rends grâce à Dieu d’avoir créé le CRI et avoir mis en place un staff.

Vous revendiquez donc la création du CRI ? C’est la société civile qui a créé le CRI et qui a porté son choix sur moi. Et j’estime que cette solution saine, permet de compétir. Je n’ai rien contre personne ; je n’ai rien à me reprocher.

Général, vous êtes souvent cité dans des projets de coups d’Etat. Comment réagissez-vous à ces accusations ?( Rire). Je vous répondrai simplement que si vous prenez l’histoire de la Côte d’Ivoire, vous vous rendrez compte que ce ne sont pas les généraux qui font les coups d’Etat. Remarquez bien. La première tentative date des années 70-77. La deuxième tentative date de 81. La troisième, celle qui était vraiment sérieuse, c’est celle de 1990 ; la première mutinerie de l’armée ivoirienne, du temps où je commandais Akouédo, c’était une véritable tentative de coup d’Etat, qui a échoué. En 92, il y a eu l’assaut final, ce n’était pas un carnaval de Bouaké ; c’était une tentative de coup d’Etat. Ensuite, il y a eu une tentative en 95, qu’on a appelé le boycott actif. Il y a eu enfin le coup d’Etat de 99, qui n’a pas été fait pas le contre-amiral Timité ; c’est venu d’ailleurs. Dans les écoles que nous avons fréquentées, on ne nous inculque pas cette culture de coup d’Etat. C’est incompatible avec notre éthique d’officier ; c’est le cadet de nos soucis. Bien au contraire, nous sommes dans cette armée pour stabiliser les institutions, pour assurer leur pérennité.

Vous êtes donc fondamentalement opposé au principe de coup d’Etat ? Avant de vous répondre, je vais donner d’autres précisions parce que je vois ce à quoi on fait allusion quand on parle de tentative de coup d’Etat. J’ai appris beaucoup de choses. On a raconté que les Français auraient essayé de renverser le régime pour me remettre le pouvoir et qu’au dernier moment, j’ai pris la poudre d’escampette. Est-ce que ceux qui disent cela sont sérieux ?. En tant que chef d’Etat-major, je ne conçois pas qu’on poignarde le prince dans le dos. Par principe d’éthique. A cette époque, pour qu’il y ait coup d’Etat, il faut qu’il y ait collusion entre les unités de commandement. On n’en a même pas parlé et on ne pouvait pas oser en parler. Ce serait se faire hara-kiri. C’est pour cela que j’ai toujours eu la conscience tranquille. Pour qu’il y ait coup d’Etat, la décision se prend au niveau de cinq personnalités qui constituent ce qu’on appelle la main d’exécution, ce sont celle-là qui donnent des instructions à ceux qui sont sur le terrain. Vous vous imaginez la France, sous mandat onusien, en train de renverser le chef d’Etat ivoirien, vous imaginez les répercutions sur le plan international. Et puis, même si la France avait tenté quelque chose, elle aurait échoué parce que la hiérarchie militaire autour de moi l’aurait fait échouer. Par ailleurs, laissez-moi vous dire que nous n’avons pas la culture des coups d’Etat ; ça ne fait pas partie de notre éducation, de notre éthique. On a aussi dit que j’étais dans un char au moment des événements de l’hôtel Ivoire. Je ne sais pas si quelqu’un peut passer 15 minutes enfermé dans un char sous nos tropiques ; ce n’est pas un hôtel cinq étoiles. Quand le président Mamadou Koulibaly m’a appelé ce jour-là, j’étais au bureau et je suis parti. Quand on est arrivé à la hauteur de l’hôtel Ivoire, je lui ai proposé de prendre un bain de foule. Et pendant qu’on prenait le bain de foule, j’ai entendu des gens dire : ce n’est pas le général Doué qu’on dit être dans le char qui est devant nous ?. C’est pour vous dire que tout cela, c’était un montage.

Général, dans l’une de vos interventions, vous disiez que le problème de la Côte d’Ivoire, c’était le président Gbagbo et que vous veniez le chasser du pouvoir. A vous entendre aujourd’hui, peut-on dire que vous avez révisé votre position ? Je n’ai pas du tout révisé ma position. Vous savez quand vous tirez un obus et qu’il est parti, vous ne pouvez plus le rattrapez. C’est le principe d’action. Si on va aux élections, je le battrai ! Cela vous paraît bizarre, mais vous verrez qu’il y a des mystères dans les élections. Je vous le dis, si on va aux élections, je vais le battre ! Pourquoi je dis qu’il est le problème de la Côte d’Ivoire. Le président Laurent Gbagbo est un homme foncièrement bon, mais malheureusement il y a un mode opératoire dans sa gouvernance que nous ne comprenons pas. Mais d’où lui vient d’accepter certaines cruautés qui s’exerce sur les populations. Comment peut-il admettre que des gens aillent battre des magistrats au tribunal ? Comment peut-il admettre qu’on bastonne des officiers, des généraux ?

Que savez-vous de l’assassinat du général Robert Guéi ? Quand, après le coup d’Etat de 99, on a pris le pouvoir, on s’est mis d’accord au niveau du CNSP (comité national de salut public, la junte au pouvoir sous la transition militaire, ndlr) pour qu’il ne soit pas candidat. Pour l’en dissuader, je lui ai rappelé un verset biblique, l’évangile selon saint-Jean, chapitre premier du prologue. Et quand on a vu que le général a commencé à faire acte de candidature à l’insu des membres du CNSP, on a tenu une réunion à Yamoussoukro pour lui dire quelle stratégie adopter. On lui a dit s’il venait à être candidat et qu’il perd les élections, qu’il consente à se retirer pour l’honneur du CNSP. Il ne nous a pas écouté. Et est arrivé ce qui est arrivé. Quand dans la nuit du 24 au 25 octobre 2000, ils ont commencé à tirer à Akouédo et que le lendemain, les gens ont commencé à déferler sur le Plateau, j’ai craint pour la vie du général et pour le palais présidentiel. Je ne voulais pas que le sang coule sur l’esplanade de la présidence. J’ai donc fait venir un hélicoptère et je lui ai dit : je t’avais prévenu et tu ne voulais pas m’écouter. Mais je serai avec toi pour te sauver la vie. Et c’est comme cela qu’il est parti avec l’hélicoptère. En 2002, quand les événements ont éclaté, je ne savais pas que le général était à Abidjan. C’est plus tard qu’on a appris qu’il a été pris par des éléments proches de la garde présidentielle et conduit dans la résidence d’une autre autorité vers Cocody, avant d’être retrouvé mort. Quand j’arrivais à la résidence du général Guéi, j’ai trouvé le corps de sa femme, Rose Doudou dans un caniveau. Je n’ai appris la mort du général Robert Guéi que lorsque j’étais à Yopougon. J’étais étonné qu’il soit à Abidjan. Je n’y suis donc pour rien dans l’assassinat de Guéi et le massacre de sa famille. Je rentrerai un jour au pays pour répondre à ceux qui s’amusent à dire que j’ai tué le général Guéi.

Maintenez-vous votre candidature à la prochaine élection présidentielle ?Je maintiens ma candidature.

Et si on vous demandait d’y renoncer si vous vouliez rentrer au pays ?Ce serait une violation flagrante et inimaginable des droits humains. C’est comme si on me demandait de renoncer à ma femme pour venir dans mon pays.

Le président Laurent gbagbo a coutume de dire que la politique est un métier. Qu’est-ce que le militaire de carrière que vous êtes, vient y faire ? C’est le président de la République qui a fini par me donner le goût de la politique. Il a contraint la politique à aller vers moi. La politique ne nous est pas interdite si on peut apporter un plus. On peut vendre du riz comme on peut faire la politique.

vendredi 3 octobre 2008

Marcoussis comme le cache-sexe de l'incompetence.

Nul part dans le monde aucun accord ne demandera a un gouvernement de tolerer le vol, le crime comme garanti de la paix. Marcoussis n'a jamais dit qu'il fallait tolerer le vol, et l'inaction. Lorsqu'on accuse Gbagbo ne tolerer le vol, il repond, ce n'est pas mon gouvernement, c'est le gouvernement arrange par Marcoussis. Mais Marcoussis ne fait que repartir les portefeuilles ministeriels, il ne dit pas qu'un voleur doit occuper ces fauteuils. Si un parti choisit un voleur comme son ministre, le president a le droit au nom du bien etre des ivoiriens de refuser d'accepter le voleur dans son gouvernement. Si un voleur rentre dans le gouvernement et vole, Marcoussis ne dit pas que la justice ivoirienne ne doit pas le faire arreter et le juger.
Pour ne pas aller plus loin, la conclusion de ces 6 annees c'est que Gbagbo a accepte le desordre et l'incompetence comme systeme de gouvernement.
Monsieur le president, lorsque vos ministres FPI volent et qu'on attire votre attention la dessus, vous repondez "c'est un gouvernement de crabes et de scorpions, une rebfondation", mais chers amis du FPI, cela ne vous absout pas, si le rebelle voleur vole, ou ne fait pas son travail, vous pouvez le remplacer par un autre rebelle jusqu'a ce que le travail soit accompli. SI vriament vous vous soucillez du travail bien fait. Marcoussis ne vous a jamais empecher de servir les ivoiriens ou d'exiger un travail acceptable pour le pays. Vous n'aviez pas de probleme pour lutter contre Marcoussis lorsque cela vous privait de quelque pouvoir, alors qu'est ce qui vous empechait d'exiger une probite a tous les membres du gouvernement dans la gestion de la chose publique?

Cet esprit de la mort qui plane sur nous!

Toute notre mentalite est gouverne et gere par la confrontation et le negativisme. Nous sortons d'une crise qui a choke le psychique de l'ivoirien. La mort est banalise, le vol institutionalise, et aucun des acteurs ne semble donner espoir ni dans le language ni dans le respect de sa parole, encore moins dans le respect des lois du pays. Il n'y a personne en qui on puisse placer sa confiance parce que tous sont violents, egoistes, et mechants. La politique ivoirienne est geree comme par l'esprit de la mort. Lorsqu'on attend une parole d'espoir et de paix, nous recevons comme reponse l'arrognace et la suffisance.
Et pendant que ces phalocrates rivalisent d'ardeur, le peuple lui perd espoir de jour en jour.
Ce ne sont pas les usines qui changeront cette mentalite, ce ne sont pas les batiments qui le feront, ce ne sont pas non plus les veillees de prieres animees par des pasteurs encore plus nocifs et escrocs.

Il faut que les leaders de partis politique arretent de croire qu'ils ont ete oint par Dieu pour etre president. Il faut que cela cesse. Il faut que Gbagbo, Bedie, ou ADO cessent de croire qu'ils sont mieux ou plus aptes a etre president que nimporte quel autre ivoirien. Et s'ils ne se sont pas encore rendus compte qu'ils sont le probleme de la CI, il est temps qu'ils se reveillent, parce que c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle, c'est le trop plein de chagrin qui revolte le peuple, et le salaire du peche et de la division, c'est la mort.